viernes, 16 de junio de 2017

Le roman polar marocain migrant, Dr. SOSSE ALAOUI Med



LE ROMAN POLAR MAROCAIN MIGRANT, RÉSIDENT
ET SÉDENTAIRE : 1995-2017

     En observant l’intérêt croissant, accordé par la presse  littéraire et les salons du livres au   roman polar marocain, tant au Maroc qu’à l’étranger, cela a piqué notre curiosité pour nous pencher sur un corpus de 21 auteur(e)s, né(é)s entre 1921 et 1985 et de romans polars, parus, entre 2001-2017, ce dont a pris forme, à nos yeux,  vu la localisation géopolitiques de ces auteurs,  la question : «Le roman polar marocain migrant, résident et sédentaire : 1995-2017». En témoigne cette pensée si suggestive, de la mi-avril 2017,  de Meriem El Youssoufi : « Thrillers [v. Romans polars], […] grands espaces ou lieux confinés, les romans policiers photographient toutes les couches de la société. […] Cet été, le Ramadan tombe en pleine période estivale. […] Mais vous pouvez au moins vous évader en plongeant dans un beau polar qui meublera vos nuits blanches. » - «Le bel été des polars », www.Le canardlibere.com ,1.  Et d’ajouter un peu plus loin sur son émergence : « Au Maroc, la production des romans noirs commence à émerger.  Si vous aimez les thrillers historiques du genre «da Vinci Code», précipitez vous sur «Les Cinq gardiens de la Parole perdue» d’Elmehdi Elkourti, paru aux éditions Casa Express.» - Op.cit., Ibid. Ainsi aurons-nous à explorer :

     I. Le roman polar marocain migrant : 2001-2017.
    II. Le roman polar marocain résident : 1995-2016.
    III. Le roman polar marocain sédentaire : 2014-2017.

    I. Le roman polar marocain migrant : 2001-2017 :
  
    Certes, le roman polar marocain migrant : 2001-2017, qui recouvre un corpus global de 25 romans polars d’apparition relativement tardive, dont 13 auteur(e)s migrant(e)s, né(e)s entre 1926 et 1982. A cet égard, Meryem Belkaïd indique : «Lorsqu’on étudie la littérature policière [v. ici roman polar marocain] et plus précisément la littérature policière du Maghreb, plusieurs angles d’approche sont possibles. […] Rappelons seulement que les débuts du roman policier algérien datent de 1970, année de naissance du genre en Algérie. La publication de romans policiers marocains [1993] et tunisiens [1977] est en revanche assez marginale, mais il existe, au Maroc, un nombre important de journaux qui publient régulièrement des romans feuilletons policiers […]. Ces œuvres ne sont pas toujours disponibles ni en librairie ni en bibliothèque et cela est bien évidemment lié aux dysfonctionnements des circuits du livre au Maghreb. » - «Paradigme indiciaire et identités Le roman policier maghrébin francophone contemporain : une variation originale du genre policier? », www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org, p.1.

     Quant au roman polar marocain migrant, il interpelle, selon Mechtild Gilzmer et d’Elien Declercq, tant une biographie éclatée, qu’une identité multiple des auteur(e)s, que les frontières géopolitiques et nationales de ces derniers du corpus retenu. De la sorte, Mechtild Gilzmer opine : «Les écrivains et leurs œuvres. Ce qui frappe d’abord quand on regarde les biographies des auteurs qui font partie de ce corpus, c’est que tous sont caractérisés par une biographie «éclatée», une identité multiple.» - « Littérature migrante francophone d’origine marocaine au Québec », www.kanada-studien.org, p.14. De son côté,  Elien Declercq remarque qu’au crédo des histoires littéraires et frontalières géopolitiques : «L’on sait que depuis l’ère des nationalismes, les institutions littéraires des nations européennes associent «production littéraire» et «frontières géopolitiques et nationales». D’où la croyance que les littératures représentent «l’âme» des nations. D’où également la difficulté à rendre compte des littératures venues d’ailleurs, qu’elles soient traduites ou transposées telles quelles au sein des littératures d’adoption. Cette difficulté s’applique en particulier aux productions littéraires de migrants [v. au roman polar marocain migrant].» - « Écriture migrante », «littérature (im)-migrante», « migration literature » : réflexions sur un concept aux contours imprécis », www.cairn.info , p. 303.

     Des treize auteurs de romans polars marocains migrants, cités ici, quatre sont des natifs migrants en France : Jilali Hamham (1979-), avec « 93 Panthers » (2017), Rachid Santaki (1973-), avec «La légende du 9-3» (2016), David Max Benoliel (1934-), avec «Mercure rouge» (2017), Nicole Provence (1948-), avec «Le Secret d'Aiglantine» (2016), auxquels s'ajoutent neuf auteur(e)s natifs migrant(e)s, au Maroc, à savoir : Driss Chraïbi (1926-2007), avec «L'inspecteur Ali et la CIA» (2011), Abdelkarim Belkassem (1963-), avec «La bête et le boss» (2015), Omar Mounir (1947-), avec « S'en sortir ou mourir» (2001), Anouar El Fakiri (1985-), avec «Malakalmaut» (2017), Imane Robelin (1965-), avec «Pour tout l’or de Casablanca» (2015), Tito Topin (1932-), avec «De Gaule n'est pas un auteur de polar » (2016), Kamil Hatimi (1960-), avec  «La houlette» (2015), Laurent Graev (1969-), avec «Je suis un assassin» (2002), Antonio Losano (1956-), avec «Harraga» (2017). Or, à titre d’exemples, mentionnons-en :

   + Des auteurs de romans polars marocains natifs migrants en France :
  
    - Jilali Hamham : « 93 Panthers», Ed. Rivages/ Noir, 2017
    Né en 1979, à Angers, Jilali Hamham, de parents d’origine marocaine, installés en France, depuis 1960. Il y suit ses études primaires et secondaires et des études supérieures en lettres étrangères appliquées, à l’Université d’Angers (2006). Il est l’auteur de notamment. « 93 Panthers», etc.
    C’est le récit fictif du groupe terroriste des 93 Panthers qui, après une attaque sanglante sur les Champs-Elysées, à Paris, déclare l’occupation de la Seine-Saint-Denis, territoire indépendant. S’en suit une contre-offensive des services secrets français. Cela évoque une question de l’heure sur la scène politique des débats des campagnes des  présidentielles de mars-mai, 2017, sur l’instrumentation de la religion par les gangsters, et les enjeux de l'opinion publique, par l'extrême-droite, au sein de l’Hexagone. www.culturebox.France tvinfo.fr , p.1
    - David-Max Benoliel: « 93 Panthers», Ed. Ex Aequo, 2017
    Né en 1934, au Maroc, d’un père de confession juive de Gibraltar et d’une mère espagnole catholique, citoyen britannique au Maroc sous protectorat français, David-Max Benoliel est  un écrivain et romancier franco-marocain. Exclu de l’école, par la loi de 1941, il y revient avec la paix. Il étudie, à Casablanca, obtient une licence en droit (1956) et devient avocat, à Agadir, lors du séisme de 1960. A la  marocanisation  du système judiciaire il va en France sans métier, malgré ses diplômes français et son lien au Barreau français du Maroc, en tant que britannique. Il est naturalisé français (1970), inscrit au Barreau d’Aix-en-Provence, et y est avocat, jusqu’en 2001. Cela le conduit à la Guadeloupe, à New York, à Rotterdam, à Curaçao et Caracas. Il écrit des romans polars dont : Mercure rouge (2017) :
   C’est le récit plein de rebondissements de la mission du commissaire Zach Lablanca, cadre supérieur de la Police Criminelle et Esmeralda Roudani une jeune mariée et novice policière, en corvée avec lui, pour accroc avec le conseiller du premier ministre. Mais une nuit, une  dame élégante d’un certain âge vient déclarer avoir tué son mari du Colt qu’elle leur remet. L’enquête est liée à un stock de «mercure rouge», matière stratégique, radioactive, pour fabrique de bombes sales,  pouvant asphyxier, en dépit des filtres des masques à gaz. - www.nouveautesediteurs.bnf.fr , p.1.
   + Des auteurs de romans polars marocains natifs migrants au Maroc :

    - Driss Chraïbi, L'inspecteur Ali et  la CIA, Ed. Points, 2011
    Né en 1926, à El Jadida, au Maroc et décédé en 2007, à Crest, en France, Driss Chraïbi est un écrivain marocain de langue française. Il grandit à Rabat et Casablanca, où, il étudie, à l'école coranique, l’École M'hammed Guessous de Rabat, le Lycée Lyautey, à Casablanca. Bachelier, il étudie la chimie (1945-1950) et obtient un diplôme d'ingénieur. Il étudie la neuropsychiatrie et s’adonne à la littérature et au journalisme. Il produit des émissions à  France Culture, enseigne la littérature maghrébine à l'Université Laval du Québec. Il écrit aussi des romans polars tel que : L'inspecteur Ali et la C.I.A. (2011) :  
    C’est l’histoire de la mission de l'inspecteur Ali, convoqué par l'ambassade américaine de Casablanca. Un dangereux terroriste international, soupçonné d'avoir intoxiqué un sénateur, a déjoué la vigilance de la CIA. Le limier exige un million de dollars, la carte blanche, un passeport diplomatique pour trouver le suspect. De Casablanca à Washington, avec un train d’enfer, une enquête cocasse et captivante sert de prétexte à une critique satirique de l'Amérique et du Maroc. - www.babelio.com , p.1.
    - Imane Robelin, Pour tout l'or de Casablanca, Ed. Henry, 2015

    Née en 1969, à Rabat, où elle  a vécu jusqu'à l'âge de dix-huit ans,  Imane  Robelin est diplômée en économie de la santé, de l’université de l'université Paris II. À Londres elle  est enseigne, tout en élevant ses trois enfants. Elle suspend son activité, pour se mettre à écrire. Lauréate du Prix de la Nouvelle Francophone (2015), elle publie des romans polars, dont : Pour tout l'or de Casablanca (2015), etc.
   Le récit porte sur le vol de la ceinture d’or «La «m’damma », dont le mari a fait cadeau à Madame Ouazzou chez travaille une bonne, repêchée par elle, un jour, dans la rue. Apparemment, Elle ne l’a détestait, mais elle fera tout pour la faire arrêter, comme coupable, par le policier Bachir. C’est une misérable qu’elle a sortie du bas-fond pour l’honorer d’un emploi chez elle. Il y a un crime, mais nul besoin d’enquête. Le rythme du suspense policier le cède à celui des tourments intérieurs. L’intrigue suit le fil des confidences révoltées, ou subies sur les injustices sociales et mobiles des actes du quotidien. Un dénouement qui ne promet rien de bon. - www.dailynord.fr , p.1. 
   Du fait, les auteurs de romans polars marocains natifs migrants, tant en France qu’au Maroc, se révèlent être rebutants à toute tentative d’uniformisation, suivant Elien Declercq, en ces termes : «Remarquons finalement que, sur un plan plus historiographique, le concept de «littérature de migration» défie toute tentative de recentrement national ou monoculturel des histoires littéraires dites «nationales», puisque la «littérature de migration» ne peut être juxtaposée à la littérature nationale ni intégrée d’un seul tenant en son sein. » - «Écriture migrante », «littérature (im)-migrante», «migration literature» : réflexions sur un concept aux contours imprécis », Op.cit., p.6.

    II. Le roman polar marocain résident : 1995-2016 :

    Par ailleurs, considérons de la même manière que  le roman polar marocain résident embrasse une partie de ce corpus global des 25 romans et de leurs auteurs, assez réduit cette fois-ci, à 5 romans polars marocains, parus, entre  1995 et 2016, et leurs 5 auteurs, nés cette fois-ci, entre 1910 et 1966. En effet, dans sa définition du polar québécois, Norbert Spehner nuance le statut géopolitique du roman polar canadien, en une formule qui pourrait s’appliquer ici, celui des auteurs des romans  polars marocains résidents du corpus, en soulignant, en ce sens : «Cette publication de la série «Documents» est une brève introduction aux polars québécois, c’est-à-dire des romans policiers ou d’espionnage écrits soit par des auteurs originaires de la Belle Province, […], soit par des écrivains qui sont des résidents permanents [v. là au Maroc] et des citoyens canadiens [v. ici «sédentaires», §,III] […], depuis nombre d’années.» - «Le polar québécois/Mystery fiction in Québec », www.academia.edu , p.1.
    Aussi des auteurs de romans polars marocains résidents répertoriés ici, observons des natifs résidents au Maroc de différentes origines géopolitiques, notamment : des USA, de France, de Grande Bretagne, et d’Algérie, tels que : Paul Bowles (1910-1999), avec «La Maison de l'araignée», «The Spider's House» (1995), Marie-Louise Belarbi (1929-), avec «Ligne brisée» (2013), Pierre Boussel (1963-), avec « Sentinelle » (2016), Guillaume Jobin (1960-), avec «Route des Zaërs» (2015), à savoir :
     
    Mentionnons-en, trois exemples américano-franco-algériens d’auteurs de romains  polars marocains résidents, à savoir :

     + Un auteur de romans polars marocains résident américain :
  
    - Paul Bowles,  La Maison de l'araignée, The Spider's House, Ed. Livre de Poche, 1995 

    Né en 1910, à New York et mort, en 1999, à Tanger,  Paul Bowles est un compositeur,  écrivain de romans polars américain. Il réside la plupart de sa vie au Maroc. En 1947, il s'installe à Tanger, où Jane Auer le rejoint, en 1949. A la fin des années 1940, ils y reçoit  Truman Capote, Tennessee Williams et Gore Vidal,  et, au cours des années 1950, la beat generation, Allen Ginsberg et William S. Burroughs. Il est l’auteur entre autres de : La Maison de l'araignée (The Spider's House - 1995).

    C’est le récit d’Amar, un jeune musulman pauvre qui, en 1954, assoiffé de vengeance se trouve en pleine cité marocaine de Fès, toute  insurgée jusqu’au sang contre la colonisation française. Il va  d'un groupe de militants nationalistes à un petit cercle d'Américains, du coin. Eux aussi hostiles aux Français, il se sent de plus en plus  sceptique quant à ses compatriotes, épris de vengeance, pensant pour y arriver, il faut d’abord identifier l’ennemi occidental et le tréfonds de son âme. - www.babelio.com, p.1.

    + Un auteur de romans polars marocains résident français :

    - Marie-Louise Belarbi,  Ligne brisée, Ed. Zellige, 2013

    Née en 1929, à Paris, en France, Marie-Louise Belarbi, de son nom Marie-Louise Guibal, ex-épouse de Mohammed Belarbi, ex-responsable au MEN (1960), homme d’affaires,  est une enseignante, romancière, libraire et éditrice franco-marocaine, et une grande figure des lettres nationales. D’abord assistante de Robert Laffont (1947), établie au Maroc (1959), elle crée la librairie Carrefour des Livres (1984), à Casablanca, rendez-vous des intellectuels des années de plomb. Elle est l’auteure du roman polar social : Ligne brisée (2013) :

    C’est l’aventure rocambolesque de Marie, une enseignante, à Casa, mariée à un haut fonctionnaire,  très occupé et omnipotent qu’elle adore. Elle s’occupe de son foyer et à veille sur leurs trois enfants. Un jour, elle reçoit le coup de fil d’un inconnu qui dit qu’il l’admire, et qu’elle ne mérite pas son sort, et son mari. Elle coupe l’appel. Mais, les multiples appels avec les  jours, l’amènent à dialoguer avec lui. Consciente du poids du son couple, elle décide de le voir. Mais, il lui répond qu’il vaudrait l’éviter. Munie son adresse par son numéro de téléphone, elle trouve sa porte ouverte, donnant sur la porte entrouverte d’une chambre, où l’inconnu allongé sur un lit, dit au téléphone, à une femme qu’elle mérite un autre sort et un autre mari, avec deux prothèses gisant par terre. - www.zellige.fr , p.1.
  
    + Un auteur de romans polars marocains résident algérien :

    - Rachid Mimouni, Tombéza, Ed. Stock, 2000

   Né en 1945, à ex-Alma, Boudouaou, en Algérie, et mort en 1995, à Paris, Rachid  Mimouni est un auteur algérien de romans polars d’actualités. Il a eu une licence en sciences commerciales, d’Alger (1968). Après un emploi d’assistant de recherche, il étudie, à l'École des hautes études commerciales de Montréal, au Canada, et enseigne à l'École supérieure de commerce d'Alger, à l'INPED de Boumerdès (1976), et à l'école supérieure du commerce d’Alger (1990). En 1993, menacé par intégrisme et l'assassinat de l'intelligentsia, il part avec sa famille résider, à Tanger, au Maroc. Il y fait une  chronique quotidienne sur Médi 1 Radio, parue en recueil, Chroniques de Tanger (1995). Il publie Tombéza (2000) :  
   C'est l’histoire d’un assassinat politique dont le héros Tombéza est un jeune homme qui, dès l’enfance, sous la colonisation, a résisté pour une Algérie nouvelle. Mais arrivé, à une place dans l’échiquier, accédant presque aux honneurs, il est flingué par des plus pourris que lui, donnant lieu à un crime anonyme, dont l’énigme reste insoluble, impuni comme une fatalité. C’est aussi la  mise en cause d’une société déchue, où les hommes, aux abois, s’interrogent sur le sens du bien et du mal, et la puissance obscure qui accable leur être et leur monde, plongés dans les ténèbres de l’arbitraire. - www.chapitre.com , p.1.
     Il va sans dire ici, à propos de ce bref corpus des auteurs de romans polars marocains résidents,  que tout plaide à leur faveur tel que l’affirme si bien ce jugement critique incitative de Dominique Jamet, sur l’opus de Pierre Bayard : « Dans son nouvel opus, Pierre Bayard remet en question l'obligation de jouer les globe-trotteurs et revisite les chefs-d’œuvre d'auteurs sédentaires [v. ici les auteurs de romans polars marocains résidents]. Un hymne au dépaysement imaginaire. » - « L'invitation au non-voyage »,  www.marianne.net , p.1.

    III. Le roman polar marocain sédentaire : 2014-2017 :

     En plus, on constate pareillement que le roman polar marocain sédentaire concerne  un corpus tiers de 7  des 25 romans et auteurs du corpus global consulté, des romans polars marocains sédentaires, tous parus, entre  2014 et 2017, et leurs 7 auteurs, nés et installés en permanence, au Maroc, entre 1948 et 1982. En effet,  Edilivre note à propos des écrivains marocains sédentaires célèbres ou non [v. ici notre le sous-corpus question], ce qui suit : «Si certains auteurs s'avèrent particulièrement sédentaires, […], d'autres voyagent éternellement, piqués d'un nomadisme prononcé. […] hommes de lettres, plus attachés à leur «terroir » d'origine, tels que Chateaubriand, reviennent, quant à eux, sans cesse dans leur région natale. […] Outre les prosateurs sédentaires et nomades, d'autres penseurs ont vécu sans véritablement.... avoir de toit ! » - «Les lieux d'inspiration des écrivains célèbres », www.edilivre.com , p.1.
     Tel est le cas des 7 auteur(e)s de romans polars marocains sédentaires du corpus inventorié là et, également peu étendu ci-après : Bahaa Trabelsi (1966-), avec «La Chaise du concierge» (2017), El Mostapha Aziz Alaoui (1954-), avec «Deux cercueils, un cadavre» (2015), Rida Lamrini (1948-), avec «Les Puissants de Casablanca» (2014), Abdelkhaleq Jayed (1961-), avec «Une Histoire Marocaine» (2016), Amine Jamaï (1970-), avec « La conspiration  des ombres » (2016), Habib Mazini (1954-), avec «Le Croquis du Destin», (2017), Fatine El Idrissi (1982-), avec «Unis jusqu'à la mort», (2016). Et dont voici les exemples illustratifs :

   + Des auteur(e)s  de romans polars marocains sédentaires :
  
    - Rida Lamrini,  Les Puissants de Casablanca, Ed. Marsam, 2014
    Né en 1948, à Marrakech, Rida Lamrini est un écrivain marocain. Il fait ses études secondaires au lycée militaire de Kenitra, à l'ENSEEIHT de Toulouse, en France, en sort ingénieur d'Etat en informatique, et de l'Université Mohammed V de Rabat., en tant que juriste en droit public. Il fait le cycle supérieur de gestion de l'ISCAE. En 1982, il est conseiller économique à l'Ambassade marocaine au Canada. En 1991, il collabore à la création du microcrédit, , il préside l'INMAA et la FNAM des Associations de Microcrédit (2001), faisant primer le Maroc, par l’ONU (2005), comme de l'Etat dans l'INDH, initié le Roi Mohammed VI. Il est l’auteur de romans polars dont : Les Puissants de Casablanca (2017) :
    C’est l’histoire d’une  jeune fille et de sa famille hante le monde du menu peuple  qui végète hors de la grande poussée économique de Casablanca. Le cadavre d'une femme est découvert, dans un grand domaine de la bourgeoisie d'affaires, un monde parallèle au premier. Un jour, elle rencontre un homme, dans sa quête d'argent et de plaisir facile, mais les suites  lui en seront fatales. Dans cet univers, les jeunes entrepreneurs tentent d’imposer leurs valeurs  et leurs méthodes de gestion. Ils trônent au haut du pavé intellectuel, mais finissent par subir de graves inconséquences d’affaires parce qu’ils ignorent comment agir contre les règlements de comptes inavoués qui minent la société. Face à quoi, la police s’avère singulièrement impuissante. www.ridalamrini.blogspot.com , p.1.
    - Bahaa Trabelsi, La Chaise du concierge, Le Fennec, 2017

     Née en 1966, à Rabat, Bahaa Trabelsi est une écrivaine et journaliste marocaine. Elle fait ses études secondaires au Maroc, et supérieures, en France et en revient munie d’un doctorat ès-sciences économiques de l'Université d'Aix-en-Provence. Elle travaille pour le gouvernement, puis s’adonne au journalisme comme rédactrice en chef de la revue marocaine "Masculin". Elle est membre associative pour la lutte contre le sida. Elle est l'auteur de  romans polars dont : « La Chaise du concierge» (2017) :

   L’histoire se passe à Casablanca, ville mêlant modernisme et conservatisme, où un tueur en série signe ses meurtres d'une citation du Coran, persuadé qu’il est élu par Dieu pour purger la cité de ses incroyants. Il y est venu incognito du Sud reculé du pays, tout aveuglé par sa foi, débordant de haine forcenée ceux-ci qu’il sélectionne depuis sa chaise de concierge, tel un observatoire dans un quartier chic. Un commissaire alcoolique et avachi mène l’enquête, avec une journaliste Rita, femme émancipée, cultivée à l’occidentale et la marocaine, tout en servant de proie toute désignée au fanatique psychopathe en furie. - www.lesinfos.ma, p.1.

     - Fatine El Idrissi, Unis jusqu'à la mort, Ed. Marsam, 2016

     Née en  1982, au Maroc. Elle est diplômée en langue et littérature française, option linguistique de l'université Mohamed V de Rabat. Elle est  journaliste, écrivaine et romancière.  Elle est l’auteure de roman polars dont : « Unis jusqu'à la mort», prix littéraire Sofitel Tour Blanche (2016) :

    C’est le récit cauchemardesque de la jeune amnésique Sarah qui se réveille  dans une rue sans aucun souvenir ni de son identité, ni de siens, ni de ce qui lui est arrivé jusque-là. Elle ignore si elle était mêlée à quelques forfaits criminels en liaison avec un trafic de stup, de kidnapping, de meurtre, ou à une affaire critique. Elle ne sait comment affronter ni son présent, ni son passé, ni son avenir. Personne ne n’a l’air de vouloir lui prêter secourt. Tout le monde lui cache son vrai visage. Sa recherche s’avère pleine rebondissements, d’énigmes et de suspense. -  www.livre.fnac.com

    Du fait, pour partager une réflexion de Meryem Belkaïd sur la spécificité des auteurs de romans polars maghrébins, voire ici marocains, on pourrait signaler globalement un trait commun de leur structure tant chez les auteurs migrants, résidents ou sédentaires en précisant : «C'est donc un nouveau défi qui se présente au roman policier maghrébin [v. marocain migrant, résident et sédentaire]. Il ne se mesure pas seulement à un public beaucoup plus vaste et à de nouveaux enjeux éditoriaux, mais il entre aussi en résonance avec des romans policiers français, européens et américains, et notamment avec les codes du genre. […] En effet, les enquêtes chez […] Chraïbi ne mènent pas obligatoirement au rétablissement de l’ordre et la reprise des codes du genre policier y est très souple. […] – « 
Paradigme indiciaire et identités Le roman policier maghrébin francophone contemporain :
une variation originale du genre policier ? », Op.cit., p.2.

    En conclusion, il y a lieu d’observer que cette exploration panoramique de la question sur : «Le roman polar marocain, migrant, résident et sédentaire : 1995-2017», et ses auteur(e)s, natif(e)s, ou en provenance, entre (1910-1985), tant : de France, d’Italie, d’Espagne, d’Angleterre, des Etats-Unis d’Amérique, d’Amérique latine, d’Algérie que du Maroc, bien que  limité,  a révélé sa réalité et sa pertinence rejoignant par-là la vision de Philippe, à cet égard  :  «À l’intérieur même de la définition du mot “migration” [v. migrant], se superposent un certain nombre de nuances [v. hic et nunc : le roman polar marocain migrant, résident et sédentaire] et de destins humains [v. les statuts géopolitiques des auteur(e)s cités du romans polars marocains : de France, d’Italie, d’Espagne, des Etats-Unis des USA, d’Amérique latine, d’Algérie et du Maroc]. […]. Cette considération sur l’écrivain en situation d’exil [v. migrant, résident, ou sédentaire], qu’il s’agisse d’un choix ou bien d’un bannissement  [d’auteur(e)s migrants, résidents ou sédentaires], cette suspicion s’applique communément à l’ensemble des écrivains migrants [ou non ici], faisant l’objet d’une classification spécifique dans la littérature mondiale.» - «Écrivains migrants, littératures d’immigration, écritures diasporiques : Le cas de l’Afrique subsaharienne et ses enfants de la “postcolonie”», www.hommesmigrations. revues.org, p.1

                                                   Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED