«IIIe
RENCONTRE HISPANO-MAROCAINE DE POESIE» :
ANTHOLOGIE
CONSACRANT LA POÈTESSE ESPAGNOLE
TRINA
MERCADER (1919-1984)
Maître d’œuvre de cette manifestation
poétique hispano-marocaine, tenue à Tétouan, le 21, 22, 23 mars 2013, et par
une initiative purement personnelle, qui, contre vents et marées, arrive à sa
troisième édition de portée internationale, le poète de langue espagnole Ahmed
Mohamed Mgara, indique dans une note de presse très éloquente : «Depuis
qu’elles existent, les deux
« Ecuentros poéticos hispanomarroquí de poesia», célébrées, il y a deux et
quatre ans, et vu le succès obtenu, nous nous embarquons dans une nouvelle
expérience, avec l’unique fin de collaborer, dans une approche plus fluide
entre nos deux pays [le Maroc et l’Espagne], quoique vue à travers la poésie et
les arts poétiques qui cheminent dans leurs espaces ou en parallèle.» -
« Nota de prensa», www.ahmedmgara@yahoo.es, p.1.
L’anthologie qui a couronné les travaux de
ces troisièmes rencontres poétiques de Tétouan, parue sous le titre : «RECORDANDO
A TRINA… Antologia poética- 2013», rend un vibrant hommage à de la défunte poétesse espagnole Trina
Mercader, sous le signe «Souvenons-nous de Trina…», constitue un
panorama poétique de huit pays et de trois continents : le Maroc (pour l’Afrique),
l’Espagne, le Portugal (pour l’Europe), le Brésil, l’Uruguay, San Domingue, l’Argentine, le Chili (pour Amérique Latine).
L’ouvrage en question compte 138 pages, 15x21, Edit. Estrechando, 2013, et
regroupe les textes de 53 participants portant la griffe de 31 poètes et 22 poétesses.
La défunte Sapho consacrée et depuis longtemps
méconnue, Trina Mercader d’âme maroco-espagnole (1919-1984) est présentée affectueusement
par A.M. Mgara comme suit : «Ce fut
à Larache qu’elle publia ses premiers poèmes, usant du pseudonyme de ‘Tímida’.
Tandis qu’elle publiera alors une fois à Tétouan, en 1944, Les «Pequeños poemas», un recueil signé
de ce même pseudonyme (…).
«En 1947, Trina créa à Larache la revue ‘Al-Motamid,
versos et prosa’ qu’elle publia et dirigea durant neuf ans, jusqu’à 1956,
parvenant à publier trente et un numéros, et qui fut considérée comme
l’impulsion la plus ferme de ce qui se nommera littérature marocaine exprimée
en espagnol ou, simplement hispanisme marocain, en arrivant à publier en
parallèle une collection de poésie qu’elle intitula ‘Itimad’ (…). Elle
apprit les choses comme une bonne autodidacte qui fit les diverses facettes de
sa vie (…). Trina avait coutume de dire : ‘Ma première naissance à
Alicante. La seconde, à Larache (Maroc)’(…).
Trina publia dans sa propre revue et collabora à diverse publications de ses
créations poétiques, dont nous pouvons choisir un des poèmes les plus
représentatifs de la sensibilité expressive de Trina : ‘Mayo de los
amantes’ :
«Mai des amants,/
mûrissant les lèvres, nouveau fruit,/ comme il déversait l’eau de mes yeux
assombris/ par où les étoiles pénètrent la profondeur.// Ma voix est un volcan/
son panier de pommes en jubilation.// Toucher de caresse,/ regardait comment
l’herbe de mes doigts.// et ce rythme en discordance que le cœur ordonnait/ met
en fuite les oiseaux du nu dans lequel ils boivent/ l’eau aveugle du
baiser : verbe muet.// Mai des amants,/ amoureusement tu découvre.» - «RECORDANDO A TRINA… », Op.cit., pp.6-11.
Le florilège de cette anthologie richement dotées, fondamentalement hispanophone recueille un
répertoire textuel poétique quadrilingue :
espagnol (35), arabe classique et dialectal
(4), portugais (7) et français (1). Sporadiquement et brièvement, apprécions
quelques extraits plein de verve de cette pléiade très féconde de la «RECORDANDO
A TRINA… Antologia poética- 2013», cordes sensibles de poètes et
poétesses, tirés au hasard, et à titre indicatif, de cette anthologie des IIIe rencontres poétiques hispano-marocaines
polyphoniques, 2013, de Tétouan :
1) ESPAGNE ET PORTUGAL (Europe) :
VERÒNICA
ARANDA
MADRID
GAZELLE
Eclat nous espérons et cheminons
Pour les nocturnes boulevards
Avec audace que donne l’éloignement,
Sa fausse transcendance s’intervertit en souhait.
FERNANDO
MARTIN DE VILLENA
GRENADE
AL-HOCEIMA
Les jours sont d’alliance à
Al-Hoceima
alliance est la baie
harmonieuse et profonde,
harmonieux le matin et ses palmiers,
les rues que qui descendent sont d’alliance,
les barques, le port et les
terrasses,
les rires des jeunes et le dos de ses taxis ;
tout est allègre alliance,
comme si la mer continue
triomphant de la terre dedans
et les nappes qu’elle laisse
de son si noble sang.
MARIA DO SAMEIRO BARROSO
PORTUGAL
COSMOGONIE
Au début, une grande fleure vide
commençait à s’agiter.
Soyons terre et ciel, souvenons-nous du corps
Des éclairs mélodieux.
Dans notre conte, il y avait des
lieux, des montagnes,
des océans de brume.
Comme plantes informes, nous
apprenons à voyager entre le soleil
l’arc iris.
Dans la boue musicale, se glissent
coquilles et coraux,
colorant l’harmonie des premières
paroles.
CARLOS VAZ
PORTUGAL
[Traduction: JOAN NAVARRO]
TOILE SANS
SENTIMENT
Tout s’en est allé autour, et maintenant les bulles de savon se rompent
avant le plancher, en premier lieu les
gens, tous les gens, trop de gens, alors les rues, les maisons, les voitures et
plus de gens, finalement blancs comme un tableau d’espoir. Elles nous disent
nous allons peindre la rosée, elle convie allons poser les barques avec des
ailes, elle peint un château pour chanter, elle un piano de sortilèges, a elle
le miel de la toile et à elle vin et l’huile dans sa couleur.
Et jusqu’alors tout tient au sentiment.
2)
MAROC (Afrique) :
MOUFID ATIMOU
TÉTOUAN
(EN
ESPAGNOL)
CONJUGAISON
Paraît lent le temps
dans cette nuit d’insomnie
Mais alors se lève le jour,
alors aujourd’hui se fait hier
et le matin qui était à venir
alors se fut consommé.
Jamais ne s’arrête l’horloge
Ni ne vient tard le moment,
instant comme instant.
Le présent toujours absent,
le futur inexact…
Passé simple… imparfait…
MOHAMMED SOSSE
ALAOUI
(EN
FRANÇAIS)
PÉRIPLE
D’AMOUR
Âme
Poétique
Du
Monde
Périple
d’amour
Humain
Périple
De survie
Naturelle
Conscience
Sentimentale
D’être
Positif
Du
Côté
Lumineux
Des choses…
FARIDA EL
BAKKALI
(EN
ARABE)
EMREINTES
GRISES
Elle immortalisa son rêve
Et un tract de révolte
Lorsqu’elle alluma
La couleur du poème
Gitan
Et se posa sur le dessin
Avec tendresse et audace.
3) URUGUAY (Amérique
Latine) :
JULIO
PAVANETTI
ABDICATION
Je ne sais si les étoiles
découvriront tous les grands yeux des
noirs
ou c’est ton âme qui émet leurs lueurs
comme la lune sereine.
Je ne sais si cette lune
Eclabousse entre tes cheveux de jais
Le reflet incandescent de sa corne,
Qui caresse la nudité.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED