Dr. SOSSE ALAOUI
MOHAMMED
PETITE ANTHOLOGIE
DES POÉTSSES MAGRHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE
Tétouan
2013
PRÉFACE
Le Maghreb, synonyme du Maroc actuel, recouvre politiquement, de nos
jours, plusieurs Etats souverains : Le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, la
Tunisie et la Libye. A cet égard, notre «Petite anthologie des poétesses
maghrébines au XXe siècle», ne se veut ni éclectiques ni suffisante, mais
tout simplement indicative. C’est sur le net que nous avons croisé les
poétesses ici représentées, sans nul souci critique ou politique. Notre guide
en cela a été l’envie d’un témoignage du genre et d’une volonté panoramique
encore à faire, mais dont l’embryon est ici semé pour un futur aux mille
avatars représentatif de ces pléiades de ces poétesses souvent méconnues,
victimes d’oppression, allant jusqu’au suicide, ou au silence total ou le voile
de l’anonymat.
La censure séculaire est souvent et
encore à leurs trousses selon les pays maghrébins, marquée par la coutume
régnante et le degré de modernisme adopté par les élites locales de chacune de
leurs sociétés. Cela est manifeste dans notre quête souvent vaine à propos de
leurs biographies ou de leurs poésies. Il serait injuste à nos yeux de les
taxer de victimes de préjugés, vu l’histoire sociopolitiques de la patrie de
chacune d’entre elles. Rigorisme ou libéralisme d’un côté et antiquité ou naissance
récente de leurs entités sociopolitiques peuvent être à l’origine de la
présence manifeste ou de l’absence, voire de la figuration, jusqu’à une date
récente de leurs identités et/ou de leurs productions littéraires.
Rescapées, dirions-nous, d’un naufrage historique, encore de rigueur,
ces poétesses, connues ou méconnues, sont pour nous des voix qui, par degré et
selon chacun des pays maghrébins, interpellent leurs communautés et le monde
pour faire connaître leurs contributions au progrès de leurs sociétés à la l’évolution
de la vie des hommes et des femmes du monde contemporain. Que les extraits de
leurs arts poétiques, ici recueillis, fassent témoignage de leurs intimes pensées
et de leurs talents reconnus, méconnus ou tout simplement publiés sous couvert
de pseudonymes ou d’anonymat.
L’auteur
PREMIÈRE PARTIE
MAROC
POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE
Malika Al Asmi
Souad Tawd
Wafa Lamrani
Aïcha Al Basri
Amal Lakhdar
Ouidad Benmoussa
MALIKA AL ASMI
Malika Ahmed Al Asmi, née en 1946, à Marrakech, est une poétesse
marocaine de langue arabe, directrice d’un lycée, professeur à la Faculté des Lettres de l’Université
Mohamed V, à l’Université Qâdî Ayyad, professeur chercheur à l’Institut de
Recherche Scientifique de Rabat et vice-président du maire de la ville de
Marrakech. Elle est directrice du journal et de la revue «Al Ikhtiyyar»
(Le Choix). Elle a publié «Kitâbâtun khârija Aswâr al Alam » (Ecritures
hors des murs du monde, 1987), «Aswâtu Hunjuratin mayyita» (Cris d’un
gosier mort, (1989), «Chaïun lahu Ism» (Une chose qui a nom, 1997), «Dimâu
ach-Chumûs» (Les sangs des soleils», 2000), «Al Marâtu wa Ichkâliyyatu
ad-Dimuqrâtiyya » (La femme et la problématique démocratique». De sa
verve ailée ce poème :
«Un acte non signé»
«Un acte non signé
L’attente se prolonge
La surprise n’a pas eu
lieu
Le mur du parc s’élève
Ô ma nuit
***
Si le cachet se
retourne
Sur mes lèvres je vire
de voie
J’aurais écrit
Ma dernière lettre de
torture
***
Si j’imprime tels codes
en cartes
Si j’étais signée tels
des actes
Si une touche légère
ronde
D’un cachet rond essuie
mes lèvres
J’y aurais souscrit un
engagement
Que ne les touche le
tact de l’air
Frisson d’oiseaux secouant
leurs plumes
Le matin
Je serais mille fois
morte
Avant d’être aux fers du
friseur de canne
J’aurais brisé anneaux
pensées et or
Et crié à l’ouï du
temps
Par amour et torture
Suçant ce que j’ai de
jeunesse
J’aurais rompu les
codes
Elevé mille enceintes
mille murailles
Sous mon nez et issue
via l’équateur
J’aurais expiré d’un
coup et péri
Pliant mon bonheur en
moi
Embarquée sur les
vaisseaux lointains
Portée par des chevaux et aigles ailés
Vers les côtes de
l’imaginaire
A l’île de la lumière
aux bois ombragés
SOUAD TAWD
La poétesse marocaine de langue arabe, Souad
Tawd est née, le 5 mai 1952, à Ksar El Kébir. Elle est professeur de sciences
physiques au lycée Mohammadi, de sa ville natale, depuis 1973, puis au lycée Al
Mansur Dhahbi jusqu’à septembre 2004. Elle est présidente de «l’Association
Al Anoir» et titulaire d’un DES en philosophie générale de la Faculté des
Lettres de l’Université Mohamed V de Rabat. Elle publie deux recueils intitulés
«Dhillu ghamâma» (L’ombre d’une nuée» et «Kimiyâu damî»
(L’achimie de mon sang). Comme exemple de sa poésie, citons cet extrait :
Dans l’or du soir
«Dans l’or du soir,
Pleine d’envie
J’enfouis mon élan,
Je pare mon tapis du ton des ceux,
Si j’avais une lueur de la face lunaire
D’une fleur en deuil de son parfum
Je compose cette ode,
Lorsque votre est mis à prix
Lorsque l’air est mis à prix
Quand les vents du nord abattent
Les panneaux de signalisation
Sur une voie
De rossignols en retour
A leurs quartiers
J’ai chanté mes tristes récits,
Pleurent les jardins de menthe,
Dansent les rives du Loukos,
Et le peuplier relève ses branches
Lorsque tombe la nuit
Et se rendent vers elle».
WAFA LAMRANI
Wafa
Lamrani, poétesse marocaine de langue arabe, est née en 1960, à Ksar El Kébir,
au Nord du Maroc. Elle obtient une licence, en 1982, et un DES de la Faculté
des Lettres et Sciences humaines de Rabat. Elle publie des recueils poétiques
dont : «Ankhâb» (Anthologie), à Rabat, en 1991, dans les éditions
de l’Union des Ecrivains du Maroc (UEM), «Azzaman Al Maghribi» (Le Temps
marocain), «Anîn Al Aalî» (La complainte des hauteurs), Ed. Dar Al
Adab, Beyrouth, 1992 ; «Fitnatu al Aqâsî » (Fascination des
lointains), «Haiyyatu laka» (J’ai préparé pour toi», Ed. Arrabita,
Casablanca, 2002.
La fascination des lointains
«Relâchée dans ce flot primitif verdoyant
Assiégée par les prairies nocturnes
Et par une limpidité ailée
Soudain
Mes pieds m’éclairent…
La graine germe près des ondes de rares sensations
Jaillit luxuriance et fertilité
C’est cela la
rose des lointains
Alerte mon ardeur
Taquine ma solitude
Attisant mon incendie dormant résiduel
A moi la transparence la sève la luminescence
Et tous les univers… à moi
Violette nocturne, onde, palpitation
Et des matinées s’écoulant sur l’âge
Sans
préavis
Ce qui me possède, je l’ignore
Moins ce que je désire ce qui se doit
Mon appartenance, absolument,
Ce qui convient à mon accueil
De l’orifice de la rébellion
J’ai nourri ma mémoire
Du haut de l’aveu
Profondément
Est hémorragie profonde mon alphabet
Et j’ai de l’arbre du soleil un embrasement
AÏCHA AL BASRI
Aïcha Al Basri est une poétesse marocaine de langue arabe,
née en 1960. En 1981, elle obtient une licence en littérature arabe, de l’Université
Mohamed V, à Rabat. Elle est membre de la Maison de la Poésie et de l’Union des
Ecrivains du Maroc. Sa poésie est traduite en français, en espagnol, en
catalan, en anglais, en turc, en suédois, et en d’autres langues. Elle évoque
dans un poème érotique :
Mèche d’amour
«Mèche d’amour
Deux coupes vides
Restes de repas à
table
Mèche de cierge sur le
drap rouge
Mégots de cigarettes
s’étendant dans le cendrier
Boucle perdue
cherchant son sosie dans les plis de la couverture
… Mèche de cheveux
brodant le blanc de l’oreiller
Les yeux de l’aube se
rétrécissant sur deux corps endormis
***
Deux coupes vides
Deux oiseaux becquetant
la vitre de la fenêtre
Le son de la luge
s’attarde,
… L’odeur du café
N’était la timidité
Nous aurions bu la
liqueur de la nuit dernière,
N’était la pudeur
La nudité des deux
corps aurait porté
Des ailes pour un vol
de nuit
***
Deux coupes vides
… Deux corps rutilants
La lumière du jour
balaie ce qui est tombé
L’avant-veille sur le
tapis
La chatte des voisins
se faufile dans la chambre,
Réveillera-elle cette
orgie
Ou la laissera-t-elle
savourer
Le plaisir de la
veille».
AMAL AL AKHDAR
Amal Lakhdar, née le 11 octobre 1967, à
Ksar El Kébir, est professeur de lycée, titulaire d’un DES de littérature
classique arabe de la Faculté des Lettres de Tétouan. Elle publie depuis la fin
des années 1980. Elle est la fondatrice de l’Association «Al Imtidâd Al
Adabiyya» dans sa ville natale et membre l’UEM. De ses œuvres poétiques «Baqâya
kalam » (Restes de mots, Ksar El Kébir, 1995), «Achbahu bî» (Plus
semblable à moi, Rabat, 2012). De sa poésie, citons ces extraits :
Dans mon œil ou dans le monde cette
percée
«Les visions me blessent
Mes pleurs coulent de sang bleu
Une percée lointaine
Une exhortation terrible
Une chute effrayante
Le monde se suspend à mes yeux
Je ne puis l’en empêcher
Il ne peut chuter que de moi
Le monde est léger
Il écorche mon corps
Il s’interpose à mes pas
La sueur se
mêle à la salive
Il me saisit… je le saisi
Mes mains tremblent
Le monde est mon égo».
Les chevaux de l’Apocalypse arrivent
«N’ouvrez pas les
fenêtres…
Dehors… des choses,
Sans noms
Survolent des trous d’air.
Les arbres lui
cambrent leur stature
Le soleil… se replie
sur lui-même…
Sa lumière l’aveugle
Et recule frappé de
myopie.
Dehors…
La poussière
s’anthropomorphise,
Pourlèche les
bâtiments… les trottoirs
Le lierre grimpant…
Le petit café au bout
de l’avenue.
N’ouvrez pas les
fenêtres…
WIDAD BENMOUSSA
La poétesse marocaine de langue arabe, Widad
Benmoussa est née en 1969, à Ksar El Kébir. Son poème est sommaire et
dense ; elle y observe les détails plus infimes. C’est aussi un membre de
la Maison de la Poésie. De ses publications poétiques, on pourrait signaler «Lî
jidrun fî al hawaâ» (J’ai une racine en l’air, Ed. Ministère de la Culture,
2001). De sa poésie, citons :
Je me déverse
«Je me déverse
Je déborde
Je m’écoule
Tous les lignages partent de moi ils se sont succédés
en moi et moi l’âme je me déplace d’un isthme à un galet
D’un royaume à une aile
D’une main à un quai
D’un brin d’herbe à une guitare
Je me gêne de ne choisir que sa voix
De ne rêver que par son âme fondant sur moi de ses
foudres ses séismes et tout ce que puis
de vacarme
J’abonde dans le doute que je ne suis que le moustique
qui engendre une sonorité dans sa tête chaque qu’une solitude tente de le
happer
Ou folâtre de la chair de son âme les griffes de
l’ennui
Que je ne suis que le divan sur laquelle il se repose
d’une persistante fatigue
Il a survécu si longtemps dans ses membres que son
corps fait partie de cette fatigue :
Je m’épanouis dans le doute et je dis
Il se peut que je ne sois pas la rosée douce qui danse
derrière son vaisseau
Il se peut que je sois le rai qui s’attire vers lui
sous l’effet de l’obscurité
Il se peut que je sois – seulement – le ring où ses
jeunes idées se combattent
Il se peut que je sois ses victoires sur ses défaites
Il se peut que je sois la complicité apostat de tout
plaisir, fidèle à tout hennissement
Il se peut que je sois la faux à l’aide duquel il
moissonne les épis de la jouissance
Ou il se pourrait que je sois le champ où s’enflamment
ses envies éteintes
Suis-je le repos sur lequel d’appuie son cœur?
Suis-je la coupe où a vieilli son vertige?
Suis-je l’orange amère qu’il presse au-dessus de sa
plaie?
Suis-je la flambée, la pacification, la nuée,
l’ombrage, les lampes lumineuses dans la nébuleuse de la nostalgie
Suis-je la lente tortue au bacon de son temps
Le crapaud taciturne dans la mare de ses illusions?
Suis-je une luge argentée au seuil de son
étonnement ?
Son dernier séjour ?????? Suis-je ????».
FATIMA AL MANSURI
Fatima Al Mansûri, poétesse marocaine
de langue française, est née le 18 février 1970, à Salé. Sa poésie mêle le jeu
de mots et la belle vision qui vous envoûte par la douceur du sens et de
l’expression. C’est le cas dans :
De la lubricité du désir
«De la lubricité du
désir une affection
Le parfum est rose
Il atterrit ici et se
cantonne
Dans la fournaise des décès
et les replis du parfum
Là
Les jours se sont
arrêtés
Endeuillés
Embarrassés
Lisant entre le
mensonge et les rêves
Là où les visions
interdites
Où l’arrêt de la
lettre est légal
Le droit au viol
Un article de lois des
envahisseurs
Là
Les pleurs s’arrêtent dans
les orbites
Se dessèchent
Se tarissent
Un siège brille sur un
corps pâle
La pâleur le sculpte
sur le rocher saillant du temps
Les doigts fourbus
Incapables de graver
sur l’étang de l’espoir
Se rétractent
Ruminent les
sensations douloureuses
Nulle lueur d’espoir
là-bas
Dans les voies de la
solitude et de l’éloignement
J’ai tracé les cartes
des temps passés
Ici était Zénobie
Et là-bas Cléopâtre
Psalmodiant les
refrains de la gloire dans un autel de lumière
Les armées d’araignées
avancent
Hulule la Méduse ivre
du délice de la victoire
Des empreints sur les
ruelles des cœurs humides
De constitutions
codifiées par des arts aux lunettes noires
De la couleur de la
nuit sombre
Je dessinerai l’aurore
lointaine
Du vin des âmes
perdues entre le brouillard et les galaxies
Chassant un faible
éclat de lumière
D’une étoile tombée au
fond d’un verre cristallin
Tissant du néant et
l’impossible le récit de l’être et de l’existence
Brûlant la lave et les
irruptions
Réduites par les
signes de lumière
Eclairant la voie
Lavant par la sueur
salée la trace des pas de l’autorité
La lubricité a
rendez-vous avec l’aube
Et mille récits
Réduisant les crises de
folie et de rébellion
Il accompagne
l’orgueil d’une ténacité éternelle
Baissant ses ailes un
sourire du soleil
Salut dormeurs avant
nous
Demain
Nous avons rendez-vous
sur la terre verte
Un rendez-vous dans le
ciel bleu
Où les âmes ont un
plaisir éternel».
FATIMA MURCHID
Fatima Murchid, une poétesse marocaine de langue arabe, a
embrassé le paysage poétique marocain de son état de médecin pédiatre pour se
faire poétesse et romancière à travers une succession de recueils poétiques Il
lui paraît notamment des recueils dont «Îmâa» (Mimiques), «Taâla
numtir» (Viens que nous pleuvions). Elle écrit dans les extraits
suivants :
NUDITÉ
«Comme toutes les jeunes
filles
J’ai caché sous la
chemise
Mes écrits
… Telle une part de ma
nudité
Et lors d’une évasion
de jeunesse
J’ai perdu ma vie
Il ne me fait plus
honte
Qu’on m’enlève ma robe».
SOUFFLE
«Il s’accroit
secrètement en moi
M’embellit
Efface les ans de mon
front
Un souffle tiède
… Par moments la nuit
Est-ce vrai qu’il
m’est revenu
Ou sa trace
Echo des mélodies
passées ?
Navigation
… Moi et la mer ici
Et ton souffle
A travers un portable
… M’emportant
Là-bas
Une voile,
Sans boussole
… Et l’horizon tes
yeux».
DEUXIÈME PARTIE
ALGÉRIE
POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE
Mabrouka Bousaha
Zineb Laouedj
Habiba Al Alaoui
Habiba Mohammedi
Fatima Ben Chaalal
Rachida Khawazem
MABROUKA BOUSAHA
La poétesse algérienne de langue arabe, Mabrouka Massaoud Bousaha, née en
1943 à Tihart, était parmi la première promotion des créateurs et journalistes
algériens, lauréats du Caire, en 1963. Elle travaille comme speakerine,
productrice d’émissions radiophoniques», depuis 1963, parmi lesquelles «Ahlan
bil Asdiqââ » (Soyez les bienvenus), etc. Elle publie des recueils de
poésie dont : «Barâim» (Bourgeons), en 1963. Sa poésie fait
apparaître, malgré sa simplicité, des vers pleins d’amour et de désespoir,
défiant une société en mutation. Lyrisme et limpidité allant au-delà de la
rhétorique classique lui servent de passage obligatoire pour une expérience poétique
nouvelle. En voici les extraits :
Je l’ai vue
«Je l’ai vue tremblante sous la brûlure du froid
La tête basse de chagrin et de souffrance
Sur un trottoir achevé à la perfection
Tant il éprouve de terreurs et d’antiquité
La nuit avance en vagues et voiles
Comme la mer mais sur une obscurité terne
Il dessine la mort en formes colorées
Par la faim, le froid, ou en longueur et dégoût
Elle se replie comme lui fi d’elle comme corps
Sur le sable se jetant en désordre
Gémissant de douleurs cachées
Et le chagrin même caché est manifeste
J’ai vu sur sa face un orphelinat la rendant aimable
Et l’orphelinat donne aux orphelins de nobles vertus
Son habit avait un passé même aux tempêtes
Elle a été exposée à la pauvreté et à la maladie
Son visage est devenu maintenant indésirable
Sa chaussure est perdue. Sans savoir ni nouvelle
Et se perd son sens du mal et de la douleur
Je l’ai saluée attendant sa réponse elle s’insurge
De tant de peur et se jette à mes pieds
Ses sanglots se poursuivent sans arrêt
Sanglots rares chez les gens sans pareils
J’ai failli toucher mon tréfonds la déchirer
Cette complainte, et j’ai senti le feu dans sang
Je me mets à
l’interroger rongée de tristesse
L’âme, le cœur, les entrailles enflammés
Je lui dis qui es-tu sœur or elle ne dit pas un mot
Tant elle a de chagrin ni par les gestes ni par les
mots
Mais elle a su que je suis compatissante
Car la pauvreté unit comme la parenté ou le sang
Elle me fixe et sourit bredouillant
Et dit plût à
Dieu que je ne sois venue de mon néant
J’étais plus heureuse parmi les miens et dans mon pays
Aujourd’hui Ô sœur plus de parents plus de biens
Mon père, ma mère, mes choses et mes bagages
Et mes frères ne sont plus tous que cendres
Il n’y a plus que moi à les pleurer pour leur
malchance
Et je suis par l’effet du malheur atteinte de surdité
Je lui dis Ô sœur ne crains rien tu es ici
Parmi ton peuple chasseur entre générosité et
hospitalité
Leur terre est ta terre d’où que tu viennes. Dame
Et le peuple est ton peuple gens de fierté et de
bienveillance
Demain les joies de nouveau te reviendront
Et tu oublieras ce que tu as enduré, donc souris
Elle remue les lèvres en un demi-sourire
Et les larmes inondent abondamment ses joues
Elle m’embrasse… et dis je ne suis pas en pleurs
Tant que mon peuple et mes frères sont gens de vertu».
ZINEB
LAOUEDJ
Zineb Laouedj, poétesse algérienne
écrivant, depuis 1975, en arabe (classique et dialectal) et en français, est
née en 1954, à Alger. Elle achève aujourd’hui un long «Thrène du lecteur
bagdadien» (Rithaâ Al Qâiâ Al baghdâdî). Elle ne cesse mettre en exergue
son féminisme à travers sa poésie comme femme citoyenne. De sa poésie citons ces extraits :
Sans grands éclats
«Sans grands éclats, notre temps s’éteint,
Lame fondant dans le miroir des guerres,
Et le mirage des cauchemars.
Cendre ocre, sang impatient et transparence aveugle,
Doigt accusateur, tranché par l’oubli,
Combien faut-il de temps, pour l’homme de ce siècle,
Avant de traverser l’aveuglement de la pierre,
Et voyager sur les ailes d’un papillon,
Vers la voie des lumières et du parfum des
aurores ?
Combien faut-il pour que cette pierre comprenne
Qu’elle n’est que poussière et amas de sable
brûlé ?
Nouara la folle
(Traduit de l’arabe dialectal par l’auteur)
Elle lance son cri
affolé
Elle défait ses
cheveux
Elle les réparti entre
les filles de la tribu
Elle s’assoit sur le
seuil
Son giron offert au
vent
et attend qu’y tombent
les étoiles
et la blancheur de la
lune
Elle attend de devenir
tronc d’olivier
ou branche de palmier
On lui a dit
Que la lune
est une femme
accrochée
par traitrise
HABIBA AL ALAOUI
Habiba
Al Alaoui, poétesse et écrivaine algérienne de langue arabe, est née en 1979, à
Alger et titulaire d’un master de l’université de la capitale, département des
langues, sur le thème : «Sayyïdatu al maqâm li Wasinî Laâraj». Elle
exerce le journalisme culturel et occupe aujourd’hui un poste de chercheur au
« Centre scientifique et technique pour le perfectionnement de la langue
arabe en Algérie». De ses vers recueillons extrait :
Parce que tu es seul
«Parce que tu es seul
qui a séduit les
étoiles
et a fait vibrer les
univers…
Ils dévorent ma pureté
j’oublie ma douleur
je ferme mes portes
je me recroqueville à
l’intérieur
HABIBA MHAMEDI
Habiba Mhamedi, poétesse algérienne de langue arabe de la
génération 90 en Algérie, est née en 1968 et lauréate de la Faculté de
philosophie de l’Université d’Alger. Voici un extrait de sa poésie :
Morts peut-être sans péché
«… La mort est infinie
Et pourquoi guident-ils les larmes
Par leurs condoléances étranges à l’éternité ?
Le sable est froid
Nuls amants ne le supportent
D’où viendrait à mes yeux de voir des roses
Sur des tombes aux orbites desséchées
Le poème était ma demeure
Mais elle a préféré l’affliction
Et les mots croisés de l’enfance
J’ai tant envie de dormir
Pour forger un rêve que nommerai Algérie».
FATIMA BEN CHAALAL
La poétesse algérienne de langue arabe, Fatima Ben Chaalal
est née en 1968, à Alger. Elle est diplômée de l’Université d’Alger en TIC et
travaille à la RTA algérienne. Elle compose des poèmes en vers métriques et en
vers libres. Elle a un recueil de poésie «Law Rdhâdh» (Si c’était une
rosée). Ci-dessous un exemple de sa poésie :
Cet innombrable
(1)
«Cet innombrable
Béant face à l’âme son
vide
Comment peut-il
Couper les nattes du
rêve dans mon sang ?
Il boit mon envie
D’une lèvre
froide ?
Comment peut-il
Passer sur mon téton
ma jalousie
Des doigts
haineux ?
(2)
Celui-là qui
Lorsque je bâille
Je tente de le duper sur la rive de son mensonge
Alors que mon œil se charge
D’embarras
Et lorsque dans le champ de son désir
J’ai semé mon espérance
Il l’a moissonnée
RACHIDA KHAWAZEM
Née le 20 décembre
1968, à Labiar, la pôétesse algérienne de langue arabe, Rachida Khawazem est
l’une des plus présentes de la vague poétique d’origine saharienne, haut lieu
de son inspiration poétique tribale. Elle est lauréate de l’Institut de Langue
et de Lettres et travaille comme rédactrice à RTA. Elle a publié un roman
« Qadamu al Hikma», et un
poème «Raâsu al Fitna» (La tête de l’émeute). D’où sa poésie d’imagination
simple emportée par une richesse lexicale novatrice, comme dans :
Entre les cités qui se sauvent
«Entre les cités qui
se sauvent
et mes lèvres
la mort est là
avec ses yeux ronds
et vides
comme le temps et le
tabac
elle égorge mon sang
Je déteste que s’échappent de moi
que je souffle en fumant
mon tabac couleur de miel
j’enferme en mon cœur
l’odeur des mots hésitants
je dicte les versets pour le rêve
lorsqu’ils se dévoilent».
Essaim de colombes
«Essaim de colombes
Ô exauceur de ma
supplique sois
Une lumière de Jupiter
bienheureuse
Prodiguante et la voie
de ma vie courante sois
Exhalant la sagesse
folle sois
Un souffle froid de la
pensée Ô
Juste sois indulgent
sois
Envie de cette vie
sois comme le connaisseur discret sois
L’hôte de mon été
Sa couleur son errance
le souffle de nuit lunaire, puis oublie que notre voix a un chant
Roucoulement de
colombes
Et émets la nostalgie d’ambre
Parfum de toute ma vie
par les roses le bavardage qui envahit le langage de mes cours d’eau
L’amour est un reflet
de Dieu sans l’amour
Il n’y aurait ni
essence ni amitié une encre de l’âme lorsque l’âme récite
TROISIÈME PARTIE
TUNISIE
POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE
Janet Al Boukhari
Naïma Assid
Fadila Ach-Châbî
Najat Al Adouani
JANNET AL BOUKHARI
Née en 1940, à Tunis, la poétesse de langue arabe Jannet Al
Boukhari est issue d’un milieu conservateur. Depuis la sortie, à l’âge de 70
ans, de son premier recueil «Diwan Al-Shajara» (Divan de l’arbre), au
mois d’août 2010n’a pas cessé d’étonner les milieux littéraires. Elle n’a
jamais fréquenté l’école primaire et s’est seulement occupée de ses enfants. Le
romancier Hassen Ben Othmane l’a encouragée à publier ses poèmes sous forme
d’anthologie. Elle a expliqué au journal «Maghrebia» : «Je suis la
preuve bien réelle que l’âme humaine ne renonce jamais à la créativité». En témoignent les deux courts
poèmes suivants :
Peuplier
«Sur le boulevard de
la vie
Moi seule
Un peuplier harassé
Dont les branches
s’épanouissent
A partir d’autres vies».
Le peintre
«Le peintre
crut qu’il avait les
vues entre les mains
Il dépeignit les
larmes par l’encre
Lorsqu’il revit ses
peintures
il ne vit que son propre
visage
NAIMA ASSID
Naïma Assid est poétesse tunisienne de
langue arabe, née le 10 juillet 1970, à Kairouan. Elle fait ses études
primaires et secondaires et, continue ses études supérieures au Centre des
Etudes théâtrales à Tunis, où elle obtient son diplôme de professeur d’art
dramatique, en 1968. Elle publie son recueil «Raâchatu hulum» (Frisson
d’un rêve), en 1982. De sa poésie citons notamment :
Noces du Sahara
«Lorsque nous nous rencontrons
Nous mains se saisissent spontanément
Nous yeux liquéfient les cités européennes
Nous lacérons la perte des années passées
Nous portons l’eau la lumière et la fécondité
Aux jours stériles
Nous voguons dans les pavillons des traits de l’iris
Nous épurons nos cils mélancoliques
Des redites des temps de la tribu
Temps de la jungle
Et le chagrin se suicide
La lune apparaît de derrière les nues
Et les enfants se lancent en gazouillant
De joie aux noces du Sahara
Des chants des fêtes
A la fleur des incendies oubliés
A l’amour étouffé
A ses dates éparpillées, jetées
Au démon coupable de la tribu
Enfoncé dans les sentiers du péché
D’un corps au visage de feu
Déflore la virginité du silence, et l’obéissance du
sultan
A un cavalier, sous les sabots de son poulain
Les incendies éclatent par envie
De rêve s’enfonçant dans cités desséchées
Du dessous de l’oreiller de tout voyou, Rebel
D’un corps aimant
Débordant de ruisseaux de sang, large».
FADILA CH-CHABI
La petite fille du défunt poète Abu Al Qasim Ach-Chabi, Fadila
Ach-Chabi, une poétesse et romancière tunisienne de langue française, est née
le 23 janvier 1946, à Tozeur. C’est une la poésie non-métrique et vers-libriste
vers la fin des années 60. Puis son expérience vire dans un sens
existentialiste. Elle écrit pour les enfants, mais des romans et de la poésie lauréate
de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Tunis où elle obtient une
licence de langue et lettres arabes, en 1971. Elle exerce le métier
d’enseignante, puis le quitte pour se consacrer à l’écriture. Elle est une
co-fondatrice du mouvement de dialectale. Comme exemples de sa poésie, citons
l’extrait suivant :
Choses
«La chose a un rite de
jeu sauvage
Eternel miniature de
silence
Rare est ma joie
Choses jusqu’à leurs
coins ambigus
La chose se meut
Par ordre de son
instant caché
Vers mes os cachés
Et ma bouche que j’ai
éloignée un laps d’horoscopes
Chose vive côtoyant la
phrase
Etoffant de la chose
son intellect
Que bleuit le
tact
Sa diaconesse
s’atrophie dans ma demeure
Il y avait en elle une
pelote à moi et un sens brouillé
Est-ce que la chose
est une proximité du moi
Soierie Ô soie
sculpture de ruine
Le moi sculpté à la
vue absolue
Atmosphères de
sinistre indifférentes à ses qualificatifs
Je m’approche des
raisins tachés de rouge
Ces grappes dévorées
Je tends vers une
douce mort
Membre après membre
Comme fondent les
ronds de cire
Un mur imbibé de blanc
doué d’énergie
NAJAT AL ADOUANI
Najat Mohamed Al Adouani, poétesse et romancière tunisienne
de langue française, est née, le 4 mai 1958, à Hammat Gabès. Elle étudie à
l’école primaire des sœurs blanches de la paroisse Al Marsa (1964-1970), fait
ses études secondaires à l’Institut Carthage de jeunes filles Rabwa (1970-1978)
et ses études supérieures à l’Institut Bourguiba des langues. Elle étudie le
journalisme et la communication à l’Université arabe des Sciences (1998-2000).
Elle publie des recueils de poésie dont : «Fî kulli jurhin zanbaqa»
(Dans toute plaie il un lys : 1982), «Atîru bi jâhin akhdar» (Je
vole d’une verte : 1984), «Judûrun li samâï» (Des racines pour mon
ciel : 1986), «Hadîlu rûhin min fulâd » (Roucoulement d’une
âme d’acier : 1994), «Marahun aswad » (Joie noire :
2006), «Man saraqa dhillî » (Qui a volé mon ombre : 2010). De sa
poésie :
Je suis la femme prophétesse
«Je suis la femme prophétesse
Les poètes et les
amants mes messagers ont failli dans la lecture des tables que j’ai tracées
Du sang des enterrées
vivantes. Tu es venu un feu froid qui n’éclaire pas, tu t’es transformé
En nœud d’où mon corps
pend un fleuve ensorcelé, et j’ai chuté
Sur un fauteuil à
bascule d’un coup des lames de mon cri, d’un couteau de cuisine
Je fends le cœur de
l’obscurité, se fend sur une barbe blanche s’égouttant
En aurore fluctueux
que pourlèche de mon pied un serpent
Mon pied se pèle
Le tapis de prière,
réserve-moi la pierre d’un ancien temple
D’un mélange noir qui
viole les pâles couleurs
Descendant de
La cendre des cieux
une corde, et j’ai couru vers lui pieds nus :
Je l’enroule de
nouveau autour de mon cou
Emmène-moi le voir, je
t’escaladerai jusqu’à la rencontre de Dieu
Ma poésie est un châle
gitan rose. Ma face
L’argent et l’éclair
Mes ombres,
Me paraît un spectre
mes dix doigts se raidissent
S’accrochent autour
De son cou qui se
s’affine en fil qui se défait dans le vide
La seule vérité
Se claque la porte du
repentir. Je demeure pendue par les cils attendant
Celui qui sonnera le
glas de l’extermination».
QUATRIÈME PARTIE
MAURITANIE
POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE
Batta Mint El Bara
M’barka Bint Al Bara
BTTAA MINT EL BARA
Batta Mint El Bara, poétesse
mauritanienne de langue arabe, est née en 1940, à Nouakchott. Elle est l’une
des quatre femmes poétesses du pays. Fille d’un marabout, catégorie sociale où
le savoir est traditionnellement présent, elle est docteur en littérature
comparée, professeur et mère de deux enfants. Elle a su gagner son indépendance
en douceur. Depuis son premier poème en 1973, elle écrit en secret. En 1980,
elle brûlé un recueil de poèmes pour avoir été vue écrire de la poésie. Elle
choisi le pseudonyme BB. Puis elle a publié son premier recueil en arabe
classique sous son vrai nom. Souvent elle se censure par peur de la
confrontation. Elle compose aussi des poèmes en hassanya (les lengha) qui n’est
pas pour les femmes en mesurant chaque terme. Voici un poème de sa
composition :
Ma terre
«Ma terre, je te porte
Partout en moi
Dissoute dans
Ma plume, mon papier
Mon sang plaintif
Ma rébellion
Mon angoisse
Et dans la nuit ivre,
Le palmier qui implore
Dans le frissonnement du
Crépuscule.
J’ai amé ton argile
imbibé de mes larmes
La gomme de mes acacias
les fruits du museau blanc
et du jujubier.
Toi, paradis du poète
As-tu été chantée
par une fille au cœur
battant
avec douceur ?
senti la fraîcheur de
sa
désolation ?
As-tu vu les montagnes
de
sable se dresser avec
vanité
la surface ondulée par
le
vent ?
Perpétuelle érosion
par le
temps
de son voile déchiré
Histoire racontée par
le mou-
vement éternel des
vagues
de l’océan
et le ruissellement du fleuve.»
M’BARKA BINT EL BARA
M’barka Bint El Bara est une poétesse
mauritanienne de langue arabe, née en 1956 à Trarza, au sud de la Mauritanie.
C’est parmi les poétesses mauritaniennes contemporaines les plus éminentes.
Elle est lauréate de l’ENS et a poursuivi ses études supérieures au Maroc. Elle
a publié un recueil poétique «Ughniatun li Bilâdî» (Un chant pour mon
pays), en 1981. Elle écrit en vers métrique et en vers libre. Voici un texte
qu’elle dédie à la poésie :
Moi et la poésie
«Tout le péché que je
n’était pas de pierre
Même si mes congénères
me vouent à l’insomnie
Et que j’aie dans le
cadre de la lettre une prétention
Dont je délasse
lorsque mes sentiers m’égarent
Et j’ai une valise de
poésie que ne cesse de porter
Dans laquelle il y a
de la terre un goût et un parfum
Il y en elle des
branches d’acacia intraitables
Il y en elle des
branches de palmiers avec grappes
Qui a tracé tous les
récits d’amour dans ma langue
Ses couleurs de
spectre de jujubes et de couchant
Et m’écrie apportez
des cordes les plus belles
Pour que l’univers
sache comment jaillit le chant
Pour que la
composition joue les tristes mélodies
Que la plume vive rende
justice à ceux qui ont aimé
Mon monde que voici
est lettres appesanties
Et une plume dont
l’encre est tarie et anxieuse
Esseulée dans le
brouillard de la nuit habitée
Par l’envie des amants
que je récite en brûlant».
CINQUIÈME PARTIE
LIBYE
POÉTESSES MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE
Khouloud El Fellah
Roudaïna Al Filali
KHOULOUD AL FALLAH
Khouloud
Al Fallah est une poétesse libyenne de langue arabe.
Elle a publié des recueils de
poésie : «Bahajâtun ghâmida» (Joies ambiguës) et «Zmanu Al Karz »
(Le Temps des Cerises). Elle clame dans sa poésie pleine d’imagerie
aérienne notamment :
L’eau de rose
«Dans ses lumières trente
J’ai croisé
Une lune et un
cerf-volant
***
Qui se sont penchés
au mauvais balcon
Ils se sont privés
de la beauté de la vue
***
Lorsque je perds l’eau
de rose
Lorsque je perds
l’odeur de l’herbe
Je me prépare à
pleurer
***
Sur les murs de la
chambre
Il m’enflamme
Et je dors esseulée
***
Combien les rues sont
étroites
Combien solitaire sont
nos cœurs
Le sourire
passe un vent
silencieux
***
Dans le trajet pur
entre nos ombres
a poussé
Un jardinet
***
Après réflexion
étonnante
le silence a perçu son
égo
***
Dans l’ambiguïté du
sens
Je pars vers ma
certitude
J’emprunte d’un
oubli possible
surpassant les donnés de
la mémoire».
ROUDAINA AL FILALI
Née le
26 septembre 1981, à Tripoli, la poétesse libyenne de langue arabe, Roudaïna Al
Filali a obtenu un prix en littérature anglaise et une licence en sciences
politiques. Elle a transité à travers les pays avec son père Mustafa Al Filali
qui a occupé plusieurs postes diplomatiques, durant 53 ans. Sa mère est Lamaân
Ahmed Ben Bih, la fille de Cheikh Ahmed Ben Bih, l’un des symboles de la
révolution culturelle, dans la ville de Tripoli. Elle a publié «Khutuwâtu
Unthâ » (Les pas d’une femelle), un recueil poétique de 15 poèmes. D’où les extraits suivant :
Moi et la pluie
«Moi et la pluie
Approche-toi plus
Les confessions d’un
amant
La carte d’identité
Oreillers et draps».
Je t’avoue
Je t’avoue … je cherche une patrie
Non celle qu’on a colonisée
et passée sur son cadavre et incendiée
chutée sa tête et écrasée à terre
ils ont maudit son sol et entre leurs crocs partagée
… je cherche une patrie…
Où ton amour sera le seul charme
Je l’écris en poésie pour que tu le chantes
Je sème ses gènes sur tes lèvres pour que tu le génères
Je cherche une patrie où l’on n’amasse pas les débris».
Table des matières
Préface
2
PREMIÈRE PARTIE
MAROC
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe SIÈCLE :
4
Malika Al Asimi
5
Souad Tawd 8
Wafa Lamrani
10
Aïcha Al Basri
12
Amal Lakhdar
14
Widad Benmoussa 16
Fatima Al Mansûri 19
Fatima Murchid
22
DEUXIÈME PARTIE
ALGERIE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe
SIÈCLE :
24
Mabrouka Bousaha
25
Zineb Laouedj 28
Habiba Al Alaoui 30
Habiba Mhamedi 31
Habiba Mhamedi 31
Fatima Ben
Chaalal 32
Rachida Khawazem
34
TROISIÈME PARTIE
TUNISIE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe
SIÈCLE :
36
Jannet Al Boukhari 37
Naïma Assid
39
Fadila Ach-Chabi
41
QUATRIÈME PARTIE
MAURITANIE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe
SIÈCLE :
46
Batta Mint El Bara 47
M’barka Bint El
Bara 50
CINQUIÈME PARTIE
LIBYE
POÉTESSES
MAGHRÉBINES
DE LANGUE ARABE
AU XXe
SIÈCLE :
52
Khouloud El
Fallah 53
Roudaïna Al
Filali 56
Saddana : «Wafa Lamrani », www.alch3r.com, p.1; Wafa Lamrani : «La
fascination des lointains», in «REVISTA ATLANTICA», Cadiz, Ed. Ingrasa,
2001, p.91.