LA FEMME SAUVAGE OU L’EXOTISME DE
PROXIMITE ET L’EXOTISME
DE L’ALTÉRITÉ DANS LE ROMAN OCCIDENTAL
Dr. SOSSE ALAOUI Med.
Ce qui caractérise la problématique de
"la femme sauvage ou l’exotisme de proximité et l’exotisme de l’altérité dans
le roman occidental", c’est à première vue d’abord la conception de la
littérature du genre tel que le décrit récemment René Audet : "L’Humanité
vit dans ce début du vingt et unième siècle une explosion sans précédent de la
communication, mais paradoxalement l’échange symbolique entre les nations se
trouve au degré zéro. La divergence dans l’appréciation du réel conduit
inéluctablement à des malentendus car la récurrence du fonctionnement de
l’imaginaire selon des schémas préétablis [l’exotisme de proximité et
l’exotisme de l’altérité] est dominante. C’est dans ce climat d’incompréhension
que naissent et se développent les stéréotypes, comme repères d’indentification
fondant l’altérité [v. et la proximité]. " – "Le roman
moderne : Ecriture de l’autre et de l’ailleurs", www.fabula.org,
p.1.
D’où l’opportunité hic et nunc d’expliciter
la problématique de : "la femme sauvage ou l’exotisme de proximité et
l’exotisme de l’altérité dans le roman occidental". Cela nous conduit donc
à aborder successivement :
I.
La femme sauvage ou
l’exotisme de proximité dans le roman occidental :
Pour ce qui est de la femme sauvage ou l’exotisme de proximité dans le
roman occidental, il y a lieu d’observer avec R. Audet notamment : "La
littérature [v. le roman occidental], étant le lieu par excellence où s’énonce
la rencontre avec l’autre dans l’ici [la proximité] ou l’ailleurs [l’altérité],
participe dans la formation de cet imaginaire préconçu [l’exotisme]. Cette
rencontre qui est certaine se fera forcément selon des opportunités, se
réalisera nécessairement dans l’ambiguïté [problématique], arbitrairement ou
par procuration [le roman occidental], mais elle sera motivée comme toujours
par un double sentiment d’attraction [proximité]/ répulsion [altérité]. Dans ce
sens le genre romanesque [occidental], comme espace du langage qui évolue
perpétuellement, subit les aléas de cet imaginaire ambivalent, qui est à la
fois semblable et foncièrement distinct, car il hésite entre un dessein de
repli et une volonté d’ouverture [sur l’Autre] (…). Le roman devient pour ainsi
dire le laboratoire de ces imaginaires où foisonne des thèmes tels que la
différence, la déviance, l’exil, l’exotisme, la peur de l’Autre, le bouc
émissaire…, sous-tendu par des mythes, des stéréotypes et des images virtuelles
de Soi et des Autres" – Le roman moderne : Ecriture de l’autre et
de l’ailleurs", Op.cit., p.1
C’est alors qu’apparaît une
double articulation de la problématique de la femme sauvage ou l’exotisme de
proximité dans le roman occidental qui se répartit en : un exotisme de proximité
intra-muros et un exotisme de proximité extra-muros de la femme sauvage dans le
roman occidental.
1.
La femme sauvage ou
l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman occidental :
Toutefois, il est à préciser
que dans le cas de la problématique de la femme sauvage ou l’exotisme de
proximité intra-muros dans le roman occidental, l’héroïne et le lieu de
l’action comme l’auteur du roman sont exclusivement occidentaux, et exclut
toute référence au non-occidental. A cet égard, l’on peut définir avec Wikipédia
: "Dans le domaine des Lettres [v. le roman occidental] ‘l’exotisme peut se définir comme l’intégration (…) de
l’insolite géographique [v. l’exotisme de proximité intra-muros],
ethnographique et culturel ; il traduit le goût de l’écrivain pour des
contrées [surtout occidentales] qui lui apparaissent comme étranges et
étonnantes, féériques ou légendaires, qui contrastent avec la sienne propre [v.
son pays] par le climat, la faune, la flore, les habitants (leur apparence
physique, leurs costumes et traditions). En ce sens, et très vite lors de
son apparition, l’exotisme [de proximité intra-muros] est proche du surnaturel
et ce, dès la Renaissance avec Rabelais [1483-1552] dans Pantagruel et Gargantua"[1535].
Le goût pour l’ailleurs naît ave la découverte des Amériques [1492] surtout,
mais aussi en raison de la redécouverte des cultures arabes et
proche-orientales [l’exotisme de l’altérité extra-muros]."- "Littérature
exotique et exotisme en littérature", www.wikipedia.org,
p.1.
Or, cela nous amène à constater
l’interaction définitoire entre l’exotisme de proximité intra-muros et
l’exotisme de l’altérité extra-muros dans le roman occidental. A ce titre, citons en guise d’exemples :
A. La femme
sauvage ou l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman
occidental «Eugénie Grandet» (1833) d’Honoré de Balzac (1799-1850) :
Pour caractériser la problématique de la femme
sauvage ou l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman
occidental «Eugénie Grandet» (1833) d’Honoré de Balzac (1799-1850), il
suffit de se rendre à l’avis de Pierre Citron dans la préface de ce roman où il
souligne notamment :
"Depuis le début de
1832, Balzac avait entrepris, selon l’expression de Bernard Guyon, d’inventer
les Scènes de la vie de province (…). En même temps des romans : Louis
Lambert, dont le début transposait à peine les années de collège passées
par Balzac à Vendôme, et le Médecin de campagne, situé en Dauphiné. Mais
la province n’y figurait pas à l’état pur (…). Paris (…), c’est là que se
rendait Louis Lambert (…). La grande ville manifestait par moment sa grandeur
et sa puissance. Rien de tel dans Eugénie Grandet. Tout y est provincial
[v. exotisme de proximité intra-muros]. A Saumur [exotisme de proximité intra-muros] vit
le père Grandet Riche et avare, il impose à sa famille une vie de pauvreté. Eugénie,
beau parti, est convoitée par les Cruchot et les Desgrassins. Un jour arrive de
Paris un cousin germain de la jeune fille, le jeune et beau Charles Grandet ;
il apprend à Saumur, la faillite et le suicide de son père ; une idylle
s’ébauche entre les deux jeunes gens : promesses de mariage. Charles va
partir au-delà des mers [pirater aux Indes, dans les régions intertropicales,
en Europe, en Afrique], pour faire fortune, et Eugénie lui donne les pièces
d’or qu’elle recevait en cadeau de son père [la femme sauvage] (…). Mme Grandet, puis son mari meurent de
vieillesse et de maladie. Neuf ans après (…), Charles rentre en France,
fortune faite. Il projette d’épouser une noble héritière [de Paris]. Eugénie
(…) fait un mariage blanc avec un des Cruchot qui meurt peu après. Elle
consacrera sa vie à la piété et aux bonnes œuvres." – «Eugénie Grandet»,
Paris, Ed. Flammarion, 1964, pp.11-12.
Autrement dit,
Jean-François Staszak remarque à propos de l’exotisme de proximité :
"Les mots «lointain» ou «bizarre» qui ont l’air de faire sens en soi ne le
font que par rapport à un implicite, relatif au locuteur [Balzac], à sa
situation [Paris] et ses normes [province]. C’est lui qui définit le
proche et le normal dont l’exotisme [l’exotisme de proximité
intra-muros] se démarque". – "QU’EST-CE QUE
L’EXOTISME ?", www.unige.ch , p.1.
B. La femme sauvage
ou l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman occidental «Graziella»
(1852) d’Alphonse de Lamartine (1790-1869) :
La problématique de la
femme sauvage ou l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman
occidental «Graziella» (1852) d’Alphonse de Lamartine (1790-186) est
parfaitement soulignée par Wikipédia en ces termes :
"D’abord intégré à
l’ouvrage autobiographique Les Confidences (Livres VII à X), en 1849, ce
roman fut publié en 1852 et fut dès lors le livre le plus lu de son auteur.
Lamartine y évoque l’Italie et surtout la région napolitaine [exotisme de
proximité intra-muros], où il séjourna à deux reprises, d’abord durant sa
jeunesse, en 1811 et 1812, ensuite en 1844, en compagnie de sa femme et de ses
nièces.
Reprenant certains thèmes chers au
romantisme (l’ennui, le vague des passions, le voyage, l’harmonie de l’homme et
de la nature [l’exotisme de proximité intra-muros]), il romance son premier
séjour, et dessine le portrait charmant d’une adolescente amoureuse, d’une
"Eve naïve", meurtrie par l’abandon [la femme sauvage]. Ce roman vaut
surtout pour la description de la jeunesse romantique et pour la poésie
pittoresque de ses descriptions, notamment celle de l’île d’Ischia, de la
Naples populaire (l’astrico) et du Vésuve. L’’Episode de la tempête’ en
mer reprend enfin habilement un véritable topo épique. Lamartine y exprime également
son amour de la littérature romantique (il y mentionne Corinne de Mme de
Staël [1766-1817], Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister ou Les
Souffrances de Werther de Goethe [1749-1832], Les Dernières Lettres de
Jacopo Ortis d’Ugo Foscolo [1778-1827]) et avoue son admiration pour Paul
et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre [1737-1817], roman qui se trouve
au centre du récit." – "Graziella d’A. de Lamartine", www. wikipedia.org , p.1.
J.-F. Staszak
argue en ce sens : "Parler d’exotisme, c’est moins analyser un objet
que le discours d’un sujet à son endroit. La question « qu’est-ce qui est
exotique ? » est en ce sens seconde par rapport à la question
« « pour qui ? » (…). Si on ne dit pas de quel point de vue
tel lieu est exotique [v. l’exotisme de proximité intra-muros], c’est qu’il
l’est du point de vue occidental ou européen, supposé être objectif et
universel et qui a, en tout cas, réussi à s’imposer. Ce qui est exotique ne
l’est donc que dans la bouche et aux yeux de l’Occidental. Tel fruit, tel bois,
tel poisson exotique n’ont rien de lointain ni d’étrange pour les habitants [v.
la femme sauvage] des pays où on les trouve." - "QU’EST-CE QUE
L’EXOTISME ?", Op.cit. , p.1.
C. La femme sauvage
ou l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman occidental «Maggie,
Fille des rues» (1893) de Stephen Crane de (1871-1900) :
Quant à la femme
sauvage ou l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman
occidental «Maggie, Fille des rues» (1893) de Stephen Crane de
(1871-1900), Bernard Dekle remarque laconiquement à propos de cet auteur
américain mort précocement : "Le génie de Crane devait transformer le
matériau brut de ses observations en un premier roman : Maggie : A
Girl of the Streets (Maggie, fille des rues), histoire d’une jeune fille [émigrée
de la campagne à New York] conduite à la prostitution et au suicide par une vie
de pauvreté et de travail épuisant [la femme sauvage]. Le livre dépeignait si
brutalement une famille dégénérée des taudis [l’exotisme de proximité
intra-muros américain] qui choqua la société élégante d’alors et que Crane fut
contraint d’en publier le texte à compte d’auteur sous un pseudonyme. Bien que Maggie
ait été, à l’époque un échec financier
et que le livre soit un peu gâché par manque de métier, il marquait l’entrée de
l’Amérique dans l’arène du roman naturaliste et lançait Crane dans une carrière
d’écrivain sérieux." – «Ecrivains américains du XXe siècle», Paris,
Ed. Internationales, 1973, p22.
A propos de Hamlin
Garland (1860-1940), John Brown commente : "Né dans le Middle West,
dans une petite communauté de pionniers, il a vu s’évanouir peu à peu le vieux
«rêve de la frontière» - c’est-à-dire de l’évasion vers de nouveaux horizons,
surtout vers ces terres encore vierges de l’Ouest [l’exotisme de proximité
intra-muros] (…). Garland, dans Crumbling Idols, [1894] a reconnu
immédiatement et généreusement l’importance de Stephen Crane dans le nouveau
mouvement naturaliste en Amérique [v. l’exotisme américain] (…). Son premier
livre : Maggie, a girl of the Streets, publié en 1893, visiblement
inspiré de L’Assommoir [1877] de Zola [1840-1902], a constitué le
premier monument de cette nouvelle école, en Amérique. Maggie raconte les
aventures, dans les bas-fonds de New York [exotisme de proximité intra-muros],
d’une fille de la campagne." – «PANORAMA DE LA LITTTERATURE
CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS», Paris, Ed. Gallimard, 1954,
pp.66-67.
D. La femme sauvage
ou l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman occidental «Kœnigsmark»
(1918) de Pierre Benoit (1886-1962) :
Concernant la femme sauvage ou l’exotisme de
proximité intra-muros dans le roman occidental «Kœnigsmark» (1918) de
Pierre Benoit (1886-1962), PPG explicite en l’occurrence : "Dès
ce tout premier roman publié en 1918 (qui servira de lancement à la toute
nouvelle collection ‘Livre de poche’ en 1953), nous avons un aperçu assez
représentatif du style littéraire et des thèmes chers à l’auteur qui
parsèmeront sa très féconde œuvre (46 romans en presque autant d’années). Ainsi
une femme, l’héroïne dont le prénom commence très souvent par ‘A’, revêt une
place centrale aux yeux d’un homme (…) pour laquelle il éprouve une grande
fascination du fait de sa beauté et de sa grâce, mais aussi pour son charisme
et sa destinée tragique, tout du moins romanesque. Pour faire court, nous
pouvons également observer une fréquente opposition entre l’exotisme des lieux
où se situe l’action (qui fait voyager le lecteur et le charme) et la
progressive, voire tragédie qui s’y
opère du fait d’une quête, d’un idéal ou d’un amour naissant rendu souvent impossible,
tant les obstacles de tout ordre sont pléthores et que les protagonistes
subissent les affres de leurs catégories sociales, les effets (…) des
traditions ou coutumes les emprisonnant…" - "Koenigsmark de Pierre
Benoit", www.critiqueslibres.com
, p.1.
Wikipédia en résume l’intrigue
ainsi : "L’histoire est celle de l’amour d’un jeune professeur
français, Raoul Vignerte, pour le fils d’Aurore, grande duchesse de
Lautenbourg-Detmold. En 1912, Aurore, originaire des steppes russes [la femme
sauvage], épouse le grand-duc Rodolphe de Lautenbourg, héritier d’une petite
principauté allemande [v. l’exotisme de proximité intra-muros]. Mais celui-ci
meurt mystérieusement à l’occasion d’une mission en Afrique. Vers 1913, Raoul
Vignerte arrive au palais en tant que précepteur du fils du grand-duc Frédéric de
Lautenbourg, beau-frère et deuxième mari d’Aurore, qui a hérité le Grand-Duché.
Vignerte va s’éprendre de la fascinante Aurore, qui semble apprécier sa
compagnie autant que celle de sa dame de compagnie, Mélusine. A l’intrigue
amoureuse, s’ajoute celle, politique et policière, la disparition de Rodolphe.
Au moment où tout semble se dénouer, été 1914, la guerre éclate entre la France
et l’Allemagne." – "Koenigsmark (roman)", www.wikipedia.org, p.1.
Or, J.B. Mathieu dirait
dans l’exotisme de proximité intra-muros dans le roman occidental notamment
: "La pensée du roman [occidental] passe de l’anthropologie générale,
fondée sur des considérations normatives universelles, à l’anthropologie comparative,
dont l’objet est la diversité des liens normatifs établis par les communautés
humaines [v. la femme sauvage] (…). C’est ce que Pavel nomme la ‘méthode de
l’enracinement’. A la recherche de milieux propices aux belles âmes dans le
passé, s’ajoute leur recherche dans l’espace – c’est l’exotisme [v. l’exotisme
de proximité intra-muros] – ou certaines strates de la société occidentale
moderne, ce qui donne naissance, notamment, au monumental inventaire de
celle-ci opéré par Balzac dans La Comédie humaine (…). Hugo [1802-1885],
dans Les Misérables [1862], mais aussi Dumas [1802-1870] ou Eugène Sue [1804-1857]
procèdent de même." – "LE ROMAN, L’IDEAL, L’INDIVIDU", www.fabula.org , p.12. Parallèlement, se
profile l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman occidental.
2. La femme sauvage ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le
roman occidental :
Au sujet de la femme sauvage
ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman occidental, J.B. Mathieu
révèle en particulier : "Au XVIIIe siècle se parachève le
mouvement d’intériorisation de l’idéal moral [v. l’exotisme de proximité
extra-muros], ‘désormais inscrit dans le cœur de l’homme’ (…). Elle
[l’intériorisation de l’idéal moral] a pour corollaire l’affirmation de la
dignité de l’individu indépendamment de sa condition sociale, ouvrant ainsi la
voie à des œuvres romanesques célébrant des héros ou des héroïnes d’humble
condition [v. la femme sauvage]. Selon Pavel, la première d’entre elles est Pamela
ou la vertu récompensée (1741), de Samuel Richardson [1689-1761]." –
"LE ROMAN, L’IDEAL, L’INDIVIDU", Op.cit., p.10. D’où les
illustrations suivantes :
A. La femme sauvage
ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman occidental «Moll
Flanders» (1722) de Daniel Defoe (1660-1731) :
A propos de la
femme sauvage ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman
occidental «Moll Flanders» (1722) de Daniel Defoe (1660-1731), on
en peut constater les traits dans le résumé qu’en fait Wikipédia : "Moll
Flanders est l’histoire d’une jeune femme née et abandonnée [v. la femme
sauvage] dans la prison de Newgate (prison de Londres au XVIIIe
siècle), et qui est forcée de se débrouiller seule pour faire sa vie. Ainsi,
elle se mariera cinq fois dans l’espoir à chaque fois d’acquérir une certaine
sécurité, notamment économique, partira s’installer dans la colonie britannique
de Virginie, en Amérique [v. l’exotisme de proximité extra-muros], et ne la découvrant
que par un hasard malencontreux, elle s’est mariée à son propre frère. Elle
reviendra alors en Angleterre, et entamera une vie de voleuse des bas-fonds
londoniens du XVIIIe siècle. Finalement, après avoir été emprisonnée
à Newgate, échappant de peu de la peine capitale, elle se retrouvera déportée
dans la colonie britannique de Virginie, où elle reconstruira sa vie repentie
et enfin prospère, aidée par son fils issu de sa relation incestueuse." –
"Heurts et malheurs de la fameuse Moll Flanders", www.wikipedi.org , p.1.
Déjugeant
de l’œuvre et de Marcel Schwob, son traducteur, Léon Daudet écrit : "Schwob
[1867-1905] avait une intelligence minutieuse, fragmentaire, notatrice, qui
n’atteignait jamais un ensemble, mais qui prêtait à toute chose, notamment aux
textes et aux auteurs, une puissante saveur de reviviscence (…). Il fallait
l’entendre lire Daniel de Foe – dont il traduisait à l’époque [en 1906] Moll
Flanders, histoire d’une voleuse dans Londres [v. l’exotisme de proximité
extra-muros] (…). C’est dommage que ce soit une prostituée [la femme
sauvage], ou de tel autre contemporain de Shakespeare [1564-1616]." – «Souvenirs
littéraires», Paris, Ed. Bernard Grasset, 1968, p.183.
B. La femme sauvage
ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman occidental «Atala»
(1799) de François-René de Chateaubriand (1768-1848) :
De la femme sauvage ou
l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman occidental «Atala»
(1799) de François-René de Chateaubriand (1768-1848), un article de romanis.
Free le présente et le résume comme suit : "Les amours de deux
sauvages paraissent au moment où sévissait la mode des romans sombres et
terrifiants, le public fut conquis par cette simple histoire d’amour. Le thème
exotique [v. l’exotisme de proximité extra-muros] n’était pas nouveau, parmi
d’autres romans, Paul et Virginie [1787]." -
"CHATEAUBRIAND : ATALA (1801)", www.romantis.free.fr , p.1. Il résume
par ailleurs l’histoire du roman en ces termes :
"Sur les rives du
Meschacébé, en Louisiane, est fixée la tribu des Natchez, qui accueille le
français René. Chactas, un vieil indien de cette tribu qui sous Louis XIV, a
visité la France [l’exotisme de proximité extra-muros], prend René en amitié au
cours d’une chasse au castor et entreprend de lui conter les aventures de sa
jeunesse. Il avait 20 ans lorsqu’il fut fait prisonnier par une tribu ennemie
et sauvé par Atala, une jeune indienne élevée dans la religion chrétienne. Tous
deux ont fui longtemps à travers la forêt. Au cours d’un orage, ils ont
rencontré le père Aubry, qui veut convertir Chactas et l’unir à Atala. Mais
Atala a été consacrée par sa mère à la vierge et elle croit que son vœu
l’engage sans retour. Pour ne pas succomber à Chactas, elle se donne la mort
[la femme sauvage]." - "CHATEAUBRIAND :
ATALA (1801)", Op.cit., p.1.
Le même article ajoute
en commentaire : "Chateaubriand s’inspire des récits du XVIIe siècle,
de Bougainville qui nous avaient révélés les mœurs candides des peuplades sauvages
[v. la femme sauvage]. Chateaubriand prête à Atala, les charmes d’une jeune
anglaise qu’il a aimée. Il se dépeint parfois avec ses désirs, ses passions,
ses rêves, sous les traits du nostalgique du sage Chactas." –
"CHATEAUBRIAND : ATALA (1801)", Op.cit., Ibid.
C. La femme sauvage
ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman occidental «Colomba»
(1840) de Prosper Mérimée (1803-1870) :
A propos de la femme
sauvage ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman occidental «Colomba»
(1840) de Prosper Mérimée (1803-1870), A. Durand en résume le récit en
relatant : "Au retour d’un voyage en Italie, Sir Thomas Nevil et sa
fille, Lydia, font escale à Marseille. Lydia est déçue : elle aurait voulu
connaître plus d’aventures et son père, chasseurs invétéré, a manqué de gibier.
A l’hôtel, un voyageur de rencontre leur parle avec enthousiasme de la Corse [v.
l’exotisme de proximité extra-muros]. Le passager, qui n’est autre qu’Orso
della Rebbia, interdit cette complainte que chante un autre Corse sur
l’assassinat de son père sur l’île. A leur arrivée à Ajaccio, une jeune fille
de type assez farouche et sauvage [la femme sauvage] se présente : c’est
Colomba, la sœur d’Orso. Les Anglais lui font bon accueil, ils lisent ensemble
des vers de Dante, Colomba est très émue et se met à improviser une poésie car
elle est « vocératrice ». Le narrateur explique le drame. Depuis le
XVIe siècle, les Barricini et les della Rebbia rivalisent pour dominer le
village. Durant son mayorat Barriccini, interdit d’enterrer l’épouse du colonel
et entraîne la colère de père d’Orso et de Colomba. Peu après celui-ci est
assassiné. Colomba en accuse Barriccini et écrit à son frère, en France,
pour venger leur père [la vendetta corse].
Or, au cours de la
veillée d’un ami, Colomba improvise une ‘bellate’ et les fils de
Barricini se moquent d’elle. Orso fait appel au préfet qui prêche la
modération. Orso se met en route sans escorte pour empêcher les Anglais de
venir à Piétranéra. Des coups de feu sont tirés et Orso et blessé ; il
riposte deux fois et tue les deux fils Barriccini. Il allait prendre le maquis
et renoncer à l’amour de Miss Nevil. Mais Colomba avec Lydia font établir la
légitime défense. Le mariage de Lydia et d’Orso a lieu à Pise où Colomba reconnaît
et nargue le vieux Barriccini, devenu fou de douleur, après la mort de ses fils.
- "Prosper Mérimée : André Durand présente ‘Colomba’", www.comptoirlitteraire.com , p.1.
D’ailleurs, au sujet
des sources d’inspiration de «Colomba», de P. Mérimée, le même auteur
dénote en particulier :
"Le roman trouva son origine dans un
voyage que fit en Corse, en mai 1839, Mérimée, inspecteur des Monuments
historiques, chargé d’une mission d’inspection sous prétexte d’ «explorer
sous le rapport archéologique cette contrée si peu connue». En réalité, il
était enchanté de retourner dans un pays qu’il avait déjà visité lors d’un
précédent voyage et dont il voulait approfondir la connaissance. Il logea à
Marseille, à l’hôtel Beauvau comme les Anglais de ‘Colomba’, traversa
des régions, des villes et des villages qu’il décrira dans la nouvelle (…) … Il
utilisa sa connaissance de la langue corse juste assez pour créer une
impression une impression de vérité et d’authenticité." – "Prosper
Mérimée : André Durand présente ‘Colomba’", Op.cit., p.2.
D. La femme sauvage ou l’exotisme de
proximité extra-muros dans le roman occidental «Jane Eyre» (1847) de Charlotte
Brontë (1816-1855) :
A vrai dire, l’histoire
de la femme sauvage ou l’exotisme de proximité extra-muros dans le roman
occidental «Jane Eyre» (1847) de Charlotte Brontë (1816-1855) se
résumerait suivant Ciao.fr en ces termes : "Jane Eyre est une petite
fille anglaise orpheline. Elle est accueillie par une famille une branche de sa
famille chez laquelle elle vit comme une étrangère maltraitée [la femme
sauvage]. Elle est finalement envoyée en pension de charité, où elle trouvera
enfin quelques amies, et où les règles trop sont strictes et dures. Malgré cela,
elle en sortira avec un caractère fort et volontaire et accepte un poste de
gouvernante, à Thornfield [v. l’exotisme de proximité extra-muros] pour éduquer
la jeune Adèle la fille de Mr Rochester, un homme sévère et brusque, mais
généreux et juste. En faisant ample connaissance avec elle, il finit par la
demander en mariage. Un étranger lui apprend que celui-ci était encore marié à
une femme aliénée qu’il tenait enfermée à l’étage du la propriété. Jane décide
de fuir et intègre une école semblable étrangement à la sienne, dirigée par un
pasteur. Elle retrouve une branche de sa famille paternelle et décide de
retourner à Thornfield. Elle la retrouve en ruine, après un incendie causée par
l’épouse aliénée. On lui donne la nouvelle adresse de Mr Rochester où elle le
trouve à moitié aveugle. Et comme plus rien ne s’oppose à leur union, ils se
marient." – "Jane Eyre", une leçon de vie et de rêve", www.ciao.fr , pp.1-2.
Un commentaire
d’andret.free souligne à propos de l’exotisme (l’exotisme de proximité extra-muros)
dans Jane Eyre de Ch. Brontë : "Les sœurs Charlotte
(1816-1855) et Emily (1818-1848) Brontë confèrent à leurs romans respectifs
leur sens du lyrisme et du tragique (…). Dans Jane Eyre (1847), Charlotte relate l’histoire d’une
femme indépendante [la femme sauvage] qui refuse de devenir maîtresse de
l’homme qu’elle aime. En pleine ère victorienne, le roman explore toutes les
directions, y compris l’analyse psychologique, le drame, l’exotisme [v.
exotisme de proximité extra-muros], etc., et adopte une construction de plus en
plus complexe." – "LITTERATURE ANGLO-SAXONNE", www.andret.fr , p.1.
Aussi aurions-nous à aborder, le second volet de cette problématique
qu’est : la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité intra-muros et
extra-muros La femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité dans le roman
occidental dans le roman occidental.
II.
La femme sauvage ou
l’exotisme de l’altérité dans le roman occidental :
De la même façon, la problématique de la
femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité dans le roman occidental s’articulera
doublement en : exotisme de la l’altérité intra-muros et exotisme de
l’altérité extra-muros. Ce qui se répartit en notamment :
1.
La femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité intra-muros dans le roman
occidental :
Ainsi la problématique de la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité
intra-muros dans le roman occidental, dont héroïne et auteur sont occidentaux, s’expliciterait
davantage à travers cette remarque de René Audet : "Il s’agit pour
nous à travers cette rencontre (…) de dévoiler les voies de la narratologie
moderne, d’interpréter le sens latent du texte romanesque qui structure
l’imaginaire [v. occidental] et travaille les esprits des lecteurs et de
révéler les égocentrismes [les exotismes de proximité de proximité intra et
extra-muros], les identifications avec l’altérité [intra et extra-muros], ainsi
que l’espace socio- culturel de l’Autre [v. la femme sauvage] et sa manière
d’être." - "Le roman moderne : Ecriture de l’autre et de
l’ailleurs", Op.cit., Ibid. Ce qui transparaît par exemple à
travers ce qui suit :
A. La
femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité intra-muros dans le roman
occidental «Paul et Virginie» (1787) de Bernardin de Saint-Pierre (1737-1844) :
Pour
illustrer la problématique la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité
intra-muros dans le roman occidental «Paul et Virginie» (1787) de
Bernardin de Saint-Pierre (1737-1844, citons la présentation qu’en fait ‘alalettre.com’ :
"Dans une plaine de l’Ile de France (future île Maurice), le narrateur
découvre les ruines de deux petite cabanes. Il rencontre un vieillard venant ‘à
passer aux environs et lui adresse la parole : "Mon père, lui
dis-je, pourriez-vous m’apprendre à qui ont appartenu ces deux cabanes ?"
Le vieil homme, à la fois conteur, témoin de ce paradis perdu [v. l’exotisme de
l’altérité intra-muros], et unique survivant va lui conter l’histoire de Paul
et Virginie [v. la femme sauvage] : "Mon fils, ces masures et ce
terrain inculte étaient habités, il y a environ vingt ans, par deux familles
qui y avaient trouvé le bonheur." Puis, s’ensuit le sommaire résumé
que voici:
"Deux françaises, Mme de la Tour, la
jeune veuve d’un aristocrate libertin, et Marguerite, une paysanne bretonne
séduite et abandonnée ont fui la métropole et sont venues cacher leur
déshonneur dans cette colonie [l’exotisme d’altérité extra-muros]. Elles
mettent au monde, vers 1726, Virginie et Paul. Mme de la Tour, avec sa fille
Virginie, et Marguerite, avec son fils Paul, sont aidées par un couple noir,
Marie et Domingue. Les deux femmes unissent leur détresse et leur pauvreté et
exploitent la terre. Leurs enfants grandissent comme frère et sœur. Les deux
mères et leurs enfants goûtent sur cette île un bonheur simple qui semble
effacer leurs malheurs passés. Virginie est devenue une adolescente et elle
découvre que ses sentiments pour Paul changent de nature. Elle l’imagine comme
compagnon et époux. Un mal n’arrivant pas seul, un ouragan ravage
l’exploitation. C’est alors qu’un nouveau danger apparaît ; la tante de
Mme de la Tour écrit à sa nièce lui enjoignant de lui envoyer Virginie. Emmenée
de nuit par le gouverneur, Virginie embarque à contrecœur pour la France [v. la
femme sauvage]. Loin de se réjouir de cette fortune que sa tante désire lui
léguer, elle souffre de cette vie européenne. On annonce son retour imminent.
Sur le chemin du retour, au moment d’aborder son île natale, le Saint-Géran
est pris dans la tempête et fait naufrage sous les yeux de Paul impuissant sur
le rivage. Le vieillard entreprend de le consoler. Paul succombe au poids de sa
douleur, bientôt suivi dans la mort par les mères des deux jeunes gens."–
"Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre", www.alalettre.com, pp.1-3.
B. La femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité intra-muros dans le roman occidental «Sister Carrie» (1900) de Theodore
Dreiser (1891-1945) :
Pour présenter
la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité intra-muros dans le roman
occidental «Sister Carrie» (1900) de Theodore Dreiser
(1891-1945) John Brown écrit : "De bonne heure, Dreiser quitta
sa famille pour se lancer dans le journalisme, à Chicago, à Pittsburg et New
York. Expérience qui lui sera précieuse pour sa formation littéraire : il
a eu la possibilité d’observer de près la vie quotidienne des gens pauvres [v.
la femme sauvage], harcelés par le besoin, victimes d’un système économique. Il lisait énormément, surtout les philosophes
positivistes : Huxley [1825-1895], Spencer [1820-1903] et Darwin [1809-1882 :
v. l’exotisme de l’altérité intra-muros]. A vingt ans, il avait découvert
Balzac [1799-1850] avec enthousiasme. Son
premier roman, Sister Carrie, a paru en 1900 – une date à noter
dans l’histoire du roman contemporain. Grâce à l’intervention de Frank Norris,
la maison Doubleday avait accepté son manuscrit, mais la femme du directeur ayant
trouvé le livre choquant, Doubleday ne le mit pas en vente. Pourtant, le sujet ne
nous paraît pas aujourd’hui bien scandaleux. " - «PANORAMA DE LA
LITTTERATURE CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS», Op.cit., p.72.
En
résumé de "Sister Carrie", J. Brown note : "C’est
l’histoire d’une jeune fille de la campagne [v. la femme sauvage] qui arrive
d’un petit village de l’Ouest [v. l’exotisme de l’altérité intra-muros] pour
travailler à Chicago. Dans la solitude de la grande ville, elle se lie avec un commis
voyageur. Plus tard, elle le quitte pour un homme marié et père de famille,
George Hurstwood, qui abandonne les siens pour elle. Ils vont d’abord à
Montréal, puis à New York où Carrie se détache de plus en plus de son
protecteur. Elle devient par hasard actrice, puis vedette, mais ses succès ne
la satisfont pas : à la fin du livre, elle est toujours une femme inquiète
qui cherche une signification à sa vie." – Op.cit., Ibid.
Pour le commenter, J. Brown ajoute :
"Ce livre étouffé par le silence aux Etats-Unis, a connu une presse
enthousiaste à l’étranger où les critiques l’ont appelé le Nana [v.
Zola : 1840-1902] américain." - «PANORAMA DE LA LITTTERATURE
CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS», Op.cit., p.73.
C. La femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité intra-muros dans le roman occidental «Suzanne et le Pacifique»
(1921) de Jean Giraudoux (1882-1944) :
En ce qui regarde la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité
intra-muros dans le roman occidental «Suzanne et le Pacifique» (1921) de
Jean Giraudoux (1882-1944), le Club su Livre Edition rend compte de
l’histoire de cet ouvrage en relatant : "Suzanne et le Pacifique
est l’histoire d’une jeune femme habitante de Bellac [Poitiers], Suzanne, qui,
ayant gagné un voyage autour du monde, s’embarque sur un bateau qui fait
naufrage. Suzanne échoue sur un archipel [v. la femme sauvage] dont la seule
identification qui convienne est celle d’un ailleurs paradisiaque [v.
l’exotisme de l’altérité intra-muros], d’un monde originel. C’est Suzanne qui,
de retour à Bellac, raconte son aventure. Si ce récit rappelle la trame de Robinson
Crusoë, il s’en écarte nettement par le regard féminin et pleinement
disponible que Suzanne, à la fois écrivain et personnage, porte sur ce qui
l’entoure, sur elle-même, et sur l’écriture : dans cet univers inconnu et
solitaire, Suzanne perd les traces de sa mémoire passée ; elle va alors
s’éveiller à un langage nouveau ‘une langue à moi seule’, écrit-elle, langue
dont la force poétique nomme et crée simultanément. De retour en France,
Suzanne [v. la femme sauvage] voit ‘comment on ne sait plus voir’. Voyage réel
ou voyage immobile, ce roman régénère l’œil du lecteur et l’entraîne dans une
aventure insulaire proprement initiatique [v. l’exotisme de l’altérité
intra-muros]. » - «Suzanne et le Pacifique», www.soukesalpes.fr , p.1.
Commentant «Suzanne et le
Pacifique» de J. Giraudoux, A. Larde et L. Michard avisent : "Quelque temps avant la
guerre de 1914, une jeune fille de Bellac, SUZANNE, échappe seule à un naufrage
[v. la femme sauvage] et trouve refuge
dans une île déserte, mais accueillante, du Pacifique où elle vit agréablement
parmi les oiseaux. Mais un jour, elle entend au loin tonner le canon (c’est le
combat de Coronel, du 1er novembre 1914) ; puis un noyer aborde
son île, et bientôt sa solitude va être peuplée de corps rejetés par la mer…
Etonnant Giraudoux à qui les morts parlent encore le langage de la vie, comme
les noyés apportent à Suzanne le message des vivants et le témoignage que la
vie des hommes continue là-bas loin d’elle, toujours aimable et attirante, en
dépit même de la guerre [v. l’exotisme de l’altérité intra-muros]." – «XXe
siècle», Paris, Ed. Bordas, 1966, p.448.
D. La femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité intra-muros dans le roman occidental «La Garçonne» (1922) de Victor
Margueritte (1882-1944) :
Pour présenter la problématique de la femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité intra-muros dans le roman occidental «La Garçonne»
(1922) de Victor Margueritte (1882-1944), Lionel Labosse résume le roman en ces
termes : "Un roman culte diffusé à grand nombre d’exemplaires,
auréolé d’un succès à scandale, introuvable et relativement difficile à lire
sans précautions aujourd’hui. L’histoire de Monique Lerbier, riche héritière
d’un couple bourgeois d’industriel enrichis par la guerre, qui rebelle pour
raisons idéologiques, et dont la rébellion prend une tournure féministe (…),
sans se soumettre à quiconque, surtout pas à des parents ou à des hommes, bref,
à ce qu’on pourrait appeler le patriarcat [v. la femme sauvage] (…). Dans une
perspective de matérialisme historique, il [l’auteur] cherche comment Monique
peut s’accommoder du mariage dans l’étroite marge de manœuvre que lui laissent
les lois et mœurs de l’époque, sans rien abdiquer de sa liberté, en trouvant
enfin un compagnon qui soit son égal. Cela fait du roman une étude de cas à
lire en parallèle avec Le deuxième sexe [1949] de Simone de Beauvoir
[1908-1986]." - "La garçonne, de Victor Margueritte", www.altersexualite.com , p.1.
Nous en résumons avec L. Labosse la trame :
"A l’instar de l’Antigone d’Anouilh [1942] d’Anouilh [1910-1987], Monique
n’a pas le droit de courir sur la plage, ni même de lire. Ses parents la confient sans regret durant
toute son enfance à sa tante bien aimée. Pendant la guerre, Monique se dévoue
comme infirmière pour soigner les soldats ; elle se révolte [v. la femme
sauvage] ‘contre le mensonge social’, sans comprendre encore que ‘l’usine
Lerbier travaille pour la guerre et gagne, paraît-il, des millions à fabriquer
des explosifs…’ C’est pour sauvegarder l’usine familiale que ses parents
négocient un mariage avec Lucien Vigneret, qui accepterait que sa dot fût
confondue avec sa participation dans l’entreprise. Monique ne se doutait pas de
ces tractations et accepte. Mais le hasard la fait tomber sur son futur mari
dînant avec sa maîtresse. Elle décide aussitôt de renoncer à ce mariage, quitte
ses parents et s’établit à son compte. L’auteur signale qu’à cause de la guerre
les filles sont ‘devenues des garçonnes’. La drogue n’est pas oubliée. Monique
plaide pour les enfants naturels, lors d’une tentative infructueuse d’avoir un
enfant et adopte la fille de son amie Mme d’Ambrat. Elle fréquentera des amis débauchés [v.
l’exotisme de l’altérité intra-muros]. Puis, Monique semble trouver en Georges
le compagnon qui l’acceptera comme son égale. Mais, le récit les abandonne au
moment prudemment au moment des aveux" - "La garçonne, de Victor
Margueritte", Op.cit., p.1.
Inversement, nous expliciterons, en
dernier lieu, la problématique de la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité
extra-muros dans le roman occidental.
2.
La femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité extra-muros dans le roman
occidental :
Pour
parler de la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité extra-muros dans le
roman occidental, il faut rappeler avec Shafagh Shahabi : "Le
sentiment exotique est si riche que, depuis le Grèce antique, il crée des
œuvres littéraires et prend l’allure d’une mode. Les œuvres du XVIIIème siècle
se colorent volontiers d’exotisme [v. exotisme d’e l’altérité intra-muros]. L’écrivain
parle d’un pays qu’il n’a jamais vu et qui lui est révélé par des lectures et
des recherches des récits de voyageurs. Il s’agit moins d’un goût personnel que
d’une satisfaction donnée au public épris d’un pays étranger et d’une forme de
vie étrange. Ni Molière, ni Racine, ni Hugo n’ont voyagé au Proche-Orient. Ils
ont de ces régions et de leurs habitants [v. la femme sauvage] des
connaissances livresques. Cet exotisme donc est un exotisme gratuit. A
l’opposé, au XIXème siècle, il existe une forme d’exotisme plus concret [exotisme
de l’altérité extra-muros] car vécu. C’est l’exotisme des voyageurs quand ils
sont écrivains : Chateaubriand en Amérique, en Orient. Lamartine, Nerval,
Gautier, sur les rives de la Méditerranée, Flaubert en Egypte, Loti au Sénégal,
à Tahiti…" – "L’exotisme dans la littérature", www.serieslitteraires.org , p.1.
Or,
la problématique de la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité extra-muros
dans le roman occidental se caractérise par le fait qu’à un auteur et un
lieu occidentaux correspondant à un personnage résident ou expatrié en un lieu exotique
ou occidental. Ainsi, pour ce qui est la femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité extra-muros dans le roman occidental, citons par exemple :
A. La femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité extra-muros dans le roman occidental «L’histoire d’une
parisienne convertie à la ‘vie naturelle’, in «Les Aventures de M. Robert
Chevalier, dit de Beauchêne, capitaine de flibustiers dans la Nouvelle-France’,
Livre IV» (1734) d’Alain-René Lesage (1668-1747) :
Au sujet de la problématique de la femme
sauvage ou l’exotisme de l’altérité extra-muros dans le roman occidental «L’histoire
d’une parisienne convertie à la ‘vie naturelle’, in «Les Aventures de M.
Robert Chevalier, dit de Beauchêne, capitaine de flibustiers dans la
Nouvelle-France’, Livre IV» (1734) d’Alain-René Lesage (1668-1747), Léon Thoorens donne de «L’histoire d’une
parisienne convertie à la ‘vie naturelle’ » le compte rendu
suivant : "Le quatrième livre introduit un thème lié déjà aux
précédents et qui, comme eux, ne reparaîtra en France que bien plus tard :
"L’Histoire d’une Parisienne convertie à la ‘vie naturelle’"
et devenue reine parmi les bons sauvages [au Canada]. Lesage ouvrait ainsi une
veine romanesque qui tarit avec lui, et ne se ranima qu’avec Paul et
Virginie [1787], les Natchez [1826], les romans maritimes et
exotiques d’Eugène Sue [1804-1857]. «Les
Aventures de Beauchêne» [dont l’Histoire d’une Parisienne…] remporta un immense
succès à sa parution (1734), et puis fut oublié. Après le traité de Paris
(1763), qui sacrifiait le Canada, Louis XIV [1638-1715], Voltaire [1694-778],
et même les lecteurs des romans populaires ne désiraient plus entendre parler
d’une épopée avortée." - «PANORAMA DE LA LITTTERATURE CONTEMPORAINE
AUX ETATS-UNIS», Op.cit., p.18.
Parallèlement, on pourrait souligner avec
Wikipédia : « L’exotisme apparaît avec Pierre Loti [1850-1923] et
d’autres motifs autorisant le mélange des genres et en quelque sorte, du
point de vue littéraire, un métissage [l’exotisme de l’altérité extra-muros].
La science avec Jules Verne donne davantage de profondeur à l’exotisme
(intégration de termes étrangers, d’espèces alors inconnues, popularisation
géographique). Les naturalistes n’utiliseront pas l’exotisme qui, très vite, à
la fin du XIXe siècle va se confondre avec le nationalisme en
littérature (…) et diverger en deux sous-courants : celui accusant la
Colonisation [l’exotisme de l’altérité extra-muros] et celui en faisant l’éloge
[l’exotisme de l’altérité intra-muros]. Dès lors le thème du voyage modèle le
genre exotique des écrivains comme Blaise Cendrars [1887-1961] (La Prose du
transsibérien et la petite Jehanne de France) (…). Avec la
colonisation, l’exotisme perd définitivement toute prétention de convention
(…). Les auteurs occidentaux vont alors s’imprégner par la colonisation de
cette ouverture sur le monde (…). L’exotisme devient avec la Décolonisation
l’expression authentique des peuples souverains et l’affirmation d’une
recherche de la vérité historique et une dénégation de la couleur locale. Des
écrivains comme Jean Marie Gustave Le Clézio [1940-] cherchent, dès lors, à
utiliser le charme exotique plus palpable et les cultures lointaines et les
caractéristiques géographiques." - "Littérature
exotique et exotisme en littérature", Op.cit., pp.1-2.
B. La femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité extra-muros dans le roman occidental «Ourika» (1823) de Claire
de Duras (1777-1828) :
Pour expliciter davantage la problématique
de la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité extra-muros dans le roman
occidental «Ourika» (1823) de Claire de Duras (1777-1828), Wikipédia
présente son auteur comme suit : "Claire Louisa Rose Bonne,
duchesse de Duras, est née de Coëtnempren de Kersaint, le 23 mars 1777 à Brest
et morte me 16 janvier 1828 à Nice. C’est une écrivaine française, surtout
connue pour son roman ‘Ourika’, publié en 1923, qui analyse les
questions d’égalité raciale [l’exotisme de l’altérité extra-muros] et sexuelle
[la femme sauvage dans le roman occidental]. Elle est considérée par certains
comme féministe. "Ourika" est un roman publié
anonymement, en 1923, par Claire de Duras. Elle ne comptait pas faire carrière
dans la littérature et c’est à contrecœur et afin d’empêcher les possibilités
de plagiat, qu’elle cédât aux pressions de Chateaubriand [1768-1848] en
publiant ce roman, tombé de sa plume alors qu’elle s’était retirée à la
campagne lors d’une maladie contractée vers 1820. " – "Claire de
Duras", www.wikipedia.org , p.1.
Le même article résume l’histoire de «Ourika »
ainsi : "Retirée de la vente sur le marché des esclaves par le
gouverneur du Sénégal qui l’amène à Paris pour l’offrir à une amie, la jeune
africaine Ourika reçoit une bonne éducation. A l’âge de quinze ans, elle se
rend compte du préjudice que lui suscite sa couleur de peau [v. la femme
sauvage]. Après le mariage de Charles, dont elle est amoureuse, avec une Française,
elle se retire au couvent où elle finira par mourir prématurément. On pense que
ce roman est le premier dans la littérature française à étudier le
problème des relations interraciales et, en particulier, de l’amour entre ceux
qui appartiennent à différentes races [l’exotisme de l’altérité
extra-muros] ; c’est la raison pour laquelle l’intérêt littéraire et
scientifique pour ce roman s’est beaucoup accru, à partir de la deuxième moitié
du XXe siècle." – "Ourika (roman)", Op.cit.,
Ibid.
C. La femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité extra-muros dans le roman occidental «Aycha ou le retour
d’"Elle"» (1886) de Henry Rider Haggard (1856-1925) :
Selon linternaute.com,
la problématique de la femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité extra-muros
dans le roman occidental «Aycha ou le retour d’"Elle"»
(1886) de Henry Rider Haggard (1856-1925) explicite dans son article consacré à
ce roman : "Sir Henry Rider Haggard (1856-1925) est un des plus
remarquables conteurs d’aventures que le monde ait produit. De son abondante
production émergent «Les Mines du roi Salomon» et, surtout «Le Cycle
de l’Immortelle» [dont « Aycha »]. Paru en 1886, « Elle »
devint un succès un succès de librairie pour bien des raisons :
dépaysement des décors, narration haletante et, surtout création d’une héroïne
fantasque qu’Henry Miller [1891-1980] adorait." – "Aycha ou le retour
d’Elle", www.decitre.fr , p.1.
Le résumé du roman
« Aycha ou le retour d’"Elle" » survient dans
le même article en ces termes : "Aycha, l’immortelle, l’omnisciente
recluse dans sa ville souterraine de Kôr [v. la femme sauvage] est
contradiction totale : puissante est faible, bourreau et victime,
maîtresse et esclave, elle retrouve l’amour qu’elle attend depuis 2000 ans, et
une fontaine de feu le lui arrache. Avant de mourir, elle avait promis de
revenir. La voici, plus superbe, plus contradictoire, dans Aycha qui,
avec Elle, se déroule dans les neiges éternelles. Les années ont passé,
mais elles ont coulé sur Aycha sans laisser de trace… C’est la femme que l’on
idolâtre, dont on rêve et que l’on craint. En quelques mots : un linguiste
britannique et son neveu se découvrent une étrange filiation avec une princesse
d’Egypte ayant vécu il y a 2000 ans. Parant à la recherche de son royaume en
Tanzanie [v. l’exotisme de l’altérité extra-muros], ils feront la rencontre de
la princesse, rendue immortelle grâce à une source magique." –« Elle de
H. Rider Haggard : un classique oublié», www.linternaute.com , p.1.
D. La femme sauvage ou l’exotisme de
l’altérité extra-muros dans le roman occidental «Doudja» (1930) de Lucienne
Favre (1894-1958) :
Décryptant la problématique de la
femme sauvage ou l’exotisme de l’altérité extra-muros dans le roman
occidental «Doudja» (1930) de Lucienne Favre (1894-1958), Lucienne
Martini remarque en particulier : "Bien qu’elle soit à peu près
contemporaine du mouvement algérianiste et des débuts de l’école d’Alger,
Lucienne Favre n’appartient ni à l’un ni à l’autre (…). Après Tout l’inconnu
de la Casbah, elle publiera sous le titre Dans la Casbah, deux
nouvelles éditions remaniées du même «documentaire romancé», tel qu’elle le
désigne elle-même. En tant que femme – et elle ne partage ce privilège qu’avec
quelques romancières -, il lui a été donné de pénétrer des milieux interdits
aux hommes [v. l’exotisme de l’altérité extra-muros] et elle consacre de nombreuses
pages à montrer ces figures féminines [v. la femme sauvage] si souvent
méconnues parce que oubliées de la littérature des Européens." – "Un
regard de femme, Lucienne Favre (1894-1958) : Orientale (1930)", www. sielec.net , pp.1-2.
L. Martin en résume l’intrigue en
indiquant : "Deux romans retracent une vie de femme : « Doudja »
conte l’itinéraire d’une jeune et belle Kabyle [v. la femme sauvage] qui, pour
échapper à un vieux mari brutal, se sauve vers Alger et trouve refuge dans la
Casbah où elle exerce, en tout honneur, le métier de danseuse. Diverses
péripéties bien romanesques lui amèneront l’amour dans le mariage et l’enfant,
consécration de toute vie de femme au Maghreb [v. l’exotisme de l’altérité extra-muros]
(…). Doudja (…) entre dans un ensemble intitulé Mille et un jours."-
"Un regard de femme, Lucienne Favre (1894-1958) : Orientale
(1930)", Op.cit., p. 2.
En
conclusion, l’explicitation de la problématique de la femme sauvage ou
l’exotisme de proximité et de l’altérité intra ou extra-muros dans le roman
occidental s’était avérée fort féconde au regard de la recherche littéraire
comparée, et non sans nuance dans le jugement définitif, et comme le stipule de
son côté J.-F. Staszak : "Par
ailleurs, l’Occident ne détient pas le monopole de l’impérialisme et de la
colonisation ; il est ainsi possible que l’exotisme puisse ou ait pu se
dire et se penser de façon spécifique en turc, en russe ou en japonais, par
exemple, sur la base d’autres centres et d’autres normes. Il est possible que
l’émergence d’une superpuissance chinoise s’accompagne dans le moyen terme de
l’affirmation et la diffusion d’une nouvelle vision du monde. Mais, pour
l’instant, seul l’Occident est parvenu à imposer ses valeurs et sa puissance
avec une telle efficacité, sur une telle échelle et sur un pareil laps de
temps : le phénomène et sans précédent et sans équivalent. Il est assez
réaliste de présenter le point de vue occidental comme ayant une portée
universelle – pour le meilleur et pour le pire." - "QU’EST-CE
QUE L’EXOTISME ?", Op.cit. , p.1.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED