martes, 18 de junio de 2013

الحياة والناس - قصيدة



صل حياتك بالناس تنجح

قال :
ليس في
الحياة
ما يفرح

***
قلت :
لإسعادها اعمل
كالطير
يصدح

***
قال :
غلاء المعيشة
كالقيض
يلفح

***
قلت :
جار من
يلطفها
لتربح

***
قال :
الشباب تحت
البطالة
يرزح

***
قلت :
بتشغيل البلد
له
أصلح

***
قال :
الأمية للتخلف
تجنح

***
قلت :
لو نورت
ليلها
لتوضح

***
قال :
الفساد عم
وبالمال
تسلح

***
قلت :
حوض الفساد
لابد
ينضح

***
قال :
أشباه المثقفين
شعارات
تلوح

***
قلت :
الشعارات كلها
تكتب
وتمسح

***
قال :
الفقر يحاصرنا
وبدروبنا
ترنح

***
قلت :
الفقر بتعاون
الأنام
ينزح

***
قال :
الإنسانية تداس
وكرامتها
تجرح

***
قلت :
يجب أن
ننصفها
كمطمح

***
قال :
القوي سيد
للبقاء
مرشح

***
قلت :
والضعيف للزوال
مثله
يسرح

***
قال :
الحياة مسرح
بابه
مصفح

***
قلت :
الحياة معرض
سواعد
تكدح

***
قال :
الحياة فساد
وأزمات
تقدح

***
قلت :
الحياة إصلاح
وبإصلاحها
تفرح

***
قال :
أوحدي أجد
ولا
أفلح

***
قلت :
صل حياتك
بالناس
تنجح

د. محمد صوصي علوي
من : "عزف على أوتار الحياة")

PTE ANTHOLOGIE DES POETESSES ARABOPHONES MAGHREBINES AU XXe s.



Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED






PETITE ANTHOLOGIE
DES POÉTSSES MAGRHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE




 

Tétouan
2013


PRÉFACE
     Le Maghreb, synonyme du Maroc actuel, recouvre politiquement, de nos jours, plusieurs Etats souverains : Le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. A cet égard, notre «Petite anthologie des poétesses maghrébines au XXe siècle», ne se veut ni éclectiques ni suffisante, mais tout simplement indicative. C’est sur le net que nous avons croisé les poétesses ici représentées, sans nul souci critique ou politique. Notre guide en cela a été l’envie d’un témoignage du genre et d’une volonté panoramique encore à faire, mais dont l’embryon est ici semé pour un futur aux mille avatars représentatif de ces pléiades de ces poétesses souvent méconnues, victimes d’oppression, allant jusqu’au suicide, ou au silence total ou le voile de l’anonymat.

La censure séculaire est souvent et encore à leurs trousses selon les pays maghrébins, marquée par la coutume régnante et le degré de modernisme adopté par les élites locales de chacune de leurs sociétés. Cela est manifeste dans notre quête souvent vaine à propos de leurs biographies ou de leurs poésies. Il serait injuste à nos yeux de les taxer de victimes de préjugés, vu l’histoire sociopolitiques de la patrie de chacune d’entre elles. Rigorisme ou libéralisme d’un côté et antiquité ou naissance récente de leurs entités sociopolitiques peuvent être à l’origine de la présence manifeste ou de l’absence, voire de la figuration, jusqu’à une date récente de leurs identités et/ou de leurs productions littéraires.
    Rescapées, dirions-nous, d’un naufrage historique, encore de rigueur, ces poétesses, connues ou méconnues, sont pour nous des voix qui, par degré et selon chacun des pays maghrébins, interpellent leurs communautés et le monde pour faire connaître leurs contributions au progrès de leurs sociétés à la l’évolution de la vie des hommes et des femmes du monde contemporain. Que les extraits de leurs arts poétiques, ici recueillis, fassent témoignage de leurs intimes pensées et de leurs talents reconnus, méconnus ou tout simplement publiés sous couvert de pseudonymes ou d’anonymat.
                                                                          L’auteur









PREMIÈRE PARTIE

MAROC

POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE

Malika Al Asmi
Souad Tawd
Wafa Lamrani
Aïcha Al Basri
Amal Lakhdar
Ouidad Benmoussa





MALIKA AL ASMI
      Malika Ahmed Al Asmi, née en 1946, à Marrakech, est une poétesse marocaine de langue arabe, directrice d’un lycée, professeur à  la Faculté des Lettres de l’Université Mohamed V, à l’Université Qâdî Ayyad, professeur chercheur à l’Institut de Recherche Scientifique de Rabat et vice-président du maire de la ville de Marrakech. Elle est directrice du journal et de la revue «Al Ikhtiyyar» (Le Choix). Elle a publié «Kitâbâtun khârija Aswâr al Alam » (Ecritures hors des murs du monde, 1987), «Aswâtu Hunjuratin mayyita» (Cris d’un gosier mort, (1989), «Chaïun lahu Ism» (Une chose qui a nom, 1997), «Dimâu ach-Chumûs» (Les sangs des soleils», 2000), «Al Marâtu wa Ichkâliyyatu ad-Dimuqrâtiyya » (La femme et la problématique démocratique». De sa verve ailée ce poème :

«Un acte non signé»
«Un acte non signé
L’attente se prolonge
La surprise n’a pas eu lieu
Le mur du parc  s’élève
Ô ma nuit

***
Si le cachet se retourne
Sur mes lèvres je vire de voie
J’aurais écrit
Ma dernière lettre de torture

***
Si j’imprime tels codes en cartes
Si j’étais signée tels des actes
Si une touche légère ronde
D’un cachet rond essuie mes lèvres
J’y aurais souscrit un engagement
Que ne les touche le tact de l’air
Frisson d’oiseaux secouant leurs plumes
Le matin
Je serais mille fois morte
Avant d’être aux fers du friseur de canne
J’aurais brisé anneaux pensées et or
Et crié à l’ouï du temps
Par amour et torture
Suçant ce que j’ai de jeunesse
J’aurais rompu les codes
Elevé mille enceintes mille murailles
Sous mon nez et issue via l’équateur
J’aurais expiré d’un coup et péri
Pliant mon bonheur en moi
Embarquée sur les vaisseaux lointains
Portée  par des chevaux et aigles ailés
Vers les côtes de l’imaginaire
A l’île de la lumière aux bois ombragés
Jusqu’à l’errance[1]».














SOUAD TAWD
    La poétesse marocaine de langue arabe, Souad Tawd est née, le 5 mai 1952, à Ksar El Kébir. Elle est professeur de sciences physiques au lycée Mohammadi, de sa ville natale, depuis 1973, puis au lycée Al Mansur Dhahbi jusqu’à septembre 2004. Elle est présidente de «l’Association Al Anoir» et titulaire d’un DES en philosophie générale de la Faculté des Lettres de l’Université Mohamed V de Rabat. Elle publie deux recueils intitulés «Dhillu ghamâma» (L’ombre d’une nuée» et «Kimiyâu damî» (L’achimie de mon sang). Comme exemple de sa poésie, citons cet extrait :

Dans l’or du soir
«Dans l’or du soir,
Pleine d’envie
J’enfouis mon élan,
Je pare mon tapis du ton des ceux,
Si j’avais une lueur de la face lunaire
D’une fleur en deuil de son parfum
Je compose cette ode,
Lorsque votre est mis à prix
Lorsque l’air est mis à prix
Quand les vents du nord abattent
Les panneaux de signalisation
Sur une voie
De rossignols en retour
A leurs quartiers
J’ai chanté mes tristes récits,
Pleurent les jardins de menthe,
Dansent les rives du Loukos,
Et le peuplier relève ses branches
Lorsque tombe la nuit
Et se rendent vers elle[2]».






  




WAFA LAMRANI
     Wafa Lamrani, poétesse marocaine de langue arabe, est née en 1960, à Ksar El Kébir, au Nord du Maroc. Elle obtient une licence, en 1982, et un DES de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Rabat. Elle publie des recueils poétiques dont : «Ankhâb» (Anthologie), à Rabat, en 1991, dans les éditions de l’Union des Ecrivains du Maroc (UEM), «Azzaman Al Maghribi» (Le Temps marocain), «Anîn Al Aalî» (La complainte des hauteurs), Ed. Dar Al Adab, Beyrouth, 1992 ; «Fitnatu al Aqâsî » (Fascination des lointains), «Haiyyatu laka» (J’ai préparé pour toi», Ed. Arrabita, Casablanca, 2002.

La fascination des lointains
«Relâchée dans ce flot primitif verdoyant
Assiégée par les prairies nocturnes
Et par une limpidité ailée
Soudain
Mes pieds m’éclairent…

La graine germe près des ondes de rares sensations
                                           Jaillit luxuriance et fertilité
 C’est cela la rose des lointains
Alerte mon ardeur
Taquine ma solitude
Attisant mon incendie dormant résiduel
A moi la transparence la sève la luminescence
Et tous les univers… à moi
Violette nocturne, onde, palpitation
Et des matinées s’écoulant sur l’âge
                                         Sans préavis
Ce qui me possède, je l’ignore
Moins ce que je désire ce qui se doit
Mon appartenance, absolument,
Ce qui convient à mon accueil

De l’orifice de la rébellion
J’ai nourri ma mémoire
Du haut de l’aveu
Profondément
Est hémorragie profonde mon alphabet
Et j’ai de l’arbre du soleil un embrasement
                                         Un prolongement[3]».



AÏCHA AL BASRI
     Aïcha Al Basri est une poétesse marocaine de langue arabe, née en 1960. En 1981, elle obtient une licence en littérature arabe, de l’Université Mohamed V, à Rabat. Elle est membre de la Maison de la Poésie et de l’Union des Ecrivains du Maroc. Sa poésie est traduite en français, en espagnol, en catalan, en anglais, en turc, en suédois, et en d’autres langues. Elle évoque dans un poème érotique :
Mèche d’amour
«Mèche d’amour
Deux coupes vides
Restes de repas à table
Mèche de cierge sur le drap rouge
Mégots de cigarettes s’étendant dans le cendrier
Boucle perdue cherchant son sosie dans les plis de la couverture
… Mèche de cheveux brodant le blanc de l’oreiller
Les yeux de l’aube se rétrécissant sur deux corps endormis
***
Deux coupes vides
Deux oiseaux becquetant la vitre de la fenêtre
Le son de la luge s’attarde,
… L’odeur du café
N’était la timidité
Nous aurions bu la liqueur de la nuit dernière,
N’était la pudeur
La nudité des deux corps aurait porté
Des ailes pour un vol de nuit
***
Deux coupes vides
… Deux corps rutilants
La lumière du jour balaie ce qui est tombé
L’avant-veille sur le tapis
La chatte des voisins se faufile dans la chambre,
Réveillera-elle cette orgie
Ou la laissera-t-elle savourer
Le plaisir de la veille[4]».





   


AMAL AL AKHDAR
   Amal Lakhdar, née le 11 octobre 1967, à Ksar El Kébir, est professeur de lycée, titulaire d’un DES de littérature classique arabe de la Faculté des Lettres de Tétouan. Elle publie depuis la fin des années 1980. Elle est la fondatrice de l’Association «Al Imtidâd Al Adabiyya» dans sa ville natale et membre l’UEM. De ses œuvres poétiques «Baqâya kalam » (Restes de mots, Ksar El Kébir, 1995), «Achbahu bî» (Plus semblable à moi, Rabat, 2012). De sa poésie, citons ces extraits : 
Dans mon œil ou dans le monde cette percée
«Les visions me blessent
Mes pleurs coulent de sang bleu
Une percée lointaine
Une exhortation terrible
Une chute effrayante
Le monde se suspend à mes yeux
Je ne puis l’en empêcher
Il ne peut chuter que de moi
Le monde est léger
Il écorche mon corps
Il s’interpose à mes pas
 La sueur se mêle à la salive
Il me saisit… je le saisi
Mes mains tremblent
Le monde est mon égo».

Les chevaux de l’Apocalypse arrivent
«N’ouvrez pas les fenêtres…
Dehors… des choses,
Sans noms
Survolent des trous d’air.
Les arbres lui cambrent leur stature
Le soleil… se replie sur lui-même…
Sa lumière l’aveugle
Et recule frappé de myopie.
Dehors…
La poussière s’anthropomorphise,
Pourlèche les bâtiments… les trottoirs
Le lierre grimpant…
Le petit café au bout de l’avenue.
N’ouvrez pas les fenêtres…
Laissez-les closes[5]».



WIDAD BENMOUSSA
    La poétesse marocaine de langue arabe, Widad Benmoussa est née en 1969, à Ksar El Kébir. Son poème est sommaire et dense ; elle y observe les détails plus infimes. C’est aussi un membre de la Maison de la Poésie. De ses publications poétiques, on pourrait signaler «Lî jidrun fî al hawaâ» (J’ai une racine en l’air, Ed. Ministère de la Culture, 2001). De sa poésie, citons :
Je me déverse
«Je me déverse
Je déborde
Je m’écoule
Tous les lignages partent de moi ils se sont succédés en moi et moi l’âme je me déplace d’un isthme à un galet
D’un royaume à une aile
D’une main à un quai
D’un brin d’herbe à une guitare
Je me gêne de ne choisir que sa voix
De ne rêver que par son âme fondant sur moi de ses foudres  ses séismes et tout ce que puis de vacarme
J’abonde dans le doute que je ne suis que le moustique qui engendre une sonorité dans sa tête chaque qu’une solitude tente de le happer
Ou folâtre de la chair de son âme les griffes de l’ennui
Que je ne suis que le divan sur laquelle il se repose d’une persistante fatigue
Il a survécu si longtemps dans ses membres que son corps fait partie de cette fatigue :
Je m’épanouis dans le doute et je dis

Il se peut que je ne sois pas la rosée douce qui danse derrière son vaisseau
Il se peut que je sois le rai qui s’attire vers lui sous l’effet de l’obscurité
Il se peut que je sois – seulement – le ring où ses jeunes idées se combattent
Il se peut que je sois ses victoires sur ses défaites
Il se peut que je sois la complicité apostat de tout plaisir, fidèle à tout hennissement
Il se peut que je sois la faux à l’aide duquel il moissonne les épis de la jouissance
Ou il se pourrait que je sois le champ où s’enflamment ses envies éteintes

Suis-je le repos sur lequel d’appuie son cœur?
Suis-je la coupe où a vieilli son vertige?
Suis-je l’orange amère qu’il presse au-dessus de sa plaie?
Suis-je la flambée, la pacification, la nuée, l’ombrage, les lampes lumineuses dans la nébuleuse de la nostalgie
Suis-je la lente tortue au bacon de son temps
Le crapaud taciturne dans la mare de ses illusions?
Suis-je une luge argentée au seuil de son étonnement ?
Son dernier séjour ?????? Suis-je ????[6]».
  













FATIMA AL MANSURI
   Fatima Al Mansûri, poétesse marocaine de langue française, est née le 18 février 1970, à Salé. Sa poésie mêle le jeu de mots et la belle vision qui vous envoûte par la douceur du sens et de l’expression. C’est le cas dans : 
De la lubricité du désir
«De la lubricité du désir une affection
Le parfum est rose
Il atterrit ici et se cantonne
Dans la fournaise des décès et les replis du parfum

Les jours se sont arrêtés
Endeuillés
Embarrassés
Lisant entre le mensonge et les rêves
Là où les visions interdites
Où l’arrêt de la lettre est légal

Le droit au viol
Un article de lois des envahisseurs
Les pleurs s’arrêtent dans les orbites
Se dessèchent
Se tarissent
Un siège brille sur un corps pâle
La pâleur le sculpte sur le rocher saillant du temps

Les doigts fourbus
Incapables de graver sur l’étang de l’espoir
Se rétractent
Ruminent les sensations douloureuses
Nulle lueur d’espoir là-bas

Dans les voies de la solitude et de l’éloignement
J’ai tracé les cartes des temps passés

Ici était Zénobie
Et là-bas Cléopâtre
Psalmodiant les refrains de la gloire dans un autel de lumière

Les armées d’araignées avancent
Hulule la Méduse ivre du délice de la victoire
Des empreints sur les ruelles des cœurs humides
De constitutions codifiées par des arts aux lunettes noires

De la couleur de la nuit sombre
Je dessinerai l’aurore lointaine
Du vin des âmes perdues entre le brouillard et les galaxies
Chassant un faible éclat de lumière
D’une étoile tombée au fond d’un verre cristallin
Tissant du néant et l’impossible le récit de l’être et de l’existence
Brûlant la lave et les irruptions
Réduites par les signes de lumière
Eclairant la voie
Lavant par la sueur salée la trace des pas de l’autorité

La lubricité a rendez-vous avec l’aube
Et mille récits
Réduisant les crises de folie et de rébellion
Il accompagne l’orgueil d’une ténacité éternelle
Baissant ses ailes un sourire du soleil

Salut dormeurs avant nous
Demain
Nous avons rendez-vous sur la terre verte
Un rendez-vous dans le ciel bleu
Où les âmes ont un plaisir éternel[7]».


 FATIMA MURCHID
    Fatima Murchid, une poétesse marocaine de langue arabe, a embrassé le paysage poétique marocain de son état de médecin pédiatre pour se faire poétesse et romancière à travers une succession de recueils poétiques Il lui paraît notamment des recueils dont «Îmâa» (Mimiques), «Taâla numtir» (Viens que nous pleuvions). Elle écrit dans les extraits suivants :
NUDITÉ
«Comme toutes les jeunes filles
J’ai caché sous la chemise
Mes écrits
… Telle une part de ma nudité
Et lors d’une évasion de jeunesse
J’ai perdu ma vie
Il ne me fait plus honte
Qu’on m’enlève ma robe».

SOUFFLE
«Il s’accroit secrètement en moi
M’embellit
Efface les ans de mon front
Un souffle tiède
… Par moments la nuit
Est-ce vrai qu’il m’est revenu
Ou sa trace
Echo des mélodies passées ?
Navigation
… Moi et la mer ici
Et ton souffle
A travers un portable
… M’emportant
Là-bas
Une voile,
Sans boussole
… Et l’horizon tes yeux[8]».

  





    





DEUXIÈME PARTIE

ALGÉRIE

POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE

Mabrouka Bousaha
Zineb Laouedj
Habiba Al Alaoui
Habiba Mohammedi
Fatima Ben Chaalal
Rachida Khawazem






MABROUKA BOUSAHA
     La poétesse algérienne de langue arabe, Mabrouka Massaoud Bousaha, née en 1943 à Tihart, était parmi la première promotion des créateurs et journalistes algériens, lauréats du Caire, en 1963. Elle travaille comme speakerine, productrice d’émissions radiophoniques», depuis 1963, parmi lesquelles «Ahlan bil Asdiqââ » (Soyez les bienvenus), etc. Elle publie des recueils de poésie dont : «Barâim» (Bourgeons), en 1963. Sa poésie fait apparaître, malgré sa simplicité, des vers pleins d’amour et de désespoir, défiant une société en mutation. Lyrisme et limpidité allant au-delà de la rhétorique classique lui servent de passage obligatoire pour une expérience poétique nouvelle. En voici les extraits :
Je l’ai vue
«Je l’ai vue tremblante sous la brûlure du froid
La tête basse de chagrin et de souffrance
Sur un trottoir achevé à la perfection
Tant il éprouve de terreurs et d’antiquité
La nuit avance en vagues et voiles
Comme la mer mais sur une obscurité terne
Il dessine la mort en formes colorées
Par la faim, le froid, ou en longueur et dégoût
Elle se replie comme lui fi d’elle comme corps
Sur le sable se jetant en désordre
Gémissant de douleurs cachées
Et le chagrin même caché est manifeste
J’ai vu sur sa face un orphelinat la rendant aimable
Et l’orphelinat donne aux orphelins de nobles vertus
Son habit avait un passé même aux tempêtes
Elle a été exposée à la pauvreté et à la maladie
Son visage est devenu maintenant indésirable
Sa chaussure est perdue. Sans savoir ni nouvelle
Et se perd son sens du mal et de la douleur
Je l’ai saluée attendant sa réponse elle s’insurge
De tant de peur et se jette à mes pieds
Ses sanglots se poursuivent sans arrêt
Sanglots rares chez les gens sans pareils
J’ai failli toucher mon tréfonds la déchirer
Cette complainte, et j’ai senti le feu dans sang
Je me mets à  l’interroger rongée de tristesse
L’âme, le cœur, les entrailles enflammés
Je lui dis qui es-tu sœur or elle ne dit pas un mot
Tant elle a de chagrin ni par les gestes ni par les mots
Mais elle a su que je suis compatissante
Car la pauvreté unit comme la parenté ou le sang
Elle me fixe et sourit bredouillant
Et dit  plût à Dieu que je ne sois venue de mon néant
J’étais plus heureuse parmi les miens et dans mon pays
Aujourd’hui Ô sœur plus de parents plus de biens
Mon père, ma mère, mes choses et mes bagages
Et mes frères ne sont plus tous que cendres
Il n’y a plus que moi à les pleurer pour leur malchance
Et je suis par l’effet du malheur atteinte de surdité
Je lui dis Ô sœur ne crains rien tu es ici
Parmi ton peuple chasseur entre générosité et hospitalité
Leur terre est ta terre d’où que tu viennes. Dame
Et le peuple est ton peuple gens de fierté et de bienveillance
Demain les joies de nouveau te reviendront
Et tu oublieras ce que tu as enduré, donc souris
Elle remue les lèvres en un demi-sourire
Et les larmes inondent abondamment ses joues
Elle m’embrasse… et dis je ne suis pas en pleurs
Tant que mon peuple et mes frères sont gens de vertu[9]».


 
 



  ZINEB LAOUEDJ
      Zineb Laouedj, poétesse algérienne écrivant, depuis 1975, en arabe (classique et dialectal) et en français, est née en 1954, à Alger. Elle achève aujourd’hui un long «Thrène du lecteur bagdadien» (Rithaâ Al Qâiâ Al baghdâdî). Elle ne cesse mettre en exergue son féminisme à travers sa poésie comme femme citoyenne.  De sa poésie citons ces extraits :
Sans grands éclats
«Sans grands éclats, notre temps s’éteint,
Lame fondant dans le miroir des guerres,
Et le mirage des cauchemars.
Cendre ocre, sang impatient et transparence aveugle,
Doigt accusateur, tranché par l’oubli,
Combien faut-il de temps, pour l’homme de ce siècle,
Avant de traverser l’aveuglement de la pierre,
Et voyager sur les ailes d’un papillon,
Vers la voie des lumières et du parfum des aurores ?
Combien faut-il pour que cette pierre comprenne
Qu’elle n’est que poussière et amas de sable brûlé ?

Nouara la folle
(Traduit de l’arabe dialectal par l’auteur)

Elle lance son cri affolé
Elle défait ses cheveux
Elle les réparti entre les filles de la tribu
Elle s’assoit sur le seuil
Son giron offert au vent
et attend qu’y tombent
les étoiles
et la blancheur de la lune
Elle attend de devenir
tronc d’olivier
ou branche de palmier
On lui a dit
Que la lune
est une femme
accrochée
par traitrise
par les yeux[10]».



HABIBA AL ALAOUI
    Habiba Al Alaoui, poétesse et écrivaine algérienne de langue arabe, est née en 1979, à Alger et titulaire d’un master de l’université de la capitale, département des langues, sur le thème : «Sayyïdatu al maqâm li Wasinî Laâraj». Elle exerce le journalisme culturel et occupe aujourd’hui un poste de chercheur au « Centre scientifique et technique pour le perfectionnement de la langue arabe en Algérie». De ses vers recueillons extrait :
Parce que tu es seul
«Parce que tu es seul
qui a séduit les étoiles
et a fait vibrer les univers…
Ils dévorent ma pureté
j’oublie ma douleur
je ferme mes portes
je me recroqueville à l’intérieur
je me pelotonne…[11]».




HABIBA MHAMEDI
    Habiba Mhamedi, poétesse algérienne de langue arabe de la génération 90 en Algérie, est née en 1968 et lauréate de la Faculté de philosophie de l’Université d’Alger. Voici un extrait de sa poésie :
Morts peut-être sans péché
«… La mort est infinie
Et pourquoi guident-ils les larmes
Par leurs condoléances étranges à l’éternité ?
Le sable est froid
Nuls amants ne le supportent
D’où viendrait à mes yeux de voir des roses
Sur des tombes aux orbites desséchées
Le poème était ma demeure
Mais elle a préféré l’affliction
Et les mots croisés de l’enfance
J’ai tant envie de dormir
Pour forger un rêve que nommerai Algérie[12]».


FATIMA BEN CHAALAL
     La poétesse algérienne de langue arabe, Fatima Ben Chaalal est née en 1968, à Alger. Elle est diplômée de l’Université d’Alger en TIC et travaille à la RTA algérienne. Elle compose des poèmes en vers métriques et en vers libres. Elle a un recueil de poésie «Law Rdhâdh» (Si c’était une rosée). Ci-dessous un exemple de sa poésie :
Cet innombrable
(1)
«Cet innombrable
Béant face à l’âme son vide 
Comment peut-il
Couper les nattes du rêve dans mon sang ?
Il boit mon envie
D’une lèvre froide ?
Comment peut-il
Passer sur mon téton ma jalousie
Des doigts haineux ?

(2)

Celui-là qui
Lorsque je bâille
Je tente de le duper sur la rive de son mensonge
Alors que mon œil se charge
D’embarras
Et lorsque dans le champ de son désir
J’ai semé mon espérance
Il l’a moissonnée
De son doute infâme[13]».




   







RACHIDA KHAWAZEM
     Née le 20 décembre 1968, à Labiar, la pôétesse algérienne de langue arabe, Rachida Khawazem est l’une des plus présentes de la vague poétique d’origine saharienne, haut lieu de son inspiration poétique tribale. Elle est lauréate de l’Institut de Langue et de Lettres et travaille comme rédactrice à RTA. Elle a publié un roman « Qadamu al Hikma»,  et un poème «Raâsu al Fitna» (La tête de l’émeute). D’où sa poésie d’imagination simple emportée par une richesse lexicale novatrice, comme dans :
Entre les cités qui se sauvent
«Entre les cités qui se sauvent
 et mes lèvres
 la mort est là avec ses yeux ronds
et vides
comme le temps et le tabac
elle égorge mon sang
Je déteste que s’échappent de moi
que je souffle en fumant
mon tabac couleur de miel
j’enferme en mon cœur
l’odeur des mots hésitants
je dicte les versets pour le rêve
lorsqu’ils se dévoilent».
Essaim de colombes
«Essaim de colombes
Ô exauceur de ma supplique sois
Une lumière de Jupiter bienheureuse
Prodiguante et la voie de ma vie courante sois
Exhalant la sagesse folle sois
Un souffle froid de la pensée Ô
Juste sois indulgent sois
Envie de cette vie sois comme le connaisseur discret sois
L’hôte de mon été
Sa couleur son errance le souffle de nuit lunaire, puis oublie que notre voix a un chant
Roucoulement de colombes
Et émets la nostalgie d’ambre
Parfum de toute ma vie par les roses le bavardage qui envahit le langage de mes cours d’eau
L’amour est un reflet de Dieu sans l’amour
Il n’y aurait ni essence ni amitié une encre de l’âme lorsque l’âme récite
Ce qu’elle éprouve[14]».


  

 TROISIÈME PARTIE

TUNISIE

POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE

Janet Al Boukhari
Naïma Assid
Fadila Ach-Châbî
Najat Al Adouani

  







JANNET AL BOUKHARI
     Née en 1940, à Tunis, la poétesse de langue arabe Jannet Al Boukhari est issue d’un milieu conservateur. Depuis la sortie, à l’âge de 70 ans, de son premier recueil «Diwan Al-Shajara» (Divan de l’arbre), au mois d’août 2010n’a pas cessé d’étonner les milieux littéraires. Elle n’a jamais fréquenté l’école primaire et s’est seulement occupée de ses enfants. Le romancier Hassen Ben Othmane l’a encouragée à publier ses poèmes sous forme d’anthologie. Elle a expliqué au journal «Maghrebia» : «Je suis la preuve bien réelle que l’âme humaine ne renonce jamais à la créativité». En témoignent les deux courts poèmes suivants :
Peuplier
«Sur le boulevard de la vie
Moi seule
Un peuplier harassé
Dont les branches s’épanouissent
A partir d’autres vies».

Le peintre
«Le peintre
crut qu’il avait les vues entre les mains
Il dépeignit les larmes par l’encre
Lorsqu’il revit ses peintures
il ne vit que son propre visage
sur la toile ![15]».


         










NAIMA ASSID
     Naïma Assid est poétesse tunisienne de langue arabe, née le 10 juillet 1970, à Kairouan. Elle fait ses études primaires et secondaires et, continue ses études supérieures au Centre des Etudes théâtrales à Tunis, où elle obtient son diplôme de professeur d’art dramatique, en 1968. Elle publie son recueil «Raâchatu hulum» (Frisson d’un rêve), en 1982. De sa poésie citons notamment :
Noces du Sahara
«Lorsque nous nous rencontrons
Nous mains se saisissent spontanément
Nous yeux liquéfient les cités européennes
Nous lacérons la perte des années passées
Nous portons l’eau la lumière et la fécondité
Aux jours stériles
Nous voguons dans les pavillons des traits de l’iris
Nous épurons nos cils mélancoliques
Des redites des temps de la tribu
Temps de la jungle
Et le chagrin se suicide
La lune apparaît de derrière les nues
Et les enfants se lancent en gazouillant
De joie aux noces du Sahara
Des chants des fêtes
A la fleur des incendies oubliés
A l’amour étouffé
A ses dates éparpillées, jetées
Au démon coupable de la tribu
Enfoncé dans les sentiers du péché
D’un corps au visage de feu
Déflore la virginité du silence, et l’obéissance du sultan
A un cavalier, sous les sabots de son poulain
Les incendies éclatent par envie
De rêve s’enfonçant dans cités desséchées
Du dessous de l’oreiller de tout voyou, Rebel
D’un corps aimant
Débordant de ruisseaux de sang, large[16]».







FADILA CH-CHABI
    La petite fille du défunt poète Abu Al Qasim Ach-Chabi, Fadila Ach-Chabi, une poétesse et romancière tunisienne de langue française, est née le 23 janvier 1946, à Tozeur. C’est une la poésie non-métrique et vers-libriste vers la fin des années 60. Puis son expérience vire dans un sens existentialiste. Elle écrit pour les enfants, mais des romans et de la poésie lauréate de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Tunis où elle obtient une licence de langue et lettres arabes, en 1971. Elle exerce le métier d’enseignante, puis le quitte pour se consacrer à l’écriture. Elle est une co-fondatrice du mouvement de dialectale. Comme exemples de sa poésie, citons l’extrait suivant :
Choses
«La chose a un rite de jeu sauvage
Eternel miniature de silence
Rare est ma joie
Choses jusqu’à leurs coins ambigus
La chose se meut
Par ordre de son instant caché
Vers mes os cachés
Et ma bouche que j’ai éloignée un laps d’horoscopes
Chose vive côtoyant la phrase
Etoffant de la chose son intellect
Que bleuit le tact 
Sa diaconesse s’atrophie dans ma demeure
Il y avait en elle une pelote à moi et un sens brouillé
Est-ce que la chose est une proximité du moi
Soierie Ô soie sculpture de ruine
Le moi sculpté à la vue absolue
Atmosphères de sinistre indifférentes à ses qualificatifs
Je m’approche des raisins tachés de rouge
Ces grappes dévorées
Je tends vers une douce mort
Membre après membre
Comme fondent les ronds de cire
Un mur imbibé de blanc doué d’énergie
Là le dépasse[17]». 



      
   

NAJAT AL ADOUANI
   Najat Mohamed Al Adouani, poétesse et romancière tunisienne de langue française, est née, le 4 mai 1958, à Hammat Gabès. Elle étudie à l’école primaire des sœurs blanches de la paroisse Al Marsa (1964-1970), fait ses études secondaires à l’Institut Carthage de jeunes filles Rabwa (1970-1978) et ses études supérieures à l’Institut Bourguiba des langues. Elle étudie le journalisme et la communication à l’Université arabe des Sciences (1998-2000). Elle publie des recueils de poésie dont : «Fî kulli jurhin zanbaqa» (Dans toute plaie il un lys : 1982), «Atîru bi jâhin akhdar» (Je vole d’une verte : 1984), «Judûrun li samâï» (Des racines pour mon ciel : 1986), «Hadîlu rûhin min fulâd » (Roucoulement d’une âme d’acier : 1994), «Marahun aswad » (Joie noire : 2006), «Man saraqa dhillî » (Qui a volé mon ombre : 2010). De sa poésie :
Je suis la femme prophétesse
«Je suis la femme prophétesse
Les poètes et les amants mes messagers ont failli dans la lecture des tables que j’ai tracées
Du sang des enterrées vivantes. Tu es venu un feu froid qui n’éclaire pas, tu t’es transformé
En nœud d’où mon corps pend un fleuve ensorcelé, et j’ai chuté
Sur un fauteuil à bascule d’un coup des lames de mon cri, d’un couteau de cuisine
Je fends le cœur de l’obscurité, se fend sur une barbe blanche s’égouttant
En aurore fluctueux que pourlèche de mon pied un serpent
Mon pied se pèle
Le tapis de prière, réserve-moi la pierre d’un ancien temple
D’un mélange noir qui viole les pâles couleurs
Descendant de
La cendre des cieux une corde, et j’ai couru vers lui pieds nus :
Je l’enroule de nouveau autour de mon cou
Emmène-moi le voir, je t’escaladerai jusqu’à la rencontre de Dieu
Ma poésie est un châle gitan rose. Ma face
L’argent et l’éclair
Mes ombres,
Me paraît un spectre mes dix doigts se raidissent
S’accrochent autour
De son cou qui se s’affine en fil qui se défait dans le vide
La seule vérité
Se claque la porte du repentir. Je demeure pendue par les cils attendant
Celui qui sonnera le glas de l’extermination[18]».
 


















QUATRIÈME PARTIE

MAURITANIE

POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE

Batta Mint El Bara
M’barka Bint Al Bara







BTTAA MINT EL BARA
     Batta Mint El Bara, poétesse mauritanienne de langue arabe, est née en 1940, à Nouakchott. Elle est l’une des quatre femmes poétesses du pays. Fille d’un marabout, catégorie sociale où le savoir est traditionnellement présent, elle est docteur en littérature comparée, professeur et mère de deux enfants. Elle a su gagner son indépendance en douceur. Depuis son premier poème en 1973, elle écrit en secret. En 1980, elle brûlé un recueil de poèmes pour avoir été vue écrire de la poésie. Elle choisi le pseudonyme BB. Puis elle a publié son premier recueil en arabe classique sous son vrai nom. Souvent elle se censure par peur de la confrontation. Elle compose aussi des poèmes en hassanya (les lengha) qui n’est pas pour les femmes en mesurant chaque terme. Voici un poème de sa composition :

Ma terre

«Ma terre, je te porte
Partout en moi
Dissoute dans
Ma plume, mon papier
Mon sang plaintif
Ma rébellion
Mon angoisse
Et dans la nuit ivre,
Le palmier qui implore
Dans le frissonnement du
Crépuscule.

J’ai amé ton argile
imbibé de mes larmes 
La gomme de mes acacias
les fruits du museau blanc
et du jujubier.

 Toi, paradis du poète
As-tu été chantée
par une fille au cœur battant  
avec douceur ?
senti la fraîcheur de sa
désolation ?

As-tu vu les montagnes de
sable se dresser avec vanité
la surface ondulée par le
vent ?
Perpétuelle érosion par le
temps
de son voile déchiré

Histoire racontée par le mou-
vement éternel des vagues
de l’océan
et le ruissellement du fleuve[19]








                                             



M’BARKA BINT EL BARA
    M’barka Bint El Bara est une poétesse mauritanienne de langue arabe, née en 1956 à Trarza, au sud de la Mauritanie. C’est parmi les poétesses mauritaniennes contemporaines les plus éminentes. Elle est lauréate de l’ENS et a poursuivi ses études supérieures au Maroc. Elle a publié un recueil poétique «Ughniatun li Bilâdî» (Un chant pour mon pays), en 1981. Elle écrit en vers métrique et en vers libre. Voici un texte qu’elle dédie à la poésie :
Moi et la poésie
«Tout le péché que je n’était pas de pierre
Même si mes congénères me vouent à l’insomnie
Et que j’aie dans le cadre de la lettre une prétention
Dont je délasse lorsque mes sentiers m’égarent
Et j’ai une valise de poésie que ne cesse de porter
Dans laquelle il y a de la terre un goût et un parfum
Il y en elle des branches  d’acacia intraitables
Il y en elle des branches de palmiers avec grappes
Qui a tracé tous les récits d’amour dans ma langue
Ses couleurs de spectre de jujubes et de couchant
Et m’écrie apportez des cordes les plus belles
Pour que l’univers sache comment jaillit le chant
Pour que la composition joue les tristes mélodies
Que la plume vive rende justice à ceux qui ont aimé
Mon monde que voici est lettres appesanties
Et une plume dont l’encre est tarie et anxieuse
Esseulée dans le brouillard de la nuit habitée
Par l’envie des amants que je récite en brûlant[20]».
















                                                                           
CINQUIÈME PARTIE

LIBYE

POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE

Khouloud El Fellah
Roudaïna Al Filali





KHOULOUD AL FALLAH
   Khouloud Al Fallah est une poétesse libyenne de langue arabe.
Elle a publié des recueils de poésie : «Bahajâtun ghâmida» (Joies ambiguës) et «Zmanu Al Karz » (Le Temps des Cerises). Elle clame dans sa poésie pleine d’imagerie aérienne notamment :

L’eau de rose

 «Dans ses lumières trente
J’ai croisé
Une lune et un cerf-volant

***
Qui se sont penchés
au mauvais balcon
Ils se sont privés
de la beauté de la vue

***
Lorsque je perds l’eau de rose
Lorsque je perds l’odeur de l’herbe
Je me prépare à pleurer

***
Sur les murs de la chambre
Il m’enflamme
Et je dors esseulée

***
Combien les rues sont étroites
Combien solitaire sont nos cœurs
Le sourire
passe un vent silencieux

***
Dans le trajet pur
entre nos ombres
a poussé
Un jardinet

***
Après réflexion
étonnante
le silence a perçu son égo

***
Dans l’ambiguïté du sens
Je pars vers ma certitude
J’emprunte d’un
oubli possible
surpassant les donnés de la mémoire[21]».




  












ROUDAINA AL FILALI

      Née le 26 septembre 1981, à Tripoli, la poétesse libyenne de langue arabe, Roudaïna Al Filali a obtenu un prix en littérature anglaise et une licence en sciences politiques. Elle a transité à travers les pays avec son père Mustafa Al Filali qui a occupé plusieurs postes diplomatiques, durant 53 ans. Sa mère est Lamaân Ahmed Ben Bih, la fille de Cheikh Ahmed Ben Bih, l’un des symboles de la révolution culturelle, dans la ville de Tripoli. Elle a publié «Khutuwâtu Unthâ » (Les pas d’une femelle), un recueil poétique de 15 poèmes.  D’où les extraits suivant :

Moi et la pluie

«Moi et la pluie
Approche-toi plus
Les confessions d’un amant
La carte d’identité
Oreillers et draps».

Je t’avoue

Je t’avoue … je cherche une patrie
Non celle qu’on a colonisée
et passée sur son cadavre et incendiée
chutée sa tête et écrasée à terre
ils ont maudit son sol et entre leurs crocs partagée
… je cherche une patrie…
Où ton amour sera le seul charme
Je l’écris en poésie pour que tu le chantes
Je sème ses gènes sur tes lèvres pour que tu le génères
Je cherche une patrie où l’on n’amasse pas les débris[22]».











Table des matières
Préface                                                                                                    2
PREMIÈRE PARTIE
MAROC
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE :                                                                                    4

Malika Al Asimi                                                                                     5
Souad Tawd                                                                                           8
Wafa Lamrani                                                                                     10
Aïcha Al Basri                                                                                      12
Amal Lakhdar                                                                                      14
Widad Benmoussa                                                                             16
Fatima Al Mansûri                                                                              19
Fatima Murchid                                                                                  22

DEUXIÈME PARTIE
ALGERIE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE :                                                                                 24

Mabrouka Bousaha                                                                           25
Zineb Laouedj                                                                                     28
Habiba Al Alaoui                                                                                30
Habiba Mhamedi                                                                               31
Habiba Mhamedi                                                                               31
Fatima Ben Chaalal                                                                            32
Rachida Khawazem                                                                            34
                                                                            
TROISIÈME PARTIE
TUNISIE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE :                                                                                   36

Jannet Al Boukhari                                                                              37
Naïma Assid                                                                                         39
Fadila Ach-Chabi                                                                                  41

QUATRIÈME PARTIE
MAURITANIE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE :                                                                                   46

Batta Mint El Bara                                                                               47
M’barka Bint El Bara                                                                           50
                                                                                     
CINQUIÈME PARTIE
LIBYE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE :                                                                                   52

Khouloud El Fallah                                                                              53
Roudaïna Al Filali                                                                                56



[1] Albabtainprize : «Malika Al Asimi», www.albabtainprize.org, pp.1-2. 
[2] Saddana : « Souad Towd», www.saddana.com, p.1. 

[3] Saddana : «Wafa Lamrani », www.alch3r.com, p.1; Wafa Lamrani : «La fascination des lointains», in «REVISTA ATLANTICA», Cadiz, Ed. Ingrasa, 2001, p.91.
[4] Wikipedia : «Aïcha Al Basri», www.wikipedia.org , p.1; «Dhubâlatu Ichq», www.maghress.com , p.1.
[5] Qassida : «Amal Lakhdar», www.qassida.hautetfort.com, p.1.
[6] Wikipedia : «Widad Benmoussa», www.wikipedia.org , p.1; «Atadffaqu», www.jehat.com , p.1.

[7][7] Hibapress : « Fatima Al Mansûri », www.hibapress.com , p.1.


[8] Maghress : «Fatima Murchid», www.maghress.com , p.1.
[9] Albabtainprize : « Mabrouka Bousaha», www.albabtainprize.org, pp.1-2. 

[10] Cpa : «La foire d’Oukaz et la voix des femmes», www.cpa.hypotheses.org , p.1; Jehat : «Réinvention libre d’une parole fragile », www.jehat.com, p.1 ; Zineb Laouedj : « Poétesses d’expression arabe », www.clio.revues.org, pp.6-7.
[11] Almothaqaf : «Habiba Al Alaoui», www.almothaqaf.com , p.1.
[12] Medi 1 : «Habiba Mhamedi», www.medi1.com , p.1; et «Amwâtun dûna danbin rubbamâ», www.almothaqaf.com , p.1.
[13] Saddana : «Fatima Ben Chaalal», www.saddana.com, p.1.
[14] Alsahafa : «Rachida Khawazem», www.asahafa.sd, p.1; Zineb Laouedj : «Rachida Khawazem», Op.cit., p.2.  


[15] Nabanews : «Jannet Al Boukhari», www.nabanews.net, p.1; Jamal Arfaoui : «Une poétesse âgée qui surprend les critiques tunisiens», www.maghrebia.com , p.1.  

[16] Poetasdelmundo : «Naïma Assid», www.poetasdelmundo.com , p.1.  
[17] Wikipedia : «Fadila Ch-Chabi», www.wikipedia.org, p.1.  «Achiâa», www.saddana.com, p.1.  
[18] Najat Adouani : «Najat Adouani», www.najat-adouani.blospot.com, p.1 ; «Anâ  Al mrâatu An-Nabûa», www.jehat.com , p.1.  
[19] LettresIftm : «FEMMES EN MAURITANIE : Batta Mint El Bara», www.lettresIftm.e-moniste.com , p.1 
[20] Canyamacan : «M’barka wa Ach-Chiar», www.canyamacan. wordpress. com, p.1 

[21] Poetasdelmundo : «Khouloud Al Fallah», Op.cit., p.1.  
[22] Facebook : «Ach-Châïra Roudaïna Al Filali», www.facebook.com ,  p.1.