domingo, 26 de agosto de 2012

L'anthologie bilan partiel des Marocains d'expression espagnole


L’ANTHOLOGIE BILAN PARTIEL: LAS MARROQUÍES D’EXPRESIÓN ESPAÑOLA “EL GRUPO DE LOS 90”» DE MOHAMED BOUISSEF REKAB PRESENTÉE PAR L’A.T.A. ET L’E.U.G.
Sous l’égide de l’A.T.A. ( l’Association Tetuán Asmir) et de l’E.U.G. (l’Editorial de la Universidad de Grenada), et avec la participation du Pr. Carmelo Pérez Beltrán, fut présentée, dans la soirée du vendredi 22 février 2008, à l’Ecole des Arts et Métiers de Tétouan, ”l’anthologie bilan partiel: «ESCRITORES MARROQUÍES D’EXPRESIÓN ESPAÑOLA “EL GRUPO DE LOS 90” - Tétouan, Ed. L’A.T.A., 1997, 88 p. - de l’universitaire hispaniste marocain, le Dr. Mohamed Bouissef Rekab. De prime abord, l’auteur en caractérise la portée spécifique dans son «Preámbulo» en affirmant:  
“Dans ce livre, nous n’allons pas faire de critique littéraire, ni d’éloge ni de blâme; nous allons uniquement faire une énumération [un bilan partiel] et présenter des fragments d’oeuvres publiées, pour préserver la constance de leur existence. En d’autres occasions, la critique pourrait être possible, les jugements de valeur pourraient avoir leur raison d’être; pour l’instant, il nous suffit d’être reconnaissants envers tous ceux qui ont permis la naissance de ce livre; et qui ont attendu heure après heure pour dire en espagnol ce que leurs coeurs ressentaient.” – Op.cit., p.8.
Pour distinguer son écart des anthologies classiques, voyons la définition fonctionnelle qu’en donne Didier Alexandre: “L’anthologie, en effet, contribue à la constitution d’une histoire littéraire, nationale, linguistique de LOS «ESCRITORES, mais aussi européenne [v.espagnole], multilinguistique [maroco-hispaniste] (…). Il s’agira, le cas échéant, d’étudier la nature et les fondements de la relation critique établie par l’auteur de l’anthologie et de la différencier de la critique savante [écartée ici].” “Anthologies d’écrivains”, www.fabula.org, p.1. Aussi pourrait-on observer dans ce choix M.B. Rekab: I) Une anthologie bilan partiel énumérativo-introductive des écrivains marocains ancêtres et nouveaux d’expression espagnole, II) Une anthologie bilan partiel lecto-illustrative des écrivains marocains d’expression espagnole.
I- Une anthologie bilan partiel énumérativo-introductive des écrivains marocains ancêtres et nouveaux d’expression espagnole:
A vrai dire, l’anthologie des écrivains marocains d’expression espagnole de M.B. Rekab viserait à: introduction et illustrer un bilan partiel d’écrivains marocains hispanophones des années 90. En explicite la tâche D. Alexandre: “Il s’agira, de définir la spécificité d’une ou des anthologies ayant un même objet [fonction énumérativo-introductive], de la situer dans le champ éditorial et d’étudier quelle périodisation, quelle histoire littéraire [fonction historique] et quel espace littéraire [fonction critique], du présent et du passé, elle construit [fonction lecto-illustrative] (…). On préviligiera les anthologies établies par des écrivains et les anthologies qui remplissent une fonction d’introduction [anthologie énumérativo-introductive] (…) ou de bilan [anthologie lecto-illustrative]…” – Op.cit., Ibid. Il s’en suit:
I.1- Une anthologie bilan partiel énumérativo-introductive des écrivains marocains ancêtres d’expression espagnole:
Certes, tel que l’annonce illico l’auteur: “Le but de ce travail sera de présenter, de manière succinte [bilan partiel], ce qu’on a écrit en espagnol durant le Protectorat [anthologie énumérativo-introductive], en se basant sur les revues «al-Mo’tamid» et «Ketama»; deux merveilles de la création [littéraire]. Elles nous ont été léguées respectivement par feux Trina Mercader et Jacinto López Gorgé.
Le second but de ce livre est de présenter les écrivains marocains d’expression espagnole [anthologie lecto-illustrative] qui ont publié des oeuvres après l’obtention de l’Indépendance [du Maroc - 1956].” – “Escritores marroquíes”, Op.cit., p.7. Or, cette fonction énmérativo-introductive englobe chez le Dr. M.B. Rekab:
a- Los primos pasos (Les premiers pas):
Il esquisse les premiers pas des écrivains marocains d’expression espagnole en spécifiant dans le préambule de ce livre: “Les premiers pas au Maroc, lorsqu’on obtint l’Indépendance eurent lieu sous l’enseigne de la confusion. Les thèmes furent plus patriotique, tant au théâtre qu’en poésie (…). La prose resta assez marginalisée; si on excepte de petits essais ou des études publiées dans la presse nationale en espagnol: Diario de Africa et España.” – Op.cit., p.8.
Puis, il entame d’un point de vue énumérativo-introductif: “Commençons à parler de ces cavaliers «solitaires» qui tinrent à affronter une société hostile, qui furent considérés comme de purs pionniers défaillants, mais qui avec le temps sont devenus nos vériatables auxiliaires dans la défense l’espagnol.
Les Abdelkader Ouariachi, Abderrahim Jebbur, Mohamed Temsamani, Abdelatif Khatib, Mohamed Ibn Azzouz Hakim, Driss Diouri, et Mohamed Chakor, ainsi que les remarquables traducteurs de poèmes et d’articles de «Ketama» et d’«al-Mo’tamid», tels que Abdelkader Mokadam; et enfin mentionnons Driss Diouri, Idriss El Jai, Abdellah Guennoun, Ahmed Tadlaoui, Mohamed Sabbagh, Ahmed El Bakkali, Mohamed El-Bouanani et Mohamed Al-Arbi Al-Khattabi. Presque tous atteignirent d’importantes charges de responsabilité dans l’administration marocaine; ce furent d’authentiques mentors des nouvelles générations d’hispanistes qui veulent maintenant offrir de véritables sources d’inspiration.” – Op.cit., Ibid.
b- Los progenitores 1940 y los nuevos 1990 (Les ancêtres et les nouveaux):
Toutefois, M.B. Rekab cite en référence un précurseur marocain dans ce domaine en relatant: “Déjà en 1987, le chercheur Mohamed Chakor [né en 1937] prépara et publia un volume sur los «Encuentros literaios: Marruecos-España-Iberoamerica» (Les Rencontres littéraires: Maroc-Espagne-Ibéro-Amérique) et parla dans sa première partie de «Literatura maroquí en lengua castellana» (Littérature marocaine en langue castillane).
M. Chakor exposa une importante liste d’écrivains marocains qui écrivaient en langue espagnol. Certains ont disparu, d’autres encore vivants et continuent de travailler pour l’hispanisme.” – Op.cit., p.9. Puis, il énumère en le citant:
“L’anthologiste parla de Larachois Driss Diouri, qui participa par ses apports dans les journaux et les revues et publia différents livres de prose, de poésie et de théâtre. Il tint un rôle important et primordial dans «Ketama» et de «al-Mo’tamid».” – Op.cit., Ibid. Il en mentionna également: Mohamed Ibn Azzouz Hakim, Abderrahim Jabbour Oddi, Abdellatif Khatib, Mohamed Temsamani. Puis, il poursuit en citant cet anthologiste à propos des écrivains marocains hispanistes ancêtres comme: le Dr. Aziza Bennani, Abderrahman Cherif-Chergui et Simón Levy et d’autres qui de façon sporadique publièrent quelques poèmes et articles dans la presse et dont les traces furent perdues. – Ibid.
I.2- Une anthologie bilan énmérativo-introductive écrivains marocains nouveaux d’expression espagnole:
Concernant écrivains marocains hispanistes nouveaux, M.B. Rekab en énumère, suivant la même source: Abdelmalik Mohammad, Malika Embarek, Abdelwahid Salem, Driss M. Mehdati, Karima Hajjaj. – pp.12-13.
a- Les hispanistes de “ la Revista marroquí de Estudios Hispánicos” de Fez 1980:
Ensuite, il rapporte de “la Revista marroquí de Estudios Hispánicos” ( La Revue marocaine des Etudes hispaniques) de Fez (1980): Mohammed Amrani, Mohamed Salhi, Mohamed Khallaf, Mustapha Adila, Abdelmoumen Bounou, Allal Ezzaim, Abdellatif Limami, Aziz Tazi, Mohamed Serghini et autres – p.13. Ainsi que:
b- Les hispanistes de “ la Radio Televisión Marroquí et de la Universidad marroquí et autres:
Il rappelle aussi des noms de la R.T .M. tel que Said Jedidi. De l’Université marocaine ceux d’Ahmed Daoudi, Abdellah Djbilou, Moulay Ahmed El Gamoun, Mohamed Lahchiri, Mohamed Mamoun Taha, Mohamed Sibari, Jalil Tribak, Bouissef Rekab Mohamed (l’auteur lui-même).
Malgré tout, l’anthologie bilan partiel des écrivains marocains d’expression espagnole n’échappe pas par ses textes et ses thèmes aux exigences idéologiques et socio-politiques des auteurs lecto-illustrés en son sein.
II- Une anthologie bilan partiel lecto-illustrative des écrivains marocains d’expression espagnole:
D’ailleurs, l’anthologie bilan partiel lecto-illustrative des écrivains marocains d’expression espagnole de M.B. Rekab esquisse une douzaine de biographies plus ou moins achevées et d’extraits d’oeuvres d’auteurs d’“El Grupo de los 90” (du Groupe de 1990), en rapport avec le public des lecteurs et les thèmes idéologico-socio-politiques qu’ils véhiculent périodiquement. “Il s’agira enfin, explique D. Alexandre, d’examiner à quelles exigences, voire quelles urgences idéologiques, politiques, sociales [v.les thèmes], répond la publication d’une anthologie [lecto-illustrative], et quels effets elles produit sur le champ littéraire [v. sur le public].” – Op.cit., Ibid. Aussi verra-t-on successivement:
II.1- Une anthologie bilan partiel lectorale des écrivains marocains d’expression espagnole:
Le lien lectoral (de l’écrivain et du public) dans l’anthologie bilan partiel des écrivains marocains d’expression espagnole de M.B. Rekab pourrait rejoindre cette ligne affective de proximité reliant les deux rives maroco-espagnoles du Détroit de Gibraltar, si bien vue par Patricio González García, dans l’Edito de la revue “Tres Orillas”, en prônant: “Il y a plusieurs choses que justifie le Détroit porteur de ce nombre [Trois rives], mais il y a surtout mille brèves histoires entre ces mondes frontaliers pleines de sel et de condiments qui réussissent affectivement à réduire le compromis, à abréger la distance et à maintenir proche le coeur des terres en une seule terre, à partir de la mince ligne des rives voisines et fraternelles jusqu’aux mains qui s’y fondent en amitié.” – Algésiras, Nº5-6, Décembre 2005, Ed. A.M.P. Victoria Kent, p.7. D’où:
a- Escritor y el público (Ecrivain et public):
En effet, M.B. Rekab souligne, dès le départ, les limites d’audience des écrivains d’expression espagnole au Maroc en rappelant: “Le petit éventail littéraire qui s’était formé avec les écrivains marocains d’expression espagnole n’atteignit pas un public consommateur assez large qui pourrait donner des opinions de cette création. La naissance de cette littérature laissa entrevoir qu’elle allait faire un créneau sérieux, une continuité qu’on pourrait difficilement maintenir: car une fois l’aventure commencée, la belle aventure d’écrire des études, des romans, des contes, et des poésies en espagnol, nul ne pouvait s’attarder aux auteurs qui avaient choisi librement cette voie.” – pp.15-16.
b- Les thèmes idéologico-socio-politiques des écrivains marocains d’expression espagnole:
On pourrait, avec D. Alexandre, à propos des thèmes idéologiques et socio-politiques des écrivains marocains d’expression espagnole de l’anthologie bilan partiel de M.B. Rekab, dire: “Instrument d’une diffusion sélective des textes [anthologie lecto-illustrative] (…), elle contribue autant à la définition d’une identité littéraire nationale [v. idéologico-socio-politique] (…). Elle est donc un des instruments qui bouleversent les territoires littéraires nationaux et créent des républiques [des gens] des lettres internationales.” – Op.cit., Ibid. A ce sujet, le Dr. Rekab indique:
“L’influence de l’espagnol est claire, mais les intellectuels [marocains] étant prépondérant pour commencer à avoir une nouvelle forme de voir les choses: à partir d’une perspective nationale, recherchant l’identité de tous les Marocains, laissant de côté l’influence étrangère, en tenant compte ou non de la relation avec le Protectorat. C’est la troisième période. Cette période qui coïncide avec celle des jeunes, et autres moins jeunes qui écrivent en espagnol actuellement; c’est le groupe qui aime se nommer «Grupo de los 90».
Saisissant une expression modulée qui explique la personnalité de l’écrivain, ses sentiments les plus profonds; sa volonté de créer des mondes coupés de la réalité, plus profonds que la réalité nationale, des thèmes universels exposés” – p.17. Quant aux genre et aux thèmes idéologico-socio-politiques usités par les auteurs au sein de son anthologie, M.B. Rekab précise:
“Le poète, le narrateur, le chercheur marocains d’expression espagnole ne transmettent pas aveuglément leurs impressions; tous sattachent à une mission sociale qu’il veulent mener à bon port; une mission sociale qui va changer, avec l’histoire, les composantes de la société et l’appartenance de l’auteur (…). De nouvelles problématiques sociales ouvraient de nouvelles possibilités d’expression dont l’émigration qui accapara l’un des axes [thématiques] les plus importants, pour former côte à côte avec la drogue et la contrebande, les thèmes les plus divers traités dans les contes, les romans et les poèmes. C’est aussi le cas de la recherche historique, de l’essai et de l’étude littéraires ou des anthologies.” – p.18.
II.2- Une anthologie bilan partiel illustrative des écrivains marocains d’expression espagnole:
Cependant, comme le dit le Dr. Rekab, dans cette anthologie bilan partiel, la présentation d’une liste illustrative de biographies – parfois lacunaires - et de textes d’écrivains marocains d’expression espagnole ne saurait être exhaustive. Elle n’est alors qu’illustrative. “Une anthologie, avise Albert Memmi, n’est qu’un choix [v.d’auteur], une proposition d’une grille de lecture [illustrative]. L’essentiel est d’adopter un code qui permette une lecture convenable en d’en avertir le lecteur [le public].” – “Ecrivains francophones du Maghreb”, Paris, Ed. Seghers, 1985, p.17. C’est ce que fait Rekab en affirmant: “Dans la présentation des écrivains qui vont apparaître ici, nous allons suivre un ordre alphabétique [un code] – par patronyme – pour qu’il n’y ait pas de préjugés à ce sujet de qui est meilleur que qui.” – p.19. Toutefois, il situe les auteurs et les textes illustrés dans la seconde partie du livre intitulée “El Grupo de 90” qu’on pourrait répartir suivant les dates de naissance en écrivains marocains illustratifs ancêtres et nouveaux d’expression espagnole:
a- Les écrivains marocains illustratifs ancêtres d’expression espagnole:
Toutefois, l’énumération des écrivains marocains illustratifs ancêtres d’expression espagnole dans l’anthologie bilan partiel de M.B. Rekab nous rappelle à la notion d’auteur chez Michel Foucault cité par Marc Escola: “La notion d’auteur, rapporte-il, apparaît à cet égard non seulement comme une notion très exactement historique (on peut décrire son émergence, parallèle à un mouvement plus général d’individuation [v. biographique]), mais aussi comme une fonction attachée à un certain type de textes [d’anthologie illustrative]: le «nom de l’auteur» sédimente des pratiques discursives elles-mêmes inscrites dans des pratiques institutionnelles [v. l’hispanisme].”- “Michel Foucault et la fonction-auteur”, www.fabula.org, p.2. Citons-en notamment:
+ Mamoun Taha, Mohamed (né en 1927):
“Ce poète, note Rekab, naquit à Ksar el Kébir, le 17 juillet 1927 et grandit à Asilah [Province de Tanger]. En 1957, il obtint le titre d’architecte de l’Université Polytechnique de Madrid. Mamoun Taha vit dans la poésie une soupape de sûreté et commença à écrire pour soi-même. Quand se furent créés les pages de L’Opinion en espagnol, il y participa activement. Là, il rencontra sa catapulte pour penser à écrire son premier livre. Le contenu du livre fit de la collecte de la publication dans la presse: il créa ses «Lagrimas de una pluma » (Les larmes d’une plume) (1993) …
Dans son recueil «Lagrimas de una pluma», nous pouvons lire sous le titre «Rescoldos y cenizas» (Braises et cendres) ce qui suit:
«Quand je t’appelle fatigué et découragé, ma voix arrive au ciel et seul l’écho répond à mes lamentations. Toi qui, à mon isolement et à ma solitude tu résistes.»” – p.64.
+ Abdellah Djibilou (né en 1935):
“Le docteur Djibilou, note-t-il, naquit [en 1935] à Had El Gharbiya, à quelques kilomètres d’Asilah (Province de Tanger). Entre 1969 et 1981, il eut sa licence en philologie hispanique à la Faculté des Lettres de Rabat [Maroc] et son doctorat à l’Université Autonome de Madrid (…).
Le premier livre que nous allons en exposer est «Diwan modernista. Un vision de Oriente»” (Recueil moderniste. Une vision de l’Orient - 1989), dans lequel il dit:
«Le modernisme est un des phénomènes littéraires les plus complexes, qui correspond à une époque marquée de conflits comme à la fin du siècle passé [XIXe s.] et au début de celui-ci [XXe s.]. Franchement, pour comprendre le modernisme, il n’y a qu’à retenir queques-unes de ses caractéristiques. Le modernisme comme on le sait, hérite beaucoup du mouvement romantique, comme le désir d’évasion et la marque d’individualisme. Le poète moderniste hispanoaméricain, juge le milieu social qui l’entoure comme peu apte à «une fine création artistique», et s’évade de celui-ci à la recherche de pays «exotiques», de nations du passé. De plus, il se sent désemparé et incomode dans une société qui ne favorise pas son «Art». Le poète s’enferme dans sa «tour d’ivoire» » et crée son propre monde qu’il peuple à son goût et qui correspond à ses rêves et à ses idéaux.»” – pp.53-54.
+ Mohamed Chakor (né en 937):
Cet ancêtre de l’hispanisme marocain est illustré favorablement par M.B. Rekab en ces termes: “Ce fils de Tétouan [il y naquit en 1937] se consacra au journalisme, ce qui le conduit à diriger l’Emission Espagnole de la Radio Nationale Marocaine, à Rabat. Son dynamisme lui permit d’atteindre un nouveau poste: Directeur de la Chaîne Internationale de Programmation et de Production Arabe et Française, ce qui démontra ses amples connaissances de ces deux langues, côte à côte avec l’espagnol (…).
De sa biographie incluse dans «La Ilave y otros relatos» ( La Clef et autres récits), nous pouvons lire:
«De la pluie pour les cruches. Un rideau compact d’eau, opaque comme un mur, me coupa le chemin. C’était une pluie bienfaisante qui vint après tant d’années de persistante sécheresse pour atténuer la souffrance de nos paysans, qui pleuraient encore la mort de mon père, Abdellah Molina, qui fut durant quatre décades fut le Cheikh du Mausolée de notre glorieux arrière-grand’père, Sidi Abdeslam Molina al-Andalusî (…).
Ce fut de bon augure que ce phénomène coïncidât aussi avec ma désignation par les représentants de la Communauté Morisque Mondiale, comme successeur de mon défunt père, qui fut leur loyal collaborateur pendant des années.»” – pp.40-41.
b- Les écrivains marocains illustratifs nouveaux d’expression espagnole:
En fait, l’expression “El Grupo de los 90” des écrivains marocains illustratifs nouveaux d’expression espagnole, nous rappelle singulièrement la formule d’Azorin [1874-1967]: la “Génération 98”. “C’est Azorin, indiquent G. Cirot et M. Darbord, qui a popularisé l’expression «génération de 98» dans un artile de 1913. Il s’agit, selon lui, d’un groupe d’écrivains [espagnols], dont le désastre colonial de 1898 cristallise l’inquiétude et le pessimisme, quant aux destinées de la patrie.” – “Littérature espagnole européenne”, Paris, Ed. Armand Colin, p.171. Pour M.B. Rekab, la formule “El Grupo de los 90” provient de la prise de conscience identitaire des jeunes écrivains marocains d’expression espagnole de 1990. “Cette période, note-t-il, est ce qui coïncide avec celle des jeunes, et autres moins jeunes [Marocains], qui écrivent en espagnol actuellement; c’est le groupe qui a aimé s’appeler «El Grupo de los 90».” – p.17. On pourrait en citer notamment:
+ Mohamed Sibari (né en 1945):
Selon M.B. Rekab, Mohamed Sibari, naquit [en 1945], à Larache où il continua de séjourner. “Il commença son aventure littéraire par ses collaborations poétiques dans “Le Journal de Tanger” et “La Dépêche de Tanger”. Plus tard, dans les journaux “L’Opinion” et “la Mañana ”. Son souci d’écrire le conduit par la suite à quitter le courant poétique pour écrire des romans. Cette orientation l’amèna à publier “El caballo” (1993). Un jeune et fort garçon de la région de Larache eut l’obsession d’émigrer à l’étranger. Pour avoir de l’argent et le passe-port, il s’en alla à Tanger pour prendre le bateau (…). Il entra dans le monde de la drogue et finit par être assassiné.
L’écrivain dit dans son roman:
«Kadur, un garçon de vingt ans, fort, grand, brun et robuste comme un cheval, travaillait comme domestique dans les maisons de la Compagnie Agricole du Loukos à Nemsa (Larache). La maison de ses parents était toute proche de son travail, dans un village nommé ‘Adir, où vivaient beaucoup de familles espagnoles. Tandis que son père, Allal, travaillait comme journalier dans les champs de tomates, sa mère, Fatna, s’occupait du ménage de la maison (…). Kadur ne rêvait plus que d’émigrer en Espagne (…). Son unique problème fut d’obtenir le passe-port. C’était très difficile à obtenir.»” – pp.67-68.
+ Mohamed Bouissef Rekab (né en1948):
C’est aussi l’anthologiste lui-même. “Il naquit, écrit-il, à Tétouan, le 20 décembre 1948. Il vécut à la campagne de la province, fut berger de chèvres, de brebis et de vaches durant sa prime enfance. Sa mère l’inscrivit à un collège français (l’unique de Tétouan d’alors) avec ses frères (…). En 1969, il se déplaça à Rabat pour poursuivre ses études de Philologie Hispanique à la Faculté des Lettres. En 1976, il voyagea à Madrid pour continuer ses études supérieures. Après un grand effort personnel, il réussit à soutenir sa thèse doctorale, en 1983, à la Faculté de Philologie et Lettres de l’Université Autonome de Madrid (…).
Son premier livre fut «El vidente» [Le voyant] (1994) dans lequel il recueillit des récits et des contes. Dans ce livre, on pourrait lire dans son conte intitulé «Este es el sueño que he tenido» (C’est le rêve que j’ai fait).
«Il y avait beaucoup de gens qui profitaient des derniers jours des vacances pour acheter de la ville des marchandises de toutes natures de provenance étrangère et de bonne réputation [v.de contrebande].
Le marché fut celui de la municipalité. Tous savaient que ce qui s’y vendait de la production nationale étaient si peu de choses.»” – p.24.
+ M’hammad Benaboud (né en 1950):
Il naquit à Tétouan, selon l’auteur, le 23 juin 1950 et fut le fils de d’une des illustres familles de la capitale du Nord [du Maroc]. Chercheur infatigable et professseur universitaire, Benaboud est politologue et polygraphe (…). En 1992, il se décida à publier son “Sevilla en el siglo XI. El reino Abbãdi de Sevilla (1023-1091)”, en espagnol (…). Dans son étude, le Dr. Benaboud dit dans la partie intitulée: “El Qadi Muhammad b. Ismail b, Abbad”, ce qui suit:
«Seville qui avait échappé au contrôle de central de Cordoue, quand al-Qasim b. Hammud établit sa domination sur elle, fut pour la première fois régie par un Sévillan quand le Qadi commença son mandat en 1023 (…). L’intuition politique du Qãdi Muhammad b. Ismail b. Abbãd, ses habiles manoeuvres et son leadership, diplomatiquement imposé, contribuèrent décisivement à l’établissement des Banû Abbãd à Séville comme la situation politique générale en Andalousie après la totale désintégration du Califat Omeyyade.» - pp.20-21.
+ Ahmed Mohamed Mgara (né en 1954):
“Excellent travailleur et infatigable créateur”, selon l’auteur, A. M. Mgara naquit à Tétouan, [le 19 août 1954]. Il y fit ses études primaires et secondaires. Il est titulaire d’une Maîtrise de technique industrielle (de Malaga) et d’un diplôme de sociologie (de Grenade). A l’âge de 14 ans, en septembre 1968, il publia ses premiers articles pour la première fois dans un journal national. Il publia “Tetuán… embrujo andalusí” (Tétouan…sorcière andalouse- 1996), etc. Ce dont nous citons:
«Je l’appelle par téléphone pour entendre sa solitude inquiète me demander si je suis la personne à laquelle elle voudrait parler. “Si, protesté-je; je suis ton confident, de toute mon âme, je désire t’écouter; en plus, je ne suis guère satisfait si ensemble, avec moi, tu n’es pas présente.»” – p.85, v. aussi “Presencias” d’A. M. Mgara, Tétouan, Ed. A.I.M.A.D., 2008, p.88.
+ Moufid Atimou (né en 1969):
Il naquit à Tétouan, [en 1969 ]et obtint une licence d’espagnol de l’Université de la ville. Il décida d’écrire de la poésie. L’élan lui vint alors pour publier “Naufragio feliz ” (Naufrage heureux -1996). Il y dit notamment:
«Je t’aimerai sans paroles,/ Sans questions ni rimes,/ Le ciel ne sera pas vert,/ Ou avec ce ciel d’août,/ Non plus les fleurs ne seront,/ Dans les jardins convenables;/ En celui qui se perd/ En essayant d’atteindre/ l’écho de ton ombre/ Dans les nuits futures/ Qui dans la pénombre d’hier,/ A la tombée de la nuit dans ta peau.» - p.84, etc.
En conclusion, il faut dire que cette anthologie bilan partiel des écrivains marocains ancêtres et nouveaux à la fois énumérativo-présentative et lecto-illustrative d’expression espagnole de M.B. Rekab constitue un prélude louable d’une tâche difficile, à achever dans l’avenir. Ce que son auteur reconnaît en concluant: “… Notre désir le plus fervent est qu’en une prochaine anthologie qui s’écrira, le nombre d’écrivains augmente et ceux qui sont mentionnés [parfois lacunairement] ici publient plus de livres.” – p.88. Or, en citant Alain Brunn, Eloïse Lièvre opine en ce sens: “Dans son introduction [v. “L’auteur, textes choisis”], Alain Brunn propose un état de la question qui s’organise de façon très claire en envisageant une série de rapports [anthologiques]: rapport de l’auteur à son texte, de l’auteur à la société, puis à la tradition, à son discours, à l’activité de création et enfin, par l’intermédiaire du sens, au lecteur.” – “Lauteur dans tous ses états”, Op.cit., Ibid. Ce dont s’enrichira certes une prochaine édition de cette initiale anthologie maroco-hispaniste du Dr. Rekab.
                                                                                               Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

Les élites judéo-marocaines à Ceuta


TRADUCTION AVISEE ET LUCIDE DE MOHAMED CHERIF DES

“NOTAS PARA HISTORIA DE JUDIOS EN CEUTA (SIGLOS IX-XVI):

OU LES ELITES JUDEO-MAROCAINES MEDIEVALES DE CEUTA

Dans la préface à sa traduction historique avisée et lucide arabophone, revue par Mohamed Miftah avec une préface de Mohamed Fatha: “Mulâhadhât hawla târîkh al yahûd fî Sabta: min al qarni IX ilâ al qarni XVI” de l’ouvrage espagnol: “Notas para historia de judios en Ceuta (siglos IX-XVI)” [Notes sur l’histoire des juifs à Ceuta] de Erique Gozalbes Cravioto – Ed. C.C.S. Monografias, nº5, Ceuta, 1988, 119 p. -, Mohamed Cherif décèle indirectement l’intérêt socio-politique des élites judéo-marocaines médiévales à Ceuta, en ces termes: “Grâce à sa position aux frontières des cultures occidentales et orientales, l’élément juif contribuera à la créer des réseaux de relations diplomatiques et économiques entre l’Europe et l’Afrique saharienne, par la voie de Ceuta, Tlemcen et Tunis.” – Op.cit., pp.9-10.
Or, tel que les conçoit le Pr. Abdellah Saaf: “Cependant, l’idée des élites en tant que thème de recherche trouve son fondement et sa légitimité dans l’hypothèse de la centralité de leur rôle dans la vie politique marocaine et dans la centralité du degré de leur dépendance ou de leur indépendance, dans un certain sens, vis-à-vis de l’autorité politique [l’Etat], et en particulier par rapport à la société.”- “An-Nukhabu al maghribiatu al hâliatu wa ichkâliatu al islâh” [Les élites marocaines actuelles et la problématique de réforme] – “Cuardernos del Norte”, Revista cultural”, nº1, automne 1996, p.35. D’où pour nous la possibilié de se faire ici une idée plus ou moins lacunaire des élites judéo-marocaines de Ceuta du IXe au XVIe siècle: institutions académiques, penseurs-écrivains, théologiens, hommes d’Etat, négociants et diplomates.
1- Les institutions judéo-marocaines académiques de Ceuta du IX-XVIe siècles:
Pour mieux situer ces élites judéo-marocaines dans leur cadre institutionnel, scolaire et académique médiéval, à Ceuta, il y a lieu d’y percevoir, avec E.G. Gravioto citant l’historien N. Slousch, leur existence en ces termes: “Les écoles talmudiques existaient à Ceuta, depuis le dixième siècle ap.-JC. Et malgré tout, elles ne furent pas parmi les écoles talmudiques de grande importance (p.39)”. En parlant de l’éducation à Ceuta du penseur-écrivain juif médiéval Ibn Aknîn (1135-1220?), il présume son passage en tant que faux musulman par “Al Madrassatu al Jadîdatu”, l’université de Ceuta au Moyen Age (p.64). Des notes infrapaginales du traducteur-historiographe M. Cherif , contestent et rectifient parfois les faits attestés par l’auteur du texte original.
Et, c’est ce qui impute un caractère avisé et lucide à cette traduction. Le Pr. Mohamed Fatha en souligne la procédure dans l’introduction, en notant :“Il (le traducteur) a certes attiré l’attention sur les failles dans lesquelles a sombré E.G. Cravioto, sur la généralisation qui a marqué certains de ses paragraphes et a confronté certaines de ses interprétations abusives de, le tout dans une langue souple, et en termes clairs et concis (p.7).” Partant du cadre institutionnel, nous pourrons alors cerner les fonctions des élites judéo-marocaines de Ceuta du XIe au XVIe siècles: sous les Almoravides, les Almohades, les Mérinides et les Portugais.
2- Les penseurs judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
On peut relever d’abord parmi les élites judéo-marocaines médiévales de Ceuta celle des penseurs – écrivains. “Outre les négociants et les artisans, écrit par ailleurs M. Cherif, il existaient parmi les juifs de Ceuta des savants en jurisprudence talmudique, en langue arabe. Les sources hébraïques mettaient en lumière la place de la culture judaïque à Ceuta pendant le 12e siècle ap.-JC.” - “Sabtatu al islâmiyyatu” (Ceuta musulmane), Ed. A.T.A., 1995, p.118. C’est ainsi qu’on pourrait y identifier des penseurs-écrivains, tels que: Ibn Aknîn, Ibn Ezra, Joseph Sebtî et corrélativement leur chef de file Ibn Maïmon (Maïmonide). Ce sont nommément:
A- Le philosophe-écrivain Sebtî Ibn Aknin (1160-1185):
Dans sa préface originale, l’auteur E.G. Cravioto considère la question juive à Ceuta et Ibn Aknîn (1160-1185) comme le noyau dur de son livre: “Il serait digne d’intérêt, annonce-t-il, de mentionner que le thème des juifs de Ceuta à l’époque almohade et la personne d’Ibn Akni constituent le noyau dur de notre recherche. Concernant ce penseur, nous ne prétendons pas y avoir réalisé une étude exhaustive sur sa personnalité et ses oeuvres (p.18).” Puis d’ajouter plus loin: “Il s’agit de Joseph Ben Iehouda Ben Aknîn sebtî. Cet éminent savant juif naquit à Ceuta, y fit ses études et y passa une partie de sa vie, [env. 1135-1220] (pp.61,63).” Il s’intéressa à la poésie, à la philosophie et à l’étude du Talmud (Ibid.).
Il fut le premier penseur-écrivain juif de Ceuta à écrire des “Maqâmât” [“Séances”, introuvables aujourd’hui], un genre littéraire créé par les Arabes. Il publia la première exégèse d’un ouvrage d’ordre religieux, qu’est: “Le Cantique des cantiques” et un traité sur “Les poids et les mesures dans le Talmud” (p.64). Il écrivit également un petit essai sur l’islamisation forcée des juifs par les Almohades, intitulé : “Tibbu al-Nufûsi as-Sahîhati wa muaâlajatu al qulûbi al alîmati” (Médecine des âmes valides et traitement des coeurs endoloris), (p.55). Il y justifia son exil au Caire (le Fostat), sous Salâh Ed-Dîn (1138-1193), où il fit connaissance de son maître spirituel Ibn Maïmon dont il reçut la dédicace de son fameux livre: “Dalîl al hâ’rîn” (Le Guide des Egarés), puis à Alep (en 1218), sous Imâd Ed- Dîn, où il devint le chef local de la communauté juive. Il prêchait, à la différence de son maître Ibn Maïmon, la venue du Messie () de la fin des temps Mahdi, relent de l’idéologie almohade judaïsée (pp.10,65).
B- Joseph Sebtî disciple local du philosophe Ibn Maïmon:
Lors du passage d’Ibn Maïmon par Ceuta pour Fès et le Caire, il ne rencontra pas Ibn Aknîn. Mais il y eut pour disciples et amis parmi d’autres juifs dont un médecin juif local nommé Joseph Sebtî, qui mourut durant le séjour son maître à Fès, vers le milieu du XIIe siècle (p.58). On ne lui connaît pas d’ouvrages ou de biographie autre à ce jour.
C- Ibn Ezra chantre médiéval présumé de la persécution antijuive almohade au Maroc:
Abraham Ibn Ezra [et non pas “Moïse”, selon la NDT ] n’eut de rapport avec Ceuta que par sa présumée élégie: “Qunáh”, consacrée à la persécution des juifs par les premiers Almohades au Maroc: à Meknès, à Ceuta, etc. En témoigne ce couplet plein d’anathèmes: “Ah, comment a-t-on fait périr la communauté de Fès, le jour où on l’a mise à sac/ Je hausserai ma voix aussi fort que mon chagrin, à cause de Ceuta et de Meknès…” – Op.cit., pp.50-51. Quant aux liens de ces derniers avec leur maître-à-penser Ibn Maïmon, on pourrait les cerner, dans ce livre plein d’intiatives et de préjugés allant du nom mythique au martyr judéo-théologique de Ceuta (pp.21-33).
D- Ibn Maïmon maître-penseur médiéval des élites judéo-marocaines de Ceuta:
D’une certaine manière, en s’exilant en Orient, Ibn Anîn ne faisait que suivre le conseil et l’exemple de son maître Ibn Maïmon [1135-1204] concenant les juifs marocains, persécutés par les Almohades. Selon E.G. Cravioto “Ibn Maïmon, avait mis au clair que tous les juifs prophétisants sont des imposteurs (…). Malgré cela, il conseillait aux juifs d’émigrer de l’Etat almohade (…). Et suivant Ibn Anîn, l’exil est le meilleur des châtiment pour créer la discipline spirituelle (…). Peut-être voulait-il aussi rencontrer Ibn Maïmon qu’il considérait comme son grand maître.” – “Mulâhadhât…”, Op.cit., p.66.
Dans ce sens, on relève dans un article d’ARELC qu’Ibn Maïmon était confronté à l’interdiction talmudique pour dévoiler à plus d’un les grands sujets. “Comment «garder sous la langue», se dit-t-il, les secrets de la Torah ? Pour contourner la difficulté, il adresse des lettres à Joseph [Ibn Aqnîn sebtî]. A travers lui, Maïmonide (Ibn Maïmon) vise l’élite des croyants initiés à la philosophie, mais une élite perplexe, travaillée par la grande question qui traverse le 12ème siècle, comment concilier la vérité des prophètes avec celle de la philosophie [tel Avéroès/ Ibn Rushd]?” – “Maïmonide à la croisée des cultures arabe et juive”, www.ARELC.htm, p.1.
D’ailleurs, pour apprécier l’influence de ce maître cordouan Ibn Maïmon sur l’élite des penseurs-écrivains judéo-marocains de Ceuta et d’ailleurs, il faut se rappeler la dédicace du plus important de ses livres “Le Guide des Egarés” (1190) à son disciple Ibn Aqnîn – “Mulâhadhât”, Op.cit., p.67. A l’élite des penseurs-écrivains judéo-marocains, vient donc se joindre l’élite des théologiens et leurs controvrses à Ceuta du IXe au XVIe siècles.
3- Les théologiens judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
Le sépharadisme” désigne, selon un article de la CISU , les cultures juives du sud méditerranéen sous la sphère d’influence hispano-arabe. “L’héritage sépharade, y lit-on, remonte à l’âge d’or espagnol, époque à laquelle juifs, musulmans et chrétiens mêlèrent leur génie et leur talents pour faire connaître en Espagne, un essor culturel. Après leur expulsion d’Espagne en 1492, les sépharades se retrouvent dans l’Empire ottman (Turquie, Bulgarie, Grèce), en Afrique du Nord (au Maroc en particulier), en Hollande et en Angleterre (…).” – “Historique du sépharadisme”, www.cisu.be, p.1. Outre la science prophane, la philosophie et la poésie religieuse, la théologie y occupe une place centrale. “L’héritage sépharade, selon la même source, s’articule autour de (…): l’héritage spirituel que constituent la Bible et le Talmud que partagent toutes les collectivités juives du monde, avec un intérêt marqué pour l’étude des textes mystiques…” – Ibid. D’où l’élite des théologiens judéo-marocains et leurs émules de Ceuta et d’ailleurs, dans l’ouvrage traduit.
A- Le rabbin de Ceuta Moisés Abrayn qui prit la défense de la communauté juive, en 1179, dans une controverse opposant chrétiens et juifs de sa cité, mais dont le contenu était resté secret, sans aucune intervention des Almohades (pp.60-61).
B- Le rabbin Joseph Ben Iehouda Ben Asmîn, fut l’objet d’une épitaphe de la synagogue de Beit Bel de Ceuta le consacrant en ces termes: “A la mémoire et en hommage au grand maître, et à l’éminent savant [théologien], le rabbin Joseph Ben Iehouda Ben Asmîn, connu sous le nom de « Sebtî » qui brilla parmi les savants de son époque. Il était astronome, mathématicien, médecin, qui se distingua en logique, en physique et en sciences. Il fut baptysé par les savants de son temps: «Le savant des savants du Maroc» (p.61).”
C- Le rabbin de Ceuta Isaque Ben Ammar entretint une correspondance et une relation personnelle (en 1300) avec le rabbin de Barcelone Salamon ibn Adret (décédé en 1310), en répondant notamment à une consultation juridico-théologique au sujet de “Halaka” (la coiffure). Ce qui témoigne alors de l’autorité théologique prééminente des juifs de Ceuta dans ce domaine (p.73).
D- Le juif théologien, converti zélé à l’Islam, Abdal Haqq al Islâmî fut l’auteur d’une épître, “As-saïf al mamdûd fî ar-Rddi alâ ahbâri yahûd” (L’épée tendue en réfutation aux rabbins juifs), à la première moitié du XIVe siècle, où il entra en controverses religieuses avec ses ex-coreligionnaires (p.82).
E- Le théologien Samuel Tulaïtilî (de Tolède) engagea une controverse religieuse avec un musulan de Ceuta, appelé Abû Tâlib, vers 1340 (pp.82-83).
“En tout cas, dénote E.G.Cravioto, cela montre l’importance de Ceuta comme centre des controverses théologiques. En fait, nous avons vu le long de ce livre, et de ses deux derniers chapitres, la répercussion de ces colloques où les juifs avaient joué un certain rôle (p.83).” Se profile après l’élite des hommes d’Etat judéo-marocains, en cette période trouble de l’histoire de Ceuta et de toute sa région.
4- Les hommes d’Etat judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
Pour situer l’élite médiévale des hommes d’Etat judéo-marocains de Ceuta parmi les autres élites marocaines, il est encore plus éclairant de procéder, selon A. Saaf par constat . “On pourrait observer, suggère-t-il, des orientations à contenu socio-politique travaillant en profondeur les élites politiques, qui ne peuvent être sans effet sur «le monde politique » des «élites politiques marocaines». Il paraît que cela fait prédominer deux sous-systèmes de valeurs d’un double haut rang: la culture d’intégration politique, répandue dans l’Etat, qui interagit avec la culture politique de la majorité des élites politiques, mobilisées sur le terrain politique et y occupant la plus importante place, au détriment des flots provenant des élites marginalisées, ou au «sens commun», de la société.” – Op.cit., p.36.
Or, à titre d’exemples, les fonctions de l’élite juive médiévale judéo-marocaine de Ceuta vont du conseiller du sultan, au percepteur général des impôts, au gouverneur général de toutes les communautés juives du royaume. Citons dans ce cas:
A- les frères Moïse et Abraham Sebtî avaient, suivant l’historien David Corcos, occupé les fonctions administratives suprêmes de conseillers du Sultan mérinide Yûsuf ben Yaqûb: “Vers le même date [1310], une famille juive d’origine sebtî, assuma des fonctions administratives suprêmes à Fès. Dans une étude sur les juifs du Maroc sous les Mérinides, «David Corcos» faisait allusion à ces personnalités juives, connues du nom de «Sebtî», en particulier les frères Joseph et Abraham, qui furent les conseillers du Sultan mérinide Yûsuf Ben Yaqûb, et qui eurent une grande influence sur les instances du pouvoir (l’Etat), dans les dernières années du règne de ce sultan (p.74).”
B- Hasadâï Ibn Chabrot fut aussi, pendant une certaine durée, le ministre juif du khalife cordouan Abd Arrahman III, [891-961] chargé de la perception générale des impôts. “Il est hors de doute, ajoute l’auteur du texte orignal, que ce Hasadâï Ibn Chabrot, avait nommé [à ce service] des juifs dignes de confiance à Ceuta, puisqu’elle était la capitale des possessions andalouses en Afrique du Nord, néanmoins les relations d’Ibn Chabrot avec les juifs d’Afrique du Nord nous sont restées encore inconnues (p.41)”.
C- Ibn Jau, en tant que membre, jusqu’à 986 de l’union juive maroco-andalouse, fut, selon l’historien tolédan Ibn Daoûd, nommé par un décret d’Al Mansûr [978-1002], chef de toutes les communautés juives se trouvant entre Sijilassa [au sud du Maroc] et le fleuve du Duero [en Espagne et au Portugal], constituant les frontières de son royaume. Il y fut chargé de la magistrature, de l’économie, de l’organisation des localités juives et de la collectes des impôts dont étaient redevables non seulement les communautés juives andalouses, mais aussi les communautés marocaines [dont Ceuta] soumises au khalife omeyyade en Andalousie (Ibid.). Pour clôre cette pléade des élites judéo-marocaines de Ceuta, du IXe au XVIe siècles, dans l’ouvrage traduit, citons celle des négociants et des diplomates.
5- Les négociants et les diplomates judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
Certes, l’élite judéo-marocaine des négociants et des diplomates de Ceuta du IXe au XVIe siècles a aussi été évoquée par M. Cherif dans: “Sabtatu al Islâmiyyatu” (Ceuta musulmane). “Grâce à sa position à la frontières des cultures occidentales et orientales, y dit-t-il, l’élément juif contribuera peu ou prou et discrètement, à la création d’un réseau de relations diplomatiques et économiques par la voie de Ceuta, Tlemcen ou Tunis entre l’Europe et l’Afrique saharienne.” – Op.cit., p.118. Aussi voit-on citer dans “Mulâhadhât” (“Notas…”), des exemples de cette élite judéo-marocaine médiévale du négoce et de la diplomatie de Ceuta, en la personne de:
A- Salomon Ben Menasse fut l’émissaire diplomatique et l’ambassadeur juif du roi d’Aragon Jaime II, à Fès, et qui, sur la demande des Mérinides, et pour des raisons économiques, recommanda au souverain aragonais d’appuyer ces derniers pour reconquérir Ceuta, occupée par les Nasrides de Grenade. Celui-ci y envoya une flotte maritime et la cité fut récupérée par le Maroc, en 1309 (74-75).
B- Isaach Cohen, en tant que négociant de Ceuta, bénéficia d’une concession commerciale de Jaime II, signée à Barcelone en 1319, pour exercer le négoce au royaume d’Aragon, pour une durée de quatre ans, en échange du versement de quatre mille sous. Celle-ci lui fut renouvelée, parmi d’autres juifs sebtis, le 3 octobre 1323 (pp.75-76).
C- Abrahâm al Qortubî (le Cordouan) fut le négociant juif proposé, en 1532, comme intermédiaire commercial, par le gouverneur de Badis, Velez de la Gomera , au Roi du Portugal, dans le cadre d’un accord de commerce avec Ceuta (occupée) et les autres villes portugaises (pp.100-101), etc.
Ainsi, tant penseurs-écrivains, théologiens, hommes d’Etat, négociants que diplomates, les élites judéo-marocaines médiévales de Ceuta sont désignées par l’auteur du livre de “marchands d’esclaves et prisonniers de guerre” et d’“espions”. “Tous ces documents, glose-t-il, nous donnent un aperçu sur la venue des juifs à Ceuta (…), qui s’adonnaient parfois au commerce des prisonniers de guerre. Et sans doute complétaient-ils ce travail par un autre s’assimilant à l’espionnage [négociants, agents doubles ou diplomates] de ce côté ou de l’autre (p.102).”
En conclusion, on pourrait dire que, par son marginalia, la traduction avisée et lucide de M. Cherif de “Notas…” (“Molâhadhât…”) de E.G. Cravioto constitue un acquis documentaire, même lacunaire, pour fonder une histoire médiévale ( du IXe au XVIe siècles) des élites judéo-marocaines de Ceuta, entre d’autres. “Au contact de la tradition juive [et de l’Islam], dirions-nous avec Philippe Ariès, le monde romain, christianisé [puis islamisé], a découvert que le genre humain avait une histoire solidaire, une Histoire universelle: moment capital où il faut reconnaître l’origine du sens moderne de l’Histoire…” – “Promenade chez clio”, de Benoît Le Roux, Analyses et Réflexions sur l’Histoire 2, Paris, Ed. Marketing, 1980, p.18.
                                                                                                  Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

domingo, 19 de agosto de 2012

Le thème de l'attentat dans le roman mondial


LE THÈME DE L'ATTENTAT ET DE L'ATTENTATEUR
DANS LE ROMAN MONDIAL DU XIXe – XXIe SIÈCLES

    A propos du "thème de l'attentat et 'l'attentateur' dans le roman mondial du XIXe – XXIe siècles", Philippe Oriol souligne : "L'acte terroriste fascine en outre de nombreux écrivains : la 'bombe anarchiste' devient un topos romanesque. La littérature de l'époque témoigne de la frayeur générale et reflète différentes approches du terrorisme, qui vont de la condamnation totale à une tentative de compréhension. Si certaines œuvres suggèrent dans des fictions proches de l'histoire, des explications au terrorisme, d'autres se construisent autour de clichés, faisant du terrorisme un stéréotype littéraire (…). À l'origine de l'attentat se trouve une vision – projection imaginaire de l'acte [anarchiste ou psychopathe] : le personnage, d'abord, se fantasme en jeteur de bombe. Le néologisme attentateur illustre bien la dimension tentatrice de l'image évoquée – image qui donne naissance au projet terroriste, qui va ensuite nourrir un espoir de revanche  sur la société [?]." – "La représentation", www.chrhc.revues.org , pp.1-2. Ainsi aurions – nous à explorer successivement :

    I - Le thème de l'attentat et l'attentateur dans le roman mondial  du XIXe siècle :

    Le thème de l'attentat dans le roman mondial du XIXe siècle", nous conduit à observer avec René Johannet : "C'est bien ce qui se passe dans de nombreuses œuvres de fiction : les actes des terroristes y sont présentés comme fait de déments, d'insensés [psychopathes]. Les figures d'anarchistes [anarchistes politiques] qui apparaissent dans de nombreux romans de la fin du dix-neuvième siècle sont souvent des stéréotypes; toute réflexion politique [attentat et attentateur politiques] est évacuée au profit d'une analyse purement psychologique [attentat et attentateur psychopathes] : on a affaire à des personnage au caractère instable, au cerveau peu structuré, et facilement manipulables, et l'anarchie [politique] apparaît dans ces intrigues comme prétexte servant à maquiller un crime crapuleux [de droit commun] en action politique." - "La représentation", Op.cit., p.1. Du fait, le roman mondial du XIXe siècle présente  du thème de l'attentat et de l'attentateur une double vision  quasi antithétique : anarchiste ou psychopathe, à savoir :

     1. Le thème de l'attentat et de l'attentateur anarchistes dans le roman mondial du XIXe siècle :

      Au sujet de la représentation du thème de l'attentat et de l'attentateur anarchistes dans le roman mondial du XIXe siècle, Jean Claude Farcy remémore  : "De la machine infernale (…), le XIXe siècle est marqué en France par de nombreux attentats [et attentateurs], qui à l'aide de poignards, de pistolets et de fusils, de machines infernales et de bombes, visent les chefs d'État, les lieux de pouvoir, comme l'assemblée nationale, les sièges des compagnies minières, les domiciles de certains magistrats ou encore les restaurants et les cafés. Attribués souvent à des fanatiques [des anarchistes politiques ou des psychopathes] animés d'une volonté destructrice, ces attentats n'en recèlent pas moins une dimension profondément politique (…). Si les attentats commis par les anarchistes [les attentats et les attentateurs politiques] sont souvent présentés comme les premiers actes relevant du terrorisme, frappant de manière aveugle, suscitant l'angoisse et la peur, ils s'inscrivent néanmoins dans la continuité de bien des attentats précédents, à l'exemple de ceux de Fieschi et d'Orsini, qui visent moins à mettre à mort une personne donnée qu'à bouleverser, troubler, voir effrayer." – "L'attentat politique en France au XIXe siècle", www.criminocorpus.hypotheses.org, p.1. À titre d'exemple, considérons :

     + "Les paysans" (France, 1855), d'Honoré de Balzac (1799-1850), incarnant l'attentat mortel commis sur le  garde-chasse Vatel qui procède à l'arrestation des paysans dont sa meurtrière, la mère Tonsard, en délit de couper les arbres dans les bois du château des Aigues, à  Blangy, propriété du général de Montcornet, avec l'appui en cela de sa communauté paysanne, projetant d'en tuer d'autres à l'avenir, et défiant ainsi les lois en vigueur, et le gouvernement sous la monarchie restaurée, de  Louis XVIII (1814-1824), comme dans :

     "En criant à tue-tête, la vieille Tonsard [l'attentatrice anarchiste] avait attiré quelques personnes de Blangy, curieuses de savoir ce qui se passait au Grand-I-Vert, car la distance entre le village et le cabaret n'est plus considérable qu'entre le cabaret et la porte de Blangy. L'un des curieux fut précisément le bonhomme Niseron, le grand-père de Péchina, qui après avoir sonné le second Angelus, retournait façonner quelques chaînes de vigne, son dernier morceau de terre (…).

       - Eh! que se passe-t-il d'extraordinaire, la vieille, je vous entendais du clocher?... demanda-t-il.
       On racontait l'attentat de Vatel au vieillard, mais en parlant tous ensemble selon l'habitude des gens de la campagne.

        - Si vous n'avez coupé l'arbre, Vatel a tort; mais si vous avez coupé l'arbre, vous avez commis deux méchantes actions, dit le père Niseron (…). Donc, une heure après la lutte entre la vieille Tonsard et Vatel, plusieurs autres habitués du Grand-I-Vert s'y trouvaient réunis (…).
        - Il y aura du sang répandu!... dit Nicolas [Tonsard] d'un air sombre en se levant (…). Si vous voulez m'écouter, on descendra Michaud [le garde général des Aigues]! Mais vous êtes des veules et des drogues!...
        - Pas moi! dit Bonnébault, si vous êtes des amis à taire vos becs, je me chargerai d'ajuster [d'abattre] le Tapissier, moi!...
Qué plaisir de loger un pruneau dans son bocal, ça me vengerait de tous mes puants officiers!....
         M. Rigou [le maire] s'était intéressé à cette vieille femme, il lui avait donné un avocat qui s'appuya de 'absence de tout témoin autres que les intéressés; mais les témoignages de Michaud et de ses gardes, corroborés de ceux du garde champêtre et de deux gendarmes, décidèrent la question; la mère Tonsard fut condamnée à cinq ans de prison, et l'avocat dit Tonsard fils :
         - C'est la déposition de Michaud [le garde général des Aigues] qui nous vaut cela."   (pp.239, 242, 250, 251, 362) "

          + "Le Rouge et le Noir" (France, 1830), d'Émile Zola (1699-1842), Ed. Flammarion, 1964, narrant l'attentat perpétré contre Mme de Rênal par Julien Sorel pour avoir dénoncé donjuanisme opportuniste auprès des femmes de la haute société mondaine et politique sous le grand Empire, en France, suivi de sa neutralisation par les gendarmes, un dimanche matin au sein de la grande église de Verrières, comme  dans :

         "Julien [l'attentateur anarchiste] était parti pour Verrières un dimanche matin. Dans cette route rapide, il ne put écrire à Mathilde comme il en avait le projet, sa main ne formait sur le papier que des traits illisibles.
          Il arriva à Verrières un dimanche matin. Il entra chez l'armurier du pays, qui l'accabla de compliments sur sa récente fortune. C'était la nouvelle du pays.
         Julien eut beaucoup de peine à lui faire comprendre qu'il voulait une paire de pistolets (…).

      Julien [l'attentateur anrchiste] entra dans l'église neuve de Verrières. Toutes les fenêtres hautes de l'édifice étaient voilées de rideaux cramoisis. Julien se trouva à quelques pas derrière le banc de Mme Rênal. Il lui sembla qu'elle priait avec ferveur. La vue de cette femme qui l'avait tant aimé fit trembler le bras de Julien d'une telle façon, qu'il ne put d'abord exécuter son dessein. Mme de Rênal baissa la tête qui un instant se trouva presque entièrement cachée par les plis de son châle. Julien ne la reconnaissait plus aussi bien; il tira sur elle un coup de pistolet et la manqua; il tira un second coup, elle tomba [l'attentat anarchiste] (…).

      Ses pieds s'étaient embarrassés dans une chaise renversée par la foule; en se relevant, il sentit le cou serré; c'était un gendarme en grande tenue qui l'arrêtait. Machinalement, Julien voulut avoir recours à ses petits pistolets. Mais un second gendarme s'emparait de ses bras.

     Il fut conduit en prison." (pp.447-448).

     2. Le thème de l'attentat et de l'attentateur psychopathe dans le roman mondial du XIXe siècle :

     Par ailleurs, le thème de l'attentat et de l'attentateur psychopathe dans le roman mondial du XIXe siècle fait dire à Édouard Drumont : "Tous ce procédés, qui visent à discréditer les personnages anarchistes en les présentant comme des cas pathologiques [attentateurs psychopathes], seront poussés à l'extrême dans un roman d'Adolphe Retté, ancien poète anarchiste converti au catholicisme royaliste [en France], qui écrit en 1908, Le règne de la bête." – Op.cit., p.4. C'est ce qu'incarne ce passage du roman d'Émile Zola :  

      + "Germinal" (France, 1884), d'Émile Zola (1840-1902), Ed. Classique Larousse, 1953, dépeignant l'attentat commis contre les ouvriers de la mine et de la compagnie de Montsou par l'ouvrier psychopathe anarchiste Souvarine, en le faisant s'ébouler sur ses misérables camarades en grève, comme en témoigne l'extrait suivant du  roman :

       "Souvarine [l'attentateur psychopathe] à cheval dans l'ouverture pratiquée par lui, constata une déformation grave de la cinquième passe du cuvelage (…). Alors avec son vilebrequin, il desserra les vis des équerres, de façon à ce qu'une dernière poussée pût les arracher toutes (…). Les haleines de l'invisible le grisaient, l'horreur noire de ce trou battu d'une averse le jetait à une fureur de destruction (…).

     C'était assez, il ne voulait pas donner l'éveil par un dégât trop grand, qu'on aurait tenté de réparer tout de suite. La bête [la mine diabolisée par ce dernier] avait sa blessure au ventre, on verrait si elle vivait encore le soir; il avait signé, le monde épouvanté saurait qu'elle n'était morte de sa belle mort [l'attentat psychopathe]. Il prit le temps de rouler méthodiquement les outils dans sa veste, il remonta les échelles avec lenteur, puis, quand il fut sorti de la fosse sans être vu, l'idée d'aller changer de vêtement ne lui vint même pas. Trois heures sonnaient. Il resta planté sur la route, il attendit (…).

          Le cuvelage supérieur devait achever de s'effondrer, on entendait de brusques retentissements, des bruits saccadés de chute profonde, auxquels succédaient de grands silences. C'étaient la plaie qui s'agrandissaient toujours : l'éboulement, commence par le bas, montait, se rapprochait de la surface (…).

         Tout entier, le Voreux venait de coulait à l'abîme. Hurlante la foule se sauva (…). Un silence terrifié s'était fait, on n'entendait plus que la chute de cette eau, ronflant dans les entrailles de la terre.

       Alors sur le terri ébranlé, Souvarine se leva. Il avait reconnut la Maheude et Zacharie sanglotant en face de cet effondrement, dont le poids pesait si lourd sur les têtes des misérables qui agonisaient au fond. Et il jeta sa dernière cigarette, il s'éloigna sans un regard en arrière [l'attentateur psychopathe], dans la nuit devenue noire. Au loin son ombre se fondit avec l'ombre. C'était là-bas qu'il allait, à l'inconnu. Il allait de son air tranquille, à l'extermination, partout où il y aurait de la dynamite, pour faire sauter les villes et les hommes." (pp.81-88).

     +"Crime et châtiment - 1" (Russie, 1866), de F.M. Dostoievski (1821-1881), Lib. Stock/ Hazan, 1972, évoquant le thème de l'attentat commis par Raskolnikov, l'attentateur psychopathe, sur la vieille usurière Alena Ivanovna et sa sœur Élisabeth, au cours d'un enchaînement de circonstances, où ce dernier agit dans un état quasi inconscient. C'est l'image qu'en donne ce passage du roman :

       "Pendant que, se tournant vers la fenêtre, du côté du jour (…), elle [Alena Ivanovna] s'efforçait de défaire la ficelle [de l'étui à cigarettes en argent de Raskolnikov] (…). Il [Raskolnikov] déboutonna son manteau et dégagea la hache de la boucle (…). Ses bras étaient absolument sans force; lui-même les sentait s'engourdir d'instant en instant [l'attentateur psychopathe] (…).Il n'y avait plus un instant à perdre. Il retira complètement la hache, la brandit des deux mains, à peine conscient de lui-même, et du revers presque sans effort, presque machinalement, la lui laissa tomber sur la tête [l'attentat psychopathe] (…). Il retira les clefs; toutes étaient, comme alors, en un seul trousseau, attachées à un anneau en acier. Il courut avec elles vers la chambre à coucher (…).

        Soudain, il crut entendre marcher dans la pièce où se trouvait la vieille (…), il se leva d'un bond, saisit la hache et quitta en courant la chambre à coucher. Au milieu de la pièce, se tenait Élisabeth avec un gros balluchon entre les bras; aussi blanche qu'un linge (..). Il se jeta sur elle avec la hache : les lèvres d'Élisabeth se tordirent si plaintivement, (…) et s'apprêtait à crier. Et cette malheureuse Élisabeth (…) ne leva même pas le bras pour se protéger la figure (…) car la hache était brandie juste au-dessus de son visage (…).

      Le coup, porté du tranchant de la hache, l'atteignit en plein crâne et lui ouvrit d'un coup tout le haut du front, presque jusqu'au sommet de la tête. Elle s'écroula d'une masse [l'attentat psychopathe] (…). Personne dans l'escalier! Sous la voûte de la porte cochère non plus. Il [Raskolnikov] franchit vivement le seuil et tourna à gauche dans la rue." (pp.123-136).    

       II - Le thème de l'attentat et l'attentateur dans le roman mondial  du XXe - XXIe siècles :
     
       Le thème de l'attentat et l'attentateur dans le roman mondial  du XXe-XXIe siècles se résume selon Jacques Sautarel dans cette clausule : "La volonté de nier les motifs politiques des terroristes va de pair avec la peinture de la réalité sociale présentée comme 'supportable' (les narrateurs, qui donnent leurs points de vue, appartiennent le plus souvent à la bourgeoisie philanthropique [humaniste] ou à l'élite artistique compatissante) La figure littéraire du terroriste anarchiste [ou psychopathe] est donc révélatrice d'une certaine vision du monde et des rapports sociaux et propose une lecture idéologique des faits historiques." – "La représentation", Op.cit., p.5. Cela se manifeste autant dans une optique anarchiste que psychopathe, à travers des romans mondiaux du tels que :

      1. Le thème de l'attentat et l'attentateur anarchiste dans le roman mondial  du XXe -XXIe siècles :
     
       Pour ce qui est du thème de l'attentat et l'attentateur anarchiste dans le roman mondial  du XXe-XXIe siècles, Georges Leneveu relève quant à l'acte anarchiste : "L'acte anarchiste [l'attentat anarchiste], loin d'être un acte insensé, a donc pour but d'attirer l'attention sur les discours : il joue à la manière d'une caisse de résonance visant à faire entendre une parole révolutionnaire [politique] : 'Clairon précurseur des revendications futures'" - "La représentation", Op.cit., p.5. En donnent l'exemple des romans mondiaux comme :  
     
      + "L'incendie" (Algérie, 1954), de Mohammed Dib (né en 1920), Ed. Du Seuil, 1954, décrivant l'attentat et l'attentateur anarchiste inconnu ayant incendié injustement les gourbis (les baraques) des misérables ouvriers agricoles, fellahs de Bni Boublen, en grève pour une augmentation de salaires, et obligés par les gendarmes d'aller travailler, dans les vignobles des colons français de la ferme de M. Villard, en Algérie insurgée. D'où cet extrait du roman de M. Dib :

     "Chez les gens de Bni Boublen, tout en haut de la route, le silence était si profond qu'on se serait cru dans un village abandonné.
      Puis une nuit retentit le cri : Au feu [l'attentat anarchiste]!
      Au-dessus des vignobles, le ciel sombre fut vite envahi de lueurs rougeâtres (…). Devant une rangée de cahutes [d'ouvriers indigènes] d'où émergeaient de grandes flammes, quelques colons regardaient et se taisaient: leurs faces rougeoyaient par éclairs  devant l'éclat vacillant des flammes [attentateurs anarchistes] (…). Des roulements de chars [de l'armée française]  ébranlèrent peu à peu les routes silencieuses (…).
      Du cercle compact parvinrent quelques voix; d'abord celle du fellah qui discutaient depuis un moment d'une voix enrouée.
      Il ne s'adressait pas au colon [M. Villard], mais aux hommes qui l'entouraient et qui voulaient partir [sauver leurs logis] (…).
       Ils se dispersèrent aussitôt dans toutes les directions. Ils chargèrent de la terre dans les pans de leurs gandouras, dans les mains, dans les sacs attachés autour de la taille, et se précipitèrent à travers le feu. Ils s'éloignèrent encore, revinrent vers les gourbis qui flambaient. Et ils recommencèrent la même manœuvre, sans trêve. Slimane courait en trébuchant (…). La clarté du feu grandissait démesurément; à chaque élan des flammes, le cœur de Slimane sursautait. Frissonnant, il pensait : 'Il faudrait arriver à sauver les plus possibles. Triste est la vie du fellah!'; et il courait comme un fou, ivre, perdant toute notion de ce qui se passait.
   (…) Un incendie [un attentat anarchiste] avait été allumé, et jamais plus il ne s'éteindrait (…). On vit Ba Dedouche s'avancer et aller de groupe en groupe, disant qu'on ne devait pas discuter aujourd'hui de cette question de salaire.

    - Ce qu'il faut, c'est trouver les coupables [les attentateurs anarchistes coloniaux], s'épuisait-il à déclarer." (pp.127-131).

         + "Les Déclassés" (France, 1976), de Jean François Bizot (né en 1944), Ed. Le Sagittaire, 1976, soulevant le thème de l'attentat et l'attentateur anarchiste à travers les événements de Mai 1968 dont le narrateur rapporte fictivement l'exemple historique suivant :

      "Ed le Fauché se grattait le haut du crâne. Buffalo Bob lui roulait un joint (…).
       - J'avais un truc très important à te dire, une merde qui est arrivée à un copain…
       - Qui, Ed, qui?
       - Attends, putain, je suis trop stoned…
       - Qui? Fais un effort…
       - Putain de merde! Les porcs ont alpagué John Sinclair [l'attentateur anarchiste]. Tu sais, toujours la même histoire de joints, et en plus ils veulent lui coller sur le dos l'attentat [l'attentat anarchiste] contre le local de la C.I.A. à Ann Arbor… (…).
        Les gauchistes n'étaient d'accord sur la suffisance de cette méthode et Hugues balançait. La lutte armée était à l'ordre du jour, la répression et les rafles quotidiennes. Marighela était mort au Brésil, mais le capitaine Lamarca vivait toujours, les Weathermen n'avaient jamais posé tant de bombes [les attentats anarchistes] et les Tupamaros d'Uruguay étaient insaisissables et narquois. (…).
     'Quel gâchis! Les histoires de deal et de dope, c'est comme la prohibition, c'est incroyable. L'Homme le plus sale de Paris les connaît toutes. Comme celle du gouverneur de Tanger qui supervise une plaque tournante de hasch. Il a trouvé, en 1965, analyses du phénomène beatnik sur son bureau. L'une disait : 'Les beatniks [les attentateurs anarchistes] sont de vrais saints, les continuateurs du soufisme. L'autre disait : 'Il faut réprimer les va-nu-pieds.' Le gouverneur hésite jusqu'à ce qu'un membre du consulat britannique lui ait dit qu'aux Etats-Unis on les mettait en prison, les frères [les attentateurs anarchistes]." (pp.207, 329-330, 399).

       + "La prière de l'absent" (Maroc, 1981), de Tahar Ben Jelloun (né en 1944), Éd. Du Seuil, 1981, traitant le thème de l'attentat et l'attentateur anarchiste en la personne de certaines femmes marocaines révoltées, ayant participé à la lutte armée pour l'indépendance du Maroc (1953-1956) :

       "Argane était émue. Elle allait enfin dormir auprès de quelques arganiers. La tente n'était pas très grande. Yamna et Sindibad étaient fascinés par ces femmes qui passaient leur temps à fumer du kif ou du haschisch et à boire du vin (…). Leur révolte était née d'un profond sentiment d'injustice causée non par des hommes, dont les méfaits pouvaient toujours être contournés ou combattus, mais par ce qu'on avait pris l'habitude d'appeler la Nature ou Dieu. Certaines femmes [les attentatrices anarchistes] avaient posé des bombes [des attentats anarchistes] dans des commissariats et brûlé les fermes de colons pendant la lutte pour l'indépendance. D'autres avaient empoisonné des cheîkhs féodaux  qui volaient les terres des paysans pauvres. Il y avait là un brigand [v. Agoun'chich, de M. Kheir Eddine] qui avait donné un sérieux coup de main aux jeunes nationalistes du Sud." (pp.198-199).

    2. Le thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe dans le roman mondial  du XXe-XXIe siècles :
     
     Pour ce qui est du thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe dans le roman mondial du XXe-XXIe siècles, Louise Michel remarque : "Caisse de résonance, la bombe [attentat psychopathe] est donc là pour donner à entendre ce qui est occulté : loin de consacrer la disparition du sens, elle tente de retrouver le lien entre le signe et son référent. De nombreux écrivains n'ont pas cette préoccupation, ni cette réflexion, soit qu'ils éprouvent uniquement de fascination pour le geste terroriste, soit qu'il imputent à leurs auteurs des dérèglements psychologiques graves [attentateurs psychopathes] rejetant ainsi l'anarchisme hors du champ politique. Ils préfèrent parler d'actes aveugles et incompréhensibles [attentats psychopathes] plutôt que d'analyser l'attaque portée contre la société ou la représentation politique (…). Dans les deux cas, on voudrait faire croire qu'il ne s'agit pas de politique – mais de folie [de psychopathologie]." - "La représentation", Op.cit., p.8. En est la preuve les romans mondiaux ci-après :

     + "Le printemps noir" (USA, 1936), d'Henry Miller (1891-1980), Ed. Gallimard, 1946, in "PANORAMA DE LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS", Ed. Le Point du Jour, 1954, traitant du thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe, en tant que récit à la première personne d'un forcené mythomane, au bord du délire, dénué de raison et de toute humanité, commettant un massacre, à coups de révolver, en tirant aveuglément dans le tas, sur la foule grouillante des promeneurs insouciants, dans la 42e Rue, à New York. Ce que conte  pathétiquement ce passage du roman d'H. Miller :

      "En Amérique, j'ai vécu [l'attentateur psychopathe] dans bien des maisons, mais je ne me rappelle pas les intérieurs (…). Une fois, je louai une calèche découverte et je descendis la Cinquième Avenue. C'était un après-midi d'automne et je me promenais dans la ville natale. Hommes et femmes déambulaient sur les contre-allées : drôles de bêtes, mi-humains, mi-celluloïd. Allant et venant sur l'avenue, à moitié timbrées, les dents bien astiquées, les yeux vernis. Les femmes vêtues de belles robes, chacune armée d'un sourire glacé sorti du frigidaire. Les hommes souriaient aussi de temps en temps, comme s'ils allaient dans leur cercueil [l'attentat psychopathe] à la rencontre du Divin Rédempteur. Ils traversaient la vie en souriant avec ce regard dément, vitreux, tous drapeaux déployés, et le sexe qui coule à travers les égouts. J'avais un pétard avec moi, et quand nous arrivâmes à la 42e Rue, j'ouvris le feu [l'attentat psychopathe]. Personne ne fit attention. Je les fauchais à droite et à gauche, mais la foule ne se clairsemait pas. Les vivants piétinaient les morts, sans cesser de sourire, pour exhiber leurs dents blanches. C'est ce cruel sourire blanc qui s'incruste dans ma mémoire [l'attentateur psychopathe]." (pp.370-371).              
     
     "L'homme de sang" (Espagne, 1959), de José -Luis de Vilallonga (1920-2007), Ed. Du Seuil, 1959, restituant le thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe, Francisco Pizarro, abattant et faisant abattre sommairement des hommes et des femmes, lors de la guerre civile espagnole (1936-1939) et qui, de retour, après vingt ans d'exil, pour reprendre ses attaques, se fait arrêter sur une dénonciation de Soledad de La Carcova, son ex-otage et femme, et ex-meurtrier de son frère Antonio et de sa mère, etc., à son arrivée à  San-Juan-de-Cora, sur la route de Tolosa, près des postes frontière franco – espagnoles. Ce dont rend compte tragiquement ce passage du roman de J.-L. Vialallonga :

      "Francisco Pizarro [l'attentateur psychopathe] leva son arme. En même temps, Antonio [de La Carcova] l'arrêta d'un geste de la main :
       - Parle-moi de l'Espagne (…).
       - L'Espagne confine au Nord avec la France, au Sud avec le Détroit de Gibraltar, à 'Ouest avec…, avec…
       - … Avec le Portugal.
       Alors Francisco Pizarro l'avait abattu d'une seule balle dans la tête [l'attentat psychopathe] (…).
       Ce ne fut que le lendemain matin, à son réveil, qu'on lui annonça la prise de deux membres de la famille de La Carcova, Soledad et sa mère, arrêtées sur la route alors qu'elles essayaient de gagner en voiture le port de Cadix (…).
       Les miliciens qui les entouraient commençaient à s'impatienter (…). Doňa Rosario [de Carcova] s'était levée, le visage blanc, la tête comme séparée du corps par le ruban de soie noire qui encerclait son cou frêle (…). Puis sans regarder personne, elle alla d'un pas rapide vers la porte de la cave qui s'ouvrit devant elle.
        Quelques secondes plus tard, on entendit, venant de la place, une grande clameur de joie, puis tout de suite un cri, déchirant, affreux, quelques hoquets, une râle et enfin, un hurlement de triomphe. Après quoi, le silence [l'attentat psychopathe commandité] (…). 
        Villarios était là, debout à côté d'eux en pyjama, les pieds dans de vieilles babouches arabes, un kimono de soie noire sur les épaules.
       - J'ai un travail pour vous, Francisco [l'attentateur psychopathe].
       -  Un travail?  
       -  Oui, Et il est passionnant. Tout à fait dans vos cordes. Faire sauter des trains, des ponts, des dépôts de munition  [les attentats psychopathes] (…).
       - Quand? demanda-t-il d'une voix impatiente [l'attentateur psychopathe].
      Vallarios sourit, satisfait du succès de ses positions.
      - Je savais que ça vous plairait. Quand, me demandez-vous? Très bientôt." (pp.48-59, 183-186).

     + "Le pavillon des cancéreux" (Russie, 1968), d'Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), Ed. Julliard, 1968, reprenant le thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe, à travers les crimes commis de façon hasardeuse par le jeune Ephrem Pouddouïev, sur la personne de sept 'Constituants', ou partisans de l'Assemblée constituante, dissoute par Lénine en janvier 1918, au cours de la guerre civile en Russie. Il  confie  à Paul Nikolaïevitch, son co-locataire au pavillon des cancéreux, dans cet extrait du roman :

    «La guerre civile?... Parce que t'as fait la guerre civile?»
     Paul Nikolaïevitch soupira :
     «Vous et moi, camarade Pouddouïev, nous étions encore trop jeunes pour faire la guerre à ce moment-là.»
      Ephrem renifla :
      «J'sais pourquoi t'as pas fait la guerre; moi, je l'ai faite.»
       Paul Nikaloïevitch, très intellectuel, haussa les sourcils derrière ses lunettes :
       «Comment cela se peut-il?
        - Facile.» Ephrem [l'attentateur psychopathe] parlait lentement en reprenant son souffle entre les phrases. «J'ai pris un flingue – et j'ai fait la guerre. Marrant! Et j'suis pas le seul.
        - Et avez-vous fait la guerre comme ça?
        - A Ijevsk. On cassait le Constituant. A Ijevsk, j'en ai tué sept de ma main [attentats psychopathes]. Je me le rappelle encore.»
        Oui, il semblait encore en mesure de se rappeler tous les sept, et chacun des endroits où le petit gars qu'il était [l'attentateur psychopathe] avait étendu mort sept adultes dans les rues de la ville insurgée." (p.284).

     En conclusion, il est à dire que le thème de l'attentat et l'attentateur dans le roman mondial  du XIXe - XXe siècles englobe aussi l'aube du XXIe siècle. Jérôme Savary en repère : les socialistes libertaires, les anarcho-syndicalistes, les anarchistes communistes, les individualistes, la naturistes, les primitivistes, les végétariens, les pacifistes intégraux, les partisans de l'action directe, les terroristes islamistes (d'Al Qïda), alors que Christophe Bourseiller s'interroge : "Les adeptes de l'acte individuel [l'attentat et l'attentateur anarchistes ou psychopathes] et la lutte armée [les réseaux terroristes] ont-ils pour autant disparu? En décembre 2003, un scandale médiatique balaie la vieille Europe. D'inquiétants libertaires italiens viennent d'expédier à diverses personnalités de curieuses lettres piégées. Au nombre des leaders figurent Romano Prodi, qui préside alors la Commission Européenne, et Jean-Claude Trichet, dirigeant de la Banque Centrale Européenne. Dans un contexte international marqué par l'irruption constante du 'terrorisme islamiste', une telle action ne peut manquer de susciter l'inquiétude [v. la bombe du 28 avril 2011, au Café ARGANA de Marrakech] (…). Contre toute attente, le milieu libertaire ne semble guère épouser la cause des 'anarchistes-insurectionnalistes' [les réseaux terroristes] (…). Les anarchistes du XXIe siècle paraissent en tout cas hostiles aux nouveaux adeptes du hold-up et la bombinette [l'attentat armé et à la bombe]." – "LES ANARS AU TOURNANT DU MILLÉNAIRE : QUE RESTE-T-IL DE NOS AMOURS?",                              www. christophebourseiller.zumablog.com, pp.1-3.
               
                                              Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED