LES PROVERBES SOURCES ET
ISSUES DE LA CHANSON POPULAIRE
MAROCAINE DU IXe AU XXIe SIÈCLE
Dr. SOSSE
ALAOUI MOHAMMED
À y regarder de près,
nul ne saurait nier la double portée proverbiale de la chanson populaire
marocaine. Elle est à la fois tenant et aboutissant de proverbes. C’est ce qui
nous pousse à aborder ici la question «Les proverbes sources et issues de la
chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle». Dans cette optique, V.
W. Engundu note : «Dans une étude sur les proverbes et les adages […],
Schipper définit le proverbe comme une partie de l'héritage culturel du peuple
gravé dans le complexe social et contextuel dans lequel il fonctionne. […],
Toutefois, il y a une différence dans la manière dont s'exprime le proverbe
[source ou issue] dans une chanson [v. la chanson populaire marocaine] […].
Dans un dialogue ordinaire, le proverbe permet […] d'accepter ou de réfuter le
message. Par contre, dans une chanson, le proverbe […] laisse ouvertes
plusieurs possibilités d'interprétation. » - «Le
langage des chansons et les proverbes», https://pure.uva.nl, pp.54-55. Autrement dit, selon Samira Mohammed
Moutakil : « Le malhoun [v. la chanson populaire marocaine] est une
poésie, une musique particulière qui véhicule le message […] de la vie
populaire. Il traite des sujets critiquant la société et s'intéresse à tout ce
qui est politique, social ou humain d'une manière générale. Ces sujets […]
traduisent une situation particulière d'une part, de l'autre part, ils traitent
un autre thème qui est celui de l'amour […]: l'amour de la nation ou de la
patrie, […] et l'amour en tant qu'amour entre femme et homme. » - «L’analyse
sémantique de l’amour dans les chansons du malhoun marocain », www.eis.hu.edu.jo , p.1. D’où l’exploration des
proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe
siècle, suivants :
I. La genèse des proverbes sources et issues de la
chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle.
II. Le fonctionnement des proverbes sources et issues
de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle.
III. Les proverbes sources de la chanson populaire
marocaine, du IXe au XXIe siècle.
IV. Les proverbes issues de la chanson populaire
marocaine, du IXe au XXIe siècle.
V. La langue artificielle propre à la chanson
populaire marocaine sources et issues de proverbes de la langue parlée et les
usages courants auxquels elle est destinée.
I. La genèse des proverbes sources et issues de la
chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle :
À propos
de la genèse des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine,
du IXe au XXIe siècle, Hassan Azdod écrit : « Dès le IXème siècle, la
coopération de musiciens juifs et musulmans, notamment en Andalousie et dans le
royaume de Cordoue, battait son plein. C’est le musicien juif Mansour, souligne
le chercheur Joseph Chetrit [1941-] (…), qui a été chargé d’accompagner, en
822, le grand maître musicien Ziryab [789-857] qui fuyait Baghdad et qui allait
créer à la cour de Abderrhamane II [792-822], un nouveau et vaste corpus
musical appelé depuis lors musique andalouse. Il fut joué et enrichi dans
différentes cours princières en Andalousie puis au Maghreb, particulièrement au
Maroc [v. la chanson populaire marocaine] et en Algérie.» - « Héritage
musical juif au Maroc», www.darnna.com , p.5.
À titre
d’exemple, Alain Laurent-Faucon situe
l’apparition de la chanson populaire marocaine «la aïta», au XIe siècle avec
l’invasion hilalienne, au Maghreb et au Maroc, dont il relate les traits
saillants en ces termes : «Si la ‘aïta est une poésie lyrique dialectale
et bédouine, elle est, en fait, bien plus que cela. Car elle est tout à la fois
l’expression d’un sentiment d’appartenance, un cri de ralliement, un soupir
d’amour et une complainte. D’ailleurs, par de nombreux aspects elle s’apparente
à la geste hilâlienne [XIe siècle], ce qui nous oblige à remonter le temps et à
commencer par « il était une fois » ! » - «Maghreb / Machrek - La
musique », www.alain.laurent-faucon.over-blog.com , p.14.
Plus
récemment, aux années 1930, le même auteur indique au sujet la chanson
populaire marocaine : «Il faut remonter aux années 30 pour retrouver une
première tentative de modernisation de la musique [v. de la chanson populaire]
marocaine. Elle fut l’œuvre d’Hocine Slaoui [1921-1951], un apprenti-tanneur de
14 ans, natif de Rabat, qui, dès son arrivée à Marseille, va fréquenter les
boîtes de jazz. Inspiré par le swing noir américain, proposant
des textes dénonçant, sur un ton caustique et plein d’humour, les travers de la
société chérifienne, alors sous protectorat français, il se permet même un
énorme succès avec Come On Baby, un morceau raillant l’américanisation
de certains de ses compatriotes. Hocine Slaoui disparaît en 1944 ? [v. en
1951], […] et son répertoire ne trouvera malheureusement pas d’héritier. » - « Maghreb / Machrek - La
musique », Op.cit., p.24.
Du côté
féminin, celui-ci date en 1983, la manifestation de la chanson populaire
marocaine d’amour, d’humour et de dénonciation de l’inégalité homme/ femme avec
Najat ‘Atabou [1960-] : « En 1983, celle qui deviendra la « lionne
de l’Atlas » lance son cri de révolte avec un titre qui fera date : J’en ai
marre. Expliquant les raisons qui la poussèrent à écrire une telle chanson,
Najat ‘Atabou dira : «J’en avais marre de tout, de l’inégalité entre la
femme et l’homme, du poids de la famille traditionnelle, du manque de liberté.
Je n’aime pas que la femme, comme dans la chanson traditionnelle, ne donne de
l’importance qu’à l’amour. A côté de ses relations sentimentales avec l’homme,
il y a des choses vitales comme le travail qui sont parfois difficiles à
imposer... » - Op.cit., p.26
Par
ailleurs, le site web Hibamusic mentionne, quant à la chanson populaire
dite « chaâbi» [ou populaire], en osmose avec les proverbes, tant
au Maroc qu’au Maghreb : « Le chaâbi tel qu'il a été
"institué" par El-Anka [chanteur algérien : 1907-1978]
regorgeait d'allégories émises en semi-dialectal et de citations pompées dans
le "melhoun", celui de Dahmane [Dahmane El Harachi : 1925-1980] use d'un parler simple de tous les
jours [v. de proverbes sources ou issues de chansons populaires],
compréhensible par l'ensemble de la communauté maghrébine [v. le Maroc]. Ce qui
explique, en partie, son large succès. » - «Une propension aux proverbes
et aux dictons de la tradition poétique orale», www.hibamusic.com , p.1.
II. Le fonctionnement des proverbes sources et
issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle :
Certes, il est à reconnaître évidemment le fonctionnement des proverbes
sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle (v.
§.I ci-dessus), ainsi que le souligne Cécile Leguy en spécifiant :
« L’ethnographie de la parole, telle qu’elle s’est développée autour de
Dell Hymes, a beaucoup aidé les parémiologues dans leurs enquêtes sur les
proverbes, car ils ont, grâce à cette approche, pu en saisir le fonctionnement
en situation d’énonciation et ainsi mieux en comprendre le sens et la
pertinence [v. ici proverbes sources et issues dans la chanson populaire
marocaine]. La quête de proverbes a pu alors, […] mener les chercheurs vers une
meilleure appréhension de ce qui se passe quand un proverbe est émis, vers une
compréhension du jeu social qui entoure toute énonciation [v. ici toute chanson
populaire marocaine] – «En quête de proverbes et chansons riches en proverbes»,
www.
clo.revues.org , p.37.
En outre, Cécile
Leguy résume également les modalités littéraires du fonctionnent et usages des
proverbes comme véhicule de la pensée et de la sapience populaire
éthico-pédagogique de l’antiquité gréco-latine aux slogans des ONG humanitaires
modernes du XXIe siècle, en évoquant : « Parmi les modalités
d’expression de la littérature orale, les proverbes ont depuis longtemps
interpellé les intellectuels, notamment en tant que véhicules de la
« pensée savante » populaire, d’une certaine sagesse. […] Parmi les
usages avérés des énoncés proverbiaux, une mention particulière doit être faite
aux fonctions éthiques et pédagogiques, fonctions reconnues depuis l’Antiquité
(du IVe millénaire av. J.-C au Ve siècle) qui sont souvent à l’origine même
de la collecte des parémies. […]. Dans le même ordre d’idée, les différents
spectacles, sketches de théâtre interactif ou chansons [chansons populaires
sources et issues de proverbes] proposés par les ONG en charge de la lutte
contre le sida […] sont des performances, riches de proverbes et autres renvois
aux « paroles anciennes » … » - « En quête de proverbes et
chansons riches en proverbes », Op.cit., pp.1-13. D’où notamment :
III.
Les proverbes sources de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe
siècle :
Pour ce qui est des proverbes
sources de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle, Alessandra Ciucci souligne en l’occurrence : « Au
Maroc, seules quelques chanteuses ont réussi à se faire un nom et à mener une
carrière couronnée de succès. Les compositeurs de musique pour orchestre
écrivent pour elles des pièces qu’elles chantent dans des émissions spéciales
de la télévision ou au cours d’événements prestigieux qui se déroulent dans de
grandes salles de concert ou lors de festivals. […] Les paroles, constituées en
général de clichés, de proverbes [sources et issues de la chanson populaire
marocaine] et d’expressions traditionnelles ou populaires, sont souvent collées
bout à bout et adaptées par les interprètes au gré de la circonstance et de
l’inspiration. » - «Les
musiciennes professionnelles au Maroc.», www. Ethno
musicologie.revues.org , pp.183-200. D’où alors les répertoires
chronologiques (1957-2011) des chansons populaires marocaines suivant :
1. Répertoires
chronologiques des chansons populaires marocaines
sources de proverbes 1957-2011 :
Inspirées de proverbes
anciens, ou proverbes sources, la chanson marocaine populaire dans notre corpus
de 14 chansons et interprètes, datant de 1957 à 2011, s’inscrivent parfaitement
dans cette réflexion théorique de Carlos Alvar sur le
refrain/ proverbe, et le proverbe/ refrain sources de la chanson populaire
marocaine, en énonçant : «À ma connaissance, cependant, on a fort peu
étudié les refrains [v. les proverbes sources], à cause de la tendance à les
considérer comme un élément constitutifs du poème [v. de la chanson], et,
donc, inséparable de ce dernier ; si la cantiga [la chanson] nous
est parvenue liée au nom d’un poète, personne ne remet en question le fait que
le refrain [le proverbe source] doive lui être attribué. Il faut, cependant,
commencer à prendre en considération que nombre de ces refrains [v. les
proverbes sources] existaient déjà avant d’être inclus dans l’œuvre [v. la
chanson] de tel ou tel poète [v. chanteur] et que ce dernier les a utilisés ou
adaptés à sa guise. […] Ce n’est pas un point de vue tout à fait nouveau :
déjà, Dámaso Alonso y avait fait allusion lorsqu’il étudiait les kharjas
[systèmes du zajal ando-arabe troubadouresque marocain] dans un article paru en
1949. » - «Proverbes et chansons satiriques galiciennes-portugaises.», www.books.google.fr , p.155. Ainsi
explorera-t-on à titre d’exemples les répertoires chronologiques
suivants :
2. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des
années 1950 :
Même passé
inaperçu ou tombé dans l’oubli, le répertoire chronologique des proverbes
sources de la chanson populaire marocaine des années 1950 demeure vivant et
présent dans les entrelacs des proverbes et des chansons populaires marocaines.
C’est ce que met en relief cette remarque pertinente de Loïc Céry, Directeur du pôle numérique de
l'IT : «L'inscription dans la mémoire collective de ces repères ne se fait
pas toujours sur le mode de la célébration, comme c'est le cas aujourd'hui, où
les faits sont connus, récents et en quelque sorte directement accessibles à
l'intelligibilité de tous - et où donc leur célébration demeure liée à
l'évocation des faits. Dans d'autres cas, alors que l'inscription mémorielle a
bien agi et que la transmission s'est bien effectuée, on a parfois perdu la
signification de ce qui est déposé dans les entrelacs des dictons [des
proverbes sources de chansons populaires] ou des chansons populaires [v. ici
marocaines].» - «Chalvet : Quand le colonialisme tuait, en Martinique», www.tout-monde.com , p.1. En témoignent les
répertoires chronologiques des deux chansons populaires marocaines sur 16 d’un
corpus des 26 chansons étudiées :
· La chanson « Ô
toi qui me lâche » (1957), interprétée par Brahim El Alami
(1930-2005) sur des paroles et une musique de sa propre composition dont le
titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : « Qui
te lâche lâche-le ! », et dont voici l’extrait :
« Ô toi qui me lâche » (1957)
« Ô toi qui me lâches, je ne t’ai
pas lâché
T’a-t-on détourné de moi ou
c’est toi qui l’as voulu
Tu m’as torturé et m’as quitté
dans mon état et oublié mais
je n’ai rien oublié.»
· La chanson « La
beauté que Dieu t’a donnée » (1958), interprétée par Haïm
Botbol (1937-) sur des paroles de Pinhas Cohen et une musique de sa propre
composition dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe
ancien : « Il n’y as de beauté sans défaut», et dont voici
l’extrait :
« La beauté que Dieu
t’a donnée » (1958)
«La beauté que Dieu
t’a donnée
Pareille je ne pourrais
trouver
Toujours dans mon
esprit
jour et nuit
C’est ce que mon cœur
q vu
Mon cœur en est plus
meurtri
Qu’est-ce qui me
remédie
je ne fais que t’attendre.».
3.
Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire
marocaine des années 1960 :
Du
répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine
des années 1960, on peut en citer trois exemples d’un corpus de 26 chansons
étudiées, à savoir notamment :
· La chanson « Qu’est-ce
qui t’a pris d’adorer la beauté » (1967), interprétée par
Bahija Idriss (1938-) sur des paroles et une musique de sa propre composition
dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien :
« Qu’est-ce qui t’a pris de te pendre pour te fendre le crâne», et
dont voici l’extrait :
Qu’est-ce qui t’a pris
d’adorer la beauté ?
(1967)
Qu’est-ce qui t’a pris
d’adorer la beauté
alors que tu es un
pauvre homme que
la vie te vaincra vite
Ne sais-tu pas dire
Qu’est-ce qui m’a pris.».
· La chanson «Assoiffée »
(1966), interprétée par Bahija Idriss (1936-) sur des paroles de
Mohamed El Gharbi et une musique de la composition de Mohamed Ben Abdeslam et
dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «L’eau
désaltère l’assoiffé», et dont voici l’extrait :
Assoiffée (1966)
L’eau coule près de moi
limpide comme le cristal
et moi je passe mes jours
assoiffée brûlée au feu
Par Dieu Ô toi le fuyard
ne reviens que lorsque
tu m’auras répondu
Mon cœur au sein de ton
amour a fondu
En lui que de féeries et
de malheurs par Dieu
Je suis brûlée au feu
et assoiffée.».
· La chanson « Ma
nuit est longue » (1966), interprétée par Younes Megri
(1951-) sur des paroles de Mohamed Ziati Idrissi et une musique de sa propre
composition dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe
ancien : « La nuit a beau duré le jour finit par poindre, et
dont voici l’extrait :
Ma nuit longue (1966)
Ma nuit est longue et sans fin
J’ai peu de bougies et sans
Nul compagnon
Mes larmes coulent de
manque et d’amour
Mon cœur est atteint où
trouver mon remède.».
4.
Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire
marocaine des années 1970 :
Du
répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire
marocaine des années 1970, on peut en citer quatre exemples d’un corpus de 26
chansons étudiées, à savoir notamment :
· La chanson « Froid
et chaud soit l’air ! » (1966), interprétée par
Mohamed Hayani (1947-1996) sur des paroles de Ali Haddani et une musique
de la composition d’Abdelkader Rachdi dont le titre refrain prend sa source
dans le fameux proverbe ancien : « Froid et chaud Ô Moulay Yacob ! »,
et dont voici l’extrait :
Froid et chaud soit l’air (1972)
Ô froid et chaud soit l’air,
Vous êtes à deux contre moi,
Vous et le beau au teint brun
Froid et chaud soit l’air,
Ô bel air bel air O bel air
Ce feu est brûlant et fort
Ne me lâche pas attends-moi.»
· La chanson «Que
faire ?» (1972), interprétée par Mohamed Al Ghaoui
(1954-) sur des paroles de Ali Haddani et une musique de la composition de
Mohamed Belkhayat, dont le titre refrain prend sa source dans le fameux
proverbe ancien : «Si tu ne fais pas de tu ne cours aucun châtiment»,
et dont voici l’extrait :
Que faire ? (1972)
«Que faire pour résister à ça
Que faire pour lutter contre
Ça
Que faire double embarras
Que faire l’âge s’en va.»
· La chanson «Il est
venu au rendez-vous» (1974), interprétée par Abdelmounaim Jamaï
(1948-) sur des paroles de Abderrafik Changuiti et une musique de la
composition de Abdelkader Rachdi, dont le titre refrain prend sa source dans le
fameux proverbe ancien : «Qui vient en son temps ne mérite point
reproche», et dont voici l’extrait :
Il est venu au rendez-
vous (1974)
Il est venu au rendez-
vous
élégant et beau comme
toujours
Il est venu et m’a offert
une joie nouvelle
et il m’a soulagé de la
cruauté de l’écart.».
· La chanson «Qu’il n’y en ait pas plus !»
(1977), interprétée par Abdelwahab Doukkali (1941-) sur des
paroles de Mohamed El Gharbi et une musique de sa propre composition, dont le
titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Qu’il
n’y en ait pas plus», et dont voici l’extrait :
Qu’il n’y en ait pas plus
(1977)
Qu’il n’y en ait pas plus
Moi je suis las d’endurer
Si tu veux trahir dis-le
Et soulage-moi.»
5.
Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire
marocaine des années 1980 :
Du répertoire chronologique des proverbes
sources de la chanson populaire marocaine des années 1980, on peut en citer
trois exemples d’un corpus de 26 chansons étudiées, à savoir notamment :
· La chanson «Ce n’est
pas ton habitude ça» (1985), interprétée par Abdelouahed
Tetouani (1947-) sur des paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de la
composition, d’Abdelkader Rachdi dont le titre refrain prend sa source dans le
fameux proverbe ancien : «Qu’il n’y en ait pas plus», et
dont voici l’extrait :
Ce n’est pas ton
habitude ça (1985)
Ce n’est pas ton
habitude ça
Tu me quittes et me
boudes
Qu’est-ce que j’ai fait
dis-le moi
Si je suis fautif pardonne-
Moi
Et avant de me quitter
Dis-moi j’ai fait ça
· La chanson «Mon
frangin» (1985), interprétée par Latifa Raafat (1965-) sur des paroles de
Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition, d’Abdelkader Rachdi dont le
titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Tiens à
ton frère ne te laisse pas par ton ami», et dont voici l’extrait :
« Mon frangin» (1985)//
«Mon frangin fais-moi
des tiens
demande après moi
et comment peux-tu
demander après eux
Ô mon frangin je
viens vers ta porte
Ne me déçois pas.»
· La chanson «Une heure
heureuse» (1988), interprétée par Mahmoud El Idrissi (1948-) sur des
paroles d’Ahmed Taieb Elej et une musique de sa propre composition, dont
le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Une
heure heureuse vaut tout l’or du monde», et dont voici l’extrait :
«Une heure heureuse» (1988)
Une heure heureuse ne se vend
en argent
illumine les lieux et la joie calme
l’esprit
Mon aimée paraît pavanant de
de charme de beauté
Charme et beauté
Ô mon aimée en te voyant mon
cœur se détend
Ô quelle paix
6.
Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire
marocaine des années 1990 :
Du
répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire
marocaine des années 1990, on peut en citer deux exemples d’un corpus de 26
chansons étudiées, à savoir notamment :
· La chanson «Ô mes
proches et mes gens» (1992), interprétée par Rajaa Belmelih
(1962-2007) sur des paroles de Khalifa Al Issa et une musique de la
composition, de Salah Chahri dont le titre refrain prend sa source dans le
fameux proverbe ancien : «Les gens sont pour les gens et les gens sont
pour Dieu», et dont voici l’extrait :
« Ô mes proches et
mes gens » (1992)
«Mon aimé toi après
mes proches et mes
gens
Mon premier amour
je ne puis l’oublier
Viens Ô beauté t’unir
à moi et à mes gens.»
· La chanson «Soucieux
est ce monde» (1998), interprétée par Nass El Ghiwan, groupe musical marocain,
né en 1960 à Casablanca, sur des paroles de Khalifa Al Issa et une musique de
la composition, de Salah Chahri dont le titre refrain prend sa source dans le
fameux proverbe ancien : «Le monde est à bout», et dont
voici l’extrait :
«Soucieux est le monde»
(1998)
«Soucieux ô mon frère
Soucieux est ce monde
En lui les âmes se
sont fait culpabiliser
L’homme est devenu
un sujet de reproche
le pauvre s’y rend
titubant de ses maux
nageant dans l’ennui
une nage fiévreuse.»
7. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson
populaire marocaine des années 2000 :
Du répertoire chronologique
des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 2000, on
peut en citer deux exemples d’un corpus de 26 chansons étudiées, à savoir
notamment :
· La chanson «Que Dieu
te donne la patience !» (2009), interprétée par Mohamed
Ben Omar Ziani (1954-), sur des paroles et une musique de sa propre
composition, dont le titre refrain prend sa source, dans le fameux proverbe
ancien : «La patience est la clé de la délivrance», et dont voici
l’extrait :
«Que Dieu te donne
la patience» (2009)
« Que dieu te donne
la patience
Viens à moi mon
aimée
Tu es mon âme et
mon repos
Comme moi et toi
Ô celle au grain de
beauté
Que dieu te donne
la patience
Comme je patiente
Moi-même
Ô celle au grain de
beauté.»
· La chanson «Qu’est-ce
qui m’a mené?» (2011), interprétée par Latifa Raafat (1965-), sur des paroles
et une musique de la composition de Larbi Kawakibi, dont le titre refrain prend
sa source, dans le fameux proverbe ancien : «Qu’est-ce qui m’a mené
chez vous pour être mordu par vos chiots ?», et dont voici l’extrait :
«Qu’est-ce qui m’a mené?»
(2011)
«Qu’est-ce qui m’a mené ?
Pourquoi y suis-je allé
C’est d’un seul regard de
ses yeux qu’il m’a éprouvé
il m’a brûlé
Qu’est-ce qui m’a mené ?»
IV. Les proverbes issues de la chanson
populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle :
Concernant
les proverbes issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle,
Didier Iratunga indique précisément : «Les fables, les contes, les
poésies pastorales les chants de circonstances et autres sagesses ancestrales
[les proverbes issues de la chanson populaire] servent à détendre les gens, à
les instruire moralement sans oublier relater leur vécu quotidien et leurs
activités [les proverbes issues de la chanson populaire]. […] Nos grands-mères
ont chanté des berceuses [v. les proverbes issues de la chanson populaire
marocaine] portant nos parents sur le dos. Même si l’école moderne n’existait
pas encore pour nous apprendre à lire et à écrire, la famille et l’entourage
étaient là pour éduquer et instruire [v. par les proverbes issues de la chanson
populaire marocaine].» - "L’Afrique,
l’écriture, et l’histoire un rêve», www.afrochild.wordpress.com ,
p.5. De là les exemples de répertoires chronologiques (1941-2012) des proverbes issues de la chanson
populaire marocaine, ci-après :
1. Le répertoire
chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des
années 1940 :
Du
répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine
des années 1940, on peut en citer un exemple phare sur 10 du corpus des 26
chansons étudiées, à savoir en particulier:
· La chanson «Prends
garde à toi !» (1941), interprétée par le chanteur phare
Houcine Slaoui (1921-1951), sur des paroles et une musique de sa propre
composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe
d’actualité courante : «Prends garde à toi ! », et dont
voici l’extrait :
«Prends garde
A toi ! » (1941)
«Prends garde à toi
de te faire rouler
par de vilaines gens
Les bouchers rusés
filent deux tranches
en dessus deux
os en dessous
Gâte le fils d’Untel
Saluent de la main
l’agent d’autorité
Prends garde à toi
de te faire rouler
par de vilaines gens.»
2. Le répertoire
chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des
années 1950 :
Du
répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine
des années 1950, on peut en citer un autre exemple phare sur 10 du corpus des
26 chansons étudiées, à savoir en particulier :
· La chanson «L’amant
mon habitué m’a quitté» (1955), interprétée par le chanteur aussi
phare Mohamed Fouiteh (1928-1956), sur des paroles et une musique de sa propre
composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe
d’actualité courante : «L’amant mon habitué m’a quitté », et dont
voici l’extrait :
« L’amant mon habitué
m’a quitté» (1955)
« L’amant mon habitué m’a
quitté
Je ne le croyais pas après
la commune me trahir
Tel est mon Dieu mon sort
Sa brûlure dans mon cœur
allume un brasier.»
3. Le répertoire
chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des
années 1960 :
Du
répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine
des années 1960, on peut en citer par exemple celle d’un barde phare sur 10 du
corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier :
· La chanson «Le verre
de cristal» (1963), interprétée par le chanteur, lui-même phare, Fathallah
Lamghari (1940-), sur ses propres paroles et une musique de la composition
d’Abderrahim Sekkat, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe
d’actualité courante : «Si le verre de cristal s’en va », et dont
voici l’extrait :
«Le verre de cristal» (1963)
«Si le verre de cristal s’en va
mon cœur demeure perplexe
de peur pour lui
il va de maison en maison
de main en main le jour
je l’attends
Ô verre tu es hors de prix
les gens n’ont nul soin de toi
chacun d’eux dit il est à moi.»
4. Le répertoire
chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années
1970 :
Du
répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine
des années 1970, on peut en citer trois exemples sur 10 du corpus des 26
chansons étudiées, à savoir en particulier :
· La chanson «Pourquoi mes yeux» (1976), interprétée
par le chanteur, lui-même phare, Abdelhay Skalli (1931-), sur des propres
paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition de Mohamed
Fouitah, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité
courante : «Pourquoi mes yeux avez-vous les siens ?», et dont
voici l’extrait :
« Pourquoi mes yeux
avez-vous vu les siens?»
(1976)
«Pourquoi mes yeux
avez-vous vu les siens
Pourquoi mon cœur
t’attendris-tu et tu
l’appelles.»
· La chanson «Malheur à moi !» (1976), interprétée
par la chanteuse idole Samira Ben Saïd (1958-), sur des propres paroles de
Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition d’Ahmed Kadmiri, dont le
titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Pourquoi
mes yeux avez-vous les siens ?», et dont voici l’extrait :
« Malheur à moi !» (1976)
Malheur à moi Ô malheur
à moi
Malheur à moi ils m’ont
pris mon cœur
Je n’ai plus de pouvoir
sur lui.»
· La chanson «Ô toi le
distrait!» (1978), interprétée par la chanteuse météore Ghita Ben
Abdeslam (1960-), sur des propres paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de
la composition d’Ahmed Kadmiri, dont le titre refrain issue est devenu un
fameux proverbe d’actualité courante : «Ô toi le distrait!», et
dont voici l’extrait :
«Ô toi le distrait !»
(1978)
«Ô toi le distrait
Fais attention à nous
Aie crainte pour nous
Quand nous uniront
les jours
Ô toi le distrait. »
5. Le répertoire
chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des
années 1980 :
Du
répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine
des années 1980, on peut en citer l’exemple deux stars populaires d‘envergure
sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier :
· La chanson «Qu’ai-je
moi à ne pas avoir de chance ?» (1980), interprétée par la
chanteuse toujours en pleine essor Najat Atabou (1960-), sur des propres
paroles des et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain
issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Qu’ai-je
moi à ne pas avoir de chance?», et dont voici l’extrait :
«Qu’ai-je moi à ne pas
avoir de chance?» (1980)
Qu’ai-je moi à ne pas avoir
de chance
Mon aimé a changé en sus
Il m’a tourné le dos
Qu’ai-je moi à ne pas avoir
de chance
Moi je n’ai pas de chance.»
· La chanson «Ô mon
fils prends garde !» (1982), interprétée par le
chanteur maestro l’immortel Abdessadeq Chekra (1931-1998), sur des
propres paroles d’Abdelkhaleq Aït Chatoui et une musique de sa propre
composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe
d’actualité courante : «Mon fils prends garde à toi !», et
dont voici l’extrait :
«Ô mon fils prends
Garde !» (1982)
Ô mon fils Ô mon aimé
Prends garde c’est ton
pays sache que tu es
envié à cause de lui
L’amour de ton pays est
un gage enseigne-le à
tes enfants tel que je
l’ai fait à toi
A mon aimé au Maroc
pays du bienêtre
édifie-le relève-le il
te donnera plus.»
6. Le répertoire
chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des
années 2000 :
Du
répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine
des années 2000, on peut en citer l’exemple d’un chanteur populaire de talent
inépuisable sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier
:
· La chanson «En
passant rends-nous visite !» (2012, interprétée par le
chanteur populaire an talent inépuisable Bachir Abdou (1958), sur des paroles
d’Ahmed Taieb Elej et une musique de sa propre composition, dont le titre
refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «En
passant rends-nous visite!», et dont voici l’extrait :
«En passant rends-nous
Visite!» (2012)
«En passant rends-nous
Visite
Vois si nous nous
portons bien
Rends-nous visite
Où la barque nous
a menés
Les mers du monde
sont parmi les gens
Rends-nous visite.»
V. La langue artificielle propre à la
chanson populaire marocaine sources et issues de proverbes de la langue parlée
et les usages courants auxquels elle est destinée :
En fait, il
s’avère que la langue de la chanson populaire marocaine tant sources qu’issues
de proverbes est une langue artificielle propre au chant toute à fait
distincte de la langue parlée marocaine. C’est ce que souligne Barbara
Lezzi, analogiquement pour la langue dans la chanson populaire italienne, dans
cette remarque : « Concernant la langue des
chansons, […], il s’agit en fait d’un mixte de «
dialecte » [v. ici le dialecte arabe marocain], mobilisé dans l’effusion et le
passionnel, et il d’italien [v. d’arabe dialectal marocain], utilisé dès que
l’expression devient plus formelle. Il en résulte une sorte de […] langue
artificielle propre au chant, que l’on veut intentionnellement distinguer de la
langue parlée [v. l’arabe marocain parlé]. » - « Le Salento et sa culture orale : chansons, proverbes
et devinettes », www.taban. canalblog.com , p.3.
Par
ailleurs, en ce qui concerne les usages courants auxquels est destinée la
chanson populaire marocaine sources et issues de proverbes, on peut repérer,
comme pour toute l’Afrique avec Didier Iratunga notamment : «
Les […] les chants [les chansons] de circonstances et autres sagesses
ancestrales [les proverbes] servent à détendre les gens, à les instruire
moralement sans oublier de relater leur vécu quotidien et leurs activités. La
tradition orale n’épargne pas non plus le Burundi [v. le Maroc] car faisant
partie intégrante de l’Afrique. […] Nos grands-mères ont chanté des berceuses
portant nos parents sur le dos. Même si l’école moderne n’existait pas encore
pour nous apprendre à lire et à écrire, la famille et l’entourage étaient là
pour éduquer et instruire. » - «- "L’Afrique,
l’écriture, et l’histoire un rêve», Op.cit., p.5
En
conclusion, il nous est modestement loisible à la suite de cette courte vue
panoramique sur : «Les proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe
au XXIe siècle» explorant
les lignes forces de ses constituants, fonctionnement, langue et usages
courant de rappeler avec le barde algérien et maghrébin Cheikh Hadj M’hamed al-Anka se produisant, en 1932, au
Maroc , lors de la première Fête du Trône, devant S.M. Mohamed Ben
Youssef (feu S.M. Mohamed V), évoque par le Bulletin Algeria.com, en juin 2006,
en ces termes : « Prenant une cinglante revanche sur le sort [la
colonisation du Maghreb], Hadj M’hamed al-Anka [1907-1978] connaîtra, grâce à
sa carrière artistique, une ascension des plus fulgurantes qui le mènera, en
1932, au Maroc où il se produira devant Sa Majesté Sidi Mohammed Benyoucef [feu
Sa Majesté Mohamed V], à l’occasion de la [1ère] fête du trône [marocain]. […]
Sid Ahmed Ibn Zekri, [en dit notamment] : “Son apport consistait en la
correction de mon style, de mon langage et de la mise au point de certains
détails, tels les proverbes utilisés dans le chant populaire.” […] Les grands
bardes marocains seront aussi à l’honneur dans ce nouveau répertoire où les
poèmes d’al-Maghraoui, cheikh Ben Slimane, Sidi Mohammed Bénali, cheikh Nedjar
sans oublier al-Alami, occuperont une place de choix à l’image d’Al-Meknassia.»
- « Cheikh Hadj M’hamed al-Anka », www. algeria.com , p.1.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED