LA FEMME ENTRE LE NEANT DOMESTIQUE ET
L’ETRE CIVIQUE DANS
LES ROMANS MAGHREBINS DE LANGUE FRANÇAISE
ET ARABES FRANCISÉS :
1952-2019
Dr. SOSSE ALAOUI
MOHAMMED
A
reprendre la pensée de J.-P. Sartre : «La conscience est antérieure au néant et
«se tire » de l’être.» - «L'Être et le Néant », www.bard.edu, p.22, il
nous a paru loisible de la confronter ipso facto à la condition de la femme
tant dans la réalité que dans la
littérature romanesque maghrébine, dans le cadre du thème : «La femme
entre le néant domestique et l’être civique dans les romans maghrébins de
langue française et arabes francisés : 1952-2019». Partant du néant domestique de la femme,
cernons avec Dr. Asma Lamrabet son être civique dans : «Bien que le projet
d'égalité entre hommes et femmes soit inscrit dans la nouvelle constitution [au Maroc : 2011], de grandes résistances perdurent [...].
La discrimination de la femme n'est pas
le propre de la culture musulmane et les cultures chrétienne et juive ont aussi
réservé un traitement inégal aux femmes autant concernant leurs droits civiques
(mariage, héritage, vote...) que [...] le droit de relecture et d'interprétation des textes
religieux.» - «Femmes et religions, points de vue de femmes du Maroc», www.asma-lamrabet.com, p.1. D’ailleurs concernant le pionnier initiateur de
cette question, le leader feu Allal Al-Fassi, Rabéa Naciri relève : «Subversives
pour l’époque, certaines questions posées par [...] Allal Al-Fassi dans son livre An-Naqd ad-datti
(L’autocritique, 1952) [...] resteront d’actualité bien après l’indépendance dans la mesure où elles
seront relayées, reformulées et enrichies par les différentes générations du
mouvement des femmes jusqu’à ce jour.» - «Le mouvement des femmes au Maroc », www.cairn.info, p.1.
Aussi traiterons-nous, hic et nunc à ce sujet, notamment :
I. Le néant
domestique et l’être civique de la femme dans une genèse juridique multipolaire
de ses statuts personnels et de la place de la femme dans les romans maghrébins
de langue française ou arabe francisés : 1952-2019.
II. Le néant
domestique de la femme dans les romans maghrébins de langue française ou arabe francisés :
1952-2019.
III. L’être civique
de la femme dans les romans maghrébins de langue française ou arabe francisés :
1952-2019.
I. Le néant domestique et l’être civique de
la femme dans une genèse juridique multipolaire de ses statuts personnels et de
la place de la femme dans les romans maghrébins de langue française et arabe
francisés : 1952-2019 :
En effet, aborder le thème de : «La
femme entre le néant domestique et l’être civique dans les romans maghrébins de
langue française et arabes francisés : 1952-2019», implique à la fois la nécessité de parler du néant domestique et
l’être civique de la femme maghrébine, de la genèse juridique multipolaire de ses
statuts personnels et de la place de la femme dans les romans maghrébins de
langue française ou arabe francisés : 1952-2019. D’où, plus précisément,
en ce sens :
1. Le néant domestique et l’être civique de
la femme maghrébine: 1952-2019 :
Certes, afin de cerner au mieux ces deux
notions de "néant domestique" et de "l’être civique" de la
femme maghrébine : 1952-2019, référons-nous au descriptif d’une enquête socio-historique
qu’en en fait pratiquement Katia Nigaud, en rapportant : «Les valeurs
traditionnelles dominantes - assignant les femmes [maghrébines] à domicile [v.
le néant domestique de la femme maghrébine] et réservant l’espace public [v.
l’être civique de la femme maghrébine], c’est-à-dire la ville, aux hommes - ont
tendance à changer plus lentement dans ces sociétés [...]. Si elles sont toutes
originaires d’un pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie, [v. aussi Mauritanie,
Libye]), certaines viennent des grandes villes, Alger ou Marrakech, alors que
d’autres ont vécu, jusqu’à la migration [v., dans de petits villages ruraux
l’exode rural]. [...] Dans les villes du
Maghreb, les femmes ont un périmètre d’action
plus large que dans les villages [v. l’être civique de la femme maghrébine].
[...] Cependant, les femmes maghrébines
n’ont pas encore accès à tous les espaces de la ville ni à tous les emplois [v.
le néant domestique de la femme maghrébine]. [...] Pour ne pas conclure à une vision figée et simpliste de la
situation des femmes maghrébines, il convient de prendre en considération leurs
caractéristiques sociales, économiques, spatiales (ville – village [v.
campagne]). [...] Cependant, nous ne
pouvons pas conclure à une appropriation de l’espace public des femmes
maghrébines [...], image figée et murée de la femme maghrébine, bien des femmes
et des jeunes femmes circulent sans voile dans les grandes villes du Maghreb,
signe que cette pratique est de plus en plus délaissée et donc délégitimée par
ces dernières.» - «Appropriation de l’espace public des femmes maghrébines..», www.webcache.googleuser content.com, pp.1- 4.
2. Le néant domestique et l’être civique de
la femme maghrébine et la genèse juridique multipolaire de ses statuts
personnels : 1952-2019 :
Pour mieux saisir le lien du néant
domestique et l’être civique de la femme maghrébine et la genèse juridique
multipolaire de ses statuts personnels : 1952-2019, déclinant autant de statuts
personnels que d’Etats maghrébins post-indépendants, il faut en appeler aux
contextes socio-politiques et étatiques de leurs promulgations, selon l’étude
de Anne Létourneau, Jean-René Milot et de Marie-Andrée Roy, expliquant : Si
les rapports qu’établissent les musulmanes maghrébines avec leur religion, que
ce soit en Algérie, au Maroc ou en Tunisie [v. en Mauritanie
et Libye], ne sont pas dépourvus de
similitudes, ils fourmillent aussi de différences ayant trait à l’histoire
nationale, le régime politique, certains traits culturels et géographiques,
etc. [...] Le CSP [le code du statut personnel tunisien] alla jusqu’à [...] un véritable « au-delà » de l’ijtihad. Par le CSP, le
gouvernement de Bourguiba tenta de permettre l’accès de la femme aux domaines
de l’instruction, du travail et de la politique, même si ce dernier cas releva
plutôt du symbole [v.
l’être civique de la femme maghrébine] que d’un désir de mise en pratique
réelle. [...] Dès le début des années 1980 [suite à la charte d’Alger de 1964
et la charte de 1976], un code ayant trait au statut personnel, à la famille
[en Algérie], fut en voie de construction et inquiéta, entre autres de par sa
secrète édification, nombre de femmes, dont d’anciennes moudjahidates, qui [...]
écrivirent au Président Chadli Benjedid.
[...] Finalement, en 1984, le code fut adopté et promulgué. [...] Le Maroc
révèle d’abord sa différence par rapport à la Tunisie et l’Algérie [v.
à la Mauritanie et la Libye] à travers sa
monarchie qu’il a conservée tout au long du 20e siècle et qui est toujours en
place, avec le jeune roi Mohammed VI. [...] Cette mainmise du religieux par le
monarque eut et a toujours pour conséquence une dynamique bien différente en ce
qui a trait à la réflexion marocaine sur le statut de la femme au 20e siècle.»
- «Les femmes dans l’Islam maghrébin», www.webcache.Googleusercontent.
com, pp.15-25.
3.
Le néant domestique et l’être civique et la place de la femme dans les romans
maghrébins de langue française et arabes francisés : 1952-2019 :
Quant
au fait du néant domestique et l’être civique et la place de la femme maghrébine
dans les romans maghrébins de langue française et arabes francisés : 1952-2019, il
est à rattacher au point de vue sociocritique et identitaire des auteurs des
romans maghrébins, des années 1950, qui selon Charles Bonn, se sont démarqué
définitivement des auteurs ethnographiques des romans exotiques coloniaux, en notant :
«Le roman maghrébin est né dans les années 50, d’un désir de montrer, de
décrire la différence culturelle [v. l’identité
culturelle] maghrébine [...]. Le roman est d’abord perçu comme un lieu où se dit
une critique moderniste de la société traditionnelle [v. ici le néant domestique et l’être civique de la
femme maghrébine]. [...]
La différence du genre romanesque est donc bien dans ce dévoilement de
l’intimité [v. ici le néant domestique et l’être
civique de la femme maghrébine] que le groupe cache,
constituant sa cohésion dans ce geste.» - «Le
roman maghrébin et le concept de différence», www.persee.
fr, pp.75-78.
Mais si le
Maghreb de l’UMA (l’Union du Maghreb Arabe) existe, depuis 1989, c’est parce
qu’il a historiquement était voulu par les pays et Etats post-indépendants qui
le constituent, tel que l’évoque El Mehdi Lamrani, en ces termes : «Trente
et un ans après la conférence de Tanger de 1958 [présidée par le leader du PI,
feu Allal el Fassi : 1910-1974], première expression d’un rêve d’unité
maghrébine très vite avorté, Nouakchott, Rabat, Alger, Tunis et Tripoli
signaient l’Accord de Marrakech . [...] L’Union
du Maghreb Arabe (UMA) a été créée en 1989 par un traité signé par [en 1989] les
cinq pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie et Libye).» - «L’Union
du Maghreb ou l’invincible espoir», www.journals.opene
dition.org, pp. 263-276. Quant à la
portée sociocritique du roman maghrébin,
elle est décrite par Charles Bonn, ainsi : «Le roman maghrébin est
né dans les années 50, d’un désir de montrer, de décrire la différence
culturelle [v. l’identité culturelle] maghrébine [...]. Le roman
est d’abord perçu comme un lieu où se dit une critique moderniste de la société
traditionnelle. [...] La différence du genre romanesque est
donc bien dans ce dévoilement de l’intimité [v. ici le néant domestique de la
femme dans les romans maghrébins] que le groupe cache, constituant sa cohésion
dans ce geste.» - «Le roman maghrébin et le concept de différence», www.persee. fr, pp.75-78.
Actuellement le roman maghrébin poursuit dans
la même lancée sociocritique, suivant L. Sari, R. Benmansour, A. Mecherbet,
A.Khelfoun, Y.S. Zerara, indiquant : «En ce troisième millénaire, la
production littéraire a connu dans l’espace maghrébin une importante profusion.
[...] À cet égard, le renouvellement du
roman maghrébin de langue française, au rythme de ce XXIe siècle, inaugure de nouvelles
postures littéraires [...]. Dans le cadre [...] dont ces auteurs modèlent
leur image [...] selon les attentes du public et les contextes ; nous citons en
exemple, A. Benmalek, Y. Khadra [en Algérie], [...], F. Laroui [au Maroc], [v.
Hélé Béji : en Tunisie, Mbarek Ould Beyrouk : en Mauritanie, Hicham
Matar : en Libye] [...] et autres. Dans la perspective [...], de nouvelles
thématiques [...] en résonance avec les mutations socio-politiques que connait
cet espace, ces dernières décennies. Des thématiques [...] d’une réalité ancrée
dans l’actualité et nourrie de dissensions et de contestations. [...] Le
discours dénonciateur : stratégies posturales et rhétoriques du dévoilement et
de l’interdit [v. le néant domestique et l’être civique de
la femme maghrébine].»
- Le roman maghrébin
de langue française : Nouvelles postures nouvelles esthétiques », www.univ-tlemcen.dz, p.1.
Autrement dit, du thème du néant domestique
et de l’être civique et de la place de la femme maghrébine, il y va de notre corpus de romans de langue française ou arabe
francisés, du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, de Mauritanie et de Libye :
embrassant les cas de : la femme mariée mineure, la femme mère exposée au
veuvage, la femme dans le mariage mixte d’émigrés, la grand-mère musulmane veuve
face ses petits enfants émigrés, de la femme inféconde, de la vieille mère
morte délaissée par ses enfants, des femmes victimes de la violence des hommes,
de la femme mère répudiée, de la femme mère prostituée pour subsister, etc. Une
diversité dans l’unité d’une thématique romanesque dont Jean Déjeux en dénote :
«Mais le Maghreb demeure divers : pluralité des cultures, des langues, des
littératures [v. ici les romans maghrébins de langue
française ou francisés]. [...]
Les indépendances acquises, ils [les
romanciers maghrébins] écrivent en tant
qu'Algériens, Marocains et Tunisiens [v. Mauritaniens
et Libyens]. Au Maroc et en Tunisie, les
Juifs faisaient partie de la nation [...]. La plus grande partie de cette littérature maghrébine [v.
romans maghrébins] de langue française,
surtout celle de grande qualité d'écriture, de liberté de parole, d'affrontement des tabous [v.
ici le néant domestique et l’être civique de la femme maghrébine], etc., est publiée à l'étranger, en France et parfois hors de France.» - «La
littérature maghrébine d’expression française», www.webcache.googleusercontent.com, pp.7-13. Aussi verrons-nous, pour commencer, le néant
domestique de la femme dans les romans maghrébins de langue française ou francisés,
à travers :
II. Le néant domestique de la femme dans
les romans maghrébins de langue française : 1952-2019 :
Au sujet du néant domestique de la
femme dans les romans maghrébins de langue française : 1952-2019, il est à
relever, avec Souad Bouhayat, la prédominance historique du nombre de romanciers
maghrébins sur les romancières maghrébines, sur le thème de la femme, en notant
: «L’écriture était considérée
contraire à la réserve et la pudeur
auxquelles les femmes
devaient se soumettre par leur silence. En même temps, l’espace de l’écriture maghrébine de langue française [v. aussi en arabe francisés], issue du mouvement de
l’indépendance était toujours dominé par les hommes écrivains. Ils ont
longtemps parlé au nom de la femme et à
sa place. Ces écrivains ont présenté la femme avec une caractéristique dominée
par le silence et la fragilité [v. le néant
domestique de la femme maghrébine].» - «Transgressions: corps féminin, langue d’adoption et
légitimation dans la littérature maghrébine», www.scholarcommons.usf.edu, 1. Autrement dit, il est à ériger,
avec J.-P. Sartre, quant à l’être civique de la femme maghrébine, il ne
saurait se réaliser sans le le dépassement de son néant domestique, selon l’idée
que : «La liberté c'est l'être humain mettant son passé hors de jeu [v. son néant
domestique] en sécrétant son propre néant [v. son être civique].» - «L'Etre et le Néant», www.babelio.com, p.1.
En témoigne, à l’égard de ce
néant domestique de la femme maghrébine, les extraits des romans maghrébins de
langue française ou francises, suivants :
1. Au
Maroc :
Certes, la condition de la femme
marocaine, son néant domestique ont été, dès l’indépendance une priorité de l’Etat
et des instances nationales, tel que le rappelle M. G., en relatant : «Si
Hassan II ne fournit pas, initialement de réponses [v. le néant domestique de la femme marocain, en
1956], aux revendications des féministes, la
question réapparaît en 1998, sous la forme d’un «plan d’action pour l’intégration
des femmes au développement» [v l’être civique de la femme marocaine].
Rassemblant plus de deux cents mesures relatives à l’amélioration des
conditions de vie de la femme marocaine (santé, microcrédits, éducation, etc.),
ce plan avait été préparé par un collectif de féministes avec l’aide financière
de la Banque Mondiale. [...] Jugeant le moment propice, le roi Mohamed VI
annonça, le 10 octobre 2003, les onze points de la réforme de la Moudawana,
chacun soutenu par un verset du Coran.» -
Evolution et comparaison de la place de la femme au Maghreb : les Algériennes
occupent la troisième place après les Marocaines.», www.algerie-focus.com, p.1. D’où son ancien
néant domestique vu dans les romans marocains suivants :
· Le passé simple, Driss Chraïbi, Ed. Denoël, 1954 :
Né en 1926, à Mazagan, actuelle El-Djadida
et mort en 2007,
la Drome, en France, Driss Chraïbi est un écrivain et romancier
marocain. Après des études secondaires à Casablanca, il a fait des études de
chimie en France et s’installe en 1945. Pendant plusieurs années, il est
producteur à l’ORTF à Paris et séjourne
au Canada. Il est l’auteur de : Le Passé simple (1954), Les Boucs (1955), La Civilisation ma mère !...
(1972), Une enquête au pays
(1981), L'Homme qui venait du passé (2004), etc., www.bibliomonde.com, p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme mère
suicidaire mariée précoce à un mari traditionnel misogyne infanticide imbu
d’un droit dogmatique :
Il
s’agit du récit du néant domestique de la femme désespérée, dite seulement la
fille Zwiten, mère de sept fils, dont le narrateur, Driss Ferdi, dix neuf ans,
étudiant au lycée Lyautey de Casablanca, à l’origine mariée précoce, à treize
ans, et cloitrée par un mari, Haj
Fatmi Ferdi, à l‘âge de son père,
traditionnel misogyne, chef de famille absolu, contre lequel son fils Driss se
révolte, à la mort de son frère, Hamid, assommé par celui-ci, suivi du suicide
de celle-ci, mère excédée par une vie de servage inexorable.
«Portant le matelas (le cercueil) [de
la mère suicidaire], à l’instant où nous [Driss
Ferdi, le fils] descendons
le perron il se produit un brouhaha. [...] “… Père, il y a trois jours, vous m’avez ordonné de me tenir
prêt à accompagner ma mère à Fès. Et vous êtes allez dormir. Père, lorsque vous
vous êtes réveillé, vous avez constaté
que, ma mère et moi, nous étions déjà sur la Route Impériale. Egalement la
disparition de quelques banknotes dans votre portefeuille. Un billet laconique:
«Père, je me suis servi, l’argent du voyage, j’avais peur de troubler votre sommeil,
bye bye! Driss.» Quelqu’un a dû vous dire que j’avais un complice: Hamid [...].
Vos deux taloches, savez-vous ce qu’elles signifient? Traumatisme, hémorragie
cérébrale, homicide volontaire: vous êtes un assassin [v.
le père infanticide]”.
[...] Le long des façades, la foule s’étire en deux
haies. Une semaine s’état déjà écoulée depuis le suicide de ma mère.», www.tel.archives-ouvertes.fr, pp.125-219.
· L'Enfant de sable, Tahar Ben Jelloun, Ed.
Seuil, 1985 :
Né en 1944, à Fès, Tahar Ben Jelloun est
un poète, écrivain et romancier marocain. Il étudie la philosophie, à Rabat. Il
fait un séjour forcé dans un camp militaire (1966-1968). Il se met à écrire. Puis,
il enseigne la philosophie dans des lycées de Tétouan, et de Casablanca et
collabore à la revue Souffles. En 1971,
à l’arabisation de l’enseignement, il va
à Paris. Avec le Prix Goncourt, il connaît la renommée (1987). Il est l’auteur
de : Harrouda (1973), Moha le fou, Moha le sage (1978), La
Prière de l'absent (1981), L'Enfant de sable (1985), etc., www. bibliomonde.com,
p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme génitrice de
filles obligée par son mari traditionnel
misogyne d’annoncer en public sa
dernière nouvelle-née héritier mâle :
C’est
le récit du néant domestique, fait divers, évoqué par un conteur, sur la place publique,
à Marrakech, d’une femme mère génitrice uniquement de filles, obligée par son
mari, Hadj Ahmed Souleymane, d’annoncer sa huitième nouvelle-née, devant tous,
héritier mâle, du nom Ahmed, en vérité Ahmed-Zahra, condamnant celles-ci, par
misogynie et patriarcat social, à vivre cette tragique mascarade, jusqu’à un
faux mariage de celle-ci, à vingt ans, et
au dénouement tragique de leur fatale existence.
«Il pénétra dans la chambre, ferma la
porte à clé et demanda à Lalla Rachida d'ôter les langes du nouveau né; c'était
évidemment une fille. Sa femme s'était voilée le visage pour pleurer. Il tenait
le bébé dans son bras gauche et de sa main droite il tira violemment sur le
voile et dit
à sa femme :
«Pourquoi ces larmes?
J'espère que tu
pleures de joie! Regarde, regarde
bien c'est un
garçon! Plus besoin
de te cacher
le visage. Tu
dois être fière... Tu
viens après quinze
ans de mariage
de me donner
un enfant, c'est
un garçon, c'est mon premier enfant [mâle], regarde
comme il est
beau, c'est déjà un homme! [...] Il avait oublié – ou peut-être faisait-il semblant
– qu’il avait tout arrangé. Il avait bien vu une fille, mais croyait fermement
que c’était un garçon.», www.tel.archives-ouvertes.fr, p.26
· La vérité sort de la bouche du cheval, Meryem
Alaoui, Ed. Gallimard, 2018 :
Née en 1984, à Casablanca, au Maroc, Meryem
Alaoui est une écrivaine et romancière marocaine. Elle a grandi à Casablanca et
vit, avec sa fille et son mari, depuis 2012, à New York, aux États-Unis
d’Amérique. Elle est la fille de Driss Alaoui Mdaghri poète, universitaire et
politicien, ministre à plusieurs fois dans divers gouvernements marocains. Elle
était avec son mari à la tête d’un groupe marocain de presse indépendant.
Après sa nomination au Prix Goncourt (2018), elle rejoint la première sélection
des auteurs pour le Prix de Flore (2018). Elle
est l’auteure de : La vérité sort de la bouche du cheval (2018),
etc., www.babelio.com, p.1.
+ Sur le
néant domestique de la femme mère d’une petite de fille délaissées par un mari,
joueur dissipé, émigré en Europe, se prostituant pour survivre, aider à son
insu sa mère, au bled et compenser d’autres dont son ex-mari, dans un quartier
malfamé de Casablanca :
Abandonnée, dans un quartier sordide de Casablanca, par un mari, joueur
prodigue, travailleur émigré en Europe , son néant domestique, Jmiaa, femme
rurale, la trentaine, se prostitue pour subsister avec sa fille Samia, sept
ans, gratifier son amant Chaïba, payer son souteneur Houcine, aider au bled sa
mère Mouy, ignorant tout d’elle, et envoyer des mandats à son ex-mari. Or face
au mépris du patriarcat local, elle n’a que l’alcool, échangeant parfois sa
chambre avec sa colocataire Halima. Or, doutant d’un vol de sa part, elle
découvre une photo de deux jumeaux de celle-ci, elle-même en proie au même néant domestique.
« L'autre jour, je [Jmiaa]
suis rentrée à la maison avec ma fille [Samia]. C'était un
lundi soir et on revenait du bain. Je m'en souviens très bien. Halima n'avait
pas entendu mes pas dans le couloir. [...] Bref, je m'oublie. Quand on a franchi la
porte Samia et moi, Halima a eu un geste brusque et j'ai cru voir qu'elle avait
caché quelque chose sous le coussin derrière elle. Moi, je n'ai pas l'habitude
de me taire quand il y a quelque chose de pas net. En plus, elle est chez moi,
alors il faut que je sache ce qu'il s'y passe non?
- Qu'est-ce que tu as caché là-bas ? je lui
ai dit en tournant mes yeux en direction du coussin. [...] Mais le doute a persisté et comme elle
avait un peu trop une tête, [...] j'ai cherché sous le coussin qui était
derrière elle.
Là, j'ai trouvé une photo d'elle avec deux
garçons. Ils étaient assis dans un salon [...].
-Ce sont tes fils ?
Du fait, du néant domestique de la femme dans les romans marocains de langue française,
on pourrait dire avec Damamme Aurélie : «L’espace domestique
[au Maroc] n'échappe pas à la question du
pouvoir et le domaine de la vie domestique et personnelle, comme celui de la
vie non domestique mais économique et
politique, ne peuvent être
compris ou interprétés isolément
(Olsen, 1985). [...] Les relations en son sein sont
marquées par l'inégalité entre le mari et son épouse, la subordination,
l'autorité et la méfiance. [...] La difficile reconnaissance de
la participation des
femmes à la sphère
publique [v. civique] ne concourt pas à leur représentation politique. »
- «Le genre à l’épreuve du développement au Maroc », Op.cit., pp.120-123.
2. En Algérie :
Concernant
le néant domestique traditionnel de la femme algérienne, M. G. constate
notamment : «En Algérie plus qu’ailleurs, la place
de la femme a été fortement liée aux évolutions politiques et sociales du pays.
Le discours tenu sur les femmes diffère assez largement de la réalité de leur
condition. Régulièrement glorifiées comme héroïnes de la guerre d’indépendance
et de la lutte contre le terrorisme, elles continuent à être maintenues dans un
statut d’infériorité [v. le néant
domestique traditionnel de la femme algérienne] par un
code de la famille qui semble dépassé notamment parce que sa réforme fut
régulièrement ajournée pour cause de priorité donnée aux questions économiques,
sociales et culturelles et de différentes pressions.» - «Evolution et comparaison de la place de la femme au
Maghreb : les Algériennes occupent la troisième place après les Marocaines »,
Op.cit., p.1. En sont témoins les extraits des romans algériens
suivants :
· Le Sommeil du Juste, Mouloud Mammeri, Ed.
Plon, 1955 :
Né en 1917, au village de Taourirt-Mimoun,
à Béni Yenni en Kabylie, et mort, en 1989, dans un accident de voiture, près d’Aïn-Defla, de
retour d'un colloque d'Oujda, au Maroc, sur l'amazighité, Mouloud Mammeri est un écrivain et romancier algérien.
Il fait son primaire dans son village natal. En 1928, il va chez son oncle
installé, précepteur de Mohammed V, à Rabat, au Maroc. Mobilisé et libéré (1939-1940),
il s'inscrit à la Faculté des Lettres d'Alger. Après guerre, il enseigne à Médéa. Il est l’auteur de : La
Colline oubliée (1952), Le Sommeil du juste (1952), L'Opium et le
Bâton (1965), etc., www.mcmmto.dz, p.1.
+ Sur le
néant domestique de la femme- jeune fille française parisienne en voie d’un
mariage mixte raté avec un algérien émigré en France :
C’est le récit du
néant domestique, d’Elfriede Maurer, la
jeune fille parisienne française attachée à son pays, fiancée avec Arezki, ex-soldat algérien de la grande guerre, émigré
en France, s’achevant par une rupture, malgré l’apparente atmosphère de bonheur
initial entre eux, que l’appel des racines de ce dernier poussent en
contrepartie à joindre seul son pays.
«Elfriede [la jeune française,
fiancée d’Arezki] souvent
lui disait qu’elle
était du pays où elle était heureuse [v. la
France]», [...] C’était
l’anniversaire de la
libération de Paris.
Ils remontèrent les Champs-Elysées vers
la tombe du
soldat inconnu. La foule criait : Vive Leclerc ! dans les yeux , les
gestes et les paroles , dans la joie
sereine de tous ceux qu’ils coudoyaient ,
qu’elle était belle, la liberté, la liberté retrouvée des autres, celle
-là même
qu’Arezki [ex-soldat]
avait contribué à
leur rendre. [...] Arezki
avait envie de se fondre dans la joie des autres. [...]
-Madame Maurer
[la mère d’Elfriede]
expliquait :
-Elle
s’excuse de ne pouvoir venir
et elle vous
souhaite beaucoup de bonheur
en Algérie ...Quand vous serez
là-bas, vous l’oublierez vite.
Pour tous les deux il vaut mieux ainsi [v.
le néant domestique de la femme].», www.bib.univ-oeb.dz, pp.136-130.
· La Grande Maison, Mohamed Dib, Ed. Seuil, 1952 :
Né
en 1920, à Tlemcen, et mort, à La
Celles-Saint-Cloud, en 2003, Mohammed Dib est un écrivain et romancier
algérien. Instituteur, comptable, traducteur, journaliste à l’organe du Parti
communiste «Liberté», il est expulsé d’Algérie (1959). En France, il débute sa vie
littéraire. Il est le premier écrivain maghrébin à recevoir, en 1994, le Grand
Prix de la Francophonie. Il est l’auteur de : La Grande Maison
(1952), L’Incendie (1954), Le Métier à tisser (1957), Un été
africain (1959), Le Désert sans détour (1992), L'Infante maure
(1994), etc., www.tlemcen.e-monsite.com, p.1.
+ Sur
le néant domestique de la femme mère veuve laborieuse à domicile pour faire
vivre ses enfants, celle-ci érigée en effigie de la mère patrie par son fils au
lieu de la France mère patrie écolier à l’école coloniale :
Il
s’agit du néant domestique de la femme d’Aïni, veuve, mère laborieuse à
domicile, pour faire vivre son fils, l’écolier Omar, ses deux sœurs Aouïcha,
Meriem et sa grande-mère maternelle. La mère effacée est érigée en effigie,
comme mère patrie, au lieu de la France mère patrie d’autrui, dans
l’esprit de son fils, contre le dire du maître en classe, à
l’école française coloniale :
«A peine s'emboîtèrent-ils dans leurs pupitres que le
maître, d'une voix claironnante, annonça: [...] Leçon de morale. [...]
M Hassan, satisfait, marcha jusqu'à son bureau [...].
- Qui d'entre vous sait ce que veut dire Patrie ? [...]
- La France est notre mère Patrie, ânonna Brahim. [...] Les lèvres serrées, Omar pétrissait une petite boule de pain dans sa bouche. La France, capitale Paris. Il savait ça. Les Français qu'on aperçoit en ville, viennent de ce pays. [...] Comment ce pays si lointain est-il sa mère ? Sa mère est à la maison, c'est Aïni, il n'en a pas deux. Aïni n'est pas la France. [...] Patrie ou pas patrie, la France n'était pas sa mère. [...] Le maître était pour ainsi dire un notable, Hamid Saraj [leur voisin nationaliste], un homme que la police recherchait souvent. Des deux, qui est le patriote alors ? La question restait en suspens.», www.babelio.com, p.1.
- Qui d'entre vous sait ce que veut dire Patrie ? [...]
- La France est notre mère Patrie, ânonna Brahim. [...] Les lèvres serrées, Omar pétrissait une petite boule de pain dans sa bouche. La France, capitale Paris. Il savait ça. Les Français qu'on aperçoit en ville, viennent de ce pays. [...] Comment ce pays si lointain est-il sa mère ? Sa mère est à la maison, c'est Aïni, il n'en a pas deux. Aïni n'est pas la France. [...] Patrie ou pas patrie, la France n'était pas sa mère. [...] Le maître était pour ainsi dire un notable, Hamid Saraj [leur voisin nationaliste], un homme que la police recherchait souvent. Des deux, qui est le patriote alors ? La question restait en suspens.», www.babelio.com, p.1.
Née en 1936, à Cherchell, et morte en 2015,
à Paris, en France, Assia Djebar, ou Fatma Zohra Imalayene, est une écrivaine et
romancière algérienne. Elle grandit dans une famille de petite bourgeoise
traditionnelle. Son père instituteur, issu de l’École Normale de Bouzeareh,
était chose rare à l’époque. Elle étudie à l’école française et dans une école
coranique, au collège de Blida, section classique (grec, latin, anglais) et
obtient son baccalauréat (1953). En 1955, elle entre à l’École Normale
Supérieure de Sèvres, à Paris et enseigne l’histoire du Maghreb, à la Faculté
des lettres de Rabat (1959). Elle est l’auteure de : La Soif (1957),
Les Enfants du Nouveau Monde (1962), Les Alouettes naïves (1967),
L’Amour, la fantasia (1985), Nulle
part dans la maison de mon père (2007), etc., www.femmessavantes.pressbooks.com, p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme-fillette
arabe algérienne scolarisée, contre toute coutume par son père instituteur à
l’école coloniale française et décriée par les femmes traditionnelles du
voisinage comme une future dévoyée :
Il est question du néant domestique de la
scolarisation de la narratrice, une petite fille d’un village du Sahel algérien,
par son père instituteur à l’école coloniale française, décriée par les voisines
traditionnelles, comme une future femme dépravée :
«Fillette arabe
allant pour la
première fois à l’école,
un matin d’automne,
main dans la main
du père. Celui-ci,
un fez sur
la tête, la silhouette
haute et droite
dans son costume européen, porte un cartable, il est
instituteur à l’école française. Fillette arabe dans un village du Sahel
algérien. Villes ou villages aux ruelles blanches, aux maisons aveugles. Dès le
premier jour où une fillette « sort » pour apprendre l’alphabet, les voisins
prennent le regard matois de ceux qui s’apitoient, dix ou quinze ans à l’avance
: sur le père audacieux, sur le frère inconséquent.», www.iemed.org, p.1.
Dans
la perspective du néant domestique de la femme, dans les romans algériens, voire maghrébins,
de langue française et arabe francisés,
le même auteur, M. G., observe en
socio-historiquement : «Après les indépendances (1956 pour le Maroc et la Tunisie, 1962 pour
l’Algérie), les classes dirigeantes expriment leur volonté de prendre en compte
les femmes dans le développement des sociétés. Mais en dehors de la Tunisie qui
réforme en profondeur le statut de la femme, les deux autres pays reproduisent
le modèle traditionnel de la famille musulmane.
[...] La femme se retrouve tenue à un
rôle de « gardienne de la tradition ou de la maison» [v. du néant domestique de
la femme maghrébine], que l’on cherchera à justifier par des spécificités
culturelles, par l’authenticité arabo-musulmane et par une lecture masculine de
l’Islam inscrite dans la Constitution.» - «Evolution et comparaison de la place
de la femme au Maghreb : les Algériennes occupent la troisième place après les
Marocaines.», Op.cit., p.1.
3. En
Tunisie :
En effet, pour ce qui est de la condition
du néant domestique de la femme en Tunisie, le même article de M. G. atteste :
« En Tunisie, les droits accordés aux femmes à
l’indépendance du pays [v.1956] s’intègrent dans une politique plus large de
développement et de modernisation du pays. Habib Bourguiba [1903-2000], décide
de «faire de la question féminine l’enjeu mobilisateur d’une nouvelle politique
sociétale, dont la famille est le pivot central [1957-1987]». Abolition de la
polygamie, de la répudiation, du tuteur matrimonial, du droit de contrainte et
instauration du divorce judiciaire, du libre consentement des futurs époux et
de l’adoption; la promulgation du Code du statut personnel (CSP), en 1956
constitue une avancée remarquable.» - «Evolution et comparaison de la place de
la femme au Maghreb : les Algériennes occupent la troisième place après les
Marocaines.», Op.cit., p. Ibid. Font
preuves du néant traditionnel de la femme, en Tunisie, les extraits des romans
tunisiens suivants :
· Ma foi demeure, Hachemi Baccouche, Ed.
Nouvelles Ed. Latines, 1958 :
Né
en 1916, et mort en 2008, à Tunis, Hachemi Baccouche, ou Mhamed Hachemi
Baccouche, est un écrivain et romancier tunisien. Il était psychosociologue. Il
a vécu en exil durant cinquante ans, en France (1957 -2000). Il vit
à Tunis, à sa mort, depuis 2006. Il est l’auteur de : Ma foi demeure
(1958), La Dame de Carthage (1961), La souffrance (1993), etc.
www.idref.fr, p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme
française parisienne mariée avec un tunisien émigré en France et tiraillé entre
modernité et retour vers la femme
tunisienne :
C’est l’histoire du néant
domestique de la femme, dans un mariage mixte moderne entre une jeune fille,
étudiante française, à Paris, Marie-Thérèse, avec Mahmoud, ex-étudiant et médecin tunisien émigré, en France qui, après des
années, réalise que celle-ci ne lui rend
pas l’amour qu’il a pour elle, d’autant plus que ses amis lui rappellent la
femme tunisienne, dénoncent son couple mixte, au nom du pays colonisé, le
poussant à rentrer seul, à Tunis.
«Même pas sa présence. Marie-Thérèse [femme du narrateur, Mahmoud,]
elle-même serait-elle en mesure de prendre ce que par nécessité de vie, par
besoin d'être, il se serait encore cru capable d'offrir, la présence? Ne
semble-t-elle pas absente depuis que tout s'est effondré, depuis que les
déceptions ont corrodé l'espoir et démoli la patience d'attendre? Pouvait-il
encore croire? La somptueuse robe patiemment préparée et dont il l'avait vêtue
n'est plus. Marie-Thérèse a été à la fois son moyen et son but, son objectif et
sa route. [...] D'aucuns pourraient lui dire qu'une Tunisienne comme lui,
élevée dans les mêmes traditions, [...] aurait été meilleure compagne,
plus sensible à cet inépuisable amour qu'il a donné à Marie-Thérèse. [...]
Il allait avoir [d’un ami d’enfance] des nouvelles toutes
récentes [de Tunisie], mais quand il se précipita sur lui [...], l'autre
fixa sur lui un regard chargé de haine et de mépris et se détourna sans dire
mot.», www.webcache.Google usercontent.com, p.1.
· Agar, Albert Memmi, Ed. Gallimard, 1984 :
Né en 1920, dans le quartier juif, à Tunis,
Albert Memmi est un écrivain, essayiste et romancier franco-tunisien. Il y va
au lycée français et étudie la philosophie à l'université d'Alger. En 1943, il subit
les camps de travail forcé, en Tunisie. Agrégé de philosophie à la Sorbonne, il
épouse une Française. A Tunis, il dirige un laboratoire de psycho-sociologie,
enseigne la philosophie et tient la page littéraire de L'Action tunisienne. A
l'indépendance, il se fixe à Paris (1956), professeur à l'E.P.H.E., attaché au
C.N.R.S, membre de l'Académie des Sciences d'Outre-mer et dirige chez Maspéro la collection "Domaine
maghrébin". Naturalisé français (en 1973), il est l’auteur de : La
Statue de Sel (1953), Agar (1955),
Le Scorpion (1969), Le Pharaon (1989), etc., www.babelio.com, p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme alsacienne
catholique mariée, à Paris, avec un juif tunisien et réinstallés à Tunis, où elle
se voit exposée à la misogynie et aux traditions de son mari et de ses
beaux-parents quant au nom de leur futur nouveau-né, sa circoncision et l’échec
inévitable de leur union :
C’est le récit du néant domestique de la
femme française, Marie Müller, étudiante catholique alsacienne, mariée par
amour, à Paris, avec le narrateur,
ex-étudiant, médecin juif tunisien, de
mœurs misogynes, réinstallés en couple mixte, à Tunis, près des parents de ce
dernier, la vie de celle-ci va en se dégradant, querelles incessantes au sujet de
sa cuisine, du nom de leur futur nouveau-né, de sa circoncision en France, de l’intrusion
des beaux-parents et leurs traditions, menant leur couple à l’échec définitif
:
«A la fin du déjeuner, j’entrepris [le
narrateur, un juif tunisien]
de raconter à Marie [sa femme, Marie Müller, une
catholique alsacienne]
cette entrevue avec mon père...
- Devine quel
est son souci ? dis-je enfin, m’efforçant au sourire : que Bébé porte
son nom.
Le visage de
ma femme aussitôt se ferma, son refus
s’y peignit si total qu’il me révolta. Elle quitta la table et alla s’asseoir
sur une chaise bizarrement au milieu de la pièce.
- ... C’est une
tradition si enracinée, si vieille...
Elle ne
voulait ni écouter ni comprendre :
- précisément,
ces vieilleries ne m’intéresse nt pas. [...]
- Ecoute, la suppliai-je, [...]
n’en parlons plus, peut-être aurons-nous une fille...
- Et si nous avions un garçon ? [...]
-
Pourquoi, lui demandai-je, pourquoi cherches-tu le plus difficile pour
nous ?
- Par ce que j’existe !
répondit-elle amèrement.», www.redalyc.org, p.93.
· L'œil
du jour, Hélé Béji, Ed. Elyzad, 2013 :
Née en 1948, à :
Tunis Hélé Béji, née Hélé Ben Ammar, est une écrivaine et romancière tunisienne.
Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné à l'Université de Tunis avant de joindre
l'Unesco, comme fonctionnaire internationale. En 1998, elle fonde le Collège
international de Tunis qu'elle préside encore. Elle est l’auteure de : L’Œil
du jour (1985), etc.,
+ Sur le néant domestique de la femme grand-mère musulmane
âgée vivant seule à Tunis recevant la visite à sa maison natale de sa petite
fille parisienne, émigrée, laïque et européanisée, celle-ci est contrariée par
la vie religieuse quasi-monacale de
son aïeule :
Il
s’agit du récit du néant domestique de la grand-mère, femme veuve, seule, âgée
musulmane, menant sa vie en priant
continuellement, sous les yeux de sa petite
fille parisienne, irréligieuse, émigrée, en visite à sa maison natale, à Tunis,
choquant l’esprit de la jeune fille européanisée, tout en l’entendant dire son
infériorité par rapport aux gens instruits.
«Par mon irréligion, j'étais séparée
de l'univers de ma grand-mère autant que de n'importe quel alchimiste disparu
dans la nuit des temps, avec sa tablette, ses mystères, ses doctrines, ses
initiations, au fond d'un laboratoire en cendre où il avait tout ignoré de la
rondeur de la terre ». [...] «Nous appartenions finalement à deux mondes étrangers, extérieurs, lointains,
aussi irréels qu’inconcevables l’un pour l’autre. » [...] Non, je ne me
sentais perdante malgré ma tare, même si les mots que j’avais appartenaient à
une toute autre réalité que la sienne, au-delà de tout ce qui lui était échu de
concevoir dans la masse de prières qu’elle prononçait chaque jour, et qui
pourtant ne l’empêchaient pas de dire, parfois : «On se sent bête, on est des
ânes devant les gens instruits !», www.theses.fr/2015
PA08 0073.pdf, pp.15-16.
Dans le cadre du néant de la femme, dans les romans tunisiens de langue française ou arabe francisés,
notons avec Nora Bhouri, juriste en droit social, soulignant, à propos
de La place de la femme dans la société tunisienne : « Proclamant
l’égalité entre les hommes et les femmes sur le plan de la citoyenneté, il [v.
le CSP tunisien] illustre ainsi un compromis au sein d’une société restant
attachée dur comme fer à ses valeurs religieuses et son idéologie patriarcale
[v. le néant de la femme maghrébine]. À sa promulgation, en 1956, le code
interdisait notamment la polygamie et la répudiation, chose inédite dans le
monde arabe et musulman. [...] Le président Beji Caid Essebsi a récemment
relancé le débat sur ce pan du CSP [v. en 2018] en assurant qu’aller vers la
parité ne veut pas dire aller à l’encontre de la religion. Ce discours
progressiste ne veut donc pas aller à l’encontre du texte coranique, mais
plutôt se concentrer sur une lecture vectorielle du coran afin de déterminer
les moyens d’atteindre cette égalité tant voulue, tout en s’y conformant.» - «La
place de la femme dans la société tunisienne: Entre émancipation croissante et
contrepoids culturel », www.huffpost maghreb.com, p.1.
4. En
Mauritanie :
En
ce qui concerne la situation de la femme et son néant domestique, en
Mauritanie, Le Programme FAM (Former et Agir en Mauritanie), 2012, constate précisément:
«En Mauritanie, l’hétérogénéité sociale, culturelle et ethnique de la
population explique en grande partie la diversité de situation que connaissent
les femmes. Pour autant, les discriminations à l’encontre des femmes concernent
toutes les communautés mauritaniennes. L’égalité entre les hommes et les femmes
est consacrée par les conventions internationales ratifiées par la Mauritanie
et par le droit interne. Mais la jouissance par les femmes de leurs droits
humains est limitée par une législation restrictive et des pratiques
culturelles et coutumes sociales ancestrales [v. le néant domestique de la
femme maghrébine]. Les lois et les usages ne prennent pas en compte le
déséquilibre social et économique dont sont victimes les femmes mauritaniennes
(en matière d’accès à l’éducation ou à l’emploi, de ressources financières [v.
l’être civique de la femme maghrébine], etc.).» - «La situation des femmes», www.programmefam.fr, p.1
Ce dont rendent compte, à propos du néant domestique de la femme en Mauritanie,
les extraits de romans mauritaniens suivants :
· La vierge du matin, Bakari
Mohamed Séméga, Ed. Ed. Société des
écrivains, 2009 :
Né en 1959, à Kaédi, en Mauritanie, Bakari
Mohamed est un journaliste, écrivain et romancier mauritanien. Docteur en
chimie et hydrochimie (1990), il est chargé de cours à l'Université de
Nouakchott. Il est l’auteur de : Chemin de lumières (1970), La
Vierge du matin (2009), etc., www.publibook.com, p.1.
+ Sur le
néant domestique de la femme la femme
inféconde, enfantant après dix huit ans, mais damnée par les gens de son
village ainsi que sa fille par superstition et misogynie tribale :
C’est l’histoire du néant domestique de la
femme Doulia, inféconde durant dix huit ans, et de son mari Sakira, damnés par les gens misogynes
et superstitieux du village de Guidinméra qui, même après avoir enfanté une
fille Madjigui, fêtée d’abord, et diabolisée par eux, après la mort de son
fiancé et de sa mère, comme sorcière maléfique, bannie du clan, ce qui ne
l’empêchera pas celle-ci de finir par se venger d’eux ultérieurement.
«Le premier souffle, le premier cri
de l’enfant [de Doulia femme de Sakira] ne vient-il pas manifester sa venue [...],
une candide petite fille. Une petite fille qui s’est fait tellement attendre et
désirer est enfin arrivée [...]. Voilà le présent que le destin a bien
voulu offrir aux jadis désespérés et égarés de Guidinméra [...].Toute la
population de Guidinméra est venue à
l’accueil de Madjigui [...]. Et alors s‘envolent [...]
les dix-huit ans de confusion de Doulia et de Sakira, ces [...]
dix-huit ans de calvaire. Madjigui [à soixante treize an] pense aux maux, aux
torts faits à ses parents dix-huit ans durant avant qu’elle ne vienne au monde.
[...] Depuis la nuit de la mariée [...] Madjigui était mise en
quarantaine. [...] La vieille femme n’y était pas allée de propos
agréables [contre Madjigui] [...] : "Va-t’en
sorcière, fille de sorcière. Il ne te suffit pas d’avoir mangé ton
fiancé...". », www.books. google.co.ma,
pp.130-162.
· Le Cri du Muet, Abdoul Ali War, Ed. Moreux,
2000 :
Né en 1951, à Bababé, en Mauritanie, Abdoul Ali War est un cinéaste
écrivain, et romancier mauritanien. Installé en France, depuis les années 1970,
il est profondément attaché à son pays et met sa plume au service des sans
voix. Il est l’auteur de : Génial Général Président (1997), Le cri du muet (2016), etc., www.printempsdespoetes.com.
p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme
mère, veuve et malade mourante, d’avoir tant peiné, pour faire vivre toute
seule sa famille et ses enfants dont sa fille aînée qui veille avec son petit
frère à son chevet :
C’est le récit du néant domestique de la femme mère, Lalla Aïcha, une
veuve malade et mourante, terrassée d’un mal inconnu la pétrifiant, en vérité d’épuisement à la tâche pour faire vivre sa
famille et ses enfants, avec à son chevet
sa fille Djamila et son petit demi-frère muet, ex-esclave, en larmes,
le petit Hartani :
«Djamila avait presque toute la journée
essayé de le joindre. Issagha [son jeune
frère] restait introuvable. [...] Elle attendrait. Lorsqu’il aurait fini de barboter
dans les eaux boueuses, [...] elle le
verrait. En attendant, malgré la confusion dans sa tête, elle veillait sur sa
mère Lalla Aïcha. Celle-ci comme dans un ailleurs que l’on ne pouvait connaître
[...], qu’elle semblait subjuguée ou pétrifiée [...] par on ne sait trop quoi
d’hypnotisant. C’est ce regard qui perturba Djamila sa fille, seule le plus
souvent à veiller sur elle. Lalla Aïcha, celle qui semblait plus fort que tout,
aujourd’hui inconsciente et décharnée sur son grand lit au milieu de cette
grande pièce, livrait-elle son dernier combat ? [...] Les travaux de tous
les jours sous le soleil ou sous la pluie, les difficultés et les chagrins de
la vie avaient tanné et raviné son visage que personne ne s’avisait plus à lui
donner un âge.», www.preview.epa gine.fr, p.1.
· Le Ciel
a oublié de pleuvoir, Mbarek Ould Beyrouk, Ed. Dapper, 2006
Né en 1957, à Atar, en Mauritanie, Mbarek
Ould Beyrouk est un journaliste, écrivain et romancier mauritanien. Après des
études de droit, il s’adonne au journalisme devient (1988-
1994). Il a est l’auteur de : Et le ciel a oublié de pleuvoir
(2006), Le Tambour des larmes (2015), etc., www.webcache.googleusercontent.com.
p.1.
+ Sur
la femme mère morte seule en l’absence de son fils Mahmoud, pris esclave par
des maîtres esclavagistes regrettant de ne pas l’avoir assistée de son
vivant :
C’est l’histoire du néant domestique de la femme, une vielle veuve morte
solitaire, dont le fils unique Mahmoud a été réduit à l’esclavage par des
esclavagistes, loin d’elle, mais leur ayant échappé, il finit, avec ténacité,
par devenir un haut fonctionnaire d’Etat, aisé, mais ayant l’amer regret de ne
pouvoir la choyer, et décidé prouver qu’il est un bon fils.
«Et puis, je [Mahmoud
ex-esclave] l’aurais servie
comme jamais personne n’a servi sa mère, je lui aurais fait construire la plus
somptueuse des villas, j’aurais loué les bras et les cœurs des plus belles
filles, issues des plus nobles tentes du désert, pour la servir. La ville tout
entière lui lècherait les pieds. Et elle saurait enfin que je suis un bon fils,
que je ne suis pas mauvais, pas violent, pas couard, pas retors, pas cynique,
comme ils disaient. Elle aurait compris les raisons de ma fuite. Elle ne
m’accuserait plus de l’avoir abandonnée. Je me serais endormi chaque soir en
embrassant les plantes de ses pieds !
Mais ma mère
n’est plus là et je dois lui prouver chaque jour que je ne suis plus esclave.»,
www.bric-a-brac-maison-d-affaires.com
, p.1.
Eu égard, à la situation de la femme traditionnelle
et son néant domestique dans les
romans mauritaniens de langue française, Mohamed-Saïd
Ould Hamody en décrit les traits
socio-historiques, comme suit : «D’autre part [après l’Islam], dans notre Histoire
mémorisée comme dans nos traditions, la femme est traitée avec les faveurs et
les défaveurs de son groupe social. [...] Les différences sont, somme toutes,
objectivement significatives, entre les natures et les degrés d’implication des
femmes, épousant les traditions particulières de leur ethnie, région, tribu ou
clan, et la place dévolue à leur condition sociale [v. et son néant domestique de la femme maghrébine traditionnelle].
[...] En effet, la mauritanienne, par les mariages mixtes, a constitué,
perdurant encore, le trait d’union réel qui a permis un malaxage fécond entre
gens de différentes castes, tribus, régions et « races. » Cette femme,
touts particularismes confondus, est, également, la gérante du mouvement de
l’état civil de sa communauté, grande et petite, à
l’occasion des mariages, des baptêmes, divorces et décès.» - « La
femme mauritanienne et son apport traversant les âges», www.webcache.googleusercontent. com,
pp. 1-2.
5. En Libye :
Au fait de la
situation de la femme traditionnelle et son néant domestique, en Libye, Christiane Souriau
restitue notamment : « Notre pays [v. la Libye]
est inconnu ! » [...] Que dire alors des femmes libyennes qui sont méconnues
même de leurs compatriotes et dont une réputation simpliste fait en bloc le
modèle le plus archaïque de la femme arabe... [...] Seul le contrat de mariage
peut créer une association intégrale entre individus étrangers des deux groupes
mais l’homme et la femme ainsi unis ne donneront la vie et ne l’entretiendront,
ils ne fonderont une nouvelle cellule familiale qu’en intégrant celle-ci dans le cadre vaste de la grande famille
agnatique, du clan, de la tribu [v. et son
néant domestique de la femme maghrébine
traditionnelle].» - «La société féminine
en Libye», https://www.persee.fr, pp.127-128. Ce dont rendent compte les extraits de
romans libyens romans libyens de langue française ou traduits de l’anglais et
de l’arabe en langue française suivants :
· Au pays des hommes, Hisham Matar, Trad. de l’anglais en langue française par
Johan-Frédérik Hel Guedj, Ed. Denoël,
2007 :
Né en 1970, à New York City, Hisham Matar
est un écrivain et romancier libyen. Il a passé son enfance en Amérique avec
ses parents où son père, Jaballa Matar, travaillait pour la délégation libyenne
à l'ONU. A l’âge de trois ans, sa famille revient à Tripoli, en Libye. En 1979,
son père est accusé de complot contre le régime libyen et fuit avec sa famille,
en exilé au Caire. Hisham et son frère ont fini leurs études. En 1986, il part
étudier à Londres. En 1990, son père est enlevé. Il est l’auteur de : Au
pays des hommes (2007), Anatomie d'une disparition (2011), La
terre qui les sépare (2017), etc., www.babelio.com, p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme mère
malade d’un enfant de neuf ans, veillant sur elle, dans leur maison, à Tripoli,
en l’absence du père activiste anti-Kadafi, celle-ci, en fait alcoolique pour surmonter sa
peur, et racontant à son fils son mariage forcé à quatorze ans :
C’est le récit, en été 1979, d’un enfant, Souleyman, neuf ans, dans une maison, à
Tripoli, veillant sa mère malade, en l’absence du père, activiste clandestin
contre le régime de Kadafi, sous couvert d’homme d’affaires, en voyage, en
vérité, celle-ci est devenue alcoolique pour dominer sa peur d’éventuelles
représailles policières contre son mari, et racontant à son fils son mariage précoce
forcé, à quatorze ans,.
«Je [Suleyman, neuf ans, à
Tripoli] me souviens à présent de ce dernier été, c'était avant que l'on
ne m'envoie loin d'ici. Nous étions en 1979 et le soleil noyait tout. Elle ne
s'était endormie qu'après que l'aube eut grisé le ciel. Et même alors, j'étais
si secoué que j'étais incapable de quitter son chevet, me demandant si, comme
ces marionnettes qui jouent les mortes, elle n'allait pas se redresser, allumer
encore une cigarette et, comme elle l'avait fait quelques minutes auparavant,
me supplier encore de ne rien raconter, de ne rien raconter. Baba n'a jamais
découvert la maladie de maman; elle tombait malade uniquement lorsqu'il
s'absentait pour affaires. Dès que le monde s'était vidé de sa présence, [...]
nous restions, elle et moi, tels [...] des pages vierges qu'il
fallait remplir du souvenir de ce qui les avait amenés à se marier. [...]
j'entendais les choses qu'elle venait de me dire flotter et se répéter dans
ma tête.», www.amazon.fr, p.1.
· La compagnie des Tripolitaines, Kamal Ben
Hameda, Ed. Elyzad, 2011 :
Né en 1954, à Tripoli, en Libye, Kamal Ben Hameda est un poète, écrivain
et romancier libyen. Il quitte la Libye à la suite coup d’état (1969). Après
des études universitaires en lettres modernes et linguistique appliquée
d’arabe, il s'occupe des réfugiés politiques et d’immigrés. Il vit à présent aux
Pays-Bas et se consacre à l’écriture. Il est l’auteur de : La compagnie
des Tripolitaines (2011), Le livre du camp d'Aguila (2014), etc., ww.babelio.com, p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme mère
de l’enfant-narrateur, confidente d’un groupe de voisines de Tripoli, en Libye et
d’Italie, étalant leurs déboires avec les hommes, en présence de celui-ci :
Il est question du néant domestique de la femme tout d’abord Signora
Aziza, la mère de l’enfant-narrateur Hadachinou, mariée, confidente de celle-ci et d’un groupe de voisines amies,
dont les époux et amants se rencontrent à la mosquée, celles-ci exposant leurs et
méfaits, de filles dévoyées, d’épouses violentées, répudiées ou délaissées, telles
que : Signora Philomena, une Italienne, menacée d’expulsion du pays avec son
mari, après trois générations, à Tripoli, ou tante Nafissa, refusant le mariage
de peur d’enfanter des filles qui seront esclaves des hommes.
«J’ai [l’Italienne
Signora Philomena] peur,
Signora Aziza [la mère de Hadachinou, l’enfant
narrateur], j’ai peur. Et
si je devais finir ma vie ailleurs ? Je mourrais loin de Tripoli ! Mon mari, il
n’arrête pas de dire qu’un jour on va nous vider d’ici ! – N’aie pas peur,
Signora Filomena, je serai là pour te défendre… Et pourquoi vous chasserait-on
? Vous êtes nés ici, vous êtes Tripolitains… » [...]
« La famille de Signora
Filomena était installée à Tripoli depuis trois générations [...]
Oui, qu’est-ce que je disais,
oui, le mariage ! C’est affreux, ça, chier des filles qui seront esclaves toute
leur vie et des garçons qui vont les faire trimer et lisser l’ennui et la mort
! Non et non ! disait souvent tante Nafissa.», www.zazymut.over-blog.com,
p.1.
· Chewing gum, Mansour Bushnaf, trad. de l’arabe en français,
par Sophie Taam, Ed. Balland, 2008 :
Né en 1954, Bani Walid, au sud-est de
Tripoli, en Libye, Mansour Bushnaf est un écrivain, dramaturge, essayiste et
romancier de langue arabe traduit en français, libyen. Il vit actuellement à
Tripoli. Il est l’auteur de : Chewing gum (2008), etc., www.paroleetsilence. com, p.1.
+ Sur le néant domestique de la femme-jeune
fille fiancée d’un garçon, tous deux frappés du maléfice d’une statue fatale,
admirée par eux au musée, et se promenant au parc, ils sont l’un pétrifié sur place, pour dix ans, l’autre, mâchant une
gomme à la bouche, devient une prostituée en rupture de ban, à la vie :
C’est le récit du néant domestique de la
femme victime de superstition, celui d’une jeune libre et belle, Fatma,
apparemment fiancée avec un garçon Mukhtar qui, après avoir admiré une statue
maléfique anti-amants au musée, se voient frappés de son maléfice en allant se
promener au parc, lui figé sur place pour dix ans, elle condamnée à mâcher une
gomme et à être prostituée, avec même les propres relations de celui-ci, une
vie ratée sans retour.
«L’histoire de la Libye défile dans un
parc de l’époque romaine à la révolution des El-Senussi. C’est Mukhtar est venu
s’y promener avec sa jeune amie Fatma, après avoir visité le musée et admiré la une statue d’origine inconnue,
ayant le pouvoir maléfique de rendre fou quiconque prend conscience de ses
amours. Il se fige comme une pierre lorsque sa bien-aimée, peu amoureuse de
lui, s’éclipse, sans mot dire, sans retour, s’effaçant avec le coucher du
soleil, vêtue d’un manteau noir et d’un châle rouge.», www.lesplumesdetelma, p.1.
Aussi,
compte tenu du néant domestique de la femme maghrébine, dénoté ici, dans la
réalité, comme la fiction des romans maghrébins de langue française ou arabe
francisés, remarquerons-nous avec Yvette Roudy, rapportant, en 2002 : «Malgré les
évolutions positives intervenues au cours des dernières décennies dans les pays
du Maghreb [v. Maroc,
Algérie, Tunisie, Mauritanie et Libye],
les femmes maghrébines restent encore maintenues dans une sorte de ghetto
juridique au mépris [...] notamment la Convention sur l’élimination de toutes formes de
discrimination à l’égard des femmes. Les sociétés maghrébines sont encore
prises entre l’archaïsme des us et coutumes et la modernité. Dans ces sociétés,
la femme se trouve toujours dans un état de dépendance, voire de soumission,
par rapport à l’homme [...]. En effet,
il faut rappeler que dans la plupart des cultures, les femmes sont habituées à
être placées à «l’arrière-plan». Dans les systèmes fondés sur la
différenciation des genres, les hommes ont le plus souvent des privilèges
sociaux, économiques, politiques et sexuels, en un mot le pouvoir, la femme
étant cantonnée dans la sphère du «privé», les hommes se réservant la sphère
noble, du «public» [v. et son néant domestique de la femme maghrébine
traditionnelle]. On retrouve ce clivage
d’une manière beaucoup plus nette chez les femmes du Maghreb.» - «Situation des
femmes maghrébines», www.assembly.coe.int, p.1.
III. L’être civique de la femme dans les
romans maghrébins de langue française : 1952-2019 :
De façon parallèle, face au néant
domestique se profile l’être civique de la femme dans les romans maghrébins de
langue française : 1952-2019, ce dont Rabéa Naciri relate précisément : «Ma
contribution, republiée dans ce numéro de Nouvelles Questions Féministes sur
les féminismes au Maghreb, date de 2006 [...]
du rapport « Cinquante
ans de développement humain et perspectives pour 2025 », [...] sur les politiques à mettre en œuvre dans le futur et ce à la lumière des
enseignements tirés des réussites et des échecs du passé. [...] Dans ce contexte, les femmes qui avaient participé à l’action
politique et à la résistance contre les colons sont rentrées [...], éduquer les futurs citoyens et citoyennes [v. le néant
domestique de la femme maghrébine traditionnelle] (...). Celles parmi elles qui ont
décidé, malgré tout, de continuer, se sont investies dans le travail social et
caritatif. Par ailleurs, à l’initiative de plusieurs chercheures et
intellectuelles, des groupes de recherche, [...]
ont vu le jour au Maroc.
En plus de la dimension nationale, la dimension régionale maghrébine constitue
la principale nouveauté durant cette période, notamment à travers les
collections sur les femmes et les ateliers maghrébins d’écriture [v. l’être civique de la femme de la femme maghrébine]. À ces ateliers furent associées plusieurs activistes
féministes des trois pays [v. du Maroc,
de l’Algérie, de la Tunisie] permettant ainsi la production d’un grand nombre d’ouvrages sur des
thématiques très variées.» - «Le mouvement
des femmes au Maroc », Op.cit., pp.1-6. En vue de sonder l’être civique de
la femme, dans le même corpus des romans maghrébins de langue française, du
Maghreb de l’UMA, reparcourons-les, également, à cet égard :
1. Au
Maroc :
Pour situer
historiquement la manifestation de l’être civique de la femme dans les romans marocains de langue française,
rappelons à cet effet ce qu’en dit objectivement Rabéa Naciri : «À partir de 1965, le Maroc a connu [...]
une tendance à la
restriction des libertés. L’État a procédé à la création de l’Union nationale
des femmes marocaines (UNFM, 1969) en tant que structure officielle devant
représenter l’ensemble des femmes marocaines. [...]
En 1971, l’Association
marocaine du planning familial a été créée pour appuyer la politique de l’État
en matière de planification familiale [v.
le néant domestique de la femme maghrébine
traditionnelle]. Ces
structures officielles étaient destinées à canaliser les femmes dans un cadre
contrôlé et orienté par l’autorité masculine. Les femmes qui souhaitaient
participer à la sphère publique n’étaient « autorisées » à le faire que dans
les structures féminines officielles ou partisanes (comme c’est le cas de
l’Association pour la protection de la famille et d’Al-Mouassat, proches du
Parti de l’Istiqlal [v. l’être
civique de la femme marocaine]).» - - «Le mouvement des
femmes au Maroc », Op.cit., p. 4. D’où, à titre d’exemples sur l’être civique de la femme, les extraits des romans marocains de langue
française, suivants :
· Le passé simple, Driss Chraïbi, Ed. Denoël, 1954 :
Né en
1926, à Mazagan, actuelle El-Djadida et mort en 2007, la Drome, en France, Driss Chraïbi
est un écrivain et romancier marocain. Il est l’auteur de : Le Passé
simple (1954), etc. - Voir
ci-dessus : § II, 1, Maroc., www.bibliomonde.com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme-jeune
fille française chrétienne à principes et convenance symbole de l‘Europe
imaginée par le héros-narrateur adolescent musulman révolté contre les siens dans
une église, à Casablanca, rêvant d’un couple mixte idéalisé :
Il
s’agit du récit de l’être civique de la femme-jeune fille française
chrétienne à principes et convenance érigée en symbole quintessence de l‘Europe
civilisée, dans une église de Casablanca, rêve d’un couple mixte convivial occidentalisé,
fait par Driss, le héros-narrateur musulman, révolté contre son père
infanticide de son cadet Hamid et le suicide de sa mère, après le recours
infécond à un curé et un rabbin en guise de change.
«N’ayant pas trouvé de réponse chez le
prêtre pour parer sa révolte contre son père, Driss Ferdi se tourne encore
vers l’imaginaire, dans un monologue adressé
à une jeune
adolescente française qui se trouvait à l’église, en effleurant par
derrière son épaule : « [...] Une épaule
d’organdi glauque et de
chair conjonctive, au toucher tendre
comme une cuisse de
pigeonneau. [...].
Un fleuve de cheveux blonds et
qui fleure l’adolescence [...]. Ecoute encore. Je vais être plus
violent. Tu t’es trouvée devant moi, ma main s’est refermée sur ton épaule, je
présume qu’elle en est déjà meurtrie et si tu ne t’es pas dégagée [...],
c’est que tu es moulée dans principes et convenances [...] – quel âge
peux-tu avoir Seize, peut-être moins... [...] En mon âme et conscience,
je t’ai dit, petite fille. [...] Tel étais mon orgueil, petite fille.
[...] Et de cette minute-là, j’en émerge, j’en échappe. C’est pour cela que
je t’ai parlé d’une offrande. Et que je le fais à toi que je ne puis situer, dont je ne connais point le
visage et qui t’en iras sans
plus. [...] Cet autre chose pourtant s’est
produit, petite fille. J’étais [...] aidé en cela par l’exemple de mon
intelligence que l’enseignement européen développait – au détriment de toutes
mes autres facultés.», www.tel.archives-ouvertes.fr, pp.185-273.
· L'Enfant de sable, Tahar Ben Jelloun, Ed. Seuil, 1985 :
Né en 1944, à Fès, Tahar Ben Jelloun est
un poète, écrivain et romancier marocain. Il est l’auteur de : L'Enfant
de sable (1985), etc. - Voir ci-dessus :
§ II, 1, Maroc., www.bibliomonde. com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme-fille-garçon
travestie par le père, jouissant malgré tout, du titre d’héritier mâle, fêté
bébé et à vingt ans, mari d’une fille délaissée, par une société misogyne, patriarcale,
dans le cadre d’un faux mariage traditionnel arrangé :
C’est
le récit de l’être civique de la femme-fille-garçon travestie par le père Ahmed
Souleymane, jouissant des droits mêmes virtuelles du titre d’héritier mâle, étant
fêtée bébé et à vingt ans, époux d’une fille délaissée, à la barbe même d’une
société misogyne, dupe, dans le cadre d’un mariage arrangé traditionnel, rôle
civique usurpé au diktat patriarcal.
«Tu
es une femme
de bien, épouse
soumise, obéissante mais
au bout de ta
septième fille, j’ai
compris que tu
portes en toi
une infirmité : ton
ventre ne peut concevoir
d’enfant mâle, il
est fait de
telle sorte qu’il ne
donnera à perpétuité que des
femelles, tu n’y peux rien .» [...] « Alors
j’ai décidé [le mari à sa femme] que la
huitième naissance serait une
fête, la plus
grande des cérémonies, une
joie qui durerait
sept jours et sept
nuit. Tu seras
une mère, une vraie
mère, tu seras
une princesse, car
tu auras accouché
d’un garçon. L’enfant que
tu mettras au
monde sera un
mâle, ce sera
un homme. Il s’appellera Ahmed même si c’est une fille». [...]
«Hadj Ahmed Souleymane, potier,
le père de Mohammed Ahmed». [...] «Pour ma mère, c’était l’occasion [du Hammam, bain
public seulement] de sortir, de rencontrer d’autres femmes et de bavarder tout
en se lavant.», www.bib.univ-oeb.dz, p.1.
· La vérité sort de la bouche du cheval, Meryem
Alaoui, Ed. Gallimard, 2018
Née en 1984, à Casablanca, au Maroc,
Meryem Alaoui est auteure romancière marocaine. Elle est l’auteure de : La
vérité sort de la bouche du cheval (2018), etc., - Voir ci-dessus : § II, 1, Maroc., www.babelio.com, p.1.
+ Sur
l’être civique de la femme prostituée, mère d’une fillette, quittée par un mari émigré en Europe, d’une toute
dégradée, devient soudain, vu sa forte personnalité la star du film d’une cinéaste marocaine,
résidant en Hollande, et des festivals du cinéma internationaux :
Il s’agit du récit de l’être civique de Jmiaa femme, mère d’une fillette Samia, abandonnée par son
mari émigré en Europe, réduite pour subsister à se prostituer dans un quartier miteux
de Casablanca. Mais sa personnalité combative et sa réputation la font choisir co-auteure
du scénario et la vedette d’un film sur sa condition par Chadlia, une cinéaste marocaine
établie en Hollande, quitte à figurer comme star sur les podiums des festivals du
cinéma internationaux. Et, les voilà en tournage.
«Elle [Chadlia], ça ne la dérange pas, elle ne fait rien. Toute la
journée elle est planquée derrière sa boîte noire qui ressemble à la Kaaba et
elle fait la chef en regardant son écran.
Tu ne vois que
ses jambes qui dépassent par en bas et comme ses oreilles sont encerclées par
des écouteurs énormes elle parle fort. Si tu as fumé du shit ou si tu n'es pas
sobre, tu pourrais la confrondre avec dieu qui donne des ordres et qu'on ne
voit jamais", [...]
« Il faut que ce soit comme
dans la vraie vie. Pour que les gens y croient. Qu’ils pensent que c’est
vraiment arrivé. » [Lui recommanda-t-elle]. [...] «C’était ça mon travail avec elle [dit-elle
à ses amies fortune]:
l’aider pour qu’elle puisse finir d’écrire son histoire. Plus facile que ça, il
n’y a pas.», www.babelio.com, pp. 123-166
Au fait, l’être civique de la femme marocaine
ne va pas sans rapport entre le juridique et le religieux, tel que rappelle Faïza
Tobich, en notant : «Dès l’indépendance [en 1956], le législateur marocain a opté pour la promulgation
d’un code unique applicable à tous les marocains musulmans portant le nom de Moudawwana
[en 1958]. [...]
L’affichage de la religiosité de la
Moudawwana fut également renforcé par la participation de personnalités
historiquement remarquables, telles que le roi Mohammed V [1909-1961], ainsi que des membres du parti nationaliste, comme
Allal al-Fassi [1910-1974]. [...] Le code de statut personnel a
changé d’appellation pour devenir «Moudawanat al Usra» code de la famille
[...] Comme le souligne [en mars 2003] M. Boucetta [1922-2017], cette nouvelle appellation allait permettre «d’éloigner l’idée de ce conflit autour de la femme, de mettre la
femme en avant, de parler surtout des données qui peuvent régir la famille, en
tant qu’époux, en tant qu’enfant, et en tant que cellule de base (…) la famille
est la cellule première et si elle commence à se disloquer ou à se détériorer [...], ce ne serait pas bien pour le pays et pour la société marocaine [v. l’être civique de la femme marocaine] (…) il
s’agissait de désamorcer le conflit cristallisé autour de la question féminine,
et que les associations féminines ont pris comme un cheval de bataille.» - «La Moudawwana marocaine Boucetta Une codification dans la conformité
religieuse », www.books.openedition.org,
pp. 55-88
2. En Algérie :
En effet, l’être civique de la femme
algérienne ne s’est pas fait attendre sur le plan associatif tel que le
mentionne Malika Remaoun, en 1999, attestant : «Le foisonnement des
associations en Algérie au lendemain des événements d’Octobre 1988 a été marqué
essentiellement par la naissance des groupes de lutte des femmes pour leurs
droits.[...] Ces associations se présentent sous deux catégories
différentes celles qui, comme les premières, se veulent intervenir dans «un
domaine politiquement sensible», et celles qui « cherchent à mieux intégrer la
femme dans la vie sociale et économique» [l’être civique de la femme maghrébine], par la prise en charge des questions d’ordre social,
professionnel,…[...] En
1981, un projet du code de la famille a été présenté à l’assemblée populaire
nationale (APN) en vue de son adoption. [...] Le projet a été retiré, mais ce fut momentané, car il
a été présenté une deuxième fois à l’APN en Juillet 1984 et a fini par être adopté.
Tous les groupes, formels et informels, se sont opposés à ce texte qui minorait
les femmes à vie [le
néant de domestique de la
femme maghrébine].» - «Les
associations féminines pour les droits des femmes », www.journals.openedition.org, p.129. Ainsi verra-t-on, en parallèle, l’être civique de la femme, à
travers les extraits des mêmes romans algériens de langue française cités suivants :
· Le Sommeil Du Juste, Mouloud Mammeri, Ed.
Plon, 1955 :
Né en 1917, au village de Taourirt-Mimoun,
à Béni Yenni en Kabylie, et mort, en 1989, Mouloud Mammeri est un écrivain et romancier
algérien. Il est l’auteur de : Le Sommeil du juste (1952), etc., -
Voir ci-dessus : § II, 2, Algérie., www.dz, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme-jeune
fille privée du mariage avec l’homme aimé par la guerre tribale entre leurs
deux clans sauve courageusement malgré tout le père de ce dernier de la police
suite d’une délation d’un tiers :
C’est
l’histoire de l’être civique de la femme-jeune Yakout, la fille de Raveh ou
Hamlet, l’amin, le maire du village aimant et aimée de Sliman, fils d’Arezki, face
à une opposition à leur union, due à un conflit entre leurs deux clans, mais
que celle-ci, défie en venant en aide au père de son aimé, en l’avisant contre la
police, suite à une délation de son père L’amin.
«Elle [Yakout, fille de Raveh ou Hamlet, l’amin, le
maire du village] avait tous ses lourds bijoux d’argent, son diadème. Ses grosses
agrafes encadraient sur sa poitrine l’énorme broche d’où ressortaient des
bosses de corail rouge. A ses pieds les anneaux d’argent, à ses poignets les
bracelets lourds. Trois rangées de colliers dont le plus haut suivait juste la
ligne de son cou blanc. [...] Arezki ne put jamais voir
le barbu [...] Il
tomba de nouveau
sur Yakout, [aimant en secret son fils Sliman] qui lui
dit que tous ceux
qui avaient été
dans les huttes
avaient été pris [...]. L’amin
vous a tous vendus.», www. bib.univ-oeb.dz, pp .39-151.
· La Grande Maison, Mohamed Dib, Ed. Seuil,
1952 :
Né en 1920, à Tlemcen, et mort, à La Celles-Saint-Cloud, en
2003, Mohammed Dib est un écrivain et
romancier algérien. Il est l’auteur de : La Grande Maison (1952), etc.,
- Voir ci-dessus : § II, 2,
Algérie., www.tlemcen.e-monsite.com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme mère
occidentale en famille dans le confort d’un salon au coin du feu tricotant avec
un père lisant son journal à Noël, dans la rédaction type du maître à l’école
française coloniale, opposée à la mère veuve algérienne, laborieuse, dans la
tête de son fils écolier, et ses gâteaux de l’Aïd-Seghir et l’Aïd-Kebir :
C’est
le récit de l’être civique de la femme de la femme mère occidentale en famille
dans le confort d’un salon au coin du feu tricotant avec un père lisant son
journal, avec un sapin de Noël, dans la rédaction type du maître M. Hassan, à
l’école française coloniale, imposée, en classe, aux écoliers dont Omar le
faisant penser par opposition à Aïni, sa mère algérienne, veuve, laborieuse,
démunie et à ses gâteaux de l’Aïd-Seghir et l’Aïd-Kebir, la seule réalité à évoquer
à ses yeux.
«Les rédactions [à
l’école française coloniale]:
décrivez une veillée au coin du feu… pour les mettre en train, M. Hassan leur
faisait des lectures où il était question d’enfants qui penchent studieusement
sur leurs livres. La lampe projette sa clarté sur la table. Papa enfoncé dans
fauteuil, lit son journal et maman fait de la broderie. Alors Omar était obligé
de mentir. Il complétait le feu qui flambe dans la cheminée, le tic tac de la
pendule, la douce atmosphère du foyer pendant qu’il pleut, vent et fait nuit
dehors. Ah ! Comme on se sent bien chez soi au coin du feu ! [...]
Ainsi : Noël. L’arbre de Noël qu’on plante chez soi, les
fils d’or et d’argent, les boules multicolores, les jouets qu’on découvre dans
ses chaussures. Ainsi, les gâteaux de l’Aïd-Seghir, le mouton qu’on égorge à
l’Aïd-Kebir ainsi la vie!», www. blog2 litteraire.unblog.fr, p.1.
Née en 1936, à Cherchell, et morte en 2015,
à Paris, en France, Assia Djebar, ou Fatma Zohra Imalayene, est une écrivaine et
romancière algérienne. Elle est l’auteure de : L’Amour, la fantasia
(1985), etc. - Voir ci-dessus : § II,
2, Algérie., www.femmessavantes.pressbooks.com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme-jeune
fille scolarisée et francisée par son père instituteur à l’école française
coloniale, lui-même sorti de l’indigence lui épargnant ainsi un mariage
précoce, forcé à un inconnu ou d’être
donnée en rançon au camp ennemi d’une guerre tribale :
Il est question de l’être civique de la
femme-jeune fille scolarisée, initiée à la langue française, par son père
instituteur à l’école française coloniale, dans un village du Sahel algérien,
qui sorti de la nécessité, lui a évité d’être contrainte à un mariage de
fillette mineure à un inconnu ou d’être donnée, selon la tradition, en rançon
au camp adverse d’une guerre tribale.
«Je cohabite avec la langue française
(...). Ainsi, le père instituteur, lui que l’enseignement du français a
sorti de la gêne familiale, m’aurait "donnée" avant l’âge nubile –
certains pères n’abandonneraient-ils pas leur fille à un prétendant inconnu ou,
comme dans ce cas, au camp ennemi ?(...) La langue encore coagulée
des Autres m’a enveloppée, dès l’enfance, en tunique de Nessus, don d’amour de
mon père qui, chaque matin, me tenait par la main sur le chemin de l’école.
Fillette arabe, dans un village du Sahel algérien.», www. journals.openedition.org, pp. 297-302.
Néanmoins, il est
à souligner l’avancée de la marche du mouvement de
la femme algérienne vers la réalisation de son être civique, dépeint par Malika
Remaoun, en 1999, en ces termes : «Ainsi, les associations saisissent officiellement le
président de la république, en Janvier 1996 [le président Chadli Bendjedid : 1929-2012], par une lettre, lui demandant de
ratifier la convention de Copenhague contre toute forme de discriminations à
l’égard des femmes. [...] Aujourd’hui,
après dix années de vie et d’expériences associatives, le mouvement des femmes
est dans une phase de construction, il veut se poser en force de propositions.
[...] Le mouvement de
femmes pour leurs droits est aujourd’hui une réalité incontournable. Après dix
années d’expérience associative, dans un contexte [...] difficile et hostile, il s’en est sorti renforcé. Si les
associations de femmes portant la revendication égalitaire et citoyenne, ont
été les plus visibles et les plus présentes sur le terrain des luttes
politiques, les autres associations de femmes [...]
intervenant dans les
domaines des droits an travail, à la santé, à l’éducation, à la protection
sociale [v. l’être civique de la femme maghrébine], …ont été aussi présentes dans leurs créneaux respectifs.»,
Op.cit., p.143.
3. En Tunisie :
Par ailleurs, l’être
civique de la femme tunisienne est vivement mis en index par Yosr Mezgui, la coordinatrice
tunisienne du projet sensibilisation et d’assistance sociale “Karama”, organisé
en juin 2014, en y prônant : «Mis en œuvre depuis juin 2014, le projet de
sensibilisation et d’assistance sociale dans différentes régions de Tunisie,
baptisé “Karama” (Dignité), a été clôturé, mercredi après-midi, à Tunis. [...] Lors de la cérémonie de clôture du
projet organisée à Tunis, Yosr Mezgui, a signalé que ce projet vise à soutenir
la transition démocratique en Tunisie en mettant l’accent sur le rôle accru de
la société civile dans la promotion et la protection des droits des femmes dans
les différentes régions du pays. "Ses objectifs sont, d’une part,
favoriser la citoyenneté participative des femmes et, d’autre part, renforcer
le respect de leur dignité et de leur sécurité” [...]. Dans le cadre de ce projet, cinq
associations locales se sont engagées dans le renforcement de leurs capacités
organisationnelles et techniques à travers des formations diverses, la
sensibilisation des femmes quant à leurs responsabilités civiques [v. l’être civique de la femme maghrébine] et à leurs droits et
libertés.» - «Clôture du projet Karama pour la promotion des droits de la femme
tunisienne», www.baya.tn, p.1. Aussi, de l’être civique de la
femme rendent compte les extraits des mêmes romans tunisiens de langue
française suivants :
· Ma foi demeure, Hachemi Baccouche, Ed.
Nouvelles Ed. Latines, 1958 :
Né en 1916, et mort en 2008, à Tunis,
Hachemi Baccouche, ou Mhamed Hachemi
Baccouche, est un écrivain et romancier tunisien. Il est l’auteur de : Ma
foi demeure (1958), etc. - Voir
ci-dessus : § II, 3, Tunisie., www.idref.fr, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme parisienne
française Marie Thérèse mariée avec Mahmoud tunisien émigrée qui a vu en elle,
au début de leur union, la femme idéale
pour une vie de parfait amour :
C’est le récit de l’être civique de la
femme parisienne française Marie Thérèse, idéalisée, au départ, comme le suc de l’Occident civilisé, par son mari
Mahmoud, un tunisien émigré, voire l’incarnation du parfait amour et pilier du
couple mixte heureux, engagé pour la vie.
«Marie-Thérèse a été à la fois son
moyen et son but, son objectif et sa route. Une vie riche de vie, doit être un
engagement total de l'être. Il s'y était engagé lui. Il n'a rien laissé de
côté, il a tout engagé, jusqu'à sa vie sentimentale qu'il a voulue conforme à
sa vie. Cette vie qu'il voulait grande, riche et belle seulement par le respect
des petites choses, des toutes petites choses simples, tellement banales qu'on
en parle sans y croire, comme vérité, honnêteté, loyauté. Qu'a fait
Marie-Thérèse pour qu'il puisse penser, quand tout lui semble perdu : « Rien
n'est perdu puisqu'il me reste moi. [...] Mais
Marie-Thérèse n'est-elle pas le symbole de cette lutte que Mahmoud a menée pour
une vie conforme à ce qu'il était, à son idéal quand il croyait encore à
l'idéal.», www.webcache.googleusercontent.com, p.1.
· Agar, Albert Memmi, Ed. Gallimard, 1984 :
Né en 1920, dans le quartier juif, à
Tunis, Albert Memmi est un écrivain, essayiste et romancier franco-tunisien. Il
est l’auteur de : Agar (1955), etc.- Voir ci-dessus : § II, 3, Tunisie, www.babelio.com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme parisienne française catholique,
étudiante, mariée avec le narrateur, un juif tunisien, ex-étudiant, médecin, à
Paris, réinstallée avec lui à Tunis prés de ses beaux-parents et opposant sa
forte personnalité à la misogynie de celui-ci et aux traditions des siens :
Il est question du récit de l’être
civique de la femme parisienne française catholique, étudiante, mariée avec le
narrateur, un juif tunisien, ex-étudiant, médecin, à Paris, réinstallée avec
lui à Tunis, près de ses beaux parents, car celui-ci, retrouvant son milieu entre
en conflit avec elle, au nom de la tradition des parents, à propos du nom de
leur futur nouveau-né, de sa circoncision, décidés séparément par lui, d’où ses
refus tranchés, qui interrogée par lui sur ses raisons, elle-ci lui
répond : «- Parce que j’existe !».
«Pourquoi, lui demandai-je, pourquoi cherches-tu le plus difficile
pour nous ?
- Parce que j’existe !
répondit-elle amèrement. [...]
J’aurais pu clore la discussion en lui
annonçant ma décision ; mais justement j’avais besoin d’en discuter.
- Ce n’est pas tellement scandaleux,
essayais-je d’expliquer avec un calme déjà vermoulu, les protestants
s’appellent bien Samuel, ou Josué, Lincoln s’appelait Abraham et...
- Nous
ne sommes en Amérique. Un jour, nous rentrerons en France : imagine quel
succès nous aurons si nous appelons notre fils Abraham comme ton père ! [...]
- D’ailleurs, criai-je presque affolé [...],
je t’avertis que je compte le faire circonscrire ! [...]
Mon effarement troubla Marie [...].
- Tout
le monde ne pratique pas la circoncision en France...»,
www.redalyc.org, p.1.
· L'œil du jour, Hélé
Béji, Ed. Elyzad, 2013 :
Née en 1948, à : Tunis Hélé Béji, née Hélé Ben Ammar, est une écrivaine et
romancière tunisienne. Elle est l’auteure de : L’Œil du jour (1985),
etc. - Voir ci-dessus : § II, 3, Tunisie,
www.babelio.com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme
grand-mère musulmane recevant la visite de sa jeune petite-fille, parisienne laïque
occidentalisée pour un séjour dans sa maison natale , à Tunis, contrariée puis
intriguée par sa piété et sa vie mystique, tout en cherchant à en pénétrer le
charme et le mystère, en l’entendant dire son infériorité face aux gens
instruits.
C’est l’histoire de l’être civique de la
femme, la grand-mère musulmane vivant solitaire entre sa piété en priant et son mode de vie traditionnel fascinant et
intrigant aux yeux de sa jeune
petite-fille parisienne laïcisée, occidentalisée, venue pour un séjour dans sa
maison natale tout à fait curieuse de comprendre son monde physique et moral,
ébranlée dans ses convictions et ses idées en tentant de ne s’y attacher.
«Mais mes préoccupations
[v. la jeune petite fille, narratrice
irréligieuse, immigrée à Paris] étaient aussi étrangères à sa compréhension [v. la
grand’mère] que son esprit
croyant l’était pour moi, quelque chose dont on reçoit les vestiges confus, ne
transparaissent pas, happés par eux-mêmes. [...] Cette
méconnaissance ne m’abâtardissait pas. Exclue, mais non déchue de cet univers
qui n’était plus le mien, et de ses vertus d’immortalité, côtoyer son silence
et son retrait exerçait sur moi une mystérieuse extravagance et m’accordait le
loisir merveilleux d’une activité qui n’avait rien à voir avec lui, la vie d’un
tableau qui existait pleinement sans l’existence d’une vérité transcendante.
J’y posais le pied, la main, les yeux sans m’y fondre ni m’y engloutir [à
la différence de la grand’mère].», www.livrelecturebretagne.fr,
p.251.
En ce sens, faisant écho à la question de l’être
civique de la femme dans les romans
tunisiens de langue française ou arabe francisés, citons l’état de lieux fait des
droits des femmes, en Tunisie, par Nora
Bhouri, écrivant : «La Tunisie, érigée comme pionnière dans le monde arabe
en matière de droits des femmes, continue ses initiatives en faveur de
l’égalité des sexes, consacrée par le Code du Statut Personnel de 1956. Plus de
60 ans après, qu’en est-il? [...] Courant Juillet 2017, une loi historique a
été votée, renforçant la protection des femmes victimes de violences et
abolissant certaines dispositions dites rétrogrades [v. le néant domestique de la femme maghrébine]
[...]. Cependant, ces initiatives, symboliques et courageuses, demeurent
néanmoins critiquées et semblent n’avoir profité qu’à une infime partie de la
société tunisienne, illustrant des avancées à double vitesse et des opinions
tranchées. Un récent sondage révèle que moins de la moitié des citoyens sont
favorables à la réforme de la loi [v. l’être
civique de la femme maghrébine], démontrant un clivage persistant et
une opinion publique divisée, laissant apparaitre un désir d’avancée culturelle
ralenti par une société conservatrice frileuse de dénaturation due à ces
changements successifs.» - «La place de la femme dans la société tunisienne:
Entre émancipation croissante et contrepoids culturel », Op.cit., p. Ibid.
4. En Mauritanie :
Pour ce qui est de l’être civique de la femme mauritanienne, il
est souligner avec Mohamed
Lemine Salem Ould Moujtaba, en mars 2002, concernant le Code du Statut
Personnel mauritanien, adopté en juin 2001, notamment : «Le Code du Statut
Personnel [en Mauritanie] est le cadre légal adopté par le Gouvernement et
approuvé par le Parlement en juin 2001. Ce code [...] traite : le mariage, la
pension alimentaire, la mise sous tutelle, les testaments et le régime de
successions. L’importance du code de la famille ne réside pas dans son
originalité mais dans sa dimension pratique [v.
le néant domestique et l’être
civique de la femme maghrébine] car il permet la mise en forme et
l’unification de l’instrument de référence pour les juridictions.» - «ETUDE SUR LE DIVORCE EN
MAURITANIE », www.jafbase.fr, p.1. Ainsi verra-t-on ce qu’il en
est de la question de l’être civique de
la femme, à travers les
extraits des mêmes romans mauritaniens de langue française ou arabe francisés cités,
suivants :
· La vierge du matin, Bakari Mohamed Séméga, Ed. Ed. Société des
écrivains, 2009 :
Né en 1959, à Kaédi, en Mauritanie, Bakari
Mohamed est un journaliste, écrivain et romancier mauritanien. Il est l’auteur
de : La Vierge du matin (2009), etc. - Voir ci-dessus : § II, 4, Mauritanie, www. publibook.com,
p.1.
+ Sur
l’être civique de la femme-jeune fille vierge persécutée comme sorcière, par
superstition des gens de son village, disparaissant comme morte et
réapparaissant pour les terroriser en guise de vengeance de leurs méfaits
contre elle et contre ses parents.
Il s’agit de l’histoire de l’être civique
de la femme-jeune fille, Madjigui, née au bout de dix huit ans d’infécondité de
sa mère Doulia et de son père Sakira, damnés,
durant ce temps, par les gens du village de Guidinméra, dans
une zone située entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, et qui, après avoir
été bénie à sa naissance, elle se voit bannie comme sorcière, à dix huit ans, après
la mort de son fiancé Sigiry et de sa mère. Se faisant passer pour morte cachée dans les bois, elle revient pour les terroriser, un
jour, avant d’aller finir ses jours, vierge, dans son abri forestier.
«Dans la
tête folle de Madjigui, germaient maintenant des
idées noires [...] qui en précisaient d’avantage le but. Pensait-elle :
"Mes parents [Doulia et Sakira] et moi, nous
n’avons vécu, rien que pour subir la tyrannie des autres". Se
répétait-elle aussi. [...] Pour moi, la loi du talion
fait et est de rigueur. [...] Pour
tous [...] à Guidinméra Madjigui est morte, partie avec son regard et
ses visées maléfiques. [...] Toute
la population était appelée à la
vigilance. Mais un matin, vingt trois mois après la mort ou la présumée mort de
Madjigui, [...] un véritable fantôme, Madjigui réapparaissait dans la
vie de à Guidinméra. [...]De toutes parts, on fuyait. [...] Elle
n’était plus un spectre. [...] Elle était redevenue un corps vivant, car
elle était restée vierge, et vierge, elle restera. [...] Madjigui, toute
sensibilité ébranlée, et méditant sur sort, arrivait à son refuge de réclusion.»,
www. books.google.co.ma, p.177-189
· Le Cri du Muet,
Abdoul Ali War, Ed. Moreux, 2000 :
Né en 1951, à Bababé, en Mauritanie, Abdoul Ali War est un cinéaste
écrivain, et romancier mauritanien. Il est l’auteur de : Le cri du muet
(2016), etc. - Voir ci-dessus : § II, 4, Mauritanie,
www.printempsdes poetes.com.
p.1.
+ Sur l’être civique de la jeune fille
seule, veillant au chevet de sa mère, une veuve, malade et mourante
d’épuisement à la tâche, pour faire vivre ses enfants, celle-ci engagée à
l’assister jusqu’au bout et à se charger
de ses frères et de son petit demi-frère ex-esclave muet.
C’est l’histoire de
l’être civique de la jeune fille Djamila qui
veille au chevet de sa mère, Lalla Aïcha, veuve, paralysée d’un mal inconnu, en
fait d’épuisement au labeur pour faire subsister ses enfants, celle-ci prenant
sur elle l’engagement d’assister sa mère jusqu’à la fin, et protéger sa
familles et ses frères dont son petit demi-frère muet, un ex-esclave, Hartani,
en larmes, assis en face d’elle, comme une mère.
«Djamila irait au bout de sa peine, jusqu’à l’échéance fatale pour
ainsi préserver [...] toute la famille – de la
honte éventuelle que tout partant pourrait léguer à ceux qu’il laisse. Telle
fut et telle restera encore sa devise. Unique femme et fille de Lalla Aïcha,
elle avait décidé que même seule au besoin, elle accompagnerait sa mère
jusqu’au terme de dernier voyage. [...] Le devoir ainsi serait accompli.
Malgré la mère, Hartani sur sa chaise, Djamila se sentait bien seule. Comme rarement elle le
fut. La solitude du veilleur vaut bien parfois celle de celui sur qui on
veille. Au lieu de rester debout comme bien souvent, elle s’assit cette fois
sur la natte [...], la mine
défaite.», www.preview.epagine.fr, p.1.
· Le
Ciel a oublié de pleuvoir, Mbarek Ould Beyrouk,
Ed. Dapper, 2006 :
Né en 1957, à Atar, en Mauritanie, Mbarek Ould
Beyrouk est un journaliste, écrivain et romancier mauritanien. Il a est
l’auteur de : Et le ciel a oublié de pleuvoir (2006), etc. - Voir
ci-dessus : § II, 4, Mauritanie, www.webcache.googleusercontent.com.
p.1.
+ Sur l’être civique de la femme-jeune
fille, affranchie, rebellée contre la tradition du mariage arrangé, en refusant
d’épouser le chef de la tribu, et s’enfuyant, loin de son amour pour un jeune
homme, rencontrant un homme qui ne peut l’épouser étant promise, ils sont
traqués et lynchés par les poignards de la tribu.
C’est
le récit de l’être civique de labelle jeune fille Lola, une affranchie, fière et libre d’esprit,
rebelle contre les traditions du mariage arrangé, jusqu’à refuser d’épouser
Béchir le chef de la tribu, et en s’enfuyant, loin même de son amour pour
Ahmed. Elle ne peut épouser Mahmoud, rencontré en chemin et l’accompagnant. Ils
sont taillés en pièces par leurs poursuivants.
«Moi, Lolla [la
belle jeune affranchie aimant en secret Ahmed], je refuse le destin que m’assignent les Tablettes
sacrées et l’Ordre écrit dans les Livres. [...]
Je n'ai pas été avalée par les
flots. Je n'ai pas offert ma virginité pour calmer les appétits du monstre [v.
Béchir le chef tribal et autres]. Je ne me suis pas courbée devant les sentences du ciel, ni les
rafales du zéphyr, ni les injonctions que lancent les imams au petit matin.
J'ai refusé mon corps aux certitudes évanescentes d'hier et illusions
branlantes d'aujourd'hui. Je suis Lolla et je n'appartiendrai ni aux tentes
blanches des seigneurs des sables ni au mobilier cossu des citadins parvenus.[...] Leurs poignards [de
la famille de Lola] ont
achevé les mourants [Mahmoud l’amant
et ses compagnons] et ils
se sont désaltérés de sang et baignés dans la mort et ils n’ont épargné nuls
yeux qui demandent pitié, nulle main qui s’élève pour se rendre. [...]. Ils l’ont
égorgée [Lola] comme une bête.», www.jeuneafrique.com, p.1.
Ainsi est-il de l’être
civique de la femme, en Mauritanie, tel que l’apprécie et le prône Mohamed Ould Khattatt, en indiquant :
«En Mauritanie et sans trop vouloir faire le point, l'on doit à la vérité de
dire que la femme mauritanienne s'émancipe, que les avancées sont indéniables
sur le plan de la participation de la gent féminine à la gestion du pays [v. l’être civique de la femme maghrébine]. [...] Et comme nos femmes constituent un peu plus de la
moitié de la population mauritanienne (52%, ce qui est un vivier électoral
primordial) et qu'elles n'éprouvent aucune difficulté à investir l'étendue de
la vie politique, rien ne les empêchent de taper du poing sur la table. De dire
qu'elles sont lassées d'être cantonnées à jouer les seconds rôles ! [...] Que 52 % de la population imposent de nouvelles règles !
Qu'on ne peut pas changer le monde si on n'a pas le goût de la fiction ! Et
qu'elles entendent changer radicalement les machineries du pouvoir en y
ajoutant de nouvelles grilles, quelques raffinements et des retouches
cosmétiques savantes...» - «Mauritanie : Journée Internationale de la
Femme (8 Mars)», www.fr.allafrica. com, p.1.
5. En Libye :
Quant à l’être civique de
la femme, en Libye, Souriau, Christiane rend compte juridiquement de statut personnel, en relevant :
«Telle est donc la loi [v. l’Islam] qui régit toujours le statut de la femme en
Libye car le code civil, auquel on travaille, n’a encore introduit que des
précisions secondaires d’enregistrement des actes [1959]. [...] les idées
modernistes ne manquent pas de défenseurs en Libye, en premier lieu parmi les
responsables politiques [1966]. [...] Ce n’est pas pour elle-même que la femme
doit vivre [...]. Il n’est pas non pus question de partager ses tâches
domestiques. Et dans cette optique le travail au dehors, par trop libérateur,
devient un problème délicat. [...] Elles seront enseignantes. Ou bien, au lieu
d’aller servir aux ordres d’autres hommes dans des bureaux où leurs maris n’ont
que faire, on admettra avec moins de réticence qu’elles fassent du service
social, c‘est-à-dire qu’elles se dévouent comme infirmières [v. l’être civique de la femme maghrébine]
[...], comme animatrices de secteur rural, comme participantes des camps de
travail volontaire d’été.» - «La société féminine en Libye», Op.cit., pp. 143-148. De la même manière, observerons-nous l’être civique de la femme,
en libyenne, à travers les extraits des
mêmes romans libyens de langue française ou traduits de l’anglais et de l’arabe
en langue française cités suivants :
· Au pays des hommes, Hisham Matar, Trad. de l’anglais
en français par Johan-Frédérik
Hel
Guedj, Ed. Denoël, 2007 :
Né en 1970, à New York City, Hisham Matar
est un écrivain et romancier libyen. Il est l’auteur de : Au pays des
hommes (2007), etc. - Voir ci-dessus :
§ II, 5, Libye, www.babelio. com, p.1.
+ Sur
l’être civique de la femme mère, avec son fils de neuf ans, devenue malade de
peur et de résistance à cause de son mari, absent, activiste anti-kadafi :
C’est l’histoire de l’être civique de la
femme mère, seule avec son fils, enfant de neuf ans, dans leur maison, en été, à
Tripoli, devenue alcoolique pour vaincre sa peur et résister au danger des
activités anti-Kadafi de son mari, dit en voyage d’affaires, pourtant vu par
elle et son fils sur la grande place, en lunettes noires, faisant mine de les méconnaître,
aussi craignant le pire, brûle-t-elle, en cachette de l’enfant étonné, les
livres de la bibliothèque familiale.
«Est-ce bien
Baba, caché derrière des lunettes noires, qu'il a aperçu ? Suleyman est troublé : son père, que l'on dit
en voyage d'affaire, a traversé la place en l'ignorant avec sa mère. En cet été 1979 à Tripoli, les
événements lui échappent : un proche de son ami Karim est emmené violemment par
des inconnus. Et que veulent ces hommes qui fouillent sa maison? Pourquoi sa
mère brûle-t-elle tous leurs livres ?», www.amazon.fr, p.1.
· La compagnie des Tripolitaines Kamal Ben
Hameda, Ed. Elyzad, 2011 :
Né en 1954, à Tripoli, en Libye, Kamal Ben Hameda est un poète, écrivain
et romancier libyen. Il est l’auteur de : La compagnie des
Tripolitaines (2011), etc. - Voir ci-dessus :
§ II, 5, Libye, ww.babelio.com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme mère d’un
jeune enfant et confidente de ses amies
et voisines déplorant ou défiant avec audace leurs déboires face aux hommes
d’un quartier délabré de Tripoli :
Il est question du récit de l’être
civique de la femme mère, Signora Aziza de l’enfant-narrateur, Hadachinsu, celle-ci
confidente de ses amies et voisines d’un quartier en ruines de Tripoli, toutes réunies
faisant front uni contre le sort et la misogynie des hommes et défiant chacune
à sa manière, sa condition, mais toutes solidaires : la mère Aziza cloîtrée se
faisant des amies dont : l’Italienne Philomena menacée d’expulsion avec
son mari, espérant faire valoir sa généalogie, Jamila jouant la dévergondée,
taquinant celui-ci, futur mâle, tante Nafissa prêchant le célibat, contre
l’éventuel esclavage de ses filles par les hommes impunis.
«Une
silhouette dansante paraît au loin, dans cette rue habitée par un silence de
ruines. Jamila! C'est Jamila! Jamila arrive à la maison, exubérante, [...]
frétillant sous ses caftans
transparents, ses lèvres pulpeuses entrouvertes sur la gomme d'Arabie qu'elle
fait claquer bruyamment entre les dents, maquillée comme une star
hollywoodienne jusqu'au grain de beauté insolent posé sur la pommette gauche.
Elle s'approche de moi et me salue d'un clin d'œil complice : " Alors
petit homme, tu es toujours là!" Et son rire éclate bris de glace. Je reste assis ébouriffé, un vrai coq
déplumé abandonné sur le seuil.»,
www.paperblog.fr, p.1.
· Chewing gum, Mansour Bushnaf, trad. de l’arabe en langue
française, par Sophie Taam, Ed. Balland, 2008 :
Né en 1954, Bani Walid, au sud-est de
Tripoli, en Libye, Mansour Bushnaf est un écrivain, dramaturge, essayiste et
romancier de langue arabe libyen. Il est l’auteur de : Chewing gum
(2008), etc. - Voir ci-dessus : § II, 5, Libye, www.paroleetsilence.com, p.1.
+ Sur l’être civique de la femme-jeune fille Fatma défiant le dogme misogyne de la
statue matrimoniale par l’oubli de Mahmoud et la voie de l’amour libre de
prostituée :
Il s’agit de l’histoire de l’être
civique de la femme-jeune fille Fatma et son fiancé Mahmoud, damnés selon la
superstition du dogme misogyne d’une la statue maléfique matrimoniale, châtieuse
d’amour libre, en figeant l’un, pour dix ans et vouant l’autre à la
prostitution, mais celle-ci la défie par orgueil, en oubliant Mahmoud et en optant
d’être prostituée, outre toute interdit de
l’amour libre.
«Le temps s’arrête [v.
le maléfice de la statue misogyne du musée] pendant dix ans pour Mukhtar, durant lesquels, il
reste debout, immobile à l’ombre d’un arbre dans le Parc, sans aucune prise sur
le temps ou capacité d’en inverser le cours. La jeune Fatma a continué sa
vie, possédée par l’appel de la gomme dont elle fait un moyen de son
métier de prostituée, selon la façon de mâcher la chiclette. Elle rencontre
tant de personnages liés Mukhtar, à qui elle ne pense plus, fil
conducteur de plusieurs mésaventures, dans l’obsession d’un amour raté, d’une
vie manquée.», www.les plumsdetelma, p.1.
Toutefois, l’être civique de la femme semble s’annoncer, aujourd’hui,
sous un meilleur jour, selon le PNUD Libye (le Programme des Nations Unies pour
le Développement), 2019, en citant : «L’an dernier, Khadija Baba n’aurait
jamais songé à participer à une action politique ou civique indépendante dans
sa ville natale de Tripoli. De telles activités étaient non seulement
interdites sous l’ancien régime libyen [le néant domestique et l’être civique de la femme
maghrébine], mais
elles auraient vraisemblablement valu à la jeune étudiante de faire de la
prison. Aujourd’hui, grâce au Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD), Baba vient de terminer le premier volet d’une formation pour devenir
instructrice en éducation civique dans les universités libyennes [v.
l’être civique de la femme de la femme
maghrébine]. [...]
La formation [de 15 femmes et 11 hommes dont celle-ci] est le premier des trois éléments d’un projet du PNUD
intitulé « Appui à l’engagement civique pendant la transition en Libye», qui a
débuté en janvier [2019] avec un budget de 4,37 millions de dollars. Il vise à encourager les
jeunes et les femmes à s’engager dans la transition politique en Libye. Le PNUD
travaille en étroite collaboration avec le ministère du Plan, celui de la Culture
et de la Société civile et celui de l’Education supérieure. [...] « Les organisations de la société
civile, un certain nombre de ministères et la Haute Commission pour les
élections nationales réclament déjà des formateurs ayant leurs compétences pour
que la transition démocratique bénéficie de plus d’expertise.» - «Des militants
font de l’éducation civique en Libye», www.undp.org, pp.1-2.
En conclusion, il s’avère, de ce bref tour
d’horizons du thème de :
«La femme entre le néant domestique et l’être civique dans les romans
maghrébins de langue française et arabes francisés : 1952-2019», au
sein un corpus de romans : marocains, algériens, tunisiens,
mauritaniens et libyens, parcourus dans leurs contextes
socio-juridico-historiques, que le statut personnel de la femme maghrébine,
dans la fiction littéraire comme dans la réalité juridico-historique, n’a cessé
d’évoluer, avec pour cap militant sa pleine et totale émancipation. En est la preuve
la créativité romanesque maghrébine, dont Nadia Ghalem et Christiane Ndiaye relatent
: «Dès les années 1950, le roman maghrébin se détache ainsi de la littérature
ethnographique coloniale [...]. Au Maghreb [v. ici des cinq pays de l’UMA :
1989], [...] la première génération de romanciers crée une littérature de révolte
et de contestation des exactions et injustices
du système colonial [v. le néant domestique et le déficit de l’être
civique de la femme maghrébine] [...]. À la littérature souffrante [...] de
l’époque coloniale succèdent des écrits non moins souffrants mais où pointe
l’espoir d’une indépendance [...] d’un peuple qui aspire enfin à la liberté et
à la dignité [v. l’être civique de la femme maghrébine]. [...] Les femmes
[romancières] n’ont pas été absentes, même aux premiers temps [...], au
Maghreb, mais [...], l’histoire littéraire a tendance à leur faire peu de place
[v. corpus]. [...] Les femmes ont
pourtant commencé à faire œuvre d’écrivain avant la guerre de libération, [...],
à partir des années 1930-1940. » - «Introduction aux littératures francophones :
Le Maghreb», www.books.openedition.org,
pp. 197-267
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED