jueves, 14 de noviembre de 2019

La récitation en arabe et en français des textes poétiques dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains


LA RÉCITAION EN ARABE ET EN FRANÇAIS DES TEXTES POÉTIQUES DANS
L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SECONDAIRE ET SUPERIEUR
MAROCAINS : 840-2019

        Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

       A observer la décision, prise, en 1916, par S.M. le Roi Mohamed VI, du retour  au Maroc à la langue française, comme renforcement de l’enseignement de l’arabe et des langues vivantes, il y a lieu d’évoquer à ce propos de : «La récitation en arabe et en français des textes poétiques dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains: 840-2019», ce dont Eric Coder relève historiquement : «La réforme de l'Education nationale marocaine prônant l'enseignement du français dans les études scientifiques n'est pas qu'une histoire d'éducation. Les enjeux sont sociologiques, culturels, religieux, et symboliquement forts. Cette décision [...] a été prise le 10 février 2016 par le roi Mohammed VI, Selon Le Monde.» - « La décision du  retour à la langue française  a été prise par le roi Mohammed VI», www.atlantico.fr, p.1. Or, poétiquement, cela ne va pas sans rappeler à notre esprit la visite stimulante de feu son aïeul S.M. le Sultan Moulay-Youssef au Collège  Musulman Moulay Idriss de Fès, rapporté par le BEP Paris I,  en1921, en ces termes : «8 janvier, à trois heures et demi. Le Sultan était accompagné du maghzen [v. les membres du gouvernement], de MM. Marc, Blanc, Torres []. Un jeune élève, Omar ben Abd el Jlil, lut ensuite un compliment dans lequel il rappelait les plus illustres ancêtres de S. M.  Moulay-Ismaïl, Moulay-Slimane, Moulay-Hassan. Enfin, un grand élève a récité une poésie qu'il avait composée pour la circonstance.[] S. M. manifeste hautement l'excellente impression que lui laissait sa visite; elle donna aux élèves deux jours de congé et 1 000 fr. pour organiser une partie de plaisir.» - «S. M. Moulay-Youssef a visité le Collège  Musulman de Fez », "www.webcache.google usercontent.com, p.86. D’où l’intérêt porté ici, à travers un corpus témoin,  à la question de la récitation des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains, à travers notamment :

    I. Le corpus témoin de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 840-2019.
    II. La place de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-2019.
 
 III. Les objectifs et les handicaps de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement marocain : 1956-2019.
   IV. Les supports et les thématiques de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-2019.
   V. Les idéaux les effets et les paris de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement marocain : 1956-2019.
     I. Le corpus témoin de la récitation en arabe et en français des textes poétiques dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 840-2019 :
    Partant d’un double corpus témoin arabe et français de manuels, recueils et publications de poètes, de poèmes originaux produits ou traduits récurrents dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur français et marocains, il est à noter que celui-ci comprend parallèlement et en l’occurrence : 33 textes et auteurs, enseignés au primaire, secondaire et supérieur, au Maroc et en France, entre 1695 et 1970 (v. de par notre expérience personnelle), mais de 840 à 2013 (historiquement parlant). Parmi 33 textes de récitations  en parallèle en arabe en français, on compte 5 traduits, 19 contemporains et 10 retranscrits. Leur fréquence se fait par ordre décroissant plus on va du primaire (23), au secondaire (8) et au supérieur (2). Un décalage culturel au rabais se produit entre 1956 et 2019. Pour cause, il y a lieu d’évoquer à cet égard les facteurs conjoncturels ayant agi sur le système scolaire, entre temps : la mise en place du FLE au lieu de français littéraire, l’arabisation, la mise en cause psychopédagogique de la mémoire littéraire au  profit de l’intelligence et de la logique des sciences exactes (v. en deçà du baccalauréat). Ce dont Mina Sadiqui souligne : «Enseigner le FLE à partir du texte poétique est souvent source d’appréhension pour tout enseignant surtout quand on sait que certains de nos apprenants souffrent de grandes lacunes face à la lecture de simples textes en prose. Le langage poétique se définit souvent  « comme un langage décalé, oblique, intransitif » Et il faudrait ajouter que les approches proposées à ce type de textes, soit dans certains textes officiels soit dans des manuels, ne facilitent pas son exploitation pédagogique dans une classe du secondaire. » - «Enseignement/apprentissage du FLE et texte poétique : Pour enseigner autrement la poésie au cycle secondaire qualifiant au Maroc», www.eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org, p.1.

      II. La place de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1921-2019 :
     Du fait, la place de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur français et marocains : 1921-2019, s’inscrit, selon un article du Ministère  de l'Éducation nationale Direction générale de l'enseignement scolaire français, dans la justification socio-éducative suivante : «La poésie [v. la récitation poétique] sollicite la langue là où personne ne le fait […]. Elle parle pour tout le monde. En tant que personne, l’élève est interpellé par la poésie […]: elle exprime dans son parler un rapport aux autres, au monde et à soi-même.» - «La poésie exprime un rapport aux autres au monde et à soi-même : Maîtrise de la langue La poésie à l’école Littérature», www.media.Eduscol.Education.fr, p.1. D’où, son effacement durant les années 1980,  le bon accueil réservé à son retour dans les écoles depuis 1990, par un article du site Notrefamille.comme, en ces termes : «Exercice un peu oublié dans les années 1980-1990, la récitation revient dans nos écoles. Timidement encore, une fois par quinzaine au mieux. Mais les petits apprennent à nouveau, dans la facilité ou la souffrance, des poésies à dire devant toute la classe... […] Un poème à apprendre par cœur va être utilisé comme support du cours de morale, etc. Jusqu’au début des années 1930, les récitations sont donc incluses dans le livre de morale et d’instruction civique [v. de lecture au Maroc]. Jean de La Fontaine y règne en maître, mais des textes en prose peuvent aussi porter l’intitulé «Récitation». » - «La poésie à l'école», www.notrefamille.com, p.1. En témoigne au Maroc, l’intérêt porté très tôt, au Maroc, à cette discipline dans l’enseignement, par feu S.M. Moulay Youssef [1881-1927] lors de sa visite à un collège de Fès, en 1921, rapporté par BULLETIN DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC PARIS 1, en ces termes : «8 janvier 1921. - S. M. Moulay-Youssef a visité le Collège  Musulman de Fez samedi, 8 janvier, à trois heures et demie. Le Sultan était accompagné du maghzen, de MM. Marc, Blanc, Torres. Il fut reçu par le général Maurial, le colonel Nancy, le colonel Trestournel, M. Brunot, M. Immarigeon, M. Bourge, Chef-adjoint des Services municipaux. [] Un jeune élève, Omar ben Abd el Jlil, lut ensuite un compliment dans lequel il rappelait les plus illustres ancêtres de S. M. : Moulay-Ismaïl, Moulay-Slimane, Moulay-Hassan. Enfin, un grand élève a récité une poésie qu'il avait composée pour la circonstance. [] S. M. manifeste hautement l'excellente impression que lui laissait sa visite; elle donna aux élèves deux jours de congé et 1 000 fr. pour organiser une partie de plaisir.» - «S.M. Moulay-Youssef a visité le Collège  Musulman de Fez»,www.webcache.googleuser content.com, p.86. En prenant comme date, cette visite du souverain Moulay Youssef au Collège Moulay Idriss  de Fès, en 1921, on pourrait actualiser le florilège récurrent des récitations alors en cours suivant :

      A. Florilège récurrent de la récitation des textes poétiques en français dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1921-2019 : 

      Comme florilège récurrent de la récitation des textes poétiques en français éventuellement en cours dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains, en 1921-2019, on pourrait citer, avec à titre d’exemples, les extraits de textes poétiques récurrents suivants :    

·  Le corbeau et le renard de Jean de La Fontaine  (France : 1621-1695) :
      + «Eh bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots, le corbeau ne se sent pas de joie;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec et laisse tomber sa proie
. »
www.recitatio.blogspot.com , p.1.
· La cigale et la fourmi de Jean de La Fontaine  (France : 1621-1695) :

     + «La cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fût venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle
.»
www.recitatio.blogspot.com , p.1.

· La neige d’Alfred de Vigny (1797-1863) :

     «Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
des histoires du temps passé, 
Quand les branches d'arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
Quand seul, dans un ciel pâle, un peuplier s'élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher,
L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,
Comme la girouette au bout du long clocher
!»
www.recitatio.blogspot.com , p.1.
·  Mignonne, allons voir si la rose de Pierre de Ronsard (France : 1524-1585) :

     + «Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Ô vrayment  marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
www.poesie.webnet.fr , p.1.
· L’oiseau lyre  de Jacques Prévert (France : 1900-1977) :

      + «Deux et deux quatre
quatre et quarte huit
huit et huit font seize…
Répétez ! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize.
Mais voilà l’oiseau lyre
qui passe dans le ciel
l’enfant le voit
l’enfant l’entend
l’enfant l’appelle
Sauve-moi
joue avec moi
oiseau !
www.continualreformation.org , p.1.        
     B. Florilège récurrent parallèle de la récitation des textes poétiques en arabe dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1921-2019 : 

     Somme toute, du florilège parallèle récurrent de la récitation des textes poétiques en arabe dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1921-2019, nous reconnaissons, avec Louis Lems Etimantsouo, la nature  fondamentale de la récitation poétique à l’école, au lycée et à l’université , tant en France qu’au Maroc, en spécifiant : «La poésie est un genre littéraire associé à la versification et soumis à des règles prosodiques particulières, variables selon les cultures et les époques, mais tendant toujours à mettre en valeur le rythme, l'harmonie et les images. [...]Malgré tout, la récitation a ses avantages que nous connaissons aujourd’hui. [...] La problématique reste la démotivation de nos élèves face au récital poétique traditionnel. [...] La récitation est un exercice scolaire pendant lequel l’élève restitue à haute voix ce qu’il a appris par cœur.» - «La problématique de la récitation-poésie à l’école élémentaire», www.sites.google.com , p.1. Ainsi citons-nous un florilège parallèle récurrent de la récitation des textes poétiques en arabe originaux ou traduits éventuellement en cours dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains, en 1921-1956, avec à titre d’exemples, les extraits de textes poétiques récurrents suivants :  
·  Le Lièvre et la Tortue, de La Fontaine, traduit par Muhammad Uthman Jalal (Egypte : 1939-1885):

    +  «Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire.
Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ;
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D'où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Qu'à la gageure. A la fin quand il vit
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison
?
 
· La cigale et la fourmi, de La Fontaine, traduit par Umar Farrukh (Liban : 1906 -1987):

     + «Nous vient le froid tout rude l’hiver
Nous nous sommes tapis drapés d’habits
La fourmi est partie et elle a disparu
Elle a en fourmilière d’aliments  un trésor 
Lui rend visite un jour la cigale en peine
Se plaignant de faim cuisante de nudité
Donne-moi voisine je suis sans recours
Mon été s’est perdu à avoir tant chanté
Celle-ci lui répond le cœur plein de déni
Tu n’auras de moi jamais aucune pitié
Tu es sujet de misère et de compassion
Va-t’en d’ici si tu peux donc m’entendre
Ô le fainéant Ô le plus grand des vilains.»

· Ô neiges ! de Mohammed al-Maghout (Syrie : 1934) :

      + «Ô trottoirs embrassez-moi, Ô neiges couvrez-moi
Ô vieux vent, raconte-moi le récit du futé Hassan
D’Aladin et la lampe magique, du voleur de Bagdad
De Sindibad le Marin
Et tous les contes imaginaires de la mémoire des
Anciens et des enfants, et des contes
D’Al-Hadjaj, d’Abou Jaafari, de l’ogre et de l’ogresse.»

· Le laboureur et ses enfants de La Fontaine, traduit par Walid Atiye (Syrie : 1978-) :

      + «Travaillez apprenez  à supporter la peine
L’effort  est ce peut un rien manquer soit peu
U n riche laboureur de la mort tout près
Donne audience  ses enfants et leur dit
Gardez-vous de vendre le patrimoine que
Nous ont légué nos aïeux un trésor y est
Enterré je n’en connais point la place
Mais un  peu de courage vous le livrerez
enfin, leur père mort ils se mettent
Au mois d’août à labourer à retourner
La terre à creuser son sol et à le fouiller
Sans laisser d’endroit ils ne repassent
A maintes reprises et dans tous les sens
Jusqu’à en avoir semé et récolté plus
Sans y trouver argent car le père était sage
De leur fait voir  que le travail est un trésor.

· Votre faveur  est la rose d’Abu Dulaf Al-‘Ujali (Irak : mort- 840) :

      + «La narcisse témoin et Dieu voit
La pureté des intentions et le mal
Que la rose a sur elle allégeance
Soldant acte tant et n’y manque
 Je vois en votre faveur une rose
Ephémère et bien de ce qui ne dure
En acte et mon amour pour vous est
Tel le chrysanthème beauté et vu
 En fleure qui ne dure si la rose périt.»
www.amalalfogra.blogspot.com, p.1.

·  L’homme  du futur d’Umar Farrukh (Liban : 1906-1987) :

   Ô qui t’enquiers de moi
Tu t’enquiers d’un expert
Enquiers-toi  de la science
Que je puise  pure et fraîche
Peut-être serais-je médecin
Ou probablement ministre
Peut-être serais-je orateur
Ou bien grand journaliste
Nul ne prévoit l’inconnu
En héraut ou précurseur
Respecte donc tout petit
Le destin a une conscience
Toute grande personne
Etait auparavant enfant
Ô toi l’écolier Instruis-toi
Car le  savoir est lumière.»  

    Du fait, il est à relever, à cet égard, que les exemples cités embrassent, dans ce corpus, sur un total de 10 textes de récitations dont 5 en français et 5 en arabe, 3 textes traduits du français de Jean de La Fontaine (France), en arabe par Muhammad Uthman Jalal (Egypte), Umar Farrukh (Liban) et Walid Atiye (Syrie). Toutefois, il est à noter également qu’en plus de leurs thèmes communs parallèles, outre les traductions, il y a lieu de rapprocher le reste des textes sus-indiqués par ce biais de leurs productions co-occurrentes intégrales autonomes, tant en français qu’en arabe. A souligner par ailleurs qu’en ce qui concerne le niveau scolaire et d’enseignement, ils recouvrent à raison de 4 l’école primaire (65%), et 2 (35%) le collège et le lycée du cycle secondaire, 2 (35%), au niveau du supérieur, en arabe et 6 sur 6 (100%), en français, au primaire, secondaire et supérieur. Il s’agit dans ce cas, d’une translation éducative, d’une omniprésence, par degrés d’approches cognitives successives appropriées. Mais il n’en reste pas moins à déplorer avec Soumya El-Harmassi l’état de fait de la récitation poétique dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains, en notant : «L’éviction de la littérature [v. la récitation poétique] au profit des «documents authentiques » est, à ce propos, un exemple significatif. [...] Une réévaluation de la lecture des textes littéraires dans une perspective transdisciplinaire, [...] doit constituer, selon nous, le moteur le plus important de cette mutation. [...] Force est de reconnaître que, pour l’heure, « les bibliothèques intérieures [v. la récitation poétique]» de nos élèves [aux cycles primaire et secondaire] et de nos étudiants [au cycle supérieur] sont d’une vacuité désolante.» - « L’enseignement du français au Maroc, trêve de relativisme culturel.», www.journals.Open edition.org, pp.39-48.
     III. Les objectifs et les handicaps de la récitation en français et en arabe des textes poétiques  dans  l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2019 :
   En ce qui regarde les objectifs et les handicaps de la récitation en français et en arabe des textes  poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2019, il faut, de prime abord, soulever avec «Le Maroc Possible», rapport du cinquantenaire,  la problématique du système éducatif marocain en appréciant son évolution régressive jusqu’à sa crise déclarée en 1980 : « Néanmoins,  une analyse attentive des 60 ans d’indépendance [depuis : 1956] nous oblige à dégager une phase d’or du système d’enseignement marocain, où la machine éducative a connu des années glorieuses, celle entre 1956 et les années 1970. En dépit des contraintes de départ, dont une croissance démographique importante et des écarts entre le fort enthousiasme des Marocains pour tout ce qui est apprentissage et les capacités d’accueil au niveau des infrastructures, le système a plus ou moins bien fonctionné et joué son rôle. [...] De hauts cadres de l’administration, les premiers ingénieurs et médecins du pays, de dizaines de milliers de formateurs, ont été le produit de cette école publique marocaine. [...] C’est à partir des années 1980, en effet, que la crise de l’enseignement, comme le constatent les analystes à l’unanimité, a commencé à se faire sentir dans les discours et dans les faits.» - «Enseignement Grandeur et décadence au Maroc», www.Leconomi ste.com, p.1. Parmi les objectifs et handicaps suscités par la recherche dans ce domaine, outre les contraintes du départ sus-indiquées, il y a les écarts entre apprentissages et capacités du relatif bon fonctionnement du système, qui périclite, dès 1980, tant en qualité qu’en quantité. D’où notamment l’appel à la revalorisation de la lecture et la récitation, dans l’enseignement primaire, prôné par un groupe d’enseignement français : «La lecture à haute voix (expressive), la récitation  sont  en  quelque sorte le parachèvement d'un  apprentissage  qui  commence  au  cours  préparatoire. On fait appel à la voix pour manifester dans l'activité de tout le corps que l'enfant s'est bien approprié le sens des textes lus.» - «LA PLACE DE L’ORAL DANS LES  ENSEIGNEMENTS À L’ÉCOLE PRIMAIRE 2000», www.vie-publique.fr , p.6.
    De plus, il faut compter les objectifs et les handicaps relatifs tant à la mémorisation qu’à la pratique de l’éducation poétiques. Dans le premier cas,  Richard W. Halperin indique : «Bien que la plupart des poètes déconseillent la mémorisation du poème comme méthode valable pour inciter les jeunes à devenir créatifs, il faut comprendre que ces poètes parlent de la mémorisation comme approche unique de la créativité. [...] Les poètes arabes [v. français] favorisent la mémorisation du poème, méthode qui a donné ses preuves en d’autres temps, mais qui n’est plus conseillée. [...] Tous les poètes interrogés mettent l’accent sur l’enseignant, son rôle est primordial.» -«Lire et écrire la poésie.», unesdoc.unesco.org, p.1. Dans le second,  M. A. Joveniaux remarque, en 1969 : «Dans le cadre de la recherche et de l'expérimentation pour une rénovation de l'enseignement du français [v. ici aussi de l’arabe], nous avons évidemment abordé l'éducation poétique. […] Pour envisager clairement le problème nous avons cherché à poser les questions fondamentales que paraît la pratique traditionnelle. Le choix des textes exclusivement réservé au maître, la mise en valeur de la beauté, poétique, l'étude collective d'un même texte, en classe, suivant un rythme commun à l'ensemble des élèves, nous ont paru mériter quelque réflexion.» - «L'éducation poétique à l'école primaire», www.persee.fr, p.1. Corrélativement à cette période, citons à titre d’illustrations les florilèges de la récitation des textes poétiques en français et en arabe dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1956-2019, suivants :
     A. Florilège de la récitation des textes poétiques en Français dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1956-2019 : 

    En ce sens, rappelons avec Anne-Élisabeth Halpern les effets de la récitation des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur, ici, au Maroc en repérant : «L’un des moyens simples d’introduire la poésie au premier cycle du collège est tout bêtement la récitation, sans avoir d’autre prétention que de faire lire ces textes et les proposer à l’écoute, sans vouloir non plus en donner nécessairement explicitations et justifications techniques. [...] La poésie au lycée répond à la question lancinante du « comment dire ? », et console les adolescents de cette sensation qu’ils ont de ne pas être compris, ne serait-ce que linguistiquement. [...]Si l’université s’y entend à classifier et à modéliser les formes, à proposer des cours par genre, l’enseignement de la poésie peut introduire de la souplesse ou du doute dans ces classifications, et, partant, dans toute classification qui se prétendrait systématique.» - «Récitation, poème et poétique : quelques propositions pour l’enseignement de la poésie du collège à l’université », www.oblit.Hypo theses.org, p.1. Analogiquement, citons d’abord un florilège récurrent de la récitation des textes poétiques en français, produits ou traduits, éventuellement en cours, dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains, en 1956-2019, avec à titre d’exemples les  extraits de textes poétiques français suivants :   

·  L’oiseau sur l’arbre chante sa plainte de Paul Verlaine (France : 1844-1896) :

      + «Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille
.»
www.google.fr , p.1.

·  La douche d’Elise de Pressensé (France : 1808-1901) :

      + «Voyez-le, ce grand petit homme,
Tout rose et frais comme une pomme,
Sous la douche dans son baquet.
L'eau coule à pleins bords et l'inonde,
Ruisselant de sa tête blonde
Sur son petit corps rondelet.
Pour ne pas pleurer il faut rire,
Et petit Jean veut qu'on l'admire
Et qu'on dise : «Il est courageux.»
· Chanson de la casserole de Tristan Klingsor (France : 1874-1966)

+ «Ohé ! joli marmiton aux boucles coiffées
De ton bonnet blanc conique et si drôle,
Dis-moi quelle bonne fée
Chuchote dans ta casserole.
Dis-moi quelle fée du fricot parle ainsi,
A faire défaillir mon cœur de joie,
De pieds de cochon farcis,
De gibelottes, de dindes aux truffes d'oies
· Ce que dit la pluie de Jean Richepin (France : 1849-1926) :

      + «M'a dit la pluie : Écoute
Ce que chante ma goutte,
Ma goutte au chant perlé.
Et la goutte qui chante
M'a dis ce chant perlé :
Je ne suis pas méchante,
Je fais mûrir le blé.
»

www.paroles2chansons.lemonde.fr , p.1.

·  Sous le pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire (France : 1880-2019)

     + «Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure. 
»

· Waterloo ! Morne plaine ! de Victor Hugo (France : 1854-1891)

      + «Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours ! L’empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Ô chutes d’Annibal ! Lendemains d’Attila
· Hommage au Louvre sous Louis XIV de Charles Perrault (France : 1628-1703) :

      + «Mais quand
pour élever un palais qui réponde
A l’auguste grandeur du plus grand roi du monde,
L’homme en qui tous les ars sembleront ramassés,
Du Tibre glorieux les bords aura laissés,
Elle verra qu’en vain de ces lieux elle appelle
La Science et les ars qui sont déjà chez elle.
Dont l’âme répandue en ce vaste Univers
Opère dans les cieux, sur la Terre et les Mers
Où paraît sa sagesse en merveilles fertile
Fait tant de travail que nos regards surpris
Ne peuvent concevoir les soins qu’elle en a pris.»
     B. Florilège récurrent parallèle de la récitation des textes poétiques en arabe dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1956-2019 : 
      De la même façon, le Florilège récurrent parallèle de la récitation des textes poétiques en arabe dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains : 1956-2019, fait remarquer par Mekki  Zouaoui qu’en 1955-1956, un déficit  au niveau  du goût de la lecture et de la maîtrise des langues arabe et française faute d’avoir pas été négligé dès l’école primaire, en notant : «Les aptitudes ou prédispositions fondamentales que doit avoir un étudiant dans une université comme le goût de la lecture, l’esprit d’observation, la curiosité... s’acquièrent plus facilement dans les petites classes [par un écolier]qu’à l’âge adulte [par un étudiant universitaire]. [...] En effet, au-delà de la description de la situation de l’enseignement prévalant en 1955-56, il s’agit de se faire une idée de l’état des compétences formées ou en formation par le système d’enseignement mis en place par le Protectorat. [...] La manifestation la plus frappante de cette dégradation a été la non maîtrise des langues, tant arabe que française et la prépondérance du «par cœur» [v. la récitation poétique mise à part] sur le raisonnement, résultats prévisibles des politiques d’arabisation et de marocanisation mal conduites.» - «L’enseignement supérieur depuis l’Indépendance : La dégradation de la qualité était-elle inéluctable?», www.Albacharia. ma, pp.162-178. Ainsi citerons-nous un florilège récurrent parallèle de la récitation des textes poétiques en français, produits ou traduits, éventuellement en cours, dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains, en 1956-2019, avec à titre d’exemples les extraits de textes poétiques récurrents parallèles en arabe suivants :  
· Une colombe se plaint près de moi d’Abu Firas al-Hamdani (Irak : 932-968) :

      + «Je dis alors
Qu’une colombe se plaint près de moi
Ô voisine ressens-tu mon état d’âme
Que ne soit l’air que tu vies éloignée
Ni ne viennent tes soucis à mon esprit
Que ne hisse cœur triste arrivante sur
Une branche distante si  haut placée
Ô que le sort voisine nous est injuste
Viens que je partage tes peines viens
Plus apte que toi au pleur ma prunelle
Tel que triste se tait et gémit insouciant
Et rit un captif et pleure une délivrée
Mais  chers sont mes pleurs aux périls.»
· Que ma main arrose.. de Bisharat al-khuri  (Liban : 1885-1968) :

        + «Ô part de mon cœur à toi mon jour et demain
Widad Ô ma chanson vierge Ô ma fraiche poésie
Ô taille de canne à sucre aux nodules si tendres
Douceur quoi que s’ajoute jour tu en rajoutes
Brille dans ma pensée applaudit et chantonne
Des rêves s’éveillent en moi que ma main arrose
Vingt hèle Ô printemps à la jeunesse et festoie
Ô part de mon cœur à toi mon jour et demain.»

·  Le  cheval d’Ali d’Umar Farrukh (Liban : 1906-1987) :

        + «Le cheval d’Ali dort à l’écurie
Alors qu’Ali dévore la pâtisserie
Arrive le cavalier et vole le cheval
Il se cache dans la forêt lointaine
Dans la forêt lointaine
Voici Ali qui cherche à l’écurie
Sans trouver le cheval là-bas
Il va vers la forêt lointaine
Il trouve le cheval perdu là
Et le monte en vrai chevalier
Il lui fait  fête la fête des héros.»

·  Mon toit est en fer de Mikhail Naimy (Liban : 1988 -1889) :

     + «Mon  toit est fait en fer
Le coin du logis est en pierre
Soufflez tout fort  Ô vents
Et sanglotez bien Ô arbres
Et faites vos raids Ô orages
Je ne crains guère le danger
Mon  toit est fait en fer
Le coin du logis en pierre
Je ne crains nulle torture
Je ne crains la forfaiture
Pour allié j’ai la destinée 
Pour compagnon le destin.»
· El Guadalquivir d’Ibn Khafadja (Andalousie: 1058- 1137) :

      + «En méandre tel un bracelet
cerné de fleurs une galaxie
Effilé un disque en fusion
d’argent sur une bure verte
Les branches le serrent
Tels les cils d’un œil bleu
Le vent joue aux branches
J’y ai tant bu de liqueur
Jaune de mains convives
Alors que l’or du soir
coule sur l’argent de l’eau.»

· La bataille d’Amorium contre Byzantins d’Abu Tammam (Irak : 805-845) :

+ «Ô jour d’Amorium l’espoir te quittant fête au champ de miel
Ont-ils s’ils le veulent qu’elle règne lui faire sacrifice père et mère
Du temps d’Alexandre ou plutôt les têtes ont blanchi sans la pâlir
Le sort lui a souri le jour d’Ankara ont déserté vide places et plaines
En voyant sa sœur la veille rasée la chute l’affecte plus que la gale
Tu y as laissé Emir des Croyants au feu un jour frêle  de roc et bois
Tu as laissé les Jaune de nom mine pâle à  mine faste des Arabes.» 
· Hommage au bassin du Calife Al-Mutawakil d’Al Buhturi (820-897) :

      + «Qui n’a vu le bel bassin vu
Tel des belles à leurs balcons
Tel qu’il est digne de son rang  
Tenu unique la mer en second
Qu’a l’Euphrate jaloux à l’épier
Tant en beauté qu’à le défier
Les eaux s’y ruent vite en flots
Tels des chevaux au prime élan
Efforts de l’Emir des Croyants
Oser le décrire nul ne l’atteint. 
www.salim-mezhoud.hooxs.com, p.1.
     De ces florilèges poétiques récurrents français et arabe parallèles, inhérents aux objectifs et handicaps de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement  primaire secondaire et supérieur marocains : 1956-2019, il apparaît qu’en plus des traits dus à la place de cet exercice, il s’impose une révision et une   prise en compte des conditions de ses acquisitions linguistico-littéraires et de son efficience sur le long terme, du primaire au supérieur. Ainsi est-il de cette mise en question de Mekki Zouaoui, prônant, au Maroc : «Les aptitudes ou prédispositions fondamentales que doit avoir un étudiant dans une université comme le goût de la lecture [v. de la récitation poétique], l’esprit d’observation, la curiosité... s’acquièrent plus facilement dans les petites classes [à l’école primaire] qu’à l’âge adulte. [...] En effet, au-delà de la description de la situation de l’enseignement prévalant en 1955-56, il s’agit de se faire une idée de l’état des compétences formées ou en formation par le système d’enseignement mis en place par le Protectorat. [...] La manifestation la plus frappante de cette dégradation a été la non maîtrise des langues, tant arabe que française et la prépondérance du «par cœur» [v. mise à part la récitation poétique, bien sensée] sur le raisonnement, résultats prévisibles des politiques d’arabisation et de marocanisation mal conduites.» - « L’enseignement supérieur depuis l’Indépendance : La dégradation de la qualité était-elle inéluctable?», www.albacharia.ma, pp.162-178. Il est également à mettre en évidence hic et nunc la différence interculturelle entre textes produits et textes traduits. Ce dont Elsa Caron précise : «La poésie [v. les textes de récitation poétique], de par sa polysémie, sa polyphonie, et parfois son mystère, constitue à nos yeux un instrument intéressant pour aborder la question de l'interculturel et du contact avec la culture de l'autre. […] La démarche interculturelle entraîne en revanche la prise en compte de trois dimensions nouvelles : les connaissances liées à la mémoire collective [v. ici poèmes de thèmes parallèles produits ou traduits en arabe et en français], à la diversité des modes de vie et aux contextes socioculturels des sociétés cibles [v. versions en français et arabe de poèmes traduits].» - «Créer des lieux de rencontre interculturelle à l’université: le théâtre et la poésie comme supports », www.Web cache.googleuser content.com, p.1.

       IV. Les manuels ou recueils et publications comme supports et les thématiques de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-2019 :
       Pour ce qui est des manuels ou recueils et publications comme supports et des thématiques de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1921-2019, il va sans dire que cela a soulevé la question des manuels, de leurs contenus et leur ben fondé. A cet égard, Khalid Ben-Srhir indique notamment : «Ouvrages «conçus dans  l’intention […] de servir de support écrit [v. et oral] à l’enseignement d’une discipline au sein d’une institution scolaire», les manuels se caractérisent par leur «impossible neutralité », pour reprendre la formule d’Alain Choppin : « Le choix de la langue […] et du style […], la sélection des sujets et des textes [v. Textes de récitation en français et en arabe dans l’enseignement marocain], l’organisation et la hiérarchisation des connaissances, obéissent à des objectifs politiques, moraux, religieux, esthétiques, idéologiques, le plus souvent implicites.» - « Étude comparative des manuels d’arabe en usage dans le Maroc sous protectorat français (1912-1956)», www.books.openedition.org, pp. 110-131. Toutefois, Assia Kellil y appelle de tous ses vœux comme une légende la récitation poétique tant en arabe qu’en français, en notant judicieusement : «Il est entendu qu’un poème appris par cœur colore pour longtemps la vie intérieure de l’apprenant. Il suffit d’avoir un regard auto réflexif sur nos vies, nos propres expériences, lorsque nous étions sur les bancs de l’école. [...] Effectivement, à 20 ans d’écart (1997/ 2015), dans le meilleur des cas c’est cette pratique de la récitation qui se fait dans nos classes. La séance de fête est l’une des pratiques de la poésie mais reste exclusivement en langue arabe. Si l’on ajoute au FLE une chorale, [...] dont la thématique est soit religieuse soit patriotique, et c’est ce à quoi Christine Chaulet-Achour fait référence dans son article " Poésie et classe de français dans l’enseignement primaire ..., chronique d’une disparition progressive ".» - «Réinventer la légende : La récitation», www.redila.hypotheses. org, p.1. C’est alors qu’émerge la question des manuels ou recueils et publications comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en arabe et en français dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1921-2019, à savoir respectivement :  
        1. Les manuels ou recueils et publications comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains: 1912-2019 :
      Pour ce qui est des manuels ou recueils et publications comme supports de la récitation et des  thématiques des textes poétiques en français et dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-2019, rappelle Khalid Ben-Srhir : «Cependant, au lendemain de la Deuxième Guerre  mondiale, l’élite marocaine et les nationalistes réclament haut et fort une réévaluation de l’enseignement de l’arabe [v. mise en cause alors de la prédominance de la pensée coloniale dans les manuels de l’enseignement du français] dans l’ensemble des écoles au Maroc. Ils s’intéressent aux manuels scolaires, vus comme des outils permettant de diffuser enseignement correspondant à leurs valeurs [v. de leurs thématiques].» - «Étude comparative des manuels d’arabe en usage dans le Maroc sous protectorat français (1912-1956)», www.books.open edition.org , p. 110-131. Cette mise en question nationaliste des manuels scolaires français en faveur de manuels scolaires arabes correspondant aux valeurs de la société marocaine s’avère fondée, en témoigne la dénonciation de son idéologie coloniale qu’en Manuela Semideï dans : «Ainsi,  entre  1919 et 1939, les conceptions n’ont guère évolué. Les manuels auraient peut-être même tendance à insister davantage sur  les deux thèmes de l’argumentation coloniale - tout en commençant à critiquer certains abus de la colonisation. Une véritable idéologie coloniale semble bien s’y affirmer – nécessité de l’Empire colonial, action civilisatrice de la Métropole., [...] Le tableau présenté dans les manuels du secondaire de la colonisation française [en France] est dans l’ensemble plus nuancé que dans l’enseignement primaire et plus critique qu’avant guerre, mais les thèmes traditionnels persistent sous diverses formes, jusqu’à la fin des années 1950 et jusque dans les manuels les plus " avancés ". » - «De l'Empire à la décolonisation à travers les manuels scolaires français», www.persee.fr , pp.71-74. D’où à titre d’exemples les manuels ou recueils et publications comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement primaire et secondaire marocains  : 1912-1956,  les  manuels La Garde & Michard  XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe, XXe siècles,  suivants :

     A. Les manuels recueils et publications comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement primaire marocain : 1912-2019:
                   
     Des manuels, recueils et publications comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement primaire marocain : 1912-2016, citons à titre d’exemples :

·  Le loup et l’agneau, Fables (1668-1693) de Jean de La Fontaine (France : 1621-1695) :

     + «La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens:
On me l'a dit : il faut que je me venge."
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.

·   Frère Jacques, Florilège de la Chanson française, Ed. Bordas, 1990,  de Jean-Philippe Rameau  (France : 1683-1764) :

     + «Frère Jacques,
Dormez-vous?
Sonnez les matines !
Ding, daing, dong !
Frère Jacques,
Dormez-vous ?
Sonnez les matines !
Ding, daing, dong!»

· L'auteur et les souris, Fables (1792) de Jean-Pierre Claris de Florian (France : 1755-1794) :

      + «Un auteur se plaignait que ses
meilleurs écrits
Etaient rongés par les souris.
Il avait beau changer d'armoire,
Avoir tous les pièges à rats
Et de bons chats,
Rien n'y faisait : prose, vers, drame, histoire,
Tout était entamé ; les maudites souris
Ne respectaient pas plus un héros et sa gloire,
Ou le récit d'une victoire,
Qu'un petit bouquet à Chloris.»
· Il était un petit navire, Florilège de la Chanson française, Ed. Bordas, 1990, de Jean-Claude Klein (1943-1995),

     +  «Il était un petit navire
Qui n'avait ja-ja-jamais navigué
Ohé ! Ohé ! 
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots
Ohé ! Ohé ! Matelot, Matelot navigue sur les flots
Il partit pour un long voyage
Sur la mer Mé-Mé-Méditerranée
Ohé ! Ohé ! 
Au bout de cinq à six semaines,
Les vivres vin-vin-vinrent à manquer / Ohé ! Ohé !
On tira à la courte paille,
Pour savoir qui-qui-qui serait mangé, / Ohé ! Ohé
 !» 

·  Jeu de mains de Claude Haller (1932-), dans  Poèmes du petit matin, Ed. Poche, 2010 :

     +  «Ta main est une feuille
Ouverte aux quatre vents ;
Elle attend qu’on la cueille
Pour se donner souvent.
Ta main est une étoile
Aux lumineuses branches
Qui sait ce qu’elle dévoile
En sortant de sa manche.
Ta main est une fleur
Un fragile bouquet
Ses doigts ont le bonheur
D’aller comme l’archet

        B. Les manuels comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains : 1912-2019 :

      Et des manuels ou recueils comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains : 1912-2019, citons à titre d’exemples :

¤. Le  manuel Lagarde &  Michard  XVIe siècle :  

       Tels qu’ils se présentent de nos jours, les  manuels Lagarde &  Michard  XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe, XXe siècles, constituent le spécimens de tous les temps comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement marocain secondaire et supérieur marocains : 1912-2019, dont hérite, selon Abdellah Baida,  le retour de la littérature française dans  les lycées marocains, en relatant : «Parler du retour de la littérature française dans les lycées marocains se justifie par le fait qu’elle avait déjà existé il y a quelques décennies ; elle a connu une longue éclipse et, récemment, elle perce de nouveau. [...] Aux lendemains de l’indépendance du Maroc (1956), la littérature française [v. la récitation poétique] occupait une place confortable dans le menu des lycées, alors que la structure générale de l’éducation évoluait dans un chaos dû essentiellement à l’absence d’une politique claire et précise. [...] À titre d’exemple, nous y lisons : « Les textes inscrits au programme ont été choisis parmi des œuvres des XVIe, XVIIe, XVIIIe, XIXe, XXe siècles ; il est clair que la connaissance vraie d’une langue, n’est pas complète sans celle des grandes œuvres qui, au cours des siècles, l’ont illustrée.» -  «Le retour de la littérature française dans les lycées marocains», www.cairn.info, p.1. Des textes poétiques de notre corpus qui  s’y inscrivent comme supports de la récitation dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, citons corrélativement :  

· Quand je suis vingt ou trente mois de Pierre de Ronsard (France : 1524 - 1585) :

     + «Quand je suis vingt ou trente mois
Sans retourner en Vendômois,
Plein de pensées vagabondes,
Plein d'un remords et d'un souci,
Aux rochers je me plains ainsi,
Aux bois, aux antres et aux ondes.
Rochers, bien que soyez âgés
De trois mil ans, vous ne changez
Jamais ni d'état ni de forme ;
Mais toujours ma jeunesse fuit,
Et la vieillesse qui me suit,
De jeune en vieillard me transforme

· A son ami de Clément Marot (France : 1496-1544) :

     + «Je ne t'écris de l'amour vaine et folle :
Tu vois assez s'elle sert ou affole.
Je ne t'écris ne d'armes ne de guerre :
Tu vois qui peut bien ou mal y acquerre.
Je ne t'écris de
Fortune puissante :
Tu vois assez s'elle est ferme ou glissante.
Je ne t'écris d'abus trop abusant :
Tu en sais prou, et si n'en vas usant.
Je ne t'écris de
Dieu ne sa puissance :
C'est à lui seul t'en donner connaissance

· Le désir de Rémy Belleau  (France : 1528 – 1577) :

+ «Celuy n'est pas heureux qui n'a ce qu'il désire,
Mais bien-heureux celuy qui ne désire pas
Ce qu'il n'a point : l'un sert de gracieux appas
Pour le contentement, et l'autre est un martyre.
Bref le Désir n'est rien qu'ombre et que pur mensonge, 
Qui travaille nos sens d'un charme ambitieux, 
Nous déguisant le faux pour le vray, qui nos yeux 
Va trompant tout ainsi que l'image d'un songe
     
¤. Le  manuel Lagarde &  Michard  XVIIe siècle :  

     En ce qui concerne les comme supports de la récitation dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, dans Le  manuel Lagarde &  Michard  XVIIe siècle, citons les extraits poétiques suivants :
·  Je brûle avec mon âme de Théodore Agrippa d’Aubigné (France : 1552-1630) :

+ «Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant
 Cent amoureux sonnets donnés pour mon martyre,
 Si peu de mes langueurs qu’il m’est permis d’écrire
Soupirant un Hécate, et mon mal gémissant.
Ma vie est à sa vie, et mon âme à la sienne,
Mon cœur souffre en son cœur. La Tauroscytienne
Eût son désir de sang de mon sang contenté
      ¤. Le  manuel Lagarde & Michard  XVIIIe siècle :

     Au niveau des manuels scolaires comme supports de la récitation dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, dans Le manuel Lagarde & Michard  XVIIIe siècle, citons les extraits poétiques suivants :
· Un peu de poussière d’Angliviel de la Beaumelle (France : 1726-1773) :

     + «Vous  n’êtes que vains fantômes,
Plaisirs, jeunesse, biens, honneurs!
Serons-nous toujours, faibles hommes,
Notre néant se reproduit.
Venez, voyez, grands de la terre,
Qu’êtes-vous ? un peu de poussière,
Qu’un souffle organise et détruit.»
· Sur la mort d’un enfant d’André Chénier (France : 1762-1794) :
  
     + «L’innocente victime, au terrestre séjour,
N’a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Rien n’est resté de lui qu’un nom, un vain nuage,
Un souvenir, un songe, une invisible image.
Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
Adieu, dans la maison d’où l’on ne revient pas.
Nous ne recevrons plus avec des cris joyeux
Les efforts impuissants de ta bouche vermeille
A bégayer les sons offerts à ton oreille.
Adieu, dans la demeure où nous nous suivrons tous,
Où ta mère déjà tourne ses yeux jaloux.»
     ¤. Le  manuel Lagarde & Michard  XIXe siècle :  

     A propos des manuels scolaires comme supports de la récitation dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, dans Le manuel Lagarde & Michard XVIIIe siècle, citons les extraits poétiques suivants :
· Enfans sans fard de Laurent Pierre Bérenger  (France : 1749-1822) :

      + «Chers enfans de la nature,
Qui n’affectez aucun fard,
Du goût moderne & de l’art,
Fuyez toujours l’imposture.
Ressemblez aux dons que Flore
Sème en Avril dans nos champs ;
C’est pour orner le printemps
Que Zéphyr les fait éclore
· Ceux qui vivent sont ceux qui luttent de Victor Hugo (France : 1802 – 1885) :

      + «Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas
· L'orage de tes jours sur ma vie de  Desbordes-Valmore (France : 1786-1859)

      + «L'orage de tes jours a passé sur ma vie ;
J'ai plié sous ton sort, j'ai pleuré de tes pleurs ;
Où ton âme a monté mon âme l'a suivie ;
Pour aider tes chagrins, j'en ai fais mes douleurs.
Mais, que peut l'amitié ? l'amour prend toute une âme !
Je n'ai rien obtenu ; rien changé ; rien guéri :
L'onde ne verdit plus ce qu'a séché la flamme,
Et le cœur poignardé reste froid et meurtri.
Moi, je ne suis pas morte : allons ! moi, j'aime encore ;
J'écarte devant toi les ombres du chemin :
Comme un pâle reflet descendu de l'aurore,
Moi, j'éclaire tes yeux ; moi, j'échauffe ta main
·  L'albatros de Charles Baudelaire (France : 1821-1867) :

      + «Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
   Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !»

    ¤. Le  manuel Lagarde & Michard  XXe siècle :

   Quant aux manuels scolaires comme supports de la récitation dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, dans Le  manuel Lagarde & Michard  XXe  siècle, citons les extraits poétiques suivants :

· Profusion du soir de Paul Valéry (France : 1871-1945) :

      + «Ô soir, tu viens épandre un délice tranquille,
Horizon des sommeils, stupeur des cœurs pieux,
Persuasive approche, insidieux reptile,
Et rose que respire un mortel immobile
Dont l’œil dore s’engage aux promesses des cieux.
Sur tes ardents autels son regard favorable
Brûle, l’âme distraite, un passé précieux

www.unjourunpoeme.fr , p.1.

· Automne malade de Guillaume Apollinaire (France : 1880-1918) :

      + «Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Dans les vergers
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
www.poetica.fr , p.1.

· Les cheveux gris de Jean Cocteau (1889-1963) :

      + «Les cheveux gris, quand jeunesse les porte,
Font doux les yeux et le teint éclatant ;
Je trouve un plaisir de la même sorte
A vous voir, beaux oliviers du printemps.
Tout de votre adolescence chenue
Me plaît, moi qui suis le soleil d'hiver,
Et qui, comme vous, sur la rose nue,
Penche un jeune front de cendres couvert
· J’écris ton nom de Paul Éluard (France : 1895-1952)

      + «Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom. »

       ¤. Le  manuel Lagarde & Michard via le manuel Jourde & Naulleau XXIe siècle :

       Vu que corpus s’étend jusqu’en 2018, incluant dans le cadre des manuels scolaires comme supports de la récitation dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, au sein du manuel Lagarde &  Michard, nous le suivrons, donc, dans son prolongement pastiche XXIe siècle, à travers le manuel Jourde & Naulleau, sous-titré Précis de littérature du XXIe siècle, paru en février 2004 chez Mots & Cie (avec réédition augmentée en octobre 2008 chez Mango et en 2015 chez Chiflet et Cie), tel que le décrit par Wikipédia en ces termes : «  Présenté comme un manuel de littérature française du XXIe siècle, c'est un pamphlet qui prend la forme d'un pastiche des ouvrages scolaires d'André Lagarde et Laurent Michard, plus connus sous le nom générique de Lagarde et Michard. » - « Le Jourde & Naulleau », www.fr.wikipedia.org , p.1. Nous en citerons, à cet égard, à titre d’exemples quant au XXIe siècle les textes de récitation poétiques suivants :

· La pierre la nuit de Bernard Desportes (France : 1948-2019) :

      + «Mon pays a sombré/ mon pays peut-être/ englouti par la mémoire que la nuit recouvre les
noms tels des arbres un à un abattus/ sur la route où je marche tandis que le ciel penche/ tandis que le ciel fend la terre/ le ciel en feu que mes lèvres ont fendu/ la route où je marche emporte mon pas/ sur la terre où je ne marche plus/m’emporte la route dressée à flanc de ciel/ ouvre la nuit/ le vent chasse emporte/ paroles lancées du bord de la route/ paroles pierres noires contre la nuit mes mots sont des pierres qui éclatent/contre la paroi du ciel

· La vie dans les feux du poème de Dominique de Villepin (France : 1953-) :

      + «A travers les miroirs, derrière les lourdes tentures d’or, j’ai vu les visages déformés par la peur, les mains qui se tordent, les pas qui s’écartent, j’ai entendu les paroles qui blessent, l’écho des rires et des sarcasmes. Et quand monte la houle des rages, les murmures redoublent aux abords des palais. La vie encore trouve refuge dans les feux du poème. Là, le souffle brûlant dissipe les vapeurs du désespoir, rompt les amarres, dessine un chemin ailleurs quand toutes les issues semblent fermées. Au sommet des cratères de glace, l’aiguille de la poésie jaillit des flancs troués de famines et de tempêtes [...]./ Car il est moins besoin d’espoir que d’une étendue propice à l’insurrection, d’un espace réfractaire dans l’ornière des saisons.»

· Un voyageur de Claude Albarède  (France : 1937-) :

      + «Le temps d’un voyage à fleur de chair
A la lisière d’un bruit fragile
dont l’envie dure
Au remous des sables galants
quand la mer se retrousse
pour arranger l’étoile…
Avec ses fruits
tombés à terre
il décide des grands départs

        Bref, ces exemples des manuels Lagarde et Michard  XVIe-XXe siècles en soi et via le manuel Jourde & Naulleau, sous-titré Précis de littérature du XXIe siècle, sur la récitation des poétiques dans l’enseignement marocain trouvent leur écho et leur identité éclairants, à ce sujet, dans l’étude qu’en fait Meredith Grondin, dans les manuels scolaires canadiens entre : 1921-2019, en ces termes : « Ce travail vise à analyser la présence des auteurs et l'exploitation des textes littéraires présents dans les manuels scolaires [...]. La poésie nous apparaissait comme évidente étant donné qu'elle fait partie du programme de cinquième secondaire [v. même du supérieur] et qu'elle est présente dans tous les manuels de notre corpus d'avant 1964. [...] Avant cela, les manuels étaient importés de France [v. le cas du Maroc : 1912-1956]. Ce système d'écoles devait s’adresser aux anglophones [v. ici arabophones] et aux francophones [à l’école], mais il sera presque exclusivement fréquenté par les anglophones [v. ici les arabophones]. Nous avons trouvé plusieurs formes de poésie [...]. Ces textes sont écrits [...] servent aux élèves à exercer, tout d'abord leur mémoire [v. ici la récitation des textes poétiques en français dans l’enseignement marocain], ensuite leur prononciation [v. de La Fontaine, Molière, Victor Hugo, Verlaine, Rimbaud, Éluard, etc.]. [...] Pour les poèmes, ils sont généralement présents en entier. Les textes qui nous intéressent se trouvent exclusivement au sein de deux sections: "lecture" et "récitation".» - « Présence des auteurs et exploitation du texte littéraire québécois dans les manuels scolaires de 1921 à 2001», www.depot-e.uq tr.ca, pp.5-44. D’où par analogie thématique la récitation des textes poétiques en arabe dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, ci-après :

       2. Les manuels ou recueils et publications comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en français dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains: 1912-2019 :
       Ainsi par analogie thématique du corpus, il est reconnaître que les manuels comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en arabe dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains : 1912-2019 ont fait l’objet d’une revendication nationaliste, dès l’après-guerre, rappelons-le,  selon ce dont Khalid Ben-Srhir en ces termes : «La constitution [...] d’un corpus de manuels d’arabe en usage sous le Protectorat a permis de dégager deux types d’ouvrages : d’un côté, ceux qui ont été conçus pour être utilisés dans les établissements publics du Protectorat, qu’ils aient été rédigés par des auteurs français ou marocains, édités en France ou au Maroc; d’un autre côté, ceux qui ont été en usage dans l’«enseignement libre» mis en place par les nationalistes marocains, qu’il s’agisse de livres importés du Moyen-Orient ou de livres rédigés et édités au Maroc (y compris dans la zone sous protectorat espagnol). [...] Cependant, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l’élite marocaine et les nationalistes réclament haut et fort une réévaluation de l’enseignement de l’arabe dans l’ensemble des écoles au Maroc. Ils s’intéressent aux manuels scolaires, vus comme des outils permettant de diffuser un enseignement correspondant à leurs valeurs.» - «Étude comparative des manuels d’arabe en usage dans le Maroc sous protectorat français (1912-1956).», Op.cit., pp.110-131. Il y sera question d’une illustration citée de textes poétiques de récitation en arabe dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains, parallèles  à ceux cités en français, à savoir :
     ¤. Le manuel Al Mutala Al Arabiya, Lecture Arabe, des Écoles primaires, t.1, 4, 5, Abdellah  Machnuq & Muhammad Tahir Ladiqy, Ed. Dar Al Kachchaf, 1954 :

     Il est à souligner que, selon l’analogie thématique de notre corpus , les manuels comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en arabe parallèle de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-1956, comportent parallèlement en arabe, au niveau de l’école primaire, les textes de récitation poétiques en français, cités ci-dessous, traduits et des textes produits  et traduits en arabe, avec cet écart temporel : XVIIe/XXe siècles, XVIIe/XXe siècles, tels que dans :  Les manuels Al Mutala Al  Arabiya, Lecture Arabe, des Écoles primaires, t.1, 4, 5, d’ Abdellah Machnuq & Muhammad Tahir Ladiqy, Ed. Dar Al Kachchaf, 1954, à savoir notamment :
 
·  Le loup et l’agneau, Fables de Jean de La Fontaine (France : 1621-1695), traduit par Muhammad Uthman Jalal (Egypte : 1939-1885), dans Al Uyun al dans Yawaqidh, Les yeux veillés, Ed. Dar Al Arqam Li Atiba’a wa Al Nachr, 1993 :

    +  «L’agneau était à boire au ruisseau
Le loup au-dessus de lui s’en approcha
Il lui dit en arrivant : Ô agneau
Assez de troubler l’eau vers moi
L’agneau dit : comment ça voisin
Et l’eau de ton côté me vient
Le loup lui dit : que tu m’injuries ?  
Ne le sais-tu pas Ô agneau... ?
Suffit de l’avoir fait l’an passé
Jusqu’à quand vais-je tolérer ça ?
L’agneau lui dit en toute clarté :
Mais je suis né cette année
Le loup abonde en sermons
Si ce n’est toi l’injurieux
C’est ton père ou ton frère
Ou l’un de tes vils proches
Tant les miens en ont à venger
Et il se rua et abat l’agneau
Injustement il en dévore
La chair et en suce les os


· Notre frère Yacob de Jean-Philippe Rameau (France : 1683-1764), traduit par Lisa Yannucci (Jordanie-USA: 1977-) dans le manuel Al Mutala Al  Arabiya, Lecture Arabe, des Écoles primaires, t.1, Abdellah Machnuq & Muhammad Tahir Ladiqy, Ed. Dar Al Kachchaf, 1954 :

       +  «Notre frère Yacob notre frère Jacob
Lève-toi tôt Lève-toi tôt
Sonne la cloche de l’école  Sonne la cloche de l’école 
Ding daing dong

«Notre frère Yacob notre frère Jacob
Lève-toi tôt Lève-toi tôt
Sonne la cloche de l’école  Sonne la cloche de l’école 
Ding daing dong

· Le poète et le souriceau de Mohammed Ben Brahim (Maroc : 1897-1955), dans le manuel Al Mutala Al  Arabiya, Lecture Arabe, des Écoles primaires, t.5, Abdellah Machnuq & Muhammad Tahir Ladiqy, Ed. Dar Al Kachchaf, 1954 :

   +  «Tu as acquis mon affection et ma tendresse
Et tu t’es éloigné  de mon lieu de séjour
Que sais-je t’es-tu égaré ou de tes parents avisé
Tu étais mon meilleur convive actif en tout temps
Nul ne justifie cela de toi reviens en toute sécurité
Il me dit et son dire tel un trait tiré de sa part
Que faire entre les murs d’un logis de Ramadan
Déjeuner des versifications d’untel ou d’untel
Je lui dis et le cœur tout éprouvé de colère   
Si je crée des vers aux rimes telles des perles
Il me dit Ô excellent lettré quitte donc ce délire
Gagne de l’argent pour attirer compagnons
Et adieu ma mère et mon père m’attendent.»

      ¤. Les manuels Al Adab wa al  Nussûs, 4e-6e Années secondaires, lettres et sciences, Mohamed El Fassi (Maroc : 1908-1991), Omar Dassuqi (Egypte : 1912-1976), Mohamed Sadiq Afifi (Egypte : 1922-1981),  Ed. Matba’at Al Wahda Al Arabiya,  1961 :  

       Les trois manuels par l’analogie aux textes français de notre corpus, opérant comme supports de la récitation et des thématiques des textes poétiques en arabe, dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, peuvent être illustrés respectivement par Les manuels Al Adab wa al  Nussûs, 4e, 5e et 6e  Années secondaires, lettres et sciences, Mohamed El Fassi (Maroc : 1908-1991), Omar Dassuqi (Egypte : 1912-1976), Mohamed Sadiq Afifi (Egypte : 1922-1981),  Ed. Matba’at Al Wahda Al Arabiya,  1961 à titre d’exemples comme suit :
· Peine est toute vie d’Abul ʿAla Al-Maʿarri (Syrie : 973-1057) dans le manuels Al Adab wa al  Nussûs, 4e  Année secondaire, lettres et sciences, Mohamed El Fassi (Maroc : 1908-1991), Omar Dassuqi (Egypte : 1912-1976), Mohamed Sadiq Afifi (Egypte : 1922-1981), Ed. Matba’at Al Wahda Al Arabiya,  1961:

   +  «Peine est toute vie et je
M’étonne de qui plus en veut  
Vains en ma foi et croyance
Cri de pleurant air de chantant
 Egale la voix du sinistre jugée
En voix du salut en tout lieu
Tant de fois la peine mène
A l’incompatible à rigueur  
Que le bien de l’affable soit
Maintenu en dépit des jaloux
Qu’il soit bon à son frère et
Ses enfants fibres du cœur
Car sage ne se vante guère
Se sachant, voué à dépérir

· Le feu a failli luire entre mes flancs d’Abu Firas al-Hamdani (Syrie : 932 - 968) :

    +  «Je te vois de pleurs rebelles patient
 L’amour n’a-t-il sur toi ni déni ni ordre?
Mais si j’ai envie et endure un chagrin
Mais mon pareil doit taire son secret !
Si la nuit m’afflige j’obéis à l’amour
Et déverse des pleurs dignes d’orgueil
Le feu a failli luire entre mes côtes
Surtout  si attisé de désir et de pensée
Pour une union et que mort s’en suive
Si je péris altéré que jamais il ne pleuve!
Une heure la mort me boude-t-elle
Quand me boudent captivité et douleur?»
www.analbahr.com, p.1.

· Poussière d’Elia Abû Madi (Liban : 1890-1957) :

     + «L’argile a oublié une heure qui elle est
Vile et s’est épanchée de vanité et d’orgueil
Elle s’est parée de soierie et s’en est vanté
Sa  bourse pleine d’argent elle se rebelle
Frère ne détourne pas ta face de moi
Je ne suis pas charbon que tu n’es astre
Une seule constellation nous ombrage
Qui a égaré ma vue et arrêté la tienne
Une seule lune sur nous se penche
Et sur la case comme l’édifice en dur
Argile tu n’es pas plus pure ni plus noble
Que poussière foulée au pied et pose-tête
www.adab.com , p.1.
· Sur la mort d’un enfant de Ibn Al-Roumi (Irak : 836-896) dans le manuels Al Adab wa al  Nussûs, 5e  Année secondaire, lettres et sciences, Mohamed El Fassi (Maroc : 1908-1991), Omar Dassuqi (Egypte : 1912-1976), Mohamed Sadiq Afifi (Egypte : 1922-1981), Ed. Matba’at Al Wahda Al Arabiya,  1961:

     + «La mort a ravi le moyen de mes fils
Dieu comment choisir le parle du collier
A peine ai- je perçu le sens de ses regards
Et habitué à ses menus déjà gestes muris
La mort me l’a enlevé  et sa visite se fait
Loin vue de près et  proche  vue de loin
Tout épuisé effet d’hémorragie il passe
Du teint d’une rose au teint pâle d’un if  
Ô toi, solitaire au sein d’un logis désert
Je suis en un logis animé aussi solitaire
Que la Paix de Dieu soit sur toi et salut
Et que toutes nuées  éclair t’arrosent

· Beauté sans fard d’Abou Tayeb  Al-Mutanabbi (Irak : 915-965) :

     + «Qui sont ces biches en habits d’arabes
Rouges de joyaux de montures de robes
Si tu t’interroge doutant de leurs identités
Qu’est-ce qui te cause insomnie et peine
La beauté de ville est acquise  par fard
A la campagne la beauté est innée
Que loin des chèvres les biches vues
Et non vues en beauté et senteur
Ma vie aux biches d’un désert n’y ont
Connu ni mâcher mots ni teindre sourcils
 www.almotanabbi.com, p.1.

· La volonté de vivre d’Abou el Kacem Chebbi (Tunisie : 1909-1934) dans le manuels Al Adab wa al  Nussûs, 6e  Année secondaire, lettres et sciences, Mohamed El Fassi (Maroc : 1908-1991), Omar Dassuqi (Egypte : 1912-1976), Mohamed Sadiq Afifi (Egypte : 1922-1981), Ed. Matba’at Al Wahda Al Arabiya,  1961:

     + «Si le peuple un jour veut la vie
Force au destin d’y répondre
Qui n’a pas envie de la vie
S’évapore en son air et périt
Ainsi m’ont prédit les êtres
Et leur âme tacite m’a dicté  
Et le vent aux sentes a hurlé
Sur les monts sous les arbres
Quand j’ambitionne à un but
Je suis vœu et oublie prudence
Je+ « n’évite guère lits escarpées
Ni la coulée de feu en fusion
Qui n’aime grimper les monts
Vit à jamais dans les crevasses
Si les hommes aspirent à la vie
Force au destin d’y répondre

· Que la nue t’arrose de Lissane Eddine Ibn al-Khatib (Andalousie : 1313-1374) :

     + «Que la nue chargée t’arrose
Ô temps de l’union en Andalousie
Que le sort guide les vœux épars
Aux pas succèdent les marques
Des nuits ayant un amour secret
A l’aube sans les soleils à la clarté
Alors que l’eau interpelle le galet
Tout amant s’isole avec le sien 
Car pour soi un amant n’est-il pas
En amour l’aimé objet de péchés
Son ordre est agissant et présent
Aux côtés et cœurs qu’il a guéris 

· Le soir de Khalil Moutran (Liban : 1872-1945) :

     + «Ô le soir et ce qu’il a comme sagesse
Pour l’amoureux ! et larme pour le voyant
N’est-il pas la fin du jour meurtre du soleil
Parmi les scènes funèbres des lumières ?
Je me suis souvenu de toi à l’adieu du jour
Le cœur saisi entre crainte et espérance
Et des pensées hissées face à mes visions
Sanglantes telles les nuages devant moie
Et larmes coulant de mes yeux rutilantes
De la lueur du rayon au couchant en vue
Et le soleil au crépuscule beauté fluide
Sur perles par-dessus des collines noires

         3. Les recueils des poèmes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-2019 :

        Toutefois, les recueils et publications des poèmes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement primaire marocain : 1912-2018, peuvent être illustrés, dans notre corpus, à travers en l’occurrence :

·  Les recueils des poèmes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement primaire marocain :
 
      Des recueils et publications des poèmes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement primaire marocain : 1912-1921, citons à titre d’exemples :

¤. Dites-moi Ô gens ! savez-vous jouer des mains?, de Muhammad al-Harrawi (Egypte : 1885-1939) dans Samir Al Atfal, Convive d’enfants, Ed. Dar Al Kutub Al Misriya, 1923 :

     + «Dites-moi  Ô gens que savez-vous
Savez-vous jouer des mains
Mains mains le Jeu des mains
Mains mains le Jeu des mains
Ha ha ha
Dites-moi  Ô gens que savez-vous
Savez-vous jouer à la flûte
Flûte flûte flûte le jeu de flûte
Ha ha ha
Dites-moi  Ô gens que savez-vous
Savez-vous jouer au violon
Violon violon violon le jeu de violon
Ha ha ha.»

     ¤. Un bateau en papier, dans Chi’r  Li Al Atfal, Poésie pour enfants, de Sulayman al-Isa (Syrie : 1921-2013), Ed. Dar Al Fikr, 1969,

     + «Ô rivière ne t’éloigne pas
Attends-moi que je te suive
Moi j’ai avisé mes parents
Que je suis parti avec toi
Attends-moi que je te suive
J’ai apporté mon bateau
Il est Ô rivière en papier
La rivière s’en va en hâte
Il  part et ne revient pas
L’enfant s’écrie en disant
A la vue du bateau au loin
J’aurais aimé j’aurais aimé
Etre avec toi.»

  ¤. Le lièvre et la tortue, traduit par Muhammad Uthman Jalal (Egypte : 1939-1885), dans Al Uyun al dans Yawaqidh, Les yeux veillés, Ed. Dar Al Arqam Li Atiba’a wa Al Nachr, 1993 :

 «Une tortue parie à courir contre un lièvre
Ils fixent la ligne limite au pied d’un mont
Et vouent une coccinelle au premier arrivé
Le lièvre a assez sommeillé et s’est infatué
Tant de sa vitesse et n’a pas communiqué
La tortue a  poursuivi ses pas de tout effort
Elle arrive à l’extrême bout de la dite limite
En se réveillant le lièvre arrive en courant
Il y observe la tortue en train de brouter
Il dit à toi la coccinelle plus tout le salaire
Tant  l’imprévoyant de  grâce ne sait pas!
Tu as réussi Ô sœur par un énorme effort
Ainsi en effort qui peine en récolte le fruit
www.alukah.net  , p.1.

· Les recueils des poèmes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains :

      Des recueils de poèmes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, citons de notre corpus au niveau du secondaire notamment :

      ¤. Un palmier Abd al-Rahman Iᵉʳ (Andalousie : 731-788), dans Dawawin Chu’ara Al Andalus, Recueils des poètes andalous, d’Abu Hilal Al Askari (920-1005), Ed. Al Maktaba Al ‘Asriya, 2010 :

     + «M’apparut au centre Rusafa un palmier
Eloigné sur sol d’Occident du sol des palmiers
Me dis-je : mon pareil d’exil et d’éloignement
Et d’une longue envie des enfants et des miens
Tu as grandi sur une terre où tu es étranger
Tel que moi tu es exclu tel que toi loin je suis
Qu’au lointain où tu es la nuée t’arrose qui
Bénie des gémeaux déverse en abondance

    ¤. L’aigle d’Omar Abu Risha (Syrie : 1910-1990), dans Le  Dawan, Le Recueil, Ed.  Dar Al Awda, 1971 :

  + «Le pied du mont est devenu aire d’aigles   
Soyez  ire sommets des monts révoltez-vous
Certes une plaie a un cri faites-le  entendre
A l’ouï du monde tel un sifflement  d’enfer
Ramassez ô cimes des monts les restes de
L’aigle et jetez-les à la face des époques
L’aigle  se relève en se tordant de faim
Sur un pan de  bête sur le sable délaissé
Tandis  que de frêles oisillons  le piquent
De tout fragiles crocs et de courts becs  
Un frisson le saisit  de fureur et d’orgueil
Et il en éprouve la secousse  enfiévrée
Et s’envole portant à l’horizon poussière
Les débris d’un corps charpente délabrée
Et atterrit inerte au plus haut sommet
Giron de son nid et de son aire désertée
 www.adab.com , p.1.

    ¤. L’automne de Yusuf Ghassub (Liban : 1893-1972), dans Al Awsaja al Multahiba, La ronce enflammée, Ed.  Dar Al Nahar Li Nachr, 1987 :
    + «L’automne a versé au sol ses feuilles
Et se sont dispersées comme des larmes
Des branches que d’habitude elles serrent
Elles tombent  en mes mains tremblantes
Quand elles palpitent on dirait mes flancs
Et leur froissement on dirait mes soupires
Les soupires d’un poitrinaire au bref jour
Leur vie a des heures tout à  fait comptées
Eparpillez-vous Ô palpitantes en plein air
Votre vie est aussi courte que la mienne
www.plus.google.com , p.1.
      4. Les publications des poèmes parallèles arabes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-1921 :

    De plus, des publications de poèmes parallèles arabes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe dans l’enseignement secondaire et supérieur marocains, citons de notre corpus notamment :

      ¤. Fi à la ville d’Elia Abu Madi (Liban : 1890-1957), in Um al Qura, la revue Al Mawsu’a Al ‘Ilmiya Li Chi’r, la revue l’Encyclopédie mondiale de la poésie, 2005 :

     + «Fi à la ville  la geôle de l’esprit
Des intellos et l’enfer des libé
Nul  n’y est son propre maître
Dieu enviable sont les villages
A un jeune isolé libre penseur  
Si tu veux rompre tous tes fers
Regarde le corsage nu du ciel  
Et va en plein jour une fois fini
Va à la lueur de la lune la nuit
La chute de Milfred sans fond
Mouille de larmes ses rochers
Ne cesse-t-il d’en laver les maux
Que j’envie les gens des villages
Beaux étaient ma nuit et jour
www.adab.com , p.1.

       ¤. Chaque fois que j’écris ton nom sur mes cahiers  d’Ibrahim Chuwahna  (Palestine : 1998-), in la revue Dounia  Al Watan, Le Monde de la Patrie,  le 25-11-2018 :
 
        + «La pluie Ô Hanane, alors que je te décris la chute de la pluie... je vais te laisser mouiller par elle... ce qu’a dit Eduardo Galeano... et en peinture le roman dit que l’empereur chinois a demandé au peintre d’effacer les chutes d’eau des peintures du palais car leur murmure
l’empêche de dormir... et en poésie.. Chaque fois que j’écris sur tes yeux..  je reste effaré que tu me reconnaisses
De  plus.. Chaque fois que j’écris ton nom sur mes cahiers, il devient fleurs de jasmin, au point que les parfumeurs l’ont adopté pour l’écrire sur les fioles.. Chaque fois que je suis à bout je me souviens de toi.. et mon souci se dissipe.
Ne réponds-tu pas à mon appel ??.. Tu lâches ce que tu as en mains et tu viens à moi.. comme médecin répondant à un appel au secours..
Je me souviens de toi..  sincère et  franche, aimante.. par pur amour
       ¤. La poésie c’est la vie elle-même  d’Abou el Kacem Chebbi (Tunisie : 1909-1934), in la revue  Al Wassat Al Tunusiya, Le Milieu Tunisien,  le 04-01-2010 :
  
        + «La poésie c’est la vie elle-même... dans sa beauté et sa laideur  dans son silence et son bruit
dans son calme et sa révolte, dans son sommeil et son réveil et dans chacune de toutes les images et chacune de toutes ses couleurs
La poésie  est-ce qu’on se demande ce qu’est la poésie ?
La poésie Ô mon ami  c’est ce que tu entends et ce que tu vois dans le bruit du vent et le grondement de la mer  et dans le sourire de la fleur confuse au-dessus de laquelle bourdonnent les abeilles et autour de laquelle tourbillonnent les chrysalides, et dans la mélodie gazouillante qu’émet l’oiseau dans l’immense espace, et dans le bruissement du ruisseau songeur ronronnant entre les champs et dans le grognement du fleuve se précipitant vers les mers et dans le lever du soleil et le scintillement des étoiles et dans tout ce que tu vois et tu entends et que tu abhorres et que tu aimes et dans ce à quoi tu t’habitues et que tu crains. Est-ce qu’après cela tu me demandes ce qu’est la poésie ?»

     ¤. Voyageur  de Mahmoud Hassan Ismaïl (Egypte : 1910-1977), dans Forum du Centre International des Chansons (Arabic Songs), poème interprété, en  1954, par Mohammed Abdel Wahab (1913-1991) :
  
    + «Voyageur muni d’imaginaire
De charme de parfum et d’ombres
Altéré le verre aux mains
D’amour d’art de beauté
Sur son sol ont vieilli  les nuits
Et les monts y ont usé la vie
Les gens enivrés d’amour
Errant sur ta vaste rive
Ô pour ton horrible secret
Et vagues errantes inouïes
Ô Nil charmeur d’inconnus 

       De ce fait, il s’avère que le parallélisme des poèmes de la récitation en français et en arabe dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains coïncide parfaitement au sein de notre corpus, avec cette caractéristique que certains textes y  co-occurrent entre le secondaire et le supérieur, d’autant plus que les textes  des manuels, des recueils et des publications produits ou traduits en arabe des poèmes parallèles arabes, hors manuels librement choisis, comme supports de textes de récitation poétiques en arabe font écho aux textes français dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1912-1921.

      V. Les idéaux les effets et les paris de la récitation en arabe et en français des textes poétiques  dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2019 :

       A propos des idéaux démocratiques universels des lumières, les effets et les paris de la récitation en arabe et en français des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains, hérités de l’époque du protectorat franco-espagnol : 1956-2016, il est à reconnaître avec Marie-Laetitia des Robert-Helluy, à cet égard : «Le rapport au national s’apaise ainsi en se décentrant de la mémoire. L’heure est désormais à l’affiliation avant tout culturelle, et à l’adhésion aux valeurs héritées des Lumières, avec l’école pour acteur central. […] L’école est dans ce second contexte générationnel, un vecteur central d’affiliation nationale car premièrement, elle assure la transmission de la langue française [v. ici de la langue arabe] et de ses grandes œuvres, dans la référence aux idéaux démocratiques hérités des Lumières [de valeurs nationales et universelles].» - «L’école est un vecteur central des idéaux démocratiques des Lumières», www.webcache.google usercontent.com , pp. 177-203. Il est à retenir en ce sens notamment :

      1. Les idéaux démocratiques universels de la récitation en français et en arabe des textes poétiques produits par des auteurs dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2019 :

      Pour ce qui est des idéaux démocratiques universels de la récitation en français et en arabe des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2018, il s son à rechercher du côté des textes poétiques de la récitation dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains produits par les auteurs, quitte à prendre en considération positivement cette remarque de Khalid Ben-Srhir, dans des : «Ouvrages « conçus dans l’intention […] de servir de support écrit à l’enseignement d’une discipline au sein d’une institution scolaire», les manuels se caractérisent par leur «impossible neutralité », pour reprendre la formule d’Alain Choppin : « Le choix de la langue […] et du style […], la sélection des sujets et des textes [v. ici des textes poétiques de récitation], l’organisation et la hiérarchisation des connaissances, obéissent à des objectifs [v. des idéaux] politiques, moraux, religieux, esthétiques, idéologiques [écologiques], le plus souvent implicites.» - «Étude comparative des manuels d’arabe en usage dans le Maroc sous protectorat français (1912-1956) », Op.cit. pp. 110-131. Pour reprendre ici Elsa Caron, les idéaux de la récitation poétique s’inscrivent dans la démarche interculturelle suivante : «La poésie [v. la récitation poétique], de par sa polysémie, sa polyphonie, et parfois son mystère, constitue à nos yeux un instrument intéressant pou aborder la question de l'interculturel et du contact avec la culture de l'autre. […] La démarche interculturelle entraîne en revanche la prise en compte de trois dimensions nouvelles : les connaissances liées à la mémoire collective [poèmes aux thèmes parallèles en arabe et en français], à la diversité des modes de vie et aux contextes socioculturels des sociétés cibles [v. versions en français et arabe de poèmes traduits]. » - « Créer des lieux de rencontre interculturelle à l’université: le théâtre et la poésie comme supports », Op.cit., p.1. Ce dont ressortiraient les idéaux démocratiques universels de la récitation en français et en arabe des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2019, suivants :
                                                                                                                                                  
      a- Les idéaux des connaissances liées à la mémoire collective des sociétés cibles de la récitation en français et en arabe des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains.

      b- Les idéaux liées à la diversité des modes de vie des sociétés cibles de la récitation en français et en arabe des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains.

      c- Les idéaux liées aux contextes socioculturels des sociétés cibles de la récitation en français et en arabe des textes poétiques dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains (v. textes poétiques en français et en arabe, cités à titre d’exemples, ci-dessus).

      2. Les effets et les paris de la récitation en français et en arabe des textes poétiques  dans l’enseignement marocain : 1956-2016, traduits ou publiés choisis hors manuels dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2019 :  

      Toutefois, il est à considérer les effets et les paris de la récitation en français et en arabe des textes poétiques  dans l’enseignement marocain : 1956-2018, traduits ou publiés choisis hors manuels dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur marocains : 1956-2018. Dans cette optique, il faut relever les effets et les paris de la récitation en français et en arabe des textes poétiques  dans l’enseignement marocain, suivants :

       a. Les effets et les paris de lecture, d’écoute et d’assurance des pratiques de mémorisation de la récitation en français et en arabe des textes poétiques  dans l’enseignement à l’école primaire et au collège marocain, dont Anne-Élisabeth Halpern relate :

   «L’un des moyens simples d’introduire la poésie au premier cycle du collège est tout bêtement la récitation, sans avoir d’autre prétention que de faire lire ces textes et les proposer à l’écoute, sans vouloir non plus en donner nécessairement explicitations et justifications techniques. D’abord, la récitation rassure les collégiens en classes de Sixième et de Cinquième, les ramenant à l’enfance, à des pratiques de mémorisation qui ont été celles de l’école primaire.» - «Récitation, poème et poétique : quelques propositions pour l’enseignement de la poésie du collège à l’université»,
Op.cit., p.1.

       b. Les effets et les paris du  comment dire linguistique libéré de la rhétorique et du discours politique nocifs des relations humaines de la récitation en français et en arabe des textes poétiques  dans l’enseignement au lycée marocain, dont la même auteure écrit : 

      «La poésie au lycée [v. la récitation en français et en arabe des textes poétiques] répond à la question lancinante du « comment dire ? », et console les adolescents de cette sensation qu’ils ont de ne pas être compris, ne serait-ce que linguistiquement. Au fond l’étude de la poésie au lycée est une formidable école de liberté, de la puissance libératrice du langage, du pouvoir de la rhétorique sur nos vies, de la supériorité de l’intelligence sur la décérébration par les discours politiques. Yves Bonnefoy, dans un entretien soulignait que « ce que cherche la poésie, c’est à déconstruire les idéologies, et celles-ci sont actives, autant qu’elles sont nocives dans toutes les relations humaines.» - Récitation, poème et poétique : quelques propositions pour l’enseignement de la poésie du collège à l’université», Op.cit., ibid.

      c. Les effets et les paris de souplesse ou de doute de classification et de modélisation systématique des formes des cours par genre de l’enseignement de la poésie  de la récitation en français et en arabe des textes poétiques  dans l’enseignement à  l’université marocaine, dont la même précise : 

    «Si l’université s’y entend à classifier et à modéliser les formes, à proposer des cours par genre, l’enseignement de la poésie [v. la récitation en français et en arabe des textes poétiques, depuis l’école primaire] peut introduire de la souplesse ou du doute dans ces classifications, et, partant, dans toute classification qui se prétendrait systématique.[...] Au fond, l’enseignement idéal de la poésie à l’université a peut-être la délicate mission d’articuler deux discours antinomiques : la poésie comme expression de la vie [...] et la poésie comme [...], comme transgression éthique et rhétorique, en somme le hors-sujet et hors-jeu d’un sujet.» - «Récitation, poème et poétique : quelques propositions pour l’enseignement de la poésie du collège à l’université», Op.cit., ibid.
     En conclusion, il resurgit de ce bref tour d’horizon de la question de : «La récitation en arabe et en français des textes poétiques dans l’enseignement primaire secondaire et supérieur marocains: 840-2019», que cette discipline apparemment dénigrée [v. entre autres et à tort la récitation poétique] est toujours prometteuse et regagne d’intérêt, depuis un certain temps, tant en France qu’au Maroc, ce à quoi appelle instamment la recherche et l’actualité politique, dans ce domaine, ce qui fait dire objectivement et positivement à Rahma Bourqia : «L’évolution et le développement du système d’éducation et de formation marocain, organisé en niveaux primaire secondaire, professionnel et supérieur [v. ici, entre autres, l’apport linguistique de la récitation des textes poétiques en arabe et en français, dans les trois cycles, sus-indiqués, de l’enseignement marocain] ont certainement contribué, depuis l’indépendance du Maroc en 1956, à produire des générations de scolarisés et de diplômés. Mais aujourd’hui, l’école fait objet d’interrogations sur sa capacité à se mettre au niveau des défis d’une éducation et formation du XXIe siècle.» - «Repenser et refonder l’école au Maroc : la Vision stratégique 2015-2030», www.Jour nals.openedition.org, pp.18-24.
                                                                                                         Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED