LES POÈTES JUDÉO-MAROCAINS UN PATRIMOINE VIVANT
COMMUN À PRÉSERVER : 920-2022
Dr. SOSSE ALAOUI Med.
A explorer,
en un bref tour d’horizon panoramique une part du corpus de la poésie
judéo-marocaine, avec un pan médiéval judéo-arabo-andalou-musulman, nous
essayerons d’en cerner les contours historico-géographiques à travers le thème :
«Les poètes judéo-marocains un patrimoine vivant commun à préserver :
920-2022». En ce sens, Joseph Chétrit évoque précisément : «Depuis le
Moyen Age, les pratiques musicales et poétiques juives de l'Occident musulman
ont évolué en étroite dépendance avec celles qui se sont développées chez les
musulmans dans l'aire culturelle hispano-musulmane et arabo-berbère. Les raisons
de cette connivence furent nombreuses. L'imbrication des élites intellectuelles
juives dans la création culturelle musulmane et même, à certaines époques et
sous certaines dynasties, […] ont généré des terrains de savoir commun, de
transmission et de coopération, dont les retombées sont inscrites dans
l'intense production intellectuelle juive, médiévale et ultérieure, aussi bien
en judéo-arabe médiéval qu'en hébreu.» - « Les pratiques poético-musicales
juives au Maroc et leurs rapports avec les traditions andalouso-marocaines», www.cairn.info,
p.1. D’où donc chronologiquement les sous-axes thématiques suivants :
I. Les poètes médiévaux
judéo-marocains un patrimoine andalo-marocains vivant commun à préserver :
920-1792.
II. Les poètes contemporains
judéo-marocains défunts un patrimoine judéo-marocain vivant commun à
préserver : 1823-2010.
III. Les poètes contemporains
judéo-marocains vivants un patrimoine judéo-marocain vivant commun à préserver :
1936-2022.
I. Les poètes médiévaux judéo-marocains un
patrimoine andalo-marocains vivant commun à préserver : 920-1792 :
S’inscrivant à priori ici dans la période historique
Pré et Post-Chute de la Grenade islamique par le Reconquista, catholique (en
1492), entre langue arabe et langue hebreu combinées, alternant entre verbe
poétique et sa mise en musique et chant, il y lieu d’aborder globalement en
sous-axes thématiques outre la production littéraire des poètes médiévaux
judéo-marocains, celle de leurs productions contemporaines défunts et vivants en
tant qu’un patrimoine andalo-marocains vivant commun à préserver : 920-1792. A
ce propos, Sami Sadak relève, en somme : «Les Juifs expulsés d’Espagne
[d’Andalousie arabo-musulmane] constituaient une population hétérogène : ils
venaient des différents centres du judaïsme espagnol [judéo-arabo-andalous],
chacun étant marqué par son propre style poétique et sa tradition spécifique.
[…] Après le XVe siècle et l’expulsion des Juifs d’Espagne qui mit fin à
l’existence de cette communauté, on vit s’épanouir le piyyut de style espagnol
du Yémen jusqu’à la Tunisie et du Maroc [v. les poètes judéo-marocains, andalou
et arabe] jusqu’à Alep (…). À la différence du piyyut ancien ou classique, le
piyyut espagnol [v. les poètes arabo-andalous] emprunta à a poésie arabe
qasidah de nombreuses caractéristiques formelles de première importance dans le
domaine de la rime et du rythme. C’est ainsi que les procédés métriques de la
poésie arabe [arabo-andalou-musulmane] furent adaptés à la poésie hébraïque
sous le nom de yetodot (1967).» - « Transculturalité et identité musicale
dans les Répertoires judéo-espagnols », www.core.ac.ukf , pp.231-232. Dans
cette optique, citons à titre d’exemples :
1. Le poète médiéval judéo-marocain de Fès, au Maroc,
en Andalousie musulmane, Dounash ben Labrat un patrimoine andalo-marocains
vivant commun préserver : 920-990 :
Né en 920, à Fès,
au Maroc, et mort en 990, à Cordoue, en Espagne, Dounash ben Labrat, dont le
nom hébreu semble être Adonim Halevy, est un poète et grammairien
judéo-marocain. Il émigre en Espagne. Il est le premier à utiliser la métrique
arabe dans sa versification, inaugurant un nouveau style poétique en hébreu, et
sa polémique avec Menahem ben Sarouḳ a fortement contribué à l'âge d'or de la
culture juive en Espagne. Il fit état des vertus du vin tiré de plantes mêlé à
la musique comme béatification mystique thérapeutique remettant le patient sur
pied en une nuit :
«Il dit : Ne dors pas. Bois des vieux
vins
avec myrte et
lys, henné et aloès,
dans un verger de
grenades, palme, et vignes
plein d’agréables
plantes et tamaris, au son des fontaines
et battement de
luth,
au son des
chanteurs, flutes et lyres.
Les matins je me
lèverai avec la santé de taureaux d'abattage
et le choix entre
béliers et veaux. »
قال لى: اشرب خمر
معتق
مع الآس، والزنبق، والحناء والصبار،
في بستان رمان،
ونخل، ودوالي
غص بأطيب النبات
والأثل، على نبض النفورات
وإيقاع الأعواد
وصوت المغنين، والنايات والقيثارات.
وفي الأصباح أفيق
بصحة ثيران الذبح
واختيار ما بين الحملان والعجول.
www.webcache.googleusercontent.com,
p.1
2. Le poète médiéval judéo-marocain
de Cordoue, en Andalousie musulmane, Moïse Maïmonide un patrimoine
andalo-marocains vivant commun à préserver : 1138-1204 :
Né en 1138, à Cordoue, en Andalousie
musulmane, et mort en 1204, à Fostat, en Egypte, Maïmonide, Moïse
Maïmonide, Moshe ben Maïmon, HaRav Moshé ben Maïmon, Abou Imran Moussa ibn
Maïmoun ibn Abdallah al-Kourtoubi, al-Yahoudi, Moyses Maïmonides, HaRambam,
(est un rabbin séfarade, philosophe et poète judéo-marocain. Après la prise du
pouvoir par l’Almohade Abu Yakub Yusuf, Andalousie (1163) et la persécution des
juifs (1165), il fuit se cacher à Fès avec sa famille. Puis, ils se rendent, en
Égypte (1166), puisque la vie en Terre Sainte était mouvementée par les
Croisades. Après n Alexandrie, il se fixe à Fostat, Le Caire, et y vivra
jusqu’à sa mort. Sur Moreh han Nebukhim ou Le poète satiriste Nahmanide, Mo'ise
bar Nahman (1194-1270), clame sur le "Guide des égarés" de
Maïmonide, prônant sa méthode chercher a vérité sur le miracle, preuve et
documents à l’appui :
Ma pensée court infiniment car je voudrais
résoudre des
mystères non encore résolus.
je n'accepterai de preuves que si elles sont
tout à fait
claires et sans méprise,
mon coeur n'y croira que si les réponses sont
convaincantes et solides.
Et maintenant je possède des témoignages irréfutables en
ce qui concerne les miracles. Je me base sur des
documents écrits
0 Moreh han-Nebukhim, il y a une contention au
sujet
de la prophétie en ce qui te concerne.
mais ce n'est pas l'œuvre originelle de mon
rabbi, Dieu
nous en préserve ! C'est l’œuvre de traducteurs qui se
sont écartés du droit chemin.
(Ma pensée court infiniment, Littérature et
Poétique
des Marches, www.pure.uva.nl, pp. 150-152)
فكري يعدو لما لا نهاية لأنه قد يحاول حل
الأسرار التي لم تحل بعد.
سوف لن أصدق البراهين إلا إذا كانت كليا
واضحة ودون خطأ،
قلبي لن يؤمن بها سوى إذا كانت الأجوبة
مقنعة ومتينة.
والآن لدي شهادات غير قابلة للنفي فيما
يتعلق بالمعجزات
يا مريه هان نابوخيم، هناك خلاف. أعتمد
على
وثائق مكتوبة
يا مرهيم هان نابوخيم، ليس هناك خلاف في
موضوع
النبوة فيما يتعلق بك.
ولكن ذلك ليس عمل حاخامي، الإله
يحفظنا من ذلك! إنه عمل المترجمين الذين
حادوا عن الطريق المستقيم.
www.pure.uva.nl, p.1.
3. Le poète médiéval judéo-marocain de
Castille Moïse Abensur un patrimoine andalo-marocains vivant commun à préserver :
1630-1706 :
Né en 1630, à
castille, et mort en 1706, Fès, au Maroc, Moïse Abensur est un auteur
judéo-marocain. Il est descendant de Moïse l’Hebreu, venu s’installer à Fès,
après l’exil d’Espagne de 1492. Il est
l’auteur de : Cymbales retentissantes (1712), etc.
Ah ! Qu’il
est bon, qu’il est doux de se lever avant l’aube,
d’accourir aux
portes de la synagogue, ce micro-sanctuaire,
pour ‘garder les
montants’ de s’y retrouver parmi les dix
premiers du
quorum, de consacrer le dernier quart de la
nuit à invoquer
le Saint Béni soit-Il, dans l’humilité de la
prière et
l’allégresse du chant, d’être le guetteur du matin
[…], en entonnant
dans un flot de larmes, dans le
tremblement et la
crainte le psaume de ‘la Biche de l’Aurore’.
Moïse Aben Sur, Etudes et recherches sur la
poésie juive
au Maroc, Haïm
Zafrani, www.persee.fr, p.576)
آه! كم هو جيد، كم هو
لطيف القيام قبل الفجر،
للجري إلى أبواب
الكنيس، ذاك الضريح المصغر
‘لحراسة العضاضات' للتواجد من بين العشرة
الأوائل من النصاب،
وتخصيص الربع الأخير من
الليل في استحضار
القدسية المباركة، في تواضع
الصلاة ومرح الغناء، لتكون مراقب الصباح
[...]بإنشاد في تدفق الدموع، في
ارتعاش وخشية مزمور 'غزالة الفجر
www.persee.fr, p1.
4.
Le poète médiéval judéo-marocain de Fès, au Maroc, Yaakov Abensur un
patrimoine andalo-marocains vivant commun à préserver : 1673-1753 :
Né en 1673, à Fès,
et mort en 1753, à Tétouan, au Maroc, Yaakov Abensur, ou Jacob ben Reuben ibn Ẓur,
est un poète mystique judéo-marocain. Il a étudié auprès du rabbin Vidal
Serfaty et le rabbin Menahem Serero. Il est nommé rabbin juge de la ville,
durant trente ans (1693-1704). Puis, il part pour Meknès où il devient juge
rabbinique pour onze ans, puis il se déplace vers Tétouan où il assume la même
fonction pour une même durée. Reproduisant en lettres hébraïques, ici, la
qasida de Sidi Qaddûr El Alami, dédiée à la femme aimée qui l’a quitté le
laissant dépérir de peine et d’épreuves physiques et morale par nostalgie d’un
à jamais perdu. Ce poème a est entendue chanter par le malhun à travers tout le
Maroc et les pays maghrébins, ce dont :
«Comment l’aimé
de cœur m’a-t-il cruellement abandonné, ne
Laissant après
lui que son visage, ses traits et sa silhouette.
Puissé-je jamais
voir l’image de son éclatante beauté dans l’orbe
resplendissant de
la pleine lune.»
(Reprise en lettres hébraïques, de
la qasida de Sidi
Qaddûr El Alami,
1704, par Yaakov
Abensur,
, Haïm Zafrani, 1983, p.217)
كيف يسلا اللي تفرق على حبيو، اللي
فقد به صوابو، اللي بقى وحيد، في شقا دارو
كيف محبوب قلبي بقسوة خلاني، واش
ما باقيش ابدا نشوف صورتو الزاهية في الارب
تسطع في البدر التام
www.ooks.google.co.ma, p.1.
II.
Les poètes contemporains judéo-marocains défunts un patrimoine judéo-marocain
vivant commun à préserver : 1823-2010 :
Des poètes
contemporains judéo-marocains défunts un patrimoine judéo-marocain vivant commun
à préserver : 1823-2010, le souvent passés sous silence, ou exceptionnellement
récupérés des proches et publiés []ou republiés, Guy Dugas en plaint le
sort, un exemple à l’appui, en évoquant : « L’engouement dont
bénéficie la littérature maghrébine d’auteurs arabo-musulmans tend à laisser
dans l’ombre deux autres deux autres productions inspirées au même titre par
l’Afrique du Nord : […] la littérature judéo-maghrébine [v. ici judéo-marocaine].
Mais, si l’une fait, bon an mal an, l’objet de quelques recherches d’envergure,
l’autre est longtemps restée sous-estimée, au mieux associée dans l’esprit des
chercheurs à la précédente, au pire carrément négligée, passée sous silence.
Plus que d’un oubli ou d’un dédain quelconques, ce désintérêt semble provenir
d’une difficulté à isoler et à limiter ce corpus : d’une part, le seul
critère de classement communément retenu […] est ethnique et largement hérité
du concept, fort approximatif, de littérature nationale [v. ici marocaine] […], il existe quelques écrivains
[…] dont les ayants droit, volontaires et attentionnés, entretiennent
pieusement le souvenir et les archives, en attendant leur retour en grâce.
Ainsi Isaac Knafo, originaire de Mogador [v.
du Maroc] et qui, avant
de donner dans le journalisme, enseigna dans plusieurs écoles de l’Alliance au
Maroc. Après l’indépendance du Maroc, il émigre en Israël où il ne cesse
d’écrire jusqu’à sa mort […], sans se préoccuper de publication. De son vivant,
Isaac Knafo publia essentiellement des recueils poétiques […], mais il est
aussi l’auteur […] d’un imposant Mémorial de Mogador. Nourritures, contes,
personnages. (Jérusalem, 1993) que ses héritiers s’emploient à publier […],
avec beaucoup de courage et de ténacité.» - « La littérature
judéo-maghrébine d’expression française », www.webcache.googleusercontent.com,
p.1. A titre d’exemples citons notamment :
1. Le poète contemporain judéo-marocain
défunt de Sefrou, au Maroc, Rabbi Raphael Moshe Elbaz
un patrimoine judéo-marocain
commun à préserver : 1823-1896 :
Né en 1823, à
Sefrou, et mort en 1896, au Maroc, R. Raphaël Mosché Elbaz est un poète
mystique judéo-marocain. Il est le fils et petit-fils de deux rabbins de R.
Yéhouda Elbaz et R. Samuel Elbaz. Il est nommé juge rabbinique à l'âge de
vingt-huit ans. Il est l’auteur de : en jurisprudence : Halakha lemosché, Zivhé tsédéq, Hatsar
hamishkane, Séfér keritout, Shomér shabbat, Kanefé yonah, Tourbats héhatser, en
éthique : Parashath hakassef, Arba'a shomerim, Shomer tokhahath, en
mystique : 'Atéréth paz, 'Édéne miqédém, 'Éth qéts, en chants et poésie :
Shir hadash, Holath ahavah, en sciences : La logique, les mathématiques, les
sciences naturelles, l'algèbre, la musique, la théologie et l'astronomie, etc. Il
prône en poésie une prière adressée à Dieu créateur et dispenseur de son être,
sous forme de psaume en reconnaissance de ses bienfaits, à titre de rituel
personnel, mais aussi à donner en exemple didactique d’ode de piété, à suivre
par ses coreligionnaires.
Oh mon Dieu et le
seigneur de mon aspiration
Oh celui qui créa
les corps.
C’est toi qui
t’es occupé de la nourriture de tes serviteurs.
C’est toi qui m
́accordes ma nourriture pendant toute ma vie
Comme tu as
nourris tous tes serviteurs.
(Raphaël Mosché
Elbaz, Identité
culturelle
collective et minorité
juive au Maroc
précolonial, Gabriel
Abderrahman El Khili,
2000,
www.duo.uio.no, p.68)
يا ربي ويا سيد طموحي
يا أيها الذي خلق الأبدان.
يا أيها الذي يكفل طعام عبادك
أنت الذي تمدني طعامي طول
حياتي
كما أطعمت كل عبيدك
www.duo.uio.no, p.1.
2. Le
poète contemporain judéo-marocain défunt de Marrakech, au Maroc, David Bouzaglo
un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1903-1975 :
Né en 1903, à Marrakech, et mort en 1975,
à Tel Aviv, David Bouzaglo est un rabbin poète mystique judéo-marocain. Il
continue de l'être pour tous les juifs marocains, tant en France, au Québec, en
Israël qu’au Maroc. Il immigre en Israël (1965). C’est un modèle et une
référence comme poète mystique, rabbin et chantre judéo-marocain. Il dirige
durant plusieurs décennies, la traditionnelle cérémonie des bakkachot, supplications,
au cours de laquelle les juifs d'Orient et ceux de l'Empire Chérifien se
réveillent avant l'aube pour chanter dans leurs synagogues des textes et des
poèmes religieux sur des airs de musique andalouse. Il
Je raconte tes
merveilles, Roi, Saint habitant l’éternité
Tu as été ton
serviteur jusqu’au terme de ton voyage ;
Tu l’as conduit
jusqu’à la ville des palmiers
Les fleuves et
leurs affluents réjouissent le désert et les
Contrées arides.
Du Ziz vient leur
prospérité, la terre féconde, l’orge et le blé
C’est le temps
des amours, fiancées,
viens dans mon
jardin. La vigne a
fleuri ; Un
grenadier a bourgeonné.
(Je raconte tes
merveilles, David Bouzaglo,
Deux mille ans de
vie juive au Maroc :
histoire et culture,
religion et magie, Haïm
Zafrani, 1983,
www.books.google.co.ma,
p.89.
نحكي عجايبك، يا ملك، يا والي، ساكن الازل
دليتها حتى لمدينة النخل
الويدان وسواقيها فرحو الصحرا
والقيفار القاحلة
من زيز جات نعايمهم، أرض الخير، القمح والشعير
هذا زمن المحب، والخاطيبات،
تعالى إلى بستاني. الكرم
قد
أزهر؛ وشجرة رمان قد تبرعمت.
www.moreshet-morocco.com, p.1.
3. Le poète contemporain judéo-marocain
défunt de Sefrou, au Maroc, David Ovadia un patrimoine judéo-marocain commun à
préserver : 1913-1978 :
Né en 1913, à Sefrou, près de Fès, et mort en 1978, à Jérusalem, David
Ovadia, est un rabbin et poète en hébreu judéo-marocain. Il met en vers pieux
avec ferveur le texte de l’adoration du Dieu unique, ses anges ses prophètes, à
glorifier, à bénir et à magnifier en toute humilité, sous une forme d’ode
liturgique, exaltant à quel point la coexistence religieuse au monde est si aisée
et si glorieuse.
Il est Un mais nul n’est unique comme
son unicité.
Il est béni par la bouche de toute
créature.
Sa bonté est infinie,
Ses voies sont sublimes et
prodigieuses.
Et qui, parmi les anges, pourrait lui
ressembler ?
Pur est son monde, grâce et charité.
Il est seul au ciel mais le monde est
plein de sa gloire.
C’est son Nom qu’à jamais entonnent
les monarques, Ils en témoignent.
Ses hauts faits sont contés par les
divers prophètes. Notre chair se hérisse de sa crainte…
Qu’il soit magnifié jusqu’à la fin
des temps.
(David Ovadia, Les veilleurs de l'aube,
Victor Malka, 1996).
هو الأحد لكن لا شيء وحيد كوحدانيته.
يسبح له من فم كل مخلوق.
خيره بلا نهاية،
سبله خلابة ومذهلة.
ومن، من بين الملائكة، قد يستطيع أن يشبهه؟
نقي عالمه، رحمة وسخاء.
هو وحده في السماء لكن العالم مليء بمجده.
فباسمه أبدا يلهج الملوك، وبه يشهدون.
تحكى إنجازاته من طرف مختلف الأنبياء.
يقشعر جلدنا من خشيته...
www.moreshet-morocco.com, p.1.
4.
Le poète contemporain judéo-marocain défunt de Safi, au Maroc, Edmond Amram
El Maleh un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1917-2010 :
Né en 1917, à
Safi, et mort, en 2010, à Rabat, Edmond Amran El Maleh, est un écrivain, poète
et intellectuel judéo-marocain. Il et responsable du Parti communiste marocain
clandestin, militant pour l'indépendance du Maroc. Il devient professeur de
philosophie au lycée, à Casablanca. Cessant toute activité politique, il quitte
le Maroc pour s'installer, à Paris (1965). El Il y est professeur de
philosophie et journaliste. En 1980, il se met à écrire des romans et un
recueil de nouvelles, célébrant une mémoire du Maroc arabe, berbère et juif. Il
revient au Maroc après la mort de sa femme. Il est l’auteur de : Parcours
immobile (1980), etc. Il chante en poésie érotique quasi mystique le vin, la
musique instrumentale de luth, s’invitant en compagnie de luth, à une sorte de
pèlerinage de jeunes célibataires, en une baignade rituelle collective, une sorte
de transe, au bord de l’eau, à Salé, près de Rabat, donnant, à la fois, sur le
fleuve Bou Regreg et l’Océan atlantique, sorte de point de jonction musicale
extatique et spirituel reliant un soi lyrique aux autres en quête d’amour
d’un amant entre colombes envolées et les vents :
Emmène-moi
apprends-moi le luth !
O garçon ! apprends-moi le
luth !
Afin que me soit agréable le verre de
l’amant !
Les colombes des vents
Ont pris leur essor et se sont
envolées
Vers Salé, en quête d’onde fraîche.
Les jeunes célibataires (aussi y sont
en train de se baigner.
Emmène-moi !
Un caftan violet
Mon bien-aimé s’en revêtira,
Et viendra à ma maison,
Quinze jours (y séjournera).
Emmène-moi !
(Edmond Amran El Maleh, Deux mille
ans de vie juive au Maroc :
histoire et
culture, religion et magie, Haïm
Zafrani,
1983, www.books.google.co.ma, p.217
خذني معك علمني عزف العود!
يا فتى علمني عزف العود!
حتى أجد لطيفا كأس الحبيب!
وحمائم الرياح
أقلعت وطارت
نحو سلا، بحثا عن ماء بارد.
العزاب الشباب (به أيضا لا زالوا يستحمون.
خذني معك!
وقفطان بنفسجي
محبوبي سيرتديه،
وسيأتي إلى بيتي،
خمسة عشر يوما (به سيقيم).
خذني معك!
www.persee.fr, p.1.
5. Le poète contemporain judéo-marocain
défunt de Casablanca, au Maroc, Albert Bendayan un patrimoine judéo-marocain
commun à préserver : 1947-1976 :
Né en 1947, à Casablanca, et mort en 1976,
à Tanger, au Maroc ; Albert Bendayan est un poète, penseur autodidacte
judéo-marocain. Il a connu une brève existence, emporté par la maladie. Il
s’exprimait en français et en espagnol. Il exalte en sorte de psaume liturgique
du soir, moment propice de prières silencieuses, d’espoir et rêve optimiste,
levés de tout cœur par les chants au ciel divin siège de soleils des jours, des
lunes et des étoiles des nuits contre l’infortune et le mauvais sort éventuels.
Lentement, le soir
s’achève
sur un doux rêve
d’espoir.
Avec, en nos lèvres des prières
muettes et des chansons
qui sont fières
Avec, en nos cœurs,
des étoiles d’or
et des soleils et des lunes,
et parfois, aussi, l’essor
affreux d’une infortune.
(Albert Bendayan, La voix
séfarad, 1979,)
numerique.banq.qc.ca, p.1.
ببطء، المساء
انتهى
على حلم لطيف
من الأمل.
ومع، على شفاهنا صلوات
صامتة والأغاني
التي هي فخورة
مع، في قلوبنا،
أنجم من ذهب
وشموس وأقمار
وأحيانا أيضا، انطلاق
سيء لمصاب
www.numerique.banq.qc.ca, p.1.
III. Les poètes contemporains
judéo-marocains vivants un patrimoine judéo-marocain vivant commun à
préserver : 1936-2022.
Concernant les poètes contemporains
judéo-marocains vivants un patrimoine judéo-marocain vivant commun à préserver
: 1936-2022, marqués foncièrement par l’exil et la diaspora, M. Echtild G.
Ilzmer, révèle les traits thématiques dominant de leurs poésies, vis-à-vis
d’eux-mêmes et du Maroc, en soulignant : «Face au judaïsme des Juifs
d’Europe centrale qui parlent entre eux le yiddish et qui ont d’autres coutumes
et traditions, le Juif marocain se sent étranger. Selon des témoignages
recueillis par Mikhaël Elbaz, cette confrontation avec une autre culture juive
a provoqué un déplacement de l'identité originelle marocaine vers l'air
culturel Selon des témoignages recueillis par Mikhaël Elbaz, cette
confrontation avec une autre culture juive a provoqué un déplacement de
l'identité originelle marocaine vers l'air culturel séfarade. « Face aux Juifs ashkénazes
anglophones, les Juifs marocains éprouvent un sentiment d’étrangeté : ni les
rites religieux, ni la langue ne les rapprochent, et ils vont donc se retrouver
Juifs sépharades francophones » (ibid., 177). En découvrant séfarade. « Face
aux Juifs ashkénazes anglophones, les Juifs marocains éprouvent un sentiment
d’étrangeté : ni les rites religieux, ni la langue ne les rapprochent, et ils
vont donc se retrouver Juifs sépharades francophones » (ibid., 177). […] Après
avoir quitté le Maroc, il a d’abord vécu en France et en Israël pour
s’installer enfin au Québec., p.12. […] Cette existence d’un nomade en transit
permanent est exprimée également dans les poèmes de Georges Amsellem, né en
1947 à Midelt dans le Moyen Atlas [au Maroc] et petit-fils du Grand Rabbin
Chélomo Amsellem [v. né en 1947 à Midelt dans le Moyen Atlas] […]. Le contexte
culturel marocain est plus ou moins présent – plus prononcé chez les uns que
chez les autres. Alors que pour […] Serge Ouaknine [v. poète, né en 1943, à
Rabat, au Maroc], Georges Ansellem et Pierre Lasry, l’histoire juive
méditerranéenne se montre dominante, Myriam el Yamani et Ahmed Ghazali
apportent et ajoutent l’héritage arabo-berbère.» - « Littérature migrante
francophone d’origine marocaine au Québec»,
www.webcache.googleusercontent.com
pp.6-19. A titre illustratif citons notamment :
1. Le poète contemporain judéo-marocain vivant de Ouezzane, au Maroc, Jacques
Eladan un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1936- :
Né en 1936, à Ouezzane, au Maroc, Jacques
Eladan est poète, essayiste, anthologue, biographe, critique littéraire et
judéo-marocain. Il est professeur et docteur ès-lettres. Il est l’auteur
de : Les sortilèges de l'éphémère (2018), SaLam Ve CHaLom :
Anthologie de poèmes pacifistes juifs et arabes (1990), Lueurs partagées
(2015), etc. Il dédie cette ode quasi mystique à la procréation, image
allégorique de la mère enceinte sentant en ses fétus l’odeur de la paix à naître.
Il généralise cette vertu à tous les enfants, symboles de l’innocence et
inoffensivité, tout en faisant un réquisitoire de l’état du pays déchiré
irrémédiablement par la guerre, invoquant Dieu, y niant moulin-à-vent qui tourne, allusion à la
belligérance usagée du mythe Don Quichotte, comme un mal séculaire à faire
disparaître du globe futur :
Mon fils a un parfum de paix
Le ventre de sa mère
Lui a promis ce
Que Dieu ne peut nous promettre.
Chacun de nous a été un enfant au
parfum de paix
(et dans tout le pays il n’y a plus un
seul moulin-à-vent qui tourne)
Ô pays déchiré comme des vêtements
qui ne peuvent plus être rapiécés
Silence mutilé d’enfants.
et de durs et solitaires ancêtres
dans les caveaux.
Silence mutilé d’enfants.
Mon fils a un parfum de paix.
Le ventre de sa mère
lui a promis ce
que Dieu ne peut nous promettre.
(Yehuda Amichaï, Salam Ve CHaLum,
Anthologie de Poèmes pacifistes,
Jacques Eladan, 1990),
www.persee.fr, p. 36
ابني له رائحة السلام
بطن أمه
وعده بما
لا يمكن للإله وعدنا به.
كل منا كان طفلا بريح السلام
(وفي مجموع البلد لم يعد هناك
مطحنة هواء واحدة تدور)
يا لبلد ممزق كالملابس
التي لا يمكن رتقها
صمت أطفال معطوب.
وقساة ومستوحدي أجداد في الأقبية.
صمت أطفال معطوب.
ابني له رائحة السلام
بطن أمه
وعده بما
لا يمكن للإله وعدنا به.
www.persee.fr, p.1.
2. Le poète contemporain judéo-marocain vivant
de Ouezzane, au Maroc, Gabriel Bensimhon un patrimoine judéo-marocain commun à
préserver : 1938- :
Né en 1938, à Sefrou, au Maroc, Gabriel
Bensimhon est écrivain, dramaturge, cinéaste et poète judéo-marocain. Il part pour avec sa famille, à l’âge de dix
ans. . Il fait ses études de littéraires
et bibliques, à l’Université de Jerusalem et puis, à la Sorbonne, où il obtient
un PhD sur le théâtre et études de film. Il enseigne à Tel Aviv, à l’University
jusqu’à 2006, aux départements du film/TV et théâtre arts. Il est aussi
professeur visiteur à UCLA, USC, NYU et Cornell University. Il est l’auteur
de : A Moroccan King (1978), A Girl in a Blue Shirt (2014), etc.
Oui, a ma ndabt ma'aya.
Hiati
'hzina. Ani nsojha b'in,
Maza
'zman yifadi ounkh
solhom 'din, Oua! Oua!
Sbri a-yma. Sabri souiyal,
A-ouili a 'ma yhilh
Fdla, Aouili ji IBid n'ami 'inya
A-sbri a-yima. Sbri souiya.
A-ouili. Hada ma maktob 'laya
A-ouili. Lia anra a 'rosha.
Si tu ne lamente pas avec moi,
Ô endeuillé, je lui jette de l'œil
le temps viendra et nous lui
paierons la dette, Oho ! Oho!
Attends, mère, attend un peu
Oh malheur, voici ce qui m'est
Destiné, Oh malheur, que ses
biens soient annoncés,
Oh malheur, de mes yeux.
propres mains, je me les arrache
Attends, mère, attends un peu.
Oh malheur, voici ce qui
m'est destiné. Oh malheur
que je vois son fiancé ...
(Si tu ne lamente pas avec moi,
Gabriel Bensimhon, Le théâtre juif
marocain : Une mémoire en exil,
remémoration, représentation et
transmission, Lalla Nouzha Tahiri,
2017, www.archipel.uqam.ca,
p. 221.
إذا لم ترثي معي،
أيها الثكل رمقته بنظرة
سيأتي الزمن الذي له
سنسدد الدين، آه! آه!
انتظري أماه! انتظري قليلا
يا للمصاب، ها ما إلي
موجه، يا للمصاب، لأتكن كل
خيراته معلنة،
يا للمصاب، لعيني.
بيدي أنتزعهما
انتظري أماه! انتظري قليلا.
يا للمصاب، ها ما إلي
موجه، يا للمصاب
أن أرى خطيبها...
www.archipel.uqam.ca, p.1.
2. Le poète contemporain judéo-marocain vivant de Boujaad, au Maroc, Simon
Elbaz un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1938- :
Né en 1938, à Boujaad, au Maroc, Simon
Elbaz est un auteur comédien, poète et chanteur mystique
judéo-arabo-andalou-marocain. Il est le rénovateur du matrouz, inspiré, dans un
premier temps, d’alternance de deux langues, l'arabe et l'hébreu. Il l’a
enrichi en s’appuyant sur un procédé de composition par l’entrecroisement de
l’hébreu et de l’arabe notamment, en plus du français, du latin et du
judéo-espagnol. Il s’agit de musiques : judéo-arabe- maghrébino-andalouses et
orientales médiévales et berbères. Il rend hommage dans cette ode aux saints
musulman et juif de son pays natal Boujaad, à son saint patron Sidi Mhammed
Echerqi et au saint Rebbi Lioui sollicitant leurs protections des juifs et des
musulmans alors réunis :
D’une zaouia
A l’autre zaouia
Ma cité demeure
La généreuse
Boujaad mon pays
Cité du Cherqaoui
Ji’dan ma gazelle
Mon joyau
Hommage au wali
Sidi Mhammed Echerqi
notre maître vénéré
Et au saint Rebbi Lioui
Fasse qu’ils nous protègent
Qu’ils nous soutiennent
Juifs et musulmans
Tous réunis
(Matrouz, Simon Elbaz,
Le chant vivant des
langues, 1998),
www.docplayer.fr, pp.12-13
من زاوية إلى الزاوية
بلادي هي بلاد كريمه
بوجعد يا بلادي بلاد
الشرقاوي
جيدان يا غزالي، جيدان يا مالي
شكروا الوالي سيدي محمد لشرقي
شيخنا الغالي وربي ليوي
من حي تادله بوجعد بلادي
يسترونا ويعاونونا
يهود ومسلمين كلنا مجمعين
www.archipel.uqam.ca, p.1.
3. Le poète contemporain judéo-marocain vivant de Rabat, au Maroc, Chlomo
Bar un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1943- :
Né en1943, à Rabat, Shlomo Bar, au, Maroc,
est un poète, musicien, compositeur et activiste social israélien. Sa famille
émigre Israël, quand il avait six ans. Il étudie comment jouer la darbuka et
autres ethniques percussions. Il est un
pionnier de la musique ethnique en Israël. En 1976, il a joué à Yehoshua Sobol
et Noa Chelton's Kriza, Nerves, un jeu sur l’injustice sociale et la
discrimination entre juifs en Israël. Il l’auteur de : Elei Shorashim,
Origines, ou Retour aux racines, etc. il commémore une fête traditionnelle locale
de son village natale de Toundra, au cœur de l’Atlas marocain, sacrant l’enfant
à l’âge de cinq ans qu’on couronne de fleurs, alors les enfants défilent la rue
en fête :
Dans notre village de Toundra
qui est au cœur de l‘Atlas,
nous fêtions l’enfant à ses cinq ans.
Nous le couronnions de fleurs
Et tous les enfants dans la rue
Défilaient en fête
Dans notre village de Toundra.
(Dans notre village de Toundra,
Shlomo Bar, La voix séfarad,
1980),
numerique.banq.qc.ca,
p.1.
في قريتنا بتوندرة
التي هي في قلب الأطلس،
نحتفل بالطفل في سنته الخامسة.
نتوجه بالزهور
وكل الصبيان في الشارع
يستعرضون في احتفاء
في قريتنا بتوندرة.
www.numerique.banq.qc.ca, p.
4.
Le poète contemporain judéo-marocain vivant de Midelt, dans le Moyen Atlas, au
Maroc, Georges Amsellem un patrimoine judéo-marocain commun à préserver :
1947- :
Né en 1947, à Midelt, dans le Moyen Atlas,
au Maroc, Georges Amsellem, petit-fils du Grand Rabbin Chélomo Amsellem est un
producteur, auteur et poète mystique judéo-marocain. Ayant quitté le Maroc pour
la France et Israël, il s’installe en exil au Québec. Il le producteur de
plusieurs films dont Les Transitors, pour enfants, etc., pour la télévision. Il
est l’auteur de : Le coeur en voyage (1999), Poèmes désorientés (1993),
etc. Il fait état dans ce poème mémorial de la diaspora des judéo-marocaine
ayant pérégrinée de par le monde d’exil en exil d’Afrique, dont le Maroc, d’Asie
et du Levant, en Terre française d’Amérique, au Canada,
tous nostalgiques de leur pays natal, des histoires de leurs origines, de leurs
souches et racines, en quête de la paix et contre la guerre :
Nous étions de partout
venus de loin
D’Europe et d’Afrique
D’Asie et du Levant.
En Terre française d’Amérique
L’avenir commençait maintenant.
Nous avions quittés
Nos vieux pays
Pour être ailleurs dans la vie,
Avions largué
Fatigués et intrigués
Nos histoires et nos origines
Nos souches et nos racines.
Etions pour la paix contre la guerre.
(Littérature migrante
francophone d’origine marocaine
au Québec, Mechtild Gilzmer,
www.kanada-studien.org, p.1.
كنا من كل مكان
جينا من بعيد
من أوربا وافريقيا
من آسيا والشرق.
في أرض فرنسية من أمريكا
المستقبل بدا الآن
خلينا بلدانا القديمة
باش نكونو في غيرها في الحياة،
اتركنا
منهارين ومشوقين
توارخنا وأصولنا
جدوعنا وعروقا.
كنا من أجل السلام ضد الحرب.
www.kanada-studien.org, p.1.
5. Le poétesse contemporaine
judéo-marocain vivante de Marrakech, au Maroc, Danielle Ebguy, Sapho, un patrimoine
judéo-marocain commun à préserver : 1950- :
Née en 1950, à Marrakech, Danielle Ebguy, Sapho, est une
chanteuse-poétesse judéo-marocaine. D’une famille judéo-marocaine, elle passe
très jeune du théâtre à la chanson, mêlant vitalité du rock, influences
berbères, orientales et africaines. Elle est l’auteure de : Muleta,
recueil de poésies, etc. Elle chante à regret la vie qui s’écoule de jour en
jour, avec en perspective la mort de tout un chacun inéluctablement, tout en
avouant son désir profond de vivre, et de savourer être encore sous le ciel
étoilée, le soleil qui brillant et les fleurs épanouies des printemps à
venir :
Hélas l’ombre étoilée
Et le jour qui la suit ou bien qui la précède
Nous traînent à la mort. A la mort chacun cède.
Mais je désire encor … Mon âme désolée
Goûte encor le soleil et les fleurs printanières.
(Sapho, Ils préféraient la lune, 1992),
www.babelio.com, p.1
يا حسرة
الظل نجوم
والنهار اللي وراه أو اللي قبلو
داينا للموت. للموت كل واحد مستسلم.
لكني باغي نزيد... روحي مأسفة
تذوق
تاني الشمس وزهور الربيع
www.babelio.com, p.1.
6. Le poète contemporain judéo-marocain vivant de Oujda, au Maroc
Jean-Claude Cintas un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1957-
:
Né en, 1957, à Oujda, au Maroc, d’origine
andalouse de la Sierra de Cintas,
Jean-Claude Cintas, est un écrivain, poète, typographe, photographe et
réalisateur judéo-marocain. Il est connu sous le nom de chantpoète, et sa
«chantpoétique», est le fondement de sa démarche artistique dont il est le
créateur et le dépositaire. Il est l’auteur de : 50 Chantpoèmes, extraits
du Le cantique du poète insoumis (2008), etc. il dédie cette ode
mystico-érotique à la ville de Fès, incarnée sous les traits d’une femme, aux
formes généreuses, typique de cette cité, qui quotidiennement traverse
nonchalamment les ruelles de sa médina, ancienne ville, vêtue de sa djellaba et
portant son voile, comme à l’accoutumée :
Fès est la femme dont on rêverait
comme une femme rêverait d’un homme.
Elle a les hanches ondulantes, de
celles que seul,
On peut imaginer,
De celles, qui sous le voile de la
djellaba,
enveloppées de légèreté et de
l’ordinaire du quotidien,
traversent les ruelles de la Médina.
(Extrait Chantpoème n°1 : Fès ma belle, ma
délicieuse), itartbag.com, 2018, p.1
فاس هي المرأة التي قد نحلم بها
كما قد تحلم امرأة برجل.
لها خصرين مائجتين، كتلك للواتي وحدهن،
نستطيع تخيلهن،
كتلك للواتي، تحت قناع الجلباب،
ملتحفة بالخفيف وعادة باليومي،
يقطعن أزقة المدينة.
www.albayane.press.ma , p.1.
7. Le poète contemporain judéo-marocain vivant de Tétouan, au Maroc, Mois
Benarroch un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1959- :
Né en 1959, à Tétouan, au Maroc, entre
Tanger et Gibraltar, Mois Benarroch est un poète judéo-marocain. Il émigre avec
ses parents, à l'âge de treize ans, en Israël et vit depuis à Jérusalem. Il
écrit ses poèmes à quinze ans, d’abord en anglais, puis en hébreu et enfin,
dans sa langue maternelle, l'espagnol. Il est publié dans des magazines, dans
le monde entier. Il aborde les thèmes aussi divers que l'immigration, de la
discrimination, du sionisme, Israël, de l'amour, de la famille. Il est l’auteur
de : Aux Portes de Tanger (2015), Muriel, L'Expulsé et Lucena (2015), Les
Litanies de l'Emigré (2016), etc.
Je m’en vais de la maison, je laisse
ma ville, mon pays,
ma planète, mais
toujours avec les mêmes chaussures.
Je m’en vais, oui, toujours
à la recherche de l’autre rive
l’autre arbre, l’autre coin de rue
sans bouger puisque je suis déjà là
Tout est possible sauf notre rencontre
si nous nous rencontrons tout sera
impossible.
(Mois
Benarroch, Ygdvasil,
Special
French Issue, La
poésie de Moïs Benarroch,
2012), www.users.synapse.net, p.5.
سأذهب من البيت، أترك
مدينتي، بلدي،
كوكبي، لكن
دائما بنفس الأحدية.
سأذهب، نعم، دائما
للبحث عن الضفة الأخرى
الشجرة الأخرى، ركن الشارع الآخر
دون أن أتحرك لأني سابقا هنا
كل شيء ممكن إلا لقاؤنا
إن التقينا الكل سيكون مستحيلا.
www.users.synapse.net, p.1.
8. La poétesse contemporaine
judéo-marocain vivant de Buenos Aires, en Argentine, de mère judéo-marocaine, Vanessa
Paloma Duncan-Elbaz un patrimoine judéo-marocain commun à préserver : 1985-
:
Née en 1985, à Buenos Aires, d’une mère
juive marocaine et d’un père argentin, Vanessa Paloma Duncan-Elbaz est une
écrivaine chercheuse et interprète en chants et musicologie
judéo-hispano-marocaine. Elle est titulaire d'un doctorat du CERMOM de la
Sorbonne de l'INALCO, Centre d'études moyen-orientales et méditerranéennes de
l'Institut national des langues et civilisations orientales, sur le
thème : « Chansons de femmes juives contemporaines du nord du Maroc : rôle
central et fonction d'un répertoire oublié » (2018). Ancienne élève du Early
Music Institute de l'Indiana University's School of Music (MM) sur la pratique
de l'interprétation vocale de la monodie laïque médiévale et de la Renaissance,
elle fait ses études de premier cycle en interprétation vocale se sont
déroulées à l'Oklahoma Baptist University et à l'Universidad de los Andes (BM
Magna Cum Laude).Elle a été chercheuse principale Fulbright, au Maroc
(2007-2008). Elle est associée de recherche à l'Institut Hadassah Brandeis de
l'Université Brandeis (2009-2016). Elle a fondé KHOYA : Jewish Morocco
Sound Archive pour collecter, numériser, classer et analyser les enregistrements
sonores contemporains et historiques des Juifs marocains (2014). Des chants de
femmes juives de Larache, au nord Maroc, sur leur procréation, les grands
parents, la femme enceinte elle rapporte, pensant avoir un garçon ou une fille,
le prénom à leur donner, et la scène de ménage à case du petit chat qui casse
un ustensile à la cuisine, ramenant future mère rêveuse à la réalité :
And
now with Pepe, pig lard.
Pepe,
Pepe, Pe, Pepe buy me a candle
If
I have a boy, we’ll call him Nisim [miracles].
Pepe, Pepe, Pe, Pepe buy me a crib
If
I have a girl, we’ll call her Luna [moon],
None
should be left behind…
Bellida,
Bellida got into the bed
Because
of her desire of Pepe, the baby doesn’t suckle.
And
the little cat came and broke the grinder
Cursed
are you Bellida, you and your first born.
(And now with Pepe,
De tu boca a los cielos:”
Jewish women’s songs in Northern Morocco
As
Oracles of Communal Holiness, Vanessa
Paloma Elbaz), www.themathesontrust.org,
p.3.
Et maintenant avec Pepe, très trop
gros.
Pepe, Pe, Pepe m’achète une bougie
Si j’ai un enfant je l’appellerai
Nassim [miracles].
Et maintenant avec Pepe, Pe, Pepe
m’achète une crèche
Si j’ai une fille je l’appellerai
Luna [Lune],
Aucun ne devrait être derrière…
Bellida, Bellida va au lit
Car c’est le désir de Pepe, le bébé
ne doit pas téter.
Et le petit chat a cassé le broyeur
Maudit sois-tu Bellida, toi et ton
premier né.
والآن مع جدي، جد سمين.
جدي، جدي، ج، جدي اشترى لي شمعة
إن ولدت طفلا سأسميه نسيم [معجزات]
والآن مع جدي، ج، جدي يشتري لى حضانة
إن ولدت طفلة سأسميها لونا [قمر]
يجب ألا يكون أحد في الوراء...
بليدا، بليدا، اذهبي إلى الفراش
إنها رغبة الجد، الربيع لا يجب أن يمص.
القط الصغير كسر الجارش
لعنت يا بليدا، ووليدك الجديد.
www.webcache.googleusercontent.com, p.1.
Pour conclure l’exploration de ce bref tour
d’horizon panoramique de la poésie judéo-marocaine, sur le thème : «Les
poètes judéo-marocains un patrimoine vivant commun à préserver : 920-2022»,
notons que ces poètes recouvrent trois sous-axes thématiques : les
poètes médiévaux judéo-marocains un patrimoine andalo-marocains (I : 920-1792) ;
les poètes contemporains judéo-marocains défunts (II : 1823-2010); les
poètes contemporains judéo-marocains vivants (III : 1936-2022). Ce qui nous amère à dire,
avec Samir Lotfy, à cet égard, notamment : «La préservation du patrimoine
judéo-marocain, […] est, l’intérêt tout particulier que le Royaume, ne cesse
d’accorder à la promotion de l’identité nationale, à la fois, plurielle et
unie. […] Au Maroc, cette terre d’Islam, ouverte, à la fois, sur la
Méditerranée et l’Atlantique et servant de carrefour et de trait d’union entre
l’Europe et l’Afrique, ainsi qu’entre l’Amérique et le Moyen Orient [v.
arabo-musulman, etc.], la coexistence des religions est une réalité palpable et
quotidienne, qui relève de la conscience collective et constitue l’un des
fondamentaux de la société marocaine ouverte et tolérante. […] Ce souci majeur
de préserver le patrimoine judéo-marocain dans ses aspects matériel et
immatériel [v. les œuvres des poètes judéo-marocains], […] s’est traduite à travers l’initiative salutaire
de l’Association Essaouira-Mogador de doter la cité […] , d’un festival baptisé
“Andalousies Atlantiques”, […] qui met côte à côte, Juifs et Musulmans [v.
Arabes] pour chanter [de la poésie], jouer de la musique ensemble et faire revivifier ces traditions
séculaires […] relatives au vivre en commun qui caractérise le Royaume.» - «La
préservation du patrimoine judéo-marocain, un hommage à l’identité nationale
unie et plurielle », www.mapexpress.ma, p.1.
Dr. SOSSE ALAOUI
MOHAMMED