LE
THЀME DE L’OISEAU SUR LA BRANCHE D’UN ARBRE D’ABÛ FIRÂS À
VERLAINE :
OU L’OSMOSE POÉTIQUE EUROPÉO-FRANCO-ARABE
DU Xe AU XXe SIЀCLES
Pour souligner diachroniquement
l’osmose (v. l’interpénétration) poétique européo-franco-arabe séculaire,
Sigrid Hunke observe à cet égard : «Les troubadours [v. tarab,
ménestrel en arabe], Guillaume IX d’Aquitaine [1086-1127] à leur tête, les
trouvères et les minnesänger s’approprièrent les formes rythmiques des Arabes,
leur structure de strophe et du vers, et maints autres éléments propres aux
poètes lyriques et aux chanteurs des rues andalous. Les chants sacrés du roi
Alphonse le Sage [1221-1284], fortement inspiré par son entourage arabe, ainsi
que les ouvrages – tout à fait dans la tradition islamique – de Juan Ruiz [m.
vers 1350], archiprêtre d’Hita, qui composa même des airs de danse et des
chansons légères pour les chanteuses arabes de ses amies, ont manifestement
subi l’influence arabe, influence qui se retrouve d’ailleurs aussi bien dans
les cantiques de Noël latins que dans la ballade [v. de balad, pays en
arabe] et rondeau français [v. dawr, tour de chant en arabe].» - «Le
soleil d’Allah brille sur l’Occident», Paris, Albin Michel,1963,
pp.349-350. D’où la question ici du : «thème de l’oiseau sur la branche d’Abû
Firâs Al Hamadânî [932-968] à Paul Verlaine [1844-1896] : ou l’osmose
poétique européo-franco-arabe du Xe au XXe siècle.» Ce qui nous conduit à
explorer successivement :
I. Le
thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul
Verlaine du Xe au XIXe et XXe s.
II.
Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre la métaphore, la métaphore métonymique et métaphore synecdochique
télescopée chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XXe s.
III. Le thème de
l’oiseau sur la branche d’un arbre et l’osmose poétique européo-franco-arabe
entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul
Verlaine comme pratique généralisée à la
poésie européenne du Xe au XXe s.
Ainsi aborderons-nous
respectivement :
I. Le
thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul
Verlaine du Xe au XIXe s. :
À propos du «thème
de l’oiseau sur la branche d’un arbre : ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe» entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî (932-968)
et Paul Verlaine (1844-1896) du Xe au XXe s., on peut noter avec B.
Eikhenbaum : «Le point de vue génétique [v. ici l’osmose poétique] ne
tient pas compte de l’existence du procédé qui est une utilisation spécifique
du matériau; on ne tient pas compte du choix fait sur la matière empruntée à la
vie [v. chez Abû Firâs et Verlaine] , de la transmutation subie par cette
matière, de son rôle constructif; enfin on ne tient pas compte du fait qu’un
milieu disparaît [l’Orient et l’Andalousie arabe face à l’Europe post-médiévale],
tandis que la fonction littéraire qu’il a engendrée reste non seulement comme
une survivance [une diachronie], mais comme un procédé littéraire gardant sa
signification hors de tout rapport avec son milieu [v. délocalisé, en France et
en Europe].» - «LA THÉORIE DE LA ‘MÉTHODE FORMELLE’», in «Théorie de la
littérature», Paris, Ed. du Seuil, 1965, p.49.
D’où précisément le champ d’investigation à
explorer diachroniquement suivant :
1. Le corpus du
thème de l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le
procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XXe s. :
Certes, le corpus de cette osmose
poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé
littéraire délocalisé, chez Abû Firâs et
Verlaine du Xe au XIXe s., présente a priori une similarité autobiographique
textuelle quasi singulière, et ce malgré l’écart géo-historique et humain de la
culture, du temps et de l’espace. À cet égard, il s’impose de sonder diachroniquement et scripturairement
le corpus type de l’osmose poétique comparée
d’Abû Firâs/ Verlaine :
A. Le thème de
l’oiseau sur la branche d’un arbre comme source de l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî (952-989)
:
Aussi faut-il explorer diachroniquement
le corpus type du «thème de l’oiseau sur la branche» source de l’osmose
poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire
délocalisé, pour commencer, chez Abû Firâs Al Hamadânî (932-968). Le poète
arabe étant fait prisonnier lors d’une campagne de la guerre entre la
principauté de Mossoul et la cité de Byzance. Il se sent abandonné par son
cousin le prince d‘Alep Seif Dawla et les siens, et condamné à croupir dans la prison
de byzantine [v. Constantinople], lorsqu’il entend le roucoulement d’une
colombe, sur la branche d’arbre voisin, et clame plein d’amertume et de regret ces
vers, extraits d’un long poème qu’anime d’une fougue chevaleresque et d’une
sensibilité mortifiée :
LA
COLOMBE PLAINTIVE SUR LA BRANCHE D’UN ARBRE
PAR-DESSUS
LA PRISON D’ABÛ FIRÂS À BYZANCE
«Je dis
alors que se plaint près de moi une colombe/
Ô voisine, que ne puisses-tu sentir l’état de
mon âme//.
Le rendez-vous
d’amour, tu l’ignores voyageuse hôte/
de la nuit/ Toi dont
les soucis n’effleuraient la pensée//.
Ô voisine, le sort n’a point été juste envers
nous deux/
Viens que nous puissions partager nos peines,
viens//.
Viens, que tu trouveras en moi une âme si
affaiblie/
Se répercutant dans un corps que torture mon
esprit//.
Porte-t-il celui dont le cœur tant attristé des pattes/
Sur une branche à une distance lointaine si
élevée!//.
Se peut-il qu’un captif rie et que pleure
une libérée/
Et se tait un chagriné et se lamente un sans-souci//.
Je fus plus digne que toi des pleurs de ma
prunelle/
Mais chères sont mes pleurs devant les épreuves//.
(Ahmed
Hassan Zayyat, «Tarîkh al Adab al
Arabî», le Caire, Ed. Dar Misr Li Attabae wa al
Nachr,
1965, p.305.
Il y va diachroniquement de même pour
le corpus type du «thème de l’oiseau sur la branche» cible de l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire
délocalisé, chez Paul Verlaine.
B. Le thème de
l’oiseau sur la branche d’un arbre cible de l’osmose poétique européo-franco-arabe
entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Paul Verlaine (1844-1896) :
Parallèlement, il en va de même du «thème de l’oiseau
sur la branche d’un arbre» cible de l’osmose poétique européo-franco-arabe
entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Paul Verlaine (1844-1896).
Le poète étant emprisonné, à Mons (en
Belgique), après avoir été condamné pour
avoir tiré deux coups de revolver sur son ami le poète Arthur Rimbaud [1854-1891]
, en 1873. Il a écrit ces vers pleins d’afflictions et de repentir, en
entendant la plainte d’un oiseau sur le palme [la branche] d’un arbre par-dessus
le toit de sa prison, et dont voici la teneur :
LE CIEL
EST, PAR-DESSUS LE TOIT
«Le ciel
est par-dessus le toit, /
Si bleu, si calme!//.
Un arbre
par-dessus le toit,/
Berce sa palme//.
La cloche,
dans le ciel qu’on voit,/
Doucement
tinte,//
Un oiseau,
sur l’arbre qu’on voit,/
Chante sa
plainte//.
Mon Dieu,
mon Dieu, la vie est là,/
Simple et
tranquille//.
Cette
paisible rumeur là,/
Vient de
la ville//.
-Qu’as-tu
fait, ô toi que voilà/
Pleurant
sans cesse,//
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta
jeunesse ?
(Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX
CHOISIS
DES AUTEURS FRANÇAIS», Paris Lib. Hatier,
1938, p.1041.)
Or, de façon plus de détaillée, observons ainsi :
2. Le thème
de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe source entre l’emprunt à la vie et le procédé
littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al
Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe s. :
Néanmoins, pour décrire la structure diachronique du «thème
de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source et cible du poète prisonnier comme
osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé
littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe
s., B. Tomachevski relate : «Nous observons dans la littérature vivante un
groupement constant de procédés ; ces procédés se combinent en certains
systèmes [v. poétiques] qui vivent simultanément, mais s’appliquent dans des
œuvres différentes. Une différenciation plus ou moins nette des œuvres
s’établit selon les procédés qui y sont utilisés. Cette différenciation des
procédés peut avoir diverses origines : nous parlons de différenciation
naturelle quand elle provient d’une certaine affinité intérieure des procédés
particuliers entre eux qui leur permet de se combiner facilement ; de
différenciation littéraire et sociale quand elle découle des buts posés aux
œuvres particulières, des circonstances de la création, de leur destination, de
l’accueil réservée à l’œuvre [v. l’emprunt à la vie] ; de la
différenciation historique quand elle procède de l’imitation d’œuvres anciennes
et des traditions littéraires [v. le procédé littéraire délocalisé, osmose poétique européo-franco-arabe].»
- «THÉMATIQUE», in «Théorie de la littérature», Op.cit., p.302.
D’où comparativement
par exemple :
A. Le thème de
l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire
délocalisé chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XIXe s. :
Parallèlement, l’analyse
de la structuration comparée du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou
l’osmose poétique européo-franco-arabe» entre l’emprunt à la vie chez Abû Firâs
Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe s., a amené B. Tomachevski à indiquer
: «Parmi les œuvres qui dénudent [dévoilent] leurs procédés, il faut isoler
celles qui révèlent un procédé étranger à l’œuvre, soit traditionnel [v.
l’emprunt à la vie] chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine], soit propre à
un autre écrivain [le procédé littéraire délocalisé].» - Op.cit., p.301.
Du fait, il est à
noter corrélativement au sujet d’(e) :
+ Abû Firâs Al
Hamadânî (932-968) : Il a clamé sur «le thème de l’oiseau (v. ici, la
colombe) sur la branche d’un arbre » le poème source de l’osmose
poético-franco-arabe du, au fond de la prison militaire byzantine, comme
prisonnier de guerre, avec lyrisme héroïque et déploré. Et c’est ce que traduisent
notamment les vers essentiellement lyriques
suivants :
«Je dis alors que se plaint près de moi une
colombe/
Ô voisine, que ne puisses-tu sentir l’état de mon
d’âme//.
Porte-t-il celui
dont le cœur si attristé des pattes/
Sur une branche à une
distance lointaine si élevée!//.
Alors qu’on observe par ailleurs
chez Verlaine :
+ Paul Verlaine
(1844-1896) : Il a entonné «le
thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» cible de l’osmose
poético-franco-arabe, à l’intérieur d’une
prison belge, comme prisonnier de droit commun, pour tentative d’homicide
volontaire, épanchant un même lyrisme affligé et repentant. Et c’est que
traduit particulièrement les vers des couplets mélodramatiques suivants :
La cloche,
dans le ciel qu’on voit,/
Doucement
tinte,//
Un oiseau,
sur l’arbre qu’on voit,/
Chante sa
plainte//.
À quelques
détails substitutifs près, tels que : la colombe/ l’oiseau ; la
branche/ la palme, Byzance/ Mons ; prisonnier de guerre/ prisonnier de
droit commun, «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» de l’osmose
poético-franco-arabe, du IXe au XIXe-XXe s. chez Abû Firâs et Verlaine s’affirme
parfaitement cohérent et pertinent. En outre, il est à souligner en ce sens
avec J. Tynianov que : «Le pastiche [v. le procédé littéraire délocalisé]
n’a de vie littéraire [v. l’emprunt à la vie] que dans la mesure où l’œuvre
pastichée en a une [v. une œuvre pastichée]. » - «DE LA RÉVOLUTION
LITTÉRAIRE», in «Théorie de la littérature», Op.cit., p.126. Or, pour
Abû Firâs (952-989), ce fut bien le cas du
poète arabe aveugle, à la suite d’une
petite vérole infantile, le fameux Abû Al Alaa Al Maârrî (979-1058), épigone tardif
de ce dernier. Maârrî se voit prisonnier d’une triple captivité quasi symbolique
(sa cécité, sa demeure et son propre corps). Il évoque poétiquement «le thème
de la colombe (l’oiseau) sur la branche d’un arbre», cible mettant
en exergue le drame de ses trois prisons dans ces vers pleins d’un scepticisme philosophique
et cynisme désespérants :
«Je me vois dans trois mes prisons,/
Ne
m’interroge pas sur le bien enraciné//.
D’avoir perdu la vue et gardé
le logis/
Que
mon âme soit dans le corps avili//.»
A propos du «thème de la colombe (l’oiseau) sur
la branche d’un arbre», cible, il l’invoque plus précisément en ces vers extraits
d’un long poème autoglarificateur dans un esprit ballotant entre l’agnosticisme
et le scepticisme à l’infini :
Pleure-t-elle, cette colombe ou chante-/
elle, sur la cime de sa branche agitée//.
(Omar Dassuqi et alii, «Al Adab wa al
Nussûs 3», Casablanca, Ed. Maktabatu
al
Salam, 1963, pp.202-204.)
Il s’avère ainsi
que «l’emprunt à la vie» et «le procédé littéraire délocalisé» sont au cœur du
«thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source, dans un cadre purement arabo-arabe,
augurant diachroniquement de l’osmose poético-franco-arabe, avec cette entité typique
du poète prisonnier réel ou symbolique. Ce qui fait d’elle d’ailleurs une
pratique poétique du «pastiche» d’’une œuvre pastichée, tel ici le cas de [Abû
Firâs/ Al Maârrî], et ce avant de s’étendre à l’Europe chrétienne [Abû Firâs/
Verlaine], etc.
Toutefois, cela s’inscrit aussi rhétoriquement
sur le plan textuel dans des dimensions métaphoriques composantes diachroniques
du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source et cible de l’osmose
poético-franco-arabe chez à la fois Abû Firâs et Verlaine.
D’où alors :
II. Le thème
de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe
entre la métaphore, la métaphore métonymique et la métaphore synecdochique
télescopées chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XIXe s. :
Pour mieux appréhender
«le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre», évoqué par le poète
captif (réel ou symbolique) ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la
métaphore, la métaphore métonymique et la métaphore synecdochique télescopée, chez Abû Firâs et Verlaine du Xe
au XIXe s., il est primordial de cerner le sens de ces figures rhétoriques dont
Henri Suhami indique : «Dans la métaphore, le transport de sens se fait
par le moyen d’une ressemblance. Dans métonymie le transport utilise la voie
d’une relation [de contiguïté], et y a autant de métonymies que qu’il y a de
types de relations [métaphore naturelle, métaphore métonymique, métaphore
synecdotique] (…). La synecdoque est une variété de métonymie qui consiste à
assimiler le tout et la partie [et inversement]…». – «LES FIGURES DE STYLE»,
Paris, Ed. PUF, Que sais-je ?, p.47.
D’où nommément :
1. Le thème de l’oiseau sur la
branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore
naturelle, la métaphore métonymique et métaphore synecdochique télescopées chez Abû Firâs Al Hamadânî du Xe
au XIXe s. :
Dans le poème
du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre la métaphore naturelle, la métaphore métonymique et la
métaphore synecdochique télescopées chez Abû Firâs du Xe au XIXe-XXe s., il est
à remarquer les usages métaphoriques typiques qu’en fait suivants :
+ La métaphore naturelle télescopée chez Abû
Firâs :
Abû Firâs use ici de la métaphore
naturelle télescopée dans les vers d’identification de l’oiseau (la colombe)
voisin(e), en disant : « Je dis, alors que se plaint près de moi une
colombe/ Ô voisine…» ; il en est de même dans : «Le rendez-vous d’amour,
tu l’ignores hôte de la nuit/ et du voyage». Personnifiée, la colombe
devient voisine compatissante, visiteuse galante nocturne passagère du poète
prisonnier solitaire dans sa cellule byzantine, présente surtout par le son de
sa plainte (son chant) et de son écoute réciproque supposée.
+
La métaphore métonymique télescopée chez Abû Firâs :
Il y a également recours à la
métaphore métonymique télescopée chez Abû Firâs, dans le vers :
«Porte-t-il celui dont le cœur si
attristé des pattes/ Sur une branche à une distance lointaine si élevée!». Le
signifié humain féminin dans «le cœur si attristé [de la colombe]» fait
relation de contiguïté entre avec le signifié animal «des pattes»/ «une branche»,
dans : «Porte-t-il celui dont le
cœur si attristé des pattes (pattes/ pieds)/ Sur une branche (balcon/ fenêtre)»,
ou l’oiseau (colombe/ femme), perchée sur la branche d’un arbre (penchée sur la cellule carcérale/ le captif). Autrement
dit, c’est ce que R. Jakobson appellerait une métaphore à « teinte
métonymique» – in Gérard Genette, « Figures », Paris, Ed. du
Seuil, 1966, p.249.
+ La
métaphore synecdochique télescopée chez Abû Firâs :
Abû Firâs se sert d’ailleurs de la
métaphore synecdochique télescopée comme dans le vers : «Se peut-il qu’un
captif «rie», partie qui assimile le tout qu’est le poète attristé lui-même, ou
dans : « que pleure une libérée », où la partie «pleure»/ le
pleur» est une partie du tout «une libérée/ la colombe». Il en est de même du
tout «la libérée/ colombe/ l’illimité» qui assimile la partie «le poète/ le captif/
la limite» ; de même dans le tout
«prison/ arbre», qui assimile la partie « poète/ colombe» dans
l’espace avoisinant.
Pareillement, on pourrait relever,
chez Verlaine, les dimensions métaphoriques
identiques qui suivent :
2. Le thème de l’oiseau sur la
branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore
naturelle, la métaphore métonymique et la métaphore synecdochique télescopées
chez Verlaine du Xe au XIXe-XXe s.:
De façon analogue, «le thème de
l’oiseau sur la branche d’un arbre » cible, ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre la métaphore naturelle, la métaphore métonymique et métaphore
synecdochique télescopées se manifeste chez Verlaine comme suit :
+
La métaphore naturelle télescopée chez Verlaine :
Aussi Verlaine emploie-t-il également la
métaphore naturelle télescopée, dans les vers d’identification de «l’oiseau/ voisin »,
en proclamant : «Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit,/ Chante sa
plainte.» Il y atteste la similitude du signifié animal «l’oiseau/ chante» et
du signifié humain (du sujet/ poète) et
le signifié humain «l’oiseau/ se plaint/ poète»; il en va de même de cette
métaphore naturelle télescopée dans : «Un arbre, par-dessus le toit, berce sa
palme», identifiant le signifié inanimé «Un arbre, par-dessus le toit » à
un signifié animé à un sujet animé et agissant : «berce sa palme » (agite
branche/ agite sa main). D’ailleurs, R. Jakobson note pertinemment en ce sens que
: «La similitude relie un terme métaphorique [v. métaphore naturelle télescopée]
au terme auquel il se substitue [l’arbre/ sa palme = le poète/ sa main].» - «ESSAIS
DE LINGUISTIQUE GÉNÉRALE», Paris, Ed. Minuit, 1963, p.66.
+ La métaphore métonymique télescopée
chez Verlaine :
Il use aussi de
la métaphore métonymique télescopée, dans les vers suivants où le signifié
sonore sert de fil conducteur par
contiguïté : «La cloche doucement tinte» se situe en relation de contiguïté
acoustique avec le signifié : «Un oiseau, sur l’arbre Chante sa plainte».
Ce qui inspire un relent de tristesse et d’apaisement céleste réunissant
spirituellement deux êtres l’un inanimé « cloche » (activé de la main
de l’homme) et l’autre animé «l’oiseau/ chantant sa plainte», mais teint d’une
projection psychodramatique de l’épreuve carcérale du poète captif enfin
repenti et rasséréné, Verlaine. «La sonorité/ l’écoute », reproduisant l’osmose
poétique source, chez Abû Firâs (la
colombe se plaint), se retrouve dans l’osmose poétique cible, chez (Verlaine/
chante sa plainte). Configuration parallèlement observable de la métaphore
métonymique télescopée de «la sonorité/ l’écoute» (supposée réciproque) aussi bien
chez Verlaine (la cloche tinte/ l’oiseau chante sa plainte) que chez Abû Firâs.
Cela donc un trait saillant du «thème de l’oiseau sur la branche d’un
arbre source et cible de l’osmose poético-franco-européen tant chez Abû
Firâs, que chez Verlaine, du IXe au XIXe-XXe s.».
+ La métaphore synecdochique télescopée chez
Verlaine :
En outre, Verlaine
emploie aussi la métaphore synecdochique télescopée, telle que dans les
vers : «La cloche, dans le ciel… » ; «Un oiseau sur l’arbre…».
Il y va du signifié la partie spatiale «la cloche » qui assimile un tout spatial,
le signifié «le ciel» d’une part, et du signifié la partie animé «un
oiseau » qui assimile un tout inanimé le signifié «l’arbre». Cela
oppose le limité animé «le poète/ l’oiseau », source d’une prière, à l’illimité
inanimé «le ciel », cible de cette prière. De le même ordre de chose,
la partie limitée «l’oiseau », source
d’une plainte, est assimilée à un tout illimité
« l’arbre », lieu de cette prière, à comparer à la partie
limitée (poète/ captif) est assimilée à un tout illimité (la prison/ le ciel). Or,
cette l’assimilation de la parie (poète/ cloche/ oiseau) au tout (poète/ arbre
/ ciel) chez Verlaine rend un effet de sens mystico-compatissant cible, au
lieu de l’effet érotico-compatissant
source chez Abû Firâs. Verlaine transpose ainsi la métaphore synecdochique
télescopée de son horizontalité terrestre (poète/ arbre/ colombe) vers sa
verticalité céleste (poète/ arbre/ ciel), comme trait marquant diachroniquement
du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» cible de l’osmose
poético-franco-européen de, du IXe au XIXe-XXe s.».
Quant à la
généralisation du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source et
cible : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe, du IXe au XIXe-XXe s.», il faudrait donc tenter de l’illustrer d’un
micro-choix anthologique tant son identité et sa covariance s’étendent diachroniquement
à l’infini. D’où nécessairement par exemple :
III. Le thème
de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe
entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs et Verlaine comme pratique généralisée à la poésie
européenne du Xe au XIXe s. :
En effet, pour
ce qui est du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose
poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire
délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine comme pratique
généralisée à la poésie européenne du Xe au XIXe-XXe s., il est à cerner dans cette
observation géo-historico-poétique d’I. Hunke attestant : «C’est avec une joie évidente que l’Europe les adopta [les
formes poétiques arabes] (…). L’Italie a
subi aussi cette influence, plus encore même que les troubadours. La forme
poétique arabe y gagne sa cause aussi bien saint François d’Assise [1182-1226] et
Fra Jacapone da Todi, contemporain de Dante [1265-1321], que les poète du dolce
stil nuobo et Dante lui-même (…). En outre, les Arabes de Sicile ont
contribué pour leur part à l’élaboration d’un style de chanson populaire qui
s’est conservé jusqu’à nos jours, influençant le développement du sonnet en
Italie du Nord.» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit.,
p.350.
D’où en
l’occurrence à cet égard :
1. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un
arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le
procédé littéraire délocalisé, généralisée à la poésie européenne du Xe au XIXe-XXe
s. :
La Péninsule
Ibérique, plate-forme privilégiée de cette osmose poétique
européo-franco-arabe, de par la Provence, l’Aquitaine, la Sicile, etc., est
décrite comme telle en ces termes par G. Cirot et M. Darbord : «La
Péninsule Ibérique, romanisée de bonne heure, fut aussi, pendant le moyen âge,
le point de rencontre [v. ici le lieu de l’osmose poétique] de trois races et
de trois religions. Elle offre donc, à côté de ses littératures romanes, une
littérature latine, une littérature arabe et une littérature hébraïque (…).» -
«LITTÉRATURE ESPAGNOLE EUROPÉENNE», Paris, Ed. Lib Armand Colin, 1956,
p.11. Aussi pour témoigner diachroniquement du «thème de l’oiseau sur la
branche d’un arbre » : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe
entre l’emprunt à la vie et le procédé
littéraire délocalisé, généralisée à l’Europe et aux États-Unis du Xe au XIXe-XXe s., citons à
titre d’exemples :
A. Le thème de
l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre
l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé généralisée à la poésie
européenne au Moyen Âge en France :
Au sujet du «thème
de l’oiseau sur la branche d’un arbre » cible : ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé généralisée à la poésie européenne,
au Moyen Âge, S. Hunke souligne spécifiquement : «Plus saisissantes encore
– jusqu’à la concordance des pensées , des images et du vocabulaire – sont (…)
les analogies entre Dante [1265-1325] et le plus grands des mystiques arabes
Ibn Arabi (1165-1240). Or, ce n’est point là le fait du hasard ! Le
mystique Andalou de Murcie, contemporain de Frédéric II [1194-1250], vécut un
siècle environ avant le père de la poésie italienne [Dante], lequel a sans
aucun doute puisé une inspiration aussi complète qu’essentielle dans les
ouvrages d’Ibn Arabi.» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident»,
Op.cit., p.367. C’est analogiquement le cas du «thème de l’oiseau sur une
branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe et l’emprunt à la
vie généralisée à l’Europe et à la France médiévales, chez notamment :
+ Charles
d’Orléans (1345-1465) dans sa ballade « SUR LE PRINTEMPS» :
Le poète Ch. d’Orléans y manifeste sa
qualité de continuateur des troubadours et trouvères du XIIe et XIIIe s. «le thème de l’oiseau sur une branche de
l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie
et le procédé littéraire délocalisé», généralisée lorsqu’il déclame quasiment à
la manière du duo diachronique Abû Firâs/ Verlaine :
«Le temps
a laissié son manteau/
De vent
de vent, de froidure et de pluye/,
Et s’est
vestu de broderye/
De
soleil rient clair et beau.//
Il n’y a
beste ne oiseau/
Qu’en
son jargon ne chante ou crye…»
(Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX
CHOISIS
DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
pp.64-66.)
+ Clément
Marot (1497-1544) dans sa «Églogue au roi sous les noms de Pan et Robin» (1538) :
Persécuté,
trois fois exilé, toujours obligé de demander sa grâce, C. Marot fut arrêté en
1526, on ne sait pour quelle raison (peut-être comme suspect d’hérésie), il fut
enfermé au Châtelet, d’où il fut libéré par son ami Lyon Jamet, seigneur de
Chambrun, qui lui obtint d’être réclamé par l’évêque de Chartres. Dans cette
églogue, le poète explique au roi François 1er, son protecteur, les
origines de sa jeunesse naïve et folle, plus à la manière aventureuse de
Verlaine qu’à celle purement chevaleresque d’Abû Firâs dans le cadre du «thème
de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire
délocalisé», généralisée à l’Europe par la France, entre autres :
«Sur le
printemps de ma jeunesse folle/
Je ressemblois
l’arondelle qui vole/,
Pour
gluz à prendre oyseaulx ramages/
Tous
differents de chantz, et de plumages.//
(Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX
CHOISIS
DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
pp.128-130.)
+ André Chénier
(1762-1794) dans son poème «La jeune captive» (1794) :
Chénier,
incarcéré à Saint-Lazare, le 7 mars 1794, y rencontra Mlle de Coigny, pour
laquelle il écrivit cette pièce. Chénier fut exécuté le 20 juillet. Mlle de
Coigny échappa à la mort et devint duchesse de Fleury. L’osmose poétique
européo-franco-arabe du «thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou
l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le
procédé littéraire délocalisé», généralisée semble ici embrasser quasiment la
situation évoquée préalablement et plus explicitement tant par Abû Firâs que
Verlaine, lorsqu’il dit en ces vers pleins de défi exacerbé et de mélancolie :
«L’illusion féconde habite
dans mon sein:/
D’une
prison sur moi les murs pèsent en vain;/
J’ai les
ailes de l’espérance./
Échappée
en vain de l’oiseleur cruel, /
Plus vive,
plus heureuse, aux campagnes du ciel/
Je veux
achever mon année./
Brillante sur ma tige et l’honneur
du jardin,/
Ainsi
triste et captif, ma lyre toutefois
S’éveillait, écoutant ces
plaintes, cette voix.//
(Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX
CHOISIS
DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
p.857.)
+ Francis Jammes (1868-1938) dans
son poème «ÉLÉGIE PREMIЀRE», dédié à A. Albert Samain :
F. Jammes exprime son amour pour la vie et
la nature (v. ici le souvenir subsumant
la mort et la tombe de Samain). La vision qui s’en dégage rappelle par
certains détails la scène de vie carcérale du «thème de l’oiseau sur la branche
d’un arbre : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à
la vie et le procédé littéraire délocalisé», généralisée, chez à la fois Abû Firâs et Verlaine partiellement confondus,
lorsqu’il entonne :
«Le
soir vient. Nous marchons dans la lumière jaune/
Qui fait
la fin du jour ressembler à l’automne./
Et
nous longeons le gave. Une colombe rauque/
Gémit tout doucement dans un peuplier glauque./
Je
bavarde. Tu souris encore. Bonheur se tait./
Sur ta tombe, pareil à quelque
pâtre antique/
Dont pleure le troupeau sur la pauvre
colline.//
(Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX
CHOISIS
DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
pp.1070-1071.)
S’ajoute parallèlement à cela, par extension,
l’exemple du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre : ou l’osmose
poétique européo-franco-arabe et l’emprunt à la vie entre le procédé littéraire
délocalisé», généralisée à la poésie européenne au XXe s.
B. Le thème de
l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre
l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé généralisée à la poésie
européenne au XXe s. :
De la
même façon, «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose
poétique européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé
littéraire délocalisé, généralisée à la poésie européenne se retrouve encore
Roumanie au XXe s. chez des poètes tels que par exemple :
+ Marcel Breslaşu (1903- ?) dans
son poème «ALPHABET POUR UNE ÉCOLE DU SOIR» (1965) :
L’amorce de ce poème tient beaucoup plus de celle d’Abû Firâs que de
Verlaine entamant une sorte dialogue monologué entre le poète et
l’oiseau-colombe, dans l’optique du «thème de l’oiseau sur une branche de
l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie
et le procédé littéraire délocalisé», généralisée, en énonçant plein de verve,
dans un jour inversé :
«Mon outil, mon sang,
m’a parlé dans la nuit:/
l’œuf de
coucou éclos dans le nid du voisin,/
apprends
le langage de la cité muette/
étouffant
sous le talon prussien! /
Un jour
viendra, aux heures droites et sereines,/
où
vous écouterez la voix des outils libérés…//
(Revue roumaine, «N°3 – 1965,
Bucarest, Imp.
« Arta
Grafica », p.17.)
D’ailleurs, on trouve une amorce inverse
climatique du jour également dans un
second poème du même auteur, «RENCONTRE AVEC LA PLUIE» (les stances) qui clame
autour du même thème de cette osmose poétique généralisée :
«… Et la pluie, et le soir, et le
boqueteau de sapins/
Bruissent
ensemble : viens …/
L’instant
est sans retour/
Quand je
te berce dans mes bras, étrangère./
Tu
n’écoutes que la pluie… Mais moi je dois écouter/
Les oiseaux morts depuis longtemps/
Dans les murs de
la dernière demeure que je bâtirai/
(Revue roumaine, «N°3 – 1965,
Bucarest, Imp.
« Arta
Grafica », p.19.)
Il y va encore et enfin du «thème de
l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre
l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé», généralisée à
l’Europe aux États-Unis, au XIXe et XXe s.
C.
Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire
délocalisé, généralisée aux États-Unis aux
XIXe et XXe s. :
De la même
manière, «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre : ou l’osmose
poétique européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé
littéraire délocalisé», généralisée aux États-Unis, aux XIXe et XXe s., il est
à convenir avec John Brown à cet égard : «L’héritage intellectuel
européen [v. européo-franco-arabe] a joué aussi un rôle – héritage
forcément complexe dont il faut retenir surtout deux éléments : le
puritanisme et le nationalisme (…). L’écrivain américain, aurions-nous dit
enfin, a toujours été, et est encore, sollicité par deux traditions : la
tradition nationale de son pays et celle de l’Europe (…). L’exilé, expatrié, au
contraire, cherchera en Europe une vieille civilisation humaniste et cette
communication humaine qui lui manque dans le grand espace continental [de son
pays].» - «PANORAMA DE LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS»,
Paris, Lib Gallimard, 1954, pp.28-33.
Et c’est ainsi
que se retrouve, chez les poète américains du XIXe et XXe s., «le thème de
l’oiseau sur une branche de l’arbre : ou l’osmose poétique l’osmose
poétique européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé
littéraire délocalisé», généralisée, ainsi que le relatent notamment :
+ E.E. Cummings (1894- 1962)
dans son poème «Il n’en ira pas toujours ainsi », extrait de son recueil «Tulips
and Chineys» (Tulipe et Cheminées - 1923) :
L’amour,
la nature et une foi sans défaillance dans l’éternelle victime ont valu à E.E.
Cummings sa réputation de poète, tel que le confirme d’ailleurs son recueil «Tulips
and Chineys» (Tulipe et Cheminées). Il émet un écho presque identique
de la vie carcérale à la fois réelle et
fictive, évoquée diachroniquement, à travers les poèmes source et cible d’Abû Firas et Verlaine ci-dessus, par «le
thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre : ou l’osmose poétique
européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire
délocalisé», généralisée avec toutefois un léger accent érotique tenant davantage
d’Abû Firâs (source) que de Verlaine (cible). Il s’épanche alors en ces
vers plus allusifs et que partiels que ceux de l’osmose poétique
européo-franco-arabe en question :
«il n’en
ira pas toujours ainsi ; et je dis/
dans un
silence comme j’en ai connu, ou avec/
de
grands mots noués qui, voulant trop en dire/
restent
là sans recours devant l’esprit confondu;/
si cela
devait arriver, je dis que si cela devait
arriver -/
que je puisse aller vers lui, et prendre ses
mains,/
ensuite je me retournerai, et j’entendrai
un oiseau/
chanter terriblement loin aux pays
perdus.
(Bernard Dekle, «Écrivains américains du
XXe
siècle», Paris, Les Editions Inter-Nationales, 1973,
pp.117-118.)
+ Robert Frost (1874- 1963)
dans son poème «LA NEIGE SANS POIDS» (1923) :
La poésie
de R. Frost est, selon J. Brown, a pour point de départ toujours le réel, la
chose vue. Mais il cherche modestement, et sans emphase, à dépasser, et à lui
donner une résonance philosophique. Les poèmes les plus récents de Frost
révèlent une inquiétude nouvelle devant une société dans laquelle l’individu
émersonien [Emerson : 1803-1882] paraît désemparé, impuissant. Il rejoint
peut-être la sensibilité tragique d’Eliot [Anglais : 1888-1965]. Mais
Eliot dépasse toute frontière nationale. Il n’est ni Américain, ni Anglais,
mais « occidental (européen)», comme l’est Valéry (Français : 1871-1945)
ou Rilke (Autrichien : 1875-1926). Dans ce poème R. Frost semble
reproduire «le thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt
à la vie et le procédé littéraire délocalisé», généralisée plus par son
atmosphère, apparemment dénuée du cadre carcérale, vu chez Abû Firâs (source)
et Verlaine (cible). En témoigne les éléments constitutifs de sa composition, plus
proche par sa simplicité et sa concision du poème cible de Verlaine :
«Grâce à
ce corbeau/
Qui secoua sur moi/
Du haut d’un bouleau/
La neige
sans poids//
Mon cœur fut touché/
Sauvant
en partie/
Un jour nuancé/
De mélancolie.//
(John Brown, «PANORAMA DE LA LITTERATURE
CONTEMPORAINE
AUX ETATS-UNIS», Op.cit.,
p.477.)
En conclusion,
il ne fait guère de doute que «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre
et l’osmose poétique européo-franco-arabe ou
l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le
procédé littéraire délocalisé, la métaphore, la métaphore métonymique et
synecdochique télescopée chez Abû Firâs
Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe-XXe s. » constitue une preuve adéquate,
pertinente et généralisable de sa réalité diachronique, tant à l’Europe qu’aux
aux États-Unis, entre autres, qu’à l’ensemble de cette interpénétration
poétique indélébile entre la poésie arabe source et la poésie européenne cible,
de l’époque médiévale à nos jours. «Les Pyrénées, écrit S. Hunke,
ne constituent pas une barrière, pas même pour les échanges entre
l’Espagne arabe et l’Occident [l’Europe, etc.]. (…) Au cours de l’expansion
islamique, à travers deux, trois et quatre générations, une partie de
l’Aquitaine et surtout de Provence a été occupée par les Arabes, et leur
domination y a laissé des traces (…). Le troubadour (nom dont on admet
aujourd’hui qu’il vient de l’arabe tarrab, ménestrel) confère à ses
poèmes la forme et le rythme des chants arabes, imitant en particulier ceux du
célèbre Ibn Qousman (…). Or, à cette époque, un puissant courant intellectuel
issu d’Espagne et de Provence se répand justement sur une Sicile encore tout
imprégnée d’influence arabe.» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident»,
Op.cit., pp.37-379.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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