Des intertextes des
écrivains et héros des romans marocains nationalistes de langue
arabe et pan-culturalistes de langue française : 1912-2019
Dr.
SOSSE ALAOUI MOHAMMED
D’un
point de vue historico- thématique, l’étude des « Intertextes des
écrivains et héros des romans marocains nationalistes de langue arabe et pan-culturalistes
de langue française: 1912-2019», il est à souligner d’abord leurs articulions simultanées
autour d’une part : du moi/la patrie nationaliste (le Maroc) et du moi
/l’autre pan-culturaliste (l’Occident), ce qu’est , selon Kangni Alemdjrodo, le procédé de l’intertexte: «En clair, cela revient à
affirmer que dans un même texte, l’effet d’intertextualité [...] pourra être perçu au niveau du mot, de la phrase ou de
l’ensemble du texte.» - «Rachid Boudjedra, la passion de l’intertexte», www.books. openedition.org, pp. 7-18. Or, de la dimension
pan-culturaliste, Jean-Luc Fougeray dit : «S’est-on déjà avisé, [...] que
le tout culturel, le pan-culturalisme, [...] dans ses pratiques ordinaires a
sécrété, dans [...] notre sociabilité un fixateur redoutable. Alors que le
genre faux-romanesque [v. romans coloniaux] pullule sous les produits exténués
de l’histoire enchantée, [...] et exotique [v. romans de langue française], [...],
le genre vrai-social [v. romans marocains de langue arabe], vaut à celui qui
s’y hasarde des accusations de mauvais goût, ou pire encore de sociologisme
[...]. Le temps simplement a changé et [...], la transition du monde de
l’Industrie [v. l’Occident colonial], au monde de la Culture totale [v. l’Occident
pan-culturaliste].» - «Le pan-culturalisme et ses ennemis », www.agoravox.fr, p.1. Et du
corpus retenu, articulé autour du moi/la patrie et l’autre/ l’Occident Saïd
Sahmi note : «On pourrait
considérer, parmi les problématiques des romanciers marocains, l’expression du «moi», dans les romans [...], autant la langue française à l’époque
[coloniale : 1912-1956] était
réservée à peu d’intellectuels, et du fait, c’était l’autre qui lisait [v.
écrivains et héros pan-culturalistes] [...], On pourrait [...] citer de ces
romanciers [...], Driss Chraïbi, dans Le passé simple (1954), Tahar Ben
Jelloun dans [...] L’enfant de sable (1985), [...] romans ethnographiques
[...], dénonçant la fable, la superstition et l’immobilisme, pré et postindépendance, à la vue de la
civilisation occidentale avancée. [...] Or, en comparant le «moi» au sens large
(la Patrie) à l’autre (l’Occident), on l’étendrait à d’autres romans [v. écrivains et héros de
langue arabe] tels Dafana Al Madi, Le passé enterré [1968]
d’Abdelkrim Ghallab [...] d’une création pariant sur le moi de l’auteur [la
patrie/qui lisait], dans une poétique romanesque qui joint le réel à l’imaginaire.» - «Le moi dans
le roman marocain », www.aladabia.net, p.1. Aussi verra-t-on :
I. Les intertextes des écrivains et héros des
romans marocains nationalistes de langue arabe et pan-culturalistes de langue
française: 1912-2019.
1.
Les intertextes des écrivains et héros des romans marocains nationalistes défensifs
de langue arabe : 1912-2019.
2.
Les intertextes des écrivains et héros des romans marocains nationalistes offensifs
de langue arabe : 1912-2019
3.
Les intertextes des écrivains et héros des romans marocains nationalistes postmodernistes
de langue arabe : 1912-2019
II.
Les intertextes des écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes de
langue française: 1912-2019 pan-nationaliste.
1.
Les intertextes des écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes
de langue française: 1912-2019.
2.
Les intertextes des écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes de
langue française: 1912-20193.
3. Les intertextes
des écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes postmodernistes de
langue française: 1912-2019
I. Les
intertextes des écrivains et héros des romans marocains nationalistes offensifs
défensifs et post- modernes de langue arabe et pan-culturalistes de langue
française: 1912-2019 :
Pour aborder les intertextes des écrivains et
héros des romans marocains nationalistes, du moi/la patrie, de langue arabe et
pan-culturalistes de langue française: 1912-2019, il conviendrait d’évoquer
l’image des écrivains et héros marocains de langue arabes [moi/ la patrie] comme réaction à celle qu’en en font les des
écrivains et héros des romans occidentaux et français coloniaux [l’autre/
l’Occident], dont Abdelmajid Hannon et Alawa Koussa
relatent : «Nous savons ce que colportent les personnages [et écrivains
romanesques] romanesques comme contenus intellectuels, affectifs
et psychologiques et leur effet sur le récepteur qui tient une image préconçue du
colonialiste [l’autre/
l’Occident] et
comme inclinaisons à la répulsion et sentiments de rejet envers lui, c’est que
« le personnage [héros et écrivains] est cet univers autour duquel pivotent toutes les fonctions
narratives, toutes les obsessions, les émotions et les tendances», et peut-être
que toute image condensée de l’autre/Français/colonial [l’autre/
l’Occident] n’est qu’une réaction contre ce qu’ont à tracé
les romanciers occidentaux – français en particulier- comme image de l’Arabe[moi/ la patrie] [...], une image du colonialiste au niveau de son injustice, de son ignominie et de ses
actes [...], telle une accusation [du moi/ la patrie] de la civilisation
occidentale de l’ère coloniale [l’autre/ l’Occident] s’accaparant les appels à l’amour et à la paix et
à l’action de civiliser les peuples sous-développés, tout en perpétrant à leur
égard les plus affreux génocides systématiques, pour demeurer en fin de compte la civilisation de la fin qui justifie
les moyens.» - «Le réel occidental dans
l’imaginaire oriental», www.webcache.
oogleusercontent.com, p.1.
En
fait pour saisir l’états de lieu des intertextes des
écrivains et héros des romans marocains nationalistes, du moi/la patrie, de
langue arabe: 1912-2019, il y a lieu d’en voir les limites et la perspective
avec la Fondation Edmond Amran El Maleh et BUM, lors de la Rencontre sur le
roman marocain, tenue le 2 février 2007, à Rabat, dans son mot d’ouverture,
paru dans Assahraa.ma,
constatant notamment : «La question de
langue romanesque revêtit, actuellement, une importance essentielle, en
considérant que la langue est le plier de l’existence de d’une intertextualité
[intertextes du moi/ la patrie] que le roman est la forme qui contient et
réalise la pluralité des langues et des voix, même quand il s’agit d’une seule
langue. [...] Concernant le roman marocain de langue arabe et française, la langue
romanesque prend une place croissante se reflétant à l’horizon de ce roman et
le lieu de son évolution et son ancrage au sein d’un public lisant supposé
[intertextes du moi/ la patrie], [...] L’apparition temporelle
du roman marocain était tardive par rapport son homologue oriental arabe, et
avant cela occidental, ce qui lui a induit à traiter avec le roman oriental et
occidental comme référents et grands modèles. [...] Mais il y a eu des exceptions tels
: le roman de Thami El Ouazzani en 1942, d’Abdelmajid Benjelloun Durant
l’enfance en 1957, et [...]
d’’Abdelkrim Ghallab Le passé enterré en 1966. [...] De telle sorte
qu’ils n’y manquent pas de manifester [...] la présence de l’autre [intertextes
de l’autre/ l’Occident colonial], c’est-à-dire de l’Occident comme élément
essentiel et agissant dans le récit. [...] Vers le milieu des années 70 du
siècle dernier, apparaissent les premiers signes du roman expérimental
[intertextes des romans marocains postmodernes de langue arabe], [...] avec le
dépassement des techniques du récit classique, [...] l’abord des thèmes relatifs
au patrimoine, les phénomènes exotiques et la brisure de langue traditionnelle.
Après l’indépendance [en 195], des transformations profondes atteignent tous
les domaines de la société marocaine [...] et des formes interagissant dans la
création universelle, [...] causent des séismes au niveau de l’expression, [...] des rapports de l’écrivain et du
lecteur, [...] dans une société que traversent les effets négatifs de la mondialisation
culturelle mercantile et le diktat de la consommation aux dépens du goût et de
la cristallisation de la connotation et du sens. » - « La rencontre
du roman marocain interpelle la pluralité linguistique», www.assahraa.ma, p.1. Ainsi
pourrait-on citer des intertextes des écrivains et héros des romans marocains
nationalistes, du moi/la patrie, de langue arabe, à titre d’exemples :
1. Des
intertextes de l’écrivain et des héros du roman marocain nationaliste offensif,
du moi/la patrie dans : Le passé enterré, Abdelkrim Ghallab, Trad. Francis Gouin, Ed. Sindbad, 1990 :
Né en 1919, à Fès, et mort en 2017, à El
Jadida, Abdelkrim Ghallab est un journaliste, homme politique, romancier et
écrivain marocain. Il y suit ses études primaires dans les écoles libres et à
l’Université Qaraouyine.
En 1932, il va au Caire à l’Université Fouad I
(1940-1944). Il est signataire le Manifeste de l’indépendance du Maroc du PI
(1944). Il participe à la délivrance d’Abdelkrim Khattabi (1947) et la création
du BMA. En 1948, il revient au Maroc et dirige le journal Message du Maroc
(1948-1952) et réacteur au journal « Al Alam », Le Drapeau, jusqu’à
son interdiction (1955), puis en sera le directeur (1960-2004). Il est l’auteur
de : Dafana al Madi, Le passé enterré (1966), Al Malam Ali, Le
Maître Ali (1974), Churukh fi al Maraya, Fractures dans les miroirs
(1994), etc.
· Les
intertextes de la dénonciation nationaliste offensive du passéisme dans Dafana
al Madi, le Passé
enterré, d’Abdelkrim Ghallab, 1966 :
Pour décrypter
l’origine textuelle des intertextes de
la dénonciation nationaliste du passéisme dans Dafana al Madi, le Passé
enterré, d’Abdelkrim Ghallab, 1966, il suffirait de se reporter aux clauses du
Traité du Protectorat franco-marocain,
signé à Fès, le 30 mars 1912, relaté par
Mohammed Kenbib en ces termes : « Quoique " dualiste
" et même fortement ambivalente du fait de la concomitance de son
articulation autour de la
modernité, de la
tradition et d’une
certaine traditionnalisation [v. passéisme : ville ancienne
marocaine/ville moderne européenne],
l’évolution générale du
Protectorat n’en a pas moins porté le sceau de la modernité précisément. [...] En raison
de la nature
même du régime,
ces réalisations ne bénéficiaient
cependant qu’à une
infime minorité de la population (les colons au premier chef et un très
faible pourcentage d’autochtones). [...] La "politique indigène" [v.
passéiste] définie dans ses grandes
lignes par le général Lyautey [1854-1934], premier Résident Général de France au Maroc
[1912-1926] dont le "Proconsulat" s’étendit de 1912 à 1925, et suivie [...] par quasiment tous ses
successeurs, fut foncièrement "conservatrice" [v. passéiste] dans sa
philosophie et ses manifestations dans
le rapport de
l’Administration avec les
autochtones. Elle s’articula
autour de la
préservation des formations
tribales, des chefferies locales ou régionales, des confréries et, de manière
générale, des forces tournées vers le passé. » - « Le Maroc
indépendant, 1955-2005 », www.ourahou.e-monsite.com, p.9. C’est cet
intertexte du passéisme dénoncé symboliquement, d’une Fès ville ancienne de Haj
Thami et son fils Abderrahman, non loin d’une Fès moderne (française de
François et Madeleine) européenne colonial que préfigure cet extrait de Dafana
al Madi Passé enterré de A. Ghallab :
· L’intertexte de la dénonciation nationaliste
offensive du quartier Makhfia de la maison de la famille Thami dans la ville indigène
de Fès :
A cet
égard, Abdellah El Houlali rapporte de
la préface Jacques Berque au roman Dafana
al Madi, Le Passé enterré d’Abdelkrim Ghallab , notamment : «Ce
qui va se jouer à Fès, dès la période que couvre le récit, ce nʼest pas
simplement un conflit entre deux nations [le Maroc/l France], cʼest encore et
surtout un combat contre soi-même [le passéisme hérité du moi/la patrie et
maintenu par l’autre/le Protectorat français ], [...] Et ce combat implique un
élargissement continu de lʼespace et la durée. Le protectorat, quʼavait mis en
place lʼaccélération [promise] de lʼhistoire dans cette partie du Maghreb [v. le
Maroc, pays à civiliser], entendait figer le temps à son profit [conservatisme
au profit d’une colonisation en fin de compte]. Le roman insiste dès lors à
juste titre sur la conscience comme physique [v. immobilisme, enferment et
figement] que prennent de la durée les habitants de la citée, laquelle sʼest
scindée en Médina [Fès indigène marocaine] et Ville nouvelle [Fès moderne
européenne], comme pour manifester par ce dédoublement lʼéchec de leur vieux
quant-à-soi. (p.6).» - La conception de la ville à travers l’espace et le temps »,
www.webcache.googleusercontent.com, p.1. En est témoin
l’extrait suivant :
« Le quartier Makhfia dans la ville de Fès où se situait la maison de la famille Thami, [...] une maison ou un palais de ce quartier hérité par la famille Thami à
l’habitation duquel avaient succédé des générations et contre lequel s’étaient
alliés ’antiquité et la vétusté, une famille bourgeoise fortunée parmi ces familles qui avaient leurs part
d’argent, de prestige et leur grande part d’attachement aux traditions et à la
préservation du respect dans l’étroite société où elle vivait. C’est une
société qui ne dépassait pas le quartier où elle vécut.» (Chap. I, pp.7-8)
Lui fait écho la prise de conscience Abderrahman,
le personnage principal du le roman, qui souligne de façon comparatiste la jeunesse
de lʼinstituteur français et la vieillesse de lʼinstituteur marocain et de la
différence entre sa ville du moi/la patrie et la ville européenne celle de
l’autre/les colons français :
·
L’intertexte
de la prise de conscience et la dénonciation d’Abderrahman de son monde cloitré
et handicapé et dépassé par l’autre sain libre et moderne :
«François [se dit Abderrahman]
paraissait libre. Il bougeait à sa guise et sautait avec jeunesse. [...] En
revanche, Al-Yazighi paraissait alourdi par le poids de son corps flasque. [...]
- Al-Yazighi
serait-il le modèle de tout notre peuple ? [...]
- Et François ? il
nʼest pas de chez nous, mais il représente un autre type dʼhomme, dynamique,
vivant. Serait-il plus intelligent ? Plus fort ? Plus riche ?Plus savant ? [...]
Elle (Madeleine) a trouvé en lui
(Abderrahman qu’elle aime) le jeune homme qui a pu briser lʼobstacle entre son
propre monde et le monde au delà du mur : entre Fès lʼancienne et Fès la
nouvelle. Elle avait envie de découvrir «cette Fès » qui sʼabritait derrière
les murailles, voilée [allusion à la condition de la femme marocaine]
telle une vierge timide et pudique de peur des regards indiscrets. [...]
Mon monde [se dit celui-ci] appartient au passé.» (126-250). Or pour
aboutir leurs revendications à d’accès à l’indépendance, à l’égalité et à la modernité, les jeunes
instruits tant à l’école française qu’à l’école religieuse marocaines, ils se
sont exposés à l’oppression, au martyr et à l’injustice coloniales, tel que le
montre l’extrait suivant du même roman :
·
L’intertexte de l’oppression, du martyr et de l’injustice
martiale et carcérale coloniale :
«Pendant qu’il étudiait leur dossier, Mahmoud [le juge] entrevoyait,
à travers Mohamed, Azzeddine, Ahmed et Tahar, l’image de son frère Abderrahman
et de son ami Abdelaziz. [...]
Un agent l’arracha à sa réflexion:
- Sidi Mahmoud, le Contrôleur [civil
colonial français] te demande (…).
Mahmoud se força à sourire et se hâta
vers le bureau du contrôleur.
- As-tu préparé le dossier des
terroristes? [...]
- Je l’ai étudié, et je suis en train
d’examiner les à-côtés de l’affaire.
- Examiner quoi? L’affaire est claire
! tonna le contrôleur. Une bande d’assassins, complices d’une bande d’égorgeurs
condamnés et exécutés: le cas est évident. [...]
Il farfouilla nerveusement dans ses
papiers et prit une feuille:
- Peine capitale pour Mohamed ; prison
à vie et travaux forcés pour les autres. Voilà le verdict à rendre demain. [...]
- C’est terminé. Tu peux t’en aller.» (pp.279-280).
En
effet, ce dernier intertexte trouve sa source,
dans une période critique du mouvement
nationaliste et de la jeunesse militante de l’auteur, emprisonné à deux
reprises, par le régime colonial, tel qu’en témoigne le journal Marocain Tel Quel arabe, en relatant :
«La vie intense qu’a connue Abdelkrim Ghallab entre les livres et les
sièges du Parti de l’Istiqlal (Parti de l’Indépendance) et le journal du parti
«Al Alam» (le Drapeau). Après sa naissance en 1919, il reçoit son
enseignement primaire dans les écoles libres, il participe à la lecture du « Latif», verset
de protestation, à la Qaraouyine, à la promulgation du Dahir berbère, le 16 mai
1930, l’Université qu’il rejoint, en 1932. Deux ans après, le jeune Ghallab prend
part aux manifestations pour activer les revendications du peuple marocain de
1934 et va se trouver derrière les barreaux. [...] En 1936, après son
emprisonnement, il va [...], en octobre
1937, rejoindre l’Université du Caire. [...] De retour au Maroc, en décembre
1948, il dirige la revue « Rissala al Maghrib » (Le Massage du
Maroc) et devient rédacteur à «Al Alam» [...] jusqu’à sa suspension
par un décret de la Résidence générale française, en 1952, l’année où il
rejoint la direction du PI, [...] comme membre du comité exécutif
provisoire. [...] Peu de temps après, il
est emprisonné, le 21 août 1953, quelques heures s seulement après l’exil du Sultan
Mohamed Ben Youssef [v . S.M. le roi
Mohamed V]. » - «Abdelkrim Ghallab ... «Pionnier éternel» entre Taha
Hussein et Abdelkrim Al Khattabi», hwww.ar.telquel.ma
, p.1.
D’ailleurs, le roman d’Abdelkrim
Ghallab Dafana al Madi, Le Passé enterré (1966) semble être une
réplique nationaliste anti-parodique,
après coup, au roman pan-nationaliste offensif de Driss Chraïbi Le Passé simple
(1954), ce dont Salim Jay écrit ironiquement : «Son
homonyme [le Passé
enterré/le Passé simple] et cadet [Driss Chraïbi/ Abdelkrim Ghallab] s’est révélé, quant à lui en langue
française, un maître de l’aphorisme poétique transformant la difficulté d’être
en occasion de percevoir la silhouette du scandale et la magie d’avoir affaire
au monde. En dehors de toute métaphysique ; le poète [Chraïbi] s’inquiète,
[...] de
constater que ses propres enfants ne comprennent la langue de leur grand-mère [la langue arabe].» - «Dictionnaire
des écrivains marocains », www.books.google.co.ma
, p.20.
2. Des intertextes de l’écrivain et des héros du
roman marocain nationaliste défensif, du moi/la patrie dans : Gil Addama, La génération de la
soif, Mohammed Aziz Lahbabi, Ed. Najah, 1967 :
Né en
1922, à Fès, et mort en 1993, à Rabat, Mohamed
Aziz Lahbabi est un écrivain, philosophe humaniste, romancier et poète marocain. Petit-fils d’Othmane
Lahbabi, professeur à l'université Al Quaraouiyine, et neveu de Muhammad
Benlarbi Alaoui, théologien réformiste et résistant nationaliste, après son
baccalauréat au Maroc, il poursuivit ses études à la Faculté des lettres de
Paris et y obtient un doctorat en
philosophie (1956). Il devient professeur et doyen de la Faculté des lettres à
l'Université Mohamed-V à Rabat. Il a enseigné à l'Université d'Alger. Il est fondateur de la revue Afaq (Horizons),
membre fondateur de l'Union des écrivains arabophones du Maghreb, premier
écrivain arabe candidat au Prix Nobel de littérature (1987). Il est l’auteur
de : Jil Addama, La génération de la soif (1967), Espoir vagabond (1972), Iksir al
hayat, L'élixir de la vie (1974), etc.
Pour
identifier les intertextes de l’écrivain
et des héros du roman marocain nationaliste défensif, du moi/la patrie dans : Jil Addama, La génération de la
soif, Mohammed Aziz Lahbabi, Ed.
Najah, 1967, Yassine Aghlalou
constate pertinemment : «Le roman « Jil
Addama» [La génération de la soif] du philosophe marocain Mohamed
Aziz Lahbabi (1922-1993) incarne une
plaidoirie [paratexte des écrivains et héros nationalistes du moi/la patrie] en
faveur des générations assoiffées [...] dans leur lutte pour la liberté et une place
pour au soleil. Le roman écrit, en 1958, exprime l’angoisse qu’a vécu et
continue de vivre le Maroc d’après l’indépendance: entre une génération noyée dans la défense de ses intérêts, en
collusion contre soi et la patrie [paratexte
des écrivains et héros pan-nationalistes de l’autre/l’Occident] et une
génération en lutte contre les vieilles coutumes et les valeurs réactionnaires
que fondent l’échange de profits, l’argent, la servilité et la peur. C’est la
génération assoiffée de changement, une génération vivant dans l’espoir d’un
autre Maroc possible... » - « Jil Addama, La génération de la soif,
une plaidoirie pour le changement», www.academia.edu , p.1. Dans cette
optique, observons comme exemples de Jil Addama, La génération de la
soif, de Lahbabi les extraits suivants :
·
L’intertexte
nationaliste défensif d’un cadre de vie
urbain dynamique et humain des villes occidentales, convoité par le héros
Driss, contre celui antithétique hérité du legs colonial :
En ce sens, Khalid Zekri met en cause le legs de
la modernité «bancale», introduite au Maroc,
par la politique des missions civilisatrices coloniales, en
rappelant : «L’élite intellectuelle marocaine qu’elle soit traditionaliste
ou moderniste, a toujours lutté contre l’idée de la modernité comme triomphe de
l’universel sur le particulier. Elle a considéré que les missions
civilisatrices n’étaient que des
prétextes, parmi tant d’autres, pour légitimer le colonialisme qui a contribué à introduire une modernité «bancale» dans le monde arabe
en général, et au Maroc en particulier.» - «Aux sources de marocaines la modernité
marocaine», www.journals. openedition.org, pp.
43-55. En est la preuve cet extrait du roman Jil Addama, La génération de la soif, de M. A.
Lahbabi :
« A Londres ou à Paris où les
gens se hâtent vers les portières des métros en se serrant et en s’entraidant,
alors que la ville de l’immobilisme et
de la paresse, comme il paraît à Rabat où la fatigue est manifeste sur le peu
de gens qui marchent dans l’avenue... Là, la quiétude totale répand une sorte
d’anesthésie au sein de
l’indifférence. [...] Dès qu’il quittait le parc et voulait se diriger vers le trottoir
d’en face, une voiture sans frein a failli le heurter et les feuilles du journal se son
envolées, et une lividité et une pâleur couvrent le visage de Driss. (pp.9-11).
Sur ce, M.
El-M'naouer observe : «L’existence humaine régresse sous l’effet de son
existence physique [le moi/la patrie], car le lieu contribue au développement
des valeurs de l’homme, en particulier s’il est ouvert sur les courants étrangers
[l’autre/l’Europe coloniale], il est objet d’arbitrage et de comparaison [intertexte
nationaliste de l’écrivain et du héros nationaliste défensive] à partir de ce
qu’il contient d’êtres [legs colonial] par rapport aux êtres d’autres lieux
[modernité marocaine bancale /modernité coloniale idéale].» - «La communication
philosophique dans la pensée de Mohammed Aziz Lahbabi », www.ouvrages.crasc.dz, p.1.
·
L’intertexte nationaliste défensif contre la trahison des intellectuels
en vue de réaliser des réformes préserver l’identité et promouvoir la
solidarité nationale contre les fléaux et les sinistres :
Pour ce qui est de l’intertexte
nationaliste défensif contre la trahison des intellectuels en vue de réaliser
des réformes préserver l’identité et promouvoir la solidarité nationale contre
les fléaux et les sinistres du legs colonial, Maurice Tournier rapporte les
propos de Mohamed Aziz Lahbabi en
citant : « C’est le cas de d’Aziz Lahbabi, lequel sait désambigüiser,
dans sa recherche, dans sa recherche d’authenticité, jusqu’au pronom qu’il
utilise. Le nous est revendiqué d’entrée de jeu, avec cette fierté
tiers-mondiste que les amertumes ont décomplexée : «Le Tiers-Monde doit cesser
de se plaindre pour se muer en accusateur... L’humiliation a délié les langues.
» ; « Nous peuples pauvres subventions... la prospérité des peuples riches.» -
«Le monde de demain. Le Tiers Monde accuse », www.persee.fr , pp. 219-221. C’est ce reflète allégoriquement l’extrait suivant
du roman Jil Addama, La génération de la soif, de M. A. Lahbabi :
«Toute cité [se dit Driss] dont
les intellectuels [traditionalistes et modernistes : 1912-1956] se
dérobent d’assumer les responsabilités est inéluctablement vouée au règne de
l’injustice et à la domination du mensonge. [...] La question s’inscrit dans la vision culturelle de la réforme
et du défi, à la manière de la
résistance de la personnalité algérienne à l’occupation, lorsqu’elle a survécu
dans les âmes avec ses dimensions arabes et islamiques. [...] La ville [v.
Rabat] est blanche avec clarté, comme les salles de bloc opératoire dans un
hôpital, comme les femmes marocaines emmitouflées pour le deuil, comme d’un
linceul. Une ville aguichante n’ayant de semblable que la ville d’Agadir,
victime d’un séisme [le 29 février 1960].» (pp.28-57)
· L’intertexte nationaliste défensif contre le
népotisme l’ignorance l’archaïsme du legs colonial par le volontarisme militant
la lutte contre la pauvreté par l’égalité le progrès et la prospérité de la nation :
Allusion faite au
projet de réformes nationalistes pré et postindépendance, la vision incarnée
ici rejoint la pensée anti-coloniale et
anti-néocoloniale de l’auteur Mohamed Aziz Lahbabi, rapportée par Miloudi
Belmir, en ces termes : «Doté d’une capacité intellectuelle hors du
commun, Lahbabi était l’un des professeurs les plus proches, les plus écoutés
des étudiants, des intellectuels. [...] Il agit tous
azimuts: [...], il est en première ligne d’un débat [...], il proteste parfois
contre ses détracteurs qui déforment ses idées. [...]. Il estima qu’il était de son devoir de «
témoigner au procès de l’Occident par la parole [...]». [...] Dans cette
nouvelle théorie, il met les tiers-mondistes en garde contre le mal de
l’occidentalisme. [...] Il pense que l’Occident a fait faillite en Afrique et
en Asie.» - «Mohamed Aziz Lahbabi : Une vie traversée par la pensée »,
www.libe.ma , p.1. Il en matérialise la portée dans l’extrait
suivant du roman :
«Gagner mon pain à la sueur de mon front [se dit Azim, rebellé contre son milieu bourgeois], en une vie
libre, non enchaînée par les intérêts familiaux [...] « Adieu l’ère
de la peur et soumission idiote, je fraierai mon chemin dans la vie par la voie
de la pleine liberté et pensée lucide autonome. [...] Je briserai les
chaînes de la famille et j’extirperai toutes les racines de l’ignorance et la
morgue de sa charpente. J’anéantirai les traditions héréditaires. [...] Je
veux consacrer ma volonté et mes efforts au progrès de ma nation et l’évolution
de mon environnement... Je veux me pencher sur les plaies de mes frères
humains, pour les panser et les embaumer en en créant la fortune et la
prospérité. [...] Azim a triomphé jusqu’à maintenant dans plusieurs
domaines : il a vaincu en premier son moi lorsqu’il a foulé aux pieds les
coutumes aveugles... il n’a pas craint de s’abaisser au monde des pauvres, des
humbles et des laborieux.» (pp.248-2542)
3.
Des intertextes de l’écrivain et des héros du roman marocain
nationaliste postmoderne, du moi/la patrie dans : Ar-Rih Al Chatwiya, Le vent
d’hiver, de Mubarak Rabi, Ed. Dar Tunusiya, 1977 :
Né en
1938, à Ben Maâchou, près de Casablanca, Mubarak Rabi est un écrivain et
romancier marocain. Il obtient son CEP (1952), puis la licence en philosophie
(1967), le DES en psychologie (1975), le doctorat d’Etat (1988). Après avoir
été instituteur, il a été doyen de la faculté des lettres et des sciences
humaines Ben M'Sik à Casablanca pendant plusieurs années. Il est l’auteur
de : Al Tayibun, Les bons (1972), Rufqat al silah wa al qamar, En compagnie
des armes et de la lune (1976), Ar-Rih Al Chatwiya, Le vent d’hiver
(1977), Gharb al Motawassit, La Méditerranée occidentale (2018), etc.
· L’intertexte de l’écrivain et des
héros du roman marocain nationaliste du moi/la patrie postmoderne
face à l’autre/la violence coloniale, dans : Ar-Rih
Al Chatwiya, Le vent d’hiver, de
Mubarak Rabi :
Pour appréhender l’intertexte de
l’écrivain et des héros du roman marocain nationaliste postmoderne, du moi/la
patrie dans : Ar-Rih Al Chatwiya, Le
vent d’hiver, de Mubarak Rabi, il faut cerner le caractère expérimentale de la
technique de l’écriture romanesque de son récit, dont H. Tarraz précise en
particulier : « Se recoupent
au sein du discours romanesque dans :
Ar-Rih Al Chatwiya, [dans le roman expérimental et postmoderne Ar-Rih Al Chatwiya, Le vent d’hiver] de Mubarak
Rabi plusieurs niveaux linguistiques et différents types de styles [...] : amalgame linguistique [...] : la langue arabe standard
(langue axiale), [...] la langue poétique suggestive (usages sapientiels
écartant la langue de son niveau ordinaire à un niveau suggestif), [...] le
symbole (l’évocation du figuier près duquel a éclaté la lutte avec le
responsable qui était la cause de l’exode de Larbi Lhamdouni et Saïd vers la
ville), [...] les textes littéraires et semi littéraires qui interfèrent
avec le texte originel (la lettre du mukadam Ibrahim à Larbi Lhamdouni, puis la
lettre de Mawhub à Larbi Lhamdouni, la poésie populaire ou zadjal et la chanson,
les proverbes : «Ne dure adversité ni prospérité», «N’a de souci que celui
qui celui qui a compris», les mythes étrangers et arabes : comme
« Ras al Ghol tué par Sidna Ali», le Coran à la mosquée à la bouche
du Alem Si Abdelfattah), etc.» - «L’analyse de : Ar-Rih Al Chatwiya, Le vent
d’hiver de Mubarak Rabi», www.htarraz.free.fr, p. 1.
«Certes,
le Résident général s’était réuni avec le Pacha et le Khalifa, au bureau du
district, et ont étudié un projet relatif aux Carrières centrales et leurs
habitants, se résumant en la nécessité de disperser cette classe avec qu’elle
n’accomplisse sa puissance et qu’elle sit envahi par le nationalisme, et ce en
transplantant Carrières centrales et en les redistribuant en petites portions
en des lieux éloignés dans la périphérie de la ville. Une partie sera rejetée
aux environ d’Al Ounk, une autre à Sidi Moumen... un quatrième... un cinquième,
et... [...] Il était urgent de faire quelque chose pour communiquer
l’assemblée des habitants à l’autorité. Là, il une proposition a été faite a eu
l’assentiment de tous, à la suite duquel une délégation pour contacter le
Résident général, une seconde pour contacter le pacha de la ville, une
troisième pour le khalifa et le gouverneur du district, en vue de leur
expliquer les revendications des habitants. [...] Les délégations sont parties,
[...] sous l’enthousiasme des chansons, des hymnes nationales et les youyous
des femmes. [...] Le pacha inspecte de nouveau du regard les foules alors que
retentit dans l’espace sifflement singulier, une première balle, suivies
d’autres, et des voix s’élèvent parmi les foules – couchez-vous, couchez-vous,
à terre, à terre... Les corps ont été entassés pêle-mêle dans les tombes, et
s’élève des voix : « Qu’Allah bénisse les martyrs... » (pp.31-35)
Certes,
l’événement décrit dans l’extrait ici est l’auto- fiction de l’histoire authentique des Carrières
centrales de Casablanca. En témoigne le texte de Jim
House, notant : « Comme dans beaucoup d’espaces coloniaux,
l’urbanisation rapide au Maroc en général, et à Casablanca en particulier, a
posé de gros problèmes à la gouvernance coloniale. [...] Le protectorat s’appuyait sur des éléments civils et
militaires, les structures et personnels étaient européens ou indigènes dans un
territoire [...] des mobilisations nationalistes et syndicales des 7-8
décembre 1952 à Casablanca, [...] le contrôle
social et politique de la ville entre 1944 et 1953 [...] a constitué les bidonvilles en menace politique grave [à démanteler]. [...]. C’est lors [...] de cette grève qu’ont commencé les protestations des Marocains et la violence des forces de l’ordre dans le bidonville
des Carrières centrales.» - «L'impossible contrôle d'une ville coloniale? Casablanca,
décembre 1952», www. cairn.info, pp. 78-103.
· L’intertexte de l’écrivain et des
héros du roman marocain nationaliste du moi/la patrie postmoderne
face à la parodie de la justice de l’autre/la statue du maréchal coloniale, dans : Ar-Rih
Al Chatwiya, Le vent d’hiver, de
Mubarak Rabi :
Des suites
judiciaires antinationalistes de la répression coloniale contre les habitants
des Carrières centrales de Casablanca, Jim House rapporte également : Des
événements de crise comme ceux de décembre 1952 témoignent de l’existence d’un
système répressif capable de déployer une violence létale « exemplaire » pour
rétablir l’ordre et d’assurer, par le volet judiciaire, le démantèlement
partiel et provisoire du mouvement nationaliste principal. Les autorités
coloniales ont cependant été incapables de contrôler les différents processus
de radicalisation nationaliste, sur lesquels le protectorat reste de son propre
aveu singulièrement mal informé. » - «L'impossible contrôle d'une ville
coloniale? Casablanca, décembre 1952»,
Op.cit., pp. 78-103. Cela se retrouve à travers le
roman postmoderne Ar-Rih Al Chatwiya, Le vent d’hiver de Mubarak Rabi, avec en
effigie la statut de Lyautey, dans le passage suivant :
«Larbi
Lhamdouni scrute le soleil fuyant vers le couchant, sans trouver de
réponse, mille mauvaises pensées lui surviennent, il doit attendre, et
l’attente doit avoir une fin. Comme s’il avait décidé de rompre le fil de son
attente lorsqu’il quitte le rocher proéminent sur lequel il se reposait et se
dirige près du rassemblement des gens, des choses et des bêtes dans la trouée
de Garage Allal [...]. Des créatures par centaines grouillent sur le terrain, mines brisés
scrutent pitoyablement l’avenir que tracent un jour les lèvres d’un juge ou d’un
avocat ou d’un interprète. Un terrain spacieux aux bords étendus qu’entourent
de hauts bâtiments officiels dont le palais de justice, l’édifice de la
municipalité, la régie foncière et la trésorerie [...]. De créatures rurales,
femmes et hommes en haïks et djellabas amples et rêches. [...] Regards hagards
et espoir au sein de l’inconnu en quête une bûche de sauvetage... Et à la
surface énigmatique flotte d’un moment à l’autre une bulle quelconque
qu’invente le mensonge d’un courtier frauduleux, ou la ruse d’un avocat
professionnel ou un chaouch [...], seul
uniquement, il saurait connaître l’inconnu ou le craindre ou lui laisser
l’occasion de grossir : cette énorme statue équestre de bronze d’un
cavalier [la statue du Maréchal Lyautey à Casablanca] dont les décorations
brillent sous les rayons du levant, lui tournant le dos en désignant de son
bâton vers l’Occident, vers la mer, l’outre-mer. Il se pavane de ses médailles et décorations...» (p.20)
Le
mythe de la statue équestre de Lyautey s’oppose d’ailleurs, dans le roman postmoderne
Ar-Rih Al Chatwiya, Le vent d’hiver de Rabi, au mythe de l’icône de Ras al Ghol sabre
tirée, à cheval, en duel, avec Sidna Ali à cheval, qui fend la tête du monstre de
son glaive sacré, constitue l’intertexte de la violence du moi/la patrie nationaliste
face à l’autre/l’Europe coloniale, dont Jean-Luc
Pierre écrit : «La statue équestre du Maréchal
Lyautey, envisagée à la mort de Lyautey en 1934, est inaugurée en 1938 au
centre de la Place de la Victoire appelée aussi Place Administrative,
l'actuelle place Mohamed V. Entre 1907 et 1912, les généraux Drude, D'Amade
puis Moinier, ont installé à cet emplacement le quartier général du corps
expéditionnaire français. Lyautey décide de rassembler les fonctions
administratives de Casablanca sur l'espace des anciens camps militaires.[...] En une nuit de novembre 1955, à l'issue des accords de la
Celle-Saint-Cloud, la statue est déplacée de quelques centaines de mètres et
entre dans le jardin de l'Hôtel du commandement militaire qui est, depuis 1959,
le Consulat Général de France [dont la dépouille depuis 1961, à la demande du
général de Gaulle, repose à la chapelle de l’hôtel des Invalides, à Paris]. »
- La statue de Lyautey à Casablanca : une image du
protectorat», www.cndp.fr, p.1.
En somme, une coexistence de
romans marocains de langue arabe et de romans marocains de langue française
constitue un panorama de sillage et de convergence d’écritures romanesques
postmoderne, comme le prouve leurs parcours historique décrits ici par Kenza
Sefrioui, Amélie Boutet, en ces
termes : « Si ces auteurs pionniers ont essuyé les attaques de la
génération suivante, [...] ils font aujourd’hui l’objet d’une réhabilitation
pour leurs talents de conteurs et de stylistes. Ils ont aussi été les premiers
à formuler une problématique [...]: celle de la tension entre identité [intertextes du moi/la patrie] et altérité[intertextes du l’autre/l’Europe coloniale]. Abdelkrim Ghallab (1919-2006), journaliste et membre du parti de
l’Istiqlal, raconte dans Dafana Al-Madi ([...] Le passé enterré,
[...] 1966) la confrontation entre un monde archaïque et un monde colonial
[...]. En 1954, en pleine lutte pour l’indépendance, Driss Chraïbi (1926-2007)
publie Le passé simple [...]. Scandale. L’auteur est poussé à renier son
roman. [...] Les années 1960 et 1970 se sont inscrites dans ce sillage. [...]
En français particulièrement, car les auteurs sont accusés d’être à la solde du
néocolonialisme [v. pan-nationalistes] [...], selon l’expression de Marc Gontard, est une manière de se
détacher [...] de l’ancien colonisateur en la réinventant [romans de langue
française dits postmodernes]. [...] En arabe aussi, des romanciers [romans de
langue arabe dits expérimentalistes ou postmodernes] comme Mohamed Berrada (né
en 1938), Mohamed Azzeddine Tazi (né en 1948) ou Ahmed al-Madini (né en 1947)
se cherchent en dehors des codes réalistes. Mohamed Choukri (1935-2003) crée
[...] Al-khubz al-hâfî (1971, [...] trad. Le pain nu), qui dit
[...] désirs et violences. Mohamed Zafzaf (1943-2001) [...]. A l’instar des
rêves d’émancipation [...], avec la poursuite du mouvement de décolonisation et
les espoirs liés à mai 1968, c’est une énergie libératrice qui s’exprime.» - «Des
littératures d’affirmation», www.biblio36.fr, pp.2-6. D’où l’exploration
parallèle des intertextes des
écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes de langue française:
1912-2019, suivante :
II. Les intertextes des écrivains et
héros des romans marocains pan-nationalistes de langue française:
1912-2019 :
En effet, entamer cette
exploration du corpus parallèle des intertextes des écrivains et héros des
romans marocains pan-nationalistes de langue française: 1912-2019, nécessite
d’en préciser les contours rappelant avec Marc Gontard : « A sa
naissance, le roman marocain de langue française est en effet un roman de
transition qui tente de donner de la réalité socioculturelle une vision de
l’intérieur en opposition avec les représentations mythiques et idéologiques
des écrivains français [...] Ce qui frappe donc, dans le premier roman de
Sefrioui, c’est un mimétisme du récit qui, par le biais de l’autofiction [...].
A la même époque, Driss Chraïbi ouvre le roman marocain de langue française à
l’expérience inverse. [...] Le Passé
simple (1954) [...] dans le contexte politique [...] Driss [son héros]
déserte pour la France, [...] semble donner des armes au colonisateur. Si le
postmodernisme émerge en France à la faveur de la crise, en traduisant une
sorte de scepticisme devant l’échec des valeurs de la modernité [...], cet état
d’esprit se radicalise depuis la chute du mur de Berlin et l’effondrement à
l’est du bloc communiste qui matérialisent ce que Lyotard appelle l’incrédulité
à l’égard des méta-récits. Problématique occidentale... certes, mais la
mondialisation ne laisse guère aujourd’hui de pays à l’écart [...], surtout pas
le Maroc dont la plupart des romanciers concernés vivent en France. C’est vrai
pour Chraïbi, depuis 1945, pour Khaïr-Eddine, depuis 1965, pour Ben Jelloun,
depuis 1971, pour Laâbi [...] revenu en France. Quant à Khatibi, [...] qui
réside au Maroc [...], sa participation au Collège International de
Philosophie, à Paris, aux côtés de J. Derrida, en font sans doute le plus
informé des romanciers marocains de langue française. [...] Mais c’est surtout
chez Ben Jelloun que la métafiction envahit l’espace du roman. [...] Si
l’auto-référence permet à l’écriture, dans une perspective postmoderne, de
marquer l’écart entre textualité et réalité, un autre aspect majeur de
l’évolution du roman marocain de langue française est la pratique du métissage
textuel, comme réponse, directe ou indirecte, à la problématique de la double
culture [des intertextes des écrivains et héros des romans marocains
pan-nationalistes de langue française].» - «Le Roman
marocain de langue française », www.limag.refer.org , p.1.
D’où notamment :
1. Les intertextes des écrivains et héros
des romans marocains pan-nationalistes transgressif de langue française:
1912-2019 :
Pour ce qui est des intertextes des
écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes transgressif de
langue française: 1912-2019, Stéphanie
Delayre remarque : «Le réseau intertextuel que convoque l’œuvre chraïbienne
est hétérogène, les jeux interdiscursifs l’ont montré : les références savantes
ou populaires, explicites ou allusives, critiques ou ludiques, en appellent à
des autorités authentiques ou fallacieuses, tissent une toile de transgression
et d’hommage [v. intertextes des écrivains et héros des romans marocains
pan-nationalistes transgressifs de langue française]. Ces autres voix,
multiples, qui se rencontrent au sein du texte chraïbien désignent le lecteur
derrière l’auteur, nourri des œuvres de ses prédécesseurs : elles confient à
l’œuvre nouvelle des traces de lectures personnelles qui sont autant de piliers
autour desquels gravite son imaginaire. Chaque nom d’auteur, de livre, chaque
chanson ou autre objet esthétique est à la fois signe et signal : ces
apparitions renvoient à une valeur, une idéologie qui les sous-tend. Mais, en
général, Gide bénéficie d’un respect total, digne d’un « Maître » ainsi que
Driss le surnomme [...]. Il n’y a pas que le procédé du roman dans le roman
pour avoir exercé sa séduction sur Chraïbi, qui partage avec l’auteur de
Paludes un certain nombre de réflexions ; quantité d’aphorismes des Faux
monnayeurs pourraient se trouver en exergue de chaque œuvre chraïbienne.» - «Intertextes»,
www.books.openedition.org , pp. 213-268. Aussi, verrons-nous, pour ce qui est du Passé simple
de Driss Chraïbi, notamment :
· L’intertexte de l’écrivain et des
héros du roman marocain pan-nationaliste transgressif du moi/la patrie postmoderne
reflet de l’autre/l’Europe coloniale, dans le Passé simple de Driss Chraïbi, Ed.
Denoël, 1954 :
De L’intertexte de l’écrivain et des héros du
roman marocain pan-nationaliste transgressif du moi/la patrie postmoderne
face à l’autre/l’Europe coloniale, dans le Passé
simple de Driss Chraïbi, Stéphanie Delayre rapporte de Marc Gontard écrivant, dans La violence du texte,
notamment : «Le passé simple est la première d’une série d’œuvres
profanatoires, ininterrompue jusqu’à présent. [...] Contrairement à Chraïbi et
ceux qui suivent sa voie, Lahbabi
reste attaché à l’humanisme traditionnel : compréhension, tolérance, refus
de la violence.» - « Driss Chraïbi, une écriture de traverse», https://books.google.co.ma , pp.233-234. D’où à titre d’exemple cet
extrait du Passé simple sur le
héros transgressif sujet à une crise de
cas de conscience hallucinante :
«La Ligne Mince [le père Haj Fatmi Ferdi]
est nette à
présent. Tout s’est brouillé
devant mes yeux [Driss Ferdi] pour qu’elle
soit très nette. Elle me dit : tu
es un Nègre. Tu es [Driss Ferdi] un Nègre depuis des générations
croisé de blanc. Tu es en passe de
franchir la ligne.
De perdre ta
dernière goutte de
sang authentiquement nègre.
Ton angle facial
s’est ouvert et tu
n’es plus crépu,
plus lippu. Tu
as été issu de
l’Orient et, de par ton
passé douloureux, tes imaginations, ton instruction, tu vas
triompher de l’Orient. Tu n’as jamais cru en Allah, tu sais disséquer les
légendes, tu penses en français, tu es
lecteur de Voltaire
et admirateur de
Kant. Seulement le
monde occidental [v. le
moi la patrie et l’autre/l’Europe coloniale] pour lequel
tu es destiné
te paraît semé
de bêtises et
de laideurs, à
peu de chose
près les mêmes laideurs et
les mêmes bêtises que tu fuis. De plus, tu le pressens hostile, il ne va pas t’accepter d’emblée.», www.tel.archives-ouvertes.fr (pp.105-106.)
· L’intertexte
de l’écrivain et des héros du roman marocain pan-nationaliste transgressif du
moi/la patrie postmoderne reflet de l’autre/l’Europe culturelle
dépersonnalisante, dans le Passé simple de Driss Chraïbi :
Toutefois, le dilemme de l’intertexte de l’écrivain et des héros du roman marocain
pan-nationaliste transgressif du moi/la patrie
postmoderne face à l’autre/l’Europe culturelle dépersonnalisante, dans
le Passé simple de Driss Chraïbi, s’inscrit, selon Stéphanie Delayre, dans sa quête identitaire
perdue, en cherchant concilier les doubles fantasmés qu’il porte en lui, en
notant : « EN
1964, Chraïbi participe à un numéro spéciale de la revue La Nef sur le racisme
dans le monde et son article, « La statue » débute sur ce récit :
reprenant l’incipit d’ «Orient des passés » Chraïbi raconte l’histoire comme datant de
son enfance, venant du « fond de [s]on
passé » [...] Si le genèse du récit « Orient des temps passés »
remonte effectivement à un drame d’enfance [...], il est préférable de
considérer que cette genèse reste hypothétique. [...] Du passé simple [...], chaque étape romanesque balise un
questionnement identitaire voué à la quête d’une synthèse. Chraïbi cherche [...] à concilier les deux univers qu’il porte
en lui : les doubles fantasmés [...] la réunification dans [...] l’antagonisme
ou la complémentarité.» - « Driss Chraïbi, une écriture de traverse»,
Op.cit., pp.289-290-384.
C’est alors que le héros en pleine
fantasmagorie culturelle la jeune fille française à l’église, faute prêtre, en
guise de confession :
«En mon âme et
conscience [Driss révolté
s’adressant], je t’ai dit, petite fille. [...] je t’entretenais de mon moi initial. [...]
Un jour, un cartable fut substitué à ma planche d’études, un costume
européen à ma djellaba. [...] D’autres commandements vinrent relayer les
anciens et, moi qui avais obéi à ceux-ci, j’obéis à ceux-là. [...] J’étais
l’un et l’autre et me contenais d’approvisionner ma haine, aidé en cela par
l’exemple de mon intelligence que l’enseignement européen développait – au
détriment de toutes mes autres facultés. Seconde étape. Que je dédaignais
également. Je ne me nourris pas de littérature.»(pp.185-189).
·
L’intertexte de l’écrivain et des héros du
roman marocain pan-nationaliste transgressif du moi/la patrie postmoderne
reflet de l’autre/l’Europe allant à Canossa dans le Passé simple de Driss Chraïbi :
Par ailleurs, l’intertexte de l’écrivain et
des héros du roman marocain pan-nationaliste transgressif du moi/la patrie postmoderne reflet de l’autre/l’Europe allant
à Canossa dans le Passé simple de Driss Chraïbi
Révèle l’échec d’une révolte individuelle et
la nostalgie d’une recherche de son identité du moi/la patrie compromise par la faute de l’autre/l’Europe
coloniale. Ce dont Ch. Demulder dénote : « Avant d’être
une littérature individualiste, l’expression
chraïbienne reste avant
tout celle du
refus de toute aliénation,
celle de la
contestation et de
l’humanisme dans toute
son ampleur. Ses
romans expriment le
souhait de ne
faire plaisir à
personne, ni aux
occidentaux, ni à
ses compatriotes, ils
témoignent uniquement d’un
profond mal de
vivre dont la
France comme le Maroc
sont responsables. C’est
donc un bilan
complet que dresse
ici Driss Chraïbi, un
inventaire qui dévoile
à la fois
les maux de
la colonisation et
les carences de sa
propre société.» - «L’élan... de
Driss Chraïbi et d’Ahmed Cherkaoui »,
www.limag. refer.org , p.22. Ainsi, avec son père, Hadj Fatmi, le héros Driss,
bachelier, assagi, va à Canossa, auprès du Sultan, feu SM Mohamed V, au palais
royal, avant de partir poursuivre ses études, en France.
+
« - Approchez, approchez dit, S.M.
Mohamed V, Sultan.
Entre nous, ce n’est pas un aigle : […], tandis que je me prosterne.
- Relevez-vous. Asseyez-vous. Parlez. [...]
-
Majesté, dit mon père, votre temps est précieux et je serai bref. […]
- Parle. […]
- Mon fils que voici…. […]
Pour ma part,
j’avais mon propre pieu, ma propre pancarte ; et il m’arrivait de penser à
mon prince, ce l’était toujours sous cette vision : […]
- Oui, mon
fils, me dit le Sultan, la Patrie t’attend, nos jeunes universitaires seront
nos armes de demain…» (pp.256-257).
2. Les intertextes des écrivains et héros
des romans marocains pan-nationalistes allusifs de langue française: 1912-20193 :
Parler
des intertextes des écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes
allusifs de langue française: 1912-20193, revient à d’abord à
préciser avec Gisèle Mathieu-Castellani à cet égard
notamment : «L’allusion [l’intertexte allusif] ne se borne pas, comme la citation,
à faire apparaître un déjà-dit, elle masque un non-dit [...] désormais pris en charge par une énonciation unifiante. [...] L’allusion est donc une citation incomplète [...], puisqu’elle convoque, non un texte déterminé et limité [...] mais
un corpus souvent hétérogène [...]. Dans le régime allusif [v. le cas ici le roman de Tahar Ben
Jelloun], le texte porte inscrit
en filigrane un motif [...], le statut d’un code autorisant un décodage du
message.» - « Intertextualité et allusion : le régime allusif chez Ronsard »,
www.persee.fr , p.28. D’ailleurs Lada Zabenska y dénote : « Si nous étudions le texte
de Tahar Ben Jelloun, nous remarquons maintes citations d’intertextes arabes,
européens et même asiatiques. Ils viennent de cultures et d’époques
différentes. Quelques-uns de ces intertextes ont un lien commun: le
fantastique, mais cela ne vaut pas pour tous. Outre les citations, le roman
contient des allusions [l’intertexte allusif] qui sont implicites et de ce fait souvent
difficiles pour un lecteur européen à dévoiler. C’est pourquoi nous allons nous préoccuper surtout
par les intertextes explicitement présentés dans le récit. Parmi les
œuvres citées par
Ben Jelloun, nous
trouverons d’abord des
intertextes d’origine
européenne et maghrébine qui contiennent des
éléments fantastiques ou
merveilleux: l’ambiance mystique dans Hamlet, l’atmosphère onirique
d’Ulysse, des histoires et objets merveilleux des Milles et Une Nuits
(un tapis volant, une pomme qui guérit) ou le fantastique de
certains contes du
cycle La Comédie humaine (par
exemple La Peau de chagrin).», à
savoir dans La
Nuit sacrée : « Un
jeune étudiant lisait Hamlet en marchant et gesticulant. » (. 37), « Il y avait même une très jeune fille
qui se balançait sur un trapèze et récitait Ulysse (p.98), « Dans
une pièce [...], de belles femmes, toutes habillées en
Schéhérazade, se proposaient de
raconter chacune une
partie des Milles et Une
Nuits. (p. 98), etc.» - «Les motivations du fantastique dans La Nuit
sacrée de Tahar Ben Jelloun: Une fonction esthétique ou pratique », www.is.muni.cz, p.36. D’où donc ici :
· L’intertexte de l’écrivain et héros du roman
marocain pan-nationaliste postmoderne allusifs patrimoiniques de langue
française dans La nuit
sacrée, Tahar Ben Jelloun, Ed. Seuil, 1987 :
Né en 1947 à Fès, au Maroc, Tahar Ben Jelloun est un
écrivain, poète et peintre franco-marocain. Professeur de philosophie, il part
pour la France, n'étant pas formé en arabe et s'installe à Paris pour
poursuivre des études de psychologie. En 2008, il est élu membre de l'Académie Goncourt, à la
place de François Nourricier, démissionnaire. Il est l’auteur de : Harrouda
(1973), Moha le fou, Moha le sage (1978), La Prière de l'absent
(1981), L’Enfant de sable (1985), La Nuit sacrée (1987), etc. Aussi verra-t-on à titre d’exemple :
Sur
la grande place, un vieillard conteur, Bouchaïb,
narrant les confessions de l’héroïne, elle-même présente, déguisée sous une
vieille djellaba, dans le cercle des auditeurs :
« Après
sa confession, le conteur [v. intertexte pan-nationaliste allusif aux Milles et Une
Nuits] avait de nouveau disparu. Personne n’avait essayé de le retenir
ou de discuter avec lui. Il s’était levé, ramassant son manuscrit jauni, lavé
par la lune, et sans se retourner, il s’était fondu dans la foule. [...]
J’étais là [Zahra, l’objet du récit], enveloppée dans ma
vieille djellaba [déguisement à la place de son habillement européen]
; je l’observais et ne disais rien. Et qu’aurais-je pu dire pour lui témoigner
mon affection ? Quel geste aurais-je dû faire sans trahir le secret qu’il
gardait et dont j’étais l’incarnation? [plus loin et par la suite] Un
autre jeune homme [s’adressant à la femme conteuse et danseuse, sur la
grande place]:
– Un
conte est un conte, pas un prêche ! Et puis, depuis quand des femmes [v.
Schéhérazade, intertexte pan-nationaliste allusif de l’écrivain et
héros du roman marocain de langue française] qui ne sont pas encore âgées
osent-elles s’exhiber ainsi ? Vous n’avez ni père, ni frère ou mari pour vous empêcher
de nuire?» (pp.6-11).
Au
fait des fonctions de l’intertexte de l’écrivain et des héros du roman marocain
pan-nationalistes postmoderne allusifs de langue française dans La nuit sacrée,
Tahar Ben Jelloun, Lada Zabenska indique : « En ce qui concerne
Tahar Ben Jelloun, la motivation réaliste [fonction géo-historique
de intertextes des écrivains et héros
des romans marocains pan-nationalistes allusifs de langue française] est très
forte: il ose critiquer
la société et
ses mœurs et
règles basées sur
les principes islamiques,
parler de l’amour inceste ou présenter
un meurtre comme
un acte justifié [fonction patrimonio-islamique de l’intertextes
de l’écrivains et héros du roman marocain pan-nationaliste allusif de langue
française]. Mais nous tenons à remarquer que
non pas chaque fois
qu’il lui faut
le discours fantastique [[fonction patrimoinique de l’intertextes
de l’écrivain et héros du roman marocain pan-nationaliste allusif de langue française]] pour
pouvoir se permettre de parler
des tabous, dans certains cas
le discours devient
assez réaliste sans se soucier
des opinions d’autrui. [...] Tahar Ben Jelloun combine ces deux fonctions très
habilement pour créer avec raffinement une œuvre engagée avec une identité
originale [le moi/la patrie] qui combine deux identités auparavant
incompatibles: européenne et maghrébine [v. marocaine], moderne et
traditionnelle..» -
Op.cit., pp.42-43. D’où
également cet extrait de La Nuit
sacrée de T. Ben Jelloun :
·
L’intertexte
de l’écrivain et des héros du roman marocain pan-nationalistes postmoderne
allusif géo-historique de langue française dans La nuit sacrée, Tahar Ben Jelloun,
Ed. Seuil, 1987 :
Ici, dans la Nuit sacrée de T. Ben Jelloun, le héros du roman marocain
pan-nationaliste allusif semble
vivre en quête identitaire postmoderne à travers une photographie romantique relative
à l’époque coloniale, à cheval entre son moi/la patrie et l’autre/l’Europe
coloniale des colons et leurs laquais indigènes makhzanien, de 1922, abstraction
faite de la guerre du Rif, en cours.
«La place était déserte. [...] Je [Zahra, l’héroïne] partis sans me retourner, attirée
par les gestes amples et gracieux d’un jeune homme qui déballait une malle. Il
en sortait des objets disparates en les commentant, dans le but de reconstituer
une vie, un passé, une époque :
– Nous avons là des bribes d’un destin. [...] Tiens, une photographie. Le temps a fait son
travail. Une photo de famille signée « Lazarre 1922 ». C’est le père –
peut-être grand-père – qui se tient au milieu. Sa redingote est belle. Ses
mains sont posées sur une canne en argent. [...] Sa femme est assez effacée. [...] Une jeune femme est debout, un peu isolée. Elle est
belle. Elle est amoureuse. Elle pense à l’homme de son cœur. Il est absent, en
France ou aux Antilles. J’aime imaginer cette histoire entre cette jeune femme
et son amoureux. Ils habitent à Guéliz. Le père est contrôleur civil dans
l’administration coloniale. Il fréquente le pacha de la ville, le fameux Glaoui.» (pp.7-11).
·
L’intertexte
de l’écrivain et des héros du roman marocain pan-nationalistes postmoderne
allusifs patrimonio-coranique de langue française dans La nuit sacrée, Tahar Ben Jelloun, Ed. Seuil, 1987 :
De l’intertexte de
l’écrivain et des héros du roman marocain pan-nationalistes postmoderne
allusifs patrimonio-coranique de langue française dans La nuit sacrée, Tahar Ben Jelloun, citons
notamment l’extrait suivant :
« Je
viens du Sud [du Sahara marocain], je viens du crépuscule, je descends de la
montagne [de l’Anti-Atlas], j’ai marché, j’ai dormi dans des puits, j’ai traversé les nuits et les sables, je
viens d’une saison hors du temps, consignée dans un livre [v. préambule patrimoinique
d’un conteur], je suis ce livre jamais ouvert, jamais lu, écrit par les
ancêtres, gloire à eux, les ancêtres qui m’envoient pour vous dire, vous
prévenir, vous dire et vous dire. N’approchez pas trop. Laissez la brise lire
les premières lettres du livre. [...] Faites le silence et écoutez-moi :
il était une fois un peuple de Bédouins, caravaniers et poètes, un peuple rude
et fier qui se nourrissait de lait de chamelle et de dattes [les Arabes de
l’époque préislamiques] ; gouverné par l’erreur, il inventait ses dieux
[polythéistes]… Certains de peur du déshonneur et de la honte se débarrassaient
de leur progéniture femelle; ils la mariaient dans l’enfance ou l’enterraient
vivante [coutumes païenne de certaines tribus arabes infanticides]. À ceux-là
fut promis l’enfer éternel. L’islam les dénonça. Dieu a dit : « Parmi les
Bédouins qui vous entourent et parmi les habitants de Médine, il y a des
hypocrites obstinés. Tu ne les connais pas ; nous, nous les connaissons. Nous
allons les châtier deux fois, puis ils seront livrés à un terrible châtiment. »
[v. intertexte du roman marocain pan-nationaliste allusif coranique, Sourate
IX verset 101] Si je parle
aujourd’hui par versets et paraboles, c’est parce que j’ai longtemps entendu
des paroles qui ne venaient pas du cœur, qui n’étaient écrites dans aucun livre
mais provenaient des ténèbres qui perpétuaient l’erreur.…»
(p.10)
Bref, Latevi Edem Kodjo résume les intertextes de l’écrivain et des héros du roman marocain pan-nationalistes
postmoderne allusif de langue française dans La nuit sacrée, Tahar Ben
Jelloun, en ces termes :
«En effet, La Nuit sacrée est articulée sur le modèle du conte populaire [l’intertexte allusif patrimoinique]. [...] Une crise identitaire qui se veut celle du peuple marocain [le moi/patrie] qui plus est celle du Maghreb [l’autre/Europe coloniale]. Zahra a longtemps été privée de son identité féminine [intertexte allusif géo-historique] et réduite au silence à l’image des populations du Maghreb [v. du Maroc]. [...] Ainsi au travers de l’intertextualité [les intertextes allusifs] surtout et d’autres formes transtextuelles Tahar B. Jelloun Théorise la thématique de la « nuit » [...]. Thème emprunté au Coran [intertexte patrimonio-coranique] avec lequel d’ailleurs son texte nourrit plus de relations, «la nuit» est libératrice et porteuse d’espoir chez Tahar B. Jelloun. Ce qui explique sa sacralité [v. dans l’Islam] comme l’indique le titre de l’œuvre « La Nuit sacrée » [v. Laylat al-Qadr, La Nuit du 27e jour du Ramadan, Nuit où Le Coran est descendu sur le Prophète Muhammad, PSL : in Sourate II, 185, al Baqara, La Vache.]. » - «Une lecture de La Nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun: la conclusion d’une recherche universitaire », www.web cache.googleusercontent.com, p.1. S’en suit dans le corpus des écrivains et des héros du roman marocain pan-nationalistes dénégatifs de langue française dans la Mémoire tatouée de Khatibi, suivant de langue française :
«En effet, La Nuit sacrée est articulée sur le modèle du conte populaire [l’intertexte allusif patrimoinique]. [...] Une crise identitaire qui se veut celle du peuple marocain [le moi/patrie] qui plus est celle du Maghreb [l’autre/Europe coloniale]. Zahra a longtemps été privée de son identité féminine [intertexte allusif géo-historique] et réduite au silence à l’image des populations du Maghreb [v. du Maroc]. [...] Ainsi au travers de l’intertextualité [les intertextes allusifs] surtout et d’autres formes transtextuelles Tahar B. Jelloun Théorise la thématique de la « nuit » [...]. Thème emprunté au Coran [intertexte patrimonio-coranique] avec lequel d’ailleurs son texte nourrit plus de relations, «la nuit» est libératrice et porteuse d’espoir chez Tahar B. Jelloun. Ce qui explique sa sacralité [v. dans l’Islam] comme l’indique le titre de l’œuvre « La Nuit sacrée » [v. Laylat al-Qadr, La Nuit du 27e jour du Ramadan, Nuit où Le Coran est descendu sur le Prophète Muhammad, PSL : in Sourate II, 185, al Baqara, La Vache.]. » - «Une lecture de La Nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun: la conclusion d’une recherche universitaire », www.web cache.googleusercontent.com, p.1. S’en suit dans le corpus des écrivains et des héros du roman marocain pan-nationalistes dénégatifs de langue française dans la Mémoire tatouée de Khatibi, suivant de langue française :
3. Les
intertextes des écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes dénégatif
de langue française: 1912-20193 :
En vue de saisir les intertextes des
écrivains et des héros des romans marocains pan-nationalistes dénégatifs de
langue française: 1912-20193, dans la Mémoire tatouée d’Abdelkebir Khatibi,
notons, selon Massimiliano Sommantico au sujet le pacte dénégatif : «
Comme tout lien, celui de couple est aussi fondé, comme nous le dit René Kaës,
sur des accords inconscients, qui forment le socle inconscient du couple [v. ici
le moi/la patrie et l’autre/l’Europe].
[...] C’est donc un lien où, par cette altérité de l’autre, on retrouve [...]
une dimension de nouveauté liée proprement à la rencontre [le moi/l’autre]. Ce
qui unit alors le couple son des aspects communs [chez Khatibi : l’identité/la différence]., « des
zones d’indifférenciation, de l’imaginaire de l’Un [le moi/la patrie] , mais
aussi des espaces et des objets partagés, qui sont à la fois ni absolument à
l’un ni absolument à l’autre [l’autre/l’Europe], et qui sont cependant à l’un
et à l’autre [le moi/l’Occident] .» - « Sur le dévoilement d'un pacte
dénégatif… en psychothérapie psychanalytique de couple », www.cairn.info, pp. 159-169. Dans cette optique, observons
l’intertexte de l’écrivain et des héros des romans marocains pan-nationalistes
dénégatifs de langue française dans la Mémoire tatouée de Khatibi,
suivant :
· L’intertexte marocanité/occidentalité de
l’écrivain et du héros du romans marocain pan-nationaliste dénégatifs de langue
française dans La mémoire tatouée, Abdelkébir Khatibi, Ed. Denoël, 1971 :
En fait, l’intertexte marocanité/occidentalité
de l’écrivain et des héros du romans marocain pan-nationaliste dénégatifs de
langue française dans La mémoire tatouée, Abdelkébir Khatibi, Ed. Denoël, 1971,
se révèle précisément à travers cette remarque globale de Fatima Ahnouch :
«Le concept [v. ici
dénégatif] de l’« identité aveugle » et de la « différence sauvage» [...]
que Khatibi associe aux questions de la culture et de
l’identité [...] a pour but de « décoloniser »
« l’être [...] » contre l’illusion de clôture. La
Mémoire Tatouée est, en ce sens et d’après son auteur,
l’ »autobiographie d’un décolonisé » (p.3). [...] Le récit dans La
Mémoire Tatouée, [...] met en valeur la pluralité qui fonde la culture
marocaine: "profondément habitée par son passé préislamique, par l'Islam,
par l'arabité, par la berbérité [le moi/la patrie] (et) par l’occidentalité [marocanité/occidentalité],
au moment même où la problématique culturelle de l'identité et de la différence
concerne aussi bien le Maghreb [le Maroc] que l'Occident. [v. ici l’intertexte
de l’écrivain et des héros du roman marocain pan-nationaliste dénégatif de
langue française chez A. Khatibi]» - «Abdelkébir
Khatibi, la langue, la mémoire et le corps : L'articulation de
l'imaginaire culturel », www.google. com,
p.8. En est témoin l’extrait de La Mémoire Tatouée suivant :
«Les Français qui nous colonisaient, dit
ma mère, ressemblent, au moment de l'Indépendance, aux enfants séparés du sein
maternel. [...] Aïcha est le nom même de ma mère et nos femmes
brodent à loisir sur le fantastique pour dire non à la religion des hommes.
Quand elles te disent: l'inconscient est maternel, réponds: je suis patriarche
et ordonne le système. [...] Orphelin d'un père disparu et de
deux mères. Aurais-je le geste de la rotation ? Est-ce possible, le portrait d'un
enfant? Car le passé
que je choisis maintenant comme motif à la tension entre mon être et ses
évanescences se dépose au gré de ma célébration incantatoire, elle-même
prétexte de ma violence rêvée jusqu'au dérangement ou d'une quelconque idée
circulaire. Qui écrira son silence, mémoire à la moindre rature? [...] Qui
dira mon passé dans l'effacement d'une page, qui saura varier l'obscurité au
seul arrachement d'ailes? Plus que mon vouloir, le voici, le souvenir plaintif,
le voici libre de sa figure! Durée de lierre qui ne trahisse pas l'enfant que
j'étais, l'enfant fertile qui n'est pas mort en moi!" (p. 18)
"Certes, Occident, je me scinde, mais mon identité est une infinité de
jeux, de roses de sable, euphorbe est ma mère, désert est ma mère, oasis est ma
mère, je suis protégé, Occident!" (pp. 12-173). A cela s’oppose d’ailleurs :
· L’intertexte école coranique/école française de
l’écrivain et du héros du romans marocain pan-nationaliste dénégatifs de langue
française dans La mémoire tatouée, Abdelkébir Khatibi, Ed. Denoël, 1971 :
Quant à l’intertexte école coranique/école française de l’écrivain et du
héros du romans marocain pan-nationaliste dénégatifs de langue française dans
La mémoire tatouée, Abdelkébir Khatibi, Chedlia Jedidi observe : « L’école constitue
d’ailleurs pour le colonisateur le
moyen ultime de domination.
Elle contribue à
remplacer l’appartenance
identitaire première du
colonisé, que l’oppresseur
travaille à éjecter, par
des données culturelles
qui lui sont
propres. L’unité identitaire se retrouve
alors en proie
à une dualité
irréversible, privée d’un ordre
identitaire archétypal et
intelligible, car située par l’histoire aux confins de deux
mondes. » - « La quête de l’identité entre rejet et
assimilation dans La Mémoire tatouée ... d’Abdelkébir Khatibi», www.isln. rnu.tn, p.19. A savoir l’antagonisme qu’en dépeint
l’extrait de La mémoire tatouée, suivant :
«Mon père
passa sa vie entre Dieu et l’argent. [...]
J’arrivais en troisième position [des fils aînés] : mon père accepta de m’expédier à l’école
franco-marocaine, je devins la conscience dégradée, donnée à la mécréance. [...] La petite planche [de l’école coranique] sur laquelle devait se développer
mon savoir resta longtemps blanche; [...]; je posais la planche sur mes
genoux, comme un symbole inutile » [...]
« Le
musée des morceaux choisis d’où partait le discours suivant : parler dans nos
rédactions de ce qui se disait dans les livres, du bois brûlant dans la
cheminée, sous le regard
malin de Médor [...]. Médor
s’abritait sous un nom arabe.
Cela ne changeait
rien à notre culpabilité, on se sentait des enfants
conçus en dehors des livres, dans un imaginaire anonyme [...]. A
l'école, un enseignement laïc, imposé à ma religion; je devins triglote, lisant
le français sans le parler, jouant avec quelques bribes de l'arabe écrit, et
parlant le dialecte comme quotidien. [...]
Je voulais plaire au professeur français, puisque par corneille je
serais entré dans l’éternité de l’autre. L’Occident nous offrait ses paradis, [...]
le drame finissant ou non en queue de poisson, j’étais déjà en haut avec Corneille.» (pp.18-56)
· L’intertexte du Maroc mythique/Occident parabolique
de l’écrivain et du héros du romans marocain pan-nationaliste dénégatifs de
langue française dans La mémoire tatouée, Abdelkébir Khatibi, Ed. Denoël,
1971 :
A propos de l’intertexte
du Maroc mythique/Occident parabolique de l’écrivain et du héros du romans
marocain pan-nationaliste dénégatifs de langue française dans La mémoire
tatouée, Abdelkébir Khatibi, Ed. Denoël, Chedlia Jedidi restitue : «Le dispositif
colonial s’est ainsi
lancé dans un mécanisme
de néantisation des racines
culturelles de l’individu colonisé en essayant de lui
confisquer son histoire et de dénaturer la légitimité de son identité
culturelle. [...] En effet, afin
d’assurer une supériorité
garante de sa domination, le
système colonial place le colonisé
dans un espace identitaire vidé
de toute mémoire
culturelle. Dès lors,
n’ayant aucun groupe d’appartenance par
rapport auquel il
pourrait se définir, le colonisé
se retrouve contraint de se contenter de miettes de culture, d’une histoire
usurpée et d’une identité bafouée. , pp.18-19. D’où le double portrait du Maroc mythique et l’Occident
parabolique, dans l’extrait du même roman suivant :
« Près de
la lagune [d’El Jadida, Mazagan], vienne
la polyphonie d'une
histoire désertée, je nomme
la forteresse portugaise,
où les oiseaux piquent droit
dans l'eau, vienne
mon enfance rebondissante
sur la barque de
mon oncle Kiffé,
pêcheur par moments,
et il allait de soi, sur des petites vagues ".
[...] Ma
mère contemplait, sur
la lune, la
figure du roi exilé [SM le roi
Mohamed V : 1953-1956].
Poursuivant sa recherche,
elle finissait par
y voir toute la
famille royale [v. le Maroc mythique], je
ne lui en
voulais pas d'expliquer
les choses à sa
manière , car ma
mère avant de
s'envoler, pouvait tout me
dire. Explosion de
bien des légendes,
longtemps endormies ! Cette puissance
onirique protégeait notre
évasion dans l'histoire. [...] Au bout de la parabole, il y avait le même terrain
vague de la culture,
j'avais les yeux
ouverts au coeur
de la France idolâtre et je disais : Occident [v. l’Occident parabolique], tu m'as
écharpé, tu m'as arraché le noyau de
ma pensée [v. pan-nationaliste]. Occident,
j'allongerai ton corps d'albâtre, vrai de vrai, rien, néant
de rien, rien. Je l'allongerai sur un
tronc d'arbre, par
l'ondulation de ma
main retenue à la
déchirure de ta robe.». (pp. 55-186)
En somme, de ces intertextes des écrivains et héros des romans marocains
pan-nationalistes dénégatifs dans le roman de langue française La mémoire tatouée, Abdelkébir
Khatibi: 1912-20193, Boniface
Mongo-Mboussa
conclut :
« Abdelkebir Khatibi, qui exécrait la littérature « pour sous-développés
», échappe à ce défaut. Il entre en littérature avec une autobiographie qui «
démobilise l’anecdote », célèbre le dialogue Orient/Occident [...]. Khatibi le
convoque, dans [...] La mémoire tatouée, où il invite le lecteur à se
décoloniser «de l’identité et de la différence folle», en passant par Le
Maghreb [v. le Maroc
mythique] pluriel où il renvoie dos à dos Frantz Fanon et l’Europe [l’Occident
parabolique], pour mieux célébrer ce qu’il appelle l’universalisme polycentrique [v. pan-nationaliste].» - «Édouard
Glissant entre Derrida et Khatibi », www.africultures.com , p.1.
4. Les intertextes des écrivains et héros
des romans marocains pan-nationalistes dénégatif de langue française:
1912-20193 :
Né en 1941, à
Tafraout, et en 1995, à Rabat, Mohammed Khaïr-Eddine est un écrivain poète et
romancier marocain. Après des études secondaires, à Casablanca, il occupe un
emploi dans la fonction publique. Il collabore aux années 60, à la revue
Souffles, animée par Abdelatif Laâbi. Il s’installa en France, (1966). Il est
l’auteur de : Agadir (1967), Histoire d’un bon dieu (1968),
Soleil arachnide (1969), Moi l’Aigre (1970), Le Déterreur (1973),
Ce Maroc ! (1975), Il était une fois un vieux couple heureux,
posthume (2002), etc.
· L’intertexte du Marocains migrant/Occident dégradant
de l’écrivain et du héros du romans marocain pan-nationaliste de langue
française dans Il était une fois un vieux couple heureux, Mohammed
Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002 :
De l’intertexte du Marocains
migrant/Occident dégradant de l’écrivain et du héros du romans marocain
pan-nationaliste de langue française dans Il était une fois un vieux couple
heureux, Mohammed Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002, El Houssaini Lahoussine
dénote : «Lui-même émigrant et fils d'émigrant, puisqu'il est né à
Tafraout (en 1942) alors qu'il a grandi à Casa auprès d'un père commerçant, en
même temps qu'il a vécu l'exil en France, Mohammed Khaïr-Eddine n'a pas échappé
aux empreintes de cette migration qui a marqué aussi bien son style amer que
son tempérament « aigre ». En effet, il entame le chapitre préliminaire de son
œuvre par un tableau de désolation frôlant la mort où la vie sauvage et hostile
supplante des maisons de pierres sèches qui plus récemment encore grouillaient
de vies humaines. » - «L'image du migrant dans le roman «Il était une fois
un vieux couple heureux » de Mohammed Khaïr-Eddine», www.marocagreg.com , p.1. Ainsi
en citerons-nous à titre d’exemple l’extrait suivant de ce roman :
«L’homme [Bouchaïb, migrant pan-nationaliste]
avait longtemps sillonné le Nord et même une partie de l’Europe [v. l’Occident
Eldorado], disait-on, à la recherche d’une hypothétique fortune qu’il
n’avait pas trouvée. [...] On les aimait parce qu’ils n’avaient pas
d’enfants, aucun litige avec les gens [...]. Beaucoup [de voisins migrants] quittaient le
pays et allaient s’échouer dans un quelconque bidonville du Nord. Ils ne
revenaient plus au village. Les plus chanceux étaient engagés en Europe comme
mineurs de fond. [...] Leurs enfants, incultes comme eux, rééditèrent le
même topo en l’amplifiant. Ils constituaient désormais l’essentiel de la
population délinquante et carcérale des pays d’Europe [v. Occident
dégradant], car le trafic de stupéfiants et le vol étaient le seul
métier où ils excellaient. Un métier à la portée des exclus de la société
industrielle, qui rejetait ces indésirables en des banlieues surpeuplées,
dangereuses et sinistres. (p.59)
Puis de la même façon,
observerons-nous l’intertexte :
· L’intertexte du Maroc islamique/modernisant
et l’Occident colonial/déculturant de l’écrivain et du héros du romans marocain
pan-nationaliste de langue française dans Il était une fois un vieux couple
heureux, Mohammed Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002 :
A l’intertexte du Maroc
islamique/modernisant et l’Occident colonial/déculturant de l’écrivain et du
héros du romans marocain pan-nationaliste de langue française dans Il était une
fois un vieux couple heureux, Mohammed Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002,
correspond la vision qu’en restitue Gaëlle Gillot en notant : «Très vite
après son arrivée au Maroc, Lyautey s’entoure de professionnels modernistes [...] de l’urbain,
afin d’imprimer sur le territoire marocain la marque de la civilisation et de
la domination françaises et de permettre aux [...] français [...] de
s’installer dans des
conditions optimales. La séparation
entre la ville
européenne et la
ville indigène est
tout de suite
reconnue [...].Tout d’abord pour Prost [Henri
Prost], la ville indigène n’est culturellement pas adaptée aux
Européens. [...] Le
drapeau de la
France [...] ne signifie
pas seulement l’orgueil des victoires remportées et des terres conquises.
Il est le
symbole d’une certaine
forme de civilisation,
d’une conception de l’homme, de tout un ensemble de valeurs spirituelles».
[...]
C’est pourquoi
Thérèse Danger signale
qu’une seule chose
pourra faire comprendre
à l’indigène les
travaux des Français
: « son éducation,
son élévation morale
et intellectuelle ». [...] La tradition
indigène est vue comme contraire à la modernité et à la
salubrité. [...] La juxtaposition des
deux villes [...] répondait
à la fois
à des préoccupations [...] de
domination économique, culturelle et politique.» - «La ville nouvelle
coloniale au Maroc : moderne, salubre, verte, vaste», www.halshs.archives-ouvertes.fr, pp.2-15.
D’où l’extrait du roman qui
suit :
«Le
Prophète a bien dit : « Ô gens ! Allez chercher le savoir jusqu’en Chine. Dieu
Seul est Omniscient.» [Hadith, Traditions, actes et paroles du Prophète
Muhammad, PSL : 570-632] L’homme quant à lui naît tout nu, ajouta
Bouchaïb. [...] Hélas ! depuis 1492 [la Chute de Grenade], les
Arabes reculent. [...] Mais où sont donc passés les Almoravides [Dynastie
marocaine de : 1042-1147], les Almohades [Dynastie
marocaine de : 1130-1269], ces grands ancêtres? Ibn Khaldoun [1332 -1406 : sa préface de
la Muqaddima, ou Les Prolégomènes] l’a bien dit : « Ida ouribat khouribat, wa ida
khouribat lam touskan.» [« Quand une maison ou une cité est arabisée,
elle se délabre, et quand elle est délabrée, elle n’est pas habitable]». [...]
À l’institut [moderne], ce serait différent. Ils pourraient
s’habiller [...] même en costume européen, ce qui dénotait le degré de
tolérance des institutions. À la medersa [institut traditionnel],
[...] l’imam [...] évitait les punitions dégradantes [...].
Au fond, il était si fier de ses quelques disciples [...]. Il ne leur
enseignait pas seulement le dogme, le Hadith, Ibnou Achir [auteur
malékite, andalou-fassi du Matn, [poème exégétique : 909-1040],
la Borda [Al-Burda, poème apologétique du Prophète Muhammad, PSL de l’Imam
al-Busiri : 1212-1294] et les écrits des exégètes, mais encore la
grammaire arabe, l’astronomie, les mathématiques, l’histoire et la poésie.» (p. 53)
Concernant l’intertexte Maroc
islamique/modernisant face à l’Occident colonial/déculturant chez Mohammed
Khaïr-Eddine, Mohamed Es Sbaï avise :
« De sa part, Mohammed Khair-Eddine dans son roman [...] actuellement au
programme au secondaire, soulève avec acuité le thème de la modernité et
dévalorise la société traditionnelle. [...] Certains intellectuels voient dans
la figuration du « moi » dans ces romans un aspect de modernité, une bouffée de
liberté d’expression et de droits de l’Homme, un rejet des symboles de la
culture archaïque et sclérosée qui entérinent le despotisme et l’arbitraire [le
Maroc archaïque/ modernisant]. Les défenseurs de ces romanciers interdisent
toute interprétation allant à l’encontre de leur thèse sous prétexte que
l’artiste ne fait que dénoncer l’injustice et l’hypocrisie de la société
marocaine. D’autant plus qu’il s’agit d’œuvres de fiction qui n’ont pas à respecter
les valeurs de la société. D’autres, au contraire, y voient une «conspiration» [l’Occident
colonial/déculturant] contre notre identité nationale et contre l’Islam[le
Maroc islamique/modernisant].» - «L’expression du moi dans le roman marocain
d’expression française?», www.oujdacity.net, p.1. Parallèlement, se profile l’intertexte le
Maroc/cosmos coranique et l’Occident/cosmos astronomique, dans Il était une fois un vieux couple heureux,
Mohammed Khaïr-Eddine :
· L’intertexte du Maroc l’intertexte le
Maroc/cosmos coranique et l’Occident/cosmos astronomique de l’écrivain et du
héros du romans marocain pan-nationaliste de langue française dans Il était une
fois un vieux couple heureux, Mohammed Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002 :
« Ils
étaient une fois de plus sur la terrasse. L'été tirait presque à sa fin. Les
moissons avaient été bonnes, la récolte des olives et des amandes aussi. Comme
toujours, la vieille préparait son tagine pendant que le Vieux fumait et
sirotait du thé. Et, comme toujours en été, l'espace était splendide. Des
milliards d'étoiles illuminaient le firmament. De temps à autre, une météorite
fendait l'atmosphère en un trait rouge qui s'évanouissait rapidement. « Dieu
est en train de lapider le Diable... », disaient les Anciens à la vue des ces
phénomènes cosmiques. Bouchaïb ne croyait pas à cela. Il connaissait bien
l'astronomie. Il avait lu tant et tant de livres qu'il eût écrit lui-même si le
sort ne s'en était mêlé... Mais il ne regrettait rien. Ses poésies berbères
qu'on lirait peut-être un jour étaient son unique plaisir. Mais qui s'occupait
de la poésie berbère ? »
(p.48)
Pour clarifier
l’intertexte le Maroc/cosmos coranique et
l’Occident/cosmos astronomique de cet extrait du roman Il était une fois un
vieux couple heureux de Khaïr-Eddine, il suffit de revisiter,
avec Charles Bonn et Xavier Garnier,
l’historique colonial du roman marocain de langue française, en
notant : «Pour les [...] pays [v. le Maroc] anciennement
colonisés par la France, [...] il s’agit de
littératures beaucoup plus
récentes [...]. Et de fait cette mémoire [du moi/ la patrie,
l’autre/l’Europe coloniale] , que partagent les textes et leurs lecteurs,
est essentielle pour que s’établisse tout un jeu de références intertextuelles
implicites. [...] Ainsi [...] Abdelkebir Khatibi a-t-il pu montrer
que l’intérêt [...] pour [...] cette littérature [...] était en partie celui
de militants anticolonialistes [...] désireux d’opposer
au discours d’hégémonie
coloniale la preuve de l’existence d’une culture colonisée
[Le Coran/les livres profanes] . (p.8) [...] Au
Maghreb [...], les premiers
écrivains francophones [...] rencontrent
[...] un accueil
mitigé [perte d’identité/quête
d’identité] [...] de leurs compatriotes. (pp.8-9) [...] Les traits
postmodernes que révèle aujourd’hui le roman marocain, [...] sont
la pratique de
l’auto-référence, la mise
en oeuvre de
dispositifs hétérogènes [...] ainsi que le
recours à la réécriture et au pastiche. (p.120) [...] Si
l’auto-référence permet à
l’écriture, dans une
perspective postmoderne, de
marquer l’écart entre textualité
et réalité, un autre aspect majeur [modernité/quête d’identité] [...] du roman
marocain de langue française est la pratique du métissage textuel, comme
réponse, [...] à la problématique de la double culture [le moi/la patrie
et l’autre/la France coloniale]. [...] C’est ce
qu’affirmait Khaïr-Eddine [...] peu avant
sa mort, c’est
ce que la
prochaine décennie nous
permettra sans doute
d’apprécier.» - «Les littératures francophones», www.limag.com, pp.2-121. Observons en dernier
l’extrait suivant
· L’intertexte du Maroc l’intertexte le Maroc/le
résistant et l’Occident/l’occupant de l’écrivain et du héros du romans marocain
pan-nationaliste de langue française dans Il était une fois un vieux couple
heureux, Mohammed Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002 :
Contrairement
à ce que dénie Nadia Miskowie, l’intertexte du Maroc l’intertexte le Maroc/le
résistant et l’Occident/l’occupant de l’écrivain et du héros du romans marocain
pan-nationaliste de langue française dans Il était une fois un vieux couple
heureux, Mohammed Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002, se maintient clairement dans
le récit, à savoir selon celle-ci : «Le choix du roman
n’était pas tout à fait anodin. C’est d’une part le genre le plus populaire en
France, et des auteurs Marocains tels qu’Abdellatif Laâbi, Tahar Ben Jelloun,
Driss Chraïbi, ou
Mohammed Khaïr-Eddine, [...], étant
la plupart du temps publiés par des maisons d’édition française, il s’agissait parfois de se plier aux exigences
de l’offre. [...] Des auteurs comme l’algérien Mouloud Mammeri ou le
marocain Mohammed Khaïr–Eddine ont beaucoup
travaillé à partir des contes,
légendes et poésies amazigh, et l’on retrouve de nombreux éléments de ce qui
est désigné comme folklore dans le roman marocain d’expression
française et devrait être considéré de façon plus systématique comme
littérature marocaine précoloniale. [...] La question de l’indépendance, ou plutôt des
évènements la précédant n’est abordée que parce que Bouchaïb [le héros
de : Il était une fois un vieux couple heureux, Mohammed
Khaïr-Eddine, Ed. Seuil, 2002] se questionne sur le monde moderne. [...] Dans
chaque cas, le quotidien du narrateur prend le pas sur l’évènement historique. [...]
Ce traitement de l’élément historique est ainsi beaucoup plus réaliste. [...] L’élément
historique vient ainsi renseigner la vie des personnages, et non l’inverse. »
- «Nationalisme et littérature
francophone au Maroc: Genèse d’une littérature indépendante », www.digitalcommons.lsu.edu, pp.61-190. En est la
preuve l’extrait du roman de Khaïr-Eddine, lui-même, suivant :
« Mais qu’est-ce vous nous
dites là ? Des gens d’ici seraient-ils recherchés par la police ? Mis
qu’ont-ils donc fait et qui sont-ils? » Un mokhazni armé d’un M.A.S 36 était venu ce
jour-là à la mosquée accompagné du mokaddem. Il exhibait une liste de noms de
gens recherchés à Casablanca pour faits de résistance – ce qu’on appelait le
terrorisme à l’époque. Et c’est en qualité d’Anflouss que Bouchaïb le reçut.
Dans toutes les villes du Nord la résistance à l’occupant est très active. Il y avait des attentats à la bombe, des
rafles massives et des exécutions sommaires. Les traîtres étaient châtiés sans
pitié mais les fidaïns payaient de leur vie exploits. Comme Zerktouni ou Allal
Ben Abdallah... Certains commerçants nationalistes qui aidaient financièrement
la résistance étaient connus des services secrets [...] ils
s’étaient fondus dans la nature. [...] Le cheikh était lui-même un résistant notoire,
il militait pour l’indépendance. [...] Le mokhazni repartit sans avoir
obtenu le moindre renseignement ni le
plus petit indice de leur présence.» (pp.8-9)
Ainsi, Mohammed Khaïr-Eddine, s’inscrit-il
pan-nationaliste postmoderne, expérimentaliste, selon Marc Gontard :
« En effet, la modernité contestataire, tout en utilisant les formes
réalistes du roman engagé, dénonce le processus d’acculturation engendré par la
situation coloniale. [...] Après l’indépendance, [...] des écrivains comme Mohammed Khaïr-Eddine [...] poursuivent le
combat en déplaçant dans les stratégies de l’écriture la dynamique
révolutionnaire [v. le « guérilla linguistique »] (Agadir. 1967
[...]). En effet, la prise de conscience d’un mode d’acculturation
transforme l’indigénité en altérité [...], dans la phase expérimentaliste de la
modernité. (p.40) [...] Mohammed
Khaïr-Eddine ira plus loin encore dans l’inspiration d’une violence qui affecte
à la fois l’imaginaire du texte dans ses thématiques obsédantes, les codes de
l’énonciation totalement déstabilisés par les situations oniriques et les
structures délirantes [...], la syntaxe dans une écriture compulsive où se joue la subversion
contre toute forme de pouvoir : patriarcal, religieux, politique : le
Déterreur (1973). [...] Driss Chraïbi
par le caractère parodique se rapproche
davantage de l’esprit postmoderne [...]. » -
« Qu'est-ce qu'une littérature arabe francophone ? L'exemple du Maghreb »,
Op.cit, pp.40-42. Or, du côté des romans marocains pan-nationalistes postmodernes
féminins de langue française, nous pouvons explorer également :
5. Les intertextes des écrivains et
héros des romans marocains pan-nationalistes féminins de langue française: 1912-20193 :
En fait, les intertextes des écrivains et
héros des romans marocains pan-nationalistes féminins de langue française:
1912-20193, s’inscrivent suivant Marc Gontard dans la même mouvance des romans
marocains masculins, en précisant : «C’est dans cette mouvance qu’apparaît
également la contestation féminine,
[...] dans les années 95, [...] du côté de la littérature marocaine
(Rachida Yacoubi, Bahaa Trabelsi, Souad Bahéchar), [...]. Mais la modernité
explosive avec ses valeurs de rupture et d’avant-garde n’apparaît ne révèle que
dans les années 60-70 sa dimension expérimentaliste [...], en pratiquant [...]
la «violence du texte». - Qu'est-ce qu'une littérature arabe francophone ?
L'exemple du Maghreb », Op.cit, p.40. Aussi explorerons-nous
les intertextes des écrivains et héros des romans marocains pan-nationalistes
féminins de langue française: 1912-20193, du roman Mourir est un enchantement, Yasmine
Chami, Ed. Actes Sud, 2017, comme
suit :
· L’intertexte du Maroc pan-nationaliste/occidentalisant
et l’Occident colonial/déculturant de l’écrivaine et du héros du roman marocain
pan-nationaliste de langue française dans Mourir est un enchantement, Yasmine
Chami, Ed.
Actes Sud, 2017 :
Née en 1966, à Casablanca, Yasmine Chami suit ses études
supérieures au Lycée Louis le Grand, à Paris, et à l'Ecole Normale Supérieure Ulm, en
philosophie. Elle est agrégée de sciences sociales. En 2001, de New York, elle
décide de revenir vivre au Maroc, et y dirige
la Villa des Arts de Casablanca. Elle se consacre à l'enseignement. (2011). Elle l’auteure de : Cérémonie (1999),
Mourir est un enchantement (2017), Médée chérie (2019), etc.
En ce qui regarde l’écriture de l’intertexte
du Maroc pan-nationaliste/occidentalisant et l’Occident colonial/ déculturant
de l’écrivain et du héros du romans marocain pan-nationaliste féminin de langue
française dans Mourir est un enchantement, Yasmine Chami, Ed. Actes Sud,
2017, Jean-Baptiste Mathieu, déduit, de façon comparable à celle du corpus
masculin, notamment : «D’une génération à l’autre, de la famille à
l’Histoire, la remémoration de Sara révèle les interactions, les influences,
les ruptures. [...] Ce qui rend [...] stimulante pour le lecteur, c’est le
choix fait par Yasmine Chami d’une narration non chronologique, d’une
organisation par séquences de quelques pages, d’une écriture à la fois
descriptive et réflexive, allusive aussi. Nous suivons ainsi Sara dans son
entreprise de remémoration, de compréhension et de ravaudage de l’histoire
familiale, nous sommes en quelque sorte invités à la seconder dans cette
entreprise – et, pourquoi pas, à la prolonger, comme ses fils, mais pour notre
propre vie. Comme sur la dernière photographie qu’elle regarde, Sara se
souvenant réunit les siens, les vivants et les morts, alors qu’elle-même aura
peut-être bientôt disparu. Et c’est ainsi, sans doute, que « mourir est un
enchantement ». – «Méditations familiales », www.raison-publique.fr , p.1. D’où l’intertexte du Maroc pan-nationaliste/occidentalisant
et l’Occident colonial/ déculturant, incarné dans l’extrait du roman, qui suit :
«Vous [dit
Sara à ses fils Younes et Salim] aviez trois ans quand il [le grand-père Fethi] est mort ; mais c’est une autre
histoire, que je vous raconterai plus tard. La difficulté pour Papi était de
nous faire partager la nécessité de ce voyage [v. pèlerinage], de cet appel, après nous avoir prévenus intellectuellement contre
les dangers politiques de la ferveur religieuse [gauchisme/extrémisme]. Je me souviens comme si c’était
aujourd’hui de son regard inquiet lorsqu’il citait Marx [Occident colonial/déculturant], « la religion c’est l’opium du
peuple mes enfants », pas marxiste Papi [Fethi, pan-nationaliste occidentaliste], mais profondément convaincu de la
nécessité d’une répartition équilibrée des richesses [le Maroc pan-nationaliste/occidentalisant].» (pp.60-61)
En vérité, l’intertexte du Maroc
pan-nationaliste/occidentalisant et l’Occident colonial/ déculturant de l’écrivaine et du héros du roman marocain
pan-nationaliste de langue française dans Mourir est un enchantement, Yasmine
Chami prend forme dans une structure romanesque postmoderne complexe et par
states narratives en entrelacs, tel que le souligne un article de JeuneAfrique.com, en relevant :
« Une histoire dans l’Histoire où, en même temps que le portrait d’une famille,
Chami dépeint les turbulences qui la traversent : « Sara enregistre au cours de
sa vie des ruptures qui rendent difficile la construction d’une mémoire
linéaire, unifiée, d’autant que ces strates temporelles qui s’interpénètrent
dans l’évocation de sa vie familiale rencontrent les aléas d’une histoire
collective marquée par les ruptures [v. intertextes du Maroc
pan-nationaliste/occidentaliste face à l’Occident colonial/acculturant]:
colonisation, indépendances du Maroc et de l’Algérie, [...] années de plomb et
enfin irrésistible ascension du wahhabisme et du littéralisme religieux dans le
Maroc
d’aujourd’hui.» - «Yasmine Chami nous plonge dans les mémoires d’une famille
marocaine », www.jeuneafrique.com, p.1.
Il y va aussi de l’intertexte du Maroc du mariage mixte pan-nationaliste/ compromettant
et l’Occident colonial/mythifiant dans Mourir est un enchantement, de
Chami :
· L’intertexte du Maroc du mariage
mixte pan-nationaliste/compromettant et l’Occident colonial/ mythifiant de l’écrivaine et du héros du roman marocain
pan-nationaliste de langue française dans Mourir est un enchantement, Yasmine
Chami, Ed.
Actes Sud, 2017 :
Or, de l’aveu de l’auteur, Yasmine Chami,
elle-même, l’intertexte du Maroc du mariage mixte
pan-nationaliste/compromettant et l’Occident colonial/ mythifiant de
l’écrivaine et du héros du roman marocain pan-nationaliste de langue française
dans Mourir est un enchantement, rapporte Joséphine Hobeika : «Mon
texte s'articule sur la violence , le sacrifice et la création [l’intertexte du
Maroc du mariage mixte pan-nationaliste/compromettant], des thématiques très
anciennes et très contemporaines [l’Occident colonial/ mythifiant]. [...] Le
monde, construit pour les hommes, pousse les femmes à créer des réseaux
féminins, avec une rivalité interne épouvantable, cannibale et prédatrice pour les hommes. [...] Elles
sont en lutte pour installer la puissance du féminin et en même temps, elles
sont en lutte les unes contre les autres pour affirmer leur force individuelle,
qui passe par la possession d'un homme puissant socialement [le règne de la
famille patriarcale/la famille matriarcale]. Elle peut inventer une forme qui
dit l'absence de présence et qui pose la question du réfugié, celui qui n'a
plus de lieu de mémoire et qui doit exister dans le deuil de ce qu'il a été [v.
le roman postmoderne/ palimpseste]. [...] J'ai beaucoup lu Proust et Thomas
Mann qui ont travaillé sur la question du temps [l’intertexte de la mémoire autobiographique/l’histoire
pan-nationale]. [...] D'une certaine façon, mon roman est un palimpseste, comme
tout autre texte. On écrit dans le cadre
d'une grande famille, pour les autres, par les autres, et avec la mémoire de ce
qu'on a lu. » - «Yasmine Chami : «Je veux inventer une forme qui dise la
présence dans l'absence.»,
www.lorientlitteraire.com,
p.1. En rend compte l’extrait du roman suivant :
«C’est
ce que disaient les regards de la famille de son grand-père posés sur eux tous,
les fruits de l’amour, devenu un mythe familial là-bas à Tlemcen, de Fethi pour
cette Européenne farouchement combattue, puis passionnément acceptée par Zaza
et ses filles subjuguées par la découverte d’une autre féminité, d’un autre
rapport au monde des hommes, à ses lois et ses codes. Kaïs et Leïla, Roméo et
Juliette, Tristan et Yseult […] Toutes ces amours de
légende dont Sara ne connaissait pas encore l’existence, des histoires d’amour
impossible qui se déploient sur un fond de folie, de tragédie familiale et de
mort. » (p. 47)
D’où par ailleurs l’intertexte de la famille islamiste fermée/femme croyante et
la famille occidentalisante ouverte /femme pan-nationaliste de l’écrivaine et du héros du roman marocain
pan-nationaliste de langue française dans Mourir est un enchantement de
Yasmine Chami, Ed. Actes Sud, 2017 :
· L’intertexte de la famille islamiste fermée/femme croyante
et la famille occidentalisante ouverte /femme pan-nationaliste de
l’écrivaine et du héros du roman marocain pan-nationaliste de langue française
dans Mourir est un enchantement de Yasmine Chami, Ed. Actes Sud, 2017 :
Eclairant l’intertexte de la famille
islamiste fermée/femme croyante et la famille occidentalisante ouverte /femme
pan-nationaliste de l’écrivaine et du héros du roman marocain pan-nationaliste
de langue française dans Mourir est un enchantement de Yasmine Chami,
Ed. Actes Sud, 2017, Jean-Baptiste Mathieu résume notamment: «Sara est
pédopsychiatre à Casablanca. Mère de deux garçons, Younès et Salim, elle est
séparée de leur père. [...] Au confluent de divers héritages, Sara l’est
également des différents Maroc de sa vie d’adulte. [...] Il y a celui, dont
elle fait directement l’expérience, des transformations dans les rapports entre
les sexes et les générations [...]. Il y a également celui, qu’elle découvre
lors de ses consultations, de « jeunes mères [la famille islamiste fermée/femme
croyante]
[...]
dissimulés dans de longues tuniques flottantes [...]. Un Maroc, Sara en
a conscience, [...] de celui qu’incarnaient ses grands-parents [...],
fait d’aspects divers et contradictoires. [...] Comme ce grand-père qui fêtait
Noël en famille en l’honneur de son épouse française [la famille occidentalisante
ouverte /femme pan-nationaliste] et qui, sur la fin de sa vie, renoua [...] avec
l’islam en accomplissant le pèlerinage de La Mecque, [...] avec [...] son
amour des idées, sa peur de la mort, la fougue de ses jugements politiques, [...]
de la révélation, [...] du prophète, et [...] ses compagnons.» - «Méditations familiales », Op.cit., p.1.
D’où l’intertexte l’extrait du roman suivant :
« La
vie est devenue compliquée, Sara sentait sa mère et sa tante suffoquées, leur
jeune féminité malmenée. Peut-être une intuition de ce qui l’attendait, à la
veille des transformations si radicales de l’adolescence, qui faisaient alors
rentrer les filles dans l’ère du soupçon parental, tout signe d’éveil sexuel
sévèrement réprimé [la famille islamiste fermée/femme croyante].
[…] Une
famille ouverte à la littérature, l’opéra, le blues, sa grand-mère est
française [la famille occidentalisante ouverte /femme pan-nationaliste],
son grand-père est tombé amoureux très jeune de ses yeux bleus comme une mer un
jour d’été, mais le paradoxe est entier, c’est lui qui leur a transmis l’amour
des livres, la poésie, récitant Le Cimetière marin à table, la poésie de
Rimbaud, les vers de Racine… Un humaniste, horrifié par la réduction des
croyances religieuses à une vénération superstitieuse.» (pp.20-82)
A propos de la
position de l’intertexte des héros des romans
marocains féminins et masculins pan-nationalistes de langue française dans Mourir est un
enchantement de Yasmine Chami, Ed. Actes Sud, 2017, Georgia Makhlouf écrit en l’occurrence : «Il est
vrai que la littérature marocaine est extrêmement riche, diverse et prospère,
comme en témoignent la présence régulière d'auteurs marocains parmi les
finalistes des grands prix littéraires arabes, ou la récente attribution du
Goncourt à Leïla Slimani. [...] On notera aussi que parmi ses plumes
talentueuses, on trouve plusieurs générations confondues, signe que la relève
est assurée. Beaucoup de plumes féminines également, preuve d'une effervescence
multidimensionnelle. [...] Yasmine Chami occupe sans doute une place à part
dans la littérature marocaine, avec une veine intimiste et une écriture [...]
d'une rare élégance. Si la toile de fond reste politique, [...] son roman Mourir
est un enchantement articule un point de vue féminin et une galerie de
portraits nostalgiques qui dit de façon sensible la fin d'un monde. [...] « C'est
[...] le travail sur la réminiscence, le motif de la mémoire qui s'accroche à
des photographies, [...] Féministe, sans doute, mais son souci est avant tout
d'articuler le féminin et l'universel, « notre humanité commune de femmes et
d'hommes.» - «Une littérature marocaine plurielle et libre», www.lorientlejour.com, p.1.
Pour conclure cette brève exploration des
«Intertextes des écrivains et héros des romans marocains nationalistes de
langue arabe et pan-culturalistes de langue française: 1912-2019»,
entreprise ici, s’est avérée des plus fécondes et des plus prometteuses, mais
également des plus rebutants vu la densité et la diversité des œuvres de son
corpus qui reste ouvert devant la recherche à venir. En est le signe avant-coureur
ce jugement méthodologique très perspicace de Baptiste
Franceschini : «Mais repérer ces multiples sources ne va pas sans quelques
difficultés. D’une part, la culture dont fait preuve l’écrivain est telle
qu’elle mobilise des compétences de lecture difficile à réunir en une seule
et même
personne: la traque
de l’intertexte relève
en effet, [...]
d’une impression frustrée
de toujours manquer
quelque chose, ou
pire, d’être floué par
l’auteur lui-même qui s’ingénie
à brouiller les
réseaux textuels.» - «L’Oulipien translateur la bibliothèque
médiévale de Jacques Roubaud», www.papyrus.bib. umontreal.ca, pp.37-38.
Dr.
SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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