lunes, 31 de diciembre de 2018

L’image de la femme dans la poésie arabe du VIe au XXIe siècle, Dr. SOSSE ALAOUI Med


L’IMAGE DE LA FEMME DANS LA POÉSIE ARABE ARCHAIQUE ISLAMIQUE CLASSIQUE
ET MODERNE D’ORIENT ET D’OCCIDENT DU VIe AU  XXIe SIÈCLE  

   Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
      De tout temps, image, poésie femme, comme printemps, semblent  aller de pair dans le monde arabe, en temps de paix comme en temps de guerre, comme hic et nunc, ici aujourd’hui, du VIe au XXIe siècle, ou plus exactement , du 501-2004 Apr. JC. Cela constitue pour nous à cette occasion le thème d’une exploration, à savoir : «L’image de la femme dans la poésie arabe archaïque  islamique  classique et moderne d’Orient et d’Occident du VIe au XXIe siècle».  A cet égard,  Jeannine Hayat rapporte à propose de l’anthologie Maram al-Masri : « Assurément, malgré la guerre […], Internet  et les réseaux sociaux sont des facteurs d'accélération de l'émancipation des femmes dans le monde arabe. […]L'anthologie de textes poétiques rassemblés par Maram al-Masri, sous le titre Femmes poètes du monde arabe [2012], est l'occasion […] d'écouter la mélodie mélancolique de chants orientaux [voire occidentaux] et aussi de mesurer l'espoir […]. C'est à un voyage magique que le lecteur est convié ; au rythme des pas du chameau, il visite le monde arabe, d'est en ouest [de l’Arabie Saoudite], du Proche-Orient au Maghreb [au Maroc et en Andalousie], en passant par les pays du Golfe. » - «Voyage dans le monde arabe en compagnie de femmes poètes »,www.huffingtonpost.fr , p.1. Nous en revisiterons notamment :
  I.   L’image de la femme dans la poésie arabe classique archaïque du VIe au VIIIe siècle.
  II.  L’image de la femme dans la poésie arabe classique islamique du VIe au XIe siècle.
  III. L’image de la femme dans la poésie arabe classique moderne du XIXe au XXIe siècle.

      I.  L’image de la femme dans la poésie arabe classique archaïque aux VIe-XX  siècles :

    Ainsi, pour évoquer l’image de la femme dans la poésie arabe classique archaïque aux VIe-XX  siècles, il y a lieu de rappeler avec Henda Zaghouani-Dhaouadi : «On ignore exactement à quelle époque remonte la poésie préislamique, mais on considère toutefois, suite aux études anciennes et modernes, qu’elle date de la fin du Ve siècle de J.C et début du VIe, environ cent ans avant l’arrivée de l’Islam. […] La littérature arabe classique a été poétique [faite de poésie], dans son essence, depuis l’époque archaïque et jusqu’au XXe siècle. […] et ses transhumances, les souffrances, les regrets où l’amour [v. de la femme]  est un appel sans réponse, une suite de déceptions. [v. de fatalité et  de cruauté, de démonisme]» - «Le cadre littéraire et historique des Mu‘allaqât et de la poésie arabe préislamique », www.webcache.com, pp.1-30. D’où notamment :
 
    1. L’image de la femme fatale dans la poésie arabe classique archaïque aux VIe-XX  siècles :

   Pour ce qui est de l’image de la femme fatale dans la poésie arabe classique archaïque aux VIe-XX  siècles,   Justyna Bajda indique, concernant celle-ci, dans la poésie européenne : «La femme fatale [...] est toujours entourée d’une énigme, de secrets, de l’intimité de sa vie privée. Elle connaît bien la mentalité des hommes et elle sait les provoquer, les séduire  [...]. Le sentiment de satisfaction se lie à la torture [v. la femme cruelle]. [...] L’amour est un sentiment fatal et ambivalent pour elle: la douceur du bonheur et le goût amer du poison [v. la femme démon].» - «L’image de la femme fatale dans la poésie et la peinture européennes», www.journals.Open edition.org, p.1. D’où :

· En Arabie,  Imrou'l Qays :

     Né en 501, à Nedjd, en Arabie (v. Arabie Saoudite) et mort empoisonné, en 565, près de Constantinople, Imrou'l Qays est un poète arabe préislamique, auteur de poésie arabe classique archaïque. Il a une vision de la femme que lui confère sa vie de jeune prince arabe, composée  d’idylles grivoises avec  les femmes dont Fatima Bint ʿUbaïd, qui lui vaut d’être chassé par les siens de chez lui. A l’assassinat de son père, il voue sa vie à le venger, jusqu’à la cour de l’empereur  Justinien dont il séduit la fille. A son départ, celui-ci lui fait don d’une tunique empoisonnée. En la vêtant, il se couvre d’ulcères et périt. Il est l’auteur de : sa Mu'allaqa (Ode épique préislamique). D’où son surnom d’Homme aux ulcères,  et de «Roi Errant». D’où son poème sur la fatale Fatim, suivant :

    + Ô Fatim, tout doux! :

« Ô Fatim, tout doux!, cette coquetterie,
Si tu as décidé rupture aies là  obligeance.
Cela t’a-t-il incitée à voir ton amour me tuer,
Que le cœur obéit à ce que tu ordonnes?
 »

· En Irak, Abou Taieb al-Mutanabbi :

    Né en 915, à Kufa, et mort assassiné en 965 près de Dayr al-Akul, à An Numaniyah, en Irak sous les Abbassides, Abou Taieb Ahmad ibn al-Husayn al-Mutanabbi originaire de la tribu Kinda, Abou Taieb al-Mutanabbi, est un poète arabe panégyriste des rois et princes de son temps. Il est l’auteur de : Al sayfiyyèt, Le Livre des Sabres (2012), etc. Le poème épris mortellement accuse la femme fatale de son état :

      + Tant de morts sont martyrs d’amour :

«Que Dieu enjoue le rose des joues
Qu’il taille la taille de belles de tailles
Qui font larmoyer au sang mes yeux
Elles ont fait plier mon cœur par refus
Tant de héros qui d’amour est perdu
Tant par écart sont les héros martyrs
Hélas que nous veut l’éloignement
En raccrochant ses feux à nos cœurs
En ensorcelant d’amour les amants
Et du plus morbide et tenace amour
A me faire délirer sans nulle ivresse
D’amour des belles à robes et seins

· Au Sultanat d’Oman,  Abdallah Bin Mohammad Altaei :

     Né en 1924, à Wady  Altaei, au Sultanat d’Oman, et mort en 1973, à Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, Abdallah Bin Mohammad Altaei  est un poète arabe, enseignant, journaliste et ex-ministre. Il a eu son CEP à l’école Saadia, à Mascate, et achève ses études secondaires, à Bagdad, en Irak (1938). De retour à  Oman, il devient enseignant à la même école (1943-1949). Puis, il émigre au Pakistan, avant le règne  du sultan Qabus ibn Said (1949-1950, au Bahreïn (1950-1959), qu’il quitte pour le Koweït,  à cause des tracasseries des autorités coloniales britanniques. Il revient à Abu Dhabi sur appel du Cheikh Zayed ben Sultan, comme conseiller responsable des relations extérieures, adjoint du chef de l’information, et de l’éducation. Il occupe ensuite les postes de ministre de l’information, des affaires sociales et du travail. Il est l’auteur de : Diwan Altaei, Recueil de Poésies Altaei (1970), etc. C’est ainsi que se profile la femme fatale dans le poème suivant :

   + O voisine :

«O voisine, notre visite on est guère loin
Pourtant je n’ai aucune  chance avec toi
O mon œil si l’aimé laisse voir ses traits
Que s’éteigne à mes flancs une flamme
Que ne lui dérobes-tu mes vives larmes
Certes par grande envie de lui  je fonds
Salut mes aimés d’un quartier banlieue
Puisse mon cœur d’un tel salut guérir.» 
 www.nizwa.com, p.1.
  
    2. L’image de la femme cruelle et la femme démon dans la poésie archaïque et moderne arabe aux VIe-XXe siècles :
   
    Quant à l’image de la femme cruelle et la femme démon, dans la poésie arabe archaïque et moderne aux VIe-XXe siècles, sont décrites par Julia Boscher et Maud Hascoet en ces termes : «Tout d’abord, la beauté est quelque chose ou quelqu’un digne d’admiration. […] Paul Verlaine (1844-1896) dresse le portrait d’une belle femme. […]Verlaine reprend [...] un groupe de "belles rêveuses" présentées comme cruelles [v. la femme cruelle]. Dans cette comédie de l'amour, la femme apparaît sous un aspect frivole et barbare [v. la femme démon.» - «Femmes en poésie», www.blog.ac-versailles.fr, p.1. D’où par exemples :
· En Arabie,  Samaw'al Ibn Adiya :

     Né en 550, à Médine, Samaw'al Ibn Adiya, de confession juive, est un poète arabe classique archaïque. D’une loyauté légendaire, en livrant à la mort son fils au lieu de céder les armes confiées à lui par Imrou'l Qays. Il résidait au château d'al-Ablaq, au sud-est de Tayma. Son poème ici est une réplique acerbe contre une femme cruelle et hautaine, qui l’a humilié en le  traitant  de fils d’une minorité non virile :
     Peu sont les hommes de dignité :

«Si homme ne tache de vilenie sa probité
Tout habit qu’il puisse porter serait beau
Et s’il ne puisse se déparer d’une injustice
Il n’y a guère d’accès à la bonne louange
Elle nous reproche d’être peu nombreux
Je lui dis peu sont les hommes de dignité
Nul tort en fait d’être peu si notre voisin
Est fier et le voisin des nombreux humilié
Occupent notre fort ceux qu’on avoisine
Tel que nulle vue n’en atteint le sommet

· En Arabie,  Antar Ibn Chaddad :

      Né en 525, en Arabie, et y est  mort en 615 Antar, ou Antara Ibn Chaddad el'Absi est un poète arabe préislamique du VIe siècle, fils de Chaddad, seigneur de la tribu des Banu 'Abs. Sa mère était une esclave abyssinienne, ce dont le mépris dont on l’a couvert jusqu’au jour où  son père lui demande de guerroyer une contre des tribus qui ayant agressé sa tribu, en le libérant. Il montre beaucoup d’héroïsme chevaleresque, ce qui lui permet d’aimer  séduire Abla, sa cousine, qui lui a été longtemps refusé à cause de sa peau noire. Il est l’auteur de : Mu'allaqa, Ode épique (collectée au milieu du VIIIe siècle), etc. Cet extrait de poème témoigne de la souffrance d’un amoureux torturé à mort par la passion d’une femme aimée inaccessible par son charme foudroyant et son rang social :                           
 
    Ton amour dans mes os avec mon sang :

«Ô, Abla ! mon amour pour toi dépassé les bornes
Et, de tous les humains, c’est moi qui souffre de toi
Ô, Abla !, ton amour est dans mes os et mon sang,
Quand mon âme a coulé dans mon corps, il coula
Ô , toi qui tiras sur mon cœur de l’arc de tes yeux
Des flèches assassines, difficilement guérissables
Si heureux à tes côtés est autant de paradis ornés
La flamme de ton éloignement est dévastateur.»

· En Irak,  Mohamed Al Maghout :

    Né en 1934, à As-Salamiya, et mort en 2006 à Damas, en Syrie, Mohammed al-Maghout est un poète, dramaturge, écrivain et scénariste syrien. Il est pionnier de la poésie arabe moderne,  en renouvelant les formes traditionnelles dans des textes où se mêlent violence, désespoir et ironie. Il est l’auteur de : Tristesse au clair de lune (1959), Une chambre aux millions de murs (1964), La joie n'est pas mon métier (1970), La  joie n'est pas mon métier (1992),  Le Bourreau des fleurs (2001), Ouest de Dieu (2004), Le Bédouin rouge (2006), etc.                                                                                                              

Le  poème est ici le cri d’un souffre douleur victime d’une femme cruelle, indifférente par son absence et son attitude sauvageonne à son égard :

   + O fleur chassée de sa forêt

«O fleur chassée de son bosquet
O tendre au cœur du printemps
Mon inoubliable amour à jamais
Tel un dépit la plaie d’Al Hussein
Mes aimées étaient toutes stars
Qui luisent un peu et s’effacent
Mais toi seule en est firmament
O toi palmier tout à fait humble
Viens partager mon endurance
Recenser dons titres et  faveurs
 Feuilles de laurier à ta cuisson
 Où étais-tu cependant passée?
L’espoir entre tes seins mirage?»
www.shamra.sy, p.1.

   3. L’image de la femme démon dans la poésie arabe archaïque et moderne aux VIIIe-XXe siècles :

   A propos de l’image de la femme démon dans la poésie arabe archaïque et moderne aux VIIIe-XXe siècles, Hannah Arendt remarque en général : «La description de ces types [de femmes] – [...] la femme- démon – constitue l’apport le plus fort et le plus original [...]. [v. Le problème de la femme dans le monde contemporain].» - in «Le problème de la femme dans le monde contemporain», www. persee.fr, p. 70.              D’où à titre d’exemples :
·  En Arabie,  Jamîl ibn Ma‘mar :

     Né vers 650, à Médine, en Arabie, et mort, fou d’amour en errance, en 701, en Égypte, Jamîl ibn Ma‘mar, dit Jamil Boutaïna (du nom de son  bienaimée), est un poète arabe classique archaïque préislamique. Martyr de son fol amour Boutaina, pour l’avoir chanté dans une de ses poésies, faute que la coutume punit par le refus de l’épouser. Il l’avait connue fillette, celle-ci mariée a été forcée d’épouser un autre que lui. Le gouverneur a permis de verser son sang, en cas de récidive. Il s’enfuit au Yémen et meurt en Égypte. Le poème ici reflète l’image de la femme démon dont le poète en possédé de son amour impossible sombre dans folie et l’errance jusqu’à la mort :

     + Pour toi prêt à mourir :

«Que les hommes versent mon sang
M’ayant trouvé pour toi prêt à mourir
Qui en me voyant arriver d’un sentier    
Ils disent : qui est-ce en m’identifiant
Ils me disent : Ohé! Sois le bienvenu!
Mais une fois vu seul m’auraient oxi
Si un jour Boutaina me mande scier
Ma main droite si chère main droite
Cédée à l’envoyé je lui dirai et puis

·  Au Liban,  Joumana Haddad : 
     
    Née Salloum, en 1970, à Beyrouth, Joumana Haddad est une écrivaine, oratrice et journaliste libanaise, militante pour les droits des femmes. Depuis 2014 elle est annuellement sélectionnée comme l’une des femmes arabes les plus influentes au monde par le magazine Arabian Business (2017), pour son engagement culturel et social. Elle a enseigné l'écriture créative et la poésie arabe moderne à l'université libano-américaine de Beyrouth (2012- 2016). Elle est l’auteure de : Invitation à un dîner secret (1998), Deux mains vouées à l’abîme (2000), Je n’ai pas assez péché (2003), Le Retour de Lilith (2004), La Panthère cachée à la naissance des épaules (2006), Géologie du Moi (2011), etc. Cet extrait d’un poème d’une poétesse arabe moderne, militante pour l’émancipation de la femme arabe, recourt à la femme mythique rebelle de la genèse biblique, Lilith, l’avant-Eve et la sosie de d’Adam, pour exprimer sa colère et exalter la force déchaînée de la femme-démon, indomptable par l’homme dont elle se joue sans vergogne:  

       + Commencement second :

«Lilith le péché pieux celle dont l’heure est venue
La poétesse des démons et la démone des poètes
Puisez-là des rêves arrondis comme la couleur bleue
Et ne vous en contentez point
www.awsa.be, p.1.


      II.  L’image de la femme dans la poésie arabe classique islamique du VIe au XIe siècle :

     Pourtant, pour appréhender l’image de la femme dans la poésie arabe classique islamique du VIe au XIe siècle, il est y a lieu d’y situer la place poético-historico-littéraire, dans l’Andalousie et en Orient arabes, avec  Karima El Jai en notant : «La poésie andalouse était le prolongement des littératures Omeyyade et Abbasside, mais à partir du XI siècle, les poètes se mirent à refléter la vie, le milieu et l’environnement andalous et se montrèrent créatifs. […].Le thème du chant amoureux occupe une place prépondérante dans cette poésie depuis ses origines. […] La femme occupait donc une grande place dans la poésie bédouine. La beauté féminine a été déjà chantée par les poètes arabes les plus anciens. […] Durant le califat de Ibn ‘Abi Talib, et à la période suivante, commença à fleurir soudain à la Mecque et à Médine un nouveau genre de poésie qui eut même la prépondérance sur les autres, les meilleurs poètes des villes du Hijàz n’en cultivèrent presque pas d’autre, […]. Ce nouveau genre est le ghazal [v. poésie galante]. […]  A l’époque Umayyade, le ghazal apparaît dans la région du Hidjâz. […], en lien avec la musique et le chant.  […] La poésie amoureuse fut particulièrement à l’honneur dans l’Espagne musulmane du V/XI siècle, ou de nombreux lettrés s’illustrèrent en ce domaine. […] Par ailleurs, la chasteté en amour, dans la poésie andalouse, n’est pas un thème nouveau.»,  www.tel.archives-ouvertes.fr , pp.6-42. D’où plus particulièrement :

    1. L’image de la femme frivole et de la femme matriarche dans la poésie arabe classique et islamique,  aux VII-XIe siècle :

   Par ailleurs, l’image de la femme frivole et de la femme matriarche dans la poésie arabe classique islamique,  aux VII-XIe siècle est caractéristique de la société arabe de l’époque en question, mais la dépasse également pour se retrouver encore de mise de nos jours, comme le souligne Marc-Alain Descamps, en ces termes : «Il est vrai que la matriarche [la femme matriat-pole]a toujours été plus indulgente pour ses fils, à qui elle passe tout, que pour ses filles. […] De même l’idéal féminin ne peut pas être celui de « superwoman » ou de la dirigeante politique à la Thatcher, mais il y a toujours eu des viragos et des gaillardes (Samuel, 1975). […] Dans le monde politique, les valeurs féminines vont opérer un changement intégral et opposé, car ce sont les femmes qui donnent la vie et la civilisation […].Bien entendu la société et la civilisation ont encore plus besoin de cette convergence. » - «Unir le masculin et le féminin », www.cairn.info, p.1.  D’où à titre d’exemples : 

· En Arabie,  Omar Ibn Abi Rabia :

      Né au milieu du VIe siècle, à la Mecque, actuelle Arabie, Omar Ibn Abi Rabia  est un poète arabe connu pour ses poésies amoureuses, dédiées toute sa vie à Thorayya, une jeune femme de l'aristocratie hedjazienne. Il fut l'un des concepteurs des poésies de "l'amour-passion". Libertin et raffiné, sans obscénité, il conte ses amours, vraies ou supposées,  avec des femmes bédouines ou aristocrates arabes locales. Il augure de la nouvelle poésie classique arabe de  l’époque islamique. En témoigne le poème érotique de la femme frivole quasi mondaine suivant :

      + Une nuit

«De la tribu de Nou’m tu t’en vas très bon matin
Le surlendemain ou de retour en plein demi-jour
Tu soupires pour Nou’m sans aucune union faite
Sans nul lien réel sans nul cœur faillant d’amour
Ô nuit à Dawaran qui m’a fait endurer une veille
Peu  fasse à l’amant d’aventure courir le danger
La lune voilée bergers virés les convives assoupis
Ravivé je suis la marche du serpent m’enroulant
De peur du péril du clan me met à se déambuler
Je la saluais surprise elle se ravise en sursautant
Elle faillit à un salut secret en répondre vive voix
Elle me dit en se mordant le doigt tort tu me fais
Et toi si bien connu et ton renom est pire encore
Si tu viens tourne bien les yeux vers un alter ego
A faire croire que l’amour est là où tu regardes
www.adab.com, p.1.

· En Andalousie-Séville, Muhammad Ibn Hani al-Andalus :

      Né en 938 à Séville, et y est mort, en 973, en Andalousie arabe, Muhammad ibn Hani al-Andalusi al-Azdi, appelé couramment,  Ibn Hani, était un poète arabe, ismaélien, particulier du calife fatimide al-Mu'izz (932-975). Ses poèmes servent la propagande des Fatimides contre les Abbassides et les Omeyyades d'Espagne. Il s’est installé à Elavera, d’où son surnom "poète al elaveri".                                                                                                                   Il est  assassiné, entre la Tunisie et l'Égypte, lors d’une compagne d’al-Mu'izz. Il est l’auteur d’un recueil de panégyries dédiées à la dynastie fatimide. Voici un de ses poèmes dédié à la l’apologie des mères, ou mariarches :
                                                                                                                                                                         
+  Apologie des mères :

«A nos mères la moitié de nos parentés
Lorsque le roi d’entre nous s’apparente
Soutiens de nos jours pendant la gloire
Et dignité de nos ancêtres en élévation
Ne les as-tu vues rivaliser face à  nous
Et nous battre et en percevoir le renom
Elles nous veillent à l’ombre des tentes
Et nous raniment à l’ombre des sabres
En s’en allant, elles sont ainsi nos ouïs
Nos vues dans les foyers des antilopes
Si j’en juge du point de vue des anciens
En ajustant bien les parts des humains
Je nommerai des femmes  des hommes
Et nommerai des hommes des femmes
Si elles étaient là pour parer aux périls
Tels leurs fils qui astreignent les cous
wwww.theses.univ-batna.dz , p.1.

    2. L’image de la femme frivole et la femme et la femme vertueuse, dans la poésie arabe classique islamique et moderne,  aux VII-XXe siècle :

    En ce qui concerne l’image de la femme frivole et la femme et la femme vertueuse, dans la poésie arabe classique islamique et moderne,  aux VII-XXe siècle, Madame de Rémusat (Claire Elisabeth Jeanne Gravier de Vergennes) indique raisonnablement : «A la vérité, la femme, aussi savamment formée à la vertu, portrait dans le ménage une certaine fermeté pour résister au mal ; mais cela déplaît-i tant au plus grand nombre des hommes ? […] Là où il y a du bonheur, l’humeur se conserve douce et sereine ; et mes jeunes filles pieuses, libres et justes, auraient  vraisemblablement commencé par être heureuses.  La résistance au mal, pratiquée avec douceur et bonne grâce n’a d’inconvéniens ni pour la société, ni pour les familles ni pour les ménages.  […] Une femme galante ou seulement coquette, peut facilement être la plus douce des épouses, mais une femme vertueuse seule peut être la plus soumise.» - «Essai sur l'éducation des femmes », www.books.google.co.ma , p.142. D’où alors :

· En Andalousie-Séville, Ahmed Ibn Zeydoun :

en 1003, à Cordoue, et mort en  1071, en Andalousie, Tandis que l’image de la femme chaste, chez le poète arabe andalou, Ahmed Ibn Zeydoun est  un poète andalous arabe,  célèbre pour sa poésie  dédiée chastement à la poétesse Wallada bint al-Mustakfi, la fille du dernier calife omeyyade de Cordoue, Muhammed III. Il est un temps emprisonné pour son activité politique, puis libéré par ibn Jahwar qui a chassé les omeyyades du trône. Il est nommé vizir, en effectuant plusieurs missions diplomatiques auprès des taïfas voisines. Mais, une embrouille l’amène à se réfugier chez Al-Mu`tadid Ibn Abbâd, émir de Séville. Là, il écrit le poème de sa dernière galanterie vertueuse à celle-ci :

     + Si la pleine lune s’inclinait vers nous :

«Si la pleine lune des ténèbres
s’inclinait amoureusement vers nous
de l’endroit où elle se lève, elle ne
 ferait pas changer notre désir.
Garde la promesse, même si nous
restons séparés. Pour moi, je me
contenterai du souvenir de l’image
de toi vue en rêve.
Dans ta réponse sera ma joie si tu
augmentes par elle les faveurs dont
tu as toujours pour moi été généreuse.
Et j’appelle sur toi le salut d’Allah,
 tant que durera ton amour que tu
 caches, même à moi… ».
 www.enti.ma, p.1.  

· En Egypte, Mohamed al-Shahawi :

      Né en 1940, à Aïn El Hayat kablya,  à Manshia el kubra, en En Egypte, Mohamed al-Shahawi est un
poète arabe égyptien. Il va à l’école coranique du village puis il rejoint l’Institut religieux, à Dassok. Son don poétique s’est manifesté précocement en puisant dans le patrimoine arabe. Il est l’auteur de : La révolution poétique (1962), J’ai dit à la poésie (1972), Un passager du déluge (1985), La fleur de leptus refuge d’émigrer (1992), Clartés de l’unicité (2000), Les provinces de la flamme et les miroirs du cœur vert (2001), Les affres du chanteur et de l’instrument à corde (2003), etc. Ce poème, La femme Exception, bien que écrit, en 1996, revoit à la femme vertueuse, rappelant l’époque de la révélation du saint Coran, au Prophète Mohammad, PSL  (571-732), plus encore aux prophètes Joseph : Zulikha, la femme de Putiphar (2160 à 1785 av. J.-C), Abraham, le Bienaimé de Dieu : Sara et Agar (2000 -1300 Av. J.-C) et Salomon : Balkis  (970 à 931 av. J.-C), PSE, liés à des femmes plus ou moins innocentes :
  
   + La femme Exception :

«C’est une femme.. elle n’a ses avances qu’au rêve..
Son héros.. seul que le rêve le partage
Je t’aime mon seigneur amour
O ce Bienaimé qui.. ne se lasse du bienaimé
C’est une femme.. et toutes les femmes
autres qu’elle ne sont que prétention
Elle a la mer avant Balkis trône
Et toutes les eaux esclaves..
Le reflux la quadrille avec appétit
Imbu d’amour de génération.. en génération
www.youm7.com , p.1.

   III. L’image de la femme matrimoniale dans la poésie classique et moderne arabe du XIXe au XXIe siècle:

   Certes, cette image de la femme matrimoniale dans la poésie classique et moderne arabe du  XIXe au XXIe siècle, trouve sa meilleure expression historico-littéraire, dans cette vue d’ensemble qu’en donne Régis Blachère, en ces termes : « Cette querelle s’annonce dès la fin du VIIe siècle. A ce moment, des isolés comme ‘Umar ibn Abî Rabî‘a (744-719), dans le Hedjaz, dédaignent les trois cadres que nous nommerons « classiques ». Ils détachent de la qaṣîda tripartite son prologue. Celui-ci devient pour eux un tout qui se suffit à lui-même et où l’on n’exprime plus des sentiments fictifs, mais une passion réelle pour un être réel (ce qui ne va point parfois sans inconvénient pour la sécurité du poète, dans une société où la femme cesse de participer ouvertement à la vie de l’homme). […] Par contrecoup, les trois cadres classiques (qaṣîda, satire, thrène) vont se modifier sensiblement sous l’influence du mouvement moderniste.  […] Après le xiiie siècle, c’est la nuit complète pour la poésie classique comme pour le reste. Il faudra attendre la seconde partie du xixe siècle pour rencontrer, dans le Proche-Orient, des hommes ayant su ranimer la vieille flamme en tentant d’engager la poésie arabe dans des voies nouvelles. […]  A l’époque contemporaine, la même constatation s’impose. » - «  Vue d’ensemble sur la poétique classique des Arabes »,  www.books.
openedition.org , pp.69-84. C’est ainsi qu’elle se présente l’image de la femme matrimoniale scolarisée chez Hafiz Ibrahim (1872-1932), de la femme matrimoniale occidentalisée chez Jamil Sidqi al-Zahawi (1863-1936), de la femme matrimoniale martyrisée chez  Maruf al Rusafi (1875-1945), de la femme matrimoniale à l’usine et au foyer, Elia Abu Madi (1890-1957), de la belle jeune femme idole immortalisée chez  Omar Abu Risha (1910-1990), de la femme-enfant abandonnée chez Mohamed El Haloui (1922-2004), à savoir en l’occurrence :
     1. L’image de la femme matrimoniale scolarisée dans la poésie arabe classique moderne,  aux XIXe-XXIe siècles :

     C’est alors que voit le jour l’image de la femme matrimoniale scolarisée, dont les partisans et défenseurs dans le monde arabe, se font légion, dont notamment :

·  En Egypte, Hafiz Ibrahim :

     Hafiz Ibrahim (1872-1932) est un poète arabe égyptien, surnommé le «Poète du Nile». Il fréquente l'Académie militaire d'Égypte et en sort sous-lieutenant en 1891. Il sert au Soudan sous les ordres d’Horatio Herbert Kitchener, pendant cinq ans. Il démissionne de l'armée, rentre au Caire, où il devient, directeur de la Bibliothèque nationale égyptienne (1911 à 1932). Il est avec Ahmed Chawki, surnommé « le Prince des poètes » partisan de l'une des deux écoles pour l’innovation de la poésie arabe, cofondateur de l'école néo-classique, moderniste. D’où son poème sur le bienfait de la scolarisation des filles :
 
+ La mère est une école : 

«La mère est une école en l’élevant 
Tu élèves un peuple de bases saines 
La mère tel un  jardin tenu et arrosé
De vertu verdit de tant de feuillages
La mère maître des anciens maîtres
Dont les faits bâtissent les horizons
Je ne dis laisser les dames dévoilées
Parmi  les hommes dans les marchés
Faire corvées  d’hommes alors oisifs
Par  devoirs les yeux fermés au jour
Soyez modérés sur les deux et justes
Le mal est à l’entrave et au débridé

· Au Maroc,  Souad Al Nasser :

     Née en 1959, à Tétouan, au Maroc,  Souad Al Nasser, surnommée « Um Salma» est une poétesse, écrivaine et chercheuse marocaine. Titulaire d’une licence, d’une maîtrise, puis d’un doctorat en littérature arabe moderne (1993), elle est l’auteure, depuis 1985, de : Rythmes au cœur du temps (1995), Appel pour une vie meilleure (2006), Ombres denses, essai (2007), etc. C’est ici un poème dédié à l’échange suggestif d’une proposition à tâtons d’une union conjugale : 

     + Une alouette :

«Une alouette a bâti du vers andalous un nid..
Elle a tissé de la verdure de ton cœur un pli..
Elle a élu des univers une lune..
Il a dit avec une grâce digne de la hauteur de l’étoile
Au sommet de son course :
Si tu es pour moi une lumière…
Je serai pour toi un parfum et une mélodie…
Les univers s’écrient : Grâce à Dieu le Très Haut
Grâce à Dieu qui a fait l’ascension
De deux âmes les gradins d’une telle ascension… » 

· Au Maroc,  Omar El-Bakkali :

    Né en 1944, à Tétouan, au Maroc,  Omar El-Bakkali est un poète et peintre marocain. Il y a fait ses études primaires et secondaires. Il a fait l école normale des instituteurs, à Casablanca et y a été affecté enseignant de langue arabe (1964), puis détaché administratif à la délégation régionale de l’éducation nationale (1977). Il a fit un vernissage à la Galerie Delacroix, à Tanger (1987), et ses poèmes  ont été mis en musique par nombre de chanteurs. Il est l’auteur du recueil : Bouquets  pastoraux (2010), etc. C’est l’aveu encourageant d’un engagement marital fidèle :

    + Soupçons :

«Ne perds pas la face ô Siham
Lève la tête fière et souveraine
Dissipe au pur horizon le chagrin
Remplis ta vie de rose de sourire
Moi ma promesse est bien tenue
Je défie le faux par engagement.»

· En Syrie,  Moustapha Sadek al-Rafi'i :

      Né en 1880, à Tanta, et mort en 1937, à El Kayloubiya, en Egypte, d’une famille d’origine syrienne, Moustapha Sadek al-Rafi'i est un poète syro-égyptien partisan de l’école des poètes conservateurs de la poésie classique arabe. Son père était juge en droit musulman dans plusieurs départements égyptiens dont la présidence du tribunal de Tanta. Sa mère d’origine syrienne comme son père était la fille du cheikh Toukhi, un négociant caravanier. Il est l’auteur de recueils : Visions, poésies (1908), Inspirations de la plume, articles et nouvelles (1934-1937) etc. Il s’agit là d’un poème matrimonial anti-intellectualiste visant à domestiquer une jeune femme savante :

    + Ton encre :

«Ton encre dans la bouche du temps est salive
et ton écriture dans tes deux mains est teinture
Te voilà  mes yeux inspire-toi de leur noirceur
et te voilà mon cœur innocent et ma jeunesse
Je vois par-dessus la plume une colombe
et vois sous ses ailes s’envoler un corbeau
Comme si tu vois dans l’écriture un intellect
alors que les feuilles du livre ne sont que nuage
Il te suffit en dignité les gens dire elle a procréé
Il te suffit en fierté que t’entretient une porte
Te voilà le cœur d’un époux enfants et père
Et de toi les gens du monde ont  un renfort
Je m’étonne que les femmes se masculinisent
Mais féminiser les hommes est l’étonnement

· En Arabie Saoudite,  Bandar ben Khalid ben Abdul-Aziz :

      Né en 1935 et mort en 2018, à Ryad, en Arabie Saoudite,  le  Prince Bandar ben Khalid ben Abdul-Aziz, fils aîné du roi Khaled (1975-1982), est un poète, connu sous au surnom «Al Muchaq». Il n’a jamais occupé de poste officiel, en dépit du règne de son père à la tête du pays, durant 7 ans. Il s’est consacré projets privés en tant qu’homme d’affaires, dans le domaine des entreprises et du bâtiment. Sa poésie est chantée par Mohamed Abdhuh. Il est l’auteur de : Ô fleurs des herbes,  Ô nuit qui réunit, Ô mon convive, Mes yeux chagrins, Tu as illuminé par ta venue le foyer, J’appelle Ô les miens… (2000-2010), etc. Il est question là d’un poème du repentir d’un prétendant qui se veut de bonne foi engagé :
 
   + Ô fleurs des herbes :

«Ô fleurs des herbes dans la rareté des pluies
Le jour où les ont survolées airs des nuées
Ô le semblable de la rose parmi la floraison
Ta vue éloigne de mon être la souffrance
De toutes les banches j’ai détourné la vue
Mon cœur se repent d’elles il se repent
De mon esprit ton éloignement n’advient
Même en t’éloignant ton spectre apparaît

     2. L’image de la femme émancipée dans la poésie arabe classique moderne,  aux XIXe-XXIe siècles :

    Néanmoins, l’image de la femme émancipée dans la poésie arabe classique moderne, aux XIXe-XXIe siècles n’est pas sans nuances, selon l’équipeFirdaous.com : «Les femmes ont parfois été des personnes qui combattaient pour l’indépendance de leur pays, et qui aident au même titre que les hommes. Elles furent aussi des travailleuses, qui après le départ du mari et des fils à telle ou telle guerre, étaient obligées de relever les manches pour travailler les terres. […] C’est à partir de 1920 à peu près, que l’émancipation des femmes a commencé à germer dans quelques esprits qui se sont attelés à la dure tache d’aider les femmes à sortir de l’ombre, à tenter d’avoir une vie plus décente, à exister tout simplement. […] Aujourd’hui, on peut dire sans avoir peur de se tromper, que même si les femmes n’ont toujours pas autant de droits et de facilités que les hommes, il en demeure pas moins qu’elles sont partout, qu’elles évoluent dans tous les domaines et qu’elles ont véritablement leur place dans le monde arabe.»  - «L’émancipation de la femme arabe », www.firdaous.com , p.1. D’où notamment :

·  En Irak, Jamil Sidqi al-Zahawi :

      Jamil Sidqi al-Zahawi (1863-1936)  est un poète kurde originaire de l’Irak, partisan de la poésie arabe classique et moderne,  aux XIXe-XXe siècles. Il  est disciple du courant réformiste musulman et franc-maçon, anti-wahhabiste.  Fils du mufti de Bagdad, parlant l'arabe, le turc et le persan, il est professeur de droit à Istanbul (1908), puis à  Bagdad, et député (1912-1917) et sénateur (1925-1929). Il est l’auteur de : Révolte en Enfer (1929), Le Livre des Otages (1979), Le recueil de la renaissance (1983), La glorification sincère (2014), etc. Son poème ici revendique pour la femme arabe l’émancipation de la femme occidentale, joignant dans sa vie son travail et son foyer de mère évoluée et d’épouse, à la fois égalitaire et conviviale avec son époux : 

   + En Occident où les femmes travaillent :
 
 «En Occident où les genres travaillent
L’homme n’est pas mieux que la femme
Partenaires ils sont fiers l’un de l’autre 
Compte l’un sur l’autre en cas de besoin
Chaque genre est insuffisant en soi seul  
La vie s’accomplit grâce aux deux genres
Un logis propre et des enfants épanouis
Telles des fleurs au jardin gambadant
Il la répudie ou c’est elle qui le répudie
Si  la haine et l’ennui alors  l’imposent

·  Au Maroc, Allal El Fassi :

   Né en 1910 à Fès, au Maroc, et décédé en 1974, Bucarest, en Roumanie, lors d'une mission officielle, Allal El Fassi est un leader politique du Parti l’Istiqlal, homme de lettres, réformateur novateur moderniste de l’Islam, depuis les années 1920. Il a fait ses études supérieures à l’Université Al Qaraouyine, de sa ville, où il a également enseigné. Il est l’auteur de notamment :  Parti : Parti de l'Istiqlal : Les mouvements de l’indépendance en Afrique du Nord Arabe (1948), L’autocritique (1952), un recueil de poésie, en 4 tomes, paru à titre posthume (1984), etc.

    + La femme :

«Instruisez-la et laissez-la libre tel l’homme
Il n’y a en cela que bienêtre et perfection
Créez l’école du peuple si vous voulez sa vie
Faites-en l’exemple de l’enfant le préservant
Elle est pour la nation une révélation parlante
Et elle est aux âmes une voie aux bienfaits
Instruisez la fille puisque dans son instruction
résident les chemins du salut
Eduquez la fille et donnez-lui toutes libertés
Libérez-la des chaines qui ne sont que honte
Nous ne serons libres si elle n’est pas libre

· Au Maroc, Malika Al-Assimi : 

     Née en 1946, à Marrakech, au Maroc, Malika Al-Assimi est poétesse, écrivaine et politicienne, membre actif du parti de l’Istiqlal. La même année, son père y a fondé l’école Al Fadila de jeunes filles qui a joué un rôle primordial dans la cité. Elle est l’auteure de : Ecritures hors des murs du monde (1988), Les voix d’une gorge morte (1989), Quelque chose ayant un nom (1997), La fille du porteur d'eau (2009), etc. Le poème est ici l’appel à l’émancipation de la femme parturiente martyre de l’abandon et de la solitude, par le recours à son imaginaire et à son chant libérateur de la prison de son corps prison :

       + Au début il y avait la femme :

«Quelle femme incarnes-tu
Mon corps en est à l’étroit,
Coupe le cordon ombilical
aux ciseaux d’or
Et place la première pierre
à une vie d’exode plus vile.
Erre aux contées du poème
Jaillis en idée débridée
Une mélopée gitane
Crée le rythme de l’écho
de ce vide.
Plane dans le ciel de
la métaphore
avec des ailes d’imagination
Et si leur clarté s’atténue
lave-les au lac du soleil
et illumine un inconnu
tapi derrière les nuages
du silence.»

     
     3. L’image de la femme matrimoniale martyre ou martyrisée dans la poésie arabe classique et moderne,  aux XIXe-XXe siècles :

    Du fait, l’image de la femme matrimoniale martyr et martyrisée dans la poésie arabe classique et  moderne dans,  aux XIXe-XXe siècles est la conséquence de l’évolution et de l’ouverture de l’intelligentzia arabe sur le monde moderne. Dalida Akoum avise à cet égard : «Dans la poésie, la femme est représentée comme un objet d'une dévotion amoureuse. Symbolisant l'amour maternel, la fécondité, et la vie éternelle, elle est comparée au soleil, à la pleine lune, aux étoiles et au paradis céleste. […] Par contre, dans la société, la femme est décrite comme épouse et mère. Parmi ses multiples fonctions figurent : l'assurance de la descendance mâle, l'occupation de l'éducation des enfants, la célébration de nombreuses fêtes familiales et la participation à la construction et a l'ameublement de sa maison. Différentes donc l'une de l'autre, la femme dans la poésie est une statue adorée; son image s'oppose a celle de la femme dans la société : mère exemplaire [v. martyre ou martyrisée].» - «La représentation de la femme dans la littérature arabe préislamique et dans ses sources», www.webcache.googleuser content.com , p.1. D’où :

· En Irak, Maruf al Rusafi :

       Maruf al Rusafi (1875-1945) est un poète arabe irakien. Il est considéré par beaucoup comme une figure controversée dans la littérature arabe de son pays pour avoir évoqué la liberté et l’opposition à l’archaïsme et à l’impérialisme colonial paupérisant. Cela lui a valu le surnom « le poète de la liberté et de la cause sociale». Il déclame, dans ce poème, la femme martyre, la veuve allaitante d’un défunt mari, réduite à la mendicité :

     + La veuve allaitante :

«Je l’ai vue que ne l’ai-je vue
Elle marche le besoin lie ses pas
En haillons et les pieds tout nus
Les larmes des yeux sur la joue
Pleurant misère les yeux rouges
Sa face à la pâleur de marguerite
Elle marche portant sa fille bébé
Au sein des bras gauche et droit
Mort celui qui l’abrite et assure
Le sort après l’a accablée en sus
La mort l’a huée le peu souffrir
·  En Palestine, Fadwa Touqan :

     Née en 1917, à Naplouse et y est morte en 2003, en Palestine, Fadwa Tuqan est une poétesse palestinienne célèbre dans tout le monde arabe,  surnommée la « Poétesse de la Palestine ». Elle est l'une des rares voix féminines de la poésie palestinienne. Elle est la sœur d’Ibrahim Touqan, Ahmad Toukan. Elle a étudié à l’Université d'Oxford. Elle est l’auteure de : Voyage montagneux (), Nuits maritimes quotidiennes (), etc.  Son poème ici est dédié à l’écolière palestinienne, Muntaha Hurany, la première martyre, après la guerre de 1967, abattue, sur le chemin de l’école, par l’armée  israélienne, en 1974:
  
      + Muntaha Hurany :
                                                   
                      «Chargée de  pollen
                        Accourt Muntaha
Et elle déclare que l’ancien parcours est fini
Et déclare que le nouveau parcours commence
   Ils n’ont point tué Muntaha ni crucifié
            Mais Muntaha est sortie
Suspendre les lunes de ses gaîtés au grand ciel
Et déclarer que l’ancien parcours est fini
Et déclarer que le nouveau parcours commence   
  «Ils n’ont point tué Muntaha ni crucifié
            Mais Muntaha est sortie
Suspendre les lunes de ses gaîtés au grand ciel
Et déclarer que l’ancien parcours est fini
Et déclarer que le nouveau parcours commence   

·   Au Liban, May Ziadé :

     Née en 1886, à Nazareth, en Palestine,  et morte en 1941, au Caire, en Egypte, May Ziadé, de son vrai nom Marie Ziadé est une poétesse, écrivaine, essayiste ; traductrice et journaliste libanaise, pionnière du féminisme oriental. Elle a étudié au collège Saint Joseph – Antoura, au Liban, et maîtrisait l’arabe, le français, l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le latin, le grec et l’assyrien. Elle est l’auteure de : Fleurs de Rêve (1910), Propos de jeune fille (1920), Humiliation et  rumeurs (1923), Egalité (1924), etc.

      + Les maux passent et les dénis s’alternent :

«Les maux passent et les défis alternent,
Mon  Dieu, comment peut-on bien vivre 
La fièvre des couches désaffecté  un père
Hélas que lamentation n’éteigne son feu
La fièvre des couches a affligé un époux
Il n’a eu de repos que malheur l’afflige  
La fièvre n’a nulle pitié pour Mohamed
Et ses pleurs saignent le cœur le fondent
O Fatim en te disant fatalement atteinte
Mon cœur ma vue fondent et s’écoulent
O toi tes yeux de biche qui s’étaient clos
Délice qu’ils étaient d’une ode érotique
Je n’ai cru qu’ils seraient mis sous terre
Fermés de force la vie est mensongère
Mohamed vis à ton père ta mère est là.»

· En Palestine, Mahmoud Darwich :
     Né en 1941, à Al-Birwah, en Palestine, et mort en 2008, à Houston, Mahmoud, aux USA, Darwich, est  un poète palestinien de renom. Il était le président de l'Union des écrivains palestiniens. Il est l’auteur de : Je ne veux pas à ce poème qu’il s’achève (1994), Pourquoi j’ai laissé le cheval solitaire (1995), Le lit d’exil (1999), Etat de siège (2002), Il est temps pour moi de revenir (2008), etc. C’est ici l’hymne à la femme et aux femmes des martyrs palestiniennes, elles-mêmes martyrisées par les forces d’occupation  israéliennes, par les armes et les geôles d’incarcération inhumaines :    
 
  + Je vais venir à l’ombre de tes yeux :

« Je vais venir à l’ombre de tes yeux
Je vais venir à l’ombre de tes yeux.. venir
Des tentes du temps lointain, et du brio des chaines
                                                                                                                                                 Tu es toutes les femmes dont
Tous les époux sont morts, et toutes les endeuillées
Tu es
Tu es les yeux qu’a fui le jour
Qu’est-ce qui m’enlève la peau.. et perce mes  os ?
Qu’est-ce qui fait du cœur une torpille?...
Que le chagrin des chaines quand il voit
Sa sœur.. sa mère.. son amour
Un jouet entre les mains des soldats
Alors il mord les chaines et vient
A la mort.. il vient
A l’ombre de tes yeux.. il vient.»
  
      4. L’image de la femme laborieuse  dans la poésie arabe classique et moderne,  aux XIXe-XXe siècles :

      Néanmoins,  l’image de la femme matrimoniale à l’usine et au foyer,  chez le poète américain d'origine libanaise, Elia Abu Madi (1890-1957), dans la poésie arabe classique moderne, aux XIXe-XXe siècles, est ici la vision d’un poète migrant de l’Orient arabe aux USA. A   l'âge de 11 ans, il  part  pour Alexandrie en Égypte, où il exerce le métier de commerçant dans un magasin de tabac. Pendant son temps libre, il écrit des poésies. Il émigre aux États-Unis en 1911, à Cincinnati avant d’aller, en 1916, à New York, pour se faire  journaliste,  la revue Mir'ât al-Gharb (« Miroir de l'Occident »), éditée par Najeeb Diab (en) - dont il épouse la fille. Il dirige la revue à partir de 1918. Il  S'exprime  dans une langue simple et une technique qui reste classique avec certaines libertés modernes. Il adhère, en 1920, à la Pen League et à (« Arrâbita al kalamia », « Ligue de la plume ») créée par Gibrân Khalîl Gibrân (1883-1931). En 1929, il crée son propre journal à Brooklyn, Assamîr (« The Entertainer »).  Il dénonce, dans ce poème, l’exploitation odieuse, au nom de l’argent, de la femme matrimoniale partagé entre l’usine et le foyer, par la société industrielle moderne, comme suit :      

   + La femme outil d’usine :

«Notez ô gens un scandale
Notez la femme avec les rebuts
Elle est marchandise porteuse
Marchandise ou outil d’usine
Pour de l’argent et ses idolâtres
La femme sue tel un chameau
Ils l’ont pliée à de viles tâches
Elle qui est faite pour le foyer
Ils n’ont guère en toi eu raison
Ni suivi la parole du Livre révélé
Ils se sont perdus en te perdant
Perdant la mère des lionceaux

·  En Egypte, Ali Mahmoud Taha :

Né en 1901, à Mansourah, et décédé en 1949, au Caire, Égypte, Ali Mahmud Taha était un poète romantique classique et moderne égyptien. Il porte plusieurs surnoms, dont : l'ingénieur et le marin perdu, etc. Il  était moins romantique qu'Ibrahim Nagi et Mohammad al-Hamshari. Il est l’auteur de : Le marin errant (1934), Âmes et spectres (1942), Orient Occident, Fleur et liqueur et Le chant des quatre vents (1943), Le désir est de retour (1945), etc. Il est question dans ce poème du destin d’une femme laborieuse comme chef d’Etat, Cléopâtre, et du risque fatal de ce métier   dans certains cas :

        Les nuits de Cléopâtre :
   
«O Cléopâtre! quel rêve sort de tes belles nuits
Il file les vagues chante et les deux rives chantent
     Tout cœur en frémit toute langue en chante
Voici la séduisante du monde et la belle des temps
Rêve d’une vierge appelée par sa passion un soir
Et elle a chanté d’une barque à l’image des poètes
Toi de mémoire tu revis souvenir et rêve des nuits
O fille du fleuve que clament les maîtres de l’irréel
 Ont souhaité y nager les maîtresses de la beauté
Ses vagues cantatrices férues de lumière d’ombre
www.adab.com , p.1. 



     5. L’image de la femme idole dans la poésie arabe classique et moderne,  aux XIXe-XXe siècles :

     Or, parler de l’image de la femme idole dans la poésie arabe classique et moderne,  au XIXe-XXe siècles revient sans doute à dire avec Julia Boscher et Maud Hascoet attestant : «Tout d’abord, la beauté est quelque chose ou quelqu’un digne d’admiration. […] En effet, le premier poème de notre anthologie, " Les Ingénus » de « Les Ingénus » de Paul Verlaine (1844-1896) dresse le portrait d’une belle femme. […]Verlaine reprend dans ce poème le même ton désabusé et désenchanté de l'amour à travers un groupe de "belles rêveuses" […]. Le dernier vers : « Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne », trahit chez Verlaine la nostalgie évidente de la femme idéale, complice, qu'il recherchera toute sa vie.» - «Anthologie : Femmes en Poésie», www.blog.ac-versailles.fr , p.1. D’où donc :
· En Syrie, Omar Abu Risha :

      Né en  1910, Manbij, près d’Alep. et mort, en 1990, en Syrie, Omar Abu Risha est un poète arabe classique et moderne syrien. Il a fait ses premières études en Syrie, avant d’aller à l’Université américaine de Beyrouth, au Liban, puis pour étudier la chimie industrielle, à l’Université de Manchester (1930). En 1932, il se livre entièrement à la poésie. Puis, il fait carrière dans la diplomatie, comme ambassadeur de son pays en Egypte, au Brésil, en Australie. Il est l’auteur de : Khatam-ul-Hub (La fin de l’amour, 1949), etc.
C’est ici un poème dédié à la beauté périssable de la femme idéale comparée à la beauté éternelle d’une statue de marbre que le poète souhaite par figement à cette dernière :  

     + Belle poupée de marbre :

«Belle voici une poupée ciselée en marbre
Venue au monde un être frivole désinvolte
Allant au cœur de l’éternité au dos des ans
On la scrute  amuï en rêveur interrogatif
L’œil mobile entre son charme et sa fixité
Son sculpteur y a illustré la beauté idéale
Il part et l’art de sa vue n’a ni crû ni mué
Belle cruels sont les aléas du temps ravisés
Que la vue ne meurt à ta mue : Pétrifie-toi!»
 www.facebook.com, p.1.

·  En Egypte, Abbas Mahmoud Al-Akkad :

        Né en 1889, à Assouan, et mort, en 1964, au Caire, en Egypte, Abbas Mahmoud Al-Akkad, , est un écrivain, poète et philosophe égyptien. Autodidacte de formation, il s'est doté d'une vaste culture   arabe et anglo-saxonne. Il a créé avec Ibrahim Abd El Kader El Mazzini  (1886-1949) une école de poésie innovante  Il est l’auteur de : Le deuxième homme (1913), Des heures parmi les livres (1914), Le veille du matin (1916), La clarté de midi (1917), Les fantômes du soir (1921), Chagrins de la nuit (1928), etc. Le poème consacre idéalement la poétesse May Ziadé, le jour de sa mort, vantant ses vertus morales et ses qualités intellectuelles de femme  libre du commun :

     + Où est May au forum ? :

«Où est May au forum O compagnons ?
Elle nous a habitués là à déceler le discours
Son trône est une tribune hautement vénéré
Répondant à l’appel à son appel répondons
Où est May au forum O compagnons ?
Interrogez l’élite parmi  la gente du club
Où est donc May ? Savez-vous où est May ?
Où se sont repliés ses astres ? Où disparus
Son doux discours son émouvante mélodie
Son front libéral et sa face éblouissante
Ses vertus éminentes bienséantes et pures
Son esprit perspicace et son opinion juste
Une intelligence brillante telle un météore
Une beauté sacrée sans y trouver à redire
Tout cela en terre ? O fi de cette terre

      6. L’image de la femme jeune fille abandonnée ou de la regrettée fillette dans la poésie arabe classique et moderne,  aux XXe-XXIe siècles :

     De toute façon, l’image de la femme jeune fille abandonnée ou regrettée fillette dans la poésie classique  et moderne arabe,  aux XXe-XXIe siècles est, selon Yara Abiakl , l’objet de débats au sein du monde arabe à l’ONU, en mars 2016 : «La Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie occidentale (Cesao), en collaboration avec la Ligue arabe, a clôturé hier sa conférence préparatoire pour la 60e conférence de l'Onu-femmes  […],  des représentants de onze pays arabes (le Liban, le Koweït, la Jordanie, le Soudan, la Palestine, la Syrie, le Maroc, l'Egypte, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye) ont évoqué la situation de la femme arabe […] et des divers obstacles sociaux qui entravent son émancipation dans cette région du monde. Lors d'une conférence de presse tenue au siège de la Cesao à l'issue de la séance de clôture de la conférence préparatoire, la directrice exécutive adjointe de l'Onu-femmes, Lakshmi Puri, a souligné que l'émancipation des femmes contribuera au développement durable.» - «Réunions préparatoires pour la conférence de l'Onu-femmes prévue à New York à la mi-mars.», www.Lorient lejour.com, p.1. Ainsi est-il de :

· Au Maroc, Mohamed El Haloui :

     Né en 1922, à Fès,  et mort en 2004, à Tétouan, Mohamed El Haloui  est un poète marocain de langue arabe, partisan de la forme classique et moderne. Lauréat de l'université Al Karawyine (1947), dans sa ville natale, il devient  enseignant du secondaire. Il est arrêté, en 1944, par les autorités françaises pour ses activités nationalistes. Il est l’auteur de : "Angham wa asdae" (chants et échos- 1965) et "Choumoue" (Cierges- 1970), etc.  Dans ce poème, il  incarne la vie d’une jeune fille orpheline de mère, vivant dans un logis isolée à la lisière des forêts, abandonnée par son père, dans la frayeur des dangers, pour aller rejoindre son amante :

     + Ô père je suis une fille :

 «Ô père je suis une fille comment
pourrais-je vivre seule sur une colline
comment survivre si je suis assaillie
des bois par une meute de fauves
Lutterais-je ou résisterais-je et y a-t-il
Près de moi qui répond à ma frayeur
tu m’as délaissée pour ta jeune amie
Sans tenir nul compte de ma perte
Ô ma mère où est ton affection en
cas de malheurs d’un cœur atterré.»  
 www.minculture.gov.ma , p.1.

·   En Irak, Nazik al-Mala'ika :

    Née en 1923, à Bagdad, en Irak, et décédée en 2007, au Caire, Nazik Al-Mala'ika était une poétesse irakienne, considérée comme une novatrice de la poésie arabe contemporaine. Elle y a fait ses études secondaires, puis l’l’Ecole normale des instituteurs (1944).  Elle est allé étudier l’anglais, le français et l’allemand aux USA et y obtient une licence en littérature comparée de l’Université de Wisconsin, puis une licence de la faculté des sciences de l’éducation, à Bagdad.  Elle est célèbre pour avoir été la première à écrire en vers libristes arabes. Elle est l’auteure de : L’amoureuse de la nuit (1947), Fragments de cendre (1949, Le creux de la vague (1957), L’arbre de la lune (1968), La mer change de couleurs (1970), Le drame de la vie et le chant de l’homme (1977), etc. C’est un poème relatant le drame d’une jeune fille mélomane, abandonnée, qui la nuit chante sa souffrance dans un val désert, témoin du secret de son cœur éploré :  

     + L’amoureuse de la nuit :

«O obscurité de la nuit o repli des maux des cœurs
Regarde ce fantôme  pâle d’une lividité évidente
Venu chercher sous tes rideaux en spectre  insu
Tenant à la main un luth chantant aux inconnus
Indifférent au silence de la nuit dans le val triste
C’est O nuit une fille dont le val a connu le secret
La nuit est survenue et lui a éveillé ses prunelles
Il y va et le val accueille les mélodies de sa peine
Que tes vues sachent ce que ses lèvres chantent
O nuit que saches-tu qu’elle est son espérance.»

·   En Arabie Saoudite, Mana Al Otaiba :

     Né en 1946, à Saeed Al Otaiba à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis,  Mana Al Otaiba est un poète homme d'affaires abu dahabien et ex-ministre du pétrole et des ressources minérales des Émirats arabes unis, sous la présidence du cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan. Il est docteur en littérature arabe sur le thème « Le discours de l’arabité dans la poésie arabe », de l’Université Mohamed Ben Abdellah, à Fès, au Maroc.  Il est l’auteur de plus de 33 recueils poétiques en dialecte et en arabe classique, dont le plus célèbre est : Al Masira (La marche, 2000), etc. Le poème interpelle Bachayer, la fillette du poète, morte en bas âge, en y  resituant la scène de son premier échange verbal avec elle, debout au bord de sa tombe :

     + L’amoureuse de la nuit :

«Bachayer mon cœur t’appelle réponds
Ne me laisse pas dans un hideux silence
Je suis venu pour te voir dire
comme d’habitude papa
mon amour mon amour
Bachayer réponds ne se laisse
qu’une fois
Et dis je t’aime papa et disparais


    En conclusion, il serait loisible, au bout de ce cours bref parcours revisitant  «L’image de la femme dans la poésie archaïque islamique classique et moderne arabe d’Orient et d’Occident du VIe au XXIe siècle», à travers :          L’image de la femme dans la poésie arabe classique archaïque du VIe au VIIIe siècle » (I), «L’image de la femme dans la poésie arabe classique islamique du VIe au XIe siècle » (II), « L’image de la femme dans la poésie arabe classique moderne du XIXe au XXIe siècle «  (III), de redire avec Henda Zaghouani-Dhaouadi : « On ignore exactement à quelle époque remonte la poésie [v. l’image de la femme arabe] préislamique, mais on considère toutefois, suite aux études anciennes et modernes, qu’elle date de la fin du Ve siècle de J.C et début du VIe, environ cent ans avant l’arrivée de l’Islam. […] La littérature arabe classique a été poétique [porteuse de l’image de la femme arabe], dans son essence, depuis l’époque archaïque et jusqu’au XXe siècle. […] Le thème de l’amour est souvent traversé par d’autres variétés construites sur des clichés et des thèmes secondaires mais très récurrents comme l’écoulement fatal du temps..., les souffrances, les regrets où l’amour est un appel sans réponse, une suite de déceptions. » -  « Le cadre littéraire et historique des Mu‘allaqât et de la poésie arabe préislamique», Op.cit., pp.1-18

                                                                                      Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED