Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
PETITE ANTHOLOGIE
DES SAINTS POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
POPULAIRES
AU MAROC
Tétouan
2013
INTRODUCTION
Pour embrasser le champ des œuvres poétiques
souvent méconnues – ignorée ou déconsidérée - par la littérature érudite écrite, léguée oralement par «Les Saints poètes soufis populaires au Maroc», dont le corpus en général oral, il y a
lieu d’en retracer les grands traits et d’en pourchasser les ombres et les
traces effacées à travers les traditions, les us et coutumes, les hommes et les
femmes qui les ont avantageusement conservées et que conservent encore jalousement
les rites, les chants, les légendes, les confréries et l’oralité des adeptes et
du vulgaire aux quatre coins du pays.
À cet égard, Sakina Rharib notifie en l’occurrence : «Le Maroc
comme toute l’Afrique du Nord, a connu les trois monothéismes, le judaïsme, le
christianisme et l’Islam (…). La sainteté est un concept profondément enraciné
dans la mentalité marocaine. Les saints et les saintes encadrent l’ensemble du
territoire national, selon une sorte de géographie du sacré. Dans chaque ville,
dans chaque village, en montagne comme en plaine, dans les régions côtières
comme à l’intérieur du pays, des sanctuaires ont été élevés sur les tombes de
personnages tantôt légendaires, tantôt
historiquement attestés[1].»
Dans cette petite anthologie populaire, nous essaierons d’en rapporter autant
que possible l’itinéraire biographique et la création poétique à la fois récitée
et chantée, tant érudite que dialectale – arabe dialectal, l’amazigh et le
hassani -, de Tanger Lagouira (au Sahara marocain). Soulignons d’emblée que la
diversité linguistique en question recouvrent globalement : l’arabe
classique et dialectal (au Maroc et au Sahara), conjointement au berbère et au
hassani (au Maroc et au Sahara).
Selon le portrait qu’en fait schématiquement S. Rharib, ces poètes
soufis populaires sanctifiés (ou saints) n’ont parfois qu’un rayonnement local,
cantonné dans le quartier d’une ville, d’un territoire tribal, dans les
villages d’une vallée, ou d’une région plus étendue. D’autres ont acquis des
figures véritablement nationales. Beaucoup font l’objet de célébrations
annuelles par des foires, ou moussems. Il y aurait plus de 600 manifestations
de ce genre au Maroc, drainant des milliers de pèlerins et de visiteurs, telles
celles de : Moulay Abdellah Amghar (à El Jadida), Moulay Idriss I-II (à
Zerhoun et à Fès), Imilchil (au Haut
Atlas), Moulay Abdesalam Ben Machich (à Jbel Laalam au Nord du Maroc), Sidi
Hmad Ou Moussa (au Souss) et, Moulay Brahim (dans la région de Marrakech), Sidi
Ahmed Laâroussi (à Tbila au Sahara marocain) [2],
etc.
C’est à cela que s’attèlera autant que
possible l’effort de cette brève anthologie, ouvrant une fenêtre, parmi
d’autres, sur la poésie des saints poètes soufis populaires marocains, tant
écrite qu’orale dont les traces se perdent le plus souvent, dans les dédales
séculaires de l’oubli et de la transmission orale occulte et/ou occultée. Que
cela serve de coup d’envoi à d’autres et à d’autres contributions plus exhaustives,
plus représentatives et plus approfondies, en vue d’élaborer un futur panorama
de ces poètes soufis populaires du Maroc, et d’ailleurs.
L’auteur
SAINTS POÈTES
SOUFIS
POPULAIRES
D’EXPRESSION ARABE
CLASSIQUE AU MAROC
ET AU SAHARA
Les saints poètes
soufis populaires d’expression arabe
classique au Maroc et au Sahara nous font penser à cette réflexion historique
sur cette répartition linguistique de leurs poésies que Mohamed Kahlaoui ramène
à la mission d’encadrement avant tout religieuse et didactique du peuple par
l’Islam et ses valeurs spirituelles fondamentales :
«Nous essayons de faire revenir ici le lecteur à une part de l’histoire
des réputés ascètes, des anachorètes et des saints soufis, ceux dont s’est
imprégnée la réalité sociale et l’ont marquée sans le vouloir car ils avaient
privilégié les valeurs d’amour, de pitié et de fraternité, ce qui leur a valu
l’amour des gens, la remémoration de leurs biographies et leurs œuvres (…). Certes, les cités du Sud du Maroc :
Marrakech, Essaouira, Tata, Ouarzazate (…), ont joué un rôle éminent dans
l’expansion du dhikr [l’invocation divine], le récital et la tenue de séances
de chorals rituels, étant donné que la majorité d’entre eux ont embrassé
l’Islam et appris l’arabe [classique à côté du berber et du hassani] par le
biais des soufistes et l’allégeance aux
adorateurs et aux ascètes[3].»
Aussi verra-t-on successivement :
SAINTS POÈTES
SOUFIS
POPULAIRES
D’EXPRESSION ARABE
CLASSIQUE AU MAROC
ABDESSALAM IBNU
MACHICH AL ALAMI
Abdesalam Ibnu Machicich Al Alami (ou Moulay Abdesalam Ibnu Machîch) est
saint et poète populaire soufi d’expression arabe classique marocain, est
originaire de Djebel Al Alam, dans la région de Béni Arouss, au Sud de Tanger
et décédé dans un attentat dirigé contre lui, v. 626 H/ 1228 C, par une bande à
gage à la solde d’Abu Tawajine al Kétamide as-Sérifide, uns sorcier et se
prétend prophète. Du milieu du XIIe siècle au début du XIIIe siècle, ce saint,
surnommé le cheikh des Jbalas (patron
des montagnards), s’y était retiré à djebel La’lam, lieu de ermitage, son
meurtre et de son mausolée actuel. Son moussem (pèlerinage) a lieu chaque année
au début du mois de juillet. Sa généalogie remonte a saint roi du Maroc Idriss II et à Fatima Zohra, la fille du
Prophète Mohamed (PS). De sa poésie, citons ces deux vers, issus d’un poème de
40 vers :
SUPPLICATION
«J’ai
commencé par le nom d’Allah au début de la ligne/
Ses dénominations
sont une fortification contre le mal//
Et j’ai
prié dans la seconde sur le meilleur de ses créés/
Mohamed
l’envoyé portant l’ouverture et le triomphe//».
PRIÈRE MACHICHIENNE
«Qu’Allah
prie pour celui dont se sont dévoilés les secrets/.
Et ont
éclaté les lumières. En qui se sont hissées les vérités/.
Et sont
descendus les savoirs d’Adam incapcitant les êtres/.
Et pour qui
se sont réduits les intellects passés et suivants/.
Le jardin
des royaumes divins de ses fleurs est si élégant/.
Et la chute
de la tyrannie du flux de ses lumières s’écoule/.
Nul être
n’existe sans qu’il soit en soi par lui circonscrit/.
Vu que sans
le médiateur le médian se serait dit-on perdu/.
Une prière
digne de Toi sur lui telle qu’il en est alors digne/.
Ô mon Dieu,
c’est Ton secret entier la preuve qui t’exprime[4]/.»
ABU AL HASSAN
AL MUSAFFIR AS-SEBTI
Abu Al Hassan Al Musaffir As-Sebti est un saint poète soufi populaire marocain
d’expression arabe classique, d’origine hassanie de Fès, né et décédé au début
du XIIIe siècle, à Ceuta, sous le règne des Almohades. Il prônait l’unicité de
l’existence et a rencontré Ibn Arabî, avant 598 H/ 1230 C. De sa poésie
mystique, on rapporte notamment ces vers autodidactiques :
Ô TOI QUI POUR ÉPROUVE DU MÉPRIS
«Ô toi qui
pour moi éprouves du mépris/
Certes
Allah savait déjà ce que tu as dit//
Si le
langage se fait léger sur ma langue/
Il me
ferait peur par son poids si lourd//
Vu l’ange
conservateur scripteur témoin/
Qui prend
acte de tout ce je prononce//
Qui s’intro-inspecte
à tous les instants/
Ne se
laisse guère aller dans ce qu’il dit//».
DIS À AUX FRÈRES QUI M’ONT VU MORT
«Dis aux
frères qui m’ont vu mort/
Et m’ont
pleuré et loué de chagrin//
Est-ce pour l’absent en moi votre peine/
Ou de ce
qui est présent là avec vous//
Croyez-vous
donc que je suis votre mort/
Je ne suis
point ce mort par Allah moi//
Je suis en
images et voici mon corps/
C’était mon
habit ma chemise un temps//
Je suis un trésor
et mon voile un talisman/
De terre
qui s’est préparé pour le néant//
Je suis une
perle qu’abrite un coquillage/
Je m’en
suis envolé et qui m’a laissé otage//
Je suis un oiseau
et cela est ma cage/
C’était ma
prison et je m’étais habitué à elle//
Je remercie
Allah qui m’en a délivré/
Et a édifié
pour moi dans les cieux un coin//
J’étais
avant ce jour mort parmi vous/
Je me suis
ressuscité et débarrassé du linceul//
Et
j’invoque aujourd’hui un grand auditoire/
Je vois
Allah explicitement au grand jour//
Je
m’attache à lire et à voir dans la table/
Tout ce qui
a été qui arrive et s’éloigne//
Et mon
manger et mon boire est unique/
C’est un
symbole comprenez-le bien//
Ce n’est ni
un vin ni un miel appétissants/
Ce n’est
pas une onde mais c’est un lait//
Le breuvage
du Messager d’Allah lors/
Du voyage nocturne
créé comme nous//
Discernez
le secret portant une nouvelle/
Quel sens est
tapi sous mon énoncé[5]//».
MOULAY LARBI DERKAOUI
L’Idrisside, Moulay Larbi Derkaoui est un saint poète soufi
populaire marocain, né en 1760, dans la tribu des Béni Zeroual de Bou Brih (au
Maroc). Il crée l’ordre des Derkaoua (une confrérie soufie) au XIIIe siècle. Sa
doctrine procède de la tarika (doctrine) chadiliyya jazouliyya. Il est mort en
1824 dans sa zaouïa de Bou Brih où il a été enterré. Il a eu comme
disciples : Sidi Ahmed El Badaoui El Fassi (S. Zouiten), Sidi Mohammed El
Bouzidi, Sidi Mohammed El Harraq, Sidi Abdelouahed Debbagh El Fassi (du Maroc),
Sidi Bouazza Al Mhaji (d’Algérie), etc. De sa poésie spirituelle, citons :
Ô VOUS AMANTS DE LA PRÉSENCE SUPRÊME
«Revisitez-nous et tentez en nous l’union/
Ô vous amants de la présence
suprême//
Louange à Allah qui de nous fait ses
gens/
C’est le temps d’éveil au plus
illustre état//
Quand l’être a été nous avons ouï son
dire/
Nous étions appelés par Allah avant
d’être//
Et nous étions unis en cet Allah sans
gré/
Pigeons d’union on est après la
désunion//
On a sacrifié âmes et proches à son
amour/
Nous sommes rois de la terre à sa
proximité//
Nous avons une vue aiguë là où il se
révèle/
Nous étions en plein soleil et autrui
au soir//
Allah mène à la lumière de saint qui
le mérite/
Et nous avons de Dieu lumière sur
lumière//
Mages du vrai dans les premières
nations/
Ne t’en étonne pas car Il était avant
nous//
Les jours se sont écoulés et les gens
distraits/
Délaissés parmi le peuple sans ouïr
leur dire//
C’est la loi d’Allah dans sa création
immuable/
À la mort du cheik apparaît son
homologue//
Le passé est ce passé assuré après
transfert/
Si tu rates l’occasion d’arriver de son vivant//
Tiens de lui des sciences au rabais à
valoriser/
Retrousse tes manches et obéis à son
ordre//
Qui est doué de raison a recours à la
raison/
Et ceci est observable chez tout
connaissant//
Qu’on se dresse à servir le vrai même
révélé/
Et dise j’avais été dépassé par le
temps hélas//
Que les arrivés trouvent secours dans l’union/
Et dise je suis noyé et n’ai ni à moi
ni en moi//
Ils ont le flux du Clément et un
breuvage doux/
Certes ils sont vu leur soif en droit
de le boire//
Dans les fers de l’ignorance on croit
l’ignorance/
Qui n’enrichit le disciple au moment
de sa vue//
Veillant sur le disciple le préférant
à soi-même/
Il n’y a de cheikh que celui qui livre
son secret//
Il est difficile d’arriver au stade
de l’état suprême/
Et soulever sur soi les voiles
qu’avait son cœur//
Il voit l’apparition du vrai
partout où il se dirige/
Et entre dans la présence d’Allah
après désunion//
Il n’adore ni houris frappés de myopie
ni autres/
Et s’anéantit au mépris du monde tout
entiers//
Il est le seul l’unique de son temps
par sa beauté/
Il est le cheikh par Allah un cheikh
sans pareil//
Si ton âme t’est chère il en est lui
le plus cher/
Il est l’étoile perçante si de lui tu
te rapproches//
Il s’était vêtu de cette étoffe après
avoir quitté/
Le Messager d’Allah l’a vêtu de
l’habit de Khalife[6]//».
MOHAMED AL HARRÂQ
Mohamed Al Harrâq est un saint poète soufi populaire marocain
d’expression arabe classique, né en 1186
H, à Chafchaouen et décédé en 1261 H, dans sa zaouïa, à Tétouan (au Nord-Ouest du Maroc). Il a laissé un grand patrimoine de poésie
soufie fine et émouvante, réunie en un recueil, après être devenu un
prédicateur appelant à la voie des maîtres éducateurs les adeptes se vouant à
Allah, glorifié soit-IL. De sa verve poétique mystique, mentionnons :
SOIS INFORORTUNÉ HORS L’UNIVERS
«Sois
infortuné hors la vue de l’univers tout entiers /
Tu seras en
Dieu du Trône le plus riche de la créature//
Jusqu’à ce
que tu vois ce dont tu étais alors dénudé/
Par ton
intellect ce dont la vue de la même la vérité//
Et tu
perçois un Maître cernant tout ce que tu vois/
Une
existence réellement fondée sans être visible//
Et tu
observe une lumière débordante d’une vérité/
Colorant
tant de couleurs pour révéler une sagesse//».
SERAIS-TU EN QUÊTE DE LEÏLA ?
«Serais-tu
en quête de Leïla, alors qu’Elle se manifeste en toi? La prendrais-tu pour
un Autre, alors qu’Elle n’est autre que toi ?/
Cela est
une évidente niaiserie dans la religion de l’Amour. Sois circonspect, l’Autre
est la rupture même!/
Ne L’as-tu
point aperçue déployer Sa beauté sur toi ? Elle serait évanouie si Elle ne
procédait de toi-même ?/
Tu La
sommes de se rapprocher, alors qu’Elle est ta totalité. La voilà qui s’incline,
qu’Elle te chérit et t’affectionne./
Sa
rencontre est très précieuse. Seul succède à Son amour celui qui perçoit un
sens dépourvu d’identité./
Je suis
tellement épris d’Elle que je suis anéanti par Son amour. Elle aurait dit vrai
si Elle jurait que j’étais Elle./
J’ai induit
les hommes en erreur sur Son compte, après que je me sois assuré de Sa présence
en mon sein./
À cause de
ma jalousie extrême, je L’ai dissimulée sous les étoffes de mes Univers, à l’abri des envieux et de
moi-même./
Elle est
extrêmement belle. Telle est apparue la lumière de Son visage à un aveugle qui
désormais discerne tous les atomes./
Elle se
revêt de tous les atours de la grâce. Les amoureux L’adorent, où qu’Elle se
manifeste./
Mon
impatience à son égard se délie en fervent amour. Je n’accepte dorénavant que
de purs liens./
Parmi les
amoureux, qui pourrait égaler ma passion envers Elle ou atteindre mon
rang ?[7]»
EL LARBI BEN SAÏH
El Larbi Ben Saïh Charqaoui est un saint poète soufi marocain
d’expression arabe classique, né en 1229 H/ 1913 C, et décédé en 1334 H/ 1988
C, à Meknès. De sa poésie mystico- apologétique et engagée islamique, citons
notamment :
LE MEILLEUR DE TOUS LES GENS
«Le
meilleur de tous les gens est Mohamed/
Et les
meilleurs dires des mondains son dire//
Par lui on guérit
de toute maladie et méfait/
Et atteigne
le cœur concerné sa destination//».
AU SEUIL DU TOMBEAU DU CHEIKH TÎJANÎ
«Je suis
venu à votre seuil tout effrayé/
Et il n’y a
d’autre refuge à part vous//
Veuillez
repousser ce dont je me plains/
Que mon
cœur s’apaise de cette frayeur//».
Puis, une fois la permission spirituelle
agréée, il entre au sein de la zaouïa et clame sen direction de l’illustre
tombeau :
AU SEIN DU TOMBEAU DU CHEIKH TÎJANÎ
«Ô ma joie je suis bien au-delà de/
La porte du généreux campant//
Et l’hôte en toute vérité s’il vient/
À la porte des généreux est servi//
Notre Prophète le meilleur des gens/
Qui est bien le plus Grand Messager//
A dit celui qui est vraiment croyant/
L’hôte est obligatoirement à servir//
Or tu es le maître le plus
privilégié/
De qui l’hospitalité et due et
servie//».
De même qu’il compose un poème dédié au Prophète d’Allah (PS)
l’invoquant lors du déclenchement de la guerre entre la Russie et la Turquie,
en 1294 H/ 1877 C, qui s’est achevée par la victoire des Turcs, en ces
vers :
Ô CLÉMENCE DE L’UNIVERS !
«Ô Clément de l’Univers et le Meilleur
dont/
On écarte de nous les malheurs et les
peines//
Et le plus noble qui protège des maux
et qui/
Vers son sanctuaire fuit celui qui a
des peines//
Aie pitié de Ta grâce d’une nation
n’ayant plus/
Que Ta protection face aux épreuves
de fuite//
Elle est persuadée que sans votre
intercession/
De l’océan de ta générosité que péril
et perte//
Intercède pour elle auprès du Sublime
de grâce/
Invoque Dieu de grâce pour qu’IL Te
l’accorde[8]//».
SAINTS POÈTES
SOUFIS
POPULAIRES
D’EXPRESSION ARABE
DIALECTALE AU MAROC
Les saints poètes
soufis populaires d’expression arabe
dialectale au Maroc et au Sahara nous font également réfléchir à cette réalité
socio-historique et linguistique de leurs poésies orales que dédaignent les
codificateurs savants des la poésie soufie d’expression classique écrite depuis
les XIIe et XIVe siècles, tel que le consigne le site Roaaad (leaders), en affirmant
que la poésie populaire marocaine occupe en plus de l’art du récit et de la légende
une place centrale parmi les traditions orales, et ce à côté de la poésie
classique, car il a su conserver son universalité spécifique. Dans ce cadre, s’inscrivent
les œuvres de Sidi Abderrahman El Majdoub (…), d’autant plus que des
générations de poètes qui composent leurs poèmes en tamazight ou en arabe
dialectal ont généré des expressions populaires d’une richesse infinie (…).
Ibn Khaldûn a mentionné la façon selon laquelle a été traitée la poésie
des Béni Hilal que les fukahas n’osaient pas codifier, et c’est ce qui a occulté
les traces écrites de la langue et de la littérature populaires de cette
période, telle que celle qu’a créée un des intellectuels Az-Zaghali Abu Yahia,
qui codifiait les contes et les proverbes, mort en 1296 H (…). Quant au
malhoune (poésie dialectale chantée), il a été créé par des poètes marocains
populaires [v. soufis], parmi lesquels Al Kafif Zarhouni [poète aveugle], à
l’époque mérinide, et Al Maghrawi, d’origine sahraouie, mort en 1605, dont le
plus éminent était Sidi Qaddur El Alami, à la fin du XVIIIe siècle, qui a
chanté l’amour soufi et Duayyef, mort en 1820… et tous sont issus de ce long
lignage qui a permis à ce genre de poésie d’embrasser l’éternité[9].
MUHAMMAD BEN
AÏSSA
Le fondateur
de la confrérie des Aïssawa, Muhammad Ben Aïssa est un poète soufi
populaire marocain d’expression arabe dialectale, né à Meknès (882-933
H/1465-1526 C) et surnommé le ‘Maître Parfait’ (Cheikh al-Kâmil). Il
était originaire de la ville de Taroudant. De sa poésie dialectale prosaïque
rimée, citons sa litanie rituelle scandée par le choral des danseurs et
parmi ses disciples en état de transe :
VERSET D’OR PUR
«Ô mon Dieu
prière à notre Seigneur Mohammad/
Or pur
Triomphe et incommensurable Victoire/
Iris de
l’œil d’une beauté éblouissante et parfaite/
Acquéreur
de ce que l’intellect ne perçoit en sens/
Pour avoir
déjà acquis depuis l’antique éternité/
Le soleil
de la vérité rayonnant sourire de grâce/
Et la fin
de la fin de la sincérité omniprésente/
Fanion de
rêve cerné de lumière vue de vie doué/
De bienfait noblesse prière irradiant son
diseur/
Par ses
levers dotés des vertus de la miséricorde/
De Toi ô
Miséricordieux par la francise des francs/
À Ton égard
et par la part des créatures élues par/
Toi et par
l’invocation des prophètes apparentés/
À Toi en Vérité
et par la majesté de Ta grandeur/
L’orgueil
de Ta sublime beauté de pitié et de paix/
De sorte
que la Majesté s’est confondue avec Lui/
Pour gérer
la Clémence quand frappe le destin/
Et décider
du procès quand le verdict est exécuté/
Et que les
livres du salut ont été déjà retranchés/
Alors
qu’apparaît Ta beauté en parfaite vision/
À l’œil de
l’observateur et à ceux que le désirent[10]/».
OTHMAN
ECH-CHARQI (SIDI BAHLOUL)
Othman Ech-Cherqi (Sidi Bahaloul) est un saint poète soufi populaire
marocain d’expression arabe dialectale, du 17e siècle. Il était
joaillier connu. Et une fois, le roi lui
confie un dimant pour le tailler en faire une rivière (hulla) pour le nouveau
prince qui allait naître. Mais en voulant le faire, il coupe accidentellement la
pierre en deux. Il passe la nuit plein d’inquiétude ne sachant que dire au roi
et ce qui allait lui arriver. Tout à coup, on frappe à la porte, c’était un
émissaire du roi. Il s’attendait au pire et voilà qu’on lui demandait de couper
le diamant en deux. Miracle, car la reine vient d’accoucher de jumeaux! C’est ce
qui a inspiré au saint le poème ‘Al fiyachia’, voici un extrait :
JE NE SUIS PAS VANTARD
«Je ne suis pas vantard que faire par
moi-même
M’en faire pour ma subsistance Dieu y pourvoit
Je suis l’esclave d’un Maître apte à
tout vaincre
Si je suis un vil esclave mon Maître est puissant
Moi-même que faire je suis un esclave
possédé
Toute chose est accomplie vérité sans
nul doute
Mon Maître me voit mais ma vue est
éclipsée
À la matrice et au sein de caillot Il
m’a formé
Il dit à tout sois et tout se fait Il
l’initie et refait
Il juge ses créatures et décide de
Son royaume
À l’ombre de la matrice Il me forme
d’un caillot
Et me dote de biens un bien de chaque
espèce
Il me crée eau et nourriture et
aliments variés
Je nais déshabillé et Il me couvre de
vêtements
Je ne suis pas vantard que faire par
moi-même
M’en faire pour ma subsistance Dieu y
pourvoit
Il ne cesse de me couvrir Omniscient
loué soit-il
Je n’ai moyen ni force qu’Allah haut et
grand[11]».
AHMED AT-TIJANI ECH-CHARIF
Ahmed Ibnu Mohammed At-Tijani Ach-Charif, descendant du Prophète de
l’Islam par Ali et Fatima Zohra (SS), né en 1738 en Algérie et décédé à Fès,
lieu de son tombeau en 1815, est un saint poète soufi populaire marocain
d’adoption, d’expression arabe dialectale et fondateur de la confrérie
‘At-Tijâniyya’, au rite d’obédience malékite. Il est l’auteur de textes et
prières rituels et mystiques assonancés, nommés ‘Awrâd’ (Abreuvoirs), dont
‘Jawharatu al Kamâl’ (La Perle de la Perfection). Ce dont voici un bref extrait :
«Ô mon Dieu, prière et paix sur la Source
de la clémence divine/
Et L’Hyacinthe accomplie englobant le
milieu des intellects et des sens/ et les lumières des univers constituées Éclair
rutilant des nuées de biens/ emplissant de toutes parts les mers et les
récipients de Ta lumière flamboyante/ L’Adamique Porteur de la Vérité divine
dont Tu remplis Tes univers environnants et le lieu des lieux/ Ô mon Dieu,
prière et paix sur la Source de la Vérité d’où émergent les rameaux des Vérités
source[12]/».
QADDOUR AL ALAMI
Sidi Qaddour
Al Alami est un saint poète soufi populaire
marocain d’expression arabe dialectale, né en 1742 et mort en 1850, à
Meknès. Il y a fondé la zaouïa d’Al Alamiyyine d’où a émané et s’est répandu le
malhûn (poésie dialectale populaire chantée) au Maroc et en Afrique du Nord. Il
y restitue la sagesse de son expérience mystique du monde, de la vie, et des
gens de la communauté autour de lui. D’où les extraits suivants :
COMMENT NE
PAS AFFECTER MON CŒUR DE LA RANCUNE DES GENS
«Comment ne pas affecter mon cœur de
la rancune des gens
Comment ne pas m’affliger ô malheur
des titres de propriété
Comment après mon expulsion pouvoir
affronter les publics
Au Haouz et au Bou Taîba où j’ai
acquis tellement de butins
Soleils de ma vue les nobles
pusillanimes les plus précieux
Je suis par Allah à cause de leur
séparation plein de regret
Comment échappera-t-il celui qui m’a
fait la risée des gens
Comment sera indemne celui qui me
laisse perdu et errant
Mes protecteurs mes proches ma famille
mes plus chers amis
Ma séparation d’eux m’est au cœur si
difficile injurieuse
Que cette honte par vous cesse ô
hommes saints de Meknès
Ma maison est perdue dans votre
sanctuaire ô gens de bien
Ma cause et ma perte totale est ma
confiance dans l’homme».
Ô CELUI QUI M’A MIS À L’ÉPREUVE GUÉRIS-MOI
«Ô Celui
qui m’a mis à l’épreuve guéris-moi par Ta grâce
Allège mon
fardeau qu’il se délie et détende mes muscles
Ô Celui qui
est présent à tout appel en cours de détresse
Que sublime
soit notre Maître l’incomparable Toi le Haut
Viens à mon
secours dissipe mon mal je rejette les
périls
Mon esprit
se tranquillise et mon cœur devient insouciant
Où donner
de la tête pour qui tous les moyens ont failli
Celui dont
le divan était devenu débordant de tristesse
Ô mon Dieu
par le biais des Prophètes et des Messagers
Et par ô
mon Maître l’entremise de tout saint pris à part
*****
Si tu
sollicites sollicite un Maître qui n’est guère avare
Généreux à
celui à qui Il donne Ses portes sont ouvertes
N’est que
noblesse à celui qui invoque un Bienfaiteur
Car qui
tant sollicite sa sollicitude finit par être exaucée
Qui jamais
n’oublie ne s’endort ne manque d’attention
M’a affublé
de sa satisfaction d’un habillement complet
Il m’a
attribué un don achevé une sagesse et une raison
A élevé mon
rang et ne m’a guère privé de triomphe
Que tous les sceptiques en sont demeurés
stupéfaits[13]».
LARBI AR-RAHOUI AL FILALI
Al Haj Larbi Ar-Rahoui Al Filali (de son vrai nom Haj Larbî Sossé
Alaoui), né à Fès, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, sous le règne du roi Hassan Ier (1873-1894) et
celui de Moulay Abdelaziz (1894-1907), est un poète soufi populaire marocain
d’expression arabe dialectale. Il était rahwî (meunier), avant son éclipse de
Fès, à l’insu de son père Mohamed et de son frère aîné Mehdi, dont le moulin à
eau était au quartier Berrajine (ou Bellajine), dans l’ancien médina de Fès. Il
était adepte de la confrérie Hamdûchiyya et Aïssawiyya. Il a composé des poèmes
dédiés au Prophète Mohammed (PS) et à cheikh Al Kâmil patron de la confrérie Al
Aïssawa, ainsi qu’à l’invocation divine. Voir les extraits suivants :
VOICI LA NAISSANCE DE LA SOURCE DE CLÉMENCE
«Voici la
naissance de la source de clémence
Le Prophète
Hachémite l’Arabe le Mecquois
La lumière
du salut l’Imam de la communauté
Le Soleil
du grand jour le marié de rang royal
À Son
anniversaire l’obscurité s’est dissipée
Et s’est
parfumée d’une l’ambre musquée».
À CELUI QUI EST AÏSSAWÎ
«À celui
qui est adepte Aïssawî voici le mois
Du Mûlûd
lève-toi pour visiter au sanctuaire
L’Hôte de
Maître Mûlay Mhamed le saint
Ben Aïssa
le saint au secret sur les deux rives».
JE N’AI NI FORCE NI EFFORT
«De force
je n’ai ni pouvoir ni puissance
Ni mesure
face au destin ni expédient
Qui m’a
intimé patience et résignation
Dissipera
les soucis de mon moi enlisé
De moi
l’appel de Toi le consentement
La
satisfaction d’un besoin sans retard
Par Allah
je n’ai débuté cette imploration
Que
convaincu de Ta capacité sublime
De me
donner ce que j’ai requis cette nuit[14]».
SAINTS POÈTES
SOUFIS
POPULAIRES
BERBÈRES ET SAHRAOUIS
D’EXPRESSION ARABE
CLASSIQUE AMAZIGHE ET
HASSANIE AU MAROC
ET AU SAHARA
Parallèlement,
la diversité linguistique des saints poètes soufis populaires marocains arabes
les a répartis en poètes de souche arabe d’expression arabe classique et
dialectale, et en saints poètes populaires marocains de souches berbère et
sahraouie d’expression arabe classique,
berbère et hassanie. C’est ce que souligne un article de Roaaad : «La
poésie populaire tant qu’en arabe dialectal [v. classique], qu’en amazighe
révèle des traits essentiels même si elle chante l’amour ou les saints ou les
confréries, elle relate les espérances et les événements, son caractère ambulant et nomade, et cela
revient à la situation du poète en imitant Al Majdûb (l’illuminé errant) dont font preuve la poésie amazighe
[et hassanie en autres][15]».
SAINTS
POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
BERBÈRES D’EXPRESSION
ARABE CLASSIQUE
AU MAROC
ABD ER-RAHMAN EL MAJDOUB
Sidi Abd Er-Rahman El Majdoub Es-Sanhaji Doukkali est un poète soufi populaire berbère
marocain d’expression arabe dialectale. Beaucoup des vers de ses poèmes sont
connus à travers le Maghreb et sont la source de beaucoup de proverbes. Il a vu
le jour à Tit Moulay Abdallah, d’une famille berbère, sur la côte atlantique,
entre El Jadida et Azemmour. Il a vécu durant la montée de la dynastie saâdienne
(1554-1659) et sous le règne de Mohamed Ach-Cheikh (1540-1557) et Abdellah
Al-Ghâlib (1557-1574). Il est mort à Merdacha, Jbel Aouf. Sa tombe est à
Meknès, près de Bab Aïssa, qui reçoit beaucoup de visiteurs chaque jour. De sa
poésie citons ces aphorismes pleins d’une sagesse lumineuse:
LA VIE ET LA MORT AU MAROC
DÉSERT
«Je me
pointe à Sarsar
Je vois le
Maroc désert
La vie
juste à Meknès
À Fès vivre
et mourir».
L’INSOUCIANCE FACE À L’INSTABILITÉ DU MONDE
«Ne pense
ne gère ne porte souci toujours
L’astre
n’est pas cloué ni le monde résident».
IL M’ONT VU NOIR COUVERT
«Ils m’ont
vu noir couvert
Et pensé
que je suis vain
Or je suis
tel un livre écrit
Qui
contient tant d’utilités
J’ai acquis
du temps cherté
Et apporté
dire en quatrain
Celui à qui
Dieu a donné
Dit je le
dois à mes bras
J’ai poussé
un cri attendri
Qui a
réveillé qui dormait
S’éveillent
les cœurs tendres
S’endorment
les cœurs bêtes
Tout se
mêle et ne se clarifie
Et sa lie
flotte sur son onde
Des chefs
élus sans mérite
Sont les
causes de sa viduité
Le
bienfaiteur congratule-le
De joie
remercie-le toujours
Et le
malfaiteur délaisse-le
Son acte
lui revient en amende
Tout bavard
est insipide
Il apporte
à soi son deuil
Mérite un
coup de rasoir
À lui faire
voir les molaires
Le mal à nul
n’est injuste
Sauf à qui
à soi se l’attire
En hiver il
dit c’est froid
En été il
est au sommeil
J’ai tapé
des deux mains
Et pensé
une heure au sol
J’ai trouvé
que le peu use
Et chasse
de l’assemblée
La
chéchia incline la tête
Et le
visage rasé s’illumine
L’attifé
s’assoit au monde
Le nu doit
nous quitter[16]».
EL HAJ MOHAMED EL HABIB
EL Haj Mohamed EL Habib El Idrissi, né au douar Aït At-Tâleb Ibrahîm,
dans la tribu Aït Malek Al Hachtûkiyya, vers 1285 H/ 1817 C, est un saint poète
soufi populaire berbère marocain d’expression arabe classique. Son père meurt
en laissant encore enfant à un village près de Biogra à Hachtouka, où son grand-père s’est installé
et a reçu, malgré sa pauvreté, une saine et excellente éducation. La vie du
savant EL Haj Mohamed EL Habîb était entièrement consacrée à la résistance et à
la guerre de libération de la patrie et l’Islam en compagnie du Cheikh Ahmed El
Hiba, à Tiznit, en 1330 H/ 1912 C, à Marrakech et le remplace à Kardous, avant
de se réfugier chez les Aït Ba Amrane. De
sa poésie mystique, citons notamment :
À TOI MESSAGER D’ALLAH JE ME PLAINS
«À toi
Messager d’Allah je plains mes désirs/
Nous en
espérions voir réaliser toutes les fins//
La plus
sublime d’entre elles est ta visite qui/
Sauvegarde
ses pratiquants des sombres périls//
Et une
cohabitation en entière respectabilité/
De votre
bonté éclatante le plus haut des rangs//
Et des
subsistances de chasteté et de décence/
Et aisance
de vie en faveur des gens de talents//
Enseigner
le droit musulman et l’inculquer à/
Ceux qui
sont fidèles le plus pur des acquis//
Et se
servir de ce monde et cette foi autant/
Je vais
quêter guide de la meilleure doctrine//
En
délaissant par Allah l’écho que tu ne
voies/
Sur la voie
de la vérité l’erreur des ténèbres//
Et
protégeant mon être du hardi de l’injuste/
Inique si oppressif vainqueur par injustice[17]//».
SAINTS
POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
BERBÈRES D’EXPRESSION
ARABE DIALECTALE AU
MAROC
LAKHDAR BEN KHLOUF
Sidi Lakhdar
Ben Khlouf, saint poète soufi populaire berbère marocain d’expression arabe
dialecte, est né au XVe siècle dans la tribu des Maghraouas, l’une des
premières tribus à s’islamiser, au Tafilalet, au Sud du Maroc. Il est connu en
Algérie, en Tunisie et en Lybie, au XVIe siècle. Il meurt à l’âge de 125 ans,
laissant quatre garçons et une fille auxquels il transmet son message à travers
un poème ‘El mout lahghatni, ouel-ard et barda’ (La mort m’atteint, et
la terre est froide). De sa poésie, citons :
L’INDISCRET DOIT S’OCCUPER DE SES AFFAIRES
«L’indiscret
doit s’occuper de ses affaires/
Qui
s’occupe d’autrui est de race satanique//
Dieu
l’exproprie de toutes sortes de biens/
Lépreux il aura
toujours un rang inférieur//
Sa langue
ne respecte nullement sa bouche/
Songe à la
mort et à la tombe ô bonhomme/
Combien
d’insouciants se sont alors repentis//
Combien
d’insouciants t’ont en fait précédé/
Ils ont
donc sombré dans l’océan de l’Enfer//
Pourquoi ne
t’occupes-tu pas de ta religion/
Et
t’épargnes-tu pas alors ces turpitudes//
Ta dernière
heure viendra au bon moment/
Ta finalité
est le voisinage des tombeaux//
Les gens
sensés ont tous obtenu leur butin/
Alors qu’en
public tu te démènes et souffres//
Les chevaux
des vainqueurs sont hennissants/
Contournant
bassins, jardins et les vergers//
Combien
d’insouciants se sont alors repentis[18]/»
MOHAMED
BEN DAM AL AZEMMOURI
Sidi Mohamed
Ben Dam Al Azemmouri est un saint poète
soufi berbère marocain d’expression arabe classique et dialectale, né au début
du XIXe siècle, dans la ville d’Azemmour (El Jadida) et mort à Médine (au
Hedjaz), en 1284 H/ 1867 C. Il a pratiqué le soufisme, suivant confrérie
moukhtarite, tout en restant attaché aux
confréries Ouezzanide et
acéride. Ses poèmes sont recueillis dans
les ouvrages comme : «Hdîqatu al Azhâri fî Muatamidy mina al Akhabâr» (le
Jardin des fleurs sur mes références en nouvelles), «Al ialâm biman halla
Murrâkucha wa Aghmâta mina Al Aalâm», (Chronique sur les célébrités ayant
résidé à Marrakech et Aghmât) et « Ar-Rihlatu al Hijâziyya» (Le périple
hedjazien). De sa
poésie soufie, citons notamment :
CONDOLÉANCE
«La mort de notre maître au rang
sublime/
Avant qu’on ait entendu l’appel à la
prière//
Le salut des mondes le père des
lumières/
Le pôle de l’existence et l’élite des
bons//
Notre seigneur notre guide al
Moukhtar/
Notre professeur notre imam
visionnaire//
Le remerciement devance ce qu’il a
récité/
Pour lui nos louanges noble et haut
soit-il//
Il est Notre seigneur Ahmed Al Bakaï/
Descendant du noble Calife Abu Al
Alaï//
La jacinthe du savoir la perle de
coquille/
L’aisance du savoir l’arbre de noblesse//
Le pôle des gens le soutien des
nobles/
La caverne des gens l’appui des
veuves[19]//».
SAINTS
POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
BERBÈRES D’EXPRESSION
TAMAZIGHE
AU MAROC
À propos des saints poètes soufis populaires berbères marocains
d’expression amazighe, il y a lieu de rappeler avec Ahmed Omari citant Roger
Chaban : «Les hommes des sommets ne sont pas frustes, mais simples, au
sens le plus intelligent et le plus élevé qui soit. Dans le grand large
perpétuel de leurs hautes vallées où aucun écran moderne ou agitation factice
ne leur cachent jamais leurs valeurs essentielles. Ils restent dans le
balancement paisible de la vie de chaque jour, intégrés au grand rythme naturel… Ils chantent avec humour, amour,
gaillardise ou tendresse les astres et la nature, leurs travaux… le plus admirable enfin est que la verve
poétique de ces montagnes n’est pas rude comme leur terroir mais qu’ils savent
manier un art infiniment gradué où, le ciselé et la vigueur du trait se
fondent, quand nécessaire, dans une exquise délicatesse de touche [20][mystique]».
En témoignent spirituellement :
SIDI HMAD OU MOUSSA
Sidi Hmad Ou
Moussa al Jazûlî As-Samemlâlî est un saint poète soufi populaire berbère
marocain d’expression arabe classique, né vers 1460, chez les Id Ousemlal, dans
l’Anti-Atlas. Il avait 55 ans lorsque les Portugais ont débarqué à Santa Cruz
(à Agadir) et Cap Ghir. Il devient résistant contre l’occupant et adopta la
méthode du gymnase dont ses adeptes se font les champions en tant qu’arme
physique contre l’ennemi. De sa poésie, on rapporte cette tirade qu’il fait
contre une faute de grammaire arabe que lui a reprochée un cheikh de Taroudant :
LA LANGUE ET L’HOMME PIEUX
«Voilà que j’ai mis l’accusatif sans
savoir la grammaire !
La langue que seule vocalisent les mots,
celle-ci périra
Allah veuille qu’elle soit sauvée au
jour du rassemblement
À celui qui n’a pas de pitié à quoi
servira la grammaire
Quel tort une langue barbare fera-t-elle
à un homme pieux?»
À SIDI MOHAMED BEN ABDALLAH
(EN 1557)
«Ô
Arabes ! Ô berbères ! Ô
plaines et montagnes !
Obéissez au
Sultan Abdallah n’ayez querelle avec lui».
LE MÉPRIS DU MONDE
«Celui qui
regardera là entrera au Paradis
Nul
n’accomplit son affaire en ce monde
Et nul n’y
atteint non plus donc son désir
Quel
malheur d’être l’esclave de l’ici-bas
Quel
malheur d’être l’esclave de l’argent[21]».
HAMMOU OU NAMIR
Sidi Hammou
Ou Namir est un saint poète soufi populaire berbère marocain d’expression
amazighe, du XVIe siècle, né à Aoullouz et mort chez les Iskrouzen, dans le
Sous. Il est le patron des chanteurs et n’a pas laissé une œuvre écrite et
probablement plus personne ne saurait réciter ses poèmes aujourd’hui. Certains
de ses longs poèmes ont été recueillis dans certains ouvrages. En traversant
l’Atlas par Aoullouz, il chante ses craintes et ses espérances :
AH ! MA MÈRE MISÉRICORDIEUSE!
«…Ah !
ma mère miséricordieuse,
enfin je
suis arrivé à être un taleb!
Avec quelle
fierté je me promène
mes
tablettes entre mes mains.
Mais la
chanson sur moi descend,
Et mon
érudition me profite peu.
Avec les
maîtresses de boucles
D’oreilles.
Dois-je revenir à Ouijjan,
à Tiki-ouin
et à Ighli Mallan, là
où j’ai vu
ces adorables gazelles,
reposant là
sur leurs couches ?
C’est un
spectacle qui vaut des
Quintaux d’or !
Quand la caravane
se fatigue,
il faut qu’elle repose.
Si le
moulin travaille lentement,
qu’on
ajoute de l’eau dans le
ruisseau.
Si l’amitié se refroidit,
au bout du
compte lâche-la !»
CELUI QUI N’A PAS D’AMI
«Qu’il ne
dise plus qu’il a passé sa vie,
Celui qui
n’a pas d’ami,
Parce que
la vie, ce sont les amis qui la
font
passer.
Un cœur
quand il est brisé, qui le guérira,
Si ce
n’est, d’un ami, la parole ou le rire ?
Le
laurier-rose est amer. Qui, jamais, en
Le
mangeant, a trouvé qu’il était doux ?
Je l’ai
mangé pour mon ami. Je ne l’ai
Pas trouvé
amer.
Que le
fusil ne soit jamais loin de la
Balle, et
les yeux peints de l’antimoine.
Et le cœur
loin de ses amis
Jusqu’à ce
qu’il entre sous terre[22]».
SAINTS
POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
SAHRAOUIS D’EXPRESSION
ARABE CLASSIQUE
DIALECTALE ET
HASSANIE AU MAROC
Pour ce qui est des saints poètes soufis sahraouis populaires marocains d’expression
arabe classique, dialectale et hassanie,
le site Bakrim relève notamment : «Il y a toujours eu un lien entre le
Nord du Maroc et son Sud saharien. L’histoire en témoigne ainsi que d’un lien
culturel. Les habitants du Sud du Maroc, le Sahara, parle langue arabe. Leurs
poèmes [même mystiques] sont dans la langue qu’on appelle ‘Chear Alhassani’, ‘la
poésie hassanite’(…). Les habitants de cette région du Maroc sont musulmans de
religion et les rois qui ont gouverné le Maroc sont issus du Sud marocain
saharien. Le lien s’est fait aussi par
la musique. C’est un moyen pour les villageois d’accompagner la poésie [souvent
mystique] avec leurs chants et rythmes et parfois avec des instruments de
musique locaux come ‘l‘oud’ [le luth], la guitare et les traditionnels rythmes
(…). On ne trouve pas un festival national ou religieux [soufi populaire] où
cette musique [v. cette poésie des saints soufis populaires] n’est pas
représentée[23].»
SAINTS
POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
SAHRAOUIS D’EXPRESSION
ARABE CLASSIQUE
AU MAROC
AHMED BEN MOUSSA KARZAZI
Le saint poète soufi populaire sahraoui marocain d’expression arabe
classique, Cheikh Ahmed Ben Moussa Karzazi est né en 863 H/ 1443 C, à Seguia El
Hamra (Rio de Oro), au Sahara marocain. Il fait ses études à Fès (en 949 H/
1529 C) et à Miliana (959 H/ 1589 C), avant de revenir à Seguia El Hamra Seguia El Hamra, au-delà du
Souss, pour rencontrer Sidi Ahmed Laâroussi (m. 1002 H/ 1593 C), qui a été son
maître éducateur, puis à Touat, chez cheikh Sidi Moussa Ben Massaoud
Tasfaouti (m. en 968 H/ 1543 C), son
maître en vision mystique. Après quoi, il retourne à son pays natal (en 908 H/
1483 C), où il fonde sa fameuse zaouïa en vue de répandre la science,
recueillir les démunis et les passagers. Il meurt, en 1013 H/ 1620 C, à l’âge
de 90 ans. De sa poésie mystique, citons en particulier :
J’AI VU MON DIEU PAR L’ŒIL DE MON CŒUR
«J’ai vu mon Dieu par l’œil de mon
cœur/
Et je Lui ai dit avec certitude Toi
c’est Toi//
Toi qui détiens la possession tous
les lieux/
Partout où se trouve le lieu tu
trouves Toi//
Il n’y a pas de lieu émanant de Toi un lieu/
De sorte que l’illusion sache comment
Tu es//
Dans le néant le néant de
l’anéantissement/
Et dans l’anéantissement Tu T’es
trouvé Toi[24]//».
CHEIKH MAÂ EL AÏNAÏN
Le saint poète soufi populaire sahraoui marocain d’expression arabe
classique, Cheikh Maâ El Aïnaïn, de son vrai nom Mohamed Al Mustapha, dont le
son père Cheikh Mohamed Fadel Ben Mimine, et la mère ‘Man’ Bent El Maalûm, est
né en 1246 H/ 1878 C et mort en 1328 H/ 1910 C. Il a laissé 300 ouvrages
touchant tous les domaines du savoir de son temps et a fondé un mouvement de
résistance qui a mis à rude épreuve le colonialisme étranger au Sahara et au
Maroc. De sa poésie mystico-érotique, citons cet extrait :
J’AI PASSÉ LA NUIT LE CŒUR DÉCHIRÉ D’AMOUR
«J’ai passé
la nuit le cœur déchiré d’amour/
Et de
brûlure d’envies je l’ai passée incliné//
Je l’ai
passé d’un feu attisé dans un paradis/
Le paradis
d’un souvenir ravisant l’oublieux//
Se dégage
d’elle le musc d’une fille de gazelle/
Si le
spectre tend à le rendre et les malheurs[25]//».
AHMED EL HIBA
MAÂ EL AÏNAÏN
Ahmed El Hiba Maâ El Aïnaïn, fils du
Cheikh Maâ El Aïnaïn, est un saint poète soufi populaire sahraoui marocain
d’expression arabe classique, né à Seguia El Hamra, en 1338 H/ 1875 C et mort en
martyr, à Kardous, près de Tiznit, en 1292 H/ 1919 C, en poursuivant la lutte, entamée
par son père, contre le colonialisme français, englobant la Mauritanie et le
Maroc. De sa poésie dédiée au Prophète Mohammad (PS), citons ce poème :
LUMIÈRES
MAHOMÉTHABNES
«J’ai arrêté la coulée des larmes qui fusent et se répandent/
Et se changent
en agate après avoir été comme des perles//
Et échange
pour moi la passion de l’écart et de la tristesse/
Le sommeil
de l’assoupissement en insomnie et en veille//
Et
m’envoute un casuel du a à changer en un
casuel du o/
Ce qui ne
devait jamais être ni casuel du o ni casuel du i//
J’avais un intellect
soigneusement gardé et je l’ai induit/
Plut à Dieu
que je ne l’eusse égaré et qu’en est-il advenu//
Venez lire en
moi ce qu’est l’amour et la passion de l’âme/
Ce qu’est
l’adoration qu’ils sont tous doux et le plus amer//
Que se
rafraîchisse ce qu’éprouve l’amant de feu ardent/
Et
s’enflamme de son rafraîchissement du feu de l’enfer//
Il m’est
indifférent en lui l’approche ou l’écart alors qu’Il/
a éclipsé
le caché et fait paraître ce qu’il a fait paraître//
Je me
passionne quand je perçois un éclair yéménite/
Et quand
les branches se balancent au zéphire de l’aube//
Et mon cœur
à l’Est hedjazien plein de rayonnement/
Y
a-t-il pour eux une rencontre et si elle
se fait se brise//
Il me
manque de rappeler mon Bienaimé Mohammed/
Si des
peuples ont manqué d’humilité et de pudeur[26]//».
SAINTS
POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
SAHRAOUIS D’EXPRESSION
HASSANIE AU MAROC
AHMED BEN MOUSSA KARZAZI
Le saint poète soufi populaire sahraoui marocain d’expression hassanie, Cheikh
Ahmed Ben Moussa Karzazi, déjà cité plus haut en langue arabe classique, a
aussi composé une poésie en langue hassanie, assez proche de l’arabe dialectal
marocain. En voici l’exemple, dans l’extrait spirituel et mystique
suivant :
PRIÈRE SUR AHMED AU SUBLIME NOM
«Prière ô
notre Grand Maître/
Sur Ahmed
au Sublime nom//
D’une
prière complète et paix/
Ô notre bien Porteur du Sceau//
Qui Dieu
aime doit L’honorer/
Il sera
pour la foi un gardien//
Il n’est
tel la pierre de rivière/
Mouillée et
son cœur tout sec//
Qui n’a
point vu ne peur conter/
Ce qu’il a
vu d’où nous apporter//
De
l’absence allant et percevant/
Derrière
les voiles nous fait signe//
De par mon
Seigneur ô mon Dieu/
Je n’ai vu
marché qui me plaise//
De celui
qui vent je suis l’acheteur/
Qui
s’enquiert de ce que je possède//
Nos Saints
qu’on proclame la vérité/
Les gens de
l’égarement l’ont reniée//
Notre
rendez-vous au foyer du Juste/
Chacun
recevra le lot de ses actes//
Le don du
Généreux est sans peine/
Ce qu’Il
aime ce qu’Il veut lui-même//
Nous avons
vu que la peine est vaine/
Sauf ce que
lui concède son Maître//
Qui ne
raconte ont dit les Saints/
Retour de
qui veut la guérison/
Et enflamme
les feux du cœur/
Guérit son
mal en un clin d’œil/
Le marché
est plein de ses Gens/
Jusqu’à le
voir conforme à la Loi/
Priez sur
Celui qui est né orphelin/
Celui qui
est la perle des orphelins//
Qui est le
Lieu de la glorification/
Le
Hachémite le Père de Fatima[27]//».
AHMED LAÂROUSSI
Le saint poète soufi populaire sahraoui marocain d’expression arabe
classique, Cheikh Sidi Ahmed Laâroussi, descendant du prophète Mohamed (PS),
par Ali et Fatima, est né et mort au Sahara marocain (1438-1593). Il est
enterré au Seguia El Hamra, à 30 km de la ville Smara. Il était le disciple, à Meknès, de Cheikh Sidi
Abd Er-Rahman El Majdoub, de la confrérie Al Jazouliyya à Marrakech et du
Cheikh Abou Al Azm Rahal El Kouchi, connu sous le nom d’El Boudali. Il quitte
Marrakech vers le Seguia El Hamra, à la suite de la rude épreuve imposée aux
zaouïas, sous le règne du Sultan saâdien Mohamed Cheikh (1540-1557), dit le
sultan El Khal (le sultan noir). De sa poésie mystique militante citons :
MES NOBLES MIENS L’HUMILATION
N’EST PAS MÉDISANCE
«Mes nobles
miens l’humiliation n’est médisance
Ceux qui
tirent le rabab l’étirement vers la marge
J’ai quitté
mes propres habits et endossé sa livrée
Et me suis
imbibé de parfum en musc et aromate
Et arrive
le tyran en s’appuyant sur la médisance
Et je l’ai
frappé du sabre bleu d’origine rhinienne
Et laissé
le sang de son artère aorte couler à flots
Ne sachant
ô mon fils ni sa perte ni son malheur[28]».
TABLE DES MATIÈRES
Introduction 2
POÈTES SOUFIS POPULAIRES
D’EXPRESSION
ARABE
CLASSIQUE
AU MAROC
ET AU
SAHARA 5
POÈTES SOUFIS POPULAIRES
D’EXPRESSION
ARABE
CLASSIQUE
AU MAROC
7
Abdesalam Ibnu Machicich Al Alami
8
Abu Al Hassan Al Musaffir As-Sebti 10
Larbi Derkaoui
13
Mohamed Al Harrâq 16
El Larbi
Ben Saïh
20
POÈTES SOUFIS POPULAIRES
D’EXPRESSION
ARABE
DIALECTALE
AU MAROC
22
Mohamed Ben Aïssa 25
Othmân Ech-Charqi (Sidi Bahloul) 27
Ahmed Tijani Ach-Charif 29
Qaddour Al Alami 30
Cheikh Larbi
Rahoui El Filali 33
POÈTES SOUFIS POPULAIRES
BERBÈRES
ET SAHRAOUIS
D’EXPRESSION
ARABE
CLASSIQUE
AMAZIGHE ET
HASSANIE
AU MAROC
ET AU
SAHARA 35
SAINTS POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
BERBÈRES
D’EXPRESSION
ARABE CLASSIQUE
AU
MAROC 37
Abd Er-Rarahman El Majdoub 38
EL
Haj Mohamed Lahbib El Idrissi 41
SAINTS POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
BERBÈRES
D’EXPRESSION
ARABE
DIALECTALE AU
MAROC
43
Sidi Lakhdar Ben Khlouf
44
Sidi Mohamed Ben Dam Al Azemmouri 46
SAINTS POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
BERBÈRES
D’EXPRESSION
AMAZIGHE
AU MAROC 48
Sidi Hmad
Ou Moussa al Jazouli 50
Hammou Ou
Namir
52
SAINTS POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
SAHRAOUIS
D’EXPRESSION
ARABE
CLASSIQUE ET
HASSANIE
AU MAROC 54
SAINTS POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
SAHRAOUIS
D’EXPRESSION
ARABE
CLASSIQUE
AU MAROC 56
Ahmed Ben
Moussa Karzazi 57
Cheikh
Maâ El Aïnaïn 59
Ahmed El Hiba Maâ El Aïnaïn 60
SAINTS POÈTES SOUFIS
POPULAIRES
SAHRAOUIS
D’EXPRESSION
HASSANIE AU MAROC 62
Ahmed Ben
Moussa Karzazi 63
Cheikh Sidi Ahmed Laâroussi 65
[2] «Les sept saints de Marrakech»,
Op.cit., Ibid.
[3] Alarabmag : «Al
Hikmatu wa as-Salâh… wa al Fannu al-Jamîl… At-Tasawufu bi al-Gharbi al-islamî»,
www.alarabimag.com , p.1.
[4] Wikipedia : «Abdesalam
Ben Mchich Alami», www.wikipedia.org , p.1; Pr.
Abdesalam Chakor : «Jabal Al Alam baïna ach-Chi’ri wa at-Târîkh», «Majallattu
Kulliyyati al Âdâbi bi Titwan», N°5, 1412 H/1992 C, pp.65-66;
Rouhaniyat : «As-Salâtu
al Machîchiyyatu li Qutbi al Aqtâbi mawlânâ Abdusalam Ibnu Machîch, radia Allah
‘Anhu wa qaddasa sirrahu al’adhîm», www.rouhaniyat.7olm.org , p.1.
[6] Wikipedia :
«Moulay Larbi Derkaoui», www.wikipedia.org , p.1; Karkariya :
«At-Tarîqatu al Mohammadiyyatu al fuzawiyyatu al karkariyyatu : Moulay Larbi
Derkaoui», www.karkaria.com , pp.1-2.
[7] Karima Ben
Saâd : «Cheikh at-Tariqati wa lisânnu al Haqîqa, sidi Mohamed Al Harrâq :
1186-1261 H», www.aljounaid.ma, pp.1-2; Cheikh
Sidi Mohamed Ben Mohamed El Harraq El Hassani (1772-1845) : «Serais-tu en quête
de Leïla? », www.spiritpartage.forumactif.com , p.1.
[9] Roaaad :
«Ach-Chi’ru ach-Cha’biyyu : mudhakkirâtu ath-Thurâti al Maghribî», www.roaaad.com , pp.1-3.
[10] Wikipedia : «Aïssawa
Aissaoua», www.wikipedia.org , p.1.;
«Hizbu al ibrîz li ac-Chaïkh al Kâmil Sidi Muhammad ben Aïssa, Radiya Allah Anh»,
www.aissaoua.ahlamountada.com , p.1.
[11] Musique Arabe : «Cheikh Sidi Othman Ibn Yahya el
Cherki Sidi Bahloul et sa qasidat ‘al fiyachia’», www.musique.arabe.over-blog.com , p.1.
[12] Wikipedia : «Al Imâm Abul’Abbâs Ahmad ibn
Mohammad At-Tijânî Ash-Sharif», www.wikipedia.org , p.1; Etteyssir : « Al Awrâd al kâfatu wa al Awrâdu
al-Lâzimatu… », www.atteyssir.com , pp.1-2.
[13] Wikipedia : «Kaddour El Alamy», www.wikipedia.org, p.1; Montada :
«Al maknasiyya, Kaddûr Al Alamî», www.montada.echoroukenline.com , p.1; Char3 : «Sidi Kaddûr El Alamî, rahimahu Allah»,
www.char3-almutanabi.com , p.1.
[14] Mohmed Al Bûyahiyâwî Al Idissî Uthba : «Madmûn
‘Ad-dhikrât’ wa al qsâïd al Aïssawiyya », www.aljabriabed.net , p.3 ; Alkherat : «Al qasâïd al
Aissawiyya », www.alkherat.com , p.3 ; Notice biographique de l’auteur de ces lignes.
[15] Roaaad : «Ach-Chi’ru ach-Cha’biyyu :
mudhakkirâtu ath-Thurâti al Maghribî», Op.cit., p.3.
[16] Wikipedia : «Abderrahman El Majdoub», www.wikipedia.org , p.1; Aslama : «Min Aqwâl Sidi Abderrahmân Al
Majdûb», p.1; Wata : «Min rubâ’iyyati Sidi Abderrahmân Al Majdûb», www.wata.cc , p.1.
[18] Musique arabe : «Sidi Lakhdar Ben Khlouf,
chantre de la poésie populaire à l’échelle maghrébine », www.musique.arabe.over-blog.com , pp.1-4.
[24] Laroussine : «Tarif Cheikh ‘Ahmed Ben Moussa
Karzazi», www.laroussine.forumr.biz , p.1; Sidi Amhamed Ben Djrad : «Min rumûz cheikhina
al Qutbi al Akbari sidi Ahmed Ben Mûssa al Karzazî», www.sidiamhamedbendjarad.montadarabi.com , p.1.
[27] Sidi Amhamed Ben
Djrad : «Rumûz Sidi Ahmed Ben Mûssa», www.sidiamhamedbendjarad.montadarabi.com , p.1.
[28] Ahmed Salem :
«Nsabu al Wâli As-sâlih Ach-Charîf ‘Cheikh Sidi Ahmed Laâroussi», www.ahmedsalem1.wordpress.com , p.1.