LA TRANSCULTURALITÉ LITTERAIRE
ET SAVANTE ACTIVE
ENTRE LES DEUX RIVES DE LA MEDITERRANÉE
"La transculturalité littéraire et
savante active entre les deux rives de la Méditerranée", est à parier avec
Paul Balta et Thierry Fabre, non pour une réappropriation transculturelle
littéraire active d'un passé, mais pour un avenir d'échanges transculturels des
possibles entre les sociétés des deux rives de la Méditerranée retrouvée.
"Pour décrire les dominantes culturelles possibles en Méditerranée d'ici
l'an 2020, écrit Mustapha Naïmi, Paul
Balta et Thierry Fabre signent une étude intitulée 'Cultures et
représentations'. C'est à travers les confrontations de tout ordre que les
socles culturels traditionnels peuvent être distingués. Carrefour d'échanges,
la Méditerranée est la mer de tous les métissages, tous les syncrétismes."
– "La Méditerranée inquiète, Ed Aube, 1993", in "Maroc
Europe", Ed. La Porte, N°4, 1993, p.280. Pour garantir ce pari, il y a
lieu de dévoiler le profond ancrage transculturel littéraire active, encore
vivace, entre les deux rives de la mer Méditerranée. Cela pourrait être
pratiquement appréhendé historiquement à travers les œuvres de la littérature à
la fois philosophique, populaires, savante et fictive des âges classiques et
des temps modernes. Cela pourrait être articulé comme suit :
I. La
transculturalité littéraire active des âges classiques entre les deux rives de
la Méditerranée :
Il est à
souligner d'emblée que la transculturalité littéraire active des âges classiques
entre les deux rives de la Méditerranée est le fait d'une coexistence
culturelle comme l'affirme R.P. Chenu en ces termes : "Une fois de plus,
pour observer et qualifier la coexistence culturelle dont nous avons décrit les
ressources humaines, arrêtons-nous avec complaisance devant l'un des faits
majeurs, devant un grand événement de l'ère de la civilisation que nous avons
choisie comme terrain d'observation." – "La coexistence culturelle de
la civilisation arabe maghrébine et de la civilisation occidentale au Moyen
Age", in "Confluent", n°14, Juin-Juillet 1961, p.366. Il
s'agit plus précisément de déceler l'articulation pivot de l'héritage arabo-gréco-latin
des âges classiques antique et chrétien, dont témoignent notamment :
1. La
transculturalité littéraire active de l'âge classique antique dans la
littérature philosophique entre les deux rives de la Méditerranée :
En fait, tel
que le montre Sigrid Hunke, la transculturalité littéraire active de l'âge
classique antique entre les deux rives de la Méditerranée est historiquement
repérable chez les auteurs philosophique antiques des deux rives en rappelant
que :
* "Al
Kindi (mort en 873), compatriote d'Ibn al-Haïtham dont en aucun point la
renommée n'éclipsa la sienne, se livra également à maintes études
scientifiques. Sous le nom d'Alkindus, il fut considéré comme 'le
philosophe des Arabes'. Au nombre de ses deux cents soixante-cinq ouvrages,
consacrés à toutes les disciplines scientifiques, figure un traité sur la
rétrogradation des planètes, cette très ancienne énigme de l'astronomie sur
laquelle les Grecs s'étaient tous cassés les dents." – "Le soleil
d'Allah brille sur l'Occident", Ed. Albin Michel, 1963, p.100.
* "Ibn
Badcha (Avempace) [dit Saragone : 1050-1138], le philosophe de
Saragosse donne le signal de la révolte et suscite un désir d'explication 'plus
naturelle' des phénomènes célestes, désir qui se transmettra à travers trois
générations de savants. La lutte entre deux conceptions, celle d'Aristote et
celle de Ptolémée, menée au nom d'Aristote par les disciples d'Avempace [Ibn
Baja] : Ibn Toufaïl (Abubacer), Ibn Rouchd (Averroès) et Al-Bitroudchi
(Alpetragus), cette lutte se poursuit aux XIIIe et XIVe siècles
en France, en Allemagne et en Angleterre. Mettant en lice des combattants tels
qu'Albert le Grand, Thomas d'Aquin, Roger Bacon, Jean Buridan et Dietrich de
Freiberg, elle ébranlera fortement les esprits à travers tout l'Occident."
– Op.cit., pp.101-102.
* "Al
Ghazzali [Algazel : 1058-1111], maître en tasawwuf, indique R.P.
Chenu, cherchait [selon le mode des sophistes grecs] l'équilibre entre
l'expérience et 'l'intelligence' de la foi, l'accord de la foi et de la raison,
dans une espèce de sublimation de l'esprit analogue à l'expérience prophétique.
Dressé contre le pharisaïsme des fuqha de son temps, il exaltait
l'intelligence, mais sous l'emprise totale de la lumière reçue de Dieu. Ce qui
l'amena à se dresser contre les 'philosophes', contre les philosophes du kalam,
destructeurs à son avis de la vivification de l'esprit. Il composa un ouvrage
contre eux : Destruction de la philosophie.
Mais voici qu’au
Maghreb [v. en Andalousie], contre ce grand docteur se dresse à son tour Ibn
Roschd [Averroès : 1126-1198] dont nous avons vu s'engager le destin
et la puissance. Ce lecteur et interprète d'Aristote ne peut consentir à
pareille 'mystique' de l'intelligence, à une conception de l'homme où
l'émanation de la lumière divine semble ruiner les méthodes de la raison, la
valeur de la science, la connaissance du monde dans ses causes, l'autonomie de
l'esprit. Ibn Roschd riposte violemment à Ghazzali dans son ouvrage : Destruction
de la destruction des philosophes. Querelle des des Tahafot (=
destruction).
Or, il s'est
produit ce fait sensationnel, dans le
sol le plus profond de la coexistence culturelle de la pensée arabe et de la
philosophie occidentale : c'est la prise de position d’Ibn Roschd qui va, sinon
déterminer, du moins alimenter la plus dure crise philosophique et religieuse
de la Chrétienté [en Europe]. Et cela à deux reprises : au XIIIe
siècle d'abord, à l'Université de Paris, alors centre animateur et régulateur
de l'Eglise, où Thomas d'Aquin se trouva à la fois compromis par Averroès et
dressé contre les Averroïstes latins, discuté par son collègue et ami
Bonaventure; puis au XVe siècle, au cours de la Renaissance
italienne, où l'école de Padoue [en Italie] explicita, en doctrine et en
méthode, l'œuvre du maître arabe. Ainsi se fit-il que l'entrée d'Aristote en
Occident, sa double entrée, est solidaire d'une double entrée d'Ibn Roschd
polarisant toutes les énergies dans cet éveil de la raison en Chrétienté, éveil
suscité dans les deux cas au cœur même d'une renaissance évangélique, tout
comme, chez les Musulmans, l'éveil de la raison se fait dialectiquement au
cours de la renaissance religieuse." - "La coexistence culturelle de
la civilisation arabe maghrébine et de la civilisation occidentale au Moyen
Age", in "Confluent", Op.cit., p.367.
On peut
observer parallèlement dans la transculturalité littéraire active de l'âge
classique antique populaire et savante ce qui suit :
2. La
transculturalité littéraire active de l'âge classique antique dans la
littérature antique savante entre les deux rives de la Méditerranée :
A propos de la littérature
antique savante transculturelle entre les deux rives de la Méditerranée, M.
Naïmi rappelle : "En Europe, tout au long de ces siècles [médiévaux]
domine la barbarie. Il faut attendre le règne de Charlemagne [742-814] pour voir
s'amorcer une évolution (…). L'Occident médiéval prend conscience, autour de
l'an mille, qu'il ne dispose ni des concepts ni des instruments indispensables
à son développement. Il va donc aller les chercher là où ils se trouvent, dans
le monde musulman, en commençant par celui qui est à proximité : Sicile,
Maghreb, Andalousie." - "La Méditerranée réinventée. Réalités
et espoirs Sous la direction de Paul Balta", in "Maroc Europe",
Op.cit., p.286. On pourrait citer, suivant S. Hunke dans ce sens :
* "Ainsi, grâce à leurs
traductions, les érudits arabes préservent de la disparition un grand nombre
d'ouvrages anciens que sans eux la postérité [européenne] n'aurait jamais
connus, entre autres livres d'anatomie de Galien [v. 131-201], les
ouvrages de mécanique et de mathématiques de Héron [1er
siècle apr. J.-C.], Philon [v.20 Av. J.-C.] et Ménélaüs, l'optique
de Ptolémée [v. 90-168], un ouvrage d'Euclide [IVe
-IIIe siècles Av. J.-C.] sur l'équilibre, d'Archimède
[287-212 Av. J.-C.] sur la clepsydre et les corps flottants. Le grand
mathématicien et médecin Thabit ben Qourra [835-900 Apr. J.-C.], le plus
réputé des élèves de Hounaïn [IXe siècle] qui sont plus de
quatre-vingt-dix, sauve de l'oubli trois ouvrages d'Apollonius [262-180
Av. J.-C.] sur les sections coniques." - "Le soleil d'Allah brille
sur l'Occident", Op.cit., p.234.
* "A l'école arabe, d'élève Frédéric
[II] est passé maître, relève également S. Hunke. Alors que la
Renaissance [XVIe siècle] se cramponnera obstinément aux autorités
du siècle [littérature savante antique gréco-latine], Frédéric n'a pas
plutôt appris à marcher qu'il se débarrasse de ses béquilles (…). C'est comme
tel qu'il inaugure toute une lignée de penseurs qui, à l'écart de la
scolastique, de l'humanisme et de d'une réforme [XVe siècle]
opiniâtrement cramponnée aux autorités annonce les temps modernes (…). Deux
chemins mènent directement de l'Orient au 'Docteur admirable' anglais [Roger
Bacon : 1214-1294]. Le premier passe à travers deux Anglo-Saxons, Athelhart
de Bath, qui voyagea beaucoup en Orient et traduisit des ouvrages de
mathématiques arabes, et le professeur d'optique arabe de Bacon : Robert
Grossetête. Le second passage à travers son maître français Pierre
Maricourt, 'le croisé' qui avait rapporté d'Orient un compte rendu des
travaux arabes sur le compas et le magnétisme. Parallèlement à ces chemins, un
large pont conduit au grand Anglo-Saxon à travers la cour de Sicile et son
compatriote Michel Scotus. C'est dans la Sicile des Normands et de Frédéric
[II : 1194-1250] qu'est né l'Occident moderne dont l'esprit arabe fut
l'accoucheur." – Op.cit., pp.301-303.
De là, il serait
possible d'étendre ce bref tour d'horizon à une exploration similaire de la
transculturalité littéraire active de la
littérature antique populaire entre les deux rives de la mer Méditerranée.
3. La
transculturalité littéraire active de l'âge classique antique dans la
littérature antique populaire entre les deux rives de la Méditerranée
:
Attestant
de la transculturalité littéraire active de l'âge classique antique populaire
entre les deux rives de la Méditerranée, I. Hunke remarque à cet égard : "Quant
aux juifs, ils ne sont ni les derniers ni les moindres intermédiaires. Qu'ils
soient marchands [littérature populaire], érudits ou médecins, ils [les Arabes
musulmans] rapportent en Occident les fruits de la science et de la littérature
arabes et prennent une large part à l'œuvre de traduction entreprise à Tolède
ainsi qu'à sa diffusion. C'est par tous ces canaux qu'un grand nombre de récits
arabes parviennent en Occident où, sous un nouveau travesti, ils apparaissent
dans les contes, légendes et ballades [‘Arud al balad] d'Europe (…). Au cours
de l'expansion islamique, à travers deux, trois et quatre générations, une
partie de l'Aquitaine et surtout de la Provence a été occupée par les Arabes,
et leur domination y a laissé des traces." - "Le soleil d'Allah
brille sur l'Occident", Op.cit., p.377. Citons, à propos de la littérature
populaire antique trans-méditerranéenne à
titre par exemple :
* "Ouraj
bnu Inaq" (Longues jambe fils de long cou) est le conte populaire
ancien marocain d'un bébé qui vite se fait homme géant et s'érige en défenseur
de sa cité contre les envahisseurs à coups de troncs d’arbres arrachés et de
rochers soulevés à tour de bras. Mais en contrepartie, ses parents et les
habitants de la ville doivent à grands frais entretenir son gigantesque estomac
en y mettant tous leurs réserves en denrées alimentaires et en tissus aidés des
agriculteurs et maîtres artisans pour lui façonner vêtements coiffes et chaussons
à sa taille. Des armées d’éboueurs doivent à tour de rôle et nettoyer les
environs des immondices qu’il délaisse et qui bouchent les artères de la ville,
dès qu'ils cessent de subvenir à ses énormes besoins. Ceci finit épuiser leurs
ressources, au point que ces parents lui ordonnent de quitter le pays. On
raconte qu’il est-il parti par monts et vallées pour finir ses jours dans une
contrée inconnue où il finit ses jours à vivre de la chasse et la pêche de la cueillette.
On ne l’avait plus jamais revu depuis ce jour – in Littérature orale populaire
marocaine. C'est en quelque sorte une parodie du mythe d’Hercule chez les Grecs
dont l’une de ses colonnes (ou Djbel Musa) se situent à Ben Yunach, près de
Tanger, dominant la seconde de l’autre côté du détroit de Gibraltar.
* Ce récit
ressemble curieusement par son héros gigantesque au roman de François Rabelais
(1383-1552), "Gargantua" (1535). Il s'inspire pour l'écrire de
quelques Almanachs [littérature orale populaire] et de deux ou trois
brochures (littérature populaire antique),
selon F. Brunetière et M. Pellisson. Le géant gargantua, comme Ould Inaqa, livre bataille herculéenne à ses ennemis en
rasant leur Château de Vede. En témoigne cet extrait du conte rabelaisien : "Adoncques
monta Gargantua sus sa grande jument,… Et trouvant en son chemin un hault et
grand arbre (lequel communément on nommoit l'Arbre de Sainct Martin, pource
qu'ainsi estoit creu un bourdon que jadis Sainct Martin y planta), dist : «Voicy
ce qu'il me falloit. Cest arbre me servira de bourdon et de lance». El
l'arrachit facilement de terre, et en osta les rameaux, et le para pour son
plaisir...
Gargantua,
venu à l'endroict du bys de Vede, feut advisé par Eudemon que dedans le
chasteau estoit quelques restes des ennemys, pour laquelle chose sçavoir
Gargantua s'escria tant qu'il peut : «Estez vous là, où n'y estez pas? Si vous
y estez, n'y soyez plus; si n'y estez, je n'ay que dire» (…). Ponocrates
l'adivisa que n'estoient aultres mouches que les coups d'artillerie que l'on
tiroit du château. Alors chocqua de son grand arbre contre le chasteau. Par ce
moyen feurent tous rompuz et mis en pièces ceulx qui estoient en icelluy."
– "Morceaux choisis du XVIe eu XIXe siècles", Ed. Librairie
Delagrave, 1922, pp.11-12.
* "L'histoire de du roi Seif du Leisel",
roman anonyme populaire et épique antique arabe remonte par les faits évoqués relatifs
au prophète Abraham (XIXe av. J.-C.), légende dont les périples et les
aventures du héros Seif du Leisel, élevé par une gazelle, après avoir été
abandonné dans les bois par sa mère régicide et reine du pays par la suite. Il participe tant au monde céleste (par le biais
de prophète Khadir…), au monde des démons qu'à celui des hommes, avec l'aide de
créatures démoniques (‘Aqisa, Aïrud, les magiciens Sqardis et Sqardiun…), dans
la traversée magique et fulgurante des
lieux, dans ses guerres saintes avec pour alliés et adversaires d’autres rois
incrédules, des magiciens et des chevaliers sabéens, dans le but de sauver des
vies ou la récupération d'objets sacrés et miraculeux, jusqu’au triomphe final
des stratagème de sa mère et la récupération du son trône paternel. – www.annales.univ-mosta.dz , p.2.
Cela
rappelle paradoxalement le roman breton des Chevaliers de la Table ronde de
Chrétien de Troyes (1130-1180), "Perceval" (1189). Il conte
les aventures de Perceval, élevé comme un sauvageon dans les bois par sa mère,
qui veut le tenir à l'écart du risque des tournois et des combats de la
chevalerie. Un jour cependant Perceval voit passer dans la forêt des chevaliers
du roi Arthur. A leur suite, il se rend à la cour du roi Arthur. Il accomplit
des exploits. Il reçoit l'instruction de la courtoisie. Puis, il part à
l'aventure. Arrêté au bord d'une rivière, Perceval y voit un pécheur qui
l'invite chez lui. Il s'engage sur la route indiquée, mais n'aperçoit nulle
habitation. Soudain se dresse devant lui la haute tour d'un château : il passe
le pont-levis; des serviteurs s'empressent autour de lui et le mènent dans une
salle somptueuse où l'accueille un vieillard infirme [v. le prophète Khadir de
du Liezel, ci-dessus], celui qui tout à l'heure péchait. Le lendemain,
lorsqu'il s'éveille, le château est désert. Il franchit le pont-levis et entre
dans la forêt et rencontre une jeune fille qui s'étonne de le voir frais et
dispos, alors qu'il n'existe pas de château dans ce lieu. A la réponse de
Perceval, elle comprend qu'il a été reçu chez le roi Pécheur et a vu la Lance
qui saigne et le Graal [La survie du Christ]. – "Moyen-Age",
Ed. Magnard, 1954, pp.80-84.
* "Dib Lgartit kaygatatha a’la dyab
kulha" (Le loup à la queue coupée coupe celles de tous les loups),
conte populaire ancien marocain appartenant à la série animale ayant pour héros
des animaux pour l'instruction des enfants, des hommes et des princes. Dans
celui-ci, le loup affamé s'était laissé aller sur la trace des hommes braconniers
pour leur voler le gibier qu'ils attrapaient dans leurs pièges. Mais par
mégarde, il se fait prendre la queue dans un piège. Il avait beau tirer dessus,
le piège tenait ferme. Tandis qu'il essayait de se tirer d'affaire sans mal, le
braconnier arrive sur les lieux. Le loup pour sauver, tira tellement fort qu'il
se coupe la queue et s'enfuit. Il était devenu reconnaissable parmi les loups
et lieu de tous les soupçons. Pour échapper à cette marque infâmante, celui-ci organise
le tournoi du loup le plus fort. Il attache solidement les loups de son clan
par la queue à un arbre géant, car le plus fort sera celui qui se détache la
queue le premier. Mais au lieu de suivre la règle du concours, il se mit à
crier : «Les braconniers! Les braconniers!». Pour s'échapper, ils avaient eu tous
la queue coupée comme lui. De la sorte, le loup à la queue s’était lavé de tout
soupçon.
* Le conte
analogue médiéval occidental, du loup à la queue tranchée, héros du "le
Roman de Renart", est inspiré de l'ouverture d'immenses débouchés
commerciaux du côté de l'Orient par les Croisades. On lui impute aussi pour
origine les fables latines de Phèdre (15e-5e
siècles, Av. J.-C.), Esope (VIIe -VIe siècle Av.
J.-C.), ou l'indien ou persan Piplay (Baïdaba), arabisé par le persan islamisé
Ibn al-Moqafae (mort vers le milieu du VIIIe siècle). De la
branche III du roman, on peut citer en vieux français par analogie : "Renart
voit, sur la route, une voiture chargée de poissons. Il contrefait le mort et
les marchands, tout joyeux, chargent le cadavre pour en vendre la peau. Le
goupil se gave de harengs, se passe autour du corps trois colliers d'anguilles
et tire sa révérence aux marchands ébaudis.
Rentré chez
lui, il prépare une succulente friture quand frappe à la porte de son castel
Ysengrin le loup, affamé comme toujours : attiré par l'odeur, il vient quêter
pitance. Mais il faut, pour être admis au festin, qu'Ysengrin entre au
préalable dans la confrérie de moines à laquelle appartient maintenant Renart
(…). Fort en colère, Ysengrin se résigne pourtant à passer la «nuit d'épreuve»
qui doit marquer la fin du noviciat. Ysengrin [le loup] et Renart, cheminant de
concert, arrivent auprès d'un vivier dont l'eau est gelée. Qu'Ysengrin s'attache
un seau d'eau à la queue: on fera passer
le seau par un trou qu'ont ménagé dans la glace les bergers pour faire boire
les troupeaux – au matin, dit Renart, le seau sera plein de poissons. Ysengrin
s'accroupit, le seau à la queue et Renart le regarde goguenard : «son groin
entre ses pieds». Au matin, l'eau a
gelé. Ysengrin est prisonnier. Des chasseurs surviennent et Renart détale.
Ysengrin par maladresse d'un des chasseurs, a la queue tranchée net et
s'échappe en hurlant, jurant bien qu'il tirera vengeance de Renart." - "Moyen-Age",
Op.cit., pp.105, 109.
C’est aussi
le cas de la littérature active des temps modernes transculturels entre les deux rives de la
Méditerranée.
II. La transculturalité littéraire active
des temps modernes entre les deux rives de la Méditerranée :
Il est à
remarquer avec I. Hunke que malgré les vicissitudes de l'histoire la
transculturalité littéraire active des temps modernes entre les deux rives de
la Méditerranée s'ancre profondément dans son héritage arabe en constatant :
"Deux siècles durant, les Arabes resserrent si fortement leur étau autour
de l'Italie que celle-ci semble bien destinée à partager le sort de l'Espagne. Après
la Sicile, appelés à l'aide par Naples et les comtes Bénévent, ils occupent
l'Apulie et la Calabre, menacent Rome et même la puissante Venise. En dépit de
certaines vicissitudes, ils demeurent jusqu'en 915 les maîtres de l'Italie du
Sud. Entre-temps toutes les îles de la Méditerranée occidentale étant passées
sous la domination arabe, la Méditerranée elle-même est devenue une mer arabe,
à l'exception de sa partie orientale où Byzance maintient sa souveraineté."
– Op.cit., p.213. Cela se préfigure à précisément travers :
1. La
transculturalité littéraire active des temps modernes dans la littérature
philosophique entre les deux rives de la Méditerranée :
On saisit
plus particulièrement la transculturalité littéraire active des temps modernes
dans la littérature philosophique entre les deux rives de la Méditerranée, à
travers cette notion des temps modernes, définie par Marcel Braunschvig en ces
termes : "Depuis la Renaissance et la Pléiade [XVIe siècle] la
croyance à la supériorité des anciens était comme un dogme dans notre
littérature [européenne]. Mais vers la fin du XVIIe siècle une
réaction se produit contre cette admiration superstitieuse du passé : c'est la
Querelle des anciens et des modernes (…). Mais (…) il y a eu au XVIIe
siècle des attaques isolées contre les anciens : cette opposition à l'antiquité
se rencontre soit chez des philosophes [v. Descartes, Pascal…] qui, posant la
question du progrès, en viennent à mettre en doute la supériorité jusque-là
incontestée des anciens; soit chez des littérateurs qui, pour des raisons
d'esthétique et de morale, revendiquent le droit d'employer dans leurs œuvres
le merveilleux chrétiens [en Occident] au lieu du merveilleux païen [v. arabe]…"
– "NOTRE LITTERATURE étudiée DANS LES TEXTES I, DES ORIGINES A LA FIN DU XVIIe SIECLE",
Ed. Lib. A. Colin, 1962, pp.808-809. Voyons ainsi :
* "Le doute méthodique"
chez le philosophe Al Ghazzali (1058-1111) est nommé ainsi parce
qu'il ne s'arrête pas au doute en soi, mais parce qu'il a été trouvé à
l'origine par ce dernier pour servir de point d'appui en vue d’atteindre la
certitude, c'est-à-dire qu'il constitue un procédé transitoire à travers lequel
nous orientons vers la vérité, la vérité certaine non partielle –
"Achchaku al minhajiu min al imam Ghazzali ila dikart", www.dahsha.com , p.1. Mais il conclut, selon
R.P. Chenu, à la vérité mystique projetée par Dieu dans son cœur [l’égo]. "Ghazzali,
maître en tasawuf (soufisme), écrit-il, cherchait l'équilibre de
l'expérience religieuse et de 'l'intelligence' de la foi, l'accord de la foi et
de la raison. Ce qui l'amena à se dresser aussi contre les 'philosophes',
contre les théologiens du kalam, destructeurs à son avis de la
vivification de l'esprit [dupe du
recours à la connaissance incertaines des sens, de la raison ou des dogmes]. - "La
coexistence culturelle de la civilisation arabe maghrébine et de la
civilisation occidentale au Moyen Age", in "Confluent",
Ibid.
* "Le
doute méthodique" chez le philosophe Descartes (1596-1650) est
défini dans le "Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et
chercher la vérité dans les sciences, II" (1637).
"…Descartes après avoir mis systématiquement et provisoirement en doute
toutes les opinions reçues jusque-là dans son esprit [connaissance incertaine
des sens, de la raison et des dogmes], note M. Braunschvig, (à l'exception
cependant des opinions religieuses, politiques et morales), essaye de
reconstruire l'édifice de sa vie intellectuelle, en s'appuyant sur la première
proposition certaine qu'il rencontre [le cogito/ le moi] : «Je pense, donc je
suis.» - "NOTRE LITTERATURE étudiée DANS LES TEXTES I, DES
ORIGINES A LA FIN DU XVIIe SIECLE", Op.cit., pp.518.
* Geber,
Djâbir ibn Hayyan (721-825) appuyant le groupe religieux Ikhwan
as-Safa (IXe siècle) et Blaise Pascal (1623-1662) le groupe religieux
de Port Royal (XVIIe siècle) montrent la transculturalité philosophique
active moderne entre les deux rive de la méditerranée. En effet, "les Rasâla'il
al-Ikhwan al-afâ' (Les Épîtres des frères de la pureté), indique un
article de Wikipédia, sont composées de cinquante deux épîtres (…) incluant (Al-Risâla
al-jâmi'a) (…).
Les auteurs [de ces épîtres] vivaient à
Bassora en Irak et étaient liés à la da'wa shî'ite ismaélienne. C'est dans
cette période complexe pré-fâtimide que Jâbir ibn Hayyân [721-825] (…) a
écrit de nombreux traités [farcie d'une propagande ismaélienne incorporée des
épîtres] sur l'alchimie et la science mystique (…). Les Ikhwan al-Safâ' sont
restés un groupe anonyme, mais quand on a demandé à Abû Hayyân al-Tawhîdî
de les identifier, il a énuméré certains d'entre eux : Abû Sulaymân
al-Bustî, Älî b. Hârûn al-Zanajânî, Muhammad al-Nahrajûrî …– "Ikhwan
al-Safa". Ils développent leurs épîtres des thèmes liés à l'homme en tant
que microcosme, le développement des âmes dans le corps, la limite de
connaissance, la mort, le plaisir, l'intelligence et l'intelligible, la
résurrection, l'appel à Dieu, la hiérarchie, la politique, etc. – "Ikhwan
as-Safa",www.wikipedia.org, p.1; "Le
soleil d'Allah brille sur l'Occident", Op.cit., p.199.
* Blaise
Pascal [1623-1662], entré à Port-Royal [foyer des jansénistes partisans
de la prédestination de l'homme voué, dès sa naissance, au salut ou à la
damnation, en lutte contre les jésuites partisans de la grâce suffisante de
l'homme doué, en naissant, d'une volonté humaine dans l'œuvre du salut], en
janvier 1655, selon M. Braunchvig, il ne tarde pas à être mêlé à la lutte. Le
Grand Arnault [membre janséniste du groupe de Port-Royal] écrit, le 24
février et le 10 juillet, ses deux Lettres à un duc et pair (le duc de
Luynes), pour protester contre le refus des sacrements par le curé de
Saint-Sulpice au duc de Liancourt, simplement coupable de faire élever
sa petite-fille à Port-Royal. A la suite de ces lettres Arnault est
exclu de la Faculté de Théologie (janvier 1656). C'est alors pour soumettre le
cas à l'opinion publique, il [Arnault] prie Pascal d'intervenir (…).
Et Pascal
compose, du 23 janvier 1656 au 24 mars 1657, ses dix-huit Provinciales ou
Lettres écrites par Louis de Montalte [Blaise Pascal lui-même] à un
provincial de ses amis et aux RP. PP. Jésuites sur le sujet de la morale
et de la politique de ces pères. Le miracle de la sainte Épine, le 24 mars
1656, soutint l'énergie de Port-Royal, qui crut y voir la preuve que Dieu se
prononçait en sa faveur. L'ouvrage de Pascal, condamné par le pape et par la
Sorbonne, lacéré et brûlé par Arrêté du Conseil d'État, n'en fut pas moins un
grand succès pour la cause janséniste et un rude coup porté aux jésuites. De
plus, Pascal traite comme Jâbir et Ikhwna al-Safa, dans les
Pensées, de la place de l'homme dans le monde, de la vérité, du bien et du
mal ou du bonheur, de l'imagination, de la raison, du divertissement, des
prophéties, de l'intelligence, de la grâce, de la volonté, de la croyance, de
Dieu…" - "NOTRE LITTERATURE étudiée DANS LES TEXTES I, DES
ORIGINES A LA FIN DU
XVIIe SIECLE", Op.cit., pp.574-586. Ainsi est-il de la
littérature savante entre les deux rives de la Méditerranée :
2. La
transculturalité littéraire active des temps modernes dans la littérature savante
entre les deux rives de la Méditerranée :
Pour souligner la transculturalité
littéraire active des temps modernes dans la littérature savante entre les deux
rives de la Méditerranée, S. Hunke remarque notamment : "Depuis trois
siècles, les Arabes fournissaient en manuels toutes les universités d'Europe.
Les incomparables biens spirituels d'un ennemi qui, bien que militairement
vaincu [depuis 1492], n'en restait pas moins profondément admiré n'exerçaient-ils
pas plus que jamais leur attrait, et ceci bien que l'aveu d'une trop vive
sympathie risquât d'être dangereuse?" - Op.cit., pp.156. On relève dans ce
sens notamment par exemple :
* "Le
chirurgien andalou Abou-Qasim (mort en 1013), écrit-elle, n'enrichit-il
pas considérablement la médecine par sa description de l'hémophilie dont il a
observé plusieurs cas dans une même famille? Sept cents avant Percivall Pott
(1713-1788), il poursuit des recherches sur la tuberculose des vertèbres,
maladie qui parut plus tard, sous le nom de mal de Pott, perpétuera la
mémoire du savant anglais. En plus de ses nombreuses innovations en matière de
chirurgie générale (cautérisation des plaies, destruction des calculs de la
vésicule, dissections et vivisection), il contribue largement au développement
de la gynécologie, spécialité que les Grecs avaient laissé stagner, et cela
grâce à de nouvelles méthodes et de nouveaux instruments. – Op.cit. p.164.
Il [Abou-Qasim]
invente également de nouveaux procédés de manipulation et d'intervention
obstétricales destinés à donner au fœtus une présentation normale. Il est le
premier à recommander pour l'accouchement une position à laquelle Soranus
comme ses prédécesseurs s'étaient fortement opposés et que l'on nomme
aujourd'hui la «position Walcher» du nom d'un gynécologue de Stuttgart
(1856-1935) : allongement sur le dos, jambes écartées et surélevées. Il la
recommande d'ailleurs pour toute intervention obstétricale (..).Il enseigne le
traitement des malformations de la bouche et de la mâchoire (…). Quant à la
ligature des artères qui fit la renommée du grand chirurgien français Ambroise
Paré (1517-1590), le premier dit-on à l'avoir entreprise en 1552, en
réalité Abou-Qasim l'effectuait déjà six cents ans plus tôt dans les cas
d'amputation, ouvrant de ce fait à cette opération une ère de progrès
considérables. – Op.cit., pp.164-165.
* Son
professeur [de Michel Servet : 1511-1553] d'Anatomie, Sylvius,
compose en 1545 un commentaire aux ouvrages de Rhases (…) [854-925]. Entre
1486 et 1542, seulement paraissent cinq éditions complètes du Contens [al
Hawi], la volumineuse œuvre maîtresse de Rhases, pourtant si onéreuse,
sans compter de nombreux tirages de certains extraits de l'ouvrage. Son Traité
sur la variole et la rougeole est imprimé plus de quarante fois entre 1498
et 1866 : voilà donc un ouvrage qui a réussi à retenir l'attention et la faveur
des érudits un millénaire durant! Aujourd'hui encore [en 1963], il est
considéré comme un classique.
A vrai dire, sur le plan de
l'expérience chimique personnelle, Roger Bacon [1214-1294] L'influence
directe des Arabes sur la pharmacopée occidentale survécut à l'humanisme et à
la Renaissance [XVIe siècle]. Elle poursuivit son action jusqu'au XIXe siècle.
En 1758 parut une nouvelle édition d'une partie de l'ouvrage de pharmacologie
d'Ibn al-Baïtar (…) [1197-1249].
En 1830, les nouvelles pharmacopées européennes continuaient encore à puiser
aux sources arabes. En 1832, parut une nouvelle édition du manuscrit
arabo-persan de l'Arménien Mechithar, datant du XIIe siècle." –
Op.cit., pp.206-207. - "Le soleil d'Allah brille sur l'Occident",
Op.cit., p.191.
3. La transculturalité littéraire active
des temps modernes dans la littérature de fiction entre les deux rives
de la Méditerranée :
Concernant la transculturalité littéraire
active des temps modernes dans la littérature de fiction entre les deux rives
de la Méditerranée, il siérait d'évoquer avec S. Hunke l'amour de pure fiction
du troubadour provençal imitant l'amour sincère du poète arabe originel :
"Il y a néanmoins une différence essentielle : ce qui chez les Arabes est
sincérement et profondément ressenti n'est en Occident qu'une mode. Lorsqu'un
troubadour provençal proclame que rien ne pourrait le rendre plus heureux que
d'être «le serviteur et l'esclave obéissent et soumis» de sa dame, que d'être
«entièrement en son pouvoir», si elle voulait seulement daigner «l'accepter pour esclave», il sacrifie à une fiction
purement poétique [imitation factice], une nouvelle forme de galanterie
dénuée d'authenticité qui vise seulement à décrire le plaisir d'un jeu mondain
auquel s'adonne le chevalier et sa dame." - "Le soleil d'Allah
brille sur l'Occident", Op.cit., p.371. Il en est-t-il de même de :
* "La saison poétique en enfer d'Abu al Ala' al Ma'ari (995-1081)
et Dante d'Alighieri (1265-1321), comme furent des exemples éloquents de cette
transculturalité littéraire active des temps modernes dans la littérature de
fiction entre les deux rives de la Méditerranée. Dans "Risalatu al-Ghufrän"
(l'Épitre) al Maâri expose ses opinions critiques littéraires. Il y
dicte en réplique à l'un de ses contemporains, Ali ben Mansour al Halabi,
surnommé ibn al Qarih, une épître composée de deux parties : la première
narre le voyage céleste d'ibn al Qarih au paradis et en enfer; la
seconde la réplique d'al Maâri à ibn al Qarih. Il expose dans
l'épître des questions linguistiques, des confrontations entre les poètes
défunts : al Aâchâ (530-629), al Nâbigha Djaâdî, Qaïs ben Abdallah, Imru'u al Qaïs (m. en
540), Abû Nawas (762-813). Il campe Djaâdi jugeant al Aâchâ
: "T'infatues-tu car des ignorants te comptent le quatrième des quatre grands
poètes arabes? Tes électeurs ont menti. Je suis plus prolifique que toi, plus
entreprenant, ayant atteint un nombre de vers que nul arabe n'a atteints avant
moi." – "Al Adabu wa al Nusûs, V", Maktabatu al Rachad,
1971, p.136-141.
Quant à l'italien Dante
d'Alighieri (1265-1321), a par la suite écrit la Divine comédie
(la Commedia : en1555) sous forme d'un poème en témoignage de la
civilisation médiévale, en s'inspirant du sanglant conflit qu'il a lui-même
vécu en Italie entre les Guelfes (Guelfi) et les Gibelins
(Ghebellini) (1125-1300). Il se réfère à l'Éneide à l'Apocalypse de Paul
comme récit de voyage, selon Wikipédia, non à un contemporain immédiat
arabe al Maâri, passé sous silence, sur la rive Sud méditerranéenne. Le
poème est divisé en trois parties : inferno (l'Enfer), Purgatorio (le
Purgatorio), et Paradisio (le Paradis). Le poète narre un voyage à travers
les trois règnes supraterrestres qui le conduira jusqu'à la vision médiéval du
monde. Dante, selon Philippe Sollers, insiste sur l'exception qui
permet de dévoiler la règle (Virgile – poète latin rencontré), dans l'Éneide, fait de même : Énée était conduit
aux enfers par la Sibylle (organe signifiant), et Dante précise que le langage
de Virgile est la clef de son pouvoir
sur le monde d'en-bas (…). Outre Virgile son guide, il y rencontre les poètes :
Stace (45-96 Apr. J.-C.), Cavalcanti (1225-1300) et Béatrice [1265-1290]
(langue latine/ langue italienne). "C'est peu dire, en effet, ajoute
Sollers, que de constater l'appel constant de la Comédie au lecteur (…)
: «O toi qui lis tu entendras un jeu nouveau»/ de l'enfer." – "Divine
Comédie", www.wikipédia.org,
pp.1-2; "L'écriture et l'expérience des limites", Ed. du
Seuil, 1968, pp.17, 33, 38.
* De "Haï ibn Yaqdan" d'Ibn
Tofaïl (m. en 1185) à "Robinson Crusoé" de Daniel Defoe
(660-1731) ou l'homme à l'état de nature. Dans le récit utopique "Haï
ibn Yaqdan", Ibn Tofaïl conte la vie d'un enfant nommé Haï ibn Yaqdan
(le Vivant fils l’éveillé) qui grandit seul sur une île, symbolisant l'homme en
rapport avec l'univers et la religion. Sa naissance demeure une énigme,
mais la version la plus répandue est
qu'il l'enfant de la sœur du roi de l'une des îles indiennes et d'un de ses
parent nommé Yaqdan, le fruit d'un mariage secret interdit par le roi. A sa
naissance, elle met l'enfant dans une boîte et le jette à la mer. La boîte
dérive sur le rivage de l'île environnante d'al Waqwaq. Une antilope ayant
perdu son petit entend ses pleurs et l'allaite et l'adopte. A sept ans celle-ci
meurt et en la disséquant, il découvre le sens de la vie et de mort, la diversité
des êtres, le feu, l'espace, l'âme et le corps, pour aboutir à la foi en Dieu.
Le conte conclut à la compatibilité entre la raison et la foi englobant des
opinions philosophiques et mystiques dans le texte. – " Haï ibn Yaqdan",
www.wikipédia, p.1.
* De la même
manière, le roman "Robinson Crusoé" (1719) de l'anglais Daniel
Defoe (660-1731) raconte la vie et les aventures étranges de Robinson
Crusoé, un marin qui allait vivre 28 ans sur une île déserte. Robinson
quitte York, en 1659, en Angleterre pour naviguer, contre la volonté de ses
parents qui voulaient qu'il devienne avocat. Le navire arraisonné par les
pirates de Salé (les fameux Sallee Rovers) et Crusoé devient l'esclave
d'un Maure. Il parvient à s'échapper sur un bateau et se fait sauver par un
navire portugais sur la côte ouest de l'Afrique. Il devient propriétaire d'une
plantation au Brésil. Lors d'une expédition partie à la recherche des esclaves
africains, il est naufragé par la tempête sur la côte de l'Amérique du Sud,
près de l'embouchure du grand fleuve Orénoque. Il est le seul survivant avec
quelques outils et armes récupérés dans l'épave. Il réussit à survivre grâce à
sa créativité, ses découvertes et son ingéniosité. A la visite des cannibales à
l'île Désespoir, il adopte et instruit un de leur prisonnier évadé, qu'il nomme
Vendredi. 28 ans plus tard, il est sauvé par un navire anglais, en
prenant le contrôle d'une mutinerie à bord et retourne en Angleterre – "Robinson
Crusoé", www.wikipédia.org,
p.1.
En conclusion à ce bref panorama de
"la transculturalité littéraire et savante active entre les deux rives de
la Méditerranée", des littératures philosophiques, savantes, populaires et
de fiction, des âges classiques aux temps modernes, il siérait alors à notre
sens de poser la pierre angulaire des échanges universitaires autour ces deux rives
ouvertes sur le passé, le présent et l'avenir de cette communauté
méditerranéenne antique et moderne que nous appelons de tous nos vœux
aujourd'hui, en avisant avec M. Naïmi dans cette perspective : "Intense
entre Européens, la coopération universitaire est fort limitée au Sud et entre
les deux rives. Que faire? Ces thèmes, rarement abordés, sont traités par
Salvino Busuttil, coordinateur du plan d'action pour la Méditerranée, depuis
1991, ancien directeur de l'Unesco (1977-1987), puis directeur de la Fondation
pour les études internationales (Malte). Son étude intitulée "Vers un
projet Averroès des universités" insiste sur le droit des universités
méditerranéennes d'exercer une influence décisive des sociétés vivant sur les
deux rives [de la Méditerranée]." - "La Méditerranée réinventée,
in "Maroc Europe", Op.cit., p.292.
Dr. SOSSE ALAOUI
MOHAMMED