Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
PETITE ANTHOLOGIE
DES POÈTES DES PROVINCES
DU NORD ET DU
SAHARA MAROCAINS
DE LANGUE ESPAGNOLE
Tétouan
2013
INTRODUCTION
Par cette modeste contribution à tenter de
réunir les figures de proue de cette «Petite anthologie des poètes des provinces
du Nord et du Sahara marocains de langue espagnole», nous ne faisons qu’exprimer un projet qui reste à réaliser d’un panorama de cette
production poétique nationale, entre autres, encore largement ignorée du grand
public des lecteurs, tant nationaux qu’étrangers, et visant à dépasser la
fracture factice post- coloniale préfabriquée entre le Nord et le Sud du Maroc,
voire et l’Afrique, par des puissances aveugles et opportunes étrangères,
aujourd’hui dépassées par l’histoire de la région et du monde africain
largement décolonisé, démythifié, et politiquement désidéologisé, par une globalisation
démocratique pratiquement amorcée.
«Nos premiers pas au Maroc, quand on a
obtenu l’Indépendance, écrit Mohamed Bouissef Rekab, furent marqués par trop de
confusion. Les thèmes furent trop bien patriotiques, tant au théâtre, comme en
poésie (…). La prose resta marginalisée ; si l’on exceptait de petits
essais ou études publiés dans la presse nationale en espagnol : «Diario
de Africa» et «España».
Cette méconnaissance de la littérature de langue espagnole écrite par des
Africains, dont les poètes marocains, s’avère être le lot partagé de tout le
continent africain indépendant.
À cet égard, M’bare N’gom Faye constate
en général : «La littérature africaine d’expression castillane [espagnole]
s’articule autour de trois grands axes de production correspondant à des
espaces géographiques politiques nationaux et/ ou transnationaux, dans le
second cas. Le premier inclura la littérature de Guinée Équatoriale écrivant en
langue castillane, le second, la littérature sahraouie en castillan. À ces deux
grands pôles peut s’ajouter trois axes mineurs : la littérature
marocaine en castillan, la littérature camerounaise d’expression castillane, et
un troisième axe de production caractérisé par la dispersion, l’hétérogénéité
et la polyvalence dû à la diversité culturelle et géographique de ses auteurs,
mais tous s’harmonisent dans l’usage de cet instrument linguistique commun :
le castillan.
Se traite de littérature africaine en
castillant celle produite par des auteurs procédant de pays non hispanophones».
Mais la poésie du Nord et du Sahara du Maroc y est largement de la partie, dont
les auteurs vivent outre mer – improprement dits en exil. M.N. Faye poursuit
dans cette même optique en observant : «Les auteurs marocains [ici les
poètes] du Nord de ce pays constituent les seconds auteurs africains qui
s’expriment en castillan. Parmi eux, on distingue comme Mohamed Lachiri, avec «Cuentos Cueties» (2004) ;
Mohamed Toufali, avec «Gambri» (1993) et «Camilo» (1993) ;
Mohamed Chakor, «Diván sufi y otros poemas» (2005), entre autres. Ces
auteurs écrivent dans la perspective de l’interaction ou de la friction culturelle entre
l’hispanité et l’arabité.
En dernier lieu, il y a les écrivains
sahraouis qui écrivent depuis la déportation de l’exil. Le groupe plus par
l’importance de la dénomination «Generación de la Amistad» [datant de
1927, en Espagne] dont le mode d’expression privilégié est principalement la
poésie. S’y distingue des auteurs comme
Mohamed Sidati, avec le poème «Sahara mio , te quiero»(2007);
Limam Boicha, avec son recueil «Los versos de la madera» (2004) ;
Zahra El Hasnaoui Ahmed, avec le poème «Voces» (2006), et Ali Salem
Iselmu, avec son recueil «La música del sirroco» (2008)».
Ces poètes et poétesses de langue
espagnole du Nord et du Sahara marocains seront classés, sans distinction
d’aucune sorte, suivant l’ordre chronologique et le lieu géographique
approximatifs de leurs parutions. D’avance, nous nous excusons du choix limité
fait ici, soit par ignorance soit par manque de sources, ainsi que des
insuffisances qui peuvent entacher la traduction de leurs textes, le plus
souvent issus de leurs versions originales espagnoles ou françaises. Redevables,
nous sommes, par la même occasion, envers toutes remarques ou suggestions enrichissantes
ultérieures pouvant servir la perfection de cette initiale et humble
contribution à la connaissance de la diaspora de leurs publications.
L’auteur
PREMIÈRE PARTIE
POÈTES DES PROIVINCES
DU NORD MAROCAIN
DE LANGUE ESPAGNOLE DU
GROUPE
DES ANNÉES 50 :
Mohamed Mamoun Taha
Mohamed
Sebbagh
Ahmed
Abdessalam Bakkali
Mohamed
Chakor
MOHAMMED MAMOUN TAHA
À
el Ksar el Kabîr, mais fils adoptif de Larache (Nord du Maroc), est né Mohamed Mimoun Taha, dit «Mamota»,
auteur de langue espagnole entre autres
de recueils poétiques, tels que «Lagrimas de una pluma» (Éditions
marocaines et Internationales Tanger,
1993), même s’il a aussi bien édité à
Larache «O susurros » (Imprimerie Najah El Jadida – Casablanca,
1995). Avant Asilah, Mamota obtient un diplôme d’architecture de l’Université de
Madrid (1957). Depuis toujours, il a cultivé la poésie. Il commence à publier
dans la presse marocaine d’expression française, qui accepte curieusement ses
poèmes écrits en espagnol, et il le fait notamment dans les pages en espagnol
de «L’Opinion» (à Rabat) et le périodique «La Mañana» (à Casablanca). Enfin, il
s’installe définitivement à Larache et à Asilah. Il est l’un des poètes
marocains les plus importants ayant écrit leurs œuvres en castillan. La mort,
le temps passé, la fatigue, l’absence, l’amitié, l’amour, l’actualité de la
cité… sont les thèmes récurrents de son œuvre. D’où ce poème consacré à la cité
de Larache :
«BUTINS D’UNE SILHOUETTE»
«… Maintenant les vents hurlent
Dans les obscurs corridors,
Les pluies se déversent
Sur tes terrasses,
Et les fenêtres
Par où apparaissent
Les années fatiguées,
La toile d’araignée est un toit
Ses épais rideaux…
Ta détériorée citadelle
D’où se voit le Loukos
Avec ses eaux dormantes
El les vagues de la mer
Embrassent la rive;
Aujourd’hui, tout est agonie
Comme un naufrage solitaire
Qui tend ses bras à rien,
Cependant le temps
Comme une main disparate
Arrache ses soutènements
Pour les cacher plus tard
À l’ombre de l’oubli.
Tes ruines sans défenses
Où le temps, avec furie
Va abandonner les blessures
Et ta forme grise
Apparaît le vide
Même pierre chevaleresque
Qui disparaît
Durant la nuit
Et revenir se dresser
Avec l’aurore;
S’en va la mer un jour
Laissant à sa place
Une marque de trace
De tuiles et de mortier
Combien ont vu de front
Les butins de ta silhouette
Qui après des années berce
Mon inondation de tristesse.
J’aimerai voir un jour
S’effacer ton sédiment
De silence et d’agonie,
Arracher ton histoire
Aux abîmes de l’oubli
Que Larache ne pleurera pas
Pour aussi peu de chose».
MOHAMMED SEBBAGH
Né en 1930, dans la ville de Tétouan
(au Nord du Maroc), Mohamed Sebbagh y acheva ses études secondaires, puis
obtint son diplôme de bibliothéconomie à Madrid (1957). Il fut rédacteur en
chef de plusieurs revues, et attaché au ministère des affaires islamiques
marocain (1961), chef de la section des études
arabes, de la division du ministère de la culture, chef de cabinet du
ministre des affaires culturelles (1981), membre fondateur de l’Union des
Écrivains du Maroc (UEM). Il publia notamment son recueil «Le parfum flamboyant»
(1953) et son dernier «Moi, l’Andalousie» (1999), parmi seize autres de la même
veine lyrico-poétique. Il reçut le Prix des Lettres du Maroc (1970) et la
Médaille du Mérite de la Pensée espagnole (1986). Ce dont nous reproduisons les extraits
suivants :
«ARBRES DE COQUILLAGES»
«Chaque nouveau-né apporte
une annonce que nos vieilles oreilles ont du mal à capter.
Je ne sais pas pourquoi
l’homme agité m’inspire davantage confiance que l’homme clame.
Que de fois n’ai-je pas entendu
‘la vengeance’ dire, le fouet à la main : Il faut que justice passe !
Un peintre marocain, adepte
de l’école impressionniste, cherchait l’idée qui lui permettrait de dessiner le
visage du Maroc.
Il n’a rien trouver de
mieux que de peindre une belle femme enterrée vive.»
«CIERGES SUR LA ROUTE»
«Le oui et le non sont deux épées à double tranchant
Quand Socrate a avalé la ciguë pour faire passer son message, le poison
en a acquis sa gloire.
Chaque fois que je croise une femme enceinte, je souhaite qu’elle mette
au monde un poète ou un artiste.
Mon Dieu, faites que je sois toute ma vie comme les doigts d’un
nourrisson cherchant le sein de sa mère.
Alors que je suis plongé dans l’écriture, mon stylo s’arrête de
lui-même et observe une minute de silence. Qu’est-il arrivé ? Un poète
vient de mourir peut-être.».
AHMED ABESSALAM BAKKALI
Ahmed Abdessalam Bakkali est né le 21
octobre 1932, à Asilah, au Nord du Maroc, et s’est décédé le 30 juillet 2010, à
l’âge de 78 ans, à Rabat. C’était un diplomate, un poète, un romancier, un
dramaturge, un parolier et un traducteur de langue espagnole, anglaise et arabe
de grande envergure. Après des études primaires à Asilah et secondaire à
Tétouan, il s’en va au Caire pour poursuivre ses études supérieures, où il
décroche une licence de sociologie, puis aux États-Unis, où obtient un master
de sociologie à l’Université Columbia, de New York. Il a participé à la
publication des revues «Ketama» et «Al-Motamid» (1958), avec Trina Mercader,
Jacinto Lopez Jorgé, Dris Diuri, Mohamed Chakor, comme insigne traducteurs de
poèmes en espagnol. Nous en rapportons l’extrait du poème suivant :
«FLAMENCO»
Guitare étourdie,
Et les rêveries des vierges alentour
Dansantes…
Avec leurs seins découverts,
Comme des fleurs de grenadier…
Leurs queues de robes éblouissantes,
Un moulin de feu
Sur la piste rouge…
Et le cri d’un soul parmi les spectateurs,
Gros et gras,
Et le musicien ivre tripote la corde,
Les airs se bousculent autour de son doigt
S’emmêlant… en images rouges
Touchant les cordes des cœurs…
La liqueur, et le jeune serveur,
Aux joues roses et aux cheveux nocturnes,
Une vive clarté au coin de son œil,
Là le vin de Cérès,
De la vigne de Séville plein de délice.
Du temps d’ «Isabel» mère des
catholiques
Et le vieux musicien hurle de sa trompette
Comme le sonneur de glas,
Ce qui surexcite les nerfs du jeune homme
Qui s’en va errer dans le grand champ…
Dans la danse du (Ballon) et du (Samba)
A la mélodie excitante… ».
MOHAMED CHAKOR
Mohamed Chakor est né à Tétouan, en
1937. Journaliste, écrivain et poète de langue espagnol. Au cours de ses études secondaires à Tétouan et à Madrid,
il obtient sa licence en journalisme et relations internationales. Il
exerça le journalisme à Rabat entre 1960
et 1977 à la radiotélévision du Maroc comme directeur de l’émission espagnole,
directeur de programmation et de production arabe et française et directeur de
la chaine internationale. Entre 1978 et 1979, il fut le directeur de l’office
international en Espagne de l’Agence Maghreb Arabe de la Presse. Dans son œuvre
«Diván sufi et otros poemas», il recueille cette belle poésie dédiée à la cité
de Tanger. Ce dont provient l’extrait plein de verve poétique que voici :
«TANGER DIADÈME DE JARDIN»
«Tanger, diadème de jardin et de fleurs,
Refuge du bassin en cristal du Détroit,
Couronnée de gaillards minarets
Phares seins de spiritualité.
Âme d’Orient, fleur d’Occident.
Ouï incrustée entre l’Afrique et l’Europe.
La Méditerranée et l’Atlantique,
Embrassant leurs rives comme des frères,
Versant les haleines de sel sur son Médina
La clarté lunaire baigne sa plage dorée.
Jardins de pensées et d’énigmes
Qui fleurissent en épopées immortelles
Inspirant Hercule, Tarik et Ibn Batouta.
Tanger, dans tes rues d’illusoires
Regards de miel me fascinent et me charment».
PREMÈRE PARTIE
POÈTES DES PROVINCES
DU NORD MAROCAIN
DE LANGUE ESPAGNOLE DU
GROUPE
DES ANNÉES 70 :
Dris Diuri
Driss Jebrouni Mesmoudi
DRIS DIURI
Dris Diuri naquit à Larache (au Nord
du Maroc), en février 1925, et mourut en 1978. Il subit l’influence de ses
études en espagnol qui se développèrent de manière avantageuse durant le
Protectorat (fut considéré comme le meilleur élève du Nord du Maroc). Durant sa
vie, il s’efforça continuellement à cerner les cultures de l’Espagne et du
Maroc. Il se fit distinguer à travers la
littérature, fut le premier à collaborer à diverses publications espagnoles et
marocaines, dans lesquelles apparaîtront des articles portant sa signature.
Dans le théâtre, la narration et la poésie, il se remarque comme un poète de
l’amour et du compromis social. Ses poèmes sont empreints d’une grande
délicatesse, mais non sans crudité et la dure réalité alentour. «RECUERDO» fut
parmi ses poèmes d’amour celui où apparaît un sentiment d’amour inoubliable. En
voici qu’il dédia à Larache :
«À LARACHE»
«Belle perle, bien polie,
Saphir doré façonné de rubans,
Oh ! belle fiancée ! rudes draperies,
Ne profanant pas ta cascade magique.
Charme qui captive ! oh, ma nymphe
Rose splendide !, dirai-je, sans tiges,
Qui est ma bonté, reine de lignages,
Jusqu’au martyr toi guide muet.
Si une voix, telle la mienne, qui clame,
Guide de ta bonté, de ta pureté
Non immersible liaisons, loi sûre ;
Bon guide de ta noble renommée,
Et offrant à tes fils, même, la grandeur,
Comme à d’autres concède l’aventure».
DRISS JEBROUNI MESMOUDI
Driss Jebrouni Mesmoudi,
est né le 12 janvier 1949, à Tétouan, au Nord du Maroc, où il obtint son
baccalauréat. Il poursuit ses études supérieures, à Rabat, à la faculté des
lettres et à l’École Normale Supérieure des Professeurs. Il est ensuite
professeur d’espagnol à Tanger. Les premières preuves de son talent paraissent
dans la revue cubaine «Casa de Las Américas» (1970-1971), «Galeria poética» del
Diario «España» de Tanger (1971-1972) et dans les suppléments culturels de
«Al-Moharrir» (Le Libérateur) de 1976 à 1981, précédées de quelques
publications, non pas seulement des poésies, mais une quarantaine d’essais en
arabe sur la littérature hispano-américaine, l’histoire du Nord du Maroc à
l’époque du Protectorat Espagnol. Même si son moi lyrique explique l’amour
comme une guerre que seuls perdurent les
expériences perdurent pour aimer les beaux vers ne peuvent aucunement être une
condoléance. En témoigne l’extrait suivant :
«AIRS, AIRS !»
Airs
de l’aube
Attirant un nouveau destin,
Airs qui pleuvent
Le temps de sang.
Airs de nouveaux futurs
Qui protègent une pureté
Pour laquelle le poète pleure.
Airs qui bercent en mai
Votre chevaleresque blé;
Airs laissant en mai
Une lame de plomb;
Airs de tourmente noire
Dans l’âme du poète,
Qui souffre pour les vagues
Qui meurent sur le sable;
Airs de juillet orgueilleux
Semant les douleurs du cœur
Dans l’âme qui palpite;
Airs qui abandonneront le poète
Dans la mer et le sable».
PREMIÈRE PARTIE
POÈTES DES PROVINCES
DU NORD MAROCAIN
DE LANGUE ESPAGNOLE DU
GROUPE
DES ANNÉES 90 :
Jalil
Tribak
Mustafa
Bouhsina
Mohamed
Sibari
Mohamed
Akalay
Mohamed
Lachiri
Abdelatif
Limami
Ahmed
Mohamed Mgara
Ali Filali
Rotbi
Ahmed El Bahraoui
Mezouar El Idrissi
Chukri El Bakri
JALIL TRIBAK
Né à Tétouan, vers les années
1950, Jalil Tribak travailla dans les
services de santé marocains. Il commença ses publications poétiques dans les pages de «L’Opinion» (de Rabat). Plus
tard, il décida de compiler ses poèmes et en faire un livre. De là naquit «A
medina luz» (1990). De ce recueil, voici un extrait de poèmes dédiés à «Grenade» et à «Tetuán» (Tétouan)
:
«À LA CONTEMPLATION D’ALHAMRA»
«Huit kilos d’or
Furent perdus pour rien,
Chantent orchestre choral,
À ceux qui se trouvèrent à Grenade […].
Continuons encore à se rappeler et remuer douleurs
Pour la perte d’Alhambra, et la Salle des Lions.
De plus pour la Giralda, et pour Alcazar de Tolède,
Notre cœur pour eux continue encore d’être blessé».
«TÉTOUAN»
«Je suis la cité des sept portes, connue
je suis des bons poètes.
Par de beaux jardins entourée et
racontée par de grands écrivains
Dans le flanc d’une belle montagne
rocheuse, ma situation est tranquille et merveilleuse, j’ouvre mes portes à
tout étranger.
À ceux qui abandonnent les sables de
l’Atlantique, et viennent jouer dans les estuaires avec la fumée frénétique,
chaque voyage chez moi leur sera inoubliable, et ne pas vouloir me visiter lui
sera impossible.
Chaque passager peut être captivé par
les beaux arts et en tomber amoureux, et de son esthétique naturelle, dans son intention d’apporter, qui à ses familiers,
qui à ses amis de là à raconter».
MUSTAFA BOUHSINA
Né
dans sa ville aimée Larache (Nord du Maroc), le 24 décembre 1944, Mustafa
Bouhsina est un poète marocain de langue espagnole qui tend un pont entre deux
cultures totalement distinctes, mais non antagonistes. C’est un écrivain qui
nous fait ouvrir sur un monde des paysages de l’amour et à une constante
tendance à transiter entre deux cultures, à faire naître l’amitié qu’à
tellement la prodiguer. Ainsi s’exprime-t-il dans ce poème dédié à Jean
Genet :
«VERS À JEAN GENET»
(1910/1986)
Jean Genet de Larache,
accomplir cent ans dans cette nuit,
cet enterré dans son cimetière,
son sépulcre entre la mer et le fleuve,
le maître de sa vie jusqu’à la mort,
attiré par la clarté de son vent d’Est,
de l’Océan Atlantique azur géant,
Genet poète fidèle à la cause palestinienne,
la liberté en Afrique et en Amérique latine,
guerrier sacrifiant tout à la poésie,
à la faveur de consacrer l’Algérie,
aux peuples invalidés par la disgrâce,
aimant ce circonvenir les pauvres,
sentant leurs peines et soulager souffrances,
Jean, l’homme du pur humanisme,
combattant l’égo commençant par lui-même,
simple dans son silence excellent en parole,
son âme tend à la paix qu’à la réussite d’aimer,
seul en cette poésie son amoureux chant,
Jean Genet, dort dans les vagues de ma mer,
ma Larache le répète en chaque réveil,
pour l’homme qui est devenu exemplaire,
repose Jean, arrive où tu voudras être.»
MOHAMED SIBARI
Mohamed Sibari est né à el Ksar el
Kabîr, province de Larache (au Nord du Maroc), le 18 avril 1945. Il est
journaliste, poète, nouvelliste et traducteur de langues espagnole et arabe. Il
a étudié la littérature à Grenade (en Espagne). Il fut administrateur de
l’Hôpital Provincial de Tanger et professeur au collège espagnol «Luis Vives»
de Larache et l’un des fondateurs, en 1997, de l’«Asociación de Escritores
Marroquies en Lengua Española» (AEMLE), président de l’«Asociación de
Hispanistas de Larache Española» (en 2002), membre honorifique de l’«Asociación
de Autores Autónomos de Canadá» et associé d’honneur à l’«Asociación de Art
‘Ocre & Oro-El artey el artista’» de Barcelone. Il fut notamment couronné
du prix Pablo Neruda (2004) et de la médaille d’honneur civile du Roi Juan
Carlos 1er d’Espagne (2003). De
vers citons notamment :
ENTRE LES LIVRES
«Entre livres
Carnets et cahiers
Braillements et doux châtiments
Se déroulent secondes, minutes
Et d’interminables heures ».
«ANDALOUSIE»
«Andalousie, terre de tous, et mes
Cordoue, Grenade et Séville ; les autres provinces sont comme le soleil
marocain sahraoui, qui brille.
Terres des hommes héroïques ; cime
de belles femmes,
De
fleurs, oliviers et minarets, de casbahs et palais, de vignes et vins doux, de sommets
et de pèlerinages, de fêtes et
d’allégresses.
Andalousie, à mes gens je le dis
toujours : qui ne te connais et ne te visitera pas, son histoire, jamais il
ne connaîtra.»
MOHAMED AKALAY
Le
poète marocain de langue espagnole, Mohamed Akalay est né en 1946, à Larache
(Nord du Maroc). Il est docteur en philologie de l’Université de Séville et
professeur visiteur de l’Université de Messina (en Sicile) et de celle
d’Abdelmalek Essaadi de Tétouan. C’est une de ces personnes qui sont d’un
profond enseignement. Il manifeste toujours une affection sincère et partage
son séjour entre Larache, Tanger et Madrid ou Malaga, cet état l’entoure de
réjouissance et de sympathie. En voici un de ses poèmes tiré de son recueil
«Ombre nascoste» (Ombres cachées) :
«DANS LES RUELLES
MÉDIÉVALES DE PÉROUSE»
«Dans les ruelles médiévales de
Pérouse
Parmi les ombres oisives et les vieilles pierres
Le temps happe effroyablement
Le nectar des rêves
L’exil a de dures et d’écrasantes règles
Il sauve de la grêle
Il éparpille les récoltes
Je sais que je ne dois ni choisir
Ni prétendre
Je dois seulement et exclusivement accepter prendre ou laisser
Faire passer ma journée
Jusqu’à la limite avec la nuit qui
Me rejette hagarde
Dans le nid de serpent grouillant de la solitude».
MOHAMED LACHIRI
Mohamed
Lachiri né à Ceuta (au Nord du Maroc), en 1950, est journaliste, enseignant et
traducteur hispano-marocain. Son œuvre est écrite directement en castillan
forme une partie de la dénommée «Literatura Hispanomagrebi». Il a traduit dans
la presse marocaine et arabe des textes de Neruda, Garcia, Garcia Lorca,
Marquez, Juan Rulfo, Mario Benedetti, Horacio Quiroga et Borges. En 1994, il
publie son premier livre de contes «Pedacitos entrañables» et, en 2001, une anthologie de poésies (traduite de
la l’arabe) de Nicolás Gullén. Voici un morceau de bravoure de sa prose
poétique sur le fleuve du Loukos, près de Larache :
«LARACHE UNE VILLE SUR LE
LOUKOS»
Je découvris ses maisons blanches éblouissantes de
coups de pinceau bleus azur entassées sur le calme incliné qui s’irriguait de
la tiédeur sur le Loukos, comme un immense drapeau ondoyant au front de
l’océan. Le crépuscule tenait de cette coloration dorée qui revint vers Tanger,
mais là-bas, à Larache, il paraissait plus aurifère, plus intense, comme si le
soleil se montrait ici plus indulgente que dans le reste du Maroc. Le cœur me
battait à cent à l’heure au point que mes mains tremblèrent, que je confondais
tout, la veille et le présent, et je me le
remémorai avec l’oubli, qu’on souhaitait et combien on le détestait,
mais que nous marginalisions entre ce lendemain ouvrant le pas sur l’émotion
pure et simple que distillait et épurait et seule secouait un flot, lequel en
quelque moment nous touche le cœur».
ABDELATIF LIMAMI
Abdelatif Limami est né, le 24 mai 1953, à Fès, résidant à Casablanca,
est professeur, écrivain, poète et critique littéraire de langue espagnole. Il
exerce sa profession comme professeur de chaire de langue espagnole à
l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès et à l’Université Mohamed V,
département d’espagnol de Rabat. De son répertoire poétique voici une
page pleine de vivacité et de lyrisme :
ROMANCE DEL PRISIONERO
Qui pour mai temps, pour mai,
Quand il fait chaleur,
Quand les blés se canalisent
Et les champs sont en fleurs,
Quand chante l’alouette
Et répond le rossignol,
Quand les amoureux
Vont pour servir l’amour;
Sinon moi, triste, affligée,
Qui vit en cette prison;
Qui ne sait quand il fait le jour
Ni quand il fait nuits,
Sinon par un refrain
Que me chante l’arbre.
Matómela est un archer;
Joie que Dieu a mal récompensée».
AHMED MOHAMED MGARA
Ahmed Mohamed Mgara est né en 1954, à
Martil (Nord du Maroc). Il fait ses études primaires et secondaires à Tétouan,
tandis qu’il effectue ses études universitaires à Malaga et Grenade (en Andalousie),
où il obtient un diplôme en ingénierie Technique industrielle et sociale. En
tant que méditerranéen, la poésie a
accaparé ses premiers intérêts. En 1982, il publie, comme reporter
photographique de presse, la première de ses 2.000 photographies et 6.000
articles d’information d’opinion ou littéraires, dans plus de 60 périodiques et
revues de 8 pays différents. En 1996, il crée « le périodique «Eco de Tetuán» ;
en 2003, la « Enciclopedia des Personajes del Mundo Árabe». Il publie dix
livres en espagnol notamment «DESDE TETUÁN
…CON AMOR» (2002), « Resonancias», et «La mujer en la poesia
hispanomarroqui» (2009). De muse poétique, citons ces morceaux empreints d’un
humour lyrique à la manière d’un Jacques Prévert et Paul Eluard :
«NOUS SOMMES»
«Un plus un sommes nous
autres.
Un plus deux, un de plus.
Un plus trois… dis leur
qu’on se voit.
Un plus quatre, me suffit
avec toi.
Un plus six. Pourquoi ne
m’aides-tu pas ?»
«JE VOUS AI PERDUS»
Je vous ai perdus avant de vous avoir… et
cela sans jamais vous avoir. Chéris parlez-moi, je tiens à la nécessité que
vous me parliez et parlons d’une infinité de choses durant des heures
d’allégresses et de plaisirs.
Nous ne tenons pas à nous attarder et nous
tenir les mains. De nous presser d’être émergés dans l’autre ; soyons
perdus dans la même synchronie et unis par les mêmes fusions qui nous séparent.
Passons des heures et des jours sans en
tenir compte, il nous suffit d’être enlacés et sentir le chuchotement volatile
du vent dans le désert de l’inconscience qui est la nôtre, assez pour fuir à
l’édifier, rien que demeurer; alors qu’ainsi vous et moi, nous tentions de
subtiliser les allégresses pour nous, vivre l’intensité de par l’impossibilité
d’être heureux à l’infini.
Vous et moi nous étions fous, dépourvus de
consciences, nous pensions seuls à l’instant et créer de vaporeuses cases de
jeu ; nous ne pouvions nous contenir, nous astreindre.
Moi je vais vous rappeler en vous laissant
vous isoler une nouvelle histoire avec laquelle vous embellirez vos petits
matins. En nous laissant seuls avec le temps pour forger de nouveaux horizons
pour embrasser de nouveaux lendemains».
MOULAY ALI FILALI ROTBI
Le poète marocain de langue espagnol
Moulay Ali Filali Rotbi est né en 1957, à Meknès, âgé de 56 ans à l’heure qu’il
est. L’association «Poetas Sin Fronteras» qui a débuté par la traduction d’une
trentaine de poètes hispanophones en français, a pu publier des auteurs de
poids, des poètes qui ont à leur actif plusieurs ouvrages sur le marché du
livre, a aussi présenté dans son dernier numéro des noms et des extraits des
participants à l’actuel numéro, dont ceux de ce poète du Nord du Maroc. En voici la brève teneur d’une beauté et
d’une grâce pleine de vive tendresse:
UNE CRÉATURE DE DIEU
Sans sonder ni son statut ni ses yeux
Une fois, j’ai aimé une créature de Dieu.
J’ai adoré à la folie son merveilleux physique
Et chanté romances sans musique».
AHMED EL BAHRAOUI
Ahmed El Bahraoui est né le 13 août
1960, à Larache (au Nord du Maroc)- alors qu’il vient d’atteindre 47 ans – il
écrivait à Fernando de Ágreda depuis 1982, de Malaga. Sa biographie réfère à
des études en la Misión Cultural Español de ville natale, où il obtient son
baccalauréat, en plus d’autres diplômes de formation professionnelle
administrative. Il préfère la continuation – en un espagnol assez correct – de son
affection pour la poésie et reconnaît avoir écrit quelques vers – bien qu’ils
paraissent au départ mauvais, une tentative nouvelle a suivi pour les rendre meilleurs. Le poème d’El Bahraoui, intitulé «Lagrimas de Palestina» fait sentir
en ces propos douloureux et sincères, mais si expressifs le drame humain de son
peuple. En témoignent les vers néanmoins optimistes ci-dessous :
DIEU T’AIDERA PALESTINE
«La terre et les hommes s’enfuirent,
Et la Palestine pleura pour les deux,
Pleura, pleura pour ceux qui le firent,
Lesquels mal te connurent.
Dieu t’aidera Palestine
À changer cette vie perdue.
Dieu avec cette Palestine,
Que ni Lui ni moi ne t’oublierons.
Pleure, Pleure Palestine,
Pour ta terre et tous tes hommes.
Que ta terre et tes hommes s’en allèrent
Et que ne tardât le retour».
MEZOUAR EL IDISSI
Poète de langue espagnole, critique et
traducteur, Mezouar El Idrissi est né, en 1963, à Tétouan. Il est titulaire
d’un doctorat en Littérature Arabe, membre de l’Union des Écrivains du Maroc et
professeur à l’Ecole Supérieure du Roi Fahd de Traduction à Tanger et à la
Faculté des Lettres de Tétouan (Université Abdelmalek Essaadi), membre
fondateur de «la Asociación de los Amigos de Federico Garcia Lorca » de
Tétouan et del FOTT (FORO Observatorio Tanger-Tarifa), et depuis 1996, assure
les classes de Langue et Culture Arabe à
l’I.E.E.S. Severo Ochao de Tanger. Son
recueil «Elegia para la esplada mojada y Entre dos aguas» fut publié en arabe
par le Ministère de la Culture marocain. Il a dédié certains poèmes de son
recueil au dirigeant palestinien Marwan El Barguti, dont voici un extrait de
ses beaux vers pleins d’un lyrisme imagé et poignant :
LE MARTYR
«Soudain le martyr apparaît
tournant entre les oiseaux
conquérant les toits lumière
et dessinant
la forme de la Palestine
tel qu’un vautour qui vole
CHUKRI EL BAKRI
Chukri El Bakri est né le 9 août 1969,
à Tétouan, une ville du Nord du Maroc, et a obtenu une licence en Langue et
Littérature espagnoles, à la Faculté des Lettres de Rabat. En 1990, il rejoint
la RTM (la Radio et Télévision marocaine), où il travaille comme journaliste à
la Rédaction hispanophone et la
Rédaction arabophone et chef d’édition… En 1990-1994, il est rédacteur en chef
adjoint du supplément espagnol du journal francophone «L’Opinion», «Opinión
Semanal». Il a publié «La furia del viento (Versos libres)», un recueil poétique
«Séquences de l’absence», en 2009. Et voici l’extrait d’un poème sur ‘Lorca’ (1984) :
«LE PARDON D’UNE FLEUR DE SANG, LORCA»
Le pardon d’une fleur de sang, Lorca
et un soleil dans tes mains
et une croix qui se vit du feu d’un poème.
pour la nuit, des cavaliers plus beaux
pérégrinant jusqu’à toi
avec un martyr… et une martyre
(…)
l’Espagne suivit étant la mère très triste
laissa courir les cheveux sur ses épaules
et sur les branches d’olivier du soir sombre
accrocha ses épées
pour la nuit le guitariste court les rues
et chante aux badauds
et avec tes poèmes, Lorca, ramasse les aumônes
des yeux des misérables.
Les yeux noirs en Espagne regardent de côté
la conversation d’amour est muette
dans ses paumes le poète creuse un tombeau,
parlant à soi.
(…)
Les dernières nouvelles de Madrid,
que la blessure dit :
le patient se fatigue de la patience.
exécution de Guillermo pour la nuit,
et la fleur de l’oranger
encore exhale son parfum.
Les nouvelles plus belles de Madrid,
arriveront demain
PREMIÈRE PARTIE
POÈTES DES PROVINCES
DU NORD MAROCAIN
DE LANGUE ESPAGNOLE DU
GROUPE
DES ANNÉES 2000 :
Abdelouahid Bennani
Aziz Tazi
Mohamed Akalay
Larbi El Harti
Abderrahman El Fathi
Moufid Atimou
ABDELOUAHID BENNANI
À a suite de ses études primaires et
secondaires à Tanger, la ville où il est né en 1958, Abdelouahid Bennani, il
est nommé, en 1982, professeur de français, à sa sortie du Centre pédagogique
régional, à Errachidia, une expérience d’où naîtra plus tard son recueil
poétique «Air Aphone», en 2006, puis enseigne à l’Ecole Normale de Tétouan,
après un stage à l’Ecole Normale et la
Faculté du Mitrail de Toulouse (1989-2001). Il publia dans des journaux
marocains tels que «l’Opinion», «Al Bayane», «Sindbad»… En optant pour Larache, il fait y connaissance des
écrivains hispaniques et espagnols comme Mohamed Sibari, Mohamed Akalay, Sergio
Barce, Cristian Ricci, puis adhère à la
«Asociación de Escritores Marroqui de Lengua Española». Autodidacte de la
langue de Cervantès, il en fera des traductions en français de Mohamed Sibari. Du
dernier numéro de «Poetas Sin Fronteras», nous recueillons ces vers plein
d’humour et d’ironie enjouée de sa muse poétique :
«SI J’ÉTAIS TOI»
Si
j’étais toi
Je
cesserais d’être moi
Tu
cesserais d’être toi
Tu
serais moi, je serais toi
Chacun
de nous dirait :
AZIZ TAZI
Le poète de langue espagnole, Aziz Tazi est
né en 1961, à Fès (Nord du Maroc). Il est docteur de philosophe et lettres espagnole, pour avoir soutenu une thèse ayant
pour sujet «La teoria de la expresión poética en Damáso Alonso», à l’Université
de Valladolid et de traduction supérieure à la ‘Universidad Complutense’ de
Madrid sur le thème : «professeur
universitaire d’espagnol (hispanista), à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
de Fès. Il a publié un recueil de poésie
«Balbuceos » (Balbutiements), dans lequel il use d’un vers agile, réflexif,
direct qu’enflamme le sentiment du poète, doté d’un rythme de métrique libre
que nourrit la bonne communication qui devait toujours exister entre le poète et
son lecteur. En 2002, ses poèmes ont été publiés dans les numéros 1-7-8 de la
revue espagnole «Tres Orillas». Sa faconde poétique de proximité se ressent
vivement dans l’extrait de vers suivant :
«COMME DANS LES FILMS»
«Comme dans les films,
je me préparais avec mille promesses
pour vivre d’inédits hasards
dans les wagons dans un demi-jour,
les terres se serraient,
avec l’immense nuit
comme une meilleure complice.
j’affrontai, le silence tendu.
Coups d’œil furtifs,
jambes nerveuse qui traversent
intentions confuses,
méfiantes ,
et le contrôleur, tel un sauveur inespéré,
nous ramène à notre unité,
à notre première solitude».
LARBI EL HARTI
Né en 1963, à Asilah (Nord du Maroc),
Larbi El Harti intègre la mission espagnole. Après le baccalauréat, il va
poursuivre ses études supérieures, à Grenade, en Espagne, tout en poursuivant les
mêmes études au Maroc en Sociologie et Littérature. Il soutient un doctorat à
la Faculté des Lettres de Rabat, établissement où il enseigne la littérature
espagnole depuis voici 16 ans. Il est membre de l’Union des Écrivains du Maroc
(UEM). Quand il parle de poésie, il vise aussi la poésie berbère (du Rif) que
la poésie hassanie (du Sahara marocain). Son recueil de nouvelles «Mémoire d’un
clou de giroflée» obtient le prix Nobel d’Espagne, en 2002. El Harti définit la
poésie comme de l’harmonie avec soi-même. C’est ce que reflètent féériquement ces
vers superbement allégoriques, dans le poème suivant :
«RECUEIL POÉTIQUE»
«Les ailes du souhait s’agitent
quand ton souffle
envahit ce grand vide
et surgit le froid soudain
Là, ce creux
que je ne sais si c’est un tunnel
que ton absence
va rendre à mon âme,
un cloaque de la mémoire
ou c’est le temps mêlé en toi
que m’annonçait l’automne
de l’allégresse.
Mon deuil ton absence, un amour,
dans la bouche,
et je ne puis te parler
et non plus ne puis refaire
le tact que tu créais
comme une lueur terne et fugace
dans le visage de la tendresse».
ABDERRAHMAN EL FATHI
Abderrahman El Fathi est né, le 29
septembre 1964, à Tétouan (Nord du Maroc), où il réside actuellement. Aussi,
c’est dans cette cité qu’il obtient sa
licence de Filologia Hispanica, en juin 1987.
Puis il décroche un doctorat de l’Université de Séville (Espagne) et enseigne
la littérature espagnole à la Faculté des Lettres de Tétouan et la Langue et la
Culture à l’École Supérieure de Traduction du Roi Fahd de Tanger. Il est tant
lié à la culture arabe, qu’espagnole. Il est pour les bonnes causes :
l’émigration, le conflit palestino-israëlien, les enfants déshérités... Sa
poésie est un engagement de la parole, contre la barbarie, sans perdre de son
lyrisme ni de la beauté expressive. Il a publié des recueils poétiques, comme :
«TRIANA, Imagenes y Palabras» (1998), «Abordaje» (2000), «Africa en versos
mojados» (2002), «DANZADELAIRE» (2012). De «TRIANA, Imagenes y Palabras», voici un poème
dédié aux présides spoliées au Nord du Maroc :
SEBTA IGNORÉE DE MELLILA
«Sebta ignorée
Mellila désirait
toujours voulut exprimer
du haut de mon balcon,
caresser tes lèvres
depuis Tétouan
boire ton eau depuis Nador,
remplir ma bouche de ton
air frais.
Ainsi suis- je,
si près, si loin, mais
toujours dans
le cœur
Tu espères avec anxiété,
Sans pitié
Sans frayeur
Sans douleur
Avec lamentation
Tu espères.
Mes deux amours
comme deux yeux
et un seul cœur
entre deux amours. Et un
seul cœur
battant pour toi,
MOUFID ATIMOU
Né
en 1969, à Tétouan (Nord du Maroc), Moufid Atimou obtint une licence d’espagnol
de la Faculté des Lettres de la ville,
de l’Université Abdelmalek Essaadi. Il entreprit délibérément d’écrire de la
poésie en langue espagnole. L’élan lui vint alors qu’il publiait son recueil
poétique «Nufragio feliz» (Naufrage heureux), en 1996. Dans ce recueil, on peut
sentir le ton sincère et passionné du poète exaltant l’amour et l’adoration
multiforme pour celle qu’il aime et poursuit et désire accompagner comme son
ombre toute sa vie.
JE T’AIMERAI SANS PAROLES
«Je t’aimerai sans paroles,
sans questions ni rimes.
Le ciel ne sera pas vert
ou avec le ciel d’août,
non lus les fleurs ne seront
dans les jardins convenables;
sera ce que sera toujours :
en celui qui se perd
en essayant d’atteindre
l’écho de ton ombre
dans les nuits futures
qui, dans la pénombre d’hier,
a la tombée de la nuit dans ta
peau».
DEUXIÈME PARTIE
POÈTES DES PROVINCES
DU SAHARA MAROCAIN
DE LANGUE ESPAGNOLE DU
GROUPE
DES ANNÉES 90 :
Mahmud Bahia ‘Awa
Fatma
Abdesalam
Fatma Galia
Luali
Lehsan
Chejdan
Mahmud
Limam
Boicha
Aziza
Brahim
MAHMUD BAHIA ‘AWAH
Le
poète de langue espagnole, Mahmud Bahia ‘Awa, d’une une famille de nomades, est
né en 1960, près d’Ousserd (Au Sud du Sahara marocain). Il doit adopte son
surnom de ‘Bahia’ en l’honneur de son oncle, le poète marocain sahraoui Bahia
Ould ‘Awa. Sa mère lui donna ses premières classes, agissant comme un maître
jusqu’à ce qu’il rejoigne l’école primaire. Il parle de cette expérience dans
son livre «La maestra que me enseñó en una tabla de madera». Il passe ses
premières années entre l’école et le désert, gardant les troupeaux de sa
famille. Il obtient son baccalauréat à l’Ouest de l’Algérie, à cause de la
guerre et poursuit ses études supérieures en télécommunication à Cuba et en
Espagne. Résident émigré en Espagne depuis 1978, il s’adonne à la littérature. Sa
poésie n’est qu’amère nostalgie refoulée pour le sol natal de l’ère coloniale
espagnole. En est témoigne le poème dédié à Dakhla (ex-Villa Cisneros) suivant :
«LA NOVIA DEL MAR»
«Villa Cisneros, Dakhla, péninsule
absente,
sirène
chemin de signes blancs.
C’est ma lointaine cité aimée,
que Francisco Bens
vit nue et libre
en pleine lumière de lune saharienne.
C’est la fiancée de la met et du désert
aussi la contempla belle,
cheminant déchaussée
entre les bords et le va-et-vient
de ses vagues atlantiques.,
un autre amant que nomma
Emilio Bonelli.
Ma cité est la jumelle de Rosarito,
San Quentin, Santa Rosalie, Lareto,
Ensenada, San Lucas,
et La Paz son autre sœur mexicaine,
une auberge heureuse dans l’Océan pacifique.
Ma cité, ma fiancée, ma sirène,
ma péninsule,
est le soulèvement
est soulevée
sent l’absence de sa force
et la solitude dans les plages.
A soif de liberté comme l’assouvir
Avec l’Océan Atlantique».
FATMA AHMED ADESALAM
La
poétesse de langue espagnole, Fatma Ahmed Abdesalam, issue du Sahara
marocain, est un cas réellement curieux,
puisqu’encore fillette de l’âge de 13
ans, en 1961, elle a gagné le premier prix du Xe Concours National Littéraire
pour la Jeunesse avec son beau poème dédié au Cheikh Ma Al Aynaïn. Et voici un
fragment d’un poème de cette dernière sur la ville de Smara, berceau spirituel
des provinces du Sahara marocain :
«SMARA»
«Ères du berceau heureux de mes aïeux,
Sainte d’entre les saintes, Smara.
Caduque était ta gloire.
Tes pierres, ancienne marque
De splendeur en d’autres temps,
Étant antique et altière
Tu résistes au combat des temps».
FATMA GALIA
Fatma
Galia, La Chatte, est une poétesse du Sahara marocain de langue espagnole. Elle
est née dans les années 70, à Layoune, et vivant actuellement dans le Pays
Basque (en Espagne). Elle a écrit «Tradiciones y fábulas sahrauis», «Pueblos
de sabios, pueblos de poca necesidades», et un recueil poétique «Lágrimas
de un pueblo herido», publié par l’Université du Pays Basque, institution
où elle a réalisé ses études de journalisme. En voilà quelques strophes d’une
envolée particulièrement lyrique.
«LARMES, LARMES»
«Larmes, larmes,
larmes de peuple blessé par
des caravanes de tanks et de canons
semant un buisson de bombes et
de morts.
Cris de sentiers ensanglantés
femmes atterrées et sans hier.
mosquées démolies par des fidèles sans
LUALI LEHSAN
Le poète de langue espagnole Luali
Lehsan est né en 1971, au Sahara marocain. Son poème «Las miserias del mundo»,
il inspire, quoique sans réserves, d’énormes doses de sérénité, de patience et
sagesse d’un exilé volontaire de sa patrie marocaine.
«UNE PRAIRIE D’ESPÉRANCE»
Le langage avec lequel ils
crient
à vous citoyens du Sud
est une énigme dans les oreilles
du Nord.
Le monstre de la cité
change notre innocence.
La fée s’étoile contre les géants
que gratte un ciel qui ne pique pas.
Les petits dieux agonisent
avant le vide de leurs verbes
politiciens.
Et la guerre est une projection
du diable, qui déambule comme
une possibilité dans les désolations
une prairie de notre espérance».
CHEJDAN MAHMUD
Chejdan Mahmud, poète de langue espagnole
issu du Sahara marocain, y est né en 1972. Il est ceux qui apportent
l’espérance aux gens du désert et qui en premier lieu pour des motivations
politiques et historiques évidentes, à travers des poèmes qui parlent de la nostalgie et promesses d’une vie
authentique de la mère - patrie marocaine.
Voici un bref extrait de ses vers de poète religieusement et filialement
engagé :
LES ESCLAVES DU PASSÉ
«Dans ma terre musulmane,
là-bas où les nuits inspirent la peur,
et le soleil brûle sans pitié,
ma mère me dit :
«Fils, nous sommes les esclaves du passé ».
Lamentablement,
LIMAM BOICHA
Le poète de langue espagnol, Limam
Boicha est né, en 1973, à Atar (Sahara marocain). Il fait ses études primaires
dans les camps de Tindouf (Algérie). En 1982,
il voyagea à Cuba pour suivre ses études, où il fut pendant 13 ans jusqu’à
l’obtention de son diplôme de journalisme.
En 1999, il réside en Espagne. En voici les extraits d’un poème de son
inspiration dédié à son aspiration pour la paix et la fraternité hospitalière et
l’isolement dont souffre le déporté des camps de Tindouf, hors du sol du Sahara
marocain, «EL SALUDO» :
«LA PAIX SOIT SUR VOUS»
«Il vient et salue le visiteur
Salam aleikum
que la paix soit sur vous,
et accepte les présents
que la paix soit avec toi :
aleikum bi salam.
Ça va, répondent quelques
Atlantiques braises
nous sommes tous bien.
(…)
Et les mains se serrent
Et les yeux de l’enfant observent
Comment se font les propos des adultes.
Une rafle de sable soulève la natte
et deux yeux discrets soulèvent le sourire.
C’est le temps, inclus même à Lahmada
Le vent frappe pour interroger
«Quelqu’un de la famille était malade?»
Quoi de nouveau? Question inaccoutumée.
Rien, à ce qui paraît, seul
de ce qui te réjouit et annonce l’allégresse.
(…)
L’homme s’isole
Entre les tentes attendant la venue de chaque soir :
le jeu de dame avec de vieux amis.
(…)
Nos frères sont partis
De la cité incendiée répondant au cri
comme la bande du tambour
remplir le désert de la bonne nouvelle,
alors voilà la vérité qui résonne
Qu’a-t-on résonné ?
On résonne avec une bande de tambour.
Bonne nouvelle, bonne nouvelle.
Salam aleikum.
Aleikum bi Salam.»
«L’ARRIVÉE»
Si assommant est le monde
le nouveau né
faisant craindre la vie,
et voulant revenir en arrière,
maintenant il sera trop tard,
maintenant nulle chèvre dans l’écorce
maintenant nul ne tendra la peau du loup,
maintenant nul ne battra le tambour,
maintenant nul ne griffera la terre de corde,
maintenant nul ne plongera,
maintenant on attend dehors
avec l’eau, l’huile, le sucre,
et la menthe,
et les aimables noms de Dieu.»
AZIZA BRAHIM
Aziza Brahim, la poétesse langue espagnole, issue du Sahara marocain,
est née en 1976, dans les campements de la massive déportation de Tindouf
(Algérie). Après un séjour d’étude manque à Cuba, elle revient pour devenir
chanteuse blues. Sa poésie est écrite dans les paroles de sa grand-mère, et de Ljadra
Mint Mabruk, chanteuse, maintenant, une ancienne qui vit dans les campements, mais
aussi des siennes propres. Sa mère meurt à Tindouf, tandis que son père vit à
Laayoune, au Sud du Maroc. C’est ce qui ressort vivement du poème d’un souffle
épique, s’inspirant de la grande révolution
marocaine anticoloniale : «La tierra derrama lagrimas», écho
visible dans les vers singulièrement pathétiques suivants :
«LE CHŒUR DE LA RENCONTRE»
«Révolutionnaires du Sahara,
défenseurs de l’honneur,
symboles de la liberté
par le sentier de la promesse
la terre épanche larmes,
sang et douleur.
Dans mon désir, la peur clame
pour le jour de la rencontre,
en chœur nous chantons
le jour de la rencontre.
n’oublie pas le martyr
ni ce qu’il laisse de legs
dont son sang récent
sacrifié pour les idéaux.
Gens
du Sahara,
ensuite
maintenez
la
promesse entière
votre
convenance
non
à la désintégration».
DEUXIÈME PARTIE
POÈTES DES PROVINCES
DU SAHARA MAROCAIN
DE LANGUE ESPAGNOLE DU
GROUPE
DES ANNÉES 2000 :
Mohmed Salem Abdelfatah (Ebnu)
Ali Salem Iselmu
Saleh
Abdelahi Hamudi (Sleha)
Zahra El
Hasnaoui
MOHAMED SALEM ABELFATAH (EBNU)
Ebnu est le nom sous lequel est connu le
poète de langue espagnole Mohamed Abdelfatah, né en 1968 dans la petite cité
d’Amgala au Sahara marocain, encore sous l’occupation coloniale espagnole. Il
fait ses premières années scolaires avec
des maîtres espagnols. Balloté entre l’optimisme et le pessimisme, il
s’interroge sur le sort des séquestrés de Tindouf, parmi lesquels il était
forcé de retrouver loin de son sol natal et sans interlocuteur que son moi, le
vide et le silence. Ainsi clame-t-il son égarement faute d’un dialogue partagé avec sa patrie, mettant fin à sa fuite dans les
nuits de l’interpellation à vide.
SI UN JOUR JE M’INTERROGEAI
Si un jour je m’interrogeai
et tu ne dis rien,
c’est pourquoi je m’enfuis
derrière l’ombre du vide,
ce sera pourquoi je me perdis
derrière les traces
d’une nuit éveillée,
ce sera pourquoi le jour
noiera la poussière
qui envenimait mes pas,
c’est pourquoi je marchai
à chasser dans l’obscurité
d’une cordillère lointaine,
ce sera pourquoi des ailes crurent
au sourire
aux yeux qui illumineront ma vie,
et se perdront dans
l’immensité de l’univers,
ce sera pourquoi tes seins
ne câbleront pas ma plaine
et ce sera que les roses flétriront
entre les battants de l’aube.
Si un jour je m’interrogeai
et tu répondis le regard absent,
ce sera pourquoi je m’enfuis
de plus j’allai des rives du temps
où s’égaraient le printemps
et l’intimité
des feuilles sèches de l’automne ».
ALI SALEM ISELMU
Ali Salem Iselmu, poète de langue espagnole,
est né 1970, à Dakhla – ex-Villa Cisneros -, au Sahara marocain. Après le
déclenchement du conflit contre l’intégrité territoriale de u royaume,
entretenu par l’Algérie et de la Lybie (1975), il fut déporté par des
ravisseurs séparatistes parmi tant d’autres dans les campements de Tindouf (en
Algérie), où il passa son enfance. Puis, il fut envoyé à Cuba où il prépara sa
licence en journalisme à l’Université de Santiago. Il vit actuellement en
Espagne. Il participa à des anthologies poétiques (2002-2007) et acheva de
publier son premier recueil en solitaire : «La música del siroco»
(2008). Les thèmes de sa poésie simple, embrassant parfois le paradoxe, ont
pour axes notamment : la terre natale idyllique, la poésie sentimentale et
la pluralité des langues et de la poésie. C’est le cas des courts poèmes et
extraits suivants :
TIRIS
Si tu arrivais une fois
une terre lisse et blanche
avec d’immenses statues noires
et la marche passive de chameaux et bédouins,
souviens-toi qu’il existe une terre sans maître ni propriétaire,
miroir et âme de tout être innocent.
«PEUR»
«J’ai peur de ta peur
parce que j’ai effleuré mes
larmes
et m’assujettis à tes pensées.
j’ai peur de ta peur
parce que c’est l’automne qui illuminera
les gouttes épaisses de mon corps.
… et dans mes marches de pélerins
entendit,
que l’inspiration de mes vers
naît de ta peur».
«TRADUCTION»
«Poésie, poétique.
le disai-je en anglais.
Je ne l’entendis.
le disai-je à l’Université of Leeds,
Bubisher, vers de feu et d’espérance.
Je ne l’entendis.
Le disai-je poétique en espagnol.
Traduction en anglais.
Ecoutes mes vers.
Et dis-moi :
Welcome to the United Kingdom».
SALEH ABDALAHI HAMUDI
(SLEHA)
Le poète de langue espagnole, Saleh
Abdalahi Hamudi est né en 1971, à Laayoune et a été enlevé, comme tant
d’autres, par les séparatistes via les camps de Tindouf. Il est ensuite envoyé
durant treize ans à Cuba pour suivre des études en dessin technique. De retour
aux camps, il travaille à donner des cours de formation professionnelle. Il vit
actuellement en Espagne. Il participe à des anthologies de poésie (2002-2007).
Dans sa poésie, il incorpore le rêve
cosmique et terrestre, l’usure du temps et l’éternité, l’incertaine patience et
le rêve d’une patrie avec un palais et un drapeau, l’exil et l’espoir, la
guerre et la paix, l’étouffement des âmes et l’écho d’une voix humaine réclamant
la liberté. C’est ce qu’il exalte, dans
le poème essentiellement lyrique qui suivant :
«RÊVE»
«Rêve l’enfant un jour
pouvoir dans le ciel bâtir son aile.
Rêve le cosmonaute pouvoir
tenir dans ses mains, sa propre planète.
Tous rêvent là-bas en haut.
Rêve l’astronaute,
Abandonner son télescope
et se rapprocher un jour des astres
galopant sur sa comète dorée,
rêvent même les amoureux
vivre une lune éternelle.
Tous rêvent là-bas en haut,
enfin, moi tant seul pouvoir sur ma terre
un jour, lever au ciel mon drapeau.
Vaincre
Vaincre avec ta condition humaine
pour te sentir plus humain,
à sentir l’absence du berceau
dans la distance du vide,
à sentir l’érosion du temps
qui oxyde notre noyau
sans nom.
Vaincre à vivre ma patience incertaine
qui repose des suites
de la guerre,
à esquiver la faucille qui traine
ma chance
à sécher les larmes qui
étouffent nos âmes.
Vaincre à sauver l’innocence qui se perd
entre la poussière et l’éclat,
et espérer dans mes heures d’exil,
l’ultime retour de mes prières.
Vaincre, quand le hêtre changé ne cesse
d’être l’écho de ma voix humaine
qui réclame la bouche sèche la LIBERTÉ ».
ZAHRA EL HASNAOUI
Zahra El Hasnaoui, poétesse de langue
espagnole, est né vers les années 70, à Laayoune (au Sahara marocain). Elle
obtient une licence de philologie anglaise de l’Universidad Complutense de
Madrid et deux diplômes d’une université anglaise de Londres. Sa poésie est
hantée par une préoccupation survoltée de la situation de la vie dans les camps
de Tindouf (en Algérie), dont elle fait une cause personnelle tout omettant de
s’y reconnaître elle-même, en tant que victime et bourreau des illusionnistes
de ce drame inhumain facticement entretenu par la mauvaise foi et
l’opportunisme de puissances pro-coloniales extranationales. D’où l’ambiguïté
de ses prises de positions poétiques activistes et lyriques. C’est le cas de ce
poème dédié aux mères séquestrées à Tindouf :
«DIX ET UN»
«Dix ans et un jour
dans cette veille prolongée
regardant sans voir.
Dix ans et un jour
affectant l’Ignorance
à réveiller la Raison.
Dis-lui,
que l’œil ne reproduit
pas son image.
Que mes doigts
en l’air caressent
sa voix, sa démarche
sa lenteur et ses gestes.
Que je trace son nom
de droite à gauche
et de gauche à droite
le retournant en arrière.
Dis-lui,
Que, les tremblements
n’oublient l’embouteillage
le déménagement du temps.
Dis-lui,
Que, quoiqu’on
enlève la toile
moi enfin je bois son sourire
et m’en imbibe pour des siècles».
INDICES BIBILIOGRAPHIQUES
Atimou, Moufid: «Nufragio feliz 1: poesia», Tetuán, Edit. Publicaciones El Nuevo Puente, 1996.
Bouissef Rekab, Mohamed : «ESCRITORES
MARROQUĺES DE EXPRESIÒN ESPAÑOL, ‘EL GRUPO DE LOS 90’: Antología», Tétouan, Ed. ATA, 1997.
Bjornsson, Erika : «ANTHOLOGIE
POÉTIQUE : La Poésie : La Poésie
Marocaine de l’indépendance à nos jours
»,
www.artslivres.com.
Caballero Bonald, J.M. : «Larbi El Harti»,
in la «REVISTA ATLANTICA : poesia 22», 1 de Enero de 2001, Edita de Servicio de Publicaciones de la
Deputation Provincial de Gâdiz.
El Fathi, Abderrahman: «TRIANA,
Imagenes y Palabras», Tetuán, Edit. El
Club del Libro de la Facultad de Letras de Tetuán, 1999.
Jbilou, Abdellah: «Al Andalus
wa al Asiratan fi al Ibda’ al maghribi al hadith: Mokhtarat chi3ria», Tétouan, Ed. Fabar, 1988.
Mgara, Ahmed Mohamed : «RESONANCIAS», Tetuán, Ed. A.I.M.A.D.,
2008.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 2
Première partie : Poètes des provinces
du Nord du Maroc, Groupe
des années 50 :
6
Mohamed Mamoun Taha 7
Mohamed Sebbagh 10
Ahmed Abdessalam
Bakkali
12
Mohamed Chakor 14
Première partie : Poètes des provinces
du Nord du Maroc, Groupe
des années 70 :
16
Dris Diuri 17
Driss Jebrouni Mesmoudi
19
Première partie : Poètes des provinces
du Nord du Maroc, Groupe
des années 90 :
21
Jalil Tribak 22
Mustafa Bouhsina 24
Mohamed Sibari
26
Mohamed Akalay
28
Mohamed Lachiri 31
Abdelatif Limami 30
Ahmed Mohamed Mgara
32
Moulay Ali Filali Rotbi
35
Ahmed El Bahraoui 36
Mezouar El Idrissi 38
Chukri El Bakri
40
Première partie : Poètes des provinces
du Nord du Maroc, Groupe
des années 2000 : 42
Abdelouahid Bennani 45
Aziz Tazi 47
Larbi El Harti
49
Abderrahman El Fathi
51
Moufid Atimou 53
Deuxième partie : Poètes des provinces
du Sahara marocain,
Groupe
des années 90 : 55
Fatma Ahmed Abdesalam
56
Fatma Galia
57
Luali Lehsan
58
Chejdan Mahmud
60
Limam Boicha 61
Aziza Brahim
64
Mahmud Bahia ‘Awah
66
Deuxième partie : Poètes des provinces
du Sahara marocain,
Groupe
des années 2000 :
69
Mohamed Salem Abdelfatah
70
Ali Salem Iselmu 72
Saleh Abdalahi Hamudi
(Sleha) 75
Zahra El Hasnaoui 78
BIBILIOGRAPHIE
80
TABLE DES MATIÈRES
83
«La literatura
africana en español», Op.cit., p.4.
Erika
Bjornsson : «ANTHOLOGIE
POÉTIQUE : La Poésie : La Poésie
Marocaine de l’indépendance à nos jours », www.artslivres.com
, p.1.