LA
FILIATION DE REPRÉSENTATIONS ET FONCTIONS
DES
IMAGES STELLAIRES CHEZ LES POÈTES FRANÇAIS
ET ARABES
DES ORIGINES À NOS JOURS
Selon une approche
ethnoastronomique comparée de la «filiation des représentations et fonctions
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français et arabes,
des origines à nos jours», ce travail vise
une lecture d’un double corpus. «L’ethnoastronomie, écrit Roland Laffitte, se
propose de présenter de la voûte céleste des différents peuples dans une
approche ethnographique et anthropologique des représentations astrales en
rapport avec les besoins pratiques de la société… » - « L’imaginaire
du ciel dans le Monde arabe », www.uranos.fr, p.3. Or, Georges Jeha note du côté
arabe : «Le chercheur Fawaz Ahmed Tawqan voit (…) que les connaissances
scientifiques en astronomie et en astrologie étaient usitées dans la poésie
arabe ancienne…» - «Surat al Falak fî Ach-Chi’r al Abbasi», www.ara.reuters.com , p.1. Du côté français, Alfred Jeanroy note : «Folquet de Marseille [troubadour :
1155-1231], (…) compare l'aube au règne de Jésus dans nos âmes (…) : c'est en
invoquant votre nom et celui de sainte Marie que je m'éveillerai désormais,
puisque l'étoile du jour se lève (…), et m'enseigne à dire : Debout, vous tous
qui aimez Dieu, le jour est venu, la nuit s’en va [v. appel à la prière de l’aube en Islam] (…).
Il nous faudrait pouvoir remonter (…), à l'époque où se sont élaborées ces
théories [v. images poétiques stellaires], c'est-à-dire antérieurement à
Guillaume IX [troubadour : 1071-1127].» - «La poésie lyrique des
troubadours, t. II», www.cieldoc.com, pp.144-167. Ainsi abordera-t-on
notamment :
I. La iliation des représentations
et fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes français des origines à nos jours :
Pour établir la filiation des
représentations et les fonctions poétiques astrales des images stellaires chez
les poètes français, des origines à nos jours, nous nous reportons à ce double constat
historique fait par Richard Lamay à cet égard sur les troubadours : «Il n’est
pas difficile de reconnaître en ce ‘sègle truand’ le compère du ségrer gallégo-portugais
dont R. Menendez Pidal [1869-1968] disait qu’on n’en trouvait pas trace en
dehors de la région archaïsante de l’Ouest de la Péninsule [ibérique], et
Ribera [José : 1591-1652] a prouvé, de façon irréfutable à notre
avis, l’origine [la filiation] arabe comme chanteur du zajjal. Peire d’Auvergne
[1130-1190] et Bertrand de Born [1140-1215] connaissent donc et le troubadour
espagnol et le sègle provençal. L’un et l’autre mot, croyons-nous, se
sont formés à partir de l’arabe parlé et correspondent aux réalités concrètes
de la société espagnole arabisée des XIe et XIIe siècles.» - «À propos de
l’origine arabe de l’art des troubadours», www.persee.fr , p.997.
Quant à la filiation des images
stellaires chez les poètes français, des origines à nos jours, le même auteur
constate, d’après un manuscrit latin N°14754 de BN de Paris, et de la
Bibliothèque de Saint-Victor, datant du XIIe siècle, à ce sujet : «D’autres
part, les Mozarabes, fortement adonnés eux-mêmes à l’astrologie [trait
ethnoastronomique] qui constituait pour eux comme une organisation rationnelle,
scientifique de la vie sociale [fonction ethnoastronomique], ne mirent pas
longtemps à remarquer l’engouement très tôt manifesté pour cette science [v.
images poétiques stellaires] par les premiers voyageurs venus de l’Europe
chrétienne. Il faut sans doute rattacher notre curieux document à ce début du
XIIe siècle qui vit s’établir les premiers contacts entre la société
hispano-arabe de la Péninsule et les visiteurs du Nord, avides de connaître
plus intimement la civilisation brillante de l’Andalousie qu’ils découvraient,
fort oublieux, au surplus, de l’idée de croisade contre le Maure qui ne pouvait
que menacer ces relations d’échanges culturels. » - Op.cit., p.1001. Aussi
verrons-nous successivement :
1. La filiation des représentations
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français,
des origines à nos jours :
En prenant comme exemple
type le troubadour français Arnaut Daniel du XIIe siècle, nous pourrons dire
des images stellaires et de la filiation des représentations poétiques astrales
chez les poètes français, des origines à nos jours, avec Laura Kuzmenko, du
point de vue ethnoastronomique : «Arnaud [Daniel : 1150-1210], entraîné
par l’esprit humaniste médiéval se perçoit positionné au centre d’un monde
complexe intégré dans le macro- et le microcosme, en même temps qu’il reconnaît
l’existence d’un monde intérieur (…). En particulier, il faut souligner la
position de miroir du poète qui reflète le monde extérieur, sensoriel dans sa
représentation de l’affectivité, pour qu’ensuite il redonne au monde extérieur
sa chanson (…). Le mouvement planétaire et la disposition stellaire règlent d’une manière précise la
vie : le passage du temps, la rotation des saisons pour l’agriculture, le
caractère et les quatre humeurs, et la vie affective même (…). De cette façon,
les astres [images stellaires/ représentations poétiques astrales] ne sont pas
seulement physiquement positionnés au-dessus de l’homme, ils jouent
nécessairement un rôle de guide, et ils sont doués d’une influence inéluctable,
situation qui impose une relation de causalité à sens unique (…). Les astres
mentionnés par Arnaut indique le zodiaque et les saisons : le soleil, la
lune, les constellations (le Taureau, les Gémeaux…). » -«La sémantique de
la perception dans la poésie d’Arnaut», www.études-françaises.net , p.1.
À propos de cette filiation des
représentations poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
français, des origines à nos jours, Albert-Marie Schmidt atteste pertinemment
: «Les poètes, dont il sera plus loin question, unissent tous ces prédestinés
dans une même révérence. Il en est, pourtant, parmi eux, qui refusent de
participer à ce culte de gratitude : ce sont les poètes-alchimistes.
Fidèles d’une religion, dont le moyen âge occidental n’a cessé de célébrer les
rites, conscients de leur filiation directe avec les Egyptiens, par les Grecs,
les Byzantins et les Arabes [v. la filiation arabe des représentations
poétiques astrales des images stellaires à l’Âge médiéval], ils n’ignorent
pas que leurs maîtres méditaient la «Table d’émeraude » avant que les
Florentins l’eussent obscurcie de leurs gloses hérétiques (..).
Ayant ainsi précisé quelques points d’histoire
et indiqué certaines sources, nous pouvons résumer, en les définissant par
leurs caractères propres, les diverses gnoses qui réconcilièrent parfois avec
eux-mêmes les poètes français du seizième siècle les mieux capables de
« Haute Science » : Scève [1501-1564], Ronsard [1525-1585],
Belleau [1528-1577], Le Fèvre de la Boderie [1541-1598], Verville [1556-1626],
Gamon [1574-1621] et Nuysement [1560-1624] (…). Ceux-là croient à la vérité de
l’astrologie [v. filiation arabe des représentations poétiques
astrales des images stellaires]. Mais ils sont certains que les planètes inclinent sans nécessiter. Aussi prennent-ils
grand soin de corriger par des pratiques appropriées les mauvais aspects de
leur thème natal (…). Les romantiques, quoique, pour ravaler Malherbe
[1555-1628], ils portent Ronsard aux nues, ne savent pas se débarrasser de ces
préjugés absurdes. Ils se plaisent à se représenter Ronsard comme un amant de
la nature sauvage (…). Ils sourient de ses grands poèmes gnostiques et le
plaignent tout bas d’être l’une des dernières victimes de l’ « infélicité
des Goths », sans se rendre compte que le Hugo [1802-1885] des Contemplations
est son héritier direct (…). Depuis le début du vingtième siècle, meilleure
justice commence à être rendue à la « Haute Science » de ces sages.
Mais leur cause est encore loin d’être entendue. (…). Grâce aux courageuses
initiatives des Parturier [Eugène : 1864-1916], des Larbaud [Valéry :
1881-1957], des Busson [Henri : 1886-1971], des Raymond [Abellio : 1986],
le temps viendra bientôt où ce jugement trop sommaire déshonorera ceux qui le
portent. » - «HAUTE SCIENCE ET POESIE FRANÇAISE AU SEIZIEME », www.sophia.free-h.net , pp.1-5.
Pour rendre
intertexuellement compte de la filiation des représentations poétiques astrales
chez les poètes français, des origines à
nos jours, périodisons chronologiquement le corpus poétique en question, à
savoir :
1.1. La filiation des représentations
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français de
l’époque médiévale :
En effet, aborder intertexuellement la
filiation des représentations poétiques astrales des images stellaires
chez les poètes français de l’époque médiévale, nous fait penser à Arnold Van
Gennep (1873-1957) affirmant : «Ici encore, on possède
tout juste des études spéciales, par exemple sur l'influence exercée dans la
genèse du Romantisme par les poèmes orientaux d'une part, et de l'autre parles
Chansons de Geste (…). Il est remarquable que presque au même moment l'horizon
littéraire a gagné en largeur et en profondeur. Au contact subitement plus
intime avec l'Orient et ses littératures [v. la filiation arabe des représentations poétiques
astrales des images stellaires] a correspondu un retour
sur soi-même, sur la vie littéraire nationale, soit écrite, soit orale (…). Les
admirateurs de Goethe [1749-1832] se sont vite vus obligés, [6] dans leur étude
du Faust et du Renard, de rechercher la production collective anonyme où Goethe
avait puisé ses thèmes indirectement [v. le Coran, et poésie arabe, etc.].
De même, quand on a recherché les sources réelles des poèmes romantiques à
personnages et à sentiments soi-disant orientaux, on s'est trouvé en présence de recueils sans noms
d'auteur pour la plupart, non datés, difficilement datables, et circulant dans
l'Orient antérieur [l’Orient médiéval] tout entier, en arabe, en persan ou en
turc. » - «LA FORMATION DES LÉGENDES »,
www.classiques.uqac.ca
,
pp.13-14.
Puis, celui-ci constate intertexuellement
: «Par ballade En réalité, on trouve tous les intermédiaires entre la ballade
[v. ‘balad’ : ‘pays’, en arabe/ ‘arud al balad’ : ‘chant en prosodie
populaire’, maroco-andalou] ou romance, on entend une courte légende épique en
vers. Contemporaine en Ecosse, cette forme de production littéraire a été
cultivée autrefois en Espagne et au Portugal. Pour la France, on ne la
reconstitue que par analogie, car les courts chants épiques dont les chansons
de geste sont soi-disant sorties n'ont pas été retrouvés (…).dramatique,
chantée et dialoguée et le poème épique. La place occupée par la répétition
diminue en passant du premier type au dernier. Ces ballades ont été transmises
par des individus du commun, quelconques, mais non par des jongleurs ou
chanteurs professionnels (…). Cette division du travail poétique est très
caractéristique, et d'autant plus qu'autrefois, en Perse [arabisée], les poètes
chantaient eux-mêmes leurs vers à la cour des khalifes (…). La théorie
courante, c'est que l'épopée se forme par la combinaison de plusieurs légendes
épiques : lais, chants, chansons, ballades, romances [v. représentations poétiques astrales des images
stellaires],
etc. Cette combinaison serait l'œuvre « spontanée », séculaire, de nombreuses
générations d'aèdes, de bardes, de jongleurs [v. de troubadours hispano-français
médiévaux de l’Occitanie], etc (…). » - Op.cit., pp.128, 129, 131.
Par ailleurs, A.V. Gennep laisse supposer, à propos de la
difficulté de réussir à établir la filiation intertextuelle des thèmes littéraires, celle ici de l’intertextualité des représentations poétiques astrales des images
stellaires
chez les poètes français médiévaux en soulignant : «C'est à grand’ peine
que les savants ont réussi à déterminer la filiation de tels ou tels thèmes ou
groupes de thèmes particuliers dans des formes littéraires bien définies comme
les récits merveilleux anciens ou arétalogies [v. l’ethnoastronomie des représentations poétiques astrales des images
stellaires, présupposée ici], les romans grecs, les contes italiens de la
Renaissance, les fabliaux, les grands recueils orientaux des Mille et Une
Nuits, des Cent Nuits, des jatakas bouddhiques, etc. (…). Au début, on prend la
légende à la lettre. Elle est en son entier objet de croyance et nul n'y met
plus qu'elle ne doit contenir. Elle a la valeur d'un acte de foi, d'un fragment
d'annales, d'un chapitre de manuel cosmographique [v. représentations poétiques astrales des images
stellaires]
représentations poétiques
astrales des images stellaires] ou biologique (…). » - Op.cit.,
pp.134-136. D’où également :
1.2. La filiation des représentations
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français de
l’époque postmédiévale et moderne :
Au sujet de la filiation des représentations poétiques
astrales des images stellaires chez les poètes français de l’époque
postmédiévale, J.S. Will relève : «L'influence des troubadours [v.
la filiation arabe des représentations poétiques astrales des images
stellaires] fut considérable sur les trouvères de la langue d'oïl. Sans la
guerre des Albigeois, on peut affirmer, sinon que la littérature et la langue provençales
eussent prévalu en France, du moins qu'elles eussent peut-être orienté tout autrement
le grand mouvement poétique des pays du Nord (…).Toutes ces œuvres de poésie
dramatique sont d'une valeur littéraire à peu près nulle, et il serait
difficile d'en donner des extraits qui fussent agréables à lire. Même au XVe
siècle [la chute du royaume nasride de Grenade], qui est la belle époque du
théâtre au Moyen-Age, il n'y a à peu près point d'œuvre qui ait une réelle
valeur d'art. Il faut aller jusqu'à la fin du Xe siècle [v. les Croisades] pour
trouver la Farce de maître Pathelin (1470), qui fut infiniment populaire et
qu'on peut encore lire avec plaisir (…). » - «La poésie française…, des
origines à nos jours », www.archive.org , pp.8-9.
Or, pour ce qui est de cette
même filiation poétique, au terme de l’époque postmédiévale, celui-ci
conclut : «En résumé, dès la fin du XIVe siècle, tous les genres
littéraires sont formés : poème épique, contes, fabliaux, ballades [v. la filiation
arabe des représentations poétiques astrales des images stellaires],
rondeaux, fables, triolets, sauf pour le théâtre et la poésie dramatique, qui cherchent
encore leur mode d'expression. La production du Moyen-Age est donc
essentiellement le poème interminable ou la poésie légère. On trouve, au XIII
et au XIVe siècle, un nombre incalculable de petits poèmes qui contiennent les
sujets des contes en vers et des fables que l'on amplifiera au XVIe siècle [v. poètes
français de la Renaissance] (…). Citons encore les fabliaux de Marie de France
[1159-1189] et le Roman des sept sages, recueil de fables célèbres, et le
Fabliau du Vilain Mire, qui contient le sujet du Médecin malgré lui. Au XVe
siècle, la poésie française fait un grand pas et double ses étapes jusqu'à
Villon [1431-1463]. Cinq noms représentent cette évolution d'art et de langue :
Christine de Pisan (1363-1429), Alain Chartier (1390-1440), Eustache Deschamps
(1340-1410), Olivier Basselin [1400-1450], Charles d'Orléans (1391-1465), et
Villon (1431-1484).» - Op.cit., pp.9-11.
Du fait, la filiation des
représentations poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
français de l’époque moderne, Guy Auroux observe, au sujet des poètes français symbolistes
et surréalistes, aux XIXe-XXe siècles : «Or, les seules références claires sont
Rimbaud [1854-1891]
et Lautréamont [1846-1870]
ces figures rebelles en
qui Breton [1896-1966] a su voir les pères fondateurs de la modernité (…). L’innovation
fervente, marquée par des anaphores qui donnent une allure de litanie au poème,
se traduit aussi par une accumulation de métaphores [v. filiation arabe des
représentations poétiques astrales des images stellaires] surprenantes,
comme chez Lautréamont et les surréalistes en particulier dans ‘L’Union
libre’ de Breton (…). Ces métaphores, ces comparaisons ou ces métonymies ne font guère entrevoir l’image
[v.
la filiation arabe de la
représentation poétique astrale des images stellaires]
(…).
À l’inverse de Breton, s’il y
a bien quelques comparaisons animales ou végétales, la destinataire du poème
est plutôt associée aux éléments ‘soleil’, aux ‘étoiles’ [v. la filiation
arabe des représentations poétiques astrales des images stellaires] dont
ses lèvres forment les ‘tresses’, aux nuages, au feu comme aux couleurs du ‘spectre’, ou à l’onde, en une
superposition qu’évoquent les métaphores
des ‘lianes’, de la ‘chevelure’ ou de la toile d’araignée et qui
pourrait faire songer aux ‘transparences’ de Picabia » - «Le double du
baiser : un étrange poème de résistance», www.toulon.fr , pp.6-8. De là, la grille de base des représentations
poétiques astrales des images stellaires suivante (G1) :
- Une
représentation anthropomorphe ;
- Une représentation allégorique ;
- Une représentation divine ou sainte ;
- Une représentation chronologique ;
- Une
représentation proxémique ;
- Une représentation zodiacale ;
- Une représentation affective
- Une représentation héroïque ou épique ;
- Une représentation sociale ;
- etc.
2. La filiation des
fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
français, des origines à nos jours :
Parallèlement, de la filiation des fonctions poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes français, des origines à nos jours trouve un
écho dans cette remarque de
Benoît Grévin sur le livre ‘Entre
Science et nigromance : Astrologie, divination et magie dans l’Occident
médiéval (XIIe-XVe siècle)’ de Jean-Patrice Boudet : «L’articulation
entre ces différents savoirs théoriques et pratiques s’opère essentiellement
sur le plan de leur réception contrastée dans la société médiévale. À un
mouvement d’intégration progressive de savoirs et pratiques [v. fonctions
poétiques astrales] souvent d’origine judéo-musulmane [v. filiation arabe
des fonctions poétiques astrales des images stellaires, chez les poètes
français médiévaux]
ou tardo-antique, s’oppose l’élaboration par à-coups, de la fin du XIIIe siècle
à celle du XVe siècle, d’un corpus dogmatique et législatif ecclésiastique qui les
met progressivement hors-la loi. - «Notes de lecture », www.puv-univ-paris8.org , p.169.
2.1.
Filiation des fonctions poétiques astrales des images stellaires
chez les poètes médiévaux :
Quant à l’appréhension historique de la Filiation des fonctions poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes médiévaux, Benoît Grévin poursuit plus en
détail : «D’une part, l’étude
de son apparition et de son développement à travers les sources subsistantes permet
de disséquer un ensemble de traits [v. traits ethnoastronomiques] qui placent
l’historien au contact d’un aspect «magique » des comportements sociaux reflété
aussi bien dans la vie quotidienne que les choix politiques, les
divertissements, la littérature [v. ici la
poésie française, des origines à nos jours]. Cette part d’un irrationnel, ou plutôt
d’une rationalité magique proprement médiévale, invite à une réflexion de type
anthropologique sur les croyances et pratiques sociales dans une société
traditionnelle, et au comparatisme. D’autre part, l’examen de l’élaboration chaotique
et progressive d’un corpus de débats sur les sciences des astres et de l’occulte
mettant aux prises partisans et détracteurs de ces dernières, et statuant sans cesse
sur leur distance avec une orthodoxie catholique en cours de définition (…). Le
choix des bornes chronologiques correspond, on l’a dit, à un rythme imposé par
la prévalence donnée à l’analyse de la tradition textuelle et de sa diffusion
depuis les premières traductions de l’arabe [la Filiation des fonctions poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes médiévaux], puis de l’hébreu [troubadours d’Andalousie/Occitanie].» - «Notes de
lecture », Op.cit., p. 174.
Aussi le « Rapport adressé au ministre
de l’instruction publique et des beaux arts français, sur la personnalité de
l’esprit poétique de France, relate-t-il : «Dès que la France
balbutie, elle commence de chanter. La langue d'oc [Andalousie arabe/
Occitanie], la langue d'oïl, sur les grand'routes, aux fêtes des bourgades, devant
les chapelles, aux tentes des camps, aux poternes des châteaux, gazouillent des
cantilènes. Qui les inventa? L'âme rustique et populaire, — amours, bravoures,
deuils, souvenirs, rêves, scandés par l'allure du labour et le geste du métier,
— ou bien l'art, déjà, de poètes errants (…)? Bientôt de savants chanteurs en
formèrent-ils des poèmes plus parfaits pour de plus délicates oreilles ? (…). C'est
avec un juste intérêt que le moderne esprit français et la jalouse admiration
de l'Allemagne savante se sont tournés vers les chansons de geste, augustes et
puérils poèmes où vagit, comme dans des berceaux faits avec des lambeaux de
tente guerrière, le jeune idéal de notre race.
Si diverse qu'elle soit, tantôt par
l'imitation naïvement et romanesquement pédante de l'antiquité historique ou
fabuleuse, tantôt par l'intrusion des aventures mythiques, bientôt féeriques et
galantes, que chantèrent d'abord les harpeurs bretons, tantôt par la bonne et
franche matière épique de la nation franque, la Chanson de Geste s'unifie en
poème roman, chrétien et féodal, par le naturel instinct des trouvères d'oïl ,
et elle acquiert une personnalité de familière superbe, de grandeur sans
cérémonie , de bonhommie héroïque [la Filiation des fonctions poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes médiévaux], et, non sans infatuation hâbleuse, de
réelle bravoure (…), — témoignage aussi de la (qualité nationale — un goût de
l'aventure et de la surprise (car nous serons la France des romans) et quelque
raillarde humeur (car nous serons la France des fabliaux) [filiation de la filiation des fonctions poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes français médiévaux]. » -
« Le mouvement poétique français », www.archive.org , pp.5-6.
2.2. La filiation des fonctions
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français de
l’époque postmédiévale et moderne :
Toutefois, la filiation des fonctions
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français de
l’époque postmédiévale et moderne, se profile parfaitement dans l’étude de Baptiste
Franceschini, relatant : « …Jacques Roubaud [1932 : 81 ans],
tout en réécrivant des textes et des motifs venus du Moyen Âge, exhume aussi
des pratiques littéraires de l’époque. En effet, tout au long de son œuvre,
l’écrivain n’a de cesse d’avouer son penchant pour les lettres médiévales. Non
content de publier, en qualité d’érudit, des essais sur la lyrique des
troubadours [XIIe siècle] ou le roman arthurien, il considère aussi les textes
et les auteurs du Moyen Âge comme autant de modèles à sa propre posture. Il se
reconnaît notamment dans cette conception de la littérature où l’originalité se
jauge à l’aune, non pas de la pure
nouveauté, mais de la récupération incessante du déjà-dit. L’écriture est
toujours réécriture, adaptation et transmission d’œuvres anciennes, en un mot résolument médiéval, elle
est toujours «translation» (…).De façon plus inattendue, l’écrivain discrédite
avec la même ferveur toutes ces figures dont a accouché, selon lui, celle du poète
maudit (le moderniste, l’avant-gardiste, ou encore le postmoderniste), les
accusant de vouloir faire table rase du passé [v. filiation de la filiation des fonctions poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes français médiévaux] (…). Les grands noms du
répertoire français, de Chrétien de Troyes [1176-1181] à Raymond Queneau [1903-1976],
y sont bien présents, côtoyant les géants de la littérature dite universelle :
Dante [1265-1321], Cervantès [1547-1616], Shakespeare [1564-1616], Milton [1608-1674],
ou Le Tasse [1544-1595], pour ne citer qu’eux, répondent ainsi à l’appel de la
mémoire roubaldienne (…).- «L’oulipien translateur : la bibliothèque
médiévale de Jacques Roubaud.», www.tel.archives-ouvertes.fr , pp.5, 18.
L’anthologie bilingue sur la poésie des
troubadours, publiée en 1980 chez Seghers, témoigne en ce sens d’une volonté de
faciliter l’accès du public à la lyrique du XIIe siècle : mettant en regard les
pièces originales et leur traduction, l’auteur entend introduire à l’érotique
courtoise, sans pour autant priver le lecteur des charmes authentiques du chant
(…). Le personnage de Renart [] apparaît dans le roman et devient chevalier de
la table ronde, le conte de la poule aux œufs d’or se voit intégré aux péripéties et les
héros peuvent encore croiser en chemin, dans un clin d’œil à La Fontaine [1621-1695], « une jeune
fermière, […] ayant sur la tête un pot à lait, […] légère et court vêtue [qui]
allait à grand pas ». Ailleurs, il s’agira de reprendre la chanson de geste et
de célébrer ses héros – entre autres Roland – en en faisant les figures de
proue de l’identité nationale [la filiation
des fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
médiévaux]. La liste pourrait être encore longue : il suffira ici de noter
qu’elle est marquée du sceau de la pluralité, voire du paradoxe. En d’autres
termes, le Moyen Âge littéraire a pu vouloir signifier une chose et son
contraire au sein d’une même production, la lumière ou les ténèbres, le jeu ou
le sérieux, la naïveté ou la brutalité (…). Cocteau [1889-1963], Aragon [1897-1982],
Gracq [1910-2007], Céline [1894-1961] ou plus récemment Michon [1945 : 68
ans] se sont ainsi laissé séduire par le Moyen Âge littéraire au point d’en
proposer leur propre version.» - Op.cit., pp.20, 24, 35.
Or, rappelons ici la remarque, citée plus haut, de Roland Laffitte, susceptible de servir de point de
départ pour esquisser une grille de base générale représentative, aussi, de la filiation des fonctions poétiques astrales des
images stellaires, chez les poètes français, des origines à nos jours, : «L’ethnoastronomie, écrit, se propose de
présenter de la voûte céleste des différents peuples dans une approche
ethnographique et anthropologique des représentations astrales en rapport avec
les besoins pratiques de la société : calendrier, repérage dans le temps
et l’espace, ainsi que son imaginaire : légendes astrales, symbolique des
astres, rapport entre les astres et le divin [la filiation des fonctions poétiques astrales des images stellaires
chez les poètes médiévaux], etc. » - «L’imaginaire du ciel dans le Monde
arabe », Op.cit., p.3. De cette suggestion abrégée, on pourrait déduire les
fonctions poétiques astrales des
images stellaires contenues dans la grille (G1) suivante :
- Une fonction
spatiale ;
- Une fonction
temporelle ;
- Une fonction
religieuse.
Auxquelles, on pourrait ajouter poétiquement
et ethno-astronomiquement :
- Une fonction
astrologique ;
- Une fonction
mondaine ;
- Une fonction
érotique ou galante ;
- Une fonction
patriotique ou politique
- Une fonction
sociométrique, etc.
- etc.
D’où le choix de textes de la filiation des
représentations et fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes français et arabes, des origines à nos jours, suivant :
3. Le choix de textes illustrant la filiation
des représentations et fonctions poétiques
astrales des images stellaires chez les poètes français des
origines à nos jours :
Le corpus des textes illustrant la
filiation des représentations et
fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
français des origines à nos jours, dont nous procédons, tient donc ses origines
lyriques arabes des troubadours de la Provence et des chanteurs de rues
andalous, tel que le relate Sigrid Hunke : «C’est avec une joie évidente
que l’Europe les [les nouvelles formes poétiques arabes] adopta. Les
troubadours, Guillaume IX d’Aquitaine [1086-1127] à leur tête, les trouvères et
les minnesänger s’approprièrent les formes rythmiques des Arabes, leur
structure de la strophe et du vers, et maints autres éléments propres aux
poètes lyriques et aux chanteurs des rues andalous. » - «Le soleil
d’Allah brille sur l’Occident», Paris, Ed. Albin Michel, 1963, p.349. Ainsi
verra-t-on notamment :
3.1. Le choix de textes illustrant la filiation
des représentations poétiques astrales des images stellaires chez
les poètes français des origines à nos jours:
Dans L’optique du choix de textes
illustrant la filiation des représentations poétiques astrales des images
stellaires chez les poètes français, des origines à nos jours, L. Sozzi
remarque à propos des représentations poétiques astrales chez André Chénier [1762-1794]
notamment : «Dans un passage de L’Amérique, la poésie s’identifie
tour à tour aux images (…) du feu des éclairs (…). Ce sont des images que le
poète reprend dans son poème Hermès (…). On voit germer ici cet ensemble
d’images astrales qui constitue la beauté saisissante de ce poème inachevé.
Apparentées à ce thème du ‘Cosmos’ qu’Hélène Tuzet a si bien étudié dans son
livre ‘Le Cosmos et l’Imagination’, elles séduisent l’imagination
du poète non pas, bien entendu, par le charme de la fixité étincelante d’un
firmament immobile, mais par l’attrait de la course vertigineuse des planètes
qui le peuplent.» - « Traditions néo-classiques et renouvellement des
images dans la poésie de Chénier », www.persee.fr
, p.67-69. Ainsi est-il des textes du corpus suivant :
A. Le choix de textes des
représentations et fonctions poétiques astrales des images
stellaires chez les poètes français médiévaux :
En
présentant ce choix de textes des
représentations poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
français médiévaux, rappelons avec M. Éric Broguiet : «Cette française de
l’amour, dont les racines plongent au cœur de la culture de la langue d’oc [au
XXe siècle], n’eut pas été possible sans les multiples influences (…) : la
conception préislamique de l’amour virginal, le legs arabo-andalou. » -
«L’influence des poètes arabes préislamiques sur la naissance de l’amour
courtois chez les troubadours de la langue d’oc», www.arllfb.be, p.3. Ce dont
nous citons à titre d’exemple :
+ Une représentation chronologique et une
fonction zodiacale dans : «Je ne sais sous quelle étoile» de Guillaume
IX d’Aquitaine (1071-1127) :
«Je ne sais sous quelle étoile je suis né :
je ne suis ni joyeux ni triste, ni revêche ni familier et, je n’en puis ;
qar tel je fus doué par une fée, une nuit, sur une haute montagne.».
(«Les chansons de Guillaume IX
d’Aquitaine (1071-1127) »
+ Une
représentation allégorique et une fonction politique/ patriotique de croisé, dans :
«LA CHANSON DE CROISADE» de Marcabrun (1110-1150) :
«Là-bas, du côté de
Josaphat ;
Et c’est pour celui
qui est près d’ici que je vous exhorte.
Honneur par la parole
d’un empereur ;
Et que sera l’éclat,
le savez-vous
De ceux qui iront au
lavoir ?
Plus grand que celui
de l’étoile du matin,
Pourvu que seulement
nous vengions Dieu du tort
Qu’on lui fait ici et
là-bas vers Damas
Jésus sera avec nous
tous ;
Et ils sont chassés
les mauvais sujets
Qui croient aux
présages et aux sortilèges ! »
(J. Bogaert et J. Passeron,
«MOYEN-AGE »,
Paris, Ed. Magnard, 1954,
pp.93-94)
+ Une représentation anthropomorphique et
une fonction érotique/ galante dans la chantefable : «Or se chante»
d’un auteur anonyme (du XIIe-XIIIe siècles) :
«Estoilete, je te voi,
Que la lune trait à
soi.
Nicolete est avuec
toi,
M’amiëte o le blont
poil.
Je cuit Dieus la vout
avoir
Por la lumiere de
soir,
Que par li plus bele
soit.
Et ! amie, entent
a moi.
Pleüst ore al souverain roi,
Que que fust del
recheoir,
Que je fuisse la sus o
toi !
Se j’estoie fiz a roi,
S’aferriez vos bien a
moi,
Suer, douce amie.».
(M.-Ch. Des Granges,
«MORCEAUX CHOISIS DES
AUTEURS FRANÇAIS»,
Paris, Ed. Hatier, 1954,
pp.31-32)
+ Une représentation proxémique et une
fonction érotique/galante dans la chantefable : «La fille au roi de
Tudèle» de Colin Muset (de la première moitié du XIIIe siècle) :
«Près d’un rosier elle
s’est assise
La très belle et la
sage;
Elle resplendit à
souhait
Comme étoile au point
du jour;
Son amour me brûle et
m’enflamme
Qui dans le cœur m’est
entré.»
(J. Bogaert et J. Passeron,
«MOYEN-AGE »,
Op.cit. p.167)
+ Une représentation chronologique et une
fonction mondaine dans le : «Rondelés amoureus» de Froissart (1337-1404) :
«On doit le temps ensi prendre qu’il vient :
Toutdis ne peult durer une fortune ;
Un temps se part, et puis l’autre revient :
On doit le temps ensi prendre qu’il vient.
Je me conforte à ce qu’il me souvient
Que tous les mois avons nouvelle lune ;
On doit le temps ensi prendre qu’il vient.
(J. Bogaert et J. Passeron,
«MOYEN-AGE »,
Op.cit. p.228)
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction mondaine dans le : «Cupido et d’Atropos» de Jean
Lemaire de Belges (1473-1516) :
«Seigneurs, oyez bien nouveau
propos
De Cupido, le Dieu des amourettes
Et de la Mort, qu’on appelle Atropos.
Sans y viser et sans autre record,
Ilz vont trouver une presse mondaine
De toutes gens attendant leur dur sort.
Maint beau jeune homme
alaigre et vigoureux
Y veis je choir,
atteint de mortel dard ;
Et maint vieillard
d’amours tout langoureux.
O quel abus, de voir
un tel souldard
Servir Amour, et le
jeune mourir
Laissant Venus et son
grant estandart!».
(J. Bogaert et J. Passeron,
«MOYEN-AGE »,
Op.cit. pp.305-306)
B. Choix de textes des représentations
et fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes français postmédiévaux et modernes :
Dans l’optique du choix de textes de la filiation des représentations et fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français postmédiévaux et modernes, le ‘Centre d'Études du Moyen Âge’ (CEMA) et le ‘Centre d'Études sur l'Antiquité rémanente’ (CESAR) indiquent :« Il apparaît que la mémoire médiévale [v. ethnoastronomique], déjà sollicitée par la poésie moderne, occupe une place de plus en plus insistante dans la production poétique des dernières décennies. Cette place, affichée, est loin d'être circonscrite : la mémoire du Moyen Âge resurgit dans des œuvres relevant d'univers poétiques différents [filiation des représentations et fonctions poétiques astrales des images stellaires]. Très présente dans la poésie de langue française (Yves Bonnefoy [1926 : 90 ans], Joë Bousquet [1897-1950], Jacques Roubaud [1932 : 81 ans], Raymond Queneau [1903-1976], Jacques Darras [1939 :64 ans], Valère Novarina [1947 : 66 ans]...) (…). » - « Mémoire du Moyen Âge dans la poésie contemporaine », www.univ-paris3.fr , p.1. D’où à titre d’exemples, le choix de textes suivants :
: « Il apparaît que la mémoire médiévale [v. ethnoastronomique], déjà sollicitée par la poésie moderne, occupe une place de plus en plus insistante dans la production poétique des dernières décennies. Cette place, affichée, est loin d'être circonscrite : la mémoire du Moyen Âge resurgit dans des œuvres relevant d'univers poétiques différents [filiation des représentations et fonctions poétiques astrales des images stellaires]. Très présente dans la poésie de langue française (Yves Bonnefoy [1926 : 90 ans], Joë Bousquet [1897-1950], Jacques Roubaud [1932 : 81 ans], Raymond Queneau [1903-1976], Jacques Darras [1939 :64 ans], Valère Novarina [1947 : 66 ans]...) (…). » - « Mémoire du Moyen Âge dans la poésie contemporaine », www.univ-paris3.fr , p.1. D’où à titre d’exemples, le choix de textes suivants
:
Dans l’optique du choix de textes de la filiation des représentations et fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français postmédiévaux et modernes, le ‘Centre d'Études du Moyen Âge’ (CEMA) et le ‘Centre d'Études sur l'Antiquité rémanente’ (CESAR) indiquent :« Il apparaît que la mémoire médiévale [v. ethnoastronomique], déjà sollicitée par la poésie moderne, occupe une place de plus en plus insistante dans la production poétique des dernières décennies. Cette place, affichée, est loin d'être circonscrite : la mémoire du Moyen Âge resurgit dans des œuvres relevant d'univers poétiques différents [filiation des représentations et fonctions poétiques astrales des images stellaires]. Très présente dans la poésie de langue française (Yves Bonnefoy [1926 : 90 ans], Joë Bousquet [1897-1950], Jacques Roubaud [1932 : 81 ans], Raymond Queneau [1903-1976], Jacques Darras [1939 :64 ans], Valère Novarina [1947 : 66 ans]...) (…). » - « Mémoire du Moyen Âge dans la poésie contemporaine », www.univ-paris3.fr , p.1. D’où à titre d’exemples, le choix de textes suivants :
: « Il apparaît que la mémoire médiévale [v. ethnoastronomique], déjà sollicitée par la poésie moderne, occupe une place de plus en plus insistante dans la production poétique des dernières décennies. Cette place, affichée, est loin d'être circonscrite : la mémoire du Moyen Âge resurgit dans des œuvres relevant d'univers poétiques différents [filiation des représentations et fonctions poétiques astrales des images stellaires]. Très présente dans la poésie de langue française (Yves Bonnefoy [1926 : 90 ans], Joë Bousquet [1897-1950], Jacques Roubaud [1932 : 81 ans], Raymond Queneau [1903-1976], Jacques Darras [1939 :64 ans], Valère Novarina [1947 : 66 ans]...) (…). » - « Mémoire du Moyen Âge dans la poésie contemporaine », www.univ-paris3.fr , p.1. D’où à titre d’exemples, le choix de textes suivants
:
+ Une représentation zodiacale et une
fonction astrologique dans le : «Sommeil de Philerme» de Maurice de
Scève (1501-1560) :
«Je me retire en la vallee
umbreuse
Soubs quelque roc oendant et caverneux,
Qui point ne soit moiste, ny espineux,
Ou sur ces peaux estendu à l’envers
Je voy du Ciel les mouvements divers,
Et le discours de la Lune croissante
S’elle sera proufitable, ou nuisante…».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Paris, Ed. Stock, p.138)
+ Une représentation proxémique et une fonction érotique/galante
dans le «Une beauté de
quinze ans» Pierre de Ronsard (1524-1585) :
«Une beauté de quinze ans,
Un or frisé de meint crespe annelet,
Un front de rose, un teint d’amoiselet,
Un ris qui l’ame aux Astres achemine… ».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. p.144)
+ Une représentation anthropomorphique et une fonction astrologique dans le : «Clere Venus» de Louise Labé (1525-1566) :
«Clere Venus, qui erres par les cieus,
Entens ma voix qui en pleins chantera,
Tant que ta face au haut du Ciel luira,
Son long travail et soucis ennuieus.
Mon œil veillant s’attendrira bien mieus,
Et plus de pleurs te voyant guettera.
Mieus mon lit mol de larmes baignera,
De ses travaux voyant témoins
tes yeux.
Donq des humains sont les lassez esprits
De dous repos et de sommeil espris.
J’endure mal tant que le soleil luit… ».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. p.144)
+ Une
représentation anthropomorphique et une fonction sociométrique dans le :
«Les roses» d’Antoine de Baïf (1530-1590) :
«C’estoit une belle brune
Filant au clair de la lune
Qui laissa choir son fuzeau
Sur le bord d’une fontaine :
Mais courant après sa laine,
Plonge la teste dans l’eau,
Et se noya, la
pauvrette !
Car a sa voix trop
foiblette
Nul son desastre
sentit ;
Puis assez loin ses
compagnes
Parmi les verdes
campagnes
Gardoyent leur
troupeau petit…».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. p.168)
+ Une représentation proxémique et une
fonction divine dans le : «Dieu contemple l’œuvre de la création» de
Guillaume du Bartas (1544-1590) :
«Un fleuve coule icy, là naist une fontaine;
Icy s’élève un mont, là s’abaisse une plaine ;
Icy fume un chasteau, là fume une cité ;
Et là flotte une nef sur Neptune irrité.
Il s’égaye tantôt à contempler la course
Des cieux glissant autour de la Croix et de l’Ourse,
Et comme sans repos, or’ sous les eaux,
Par chemins tout divers ils guident leurs flambeaux.».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. p.168)
+ Une représentation proxémique et une
fonction religieuse dans : la «Cantique
de la Vierge Marie» de Jean Bertaut (1552-1611) :
«Dessus les Cieux des
Cieux elle va paroissant,
Les flambeaux
estoillez lui servent de couronne :
La Lune est sous ses
pieds en forme de Croissant,
Et comme un vestement
le Soleil l’environne.
Le Soleil contristé
print un voile de dueil,
Les astres de la nuict
en plein jour resplendirent :
Les ossements des
morts quitterent leur cercueil,
Et des durs monuments
les pierres se fendirent.».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. pp.256, 258)
+ Une représentation chronologique et
une fonction sentimentale dans : la «La belle vieille» de François Maynard (1582-1646) :
«Cloris,
que dans mon cœur j’ay si longtemps servie
Et
que ma passion montre à tout l’univers,
Ne
veux-tu pas changer le destin de ma vie,
Et
donner de beaux jours à mes derniers hyvers!
Pour
adoucir l’aigreur des peines que j’endure,
Je
me plains aux Rochers et demande conseil
A
ces vieilles Forests, dont l’épaisse verdure
Fait
de si belles nuits en dépit du Soleil.
C’est
dans peu de matins que je croistray le nombre
De
ceux à qui la Parque a ravy la clairté.
O !
qu’on oyra souvent les plaintes de mon Ombre
Accuser
tes mespris de m’avoir mal-traité.».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. pp.295, 297)
+ Une représentation zodiacale et une
fonction astrologique dans : la «Le songe d’un habitant du Mongol» de Jean
de La Fontaine (1621-1691) :
«M’occuper
tout entier, et m’apprendre des cieux
Les
divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les
noms et les vertus de ces clartés errantes
Par
qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?
Que
je peigne en mes vers quelque rive fleurie !
La
Parque à filets d’or n’ourdira point ma vie… ».
(M.-Ch. Des Granges,
«MORCEAUX CHOISIS DES
AUTEURS FRANÇAIS»,
Op.cit., pp.581-582)
+ Une représentation zodiacale et une
fonction divine dans : «Les
vaines occupations des gens du siècle» de Jean Racine (1639-1699) :
«Quel charme vainqueur du monde
Vers Dieu m’élève aujourd’hui ?
Malheureux l’homme qui fonde
Sur les hommes son appui !
De la Sagesse immortelle
La voix tonne et nous instruit
O Sagesse ! ta parole
Fit éclore l’univers,
Posa sur un double pôle
La terre au milieu des airs.
Tu dis : et les cieux parurent,
Et tous les astres coururent
Dans leur ordre se placer.».
(F. Brunetière et M. Pellisson,
«Morceaux choisis du
XVIe au XIXe siècle»,
Paris, Ed. Delagrave, 1922,
pp.98-99)
+ Une représentation proxémique et une
fonction mondaine dans : «Invitation à dîner» de Jean François Regnard (1655-1709) :
«Ami, viens donc demain, avant qu’il soit une heure
Si le hasard te fait oublier ma demeure,
Ne va pas t’aviser, pour trouver ma maison,
Aux gens des environs d’aller montrer mon nom ;
Mais demande d’abord où loge dans ces lieux
Un mortel qui, poussé d’un désir curieux,
Dès ses plus jeunes ans sut
percer où l’Aurore
Voit de ses premiers feux les peuples du Bosphore ;
Qui, parcourant le sein des infidèles mers ;
Par le fier Ottoman se vit chargé de fers ;
Qui prit, rompant sa chaîne, une nouvelle course
Vers les tristes Lapons que gèle et transit l’Ourse,
Et s’ouvrit un chemin jusqu’aux bords retirés
Où les feux du soleil sont six mois ignorés.»
(F. Brunetière et M. Pellisson,
«Morceaux choisis du
XVIe au XIXe siècle»,
Op.cit. pp.125-126)
+ Une représentation chronologique et
une fonction temporelle dans : «Le matin» de Théophile de Viau (1590-1626) :
«L’Aurore sur le front du jour
Sème l’azur, l’or et l’yvoire,
Et le Soleil, lassé de boire,
Commence son oblique tour.
La lune fuit devant nos yeux ;
La nuict a retiré ses voiles ;
Peu à peu le front des estoilles
S’unit à la couleur des Cieux.
Le Soleil change de séjour
Il penetre le sein de l’onde,
Et par l’autre moitié du monde
Pousse le chariot du jour.»
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. pp.308-309)
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction érotique/ galante dans : «La nuit» de Marc Antoine de
Saint-Amant (1594-1661) :
«Paisible et solitaire nuit,
Sans lune et sans
estoilles,
Renferme le jour qui me nuit
Dans tes plus sombres
voilles ;
Haste tes pas, deeesse, exauce-moy :
J’aime une brune comme
toy.
Ha, voila le jour achevé,
Il faut que
m’appreste ;
L’astre de Venus est levé
Propice à ma requeste
Si bien qu’il semble en se montrant si beau
Me vouloir servir de
flambeau…»
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. p.324)
+ Une représentation allégorique et une
fonction sentimentale dans : «Annibal» de Pierre Le Moyne (1594-1661) :
«…Regardez
cette mine orgueilleuse et sauvage :
Le
feu de la colère éclate en son visage
…au
lieu qu’auparavant les belles Étoiles,
Nettoyent
dans ce fleuve, après le jour éteint,
Les
vapeurs dont la terre avoit terni leur teint :
Que
la Lune y venoit laver ces taches sombres,
Que
les monts et les bois luy causent de leurs ombres :
Que
l’Astre des Estez au milieu de son cours
Y
trempoit les rayons il fait les grands jours… ».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. pp.341-342)
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction érotique/ galante : «Ma chambre» de Marcelin
Desbordes-Valmore (1786-1859) :
«Ma demeure est haute,
Donnant sur les cieux ;
La lune en est l’hôte
Pâle et sérieux.
En bas que l’on sonne,
Qu’importe aujourd’hui ?
Ce n’est plus personne,
Quand ce n’est pas lui !
Aux autres cachée,
Je brode mes fleurs ;
Sans être fâchée,
Mon âme est en pleurs ;
Le ciel bleu sans voile,
Je le vois d’ici ;
Je vois les étoiles,
Mais l’orage aussi !».
+ Une
représentation proxémique et une fonction spatiale : «L’Isolement» d’Alphonse
de Lamartine (1786-1859) :
« Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.».
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.».
(F. Brunetière et M. Pellisson,
«Morceaux choisis du
XVIe au XIXe siècle»,
Paris, Ed. Delagrave, 1922,
p.926)
+ Une représentation allégorique et une
fonction érotique/ galante : «La Maison du Berger» de Alfred de Vigny (1797-1863) :
« Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie,
Se traîne et se débat comme un aigle blessé,
Portant comme le mien, sur son aile asservie,
Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
Eclairer pour lui seul l'horizon effacé… ».
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit. p.449)
+ Une représentation proxémique et une
fonction religieuse : «Chute de Satan et Mort du Soleil» de Victor Hugo (1802-1885) :
« Le soleil était là qui mourait dans l'abîme.
L'astre, au fond du brouillard, sans air qui le ranime,
Se refroidissait, morne et lentement détruit.
On voyait sa rondeur sinistre dans la nuit ;
Et l'on voyait décroître, en ce silence sombre,
Ses ulcères de feu sous une lèpre d'ombre.
Se refroidissait, morne et lentement détruit.
On voyait sa rondeur sinistre dans la nuit ;
Et l'on voyait décroître, en ce silence sombre,
Ses ulcères de feu sous une lèpre d'ombre.
L'astre était presque noir. L'archange était si las
Qu'il n'avait plus de voix et plus de souffle, hélas!
Et l'astre agonisait sous ses regards farouches.
Qu'il n'avait plus de voix et plus de souffle, hélas!
Et l'astre agonisait sous ses regards farouches.
Et l'archange comprit, pareil au mât qui sombre,
Qu'il était le noyé du déluge de l'ombre ;
Il reploya son aile aux ongles de granit
Et se tordit les bras. - Et l'astre s'éteignit. »
Qu'il était le noyé du déluge de l'ombre ;
Il reploya son aile aux ongles de granit
Et se tordit les bras. - Et l'astre s'éteignit. »
(Marcel Arland,
«Anthologie de la
Poésie française»,
Op.cit., pp.466-467)
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction mondaine : «Le sommeil du condor» de Leconte de Lisle (1818-1894) :
«Dans l’abîme sans
fond la Croix australe allume
Sur les côtes du ciel
son phare constellé.
Il râle de plaisir, il
agite sa plume,
Il érige son cou musculeux
et pelé.
Il s’enlève en
fouettant l’âpre neige des Andes,
Dans un cri rauque il
monde où n’atteint pas le vent,
Et, loin du globe
noir, loin de l’astre vivant,
Il dort dans l’air
glacé, les ailes toutes grandes.».
(M.-Ch. Des Granges,
«MORCEAUX CHOISIS DES
AUTEURS FRANÇAIS»,
Op.cit., pp.1006-1007)
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction érotique/ galante «Tristesse de la lune» de Charles Baudelaire (1821-1886) :
«Ce soir, la lune rêve avec plus
de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.».
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.».
(Charles Baudelaire,
«Les Fleurs du mal»,
p.15)
+ Une représentation zodiacale et une
fonction astrologique «Les démons du hasard» de Guillaume Apollinaire (1880-1918) :
«Les démons du hasard selon
Le chant du firmament nous mènent
À sons perdus leurs violons
Font danser notre race humaine
Sur la descente à reculons
Des destins impénétrables
Rois secoués par la folie
Et ces grelottantes étoiles
De fausses femmes dans vos lits
Aux déserts que l’histoire accable».
(André Lagarde et Laurent Michard,
«XXe SIÈCLE»,
Paris, Ed. Bordas, 1966, p.15)
+ Une représentation allégorique et
une fonction sentimentale «Enfin la première nuit froide» d’Anna de Noailles (1880-1918) :
«Enfin la première nuit froide
Plus de vents dansants, amollis.
L’atmosphère est tendue et roide,
Le beau ciel d’argent dépoli
Allonge sa paix où se creuse
Le puits des étoiles neigeuses.
— Va-t-il enfin me protéger,
Ce climat soudain sans tendresse,
De ton beau visage étranger
Sur lequel mon amour s’abaisse
Comme ces œillets las, déteints,
Qu’englobent les pleurs du matin ?…»
+ Une représentation allégorique et
une fonction sentimentale «La guerre» Saint-Pol Roux (1880-1918) :
«Des yeux, des cœurs, des bras, des jambes et des têtes
De par Satan qui jongle, entrecroisant leur vol
Cependant que les toits, les arbres et les bêtes
S’épivardent, crevés par le métal du sol.
Certes, pour ce charnier dont s’effarent les astres
Et ces tronçons épars des tranquilles cadastres
Le monstre primitif dut monter aux cerveaux.
Viendra-t-il pas quelqu’un refaire avec la viande
Et les cailloux restés de l’or de sarabande
Une race nouvelle en des foyers nouveaux?».
(«PARADIS DES ALBATROS»,
www.paradis-des-bras-albatros.fr , p.1)
+ Une représentation allégorique et une fonction astrologique «Première
du monde» Paul Éluard (1895-1952) :
«Captive de la plaine, agonisante folle,
La lumière sur toi se cache, vois le ciel :
Il a fermé les yeux pour s'en prendre à ton rêve,
Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes.
Ne peux-tu prendre les étoiles?
Écartelée tu leur ressembles,
Dans leur nid de feu tu demeures
Et ton éclat s'en multiplie.
De l'aube bâillonnée un seul cri veut jaillir,
Un soleil tournoyant ruisselle sous l'écorce,
Il ira se fixer sur tes paupières closes.
Ô douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour.».
(«Jardins des muses»,
www.pierdelune.com , p.14)
+ Une représentation zodiacale et une fonction astrologique «Première du monde» Paul Éluard (1880-1918) :
«Jamais une telle lueur
Que ces étoiles d’été
Sur un front semé de sueur
N’avait la victoire fêtée!
O Taureau, quel Chien, quelle Ourse,
Quels objets de victoire énorme,
Quand elle entre aux temps sans ressource
L’âme impose à l’espace informe!».
(Lloyd James Austin,
«Les Moyens des mystères chez
Mallarmé et chez Valéry»,
www.persee.fr , p.111)
+ Une représentation zodiacale et une fonction mondaine «Pierre écrite»
Yves de Bonnefoy (1923 : 90 ans, en 2013) :
«Prestige, disais-tu, de notre lampe et des feuillages,
Ces hôtes de nos soirs.
Ils tirent jusqu’à nous leurs barques sur les dalles,
Ils connaissent notre désir de l’éternel.
La nuit parfaite dans le ciel criant son feu,
Eux sont venus d’un pas sans ombre, ils nous éveillent,
Leur parole commence au tremblé de nos voix.
Le pas des astres mesurant le sol dallé de cette nuit,
Et eux mêlant à tant de feu l’obscurité propre de l’homme.».
(Gérard Gasarian,
«Yves de Bonnefoy : la poésie,
la présence »,
www.google.fr , p.127)
Parallèlement, observons cette filiation matricielle des images poétiques
stellaires originelles des poètes français chez les poètes arabes, des origines
à nos jours, respectivement, dans :
II. Filiation matricielle des représentations
et fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes arabes des origines à nos jours :
Pour ce qui est de la filiation matricielle des représentations et
fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes arabes
des origines à nos jours, il y a lieu de remarquer avec le Dr. Y. A. Ch. Naja
Hallas à cet égard : «les Arabes dans leur pré-islamisme avaient connu les
étoiles, une connaissance qu’ils avaient acquise proprement eux-mêmes par le
biais de l’observation, l’expérience découlant de leur permanent nomadisme, et
leur déplacement dans les déserts en
quête de lieux viables et pâturables… Les étoiles étaient des signes indiquant les
lieux des précipitations, les temps de la canicule et du froid, de la
sécheresse, et du souffle des vents. Ce qui fait dire à Ibn Rachîq :
«Les Arabes furent les plus
savantissimes d’entre les gens en matière de stations de la lune et leurs
diversités.». Mais cela n’exclut pas qu’ils furent influencés par d’autres
peuples de la terre, surtout les Indous, les Grecs, les Perses, les Sabéens,
disciples des Chaldéens dont les traces demeurent perceptibles dans certains termes
astronomiques arabes.» - «An-Nujûmu wa al-kawâkiu wa at-Tnanjîmu fî ach-Chiiri al
arabî al qadîm», www.ouruba.
alwehda. gov.sy , p.1.
En évoquant l’influence de la
poésie arabe sur la poésie française, I. Hunke souligne notamment : «L’Italie
a subi aussi cette influence, plus encore mêmes que les troubadours [de
Provence]. La forme poétique arabe y gagne à sa cause aussi bien saint François
[1181-1226] d’Assise et Fra Jacapone da Todi [1230-1306], contemporain de Dante
[1265-1321], que les poètes du dolce stil nuovo [XIVe siècle] et
Dante lui-même. Mais c’est sur la poésie populaire d’Ombrie, de Toscane et de
Venise que son influence se fait le plus sentir. C’est de la forme poétique
arabe que procède le madrigal profane [XVIe siècle]. Laurent de Médicis et
m=Machiavel lui-même ont composé des poésies inspirées du rythme arabe. En
outre les Arabes de Sicile ont contribué pour leur part à l’élaboration d’un
style de la chanson populaire qui s’est conservé jusqu’à nos jours, influençant
le développement du sonnet en Italie du Nord.» - «Le soleil d’Allah brille
sur l’Occident», Op.cit., p.350. D’où donc :
1. Filiation matricielle des
représentations poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes arabes, des origines à nos jours :
En tant que matrice ethnoastronomique
de la filiation matricielle des représentations poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes arabes, des origines à nos jours, la poésie
arabe se présente, selon George Jeha citant le Dr. Fawaz Tawqan, comme
suit : «Certes, la langue arabe a connu, depuis les premiers textes qui
nous sont parvenus, le firmament bleu
dont la preuve la plus probante sont ces vocables astronomiques, ces noms
arabes authentiques des étoiles et des astres célestes dont abonde la poésie, les textes assonancés,
depuis l’époque préislamique. Mais l’évolution scientifique à grands pas et le
progrès qualitatif dans les connaissances
de l’homme dans la science des étoiles, des planètes, des météores, des astres et des zodiaques a eu bon accueil des
poètes (…). On doit affirmer d’emblée que la connaissance astronomique et
astrologique à l’époque abbasside [750-1258] a touché tous les genres
poétiques : la louange, la jactance, l’élégie, la satire, la description. De
même que les vocables de la langue relatifs à cette connaissance aussi bien que
les noms des corps célestes ont fait leur chemin facilement vers l’image
poétique. » - «Fawaz Tawqan : Sûratu al falaki wa at-Tanjîmi fî
ach-Chiiri al abâsî », www.ara.reuters.com , p.1.
1.1. Filiation matricielle
des représentations poétiques astrales des images stellaires chez
les poètes arabes, de l’époque préislamique (Ve-VIIe siècle) :
Concernant la filiation
matricielle des représentations poétiques astrales des images stellaires chez
les poètes arabes de l’époque préislamique (Ve-VIIe siècle), il est à signaler
avec S. Hunke les sources mystérieuses de cette poésie des hommes du désert
arabique : «Jaillie de sources souterraines, invisible pour nous, cette
poésie lyrique [des Arabes] surgit subitement en 500 après Jésus-Christ, dotée
déjà d’une forme hautement perfectionnée, d’une technique raffinée et d’un
style absolument original. Qu’un peuple de guerriers du désert [v. les représentations
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes arabes] et de
bédouins sans la moindre culture ait produit une poésie d’une beauté aussi
parfaite – apanage ordinaire des peuples hautement civilisés, et qui même alors
peut être considérée comme une de leurs plus éclatantes réalisations - voilà un
fait inexplicable et unique en son genre. Sans doute leur langue incite-t-elle
les Arabe à jouer avec les mots et les consonances. Mais tandis que dans la
poésie syrienne le procédé de la rime demeure un élément assez capricieux, les
Arabes en font couramment le principe poétique fondamental (…). Dans le
casside, poème traditionnel de l’époque préislamique [Ve-VIIe siècle], avec le
retour régulier et continu de la même rime, les Arabes ont imité fidèlement
l’arabesque de l’ornementation architecturale.»
- «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit., p.348.
Et S. Hunke de relever dans cette optique des: «L’imagination des poètes
arabes se révèle inépuisable lorsqu’il s’agit d’animer les objets (et non de les
décrire du dehors). « dans l’obscurité, chaque fleur ouvrait la bouche et
cherchait le pis d’un nuage fécond.». Ces poètes ne cessent de nous éblouir par
de nouvelles images : «Les mains du printemps ont édifié sur de hautes tiges les
châteaux des lis, châteaux couronnés de créneaux d’argent où les combattants
couvrent leurs princes de leurs épées d’or. ». Ou encore : «À l’ombre de ce jour,
nos désirs tournaient au-dessus de nos têtes comme sur leurs orbites des étoiles
porte-bonheur [représentations matricielles poétiques astrales des images
stellaires chez les poètes arabes].» c’est ainsi que les Arabes parviennent à
insuffler la vie à des images [v. filiation matricielle arabe des images
poétiques stellaires] d’une force sensuelle et d’une beauté merveilleuse.
Poésie lyrique à laquelle s’apparente celle de Moerike [Eduard : 1804-1875].» -
«Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit., p.350.
En ce sens G. Jeha citant F. Tawqan précisent les limites de ce savoir
terminologique ethnoastronomique chez les poètes arabes, des origines à nos jours
, en révélant : «La procédure du poète à introduire des vocables astronomiques ou
le nom d’un corps céleste était ‘une espèce de snobisme savant face au récepteur
de sa poésie’ et nous vîmes que le poète usait des termes astronomiques ou du nom
d’un corps céleste pour suggérer au récepteur de sa poésie que derrière ce vocable
il y avait des spécificités astronomiques importantes à imagerie poétique que le
poète connaissait de science certaine et que le récepteur devrait connaître (…).
S’il tendait à utiliser Mars, il suggérerait au récepteur que l’image poétique
s’orientait vers la guerre, l’attaque, la cruauté d’une part ou à la malchance,
au malheur et à la déception. Et s’il use de l’étoile polaire, de la Grande Ourse
et de l’étoile de la Chèvre, il visait à la représentation de l’altitude,
l’élévation et l’inaccessibilité. Or, l’usage fait des vocables astronomiques de
sens général comme la planète, l’étoile, le météore, parmi les il y a le soleil,
la lune définis ou indéfinis diffère de l’usage de l’usage des termes de
signification astronomique spécifique [v. les représentations poétiques astrales
des images stellaires chez les poètes arabes].» - «Fawaz Tawqan : Sûratu al
falaki wa at-Tanjîmi fî ach-Chiiri al abâsî », Ibid., p.1.
1.2. Filiation matricielle
des représentations poétiques astrales des images stellaires chez
les poètes arabes, de l’époque islamique et moderne (VIIIe-XXIe siècle) :
De l’avis de S. Hunke, la filiation
matricielle des représentations poétiques astrales des images stellaires
chez les poètes arabes, de l’époque islamique
et moderne (VIIIe-XXIe siècle), se démarque par des écoles arabes
poétiques modernes dont celle d’Abou Naouas, du VIIIE-IXe siècles, en
relatant : «Dans le casside [le poème], poème traditionnel de l’époque
préislamique [Ve-VIIe siècle], avec le retour régulier et continu de la même
rime, les Arabes ont imité fidèlement l’arabesque de l’ornementation
architecturale. C’est une forme poétique considérée aujourd’hui encore comme
classique. Des écoles modernes telle celle d’Abou Nouas à Bagdad et plus encore
celle d’un aveugle poète qui, à la fin du IXe siècle, vivait à Cordoue à la
cour des Omeyyades, ont brisé l’ancienne forme de la casside et imaginé de
nouvelles et de nombreuses formes poétiques où les vers sont groupés en
strophes aux rimes alternées, croisées, entrelacées avec souvent beaucoup
d’ingéniosité (…). C’est avec une joie évidente que l’Europe [v. l’Espagne/ la
France] les adopta.» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident»,
Op.cit., pp.348-249
Or, cette filiation matricielle des
représentations poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
arabes de l’époque islamique et moderne des poètes français trouve sa continuité
chez Victor Hugo, au XIXe siècle, attestée par Sophie Delvallez Legendre, constant :
«Un poète est un monde enfermé dans un homme » et pour Hugo, ce monde
poétique se reflète dans celui de l’Orient, de l’Espagne et du soleil (…). Comment
la culture arabo-espagnole dans son ensemble a-t-elle pu influencer les écrits
de Hugo, tant au niveau stylistique que thématique (…). Mais, pour mieux se rendre compte des
rapprochements possibles entre la poésie d’Al-Andalus et la poésie hugolienne,
étudions quelques vers extraits un poème d’Abd-ar-Rahmân ad-Dâjil, la Palmera
de la Arruzafa et quelques vers hugoliens tirés de la Légende des siècles et du
poème Rêverie des Orientales (…). Les images de la nuit, du soleil et de
la lune85 reviennent également dans ces deux sortes de poésie pour marquer plus
vivement certains sentiments communs.» - «LES INFLUENCES HISPANO-ORIENTALES,
GRAPHIQUES ET DRAMATIQUES DE VICTOR HUGO», www.hashs.archivrs-ouvertes.fr ,
pp.9, 54, 57.
Par ailleurs Roland Laffitte invite à une collecte et une publication
synthétique de ‘l’imaginaire du ciel étoilé dans le monde arabe’, que nous
pouvons ici envisager comme une filiation matricielle des représentations poétiques
astrales des images stellaires chez les poètes arabes de l’époque
islamique et moderne des poètes français, en stipulant : «cette collecte
doit naturellement s’opérer tout d’abord dans la littérature filiation
matricielle des représentations poétiques astrales des images stellaires
chez les poètes arabes ouvertes sur les poètes français de l’époque islamique
et moderne [v. la poésie arabe] classique (…). Littérature populaire et mémoire
orale ne constituent pas seulement des outils précieux pour expliquer un
certain nombre de figures célestes. Elles doivent servir de point d’appui à une
[re-] présentation actuelle de cet imaginaire à un public arabe, tout en
participant utilement à l’œuvre de sauvegarde du patrimoine immatériel des
arabes et de l’humanité [France, Europe, etc.]. La collecte de l’imaginaire
livré par la littérature arabe peut s’effectuer à partir des sources
suivantes : (…) les textes littéraires : poésie (…), etc., littérature
astronomique classique...» - « L’imaginaire du ciel dans le Monde
arabe », Op.cit., p.7. D’où la même grille (G1) de ces représentations du
corpus arabe que son homologue français, observé ci-dessus :
-
Une représentation anthropomorphe ;
- Une représentation allégorique ;
- Une représentation divine ou sainte ;
- Une représentation chronologique ;
- Une représentation proxémique ;
- Une représentation zodiacale ;
- Une représentation affective
- Une
représentation héroïque ou épique ;
- Une représentation sociale ;
- etc.
2. La filiation matricielle
des fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes arabes, des origines à nos jours :
Du fait, la filiation matricielle
des fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
arabes, des origines à nos jours, sont identifiées par A. Y. Ch. Najah Hallas
qui remarque notamment : «Les Arabes avaient connu, dans leur
pré-islamisme, les étoiles, une connaissance qu’ils avaient acquise par
eux-mêmes, par la voie de l’observation et l’expérience (…). En plus de l’adoration des étoiles et leur sacralisation
par les Arabes, ils s’étaient aussi occupés d’astrologie. Ils consultaient les
étoiles pour sonder les chances qu’elles recelaient aux gens, une sorte de
divination et de croyance en l’influence des astres sur le monde sur des fondements
surnaturels. Ces derniers disent qu’il y a parmi eux des étoiles de nature bénéfiques
et des étoiles maléfiques. Ils fondent
leurs avis par des efforts fondés sur des calculs, un suivi précis des stations
des planètes sur leurs orbites, et leur
coïncidence des uns les autres ou leur stationnement en un signe donné du
zodiaque, ce dont découle un effet sur la vie des hommes, leur conduite et leur
subsistance [fonctions matricielles poétiques astrales des images
stellaires chez les poètes arabes].» - «An-Nujûmu wa al-kawâkiu wa
at-Tnanjîmu fî ach-Chiiri al arabî al
qadîm», Op.cit., pp.1-2.
2.1. La filiation matricielle
des fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes arabes de l’époque préislamique :
Or, à propos de la filiation matricielle
des fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes
arabes de l’époque préislamique, Gilles Ladkany note judicieusement : «Pour
présenter la littérature arabe, l’adab, il faut revenir aux sources, c’est-a-dire
aux sept poèmes antéislamiques et aux Mille et Une Nuits. Ces poèmes,
appelés Mou’allaqât, ont été traduits par Pierre Larcher [1726-1812] et commentés
dans l’ouvrage Les Mou’allaqât (…). Ce sont des poèmes de langue arabe, bédouins
et ruraux ; ils s’éloignent donc radicalement de l’univers cosmopolite et du
registre linguistique varié des Mille et Une Nuits. Ces poèmes suspendus
sont très actuels. Pour le public arabe, la poésie reste en effet un exercice
vivant et public : les Mou’allaqât font donc partie d’un certain patrimoine
culturel et d’une continuité qui se poursuit depuis dix-sept siècles. Ils sont équivalents
à Baudelaire ou Ronsard pour un Français [fonctions matricielles poétiques
astrales des images stellaires chez les poètes arabes]. Par ailleurs, ces
poèmes (qasîda) ont façonné les canons de la poésie jusqu’au milieu du
XXe siècle, époque de la révolution poétique. Ils ont aussi constitué un terrain
de recherche privilégié sur la langue et le lexique arabes. » -
« Approche de l’Islam : L’histoire, les œuvres, l’actualité… :
Littérature », www.media-eduscol.education.fr , p.45.
Éric
Brogniet témoigne de cette filiation matricielle des fonctions poétiques
astrales des chez les poètes arabes des poètes français, en notant : «Cette
thématique n’irriguera pas seulement la poésie de la Renaissance, le classicisme
français ou le romantisme. Jusqu’au surréalisme, l’amour figure bien au centre
des préoccupations poétiques, ce dont témoigne entre autres Le fou d’Elsa,
où Aragon revisite tout l’héritage arabo-andalou (…), le Majnoun Leila (…).
Aujourd’hui, toutefois, il existe un consensus assez étayé sur la question de
la transmission aux régions d’Aquitaine, de la Narbonnaise, du Toulousain et du
Languedoc, à travers les califats de l’Espagne arabo-andalouse et (…) les
formes poétiques qui caractérisent celle-ci, les cansos, les jarchas,
le muwashaha et le zajal, d’un certain nombre de traits à la fois
techniques, mais aussi thématiques, à partir desquels se créent, non seulement
une poésie originale, mais aussi un nouvel art d’aimer, le fin amor ou
amour courtois (…). Mais évoquons d’abord, très loin de l’Europe et d’aujourd’hui,
une région qui fut le réceptacle de nombreuses influences et le creuset
matriciel de ce que nous léguèrent les troubadours (…). L’histoire de la poésie
arabe commence certes avec (..) l’identité arabe préislamique, celle du temps
de la djihillyia, des siècles antérieurs au VIIe siècle, à travers ces
joutes orales (…). L’imaginaire collectif, dont témoignent les muallaqates,
textes poétiques primés lors des concours et des joutes oratoires entre tribus
et affichés aux parois de la Kaaba. »
- «L’influence des poètes arabes préislamiques sur la naissance de l’amour courtois chez les troubadours de langue d’oc», Op.cit., pp.77-78.
2.2. La filiation matricielle
des fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les
poètes arabes de l’époque islamique et moderne :
En parlant de la filiation matricielle des fonctions
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes arabes de l’époque
islamique et moderne des poètes français, Slimane Zeghidour remarque : «Les
hommes [v. poètes], alors, à l’intérieur d’un monde uni, se considèrent sans
doute, de même que les animaux, les arbres, les rivières, les étoiles et
l’univers tout entier, comme des créations éphémères d’un verbe, lui, éternel
et incréé. L’Islam, quintessence des cultures antérieures, n’a pas bouleversé
ce type de rapports. À son apothéose, pourtant, on perçoit les premières
fissures irrémédiables dans cette conception du monde [islamique] ; la
poésie, sa fonction [des fonctions matricielles poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes arabes islamiques et modernes] et le rôle du
poète en témoignent (…). Mais il s’agissait surtout de remonter le temps
jusqu’où la pensée se scinde, refusant d’une part (…) la tradition (…) et d’autre part, ‘la
modernité’, où l’homme, arabe du moins, décide (…) de recréer la poésie.» - «La
poésie arabe moderne entre l’Islam et l’Occident», www.books.google.fr, p.39-40.
La genèse de cette filiation matricielle des
fonctions poétiques astrales des images stellaires chez les poètes arabes
islamiques et modernes passe, selon Brigitte Foulon, par l’Arabie ancienne et
l’Andalousie islamique : «Le milieu désertique dans lequel vivaient les
poètes de l’Arabie ancienne explique l’importance accordée dès cette époque aux
phénomènes atmosphériques et à l’observation des astres, et, plus généralement
du Ciel. La poésie paysagère andalouse est l’héritière de cette vision du monde.
Mais cette poésie andalouse se construit également en référence à la poésie
orientale dite ‘moderne’ (…). En effet, dès le VIIe siècle, le premier jardin
botanique y voit le jour sous la houlette du premier émir omeyyade,
‘Abd-al-Rahmân (…). Ce rapport étroit entretenu par les gens de la ville avec
la campagne environnante rappelle singulièrement le phénomène observé dans les
sociétés médiévales de l’Europe chrétienne (…). D’autres propos tenus cette
fois par Jean-Didier Urbain, sur les relations entretenues par les citadins
français et contemporains avec l’univers de la campagne (…). C’est cette
attitude qui se fait jour dans les vers [des fonctions matricielles poétiques
astrales des images stellaires chez les poètes arabes islamiques et
modernes]… » - «La poésie andalouse du XIe siècle : voir et
décrire le paysage», www.books.google.fr , pp.17, 38, 50-51.
Tout en occultant la pérennité de la filiation matricielle des fonctions poétiques astrales des
images stellaires des poètes arabes islamiques et modernes, Abdul Kader El
Janati glose le formalisme étroit des poètes arabes modernes, en évoquant :
«Sur ces principes, les poètes arabes classiques produisirent toutes sortes de chefs d’œuvre,
élégiaques, satiriques, érotiques, bachiques, gnomiques ou encore mystiques.
Cette prosodie a également connu de remarquables renouveaux, comme l’école de
Badi‘ (Trope) à l’époque abbasside [750-1258] (…). Cependant, ni les tentatives
audacieuses pour érotiser les thèmes poétiques de Bachchar ibn Burd (mort en 714-784),
ni la poésie libertine d’Abou Nuwwâs (mort vers 756-814), ni les recherches
innovantes d’Abou Tammâm (804-846), ni l’idéalisation de la vie bédouine d’Al-Mutanabbî
(915-965), ni même le pessimisme amer d’Al-Ma‘rrî (979-1058) n’ont remis en
question les règles [prosodiques] khaliliennes. Le canon de la prosodie arabe
énoncé par Al-Khalil [718-791] constituait le cadran solaire qui donnait
l’heure des époques de splendeurs où l’âme des Arabes puisait ses références
morales, sa science [v. filiation matricielle des fonctions des images
poétiques stellaires] et sa sagesse (…). Elle parvint à s’emparer des
expériences les plus libres pour les reformuler en genres et les livrer ensuite
aux exercices de styles lénifiants (…). Avec la revue Chi‘r, fondée en 1957 par
Youssef al-Khal [1917-1987], le poème arabe moderne entre dans sa phase
décisive (…). Avec le groupe Chi‘r, il
se glisse hors de l’instance idéologique inhérente au projet de la poésie libre
et rencontre l’Autre qui lui montre les mouvements multiples de la modernité
(…). Ouvert à l'énigme du sens, sans réussir pour autant à susciter une théorie
claire, le poème arabe moderne s’épanouit depuis, comme une fleur profane sur
l’asphalte de son miracle.» - «Le poème arabe moderne», www.mapage.noos.fr , pp.4, 8, 12. D’où donc, comme pour le corpus français, la
grille (G2) des fonctions des images poétiques stellaires, suivante :
- Une fonction
spatiale ;
- Une fonction
temporelle ;
- Une fonction
religieuse.
Auxquelles, on pourrait
ajouter poétiquement et ethno-astronomiquement :
- Une fonction
astrologique ;
- Une fonction
mondaine ;
- Une fonction
érotique ou galante ;
- Une fonction
patriotique ou politique
- Une fonction
sociométrique, etc.
3. Le choix de textes illustrant la filiation
des représentations et fonctions
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes arabes des
origines à nos jours :
De la même manière, pour présenter
ce choix du corpus de textes illustrant la filiation matricielle des
représentations et fonctions poétiques
astrales des images stellaires chez les poètes arabes des origines à nos
jours, comme précédemment pour le corpus des poètes français, il vient à
l’esprit, cette remarque admirative de S. Hunke à l’endroit des poètes
arabes en général : «L’imagination des potes arabes se révèle inépuisable
lorsqu’il s’agit d’animer les objets (et non de les décrire du dehors) (…). Ces
poètes ne cessent de nous éblouir par de nouvelles images : (…) «À l’ombre
de ce jour, nos désirs tournaient au-dessus de nos têtes comme sur leurs
orbites des étoiles porte-bonheur (…).» C’est ainsi que les Arabes
parviennent à insuffler la vie à des images d’une force sensuelle et d’une
beauté merveilleuse (…). Les thèmes de cette poésie sont infinis, comme l’ame
humaine. Ils expriment tous les sentiments : affliction, désespoir fou, haine
violente, et la douce mélancolie aussi bien que l’amour heureux et triomphant.»
- «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit., p.354. Ainsi allons revisiter :
3.1. Le choix de textes illustrant
la filiation matricielle des représentations poétiques astrales des
images stellaires chez les poètes arabes des origines à nos jours :
Pour ce qui est du choix de textes
illustrant la filiation matricielle des représentations poétiques
astrales des images stellaires chez les poètes arabes, des origines à nos
jours, rappelons avec Roland Laffitte la spécificité de leur vision : «À
l’époque de leur antique calendrier stellaire, les Arabes ne devaient pratiquer
couramment, à l’instar des autres peuples, qu’une trentaine d’étoiles, ce qui
est largement suffisant pour les besoins du culte, du calendrier agricole ou
des déplacements. Dans l’époque qui suit, celle qui correspond à l’intégration
de l’héritage syriaque et des acquis indo-persans, les Arabes enrichissent
considérablement leur représentation du ciel. L’adoption du zodiaque babylonien
et la systématisation des mansions lunaires libèrent l’imagination des poètes
qui se mettent à situer les étoiles individuelles par rapport aux
constellations reçues en héritage et à systématiser également les
représentations qui ont une origine proprement arabe. Et c’est ainsi que le
nombre d’appellations stellaires dépasse déjà, à la veille de l’adoption du
système ptolémaïque, deux bonnes centaines d’unités dont la moitié est
aujourd’hui connue par la planète entière par le biais des emprunts européens (…). L’esprit fertile
des poètes a largement contribué à systématiser ces représentations en
désignant une quantité d’étoiles par leur position dans ces figures et a relié
celles-ci avec les figures voisines pour présenter de vastes compositions
donnant une vision cohérente d’une bonne partie du ciel, même s’il faut signaler
que l’adoption de la représentation ptolémaïque a vraisemblablement interrompu
le processus de systématisation d’une uranographie proprement arabe à l’instar
de celle que les Grecs achevèrent avec Eudoxe. » - «Héritages arabes.
Des noms arabes pour les étoiles», www. roland.laffitte.pagesperso-orange.fr , p.1. D’où les
textes des représentations et les fonctions suivants :
A. Le
choix de textes illustrant la filiation matricielle des représentations
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes arabes de
l’époque préislamique :
Le choix de textes illustrant la
filiation matricielle des représentations poétiques astrales des images
stellaires chez les poètes arabes de l’époque préislamique que nous présentons
rejoint d’une certaine manière cette observation ethnoastronomique de Judith
Maar : «La littérature arabe préislamique voit le jour dans le désert de
la Péninsule arabique. Les dix odes les plus célèbres de l’Anté-Islam sont
connues sous l’appellation des mu’llaqât ou les ‘Suspendues’ car,
dit-on, ces poèmes furent suspendus sur l’édifice de la Kaaba, à la Mecque, et
cela avant l’avènement de l’Islam. Bien que composées par des poètes très
différents, ces mu’allaqât (…) semblent témoigner d’une
même vision du monde, où le désert joue un rôle fondamental (…). D’ailleurs,
aucun cadrage du monde n’apparaît dans ces poèmes (…), qui s’étendrait au-delà
du désert. Et rares y sont les références aux points cardinaux, mais on y
retrouve de très nombreuses descriptions des traces fugitives dans le sable et
la course mobile des étoiles (…). La lecture de ces poèmes donne l’impression
que l’absolu se confond avec le vide.» - «Histoire de la littérature et jeux
d’échange entre centres et périphéries», www.books.google.fr , pp.45-46. Ce dont nous rapportons par
exemple :
+ Une représentation proxémique et une
fonction érotique/ galante, dans :
«Mu’allaqat» de Imru’al Qaïs (500-525) :
«Que de fois, sans hâte, j’ai pris mon plaisir
auprès d’une [belle] séquestrée au clair visage,
dont la tente reste inaccessible !
Ayant franchi la ligne des gardes et des gens
apostés pour moi et ayant déclaré ma mort,
A l’heure où les Pléiades au ciel se montraient
comme se déploie une brillante ceinture détachée,
Je suis venu [à cette belle]
Alors que près de la tente
Elle avait jeté ses vêtements pour dormir,
Gardant une seule tunique!».
auprès d’une [belle] séquestrée au clair visage,
dont la tente reste inaccessible !
Ayant franchi la ligne des gardes et des gens
apostés pour moi et ayant déclaré ma mort,
A l’heure où les Pléiades au ciel se montraient
comme se déploie une brillante ceinture détachée,
Je suis venu [à cette belle]
Alors que près de la tente
Elle avait jeté ses vêtements pour dormir,
Gardant une seule tunique!».
(Henda Zaghouani Dhaouadi,
«Le cadre littéraire et historique des
mu’allaqât
et de la poésie antéislamique»,
www.adabarabiqadim.com , p.13)
+ Une
représentation proxémique et une fonction spatiale dans : «Al Ablaq
l’unique» de Samaw’al Ibn ‘Adya (500-580) :
«IlNous avons un mont qu'occupe seulement celui que nous avoisinons
Imprenable qui dépasse par sa hauteur la vue et la frappe de myopie
Imprenable qui dépasse par sa hauteur la vue et la frappe de myopie
Il est ancré profondément dans le sol et
s’élève si bien de tout son long
Vers l’étoile une place forte une édification
absolument inaccessible
C’est Al Ablaq l’unique dont la renommée
s’est amplement répandue
Qui se fait inexorable pour qui en tente
de l’escalade et se prolonge.».
(Saeed
Al-Atwi,
«Idhâ
al Mar’u lam yadnas mina al-Lu’mi,
Irduhu»,
www.mazajcafe.com , p.1)
+ Une représentation proxémique et une fonction
temporelle, dans : «Moallaca» de Zouhaïr Ibn Abî Salma (520-609) :
«Pour
moi, je suis fatigué du poids de la vie. Oui, certes, on doit être las de
l'existence quand on compte quatre-vingts années.
Je
sais ce qui était hier, je connais ce qui est aujourd'hui ; mais j'ignore ce
qui m'attend demain.
La
mort est une aveugle qui frappe au hasard; celui qu'elle atteint de ses coups
succombe, celui qu'elle manque parvient à l'extrême vieillesse (…).
Le
lâche qui craint la mort ne peut lui échapper, quand même il monterait avec une
échelle jusque dans les cieux.».
(P. Caussin de Perceval,
«Zohaïr fils d’Abou Solma»,
www.remacle.org , pp.1-2)
+ Une représentation allégorique et
une fonction érotique/ galante, dans : «Si l’homme ne souille pas
de perfidie sa vertu » de Tarafa Ibn ‘Abd (530-627) :
«La
lumière du soleil les a arrosées, sauf les gencives qui ont été saupoudrées
avec de l'antimoine, sans qu'elle ait rien mordu sur ses dents.
Son
visage est comme enveloppé du manteau du soleil, son teint est pur, sa peau est
sans rides.
Si elle
lui accorde des faveurs, quelquefois elle lui en refuse et lui fait voir en
plein midi les étoiles en mouvement.
N'as-tu
pas vu Lokman, fils de 'Ad, au-dessus de qui les aigles se sont succédés et
dont les étoiles ont ensuite disparu?».
(Max Selgsohn,
«Diwan de Tarzaafa Ibn Al-‘Abd,
Abdakri»,
www.remacle.org , p.1)
+ Une représentation proxémique et
une fonction astrologique, dans : «Onagre ? ou l’oryx» de Labîd
Ibn Rabî’a (560-661) :
Cet
onagre ? Ou l’oryx au petit proie des fauves,
Délaissé
pour le guide, dominant, de la harde ?
Camuse
ayant perdu son faon, et qui n’a cesse,
Sur
les barres rocheuses, d’errer et de gémir !
Il
gît dans la poussière : membres blancs que s’arrachent
Des
[chiens] gris, prédateurs, que l’on n’a pas nourris !
C’est
par hasard qu’elle distraite ils l’ont surprise :
Les
flèches du destin ne manquent pas leur cible !
Toute
la nuit, la pluie s’égoutte, continue,
Abreuvant
sable et herbe de sa coulée sans trêve,
Chemine
au haut de son échine, sans s’interrompre,
Dans
une nuit dont les nuées voilent les étoiles ! (…)
(Basma Nouha Chaouch,
«La poétique du bestiaire dans la
poésie
antéislamique»,
www.remacle.org , pp.112-113)
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction sentimentale, dans : «J’ai vu un soleil» de Qays
Ibn Al-Mulawwah (664-688) :
«
J'ai vu à un soleil dont l'éclat,
au grand jour,
Renvoie l'astre des nuits à sa honte,
et qui voile
L'instant éblouissant
où vient frapper l'éclair.
Plus noires que le jais tes boucles,
et plus clair
Que lune ton visage,
ô grâce, ô beauté pure ! »
au grand jour,
Renvoie l'astre des nuits à sa honte,
et qui voile
L'instant éblouissant
où vient frapper l'éclair.
Plus noires que le jais tes boucles,
et plus clair
Que lune ton visage,
ô grâce, ô beauté pure ! »
(Anvar
Leili,
«L’Amour poème»,
www.lemondedesreligions.fr, p.1)
B. Choix de textes illustrant la filiation matricielle
des représentations poétiques astrales des images stellaires chez
les poètes arabes de l’époque islamique et moderne :
Quant
au choix de textes illustrant la filiation matricielle des représentations
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes arabes de
l’époque islamique et moderne, Patrick Ringgenberg décèle : «Au IXe siècle,
Ibn al-Mu’tazz [poète : 861-908] comparait le croissant de la lune à ‘une
faucille d’agent, qui parmi les fleurs brillant dans l’obscurité, moissonne des
narcisses’(…). Si les astres, et particulier la lune et le soleil brillent dans
les métaphores des poètes, ils répondent surtout, en Islam, à un symbolisme
astrologique, exprimé dans une riche iconographie (…). Comme dans le Moyen Âge
occidental, la civilisation musulmane n’a guère distingué l’astronomie de
l’astrologie (…). L’unité de ces deux sciences se justifie dans la mesure même
où le monde physique symbolise un monde invisible et métaphysique, et où les
principes surnaturels du cosmos ne sont accessibles que par l’intermédiaire des
réalités naturelles (…). La civilisation musulmane a connu les querelles
des anciens et de modernes (…). Les poètes, par exemple, étaient assujettis à
des règles strictes et immuables, mais ils cherchaient à renouveler la
présentation, l’association et l’enchaînement des idées à l’intérieur de ces
règles, en réprouvant la copie académique et le plagiat.» - «L’univers
symboliques des arts islamiques », www.books.google.fr , pp.459, 477-478. C’est dont nous citons en
exemple :
+ Une représentation allégorique et une
fonction mondaine, dans : «La beuverie» d’Al Akhtal (640-710) :
«Tel au point du jour
à me séparer livré
À être décapité ou égaré
à redresser
Ivre mort d’un vin qui
relève la tête à
Vivre alors que morts
les os désarticulés
Nous dîmes à notre verseur
ressers-nous
Celui de la veille car
le retour est louable
Il en apporta tel que
dans son récipient
Les étoiles de Mars s’épurent
et pétillent.»
(Mohamed
El Fassi, Omar Dassouqi
Mohamed
Sadeq Afifi,
«Al Adabu wa Nusus, t.5», Casablanca,
Ed. Rachad, 1971, pp.417, 420.
+ Une représentation anthropomorphique et
une fonction érotique/ galante, dans : «Heureuses rencontres» de
Omar Ibn Abî Rabia (644-719) :
«Revenu là-bas, j’ai bien cru revoir
Sur ces traces d’hier un ancien amour.
Devant ces lieux montaient à ma mémoire
Des souvenirs qui jamais ne mourront.
Au midi d’al-Khayf, ô l’apparition,
Quand tu vins, ce jour, aux feux de ta gloire !
Ö bouche, ô fraîcheur qui m’offrit le charme
De perles en rang, ô parfait collier !
Elle s’écria (et ses yeux noyés
Laissaient ruisseler des torrents de larmes) :
« Je m’adresse à vous, Pléiades ! Malheur !
Va –t’il refuser et se dérober ?
Faites- lui savoir où est mon cœur,
Et si de sa foi il n’a pas dévié,
Qu’il me réponde : ou puis-je le revoir
Sans redouter les méchants à l’affût ?
Que ce soit à l’heure, ou, la nuit venue,
Juste à son milieu, il fait le plus noir. »
Je la vis surgir, avec deux amies,
Antilopes en marche sous la dune.
Elle était l’astre éclatant, pleine lune
Qui vient effacer l’étoile éblouie.».
(André Miquel,
«Anthologie du miel», Casablanca,
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction religieuse, dans : «Mon Maître» de Rabi’a
Al-Adawiyya (713-801) :
«Mon Maître, c’est par Toi que se rapprochent, dans leur intimité, ceux qui veulent se rapprocher de Toi
C’est à Ta Majesté que les poissons ont adressé leurs louanges dans les profondes mers
C’est pour la Magnificence de Ta Sainteté que les vagues déferlantes se sont abattues
C’est devant Toi que se prosternent l’obscurité de la nuit et la lumière du jour
Ainsi que l’orbite circulaire
Et l’océan profond
Et la lune étincelante
Et les étoiles florissantes
Tu as tout assigné à sa juste mesure
Car Tu es Dieu, le Très Haut, le Tout Puissant ».
(Fâtima az Zahra,
«Rabi’a Al-Adawiyya»,
+ Une représentation allégorique et
une fonction mondaine, dans : «Si ton temps réplique à l’écho d’une
réponse» de Abou Tammâm (803-845) :
«Si ton temps réplique à l’écho d’une réponse
Ou abrège à son extrémité la durée d’un reproche
Tu l’aurais réduit en deux ruines par un signe
Toutes deux effacées envers Zineb et Rabab
Deux filles deux lunes que cernent de leur halo
Des filles pubères telles des poupées compagnes
De toute gazelle blanche n’ont défaut et ne sont
Des jours de leur jeunesse aucunement frivoles
Attisant les météores d’un feu dans les entrailles
D’un blâme éprouvant d’une sœur de météores
Un blâme semblable à la démence comme si
La devineresse en avait lu le passage d’un livre
Ils ont fait de cet éclair des coups de foudres
Parmi eux et de cette grâce un fouet de torture
Amoindris ô seigneur son crime et pardonne-lui
Et fais don de qu’était au Donneur par excellence.».
(Al
Mawsûa Al Âlamia Li Ach-Chi’r Al Arabî,
«L’éloge du vin»,
+
Une représentation proxémique et une fonction érotique/ galante, dans :
«Chevelure» de Al-Bouhtouri (819-897) :
«L'aquilon de sa chevelure
aux regards l'a cachée;
aux regards l'a cachée;
visage, nuit étoilée
ou l'on devine l'aurore.
ou l'on devine l'aurore.
Ses cheveux la couvrent
d'une ombre sage et tutélaire;
d'une ombre sage et tutélaire;
dans les ténèbres, on cherche
un gracieux rayon de lune.».
un gracieux rayon de lune.».
(R. R. Khawam, Jean-Pierre Lapointe,
«Moucharabia»,
+ Une représentation proxémique et une fonction mondaine,
dans : «Une lune en éclipse» de Sharîf Al-Râdî (969-1015) :
Une lune dont la
clarté tarit par éclipse
Le jour où il remet
son départ et le mien
L’œil figé par
l’embarras de l’écart sauf
Que de celui-ci une
liquidité se déverse
Averse de larmes excluant ma bouche
Aux bords de ces joues
tant délicates
Ma patience faillit le
jour de l’union, mais
Les soucis la dévoilent
lors de la désunion
Ô authentique amour tu
périras si jamais
La séparation émane du
fond de l’Irak
Étoiles que
représentent les lamentations
D’un ciel plein de
poussières des horizons
La sympathie a fleuri
entre nous au point
De nous couvrir et le
temps de feuillages
Debout devançons le
temps d’une union
Les traits des
malheurs sont aux environs
Tant que les nuits
repassent parmi nous
La fidélité y fend une
poche de discorde
Au front du temps de
par toi de par moi
S’érige un front blanc
d’une clarté étoilée
Les jours ne cesseront
de générer de nous
Une fratrie qu’on ne
niera pas par écart.».
(Al
Mawsûa Al Âlamia Li Ach-Chi’r Al Arabî,
«Une lune en éclipse»,
+ Une représentation anthropomorphique et
une fonction religieuse, dans : «Les étoiles dans les ténèbres»
de Abû Al ‘Alâ’ Al Ma’arrî (973-1058) :
« Les étoiles, dans
les ténèbres, sont-elles mortes ou sensibles ?
Sont-elles dépourvues
de sensibilité, ou bien l'intelligence et la raison s'élèvent-elles dans les
vapeurs qui les environnent le matin et le soir ?
Les uns croient à la
rétribution dans l'autre vie et tout ce qui s'ensuit.
Les autres disent:
Vous êtes comme l'herbe qui croît dans les champs.
Voici donc mes
dernières recommandations:
Eloignez-vous de ce
qui est laid, mais n'ayez pas d'aversion pour les belles actions.
Car j'ai éprouvé que
la conscience tourmentait par ses reproches tous les pécheurs, le jour du
départ.
Si nos âmes ont été
rouillées dans nos corps, le jour vient peut-être où elles seront fourbies de
nouveau.».
(Georges Salmon,
«Extraits des poèmes et des lettres
d’Abû Al ‘Alâ’ Al Ma’arrî»,
+ Une
représentation allégorique et une fonction mondaine, dans : «J’ai
vu le jeune non las d’espérer» de Mâlik Ibn Al-Murahhal As-Sabtî (1184-1279) :
«J’ai vu le jeune non
las d’espérer
Et s’il fait du bien
il s’ennuie d’agir
Il s’assure du temps à
la ruse visible
Dont il a ouï les
méfaits aux aïeux
Tiens-tu la terre pour
une mariée
Qui déambule vers
toi ses nattes
Et les étoiles sur
elles des bijoux
Et les soirs sur elle
des draperies
Et si elle lève une
lueur tu la tiens
Sur ses joues une
rougeur pudique
La lueur de l’horizon
si elle a pitié
Ne sont que des âmes
en sursis
Et ce brouillard et
ces éclairs
Ne sont qu’écus fêlés
et vies ôtées
Si un jour le temps se
sent mal agir
Envers toi même
sérieux il se rit
Nous aimons le temps sans
voir
Son fouet, lui qui a occis
nos pères.».
(Hamad
Al Hajari,
«Mâlik
Ibn Al-Murahhal As-Sabtî »,
+
Une représentation allégorique et une fonction sentimentale, dans : «Que
la pluie qui tombe te soit bénéfique» de Lisân Ed-Dîn Ibn Al Khatîb (1313-1374) :
«Les nuits auraient couvert le secret de nos amours
du voile de leur obscurité
si les fronts des belles semblables à des soleils
ne l’avaient révélé par leur clarté.
Les étoiles de nos coupes s’inclinèrent…
Moments de désir qui n’ont d’autre défaut
Que celui d’être passés aussi vite qu’un clin d’œil
À l’instant même où nous goûtions le plaisir d’être unis
Le matin tomba sur nous comme une armée en furie
Et les étoiles filantes sur nous fondirent
À moins que ce ne furent les yeux des narcisses
du voile de leur obscurité
si les fronts des belles semblables à des soleils
ne l’avaient révélé par leur clarté.
Les étoiles de nos coupes s’inclinèrent…
Moments de désir qui n’ont d’autre défaut
Que celui d’être passés aussi vite qu’un clin d’œil
À l’instant même où nous goûtions le plaisir d’être unis
Le matin tomba sur nous comme une armée en furie
Et les étoiles filantes sur nous fondirent
À moins que ce ne furent les yeux des narcisses
qui nous affectèrent.»
(Ibn Al-Khatîb,
«Que la pluie qui tombe te soit
bénéfique»,
+ Une
représentation anthropomorphique et une fonction érotique/ galante, dans :
«J’ai pleuré une lune» de Mohamed Ibn Tayeb El Alami (1688-1744) :
«J’ai pleuré une lune qui
m’a quitté en voyage
Sur sa taille j’avais
coutume d’observer la lune
Je me suis humilié
devant lui la nuit du départ
Et tous les gens
s’humilient la nuit de départ
Combien lui ai-je
déconseillé d’errer au fond
Je n’ai pas songé que
la lune ne cesse d’errer
Elle s’en va la
nuit par pays pouces et coudes
Et il ne m’y reste
quant à moi ni pouce ni coude
J’étais le plus
fortuné des gens dans son union
Je voyais sa bouche en
perles en oubliant l’or».
(Dr.
Jamali Bami,
«Mohamed
Ibn Tayeb El Alami»,
+ Une représentation allégorique et une fonction religieuse, dans :
«Nahj Al Burda» de Ahmed Chawqi (1868-1932) :
«Sa splendeur est
l’éclat du soleil levant
Corps céleste en
orbite lumière en vue
Fautive l’étoile de ce
qu’a reçu sa parenté
D’altière élévation d’apparence
sublime
Vous Le surnommiez le Fidèle
tout enfant
Jamais le Fidèle d’une
parole n’est suspecté
Il surpassa les lunes et les messagers de par
Sa nature sa moralité
en beauté et grandeur
Allah Te fis voyager
la nuit lorsque Ses anges
Et les prophètes à Al
Aqça étaient sur pieds
Dès que tu y parus ils cernèrent leur Maître
Tels les météores la Lune
le fanion les soldats
Pria derrière Toi tout
doté d’omniscience
Or qui gagne l’Amant
d’Allah a le leadership
Tu leur fis voguer les
cieux el leur ci-dessus
Sur une monture
lumineuse à rênes étoilés
Tu édifias à la foi et
au Monde leurs sciences
O Lecteur de la Table,
Ô Tâteur de la Plume
Tu y sondas entre deux
le Secret et se révéla
À Toi les réserves de science et de sapience
La Lune t’est
inférieure en beauté et dignité
Et la mer Ton
inférieure en bien et générosité
La plus haute montagne
devant Toi s’abaisse
Les étoiles des
Pléiades obéissent à tes ordres
Une Lune apparaît dans
une lune dont le front
Un front de la
victoire dissipant les ténèbres».
(Seed
Al-Atwi,
«
Nahj Al Burda »,
+ Une représentation allégorique et une
fonction mondaine, dans : «Un désir passé» de Hafiz Ibrahim (1872-1932) :
«Nous a sommes affectés d’un désir passé
Et du souvenir de cette vie si bienheureuse
Et de jours que nous avons vêtus de beauté
Dont nous avons fait danser la bonne étoile
Et ils vinrent en pigeons désaltérés d’onde
Après une soif et soufflèrent
comme la brise
Et la nuit folâtrait pendant toute une jeunesse
Et se divertissait de la galaxie et des étoiles
Nous poursuivîmes les coupes de vin jusqu’à
Ce qu’apparut à l’œil les lumières de rupture
Nous en fîmes en suivant l’opinion d’Ibn Hani
Nous y rejoignîmes les Gens de la Caverne».
(Seed
Al-Atwi,
«Diwan
Hafiz Ibrahim»,
+ Une représentation proxémique et une
fonction sentimentale, dans : «La coupole bleue» de Maârouf
Roussafi (1875-1945) :
«Je vois la coupole bleue au-dessus de moi telle
Une arcade de brocard tout incrustée de perles
Sans les rais des ténèbres de la nuit par les étoiles
J’aurais empoigné l’obscurité de mes dix doigts
Ô mes deux amis que de beauté et de joie à voir
Les étoiles des Gémeaux de la nuit encore errer
Si les étoiles d’Occident s’enfoncent dans le noir
Paraissent à leur suite d’autres étoiles d’Orient
J’ai erré dans la beauté des planètes durant la nuit
Et la laideur des ténèbres de la nuit ouïe et niée
Jusqu’à ce que j’ai vu l’armée de la nuit en retrait
Dans le noir suivie au pas par les blancs du matin».
(Al Hakawati,
«Diwan Maârouf Roussafi »,
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction érotique/ galante, dans : «Poésie et poésie» de Abbas
Mahmoud Al Akkad (1889-1964) :
«Mon poème t'intrigue, j'en suis bien étonné;
N'y es tu pas la muse qui a tout ordonné?
Es tu indifférente à tout ce que j'écris,
En prose comme en vers, que je pleure ou je ris?
De tes lèvres, non des miennes, je me désaltère,
Le soir où nos deux joues se frôlent puis se serrent.
Dicte moi ta réponse sans faire comme le soleil
Inquiet que la lune se lève dans un ciel vermeil.»
N'y es tu pas la muse qui a tout ordonné?
Es tu indifférente à tout ce que j'écris,
En prose comme en vers, que je pleure ou je ris?
De tes lèvres, non des miennes, je me désaltère,
Le soir où nos deux joues se frôlent puis se serrent.
Dicte moi ta réponse sans faire comme le soleil
Inquiet que la lune se lève dans un ciel vermeil.»
(Ahmed
Bahnini,
«Le recueil "Présent de Kérouan"»,
+ Une représentation zodiacale et une
fonction politique/ patriotique, dans : «Ô place du corps céleste
où sont les Pléiades?» de Omar Hamad (1891-1915) :
«Ô place du corps céleste
où sont les Pléiades
Ont-elles péri par la
nuit ou victimes du sort
Leurs cous inclinés la
nuit des mains des vils
Et vient l’aurore pleurer
le méfait de l’aube.
Comment la source de
la patrie ont-ils quitté
Où est la jeunesse où
les vieux sont-ils allés?
En Orient ils ont
donné l’espoir aux hommes
Hier ils se sont si
évertués du droit tant écrit
De tout œil a jailli
une généreuse étincelle
Aujourd’hui éteints,
et se repose leur veilleur».
(Omar Hamad,
«Ô place du
corps céleste où
sont les Pléiades?»,
+ Une représentation proxémique et une
fonction sentimentale, dans : «Um Al Qurâ» de Élia Abu Madi (1890-1957) :
Mon Dieu, combien sont beaux et aimables les villages
Pour un jeune homme éloigné à
débattre de ses idées
Si tu veux te débarrasser de l’ensemble de tes entraves
Regarde aussitôt la voûte du ciel entièrement dénudée
Et marche bien à la lumière du jour quand elle disparaît
Marche bien à la lumière de la lune voyageuse nocturne
Jusqu’à ce que se réapparaisse au-dessus de ces collines
Le soleil du jour aussi flamboyant que la pièce du dinar».
(Mahmoud EL-Saied EL- Doghim,
«Um Al Qurâ»,
+ Une
représentation proxémique et une fonction mondaine, dans : «Les
ruines» d’Ahmed Rami (1892-1957) :
«L’amour a-t-il vu des enivrés comme nous
Combien de rêves avons-nous bâtis autour de nous
Nous avons marché sur la voie éclairée par la lune
Où la joie nous avait précédé
Et nous avons ri ensemble comme deux enfants
Nous avons couru et dépassé nos ombres
Combien de rêves avons-nous bâtis autour de nous
Nous avons marché sur la voie éclairée par la lune
Où la joie nous avait précédé
Et nous avons ri ensemble comme deux enfants
Nous avons couru et dépassé nos ombres
Et nous nous sommes réveillés
Ah si l’on pouvait ne pas se réveiller
Alors la lumière préventive se leva
Alors l’aurore apparut comme un incendie
Alors la lumière préventive se leva
Alors l’aurore apparut comme un incendie
Alors la vie telle que nous connaissons
Alors chacun des amants avait pris son chemin».
Alors chacun des amants avait pris son chemin».
(Ahmed Rami,
«Un quartet d’Omar Khayyâm :
Les ruines»,
+ Une
représentation zodiacale et une fonction mondaine, dans : «Confidence
au Croissant» de Mahmoud Ghanim (1902-1972) :
«Que caches-tu bienvenue nouvel an
Pitié l’univers est en sang voici un an
Je ne sais ton croissant paraît courbe
Portes-tu la branche ou tires-tu l’épée
La face de la terre renfrognée et terne
Fais de ton croissant sa face souriante
Sèche le sang du sol et essuie sa larme
Répands sur lui miséricorde et paix
Pourquoi croissant ton dos est courbe
Portes-tu ainsi l’énorme poids
des ans?
Pourquoi ta face est pâle fils de la nuit
Es-tu comme moi usé à aimer les belles
Ou veilles-tu de crainte que la guerre se
Hisse jusqu’au ciel rejoindre les astres?».
(Mahmoud Ghanim,
«Confidence au Croissant»,
+ Une représentation zodiacale et une
fonction astrologique, dans : «Confidence au croissant» d’Abou El
Kacem Chebbi (1909-1934) :
Par une nuit d’automne,
Lourde de chagrin et d’inquiétude,
Grisé par l’éclat des étoiles,
Je saoule la tristesse de mes chants...
Le rêve des semences émerge de la nuit,
Enveloppé de la lueur obscure de l'aurore,
Il demande :
«Où est la brume matinale ?
Où est le soir magique ?
Où est le clair de lune ?
Où sont les rayons de la lune et la vie ?
Où est la vie à laquelle j'aspire ?
J'ai désiré la lumière au-dessus des branches.
J'ai désiré l'ombre sous les arbres».
Enveloppé de la lueur obscure de l'aurore,
Il demande :
«Où est la brume matinale ?
Où est le soir magique ?
Où est le clair de lune ?
Où sont les rayons de la lune et la vie ?
Où est la vie à laquelle j'aspire ?
J'ai désiré la lumière au-dessus des branches.
J'ai désiré l'ombre sous les arbres».
La lumière est dans mon cœur et mon âme.
Pourquoi aurais-je peur de marcher dans l'obscurité ?
Je voudrais ne jamais être venu au monde
Et n'avoir jamais nagé parmi les étoiles.
Je voudrais que l'aube n'ait jamais embrassé mes rêves
Et que la lumière n'ait jamais caressé mes yeux.
Je voudrais n'avoir jamais cessé d'être ce que j'étais,
Une lumière libre répandue sur toute l'existence.».
Pourquoi aurais-je peur de marcher dans l'obscurité ?
Je voudrais ne jamais être venu au monde
Et n'avoir jamais nagé parmi les étoiles.
Je voudrais que l'aube n'ait jamais embrassé mes rêves
Et que la lumière n'ait jamais caressé mes yeux.
Je voudrais n'avoir jamais cessé d'être ce que j'étais,
Une lumière libre répandue sur toute l'existence.».
(S. Masliah,
«Les chants de la vie»,
+ Une représentation anthropomorphique et une fonction politique/ patriotique, dans : «Pain, haschisch et clair de lune» de Nizar Kabbani (1923-1998) :
«Lorsqu'en Orient, naît la lune
Les blanches terrasses s'assoupissent
Dans des amas de fleurs,
Les gens abandonnent leurs échoppes
Et vont ensemble
A la rencontre de la lune…
Jusqu'au sommet des montagnes.
Ils vendent et achètent
Rêves et rêveries
Et se meurent
Quand la lune est en vie.
Ils vendent et achètent
Rêves et rêveries
Et se meurent
Quand la lune est en vie.
Pendant les nuits d'Orient
Où la pleine lune devient le croissant
L'Orient lui se dévêt
De toute dignité,
Démissionne de tout combat ».
Où la pleine lune devient le croissant
L'Orient lui se dévêt
De toute dignité,
Démissionne de tout combat ».
(Nizar Kabbani,
«Pain, haschisch et clair de lune»,
+ Une représentation proxémique et une
fonction spatiale, dans : «Le fleuve et la mort» de Badr Shakir As-Sayyab
(1926-1964) :
«Ô mon fleuve triste comme la pluie !
Ah ! courir dans l’obscurité,
Serrant mes mains sur le désir d’une année,
Dans chaque doigt comme si je t’apportais les offrandes
De blé et de fleurs !
Ah ! me pencher des lits des collines
Pour voir la lune
Plonger entre tes rives, semer les ombres
Et remplir les paniers
D’eau, de poissons et de fleurs !
Ah ! plonger en toi, suivre la lune,
écouter les graviers bruire dans le fond,
Gazouillis des milliers d’oiseaux sur les arbres.
Es-tu fleuve ou forêt de larmes ?
Les poissons qui veillent s’endorment-ils à l’aube.
Et ces étoiles attendent-elles toujours ?...
Ah ! sombrer en toi, ramasser les coquillages,
En construire une maison
où étincellerait la couleur verdoyante de l’eau et des arbres
Sous (la lumière) suintant des étoiles et de la lune !
Ah ! si tôt dans le matin, ton reflux m’emportait à la mer !
La mort est un monde étrange qui séduit les enfants
Et sa porte secrète était en toi ô Buwayb !… »
(Badr Chakir As-Sayyab,
«Le fleuve et la mort»,
+ Une représentation proxémique et une
fonction astrologique, dans : «Accouchement de choses» de Mohamed
El Amraoui (1964 : 49 ans en 2013) :
«Un
pays - cadavre
à la
croisée des déserts. Un dogme se répand à la vitesse d’une mauvaise étoile, des
statues détruites sur la côte d’une mémoire.
C’est
C’est
- et
s’étale
comme tuméfaction
comme tuméfaction
le
jour doublé soir,
doctrinal, tuniqué,
doctrinal, tuniqué,
sur
visage de femme,
sans
parure, sans sexe, sans aube,
perd son nom dans la rue.
Les rivières de paradis dont parle
le Livre ont séché sous ses pieds.
perd son nom dans la rue.
Les rivières de paradis dont parle
le Livre ont séché sous ses pieds.
Pestilence
démesurée. »
(Mohamed El Amraoui,
«Accouchement de choses»,
+ Une représentation anthropomorphique
et une fonction mondaine, dans : «Voix» d’Aymen Hacen (1981 :
22 ans en 2013) :
«Bonne nuit mon étoile je ferme les yeux
rassure-toi je ne dors pas — te voir pâlir
m’abyme — te voir en songe lire écrire à
la plume à encre rouge — écriture et vide
tous azimuts — désir de calligraphier blancs
la parole le silence la cécité».
(Mohamed El Amraoui,
«Accouchement de choses»,
En conclusion, l’approche
ethnoastronomique comparée de la «filiation des représentations et fonctions
poétiques astrales des images stellaires chez les poètes français et arabes,
des origines à nos jours», nous a conduit à constater (corpus à l’appui), la
véracité de ce legs matriciel/ filiale,
poétique franco-arabe, encore en perpétuelle gestation et, chantant tous
les aspects de la vie humaine, legs devenu universel, défiant toutes les
frontières et préjugés tel que réitère Blaise Pascal (1623-1662) : «Vérité
en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà». Or, c’est ce qui fait écrire S. Hunke,
entre autres, à cet égard : «L’imagination des poètes arabes se révèle
inépuisable lorsqu’il s’agit d’animer les objets (et non de les décrire du
dehors). «Dans l’obscurité chaque fleur ouvrait la bouche et cherchait le pis
d’un nuage fécond [v. ciel].» (…).
Ces poètes ne cessent de nous éblouir par de nouvelles images (…) :
«À l’ombre de ce jour, nos désirs tournaient au-dessus de nos têtes comme sur
leurs orbites les étoiles.» (…). Or depuis que Burdach [Karl
Friedrich : 1776-1847] a reconnu les origines arabes du minnsang [v.
chant d’amour], c’est dans ce domaine que s’est cristallisée toute la répulsion
qu’éprouve l’Occident à admettre l’héritage arabe, répulsion qui n’est
manifestement pas encore vaincue, de nos jours, si clairement que soient tracés
pourtant les chemins que cet héritage a empruntés pour venir d’Andalousie à
travers les Pyrénées [en Occitanie/Provence…]. Ce sont d’ailleurs les mêmes
chemins que, pour pénétrer en Europe, la civilisation arabe a suivis. » - «Le
soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit., pp.354, 371-372.
Dr. SOSSE ALAOUI
MOHAMMED