martes, 26 de julio de 2016

Pte anthologie des portraits anecdotiques des écrivains dans le roman mondial



Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED







PETITE ANTHOLOGIE
DES PORTRAITS ANECDOTIQUES D’ECRIVAINS
DANS LE ROMAN MONDIAL
1757-2015







                                                                                                           
Tétouan
2015



INTRODUCTION

     En guise d’introduction à cette « Petite Anthologie des portraits anecdotiques des écrivains dans le roman mondial : 1757-2015 », on ne manquerait pas de remarquer, de façon générale avec Dominique Viart à cet égard : « On l'entend, il ne s'agit pas de brouiller une seule frontière - celle qui sépare ou séparerait la biographie référentielle du récit de fiction, mais aussi celles qui distinguent le portrait [v. d’écrivains] du récit, la biographie de l'autobiographie. Les livres parus dans cet ensemble sont essentiellement consacrés à l'évocation d'un personnage connu, qu'il s'agisse, le plus souvent, d'un écrivain (Rimbaud, Sylvia Plath, Benjamin Constant, Robert Walser, Verlaine, Tchekhov, Hugo, Scott Fitzgerald...), d'un artiste (Galluchat), peintre (Paolo Uccello) ou musicien (Glen Gould), d'un intellectuel [v. savant], (Descartes, l'historien Kantorowicz), des grands voyageurs (Vasco de Gama, Magellan) ou des puissances régnantes (Richelieu, Louis II de Bavière). » - «L’imagination biographique», www.remue.net, p.1. En ce sens, relevons les aspects suivants de cette réalité littéraire :

1.        Le portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial :

     Du portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial, Nathalie Solomon dit au sujet d’Alexandre   : « Chez Dumas les grands écrivains pullulent ; il ose les faire figurer en chair et en os […], une des nombreuses raisons d’aimer ses romans. Or, si on réfléchit dans les termes proposés […], se pose très vite la question de la distinction entre la figure, simple présence, et le fantôme : faut-il définir ces apparitions en termes d’intensité, de l’évocation superficielle et anecdotique [v. portrait] à l’influence marquée d’un écrivain sur un autre, ou doit-on différencier des modalités de présence qui ne seraient pas du tout de même nature ? » - « Comparses ou fantômes ? Figures d’auteurs chez Dumas », www. books.openedition.org , p.1. Nécessité donc est de faire l’inventaire des aspects pris par le portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial.
       2. Les noms et les titres d’ouvrages dans le portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial :
      C’est ainsi que l’inventaire des aspects pris par le portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial, compte en premier lieu les noms propres et les titres d’ouvrages de ces derniers. C’est du moins ce que suggère en l’occurrence Ruth Amossy en ces termes : « Il importe de rassembler et de synthétiser ce qui gravite autour du nom [v. des d’ouvrages] d’un écrivain consacré – Balzac, Breton, Malraux, Gracq, aujourd’hui Annie Ernaux ou Pascal Quignard - pour prodiguer un savoir en enrichissant les figures du Panthéon littéraire. Last but not least, l’image [le portrait anecdotique] d’auteur produite en-dehors du texte intervient directement dans la communication littéraire. Elle permet à l’amateur de lettres d’approcher celui dont il a aimé (ou éventuellement détesté) l’œuvre pour mieux pénétrer (ou vitupérer) celle-ci. » - «La double nature de l’image d’auteur », www.aad.revues.org , p.3. D’où émanent les fonctions du portrait des écrivains dans le roman mondial, ci-après.
       3. Les fonctions littéraires du portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial :
       Pour saisir les fonctions littéraires du portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial, il faut citer celles déjà signalées par Ruth Amossy plus hauts dont celles de : faire aimer, faire détester, faire mieux pénétrer l’œuvre des écrivains en question. A cela il faut recenser les fonctions de banalisation, de désinvolture, de triviallité et de la farce, retenues par Nathalie Solomon dans : « Devenus banals, les écrivains sont du reste souvent traités avec une désinvolture qui confine à la trivialité, incarnant le versant farcesque de l’œuvre. » - « Comparses ou fantômes ? Figures d’auteurs chez Dumas », Op.cit., p.3. Mais cela en rappelle les procédés mis en oeuvre dans ce but dans le roman mondial.
    4. Procédés littéraires du portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial :
     En effet, il y a divers procédés littéraires du portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial, ce dont Nathalie Solomon énumère : l’allusion de motif, la réminiscence, l’hommage, la plaisanterie et le pastiche. « On ne peut pas dire cependant que les textes de nos auteurs-personnages [Ecrivains dans le roman] soient complètement absents, ils s’insinuent comme un fond sonore et familier qu’on ne remarque pas toujours immédiatement, sous la forme d’allusions, de motifs, de réminiscences. » - Op.cit., p.5.
      Tout à fait distingués du reste des personnages dans le roman mondial, les portraits anecdotiques des écrivains reposent aussi, écrit le même auteur sur l’impertinence de la représentation décomplexée, l’intertextualité par le  pastiche, le mimétisme ou la voix narrative, dans  : «La différence entre la figure de l’auteur et celle de tout autre personnage, c’est que la voix de l’écrivain s’entend malgré tout, sans considération de distance temporelle ni de disparition physique, et qu’il est toujours possible, quand on évoque l’homme, de la faire résonner, plus ou moins distinctement, pour un hommage ou pour une plaisanterie, avec ou sans déférence. Si c’est l’impertinence d’une représentation décomplexée qui attire d’abord l’attention chez Dumas, l’intertextualité revient en douce, par le pastiche ou par la grâce d’un mimétisme plus inconscient. Une voix surgit alors du passé, qui se fait entendre bien après la dernière œuvre publiée : avec ou sans tables tournantes, c’est bien un fantôme qui demeure là. » - Op.cit., p.11. Du point de vue historique, cette pratique littéraire ne manque pas d’intérêt.
    5. Praxis historico-littéraire du portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial :
    La praxis historico-littéraire du portrait anecdotique des écrivains dans le roman mondial, se rend manifeste sous la plume de Charline Plurivet qui en mentionne : «La présence d’un personnage d’auteur [d’écrivain] dans la littérature fictionnelle [le roman mondial] est un procédé ancien mais en perpétuel renouvellement, qui oriente les productions narratives, en particulier depuis le XIXe siècle où l’auteur imaginaire est fondateur de genres romanesques nouveaux. Dans une certaine mesure, le récit fictionnel fonctionne comme un miroir où se reflète le monde littéraire et ses crises (le roman des quêtes de l’écrivain ou le roman du biographe nous le montrent), mais l’image [le portrait anecdotique] de l’écrivain est alors recomposée, elle se refuse à une symétrie stricte. Cependant, il existe un autre ensemble générique, parallèle au précédent, où ce reflet se précise et s’efforce de créer des correspondances explicites entre univers fictionnel [le roman mondial] et monde réel en introduisant un personnage littéraire historique [v. les écrivains connus], dans un récit de nature fictionnelle. » - L'auteur déplacé dans la fiction : configurations, dynamiques et enjeux des représentations fictionnelles de l'auteur dans la littérature contemporaine » - www.tel.archives-ouvertes.fr, p.58.

   Par ailleurs, le même auteur atteste dans cette même optique : « Jusqu’à la fin du XIXe siècle, ces altérations du nom de l’auteur sont considérées non comme l’introduction d’une strate fictionnelle dans le paratexte de l’œuvre mais, au contraire, comme une véritable falsification, un mensonge dont le lecteur est la victime. Elles n’ont été tolérées que progressivement, lorsqu’on leur a accordé une valeur esthétique ; il apparaît d’ailleurs que cette reconnaissance reste partielle, elle touche surtout l’emploi d’un pseudonyme, qui, par un renversement assez étonnant, est devenu une pratique d’une (presque) totale innocuité, tandis que la supposition d’auteur continue d’irriter ou du moins de troubler le monde littéraire, nous le verrons. » - «L'auteur déplacé dans la fiction… », Op.cit., p.122.

      Pour conclure cet aperçu panoramique sur l’horizon de cette « Petite Anthologie des portraits anecdotiques des écrivains dans le roman mondial », rappelons en perspective cette réflexion prospective toute pleine de promesses épistémiques de Charline Plurivet : « Ce parcours de nature typologique nous a permis de situer les lieux et les formes où se créent des personnages fictifs d’auteur [v. les portraits anecdotiques écrivains connus] dans la littérature contemporaine [le roman mondial] par un double éclairage historique et théorique afin de comprendre la genèse de ces genres, suivre leur mutation et leur développement jusqu’à leur réalisation présente tout en examinant les critères employés pour les définir. » - Op.cit., p.146.

                                                                                                    L’auteur
               
-------------------------------------------------------------------


EXTRAITS :
A. PORTRAITS ANECDOTIQUES D’ECRIVAINS
DANS LE ROMAN FRANÇAIS
1737-2006
--------------------------------------------------------------------
1. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE JAMES
FENIMORE COOPER
    James Fenimore Cooper, né le 15 septembre 1789 à Burlington dans le New Jersey, et mort le 14 septembre 1851 à Cooperstown dans l'État de New York, est un écrivain américain. Il est notamment l'auteur du Le Dernier des Mohicans. Il est notamment l'auteur du livre Le Dernier des Mohicans (1826). Son premier roman Precaution passe inaperçu, mais très rapidement, son deuxième roman L'Espion (1821), rencontre un grand succès. Il a écrit de nombreux romans sur la mer, tel Le puritain d’Amérique (1829). Mais son œuvre est de qualité inégale et son roman Le Démocrate américain (1835), lui vaut un procès.
Les héros de Cooper

     Il [Blondet, journaliste] étudiait cette rigidité particulière au tissu des gens qui vivent en plein air, habitués aux intempéries de l’atmosphère, à supporter les excès du froid et du chaud, à tout souffrir enfin, qui font de leurs peaux des cuirs presque tannés, et de leurs nerfs un appareil contre la douleur physique, aussi puissant que celui des Arabes ou des Russes. […]
     - Voilà les Peaux-Rouges [Le Dernier des Mohicans] de Cooper [James Fenimore], se dit-il, il n’y a pas besoin d’aller en Amérique pour observer des Sauvages.
     Quoique le Parisien ne fût qu’à deux pas, le vieillard [le père Fourchon] ne tourna pas la tête, et regarda toujours la rive opposée [de l’Avonne] avec cette fixité que les fakirs de l’Inde donnent à leurs yeux vitrifiés et à leurs membres ankylosés. […]           
    - Eh bien, mon bonhomme, qu’y a-t-il donc là ? demanda Blondet après un gros quart d’heure pendant lequel il n’aperçut rien qui mouvât cette profonde attention.  
       -  Chut !... dit tout bas le vieillard en faisant un signe à Blondet de ne pas agiter l’air par sa voix. Vous allez l’effrayer…
       - Qui ?...
       - Une loute, mon cher monsieur, Si alle nous entend, alle est capable e’d’ filer sous l’eau !...  Et, gnia pas dire, elle a sauté là, tenez ?... Voyez-vous, où l’eau bouille… Oh ! elle guette un poisson ; mais quand elle va vouloir entrer, mon petit l’empoignera. C’est que, voyez-vous, la loute est ce qu’il y a de plus rare. C’est un gibier scientifique, ben délicat, tout de même ; on me la paierait dix francs aux Aigues […].
        - La peau se vend aux chapeliers, reprit le vieillard. C’est si beau, si doux ! Ça se met aux casquettes !... […]
        Le journaliste tira dix francs de sa pche en disant :
        - En voilà dix et je vous en donnerai tout autant pour la loutre… […]
        Blondet était arrivé sur l’autre bord de l’Avonne, quand Charles, le valet de pied, l’aperçut.
        - Ah ! monsieur, vous ne vous figurez pas l’inquiétude dans laquelle est madame, depuis qu’on lui a dit que vous êtiez sorti par la porte de Couches, elle vous croit noyé […].
        - La vie ? s’écria la comtesse, il s’agirait dans ceci de la vie de quelqu’un.
        - Nous ne devrions pas discuter ici des affaires de l’Etat, reprit le général en riant. Tout ceci, madame, signifie que […] son général, ne redoute rien.
        - Dites prudent ! monsieur le comte, s’écria Sibilet.
        - Ah ! ça ! nous sommes donc ici comme les héros de cooper dans les forêts de l’Amérique, entourés de pièges par les Sauvages ? demanda railleusement Blondet.

In Les paysans, Honoré de Balzac
Honoré de Balzac
Ed.Garnier Flammarion, 1970

PAR HONORÉ DE BALZAC

    Honoré de Balzac, né Honoré Balzac à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an VII du calendrier républicain), et mort à Paris le 18 août 1850 (à 51 ans), est un écrivain français. Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes œuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre La Comédie humaine. À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques (1832), ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq œuvres ébauchées. Il est l’auteur de romans dont :  Les paysans, Honoré de Balzac (1757),Les Chouans, Physiologie du mariage (1829), Les Deux Rêves (1830), La Peau de chagrin (1831), Le Curé de Tours, Louis Lambert,  Le Colonel Chabert (1832), Eugénie Grandet, (1833), Le Père Goriot, (1835), Le Lys dans la vallée (1836), Illusions perdues (1837), Splendeurs et misères des courtisanes (1847), etc.
               
--------------------------------------------------------------


2. PORTRAIT ANECDOTIQUE D’EMILES
DE GIRARDIN
     Émile de Girardin, né Émile Delamothe (parfois écrit Émile de la Mothe) à Paris le 21 juin 1802 et mort à Paris le 27 avril 1881, est un journaliste et homme politique français. Théoricien du double marché, il est le fondateur de La Presse, quotidien parisien (1836) dont il réduisit de moitié le prix de l'abonnement pour multiplier les souscripteurs et, par voie de conséquence, augmenter le nombre d'insertions publicitaires. À 18 ans, il revient à Paris à la recherche de ses parents. Son père lui ouvre sa porte, (mais pas sa mère, épouse d'un magistrat, Joseph-Jules Dupuy qui s'était vu offrir aux colonies un emploi honorable). Il se rend régulièrement à Châtenay-Malabry chez son père qui subvient à ses besoins. En 1827, il a se réapproprie le nom de ses ancêtres, signant Émile de Girardin. Son premier roman Émile, traite de sa jeunesse dans. En 1829, il s’établit à Paris comme Inspecteur Adjoint des Beaux Arts.
Giradin, un pierrot sinistre

      Il me faut trois quarts d’heure pour arriver jusqu’à la grille de l’hôtel ; je traverse la cour, gravis le perron, pousse la grande porte vitrée, et me trouve aussi embarrassé que si j’étais dans la rue. Des domestiques sont là qui bâillent, ouvrent les fenêtres et secouent les tapis. Je les prie d’avertir Jean, le valet de chambre, qui m’annoncera à son maître.
      Me voici enfin devant lui.
      Quel visage blafard ! quel masque de pierrot sinistre ! Une face exsangue de coquette surannée ou d’enfant vieillot, émaillée de pâleur, et piquée d’yeux qui ont le reflet cru des verres de vitres !
     On dirait une tête de mort, dont un rapin farceur aurait bouché les orbites avec deux jetons blancs, et qu’il aurait ensuite posée au-dessus de cette robe de chambre, à mine de soutane, affaissée devant un bureau couvert de papiers déchiquetés et de ciseaux les dents ouvertes.
   Nul ne croirait qu’il y a un personnage là-dedans !
   Ce sac de laine contient, pourtant, un des soubresautiers du siècle, un homme tout nerfs et tout griffes qui a allongé ses pattes et son museau partout, depuis trente ans. Mais comme les félins, il reste immobile quand il ne sent pas, à sa portée, une proie à égratigner ou à saisir.
   Le voilà donc, ce remueur d’idées, qui en avait une par jour au temps où il y avait une émeute par soir, celui qui a pris Cavaignac par le hausse-col et l’a jeté à bas du cheval qui avait rué contre les barricades de Juin. Il a assassiné cette gloire, comme il avait déjà tué un républicain dans un duel célèbre.
    On ne voit plus, sous sa peau ni sur ses mains, trace de sang — ni le sien, ni celui des autres !
   Non, ce n’est pas une tête de mort ; c’est une boule de glace où le couteau a dessiné et creusé un aspect humain, et buriné, de sa pointe canaille, l’égoïsme et le dégoût qui y ont fait des taches et des traînées d’ombre, comme le vrai dégel dans le blanc du givre.
Tout ce qui évoque une idée de blêmissement et de froid peut traduire l’expression de ce visage.
Il m’a laissé de son spleen dans l’âme, de sa neige dans les artères !
Je suis sorti en grelottant. Dehors, il m’a semblé que mes veines étaient moins bleues sous l’épiderme brun, l’arc de mes lèvres s’est détendu, et j’ai roulé des yeux blancs vers le ciel.
    D’ailleurs, je lui avais amené, en ma personne, un pauvre et un simple. Il l’a deviné tout de suite, je l’ai vu, — et j’ai senti que, déjà, il me méprisait.
J’allais lui demander un avis, un conseil, et même, dans son journal, un coin où mettre ma pensée et continuer, la plume à la main, ma conférence de combat.
    Qu’a-t-il dit ?
    En langage de télégramme, avec deux mots gelés il m’a réglé mon compte.
    — Irrégulier ! dissonant !
    À toutes mes questions, qui parfois le pressaient, il n’a répondu que par ce marmottement monotone. Je n’ai pu tirer rien autre chose de ses lèvres cadenassées.
    — Irrégulier ! dissonant !
    Rencontrant Vermorel, le soir, je lui ai conté ma visite, et j’ai vomi ma colère.
    Lui, avait revu Girardin ; il m’a brusquement interrompu :
    — Mon cher, il ne prend que des gens dont il fera des larbins ou des ministres et qui seront son clair de lune… pas d’autres ! Il m’a parlé de votre entrevue. Savez-vous ce qu’il m’a dit de vous ? « Votre Vingtras ? Un pauvre diable qui ne pourra pas s’empêcher d’avoir du talent, un enragé qui a un clairon à lui et qui voudra en jouer, au nom de ces idées et pour la gloire, taratati, taratata !     
   Croit-il pas que je vais le mettre avec mes souffleurs de clarinette, pour qu’on ne les entende plus ? »
   — Il a dit cela ?
   — Mot pour mot.
In L’insurgé, Jules Vallès
 Ed. Poche, 1985

PAR JULES VALLÈS

   Jules Vallès (nom de plume de Louis Jules Vallez), né au Puy-en-Velay (Haute-Loire) le 11 juin 1832, mort à Paris le 14 février 1885 est un journaliste, écrivain et homme politique français d'extrême gauche. Fondateur du journal Le Cri du Peuple, il fait partie des élus lors de la Commune de Paris en 1871. Condamné à mort, il doit s'exiler à Londres de 1871 à 1880. Il est l’auteur de la   trilogie romanesque autobiographique de Jacques Vingtra,s comprenant : L'Enfant (1879), Le Bachelier (1881), L'Insurgé (1886), ainsi que  Le Testament d'un blagueur (1889), etc.

------------------------------------------------------------------

 3. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE PIERRE-
JOSEPH PROUDHON
    Pierre-Joseph Proudhon, né le 15 janvier 1809, à Besançon dans le Doubs, et mort, le 19 janvier 1865Paris, est un polémiste, journaliste, économiste, philosophe et sociologue français. Précurseur de l'anarchisme, il est le seul théoricien révolutionnaire du XIXe siècle d'origine ouvrière. Autodidacte, penseur du socialisme libertaire. Il a publié plus de soixante livres dont : Essai de grammaire générale, non signé (1837), « Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du Droit et du Gouvernement » (1840), rendant célèbre la formule « La propriété, c’est le vol ». En 1846, il écrit « Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère », y expliquant la société en qu’existence de réalités contradictoires. En 1848, dans « Solution du problème social », il élabore la théorie du crédit à taux zéro qui anticipant sur le fonctionnement des mutuelles actuelles.
Votre Proudhon

   Les hommes se tenaient debout, et Pellerin, au millieu d’eux, émettait des idées. Ce qu’il y avait de plus favorable pour les arts, c’était une monarchie bien entendu. Les temps modernes le dégoûtaient « quand ce ne serait qu’à cause de la garde nationale », il regrettait le Moyen Age, Louis XVI ; M. Roque le félicita de ses opinions ; avouant même qu’elles renverseraient tous ces préjugés sur les artistes. Mais il s’éloigna presque aussitôt, attiré par la voix de Fumichon. Arnoux tâchait d’établir qu’il y a deux socialismes, un bon et un mauvais. L’industriel n’y voyait pas de différence, la tête lui tournant de colère au ùot propriété.
      - C’est un droit écrit dans la nature ! Les enfants tiennent à leurs joujous ; tous les peuples sont de mon avis, tous les animaux ; le lion même, s’il pouvait parler, se déclarerait propriétaire ! Ainsi, moi, messieurs, j’ai commencé avec quinze mille francs de capital ! Pendant trente ans, savez-vous, je me levais régulièrement à quatre heures du matin ! J’ai eu un mal de cinq cents diables à faire ma fotune ! Et on viendra me soutenir que je n’en suis pas le maître, que mon argent n’est pas mon argent, enfin que la propriété, c’est le vol !
       - Mais Proudhon !...
       - Laissez-moi tranquille, avec votre Proudhon ! S’il était là, je crois que je l’étranglerais ! »

In L’éducation sentimentale,
Gustave Flaubert,
Ed. Michel Lévy, 1869

PAR GUSTAVE FLAUBERT

Gustave Flaubert est un écrivain français, né à Rouen le 12 décembre 1821, et mort à Croisset, à Canteleu, le 8 mai 1880. Auteur de premier plan de la seconde moitié du XIXe siècle, il a marqué les lettres françaises par la profondeur de ses analyses psychologiques, son souci de réalisme, son regard lucide sur les comportements des individus et de la société, et par la force de son style dans de grands romans comme Madame Bovary (1857), Salammbô (1862), L'Éducation sentimentale (1869), ou le recueil de nouvelles Trois contes (1877), Le Candidat (1874) , La Tentation de saint Antoine (1874). 




-------------------------------------------------------------------------------

3. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE JEAN-CHARLES
PAUL KOCK
    Charles-Paul de Kock est un romancier, auteur dramatique et librettiste français, né le 21 mai 1793 à Passy et mort le 29 août 1871   à Paris 10e. Romancier populaire, fécond et truculent, il peignit les petites gens de Paris. Sa vogue, en France et à l'étranger, fut très grande. Il est également l'auteur de près de deux cents drames et vaudevilles et de nombreuses chansons, dont la plus célèbre, Madame Arthur, écrite vers 1850 et chantée par Yvette Guilbert, fut un grand succès dans les années 1920. Ses romans ont été republiés sous la forme de fascicules aux éditions Rouff et eurent un important succès posthumes. Chateaubriand aurait dit de lui chez Madame Récamier : « Paul de Kock est consolant, jamais il ne présente l'humanité sous le point de vue qui attriste ; avec lui on rit et on espère. » Son fils Henri de Kock (1819-1892) fut lui aussi romancier et auteur dramatique.
Les romans de Paul kock
      Anne avait-elle un seul des goûts de Thérèse ? Elle haïssait la lectur, n’aimait que coudre, jacasser et rire. Aucune idée sur rien, tandis que Thérèse dévorait du même appétit les romans de Paul Kock [1793-1871], les Causeries du Lundi, l’Histoire du Consulat, tout ce qui traîne dans les placards d’une maison de campagne. Aucun goût commun, hors celui d’être ensemble durant ces après-midis où le feu du ciel assiège les hommes barricadés dans une demi-ténèbre. Et Anne parfois se levait pour voir si la chaleur était tombée. Mais, les volets à peine entrouvertes, la lumière pareille à une gorgée de métal en fusion, soudain jaillie, semblait brûler la natte, et il fallait, de nouveau, tout clore et se tapir. […] En septembre, elles pouvaient sortir après la collation et pénétrer dans le pays de la soif […] ; il faut marcher longtemps dans le sable avant d’atteindre les sources du ruisseau appelé la Hure. […]
      Thérèse revenait vers la maison ; les métayers la saluaient de loin ; les enfants ne l’approchaient pas. […] Sa tante la guettait sur le seuil de la porte et, comme font les sourdes, parlait sans arrêt pour que Thérèse ne lui parlât pas. Qu’était-ce donc que cette angoisse ? Elle n’avait envie de lire ; elle n’avait envie de rien ; elle errait de nouveau : « Ne t’éloigne pas : on va servir. » Elle revenait au bord de la route, vide aussi loin que pouvait aller son regard. La cloche tintait au seuil de la cuisine. Peut-être faudrait-il, ce soir, allumer la lampe. Le silence n’était plus profond pour la sourde immobile et les mains croisées sur la nappe, que pour cette jeune fille un peu hagade.
In Thérèse Desqueyroux,
François Mauriac
Ed. Grasset, 1974

PAR FRANÇOIS MAURIAC

      François Mauriac, né le 11 octobre 1885 à Bordeaux et mort le 1er septembre 1970 à Paris, est un écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, il est élu membre de l'Académie française au fauteuil no 22 en 1933. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1952. Il s'exprime notamment dans son fameux Bloc-notes, qui paraît d'abord dans la revue de La Table ronde, ensuite dans Le Figaro, puis dès 1955 dans L'Express, que viennent de créer Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber, avant de reparaître à partir de 1961 et jusqu'à la fin dans Le Figaro, et Le Monde. Il est l’auteur de notamment : L'Enfant chargé de chaînes (1913), Le Baiser au lépreux (1913),  Le Désert de l'amour (1925) , Grand prix de l'Académie française, (1926) ,Thérèse Desqueyroux (1927), Le Nœud de vipères (1932),  Le Sagouin (1951),  Maltaverne , posthume (1972).

-------------------------------------------------------------------------
 4. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE DANTE
D’ALIGHIERI
    Dante Alighieri, Durante degli Alighieri ou « Dante », est un poète, écrivain et homme politique florentin né entre à la mi-juin 1265, à Florence, et mort le 14 septembre 1321, à Ravenne. Fondateur de la langue italienne, il est, avec Pétrarque et Boccace, l'un des  trois auteurs qui ont imposé le toscan comme langue littéraire. Poète majeur du Moyen Âge, il est l'auteur de la Divine Comédie(1306), considérée comme la plus grande œuvre écrite dans cette langue et un des chefs-d'œuvre de la littérature mondiale. En 1274, il a rencontré Béatrice. De son vrai nom Bice di Folco Portinari, elle épouse Simone de Bardi et meurt en 1290. On sait peu de chose sur cet amour dont il est question dans Vita nova (1292-1294).  La Divine Comédie composée, dès 1306, et poursuie jusqu'à sa mort. Il portait à l’initiale le nom de « Comedia », mais ses commentateurs, dont Boccace, lui ont adjoint l’adjectif de « divine ».
L’enfer conique de Dante

    J’avais déjà vu bien des spectacles étranges depuis mon arrivée sur la planète Soror. J’estimais être accoutumé à la présence des singes et à leurs manifestations au point de ne plus pouvoir être étonné. Pourtant, devant la singularité et les proportions de la scène qui s’offrait à mon regard, je fus saisi d’un vertige et me demandai une fois encore si je ne rêvais pas.
     J’étais au fond d’un gigantesque amphithéâtre (qui me fit bizarrement penser à l’enfer conique de Dante [Alighieri : 1263-1321]) dont tous les gradins, autour et au-dessus de moi, étaient couverts de singes. Il y en avait là plusieurs milliers. Jamais je n’avais vu autant de singesassemblés ; leur multitude transcendait les rêves les plus fous de ma pauvre imagination terrestre ; leur nombre m’accablait.
      Je chancelai et tentai de me ressaisir en cherchant des repères dans cette foule. Les gardiens me poussaient vers le centre du cercle, qui ressemblait à une piste de cirque, où une estrade était installée. Je fis lentement un tour sur moi-même. Des rangées de singes s’élevaient jusqu’au plafond, à une hauteur qui me parut prodigieuse. Les places les plus proches de moi étaient occupées par les membres du congrès, tous savants chevronnés, revêtus de pantalons rayés et de redingotes sombres, tous des ourangs-outans. Je distinguai cependant dans leur groupe un petit nombre de gorilles et de chimpanzés. Je cherchai Cornélius parmi ceux-ci, mais ne le découvris pas. […]
       Je cherchai également à découvrir Zira, qui devait se trouver parmi les assistants. Je sentais le besoin d’être soutenu par son regard. Là encore, je fus déçu et ne pus découvrir un singe familier parmi l’infernale légion de singes qui m’entourait.
                                                                                                                                                      
In La planète des singes, Pierre Boulle,
Ed. Julliard, 1963

PAR PIERRE BOULLE

    Pierre Boulle, né le 20 février 1912, à Avignon, et mort, le 31 janvier 1994, à Paris 16ème, est un écrivain français. Agent de la France libre en Asie du Sud-Est pendant la Seconde Guerre mondiale, il est l’auteur du Pont de la rivière Kwai (1952) et de La Planète des singes (1963). Il est l’auteur de : William Conrad (1950),  Le Sacrilège malais (1951), Le Pont de la rivière Kwaï (1952) , prix Sainte-Beuve (1952), Les Vertus de l'enfer (1974), La Baleine des Malouines (1983),  Pour l'amour de l'art (1985) , Le Professeur Mortimer (1988),  Le Malheur des uns. (1990), L'Archéologue et le mystère de Néfertiti (Le Cherche-Midi), oeuvre posthume, etc.

-------------------------------------------------------------------

5. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE JOSEPH
CONRAD

    Joseph Conrad, de son vrai nom Teodor Józef Konrad Korzeniowski , né le 3 décembre 1857 , à Berditchev ,Ukraine - Empire russe, et mort le 3 août 1924, à Bishopsbourne ,Kent - Angleterre, d'origine polonaise, il est considéré comme l'un des grans  écrivains anglais du XXe siècle. Se consacrant à la littérature, il écrit La Folie Almayer (1895), Un paria des îles (1896). A court de moyen de subsister, il écrit à un ami, il ne me reste que la littérature comme moyen vivre, et déclare écrire pour de l'argent… En 1886, il épouse Jessie George et séjourne en Bretagne de mars à septembre — la vie est moins chère à Lannion et l'Île-Grande qu'à Londres — et y écrit certains de ses textes. De retour en Angleterre, il s'installe à Stanford-le-Hope, Essex, puis, en mars 1897, à Ivy Walls, Essexet (publie le Nègre du Narcisse.  A la naissance de son fils Boris, en 1898, il publie un recueil de nouvelles Inquiétude.  Il s’installation avec sa famille à Pent Farm, Kent, maison louée par l'écrivain Ford Madox Ford. En août 1906, après la naissance de son second fils, John, ils séjournent à Montpellier, puis à Genève, en publiant le Miroir de la mer.

Entre un Conrad et un dandy

- Ma sœur, dit Orso à Miss Nevil, veut vous faire un singulier cadeau, mademoiselle ; mais nous autres Corses, nous n’avons pas grand-chose à donner… excepté notre affection…, que le temps n’efface pas. […]
      - Ce stylet est charmant, dit miss Lydia ; mais c’est une arme de famille ; je nre puis l’accepter.
      - Ce n’est pas le stylet demon père, s’écria vivement Colomba. Il a été donné à un des grands-parents de ma mère par le roi Théodore. Si mademoiselle l’accepte, elle nous fera bien plaisir.
      - Voyez, miss Lydia, dit Osrso, ne dédaignez pas le stylet d’un roi. […]
     De la fenêtre du salon, miss Lydia vit le frère et la sœur monter à cheval. […]
Lydia quitta la fenêtre en rougissant ; puis s’y remettant presque aussitôt, elle vit les deux Corses s’éloigner rapidement au galop de leurs petits poneys, se dirigeant vers les montagnes. […]  
     Miss Lydia en se regardant dans la glace, se trouva pâle.
     - Que doit penser de moi ce jeune homme ? dit-elle, et moi que pensé-je de lui ? et pourquoi y pensé-je ?... Une connaissance de voyage !... Que suis-je venue faire en Corse ?... Oh ! je ne l’aime point… Non, non ; d’ailleurs ce l est impossible… Et Colomba… Moi la belle-sœur d’une vocératrice ! qui porte un grand stylet ! – Et elle s’aperçut qu’elle tenait à la main celui ddu roi Théodore. Elle le jeta sur sa toilette. – Colomba à Londres, dansant à Almack’s !... Quel lion, grand Dieu, à montrer !... c’est qu’elle ferait fureur peut-être… Il m’aime, j’en suis sûre… C’est un héros de roman dont j’ai interrompu la carrière aventureuse… Mais avait-il réellement envie de venger son père à la Corse ?... C’était quelque chose entre un Conrad [Joseph : 1857-1924] et un dandy… J’en ai fait un pur dandy, et un dandy qui a un tailleur corse !...
       Elle se jeta sur son lit et voulut dormir, mais cela lui fut impossible ; et je n’entreprendrais pas de continuer son monologue, dans lequel elle se dit plus de cent fois que M. della Rebbia n’avait été, n’éait et ne serait jamais rien pour elle.
  
In Colomba, Prosper Mérimée
Ed. Garnier Flammarion, 1964

PAR PROSPER MÉRIMÉE
    Prosper Mérimée, né le 28 septembre 1803 à Paris, et mort le 23 septembre 1870 à Cannes, est un écrivain, romancier, nouvelliste, historien et archéologue français. Issu d'un milieu bourgeois et artiste, il fait des études de droit avant de s'occuper de littérature et de publier dès 1825 des œuvres qui le font connaître et d'être élu à l'Académie française, en 1844. Il est l’auteur notamment de  : Chronique du règne de Charles IX, Mateo Falcone (1829), Colomba (1840),  Carmen (1845) , La Chambre bleue (1866).

-----------------------------------------------------------------
6. PORTRAIT ANECDOTIQUE D’HONORÉ
D’URFÉ
Honoré d'Urfé, comte de Châteauneuf, marquis du Valromey, seigneur de Virieu-le-Grand, né le 11 février 1567, à Marseille, et mort le 1er juin 1625, à Villefranche-sur-Mer, est un écrivain français et auteur du premier roman-fleuve  français de 5 000 pages, L'Astrée (1607-1633), un roman d'amour partiellement autobiographique. Demeuré inachevé, il s'inscrit dans la tradition du roman hellénistique, de Virgile et des poètes courtois. Lorsqu’il meurt au cours d'une campagne militaire des troupes savoyardes du duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie contre les Espagnols, en 1625, son secrétaire Balthazar Baro a achevé la quatrième partie et lui a donné une suite (1632-1633).
L’Astrée du sieur d’Urfé

     Elle [Isabelle] en était là de sa rêverie, lorqu’un petit coup sec vint sonner contre la fenêtre dont un carreau sétoila […]. Isabelle s’approcha de la croisée, et vit dans l’arbre en face Chiquita, qui lui faisait mystérieusement signe d’ouvrir la fenêtre […]. La commédienne prisonnière comprit l’intention de l’enfant, obéit à son geste […]. Chiquita […] enjamba le balcon et sauta légèrement dans la chambre ; et, voyant Isabelle toute pâle, et presque évanouie, elle lui dit avec un sourire :
      « Tu as peur, et tu as cru que Chiquita allait rejoindre les grenouilles du fossé. […]
       - Chère petite, dit Isabelle en baisant Chiquita au front, tu es une brave et courageuse enfant.
      - J’ai vu tes amis, ils t’avaient bien cherchée ; mais sans Chiquita, ils n’auraient jamais découvert ta retraite. […] Ce soir, dès que l’ombre sera tombée, ils tenteront ta délivrance ; il y aura des coups d’épée et de pistolet. Ce sera superbe. Rien n’est beau comme des hommes qui se battent ; mais ne va pas t’effrayer et pousser des cris. Les cris des femes dérangent les courages. Si tu veux, je me tiendrai près de toi pour te rassurer. […]
      Restée seule, Isabelle ouvrit un volume de l’Astrée, par le sieur Honoré d’Urfé, qui traînait oublié sur une console. Elle essay d’attacher sa pensée à cette lecture. Mais ses yeux seuls suivaient machinalement les lignes. L’esprit s’envolait loin des pages, et ne s’associait ps un instant à ces bergerades déjà surannées. D’ennui, elle jeta le volume et se croisa les bras dans l’attente des événements. A force de faire des conjectures, elle s’en était lassée, et sans chercher à deviner comment Signognas la délivrerait, elle comptait sur l’absolu dévouement de ce galant homme.
                                                                                                                             
In Le capitaine Fracasse, Théophile Gautier
Ed. Flammarion, 1967

PAR THÉOPHILE GAUTIER

    Théophile Gautier, né à Tarbes le 30 août 18111 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, est un poète, romancier et critique d'art français. Né à Tarbes, Théophile Gautier est cependant parisien depuis sa plus jeune enfance. Il fait la connaissance du futur Nerval au Collège Charlemagne et s'intéresse très jeune à la poésie. En 1829 il rencontre Victor Hugo qu'il reconnaît pour son maître et participe activement au mouvement romantique comme lors de la fameuse bataille d'Hernani, le 25 février 1830. Il évoquera avec humour cette période en 1833 dans Les Jeunes-France. Il est l’auteur de :Mademoiselle de Maupin. (1835), Fortunio (1838),  Militona (1847),  Les Roués innocents (1847), La Belle Jenny (1865), Jean et Jeannette (1850), Le Roman de la momie (1858),  Le Capitaine Fracasse (1863).

 -------------------------------------------------------

7. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE MIGUEL
DE CERVANTÈS
    Miguel de Cervantes Saavedra (29 septembre 1547 à Alcalá de Henares - 23 avril 1616 à Madrid) est un romancier, poète et dramaturge espagnol. Il est connu pour son roman L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche (1605), comme le type du roman moderne. Il a mené une vie d’aventure, de soldat, à la bataille de Lépante en 1571, et y perd l'usage de sa main gauche. D’où son surnom de « Manchot de Lépante ». En 1575, sur le chemin de son retour en Espagne, il est capturé par les barbaresques avec son frère Rodrigo.  Après quatre tentatives d'évasion, il reste captif à Alger. En 1580, il est racheté en même temps que d'autres prisonniers espagnols et regagne son pays. Marié, et séparé de sa femme, il occupe diverses fonctions et publie son roman La Galatea (1585). En 1605, il publie la première partie de : L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche et la deuxième partie en 1615. Il y parodie les romans de chevalerie en créant les personnages de Don Quichotte, Sancho Panza et Dulcinée. Ses œuvres théâtrales, peu appréciées de son vivant, ont été souvent imitatées, comme : la tragédie en vers Le Siège de Numance (1581-1583),  imitée 5 fois, entre 1600 et 1813, sous divers titres et a inspiré à Lope de Vega, La Sainte Ligue (1571).
Un chapitre de Don Quichotte

      Richard Cœur de Lion était mort en Limousin, on venait d’en apporter la nouvelle, et maudite soit la flèche. Le vieil Alban, inconsolé, berçait son vieux chagrin.
       - Tu ne vas pas prendre froid ? demandait Bérangère par la porte entrebâillée, et Alban lui souriail doucement du fond de sa folie.
      Il faudrait expliquer tout cela au petit Abel. Et se l’expliquer à soi-même en essayant de l’enseigner. […]
      Le vieil Alban n’était pas seul pour s’endormir. Il parlait son petit fils [Abel]. Il avait maintenant un page, un confident. Ils seraient deux à attendre.
       L’œuvre du maître Perdigou devait s’enrichir, ce soir-là, d’une nouvelle page capitale pour la suite des événements. La voici :
       « Une autonomie du Sud serait concevable ? Sur le plan militaire, oui. Personne n’a envie d’en découdre, en face.  Quand on est belliqueux et rustique, la victoire est dans la poche. Quel sera le contour de ce nouveau pays ? Certes, on peut concevoir une grande Occitanie, de l’Océant aux Alpes et remontant presque jusqu’à la Loire. Mais il ne faut pas avoir les yeux plu grands que le ventre. Ce qui m’intéresse, c’est le domaine des comtes de Toulouse, entre Garonne et Rhône. Le canal du Midi en est évidemment l’artère principale où coule le sang bleu. La gondole de tante Héloïse sera remise à flot. Le nom qui me plaît le plus pour ce pays est celui de Toulouse, même si Narbonne doit être la capiale. […] L’Algérie était une colonie occitane, pas française, et, une fois de plus la France a tout gâché. […] Toujours difficile à trduire « être fier et le paraître », « s’en croire et s’en foutre », « orgueil et chevalerie ». […]
       Il reposa le porte-plume réservoir et alla se coucher. Comme le sommeil tardait encore à venir, il lut un chapitre de « Don Quichotte » [Miguel de Cervantès : 1547-1616]. Le lecteur aura deviné depuid longtemps que c’était son livre de chevet.

In La croix de ma mère, Gaston Bonheur
Ed. Julliard, 1976

PAR GASTON BONHEUR

     Gaston Bonheur, alias Gaston Tesseyre, est un journaliste et écrivain français, né le 27 novembre 1913 à Belvianes (Aude), mort le 4 septembre 1980, à Montpellier (Hérault). Il est le fils d'un couple d'instituteurs, il n'a que quelques mois quand son père est tué au début de la guerre de 1914. Le futur écrivain apprend l'occitan et les us de la vigne auprès de sa grand-mère Bonhoure, dont il emprunte son nom d'auteur. Poète, pro-surréaliste, il fonde la revue surréaliste Choc. Puis, il se dirige vers le journalisme. Il travaille chez Pierre Lazareff au quotidien Paris-Soir. En 1947, il est rédacteur en chef à l'hebdomadaire Paris Match. En 1948, il devient rédacteur en chef du quotidien Paris-Presse. Il dirige pour un temps l'empire de presse de Jean Prouvost : Télé 7 jours, Le Figaro, Paris Match, France-Soir... Il est aussi auteur de chansons.Il repose au cimetière de Floure (Aude), où il possédait le château. Il est l’auteur notamment de : Chemin privé (poèmes), La Mauvaise fréquentation (1934), La Cavalcade héroïque (1940), Le Glaive nu (1945), Charles de Gaulle (1958), Qui a cassé le vase de Soissons ?, (1963), La Croix de ma mère (1976), Le Soleil oblique (1978), L’Ardoise et la craie (1980), Paris bonheur (1980).
-------------------------------------------------------------------------------
8. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE LOUIS
FERDINAND CÉLINE
   Louis Ferdinand Destouches, dit Louis-Ferdinand Céline, né le 27 mai 1894 à Courbevoie, et mort le 1er juillet 1961 à Meudon, connu sous son nom de plume de Céline, est un écrivain et médecin français. Controversé en raison de ses pamphlets antisémites, c'est un écrivain engagé, proche de certains milieux collaborationnistes, mais à l'écart de toute collaboration officielle. Il est considéré comme l'un des grands novateurs de la littérature française du XXe siècle, par un style elliptique personnel et travaillé et empreint d’argot, tout proche de l'émotion immédiate du langage parlé. En 1951, obtient l'amnistie par son avocat depuis 1948, au titre de « grand invalide de guerre » (depuis 1914).  De retour de Copenhague avec son épouse Lucette Almansor – mariés depuis le 15 février 1943 à Paris -, ils s'installent chez des amis à Nice en juillet 1951. Son éditeur Robert Denoël assassiné en 1945, il signe le même mois un contrat avec Gaston Gallimard (avec 18 % de droits d'auteur), en  publiant  Féerie pour une autre fois, la réédition de Voyage au bout de la nuit, de Mort à crédit etc.
Les fans de Ferdinand Céline
    Hugues était furieux contre lui-même et, et en même temps il en voulait aux ouvriers. […] Huges désespérait de trouver des mecs qui avaient tiré les mêmes leçons que lui de l expérience de l’usine. Bon nombre avaient préféré les laboratoires. Hugues avait fini par rencontrer Jean Pierre Banco, au café. Il l’avait souvent vu, et il sortait avec des filles, toujours avec un manteau de cuir et des livres dans les poches, une tête d’aigle avec les cheveux noirs pendant dans le cou. A la Brasserie de la Paix, Hugues ne parlait plus guère avec ses voisins. Dans ce contexte, […] les vacances, les bagnoles, l’avenir, étaient des sujets glauques. Alors Hugues lisait. Et Jean Pierre lui avait demandé s’il avait lu Céline. Jean Pierre Banco faisait partie des fans de Céline qui achetaient tous les Cahiers de l’Herne, les lettres et les papiers griffonnés sur les coins de tabl de l’écivain. Hugues l’avait engueulé avec méthode :
      «Céline a collaboré, l’anarchisme de droite mène au fascisme ! Guignol’s band est l’œuvre d’un antisémitisme ! Tous les antisémites sont des malades !
       - On s’en fout, regarde le souffle, la révolte, le style ! Regarde l’insulte ! Comment qu’il torche Sartre, comment qu’il aime Paul Morand. Il dit : « Le style de Morand est à celui de Sartre ce qu’une franche giclée est une […] laborieuse ! »
       - Arrête de déconner ! Il faut choisir son camp. On voit que t’a pas bossé en usine. Moi, j’en reviens, et vraiment on n’y rigole pas. Des raisonnements comme le tien, ça me donne vraiment envie de voir […] comme à Cuba les patrons et les intellectuels qui se couper la canne. Alors, la franche giclée de Morand, ce pétainiste !
       - Assez de sermons, le talent compte beaucoup, Morand n’a jamais fait vriment de politique…
       - C’est la politique es lâches. Tu n’a pas vu des mecs aussi intelligents que toi nettoyant des cuves de catayseurs sans espoir de faire de la théorie ! » Jean Pierre Banco n’osait pas rire, heureusement. Jean Pierre n’était pas un pataud logique.

In Les déclassés, Jean François Bizot
Ed. Le Sagittaire, 1976

PAR JEAN-FRANÇOIS BIZOT
Jean-François Bizot, né le 19 août 1944 à Paris et mort le 8 septembre 2007 à Paris, est un homme de presse, de littérature, de radio et de cinéma français. Dernier des cinq enfants de Ennemond Bizot (1900-1988), ingénieur polytechnicien, président de sociétés de produits chimiques (Rhône-Poulenc), membre du conseil du conseil consultatif de la Banque de France, et de Marguerite Gillet (1904-1986). Élevé par les jésuites de Versailles, il étudie à la Facultés des sciences économiques et des lettres de Paris, puis à l'École nationale supérieures des industries chimiques de Nancy (1966). Engagé, il suit les maoïstes, puis le PSU, mais opte rapidement pour la vie libertaire. Il écrit des essais dont : C'est demain la veille, entretiens, avec Jean-Pierre Lentin, Daniel Meyer et Alain Gourdin (1973), Au parti des socialistes, avec Léon Mercadet et Patrice Van Eersel (1975), Underground. L’Histoire ( 2001), Vaudou et compagnie, Histoires noires de Abidjan à Zombies (2005) et des romans tels : Les Déclassés (1976) Les Années blanches (1979), Un moment de faiblesse (2003), Une bonne correction (2005), poèmes modifiés.
-------------------------------------------------------------------------------
9. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE JORIS-KARL
HUYSMANS
   Joris-Karl Huysmans, alias Charles Marie Georges Huysmans, est un écrivain et critique d'art français, né le 5 février 1848 à Paris, et mort le 12 mai 1907, à Paris. En publiant À rebours (1884), il coupe l'esthétique naturaliste. Par ses  trois romans En route (1895), La Cathédrale (1898), L’Oblat (1903), il  annonce les conversions littéraires des Lettres françaises du début du XXe siècle, avec Paul Bourget, Charles Péguy, Brunetière, Paul Claudel, Léon Bloy et François Mauriac. Il est aussi l’auteur de critique littéraire importante (1876 à 1904), dont  des chroniques littéraires, de comptes rendus d’ouvrages ou d’études d’œuvres, comme : L’Assommoir de Zola, Gamiani de Musset, de portraits d’écrivains, comme Baudelaire, Flaubert, Maupassant, Edmond de Goncourt, Mallarmé, Barbey d’Aurevilly, Villiers de l’Isle Adam…, de préfaces de  Rimes de joie de Théodore Hannon, Le Latin mystique de Rémy de Gourmont, Poésies religieuses de Verlaine…, ou de réflexions  littéraire sous forme digressive à l’intérieur de ses propres romans.
Joris-Karl Huysmans et le mysticisme de Lyon

       Erin faisait face à la porte-fenêtre ouverte sur le jardin ; presque côte à côte, au-delà de la table, Cusset et Dorlange tournaient le dos au dehors.
    Eh bien, mon vieux ? grommela le chimiste en commençant de bourrer une grosse pipe de bruyère abondamment culottée.
      Voici, dit Dorlange. Le patron a des raisons de croire qu’à Lyon s’est établie, depuis peu de temps, une nouvelle secte occulte, à caractère nettement satanique. Cela n’intéresserait en rie le CID. Qui, par ses statuts, n’a à connaître que des questions relatives à la défense nationale, à la propagande française et à la préservation de la civilisation ainsi que de la paix européenne. […]    
      - Hé là ! s’exclama Cusset.
      Il fit une longue aspiration à sa pipe, rejeta lentement la fumée en levant la tête et, regardant son beau-frère, il prononça :
       - Mon petit Joris-Karl Huysmans [1848-1907] écrivait, dans un livre qui fut publié en 1902, quelques phrases que je peux, de mémoire, rapporter en substance comme ceci : « … Lyon est le refuge du mysticisme, le havre des idées prénaturelles, la métropole des célébrants de messes noires, des envoûteurs, des maléficiants rituels… Les chapelles occultes, les religions ignorées, les associations sataniques y florissentsur le fumier des hérésies anciennes et des modernes révoltes d’âmes… Ce qui était vrai il y a trente ans est encore vrai aujourd’hui. Donc, Michel, tu ne m’étonnes pas.
        « J’ajoute qu’il est logique de voir la Chine s’insinuer à Lyon dans les sphères occultes, car les soieries lyonnais ont toujours été en relations étroites avec les producteurs de soieries chinois.
         « Note qu’il est à Lyon un institut franco-chinois, peuplé d’étudiants aux yeux bridés et à l’esprit hermétique ; enfin, tenez compte de ceci qu’à Sains-Fons, depuis la guerre, est installé un camp de coolies…
         Il se tut, soudain rêveur.

In Les mystères de Lyon, Jean de la Hire,
Ed. Marabout, 1979

PAR JEAN DE LA HIRE
     Adolphe d'Espie, alias Jean de La Hire, né le 28 janvier 1878 à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) et mort le 6 septembre 1956 à Nice (Alpes-Maritimes), est un écrivain et un éditeur français. Le comte Adolphe d'Espie est d'ailleurs « le descendant [de ce] compagnon de Jeanne d'Arc ». En 1898, il publie chez Edmond Girard son premier roman, La Chair et l'Esprit, grâce à Pierre Louÿs. Jusqu'en 1908, il publie plus d'une vingtaine de romans, comme l'introuvable "Héro et Léandre" publié à Marseille avec un portrait de l'écrivain par Rippl-Ronaï (1900), Le Tombeau des vierges (1900), La Torera (1902), L'Enfer du soldat (1903). Il se tourne vers l'édition et fonde la Bibliothèque indépendante, le 15 novembre 1904, sous le nom, Adolphe-Ferdinand Célestin d’Espie. Il est aussi l’auteur de : L'homme qui peut vivre dans l'eau (1910), Les Amours de l'inconnu (1921), Le Mystère des XV (1922), Le Triomphe de l'amour (1922), Lucifer contre Nyctalope (1922), L'Amazone du Mont Everest (1925), La Captive du démon (1931), La Princesse rouge (1931),  Le Sphinx du Maroc (1936),  La Sorcière nue (1954), L'Énigme du squelette (1955), Les mystères de Lyon (1979).
            ----------------------------------------------------------------------------------------
10. PORTRAIT ANECDOTIQUE DE GEORGES
KUNH

   Kuhn (Georges, né à Montbéliard (Doubs), les 20 novembres 1789, fit ses premières études musicales dans cette ville. A l’âge de dix-huit ans, il se rendit à Paris et fut admis au Conservatoire comme élève de Caiel (?) pour l’harmonie. Plus tard, il étudia le contrepoint sous la direction de Cherubini et devint habile dans l’art d’écrire. Le 15 avril 1822, il fut nommé professeur de Solfège au Conservatoire. Livré à l’enseignement, Kuhn publia divers ouvrages élémentaires, au nombre desquels on remarque un Solfège des écoles, Paris, 1824 ; un Tableau de la génération des accords ; un Recueil de contrepoints doubles et de fugues scolastiques, et un Solfège des chanteurs avec accompagnement de piano, ou méthode analytique de musique […]. Lorsque les concerts du Conservatoire furent rétablis, en 1820, par une association de ses anciens élèves qui prit le titre de Société des concerts, Cherubini lui confia, en qualité de professeur, une classe de chant d’ensemble destinée à cet objet. Kuhn enseignait aussi la théorie de la musique et le solfège aux élèves du pensionnat du Conservatoire.

La Théorie de la musique de Georges Kunh

 La situation ressemblait jusqu’à un certain point à celle où je m’étais trouvé avec Vitalis quand Mme Milligan avait demandé à me garder près d’elle, je ne voulus avoir à m’adresser les mêmes reproches que Vitalis.
      « Ne pense qu’à toi Mattia », dis-je d’une voix émue. Mais il vint vivement à moi et, me prenant la main :
      « Quitter mon ami ! je ne pourrais jamais. Je vous remercie, monsieur. »
         Espinassous insista en disant que, quand Matta aurait fait sa première éducation, on trouverait le moyen de l’envoyer à Toulouse, puis à Paris au Condservatoire ; mais Mattia répondit toujours :
      « Quittter Rémi, jamais !
      - Eh bien, gamin, je veux faire que chose pour toi, dit Espinassous, je veux te donner un livre où tu apprendras ce que tu ignores. »
     Et il se mit à chercher dans des tiroirs. Après n temps assez long, il trouva ce livre qui avait pour titre : Théorie de la Musique ; il était bien vieux, bien usé, bien fripé, mais qu’importait ?
      Alors, prenant une plume, il écrivit sur la première page : « Offert à l’enfant qui, devenu un artiste, se souviendra du perruquier de Mende. »
      Je ne sais s’il y avait à Mende d’autres professeurs de musque que le barbier Espinassous, mais voilà celui que j’ai connu et que nous n’avons jamais oublié, Mattia ni moi. […]
       Mattia qui jusqu’alors avait très peu mordu à la lecture, fit des progrès surprenants le jour où il lut dans la Théorie de la musique de Kunh [Georges Kunh : 1789-1858].  Malheureusement, je ne pus pas le faire travailler autant que j’aurais voulu et qu’il le désirait lui-même, car nous étions obligés de marcher du matin au soir, faisant étapes pour traverser au plus vite ces pays de la Lozère et de l’Auvergne, qui sont peu hospitaliers pour des chanteurs et des musiciens.

In Sans famille, Hector Malot,
Imp. Najah El Jadida, 1986

PAR HECTOR MALOT

    Hector-Henri Malot dit Hector Malot, né le 20 mai 1830 à La Bouille, non loin de Rouen, et décédé le 18 juillet 1907 à Fontenay-sous-Bois, est un romancier français. Il fait ses études au lycée Corneille de RouenGustave Flaubert l'a précédé. Il se lie avecle secrétaire de Sainte-Beuve, Jules Levallois, futur critique littéraire. Ses études ne sont pas brillantes. Il opte pour l'histoire. En 1853, il s'installe à Paris, et y tente de faire représenter une première pièce. Pour vivre, il écrit des articles. Il se retire chez ses parents pour écrire une trilogie Les Victimes d'amour (1859). En 1864, il construit à Fontenay-sous-Bois, un chalet où il habite jusqu'à sa mort.  Il est l’auteur de :  Victimes d'amour (1859-1866),  Les Amours de Jacques (1860), Sans famille (1878), Conscience (1888), En Famille (1893), Le Roman de mes romans (1896) , autobiographie littéraire, Le Mousse (1897) édité à titre posthume (1902), etc.

--------------------------------------------------------------------

                                                              Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED