L’AUTONOMIE DU SAHARA SOUS SOUVERAINETÉ
MAROCAINE DANS
LES ROMANS MAROCAINS
D’EXPRESSION FRANÇAISE
Certes, l’autonomie du Sahara sous
souveraineté marocaine était déjà implicitement inscrite dans les arcanes des
romans marocains d’expression française (les RMEF), comme dans les annales historiques,
politiques et démocratiques du Maroc moderne. "Les circonstances de l’époque 1984 dominées par la question des
provinces sahariennes récupérées [par le Maroc], notent Abdelaziz Jazouli
et Mustapha Naimi, sont présentes, mais ne sont pas les seules à peser sur les
choix opérés en faveur d’une régionalisation globale [un statut d’autonomie au
Sahara]. Celles-ci, à y avoir de près, s’impose à toutes les parties du
territoire national avec plus ou moins d’acuité." – "LA RÉGION: ET SI LE PASSÉ RÉPONDAIT DE L’AVENIR ? ", Maroc Europe, Nº4, Rabat, Ed. La Porte, 1993, p.20. C’est ce
dont témoignent les quatre RMEF: "L’œil et la nuit" d’Abdellatif Laâbi, Ed. Atlantes, 1969; "La prière de l’absent" de Tahar Ben Jelloun, Paris, Ed.du Seuil, 1981; "Une enquête au pays", Paris, de Driss Chraîbi, Ed. du Seuil,
1982; "Légende
et vie d’Agoun’chich" de
Mohammed Khaïr-Eddine, Paris, Ed. du Seuil, 1984. Nous le décrypterons en
l’occurrence à travers: I) L’historicité génératrice de l’autonomie du
Sahara sous souveraineté marocaine, II) L’autonomie du Sahara sous souveraineté
marocaine dans les RMEF.
I- L’historicité génératrice de l’autonomie
du Sahara sous souveraineté marocaine:
Pour mieux saisir l’adéquation et la
légitimité historique du plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté
marocaine, il faudrait examiner cela
dans la double perspective: l’historicité de l’autonomie du Sahara des
origines à nos jours et l’historicité de l’autonomie du Sahara de nos jours
sous souveraineté marocaine.
I.1- L’historicité de l’autonomie
du Sahara des origines à nos jours sous souveraineté marocaine:
A propos d’une étude des origines et de
l’aboutissement incontournable du conflit du Sahara, dans le cadre du plan d’autonomie
élargie sous souveraineté marocaine, projet salutaire initié actuellement par
le Maroc auprès de l’ONU et faisant
l’objet des pourparlers ardus de Manhasset, près de New York (USA), Jazouli et
Naimi soulignent précisent pratiquement: "Le projet d’élaboration de la région saharienne [le projet
d’autonomie au Sahara marocain] ne peut que reposer sur le choix du modèle [local
et international] de référence. Nous remarquons à cet égard, que la catégorie
de formation spatiale sahraouie [références toponymiques collectives et
personnelles], malgré son importance pour l’étude des origines [historicités
originelle et de nos jours] et de l’aboutissement inévitable du conflit du
Sahara, n’a pas donné lieu à des études renouvelant et affinant le concept.
Ici, la référence se porte sur un espace géoéconomique ayant subi les séquelles
de la présence [coloniale] franco-espagnole et où seul un développement
spécifique [le plan d’autonomie élargie] est de nature à renforcer le développement
spatiale [saharien]." – Op.cit, p.30. Du point de vue
géo-historique, ces deux auteurs relèvent les frontières originelles du Maroc, sous le roi Hassan Ier [1830-1894], démembrées par le
colonialisme franco-espagnol (1844-1975):
"Ordonnant à son représentant à
Tanger de répondre au gouvernement espagnol qui lui demandait quelles étaient
les frontières du Royaume dans le sud, Moulay Hassan [Ier] écrit:
« Nous sommes informés du tracé de nos frontières dans ces régions et
elles s’établissent comme suit : d’un côté nous sommes limitrophes du
Siège indépendant, c’est-à-dire de l’Egypte, de l’autre du Soudan et du dernier
côté de Maghnia. Avec notre réponse, vous trouverez un schéma afin que vous soyez sur vos gardes." – Op.cit., p.38. Par ailleurs, ces
derniers dévoilent une organisation ethnique du Sahara marocain qui remonte à
l’époque almoravide [1055-1147] en relatant:
"De par leur modes de vie diversifiés,
les Sahraouis saturent l’espace de production pastorale, d’agriculture et de
transit qui commence avec le Wad Nun et le Bani au Nord pour s’achever
politiquement aux frontières de l’actuelle Mauritanie [référence toponymique
collective] (…). Dans un premier temps relevons que le mode d’affiliation au
fond ethnique ancien n’exclut de toutes les tribus de cet espace que les Awlad
Dlaym, M’quiliens d’origine, installés dans le Tiris, depuis le XIIIe
siècle. Les Surfa Filala [la dynastie alaouite] constituent un lignage bien
distingué des tribus maraboutiques d’origines imazighen, essentiellement issues
du XVIIe siècle (…). L’organisation et la défense des routes
caravanières nécessitent outre le contrôle de l’espace, un système d’alliance
[une référence toponymique collective]. C’est par la nécessité de ce contrôle que l’ensemble confédéral Takna
s’est constitué depuis les Murabitun Ve/ XIe siècle (…). On voit que
le Wad Nun, Bani et As-Saggya Al Hamra désigne tout bonnement le pays des Takna
[une référence toponymique personnelle] (…).
C’est là une conception adéquate du droit
collectif ultime subdivision interne d’un système de gestion des ressources et
de l’espace [une référence toponymique collective]. Le passage à travers
différents ordres successifs de segmentation aux groupes politiques de base
[une référence toponymique personnelle] et à leurs fractions permet de
concevoir la correspondance à tous les niveaux entre segmentation tribale [une
référence toponymique collective] et segmentation territoriale [autonomie
élargie] " –
Op.cit., p.26.
Parallèlement, l’idéologie séparatiste
voit le jour au Sahara dans une action contrôlée par l’Espagne, en 1973. "La
présence franco-espagnole sur le pays Takna [le Sahara marocain] accentue
l’individualisation d’As-Saggya Al Hamra évacuée en partie par ses maîtres [ses
habitants excédés] des siècles précédents (…). Plus tard, au fort des débuts
des années 1970, la stratégie séparatiste engage un ensemble de relations,
essentiellement avec l’Espagne, qui se déroule à partir de son propre système
d’interprétation [colonial] et suscite une manipulation du discours de
légitimation [séparatiste]. C’est en effet dans les actions politiques et leur
enchaînement contrôlé par l’Espagne [puis par l’Algérie, etc.] que pourrait se
vérifier le plus clairement l’idéologie séparatiste [du Polisario] et ses
conséquences spécifiques [sur l’UMA]."
- Op.cit., p.29.
Ensuite, de la même façon que le
représentant personnel du SG de l’ONU M. Peter Van Walsum, déclarant dans son
rapport au CS, le 24 avril 2008, que
l’indépendance du Sahara "n’est pas réaliste", A. Jazouli et M. Naimi avaient
conclu à l’impossibilité de l’indépendance du Sahara dans le sillage
séparatiste mythique du Front Polisario et soutenu par l’Algérie, etc. "Il
est donc impossible au F. Polisario, jugent-ils, de casser l’articulation entre
As-Saggya Al Hamra, Wad Nun (le Sahara) et Bani occidental [l’Anti-Atlas]. Le
mythe séparatiste construit un modèle étatique [la RASD fantoche] qui ne peut
être que fictif." – Ibid. Ainsi aborderions-nous d’un point
de vue documentaire: l’historicité de l’autonomie du Sahara des origines à nos
jours sous souveraineté marocaine et l’historicité de l’autonomie du Sahara de
nos jours sous souveraineté marocaine.
I.2 - L’historicité de l’autonomie du
Sahara de nos jours sous souveraineté marocaine:
Le constat du sort inhumain imposé par
le Polisario et ses conjurateurs aux séquestrés marocains sahraouis dans les
camps algériens de Tindouf ne cesse d’interpeller la conscience des peuples du
Maghreb et d’alarmer l’opinion internationale dans l’attente d’une solution
politique réaliste, telle qu’un régime d’autonomie consensuel sous souveraineté
marocaine, mettant fin à ce drame orchestrée par les dispensateurs de
l’idéologie séparatiste dans la région. "Ceux, peu nombreux, il est vrai, qui
ont pu voir les actualités de la télévision algérienne, évoque Michel Rousset,
n’ont pu qu’être atterrés par le sort tragique de ces populations parquées
[marocaines sahraouies séquestrées] dans
la région de Tindouf [en Algérie] ou dans celle des confins
algéro-mauritaniens; leur seule raison d’être objective, est de constituer une
masse de manœuvre ou de monnaie d’échange [au Polisario et consorts] dans un
affrontement [interétatique camouflé] qui les dépasse et dont elles ne peuvent
être que des victimes [ou des dupeurs dupés].
C’est bien ce qu’a compris cet ancien
ambassadeur du Polisario qui, après beaucoup d’autres responsables, a décidé de
s’enfuir et a réussi dans son entreprise (voir Jeune Afrique, nº1405, du
9 décembre 1987); pour lui, le seul combat utile c’est celui du développement
du Sahara; et celui-ci se livre à
Laâyoune, à Smara ; à Boujdour ou à Dakhla [plan d’autonomie élargie
marocain], mais pas dans «les sables libérés [v. pancarte vide du Polisario]» où
ne poussent que la haine et les canons!"
– "Lettre
de Rabat" , Maroc Europe, Op.cit., p.222. De
nos jours, M. Naimi considère suivant Paul Balta, la décentralisation et
l’autonomie locale comme un véritable baromètre de la démocratie. L’UMA
pourrait se renforcer et sa charte d’environnement et de développement pourrait
concrétiser le plan d’actions prioritaires par une autonomie démocratique élargie.
"En
cette fin de XXe siècle, commente-t-il, l’autonomie locale [v. le
Sahara] est indissociable de l’exercice des droits et des libertés de l’homme;
c’est aujourd’hui un attribut et un baromètre de la démocratie." - "La Méditerranée
réinventée", Maroc Europe, Op.cit., pp.290-291.
En ce sens, l’initiative du Maroc pour un statut d’autonomie au Sahara sous souveraineté
marocaine, en négociation sous l’égide de l’ONU, avec le Polisario (secondé de
l’Algérie), confirme un tel choix de solution politique consensuelle du conflit
factice qui bloque le processus de paix et de développement dans la région,
depuis plus de trois décennies.
Rappelons à cet égard le projet négociable
d’un statut d’autonomie du Sahara, remis par le Maroc à l’ONU et accueilli
favorablement par la communauté internationale, le 11 avril 2007. La nouvelle
fut rapportée par MAP en ces termes: "L’ambassadeur Représentant
du Maroc auprès des Nations Unies, M. El Mostafa Sahel, a remis, mercredi à New
York, au Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, le document portant
« Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara» (…). Le
Maroc considère que cette initiative offre « une chance pour la paix et
des perspectives prometteuses pour un avenir meilleur, basé sur la stabilité,
la sécurité, la démocratie et la prospérité de l’ensemble des pays du Maghreb [l’UMA]»,
(…) affirmant que le Royaume considère que «la dynamique engendrée par cette
initiative offre une chance historique pour régler définitivement ce différend
qui n’a que trop duré." – "Le projet marocain d’autonomie du Sahara remis à
l’ONU", www.yabiladi.com, p.1. En témoigne l’état
crédible, selon MAP, du développement des provinces du Sud par le Maroc, depuis
1975. Pour ce qui est des droits économiques, sociaux et culturels, M. Sahel
relève [en réponse la polémique stérile adverse] que « le Royaume a
consenti des efforts colossaux dans les infrastructures et dans les secteurs de
l’éducation, de la santé et du logement ». - "Sahara:
Une polémique stérile", L’Opinion,
Vendredi 11 Avril 2008, p.3.
Inscrit en filigrane dans les romans marocains
d’expression française (les RMEF), une telle initiative unioniste, géo-historique
et démocratique ne peut nullement nous surprendre. Or, tel que l’explique Guy Scarpetta, il
existe une fonction informative capitale des romans de nos jours: "On ne
voit guère pourquoi nous irions chercher dans des romans des informations sur
l’histoire de notre temps que nous pouvons trouver, par exemple, dans la
lecture des journaux… Mais surtout parce que ceci [le roman], peu à peu, s’est
imposé: la fonction capitale du roman moderne [v. les RMEF], ce n’est pas
d’ « illustrer» par un récit une conception du monde ou de l’histoire
déjà élaborée; mais plutôt de révéler, par ses voies spécifiques, « ce que
seul le roman peut dire »…" – "Ce
que seuls les romans peuvent dire",
LE MONDE DIPLOMATIQUE, Mars 2003, p.30. D’où:
II- L’autonomie du Sahara sous souveraineté
marocaine dans les RMEF:
Parallèlement,
les RMEF manifestent de leur côté, sur
le plan référentiel (références toponymiques collective et personnelle) et
spatio-temporel (géo-historique) la dynamique du projet d’autonomie du Sahara
sous souveraineté marocaine, arrivée au quatrième round des négociations entre
le Maroc et le Polisario (secondé par l’Algérie), tenu du 11 au 13 mars 2008, à
Manhasset, entre le Maroc et le Polisario, processus ayant acquis l’unanimité
du CS de l’ONU. Dans une optique romanesque, Abderrahman Tenkoul écrit: "Francastel avait raison de remarquer qu’il n’y a
pas de « représentation »
plastique de l’espace [v. le Sahara marocain] qui s’écarte d’une appréciation intellectuelle et sociale des
valeurs [l’idéologie unioniste marocaine du statut négociable d’autonomie
au Sahara]». On peut en dire autant du genre romanesque [les RMEF] où l’espace
[l’intégrité territoriale du Maroc] participe d’une organisation des valeurs [le
patriotisme, le développement et la démocratie] d’une représentation
idéologique de l’écrivain [la référence toponymique collective et personnelle
au Sahara[."
– "Littérature
Marocaine d’Ecriture Française",
Casablanca, Ed. Afrique Orient, 1985, pp. 156-157. De ce fait, les RMEF préfiguraient
implicitement, dès 1960-1984, la récupération et l’autonomie historique et
démocratique du Sahara sous souveraineté marocaine. Or, cela s’y opère tantôt
selon une référence toponymique collective (voire pseudo-institutionnelle),
tantôt selon une référence toponymique personnelle.
II.1- La référence toponymique
collective de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME:
En ce qui concerne la référence
toponymique collective de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine
dans les RMEF, on pourrait citer les romans: "L’oeil et la nuit" (1969) d’Abedellatif Laâbi (né en 1942) et "Légende et vie
d’Agoun’chich" (1984) de Mohammed
Khaîr-Eddine (1941-1995). Aussi relevons-nous notamment:
A- "« Une cavalcade des Hilaliens et un royaume à
délimiter » dans « L’oeil et la nuit » d’Abedellatif Laâbi":
Dans le RMEF "L’oeil et la nuit",
Abedellatif Laâbi fait une référence toponymique collective à l’autonomie du
Sahara sous souveraineté marocaine par son allusion aux "Hilaliens" (v. les Awlad Dlaym, Ma‘quiliens) et au "Royaume" du Maroc "à délimiter",
face aux hostilités séparatistes des ennemis de son intégrité territoriale :
Polisario et conjurateurs. Il s’agit en fait de l’affiliation au fond ethnique
sahraoui d’une part et l’autonomie sous souveraineté marocaine du Sahara
d’autre part. A. Jazouli et M. Naimi indiquent en ce sens: "De par leurs modes de vie
diversifiés, les Sahraouis [marocains] saturent un espace de production
pastorale, d’agriculture et de transit [commercial] qui commence avec le Wad
Nun et le Bani au Nord [l’Anti-Atlas] pour s’achever politiquement aux
frontières Nord de l’actuelle Mauritanie (…). Dans un premier temps relevons que
le mode d’affiliation au fond ethnique ancien n’exclut de toutes les tribus de
cet espace que les Awlad Dlaym, Ma‘quiliens d’origine, installés dans le Tiris
depuis le XIIIe siècle." –
Op.cit., pp.25-26.
Par ailleurs, Larbi
Mezzine précise quant au rapport historique des Hilaliens et des Ma‘quiliens au
Sahara marocain: "Après
avoir été, au XIIIe et XIVe
siècles, des sujets [citoyens marocains] soumis, pacifiques, vivant à l’état
nomade et protégeant le commerce en en tirant profit, les Arabes Ma‘quil ont, à
partir de la fin du XIVe siècle, commencé à exercer leur pression
sur le sédentaires (…).
A
la fin du XVIe siècle, le cycle hilaliens [des Hilaliens] est clos
après avoir abouti à l’installation des tribus Ma‘quil [les Awlad Dlaym] au
Tafilalet [au Sahara], et à l’arabisation des populations des oasis du Sud-Est
marocain. " – "Le
Tafilalet", Casablanca, Ed. Najah El Jadida, 1987,
pp. 274-275. D’où cette référence toponymique collective dans le RMEF d’A.
Laâbi:
+ "Une cavalcade de Hilaliens
[devanciers des Awlad Dlaym, Ma‘quiliens] ayant la haine de la rosace et de
l’arabesque [hostiles aux mœurs sédentaires].
A mille miles la caravane aux prises
avec l’enclume [l’idéologie séparatiste entre le marteau de l’enclume]. Les
clowns hélant les arrière-gardes [les conjurateurs du Polisario]. La distance
creusée entre nous [le conflit fomenté par le colonialisme]. Jonchée de masques
[de contrevérités], tessons d’artillerie [dégâts militaristes et de mutilés],
angulaires d’échafaudages [les chaniers de l’UMA bloquée].
Bientôt sortiront les canins [les colonialistes
et les conjurateurs du Polisario]. Un royaume [le Maroc] sera délimité [v. l’« Initiative
marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie du Sahara »]. Des
nombres [de citoyens marocains sahraouis] viendront grossir les nombres [de
citoyens marocains]. Les sirènes cracheront la fin [du conflit factice dans la
région].
Tête d’enclave [Un prélude pour les
presides].
Atlas [le Maroc] soulevant la race [la
marocanité du Sahara autonome]." (p.49).
B- " « Les Aїt Ba Amrane et Al-Hiba contre Haїd Moys et
les Espagnols » dans « Légende
et vie d’Agoun’chich » de Mohammed Khaîr-Eddine":
En effet, la référence toponymique
collective à l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine est également
lisible dans le RMEF: "Légende et vie d’Agoun’chich" de Mohammed Khaîr-Eddine",
par l’évocation de la résistance des Aїt Ba Amrane (en 1957) et du cheikh Ma al
Aynayn (1830-1910) et son fils Ahmed Al-Hiba (m. en 1919) ayant défendu en vain
(en 1910-1912) le roi Moulay Hafid (1875-1937) et tout le Maroc contre les
colonisateurs franco-espagnols et leur collaborateur Haїd Moys confirme
fictivement avant le terme le projet de « l’Initiative marocaine
d’autonomie du Sahara », actuellement en pourparlers à Manhasset, entre le
Maroc et le Polisario, secondé par l’Algérie et les partisans de l’idéologie
séparatiste dans le monde. "Ami [Ma el Aїnine] de Moulay Hassan Ier (1830-1994),
de Moulay Abd et Aziz [1978-1908], de Moulay Hafid [1875-1937], rapporte Jean Wolf, personnalité
d’airain (…), il défendit l’Islam à la fois en Mauritanie et au Maroc (qui
reconnaissaient, grâce à lui, la même autorité chérifienne [le Trône alaouite]),
lutta contre la « pénétration pacifique » du spécialiste des affaires
maraboutiques, Xavier Coppolani, venu d’Algérie (…).
L’année suivante, Ma el Aїnine essaye
en vain de marcher sur Fès à la tête de ses hommes aux voiles bleus [référence toponymique
collective] pour venir au secours de Moulay Hafid en difficulté [référence
toponymique personnelle], et, le 23 juin 1910, il est mis en déroute par les
troupes du général Charles-Emile Moinier (…) Les yeux fixé à l’horizon
incandescent [de Tiznit], il expire quelques semaines plus tard. Il laisse sa
succession à son fils Ahmed el Hiba (…). Il [A. el Hiba] mourra à Kerdous le 23
juin 1919, passant le flambeau de la résistance à ses frères Rebboh et Niama,
qui, (...) mèneront une guerre désespérée grâce à laquelle l’Anti-Atlas gardera
fièrement son autonomie [v. Sahara] jusqu’en 1934." – "L’Epopée d’Abd El
Khaleq Torrès", Casablanca, Ed. Ediff-Balland, 1994,
pp.97-98. Le RMEF de M. Khaîr-Eddine en relate:
+ "Aїt Ba Amrane [de Sidi Ifni et du
Sahara, en 1957], réputés invincibles, étaient d’excellents stratèges. Haїd
Moys [traître à la patrie] donna aveuglément dans le traquenard qu’ils lui
avaient tendu. Ils laissèrent approcher ses troupes, leur livrant même l’accès
de leur montagne, véritable goulet d’étranglement au sud-ouest de Tiznit
[référence toponymique collective], puis ils les encerclèrent et les taillèrent
en pièces (…). Cet échec partiel ne gêna nullement les plans du colonisateur.
Au contraire, il multiplia ses alliances avec d’autres caїds [référence
toponymique personnelle]. Quelques mois plus tard, il bombarderait les villages
et les souks de l’Anti-Atlas accrochés vulnérablement à la roche nue." (p.91). Ou encore:
"Pourtant certains dissidents
n’avaient encore déposé les armes. Le plus grand d’entre eux, le caїd Najam
Lakhsassi, [référence toponymique personnelle] tentait de mettre sur pied une
armée de libération (…). A vrai dire, il fondait tous ses espoirs sur une lutte
armée de caractère révolutionnaire. Ne s’était-il pas opposé aux harkas du
Glaoui [1875-1956] dans le Haouz et sur le plateau de Marrakech [référence
toponymique collective] et n’avait-il pas été le chef de guerre d’Al-Hiba
[référence toponymique personnelle] ?" (p.155).
Du fait, la
référence toponymique collective de l’autonomie du Sahara sous souveraineté
marocaine dans les RME a pour pôle les « Hilaliens/ Ma‘quil-les Awlad
Dlaym » dans le RMEF d’A. Laâbi et « les Aїt Ba Amrane/ les Ma el
Aїnine » dans le RMEF de M. Khaїr-Eddine, luttant de façon quasi autonome
contre l’occupation franco-espagnole du Maroc et pour la sauvegarde du trône
alaouite (1905-1934).
C- " « L’hymne du Polisario » dans "L’enquête au pays " de Driss Chraїbi ":
Par ailleurs, la référence toponymique collective
pseudo institutionnelle de la contestation de l’autonomie du Sahara sous souveraineté
marocaine est incarnée ironiquement dans le RMEF "L’enquête au pays" de Driss Chraїbi, qui au lieu d’une référence toponymique collective
unioniste, se réfère à une institution politique séparatiste « le
Polisario » et à « son hymne» (postiche) d’un Etat fantomatique fantoche (la
RASD), blotti dans le
giron algérien, sur un sol étranger: Tindouf. Or, comme le préconisent A.
Jazouli et M. Naimi: "L’apparition d’un parti séparatiste pro-espagnol
montre l’intérêt qu’il y avait à spécifier la nécessité d’un front rgaybi de
libération [référence toponymique collective pseudo institutionnelle]. Nous
pourrons ainsi repérer une stratégie proprement idéologique dès lors que sera
élaboré sur le même modèle le F. Polisario [en 1973]. Un raisonnement cohérent
concernant les objectifs de la pratique séparatiste en rupture avec les
stratégies unionistes [référence toponymique collective], fonctionne comme
dispositif de simulation comportant son efficace [démagogique] propre." - Op.cit., p.29.
Aussi relève-t-on dans le RMEF de D. Chraїbi à ce sujet:
+ "Il [le paysan de
l’Anti-Atlas] dit avec la voix de la destinée:"
- La terre s’est secouée il y a quelques
années [en 1960], là-bas, loin d’ici, dans une ville de la plaine et de la
montagne. Son nom était Agadir, je crois bien, d’après ce que les nomades du
Sahara [référence toponymique collective] ont raconté (…).
C’est à cet instant-là qu’intervint
l’inspecteur [de police Ali], comme un coup de feu (…). Il avait fait ses armes
dans nombres de manifestations urbaines, en civil, et il savait comment manier
le gourdin ou la barre de fer contre les forces de l’ordre. Rien de plus facile
ensuite que de noyauter le groupe de meneurs pour les attirer dans un
traquenard. Il connaissait toutes les ruelles de la médina, il y était né, y
avait grandi, y avait appris sa vie d’homme. Il avait tout pour lui: un
vocabulaire argotique capable de faire dresser les cheveux sur la tête d’un
Marocain, un costume râpeux, une tête de miséreux. Il chantait [par vigilance
sécuritaire] aussi bien l’Internationale en arabe que l’hymne palestinien ou celui [de la RASD fantoche] du Polisario [référence
toponymique pseudo institutionnelle]. (pp.120-121)
De la
sorte, la référence toponymique collective à l’autonomie du Sahara sous souveraineté
marocaine se polarise ici autour de l’ethnie tribale: «les Hilaliens/ les Awlad
Dlaym-Ma‘quil » dans le RMEF d’A. Laâbi, «Aїt Ba Amrane/ les Ma el
Aїnine » et la référence toponymique pseudo institutionnelle dans le RMEF de
M. Khaїr-Eddine autour de « les nomade du Sahara/ l’hymne du
Polisario » dans le RMEF.
II.2 - La référence toponymique
personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME:
De plus, la référence toponymique
personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME,
met en relief le poids des élites tribales, des notabilités et des leaders
historiques locaux et nationaux et des monarques tant sur le plan sociopolitique
qu’économique.
"Cette façon d’envisager le projet
régional [d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine], pensent Jazouli
et Naimi, relativise le poids des élites
politiques (partis politiques) qui considèrent la structure des oppositions
traditionnelles comme un exemple de coexistence tribale dans un cadre de cohésion nationale en formation [en
devenir] (…). Dans ce cas, les facteurs endogènes (les conflits entre
notabilités locales [référence toponymique personnelle]), opèrent sous la forme
d’exigences conflictuelles formulées envers le projet de région lui-même et
l’administration centrale [référence toponymique pseudo institutionnelle] (…). La
fonction politique des notabilités elle-même y est souvent confondue avec les fonctions économiques et sociales.
D’ailleurs, c’est toujours la typologie de cette confusion qui permettra de
distinguer parmi ces notabilités entre assistés et valeurs sûres. La confusion
des valeurs au niveau des institutions renvoie en principe à des régimes de contrôle
plus ou moins direct [le statut d’autonomie élargie]. "- Op.cit., pp.30-31. C’est aussi ce que
révèle le RMEF de T. Ben Jelloun dans:
+ "«Ma
el Aynayn un chérif en bons rapports avec la dynastie alaouite » dans « La
prière de l’absent » de Tahar Ben Jelloun" :
Historiquement, Ma el Aynayn (1830-1910) fut
un fidèle serviteur du trône alaouite et de la patrie marocaine. "En avril 1905, relate J.
Wolf, Ma el Aїnine encercle le Français [Xavier Coppolani venu d’Algérie], qui
est tué, à Tidjikja lors d’un engagement meurtrier. Approuvant hautement
l’attitude patriotique de Haj Mohammed Torrès, il refuse, à son tour, à son tour
avec vigueur le traité d’Agésiras et devient le seigneur incontesté du Sud
saharien allant de la plaine du Sous jusqu’à Chenguitti (actuelle Mauritanie).
Il déclare être un descendant de la dynastie Idrisside (…) et s’oppose à toute
pénétration étrangère au Sahara occidentale [en 1909] (…). L’année suivante
Aїnine, Ma el Aїnine essaye en vain de marcher sur Fès à la tête de ses hommes
aux voiles bleus pour venir au secours de Moulay Hafid [le roi du Maroc] en
difficulté, et, le 23 juin 1910, il est mis n déroute par les troupes du
général Charles-Emile Moinier." - Op.cit., p.98. Dans
le RMEF de Ben Jelloun, son histoire est raconté à l’enfant par Yamna comme
suit:
+ "Après le dîner, Yamna
s’isola avec l’enfant et reprit l’histoire du saint cheїkh Ma al-Aynayn [référence
toponymique personnelle]. Il l’écoutait à la lumière d’une bougie.
Ma al-Aynayn était un chérif, un
descendant de la noble famille du prophète. Préféré de son père, il prit très
vite son indépendance et, à l’âge de vingt-huit ans, il décida d’aller en
pèlerinage à la Mecque
(…)!
Il s’est arrêté cependant à Marrakech
et rendit visite à Sidi Mohammed [1909-1961], futur roi du Maroc. A Meknès, il
fut reçu par le sultan Moulay Abderrahman [1789-1859], qui ordonna à son
représentant à Tanger d’organiser dans les meilleures conditions le voyage en
Orient du jeune cheїkh (…). Comme tu vois, il entretenait de bons rapports
avec la dynastie alaouite (…). Ma -al-Aynayn tomba malade au moment du retour.
Il séjourna à Alexandrie et ne revint à Tanger que cinq moi après. En rentrant
à Saquiat el Hamra, il passa par l’oued Noun et Tindouf [le no man’s land
actuel du Polisario en Algérie]."
(pp.96-97).
+ "« Ma -al-Aynayn garde des frontières du royaume de Moulay Hassan Ier et fondateur
de Smara» dans « La prière de l’absent » de Tahar Ben Jelloun" :
Ma -al-Aynayn crée un lieu sédentaire
pour tout le Sahara où vivent ses disciples comme une référence toponymique
personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, dans les RME."Au
Nord, rappelle Rita Aouad, les guerres
entre Rgueїbat et Tadjakants aboutissent
à la destruction de Tindouf prise en 1896, et à l’exode des Tadjakants,
dispersés entre le Sud marocains et l’Afrique noire [référence toponymique
collective]. Un des indispensables chaînons de cet itinéraire disparaît ainsi,
que ne compense que très modestement la construction de Smara par Ma el Aїnin
dix plus tôt [1886], trop tard venue,
étant donné le contexte économique, pour atteindre la prospérité de Tindouf.
Quelques Tekna vont néanmoins fréquenter Smara, mais le climat tendu qui
prévaut entre Tekna et Ahl Ma el Aїnin semble peu propice au développement
d’une activité centrée sur la ville du Cheїkh [référence toponymique
personnelle]." – "Les réseaux marocains en Afrique à
l’époque coloniale", Maroc
Europe, Op.cit., p.102. Cela reparaît dans le même RMEF de Ben Jelloun:
+ "Le cheїkh [Ma –al-Aynayn] savait ce
qui menaçait son pays (…). Il soupçonnait les appétits des Chrétiens d’Espagne
et de France et ne se faisait pas d’illusions sur leurs desseins.
Il s’installa avec sa famille à
Saquiat el Hamra, et fit bâtir une maison de pierres : « Dar el
Hamra », qui devint une zaouia. Son pouvoir s’étendit et se
renforça. Le sultan Moulay Hassan Ier [1830-1894] confia au cheїkh une
responsabilité politique: la garde des frontières sud du royaume entre Dakhla
et le cap Juby [Tarfaya], avec bien entendu tous les territoires qui les
séparent [référence toponymique personnelle]. "(p.120) . Ou encore:
+ " Il [Ma - al-Aynayn] "rassembla ses enfants et
leur dit : « …J’ai décidé de fonder une ville avec une mosquée pour
les fidèles et un lieu pour les armes. Cette ville sera notre lieu, notre
source et notre destin (…). »
Il
a fallu cinq années de travaux en plein désert pour construire la ville de Ma -
al-Aynayn : Smara. Une ville élevée sur un lit de jonc (…). « Elle ne
sera pas un lieu de sédentaires [répond-il à un guerrier reguibet], mais un une
source et une étape pour les nomades qui viendront de Tindouf [alors sol
marocain] où vivent nos disciples, de Tarfaya et de tout le Sahara. Et puis en
face de Smara s’étend la route des caravanes qui relie l’oued Noun à Adrar et
Tiris [référence toponymique collective]. Rassure les Reguibet et transmets-leur mon salut [référence
toponymique personnelle].» (pp.120-121). Ou enfin:
+
"«La tombe de Ma -al-Aynayn n’est
pas à Smara mais à Tiznit» dans « La prière de l’absent » de Tahar
Ben Jelloun" :
Pourtant, la référence toponymique
personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, dans les RME,
atteint son apothéose dans la tombe du cheїkh unioniste Ma al-Aynayn (m. en
1910), située à Tiznit et non dans la ville de
Smara qu’il avait lui-même fondée (1886). Dans cette perspective, J. Wolf
observe prophétiquement:"A bout de forces, le surhomme [Ma al-Aynayn] épuisé
[après sa défaite face au général
Moinier], qui avait surgi de l’immensité du Sahara [référence toponymique
personnelle], et à qui la ferveur populaire avait donné affectueusement le
surnom poétique de « sultan bleu » [référence toponymique collective],
se réfugie dans la belle cité de Tiznit, aux portes de ce désert dont il a tant
chéri les vagues pétrifiées, ces dunes aux remous immobiles, l’étendue rêveuse
du sable, pure vision d’un mirage où il perçoit comme dans un rêve le survol
des siècles disparus. Les yeux fixés sur l’horizon incandescent, il expire
quelques semaines plus tard [1910]." - Op.cit., p.98. Cela apparaît ans le RMEF de T. Ben Jelloun en
ces termes:
+ "Abattu
[par la défaite de 1910], désespéré, cheїkh Ma al-Aynayn voulait mourir au
Sahara. Il s’installa dans un profond silence (…). Il mourut dans son sommeil,
la nuit du vingt-troisième jour d’octobre, la dixième année de ce siècle (XXe
siècle). Sa tombe n’est pas à Smara mais à Tiznit. Son fils, El Hiba [m.
en1919], reprendra quelques plus tard la résistance. Il fut appelé, comme on
dit, par les sables qui l’enroulèrent dans leurs dunes et le silence. "(p.193).
Concernant, la
référence toponymique personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté
marocaine dans les RME, il faut souligner sa polarisation autour de personnages
historiques leaders populaires du «cheїkh Ma al-Aynayn/ son fils Ahmed al-Hiba,
etc. » et des monarques du Maroc alors en lutte pour préservation l’intégrité
territoriale du Maroc autour de « Moulay Hassan Ier, Moulay Abd el Aziz, Moulay Hafid, Mohamed V,
etc. ».
En conclusion,
par-delà les documents de l’historicité génératrice de l’autonomie du Sahara
sous souveraineté marocaine, de l’historicité de l’autonomie du Sahara de nos
jours sous souveraineté marocaine, augurant implicitement de « l’Initiative
du statut d’autonomie négociable du Sahara », initié par le Maroc à l’ONU
et des pourparlers à Manhasset avec le Polisario, les RMEF d’A. Laâbi, de M.
Khaїr-Eddine, de D. Chraїbi et de T. Ben Jelloun, par leurs historicités
originelle et de nos jours, leurs références toponymiques collectives et
personnelles affirment la solidité géo-historique, économique, ethno-culturelle et politique d’une telle
solution au conflit anachronique et
obsolète, artificiellement entretenu dans la région de l’UMA. "La forme que revêtira la
région, constitutionnellement consacrée, affirment A. Jazouli et M. Naimi, est
mise sur l’Agenda des pouvoirs publics [v. statut d’autonomie négociée à
Manhasset, en 2008]. La recherche de cette forme est intéressante quant à
l’institution régionale conçue comme collectivité décentralisée surtout que
l’expérimentation débutera dans les provinces sahariennes récupérées [en 1975].
La recherche
du devenir semble largement tenir compte des acquis historiques [historicités
originelle et actuelle] à partir d’un espace [références toponymiques
collective et personnelle] que ne dicteront plus de simples considérations
statistiques [mais humaines]." - "LA RÉGION : ET SI LE PASSÉ RÉPONDAIT DE
L’AVENIR ?", Maroc Europe, Op.cit., p.20.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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