LA
BIÉLORUSSE SVETLANA ALEXIEVITCH UN PRIX
NOBEL DE
LITTERATURE 2015 POLITIQUE
HAUTEMENT
SYMBOLIQUE
Selon l’opinion unanimement partagée du monde
des lettres, la biélorusse Svetlana Aleksandrovna Aleksievitch constitue un
prix Nobel de littérature 2015 politique hautement symbolique. Noémie Halioua
rapporte que, sur son blog, La République des Livres, Pierre Assouline note que Svetlana Alexievitch se sert des souvenirs pour écrire :
«Elle se fait mémorialiste des sentiments, du vécu et des expériences des
autres, elle constitue ainsi de livre en livre l'archive souterraine et
parallèle de la mémoire de ses pays, l'Union soviétique et la Biélorussie, dans
ce qu'elle a de plus sombre. Elle a su remarquablement y pointer l'ambivalence
de l'Homo Sovieticus, un idéaliste déformé par l'ordre totalitaire. Un Nobel
éminemment politique.» - « Prix Nobel de littérature : le monde des
lettres applaudit », www.lefigaro.fr , p.1.
Ainsi verra-t-on, à cet égard, les paramètres de ce Saint Graal des récompenses
littéraires de 2015, suivants :
1- Profil
littéraire la lauréate nobélisée en 2015 ;
2- Portée politique
symbolique du prix Nobel de littérature 2015 ;
3- Pronostics
et justification du choix de l’académie suédoise 2015 ;
4- Choix du
Nobel 2015 unanimement approuvé du monde des lettres ;
5- Valeur intrinsèque
politico-littéraire de l’oeuvre nobélisée en 2015.
1. Profil littéraire la
lauréate nobélisée en 2015 :
La lauréate
du prix Nobel de littérature 2015, pour son roman : La fin de l’homme
rouge ou Le temps du désenchantement (2014), Svetlana Aleksandrovna
Aleksievitch, est née, le 31 mai 1948, à Stanislav, ex-Union soviétique, de parents enseignants, d’un père biélorusse et d’une mère ukrainienne,
vivant à l'ouest de l'Ukraine, théâtre d’une partie de la seconde guerre
mondiale. En 1965, elle finit l'école moyenne, à Voblast de Homiel, et en 1972, des études de journalisme, à Minsk. Elle
devient professeure d'histoire et d'allemand, puis journaliste (1973- 1984). En
1983, elle accède à l'Union
des écrivains soviétiques. Ce qui l’amène à écrire des romans de guerre, sur l’ère pro- et
post-soviétique en Russie. Romancière dissidente et exilée politique, un temps,
en Italie, en France, en Allemagne, en Suède, elle est l’auteure de : La guerre n'a pas un visage de femme (1985), La Supplication : Tchernobyl,
chroniques du monde après l'apocalypse (1997), La Fin de l'homme rouge ou le Temps du désenchantement (2014). Elle vit une
partie de l’année, en Biélorussie, désavouée des gouvernements de Misnk et
de Moscou. www.wikipedia.org, p.1. «C’est une récompense non seulement pour moi, mais aussi pour notre
culture, pour notre petit pays qui a toujours vécu comme entre des pressoirs»,
a-t-elle réagit jeudi au cours d’une conférence de presse à Minsk, organisée
dans les locaux d’un journal d’opposition. - Svetlana Alexievitch, Nobel de littérature : «J'aime
la Russie, mais pas celle de Poutine», www.next.liberation.fr, p.1.
2. Portée politique symbolique du
prix Nobel de littérature 2015 :
Pour ce qui est de la portée politique
hautement symbolique du prix Nobel de littérature 2015, Noémie Halioua cite Vladimir Fédorosvki, déclarant au Figaro : «C'est une chose très symbolique, une sorte
d'hommage à tous les défenseurs de la liberté, non seulement en Biélorussie
mais aussi en Russie. […] Je suis très touché que le prix Nobel ait été
attribué à une slave qui est dans notre cœur depuis longtemps.» - « Prix
Nobel de littérature : le monde des lettres applaudit », op.cit., p.1. Font
écho à ce jugement les propos politico-symboliques de l’auteure russophone nobélisée,
en 2015 : «J’ai toujours été curieuse de savoir combien il y avait
d’humain en l’homme, et comment l’homme pouvait défendre cette humanité en lui.» - «Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015», www.actes-sud.fr, p.1.
En ce sens l’AFP cite celle-ci indiquant
: «Les
autorités biélorusses prétendent que je n’existe pas [v. en tant que
symbole d’engagement politico-littéraire], et le président
biélorusse aussi», a-t-elle affirmé, précisant avoir reçu les
félicitations du ministre russe de l’Information, mais pas celles des autorités
de son pays [la Biélorussie]. «J’aime le monde russe, bon et humaniste, devant lequel
tout le monde s’incline, celui du ballet et de la musique. […] Mais je n’aime pas celui de Béria,
Staline, Poutine et Choïgou [le ministre russe de la Défense], cette Russie qui en arrive à 86% à
se réjouir quand des gens meurent dans le Donbass [région rebelle prorusse de l’est de
l’Ukraine], à rire des
Ukrainiens et à croire qu’on peut tout régler par la force.» - « Svetlana Alexievitch,
Nobel de littérature : «J'aime la Russie, mais pas celle de Poutine», Op.cit.,
p.1.
Preuve en
est ce qu’en raconte Libération : « Son premier livre publié, la
Guerre n’a pas un visage de femme, a fait scandale en URSS en 1985,
puis est devenu un best-seller, lorsque Gorbatchev en a dit du bien dans un
discours. Elle s’est intéressée à ceux qui étaient enfants pendant la Seconde
Guerre mondiale dans Derniers Témoins (2005), et aux suicides
à la dislocation de l’ex-URSS, Ensorcelés par la mort (1995). Les
Cercueils de zinc, sur les soldats russes en Afghanistan (1991)
et la Supplication, sur Tchernobyl (1998), qui sont les deux titres les plus connus d’elle.» - Op.cit., p.1.
L’AFP
commente, par la même occasion, en citant toujours celle-ci : « À cause de
sa dénonciation [littéraire politico-symbolique] du régime autoritaire de Loukachenko,
Svetlana Alexievitch a vécu en exil en Italie, en France, en Allemagne et
en Suède [2000-2013]. Avec le prix [Nobel de littérature 2015], le régime de
Minsk «va être obligé de m’écouter. Il y a tellement de personnes fatiguées
qui n’ont plus la force de croire. (Le prix) peut signifier quelque chose pour
eux», a affirmé la lauréate au quotidien Svenska Dagbladet. En 2011,
elle dénonçait la «machinerie staliniste» dans son pays, dont l’homme
fort, depuis plus de vingt ans, devrait sans surprise être réélu pour un
cinquième mandat lors de l’élection présidentielle de dimanche.» - Op.cit. Ibid.
3. Pronostics et justification du choix de l’académie suédoise 2015 :
Quant
aux pronostics et justification du choix de l’académie suédoise 2015, Grégoire
Leménager en retrace les paramètres symboliques politico-littéraires
traditionnels fixés par celle-ci en ces termes : « De la part des
jurés du Nobel, cependant, pas question de canular. Leur choix est
clairement une manière de renouer avec une vieille tradition : celle qui
consiste, à la frontière de la littérature et de la politique, à couronner un
écrivain engagé, et donc par la bande les valeurs qu'il défend. » - «Svetlana
Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015», www.bibliobs.nouvelobs.com, p.1.
Sur les pronostics des critiques
littéraires et des sites des paris sur les noms des favoris du Nobel littéraire
2015, Marine Durand indique qu’à la veille de sa proclamation, «le
suspense reste entier et les paris vont bon train sur les sites dédiés. Sur le
site de paris anglais Ladbrokes, cinq noms recueillent les faveurs
des parieurs : la journaliste et auteure biélorusse Svetlana Alexievitch, publiée
en France chez Actes Sud, fait figure de favori […], suivie du japonais Haruki
Murakami (Belfond), déjà pressenti depuis plusieurs années. Le Kenyan Ngugi wa
Thiong'o (Présence africaine, La Fabrique), le Norvégien Jon Fosse (Arche
éditeur) et l'Américaine Joyce Carol Oates (Philippe Rey) sont également cités.»
Dans la même optique, Jonas Nisson, responsable de la communication d’Unibet
Suède confie alors à l’AFP : Le prix Nobel de littérature, c'est une compétition un
peu mystérieuse. Chacun veut pouvoir tirer du prestige d'avoir deviné le bon
nom". De
son côté Gustav Källstrand, conservateur au musée Nobel note : « Ce
qui est certain, c'est que l'Académie suédoise (qui choisit le lauréat) aime
surprendre, […] Il est impossible de dire qui sera le lauréat cette
année.» - Op.cit., Ibid. En somme, il s’agit cette année, selon Grégoire
Leménager, pour les jurés du Nobel d’un retour à la vieille tradition,
lorsqu’il affirme : «De la part des jurés du Nobel, cependant, pas
question de canular. Leur choix est clairement une manière de renouer
avec une vieille tradition : celle qui consiste, à la frontière de la
littérature et de la politique, à couronner un écrivain engagé, et donc
par la bande les valeurs qu'il défend. » - «Svetlana Alexievitch, prix
Nobel de littérature 2015», Op.cit., Ibid.
Or, le même auteur relate plus loin :
« En l'occurrence,
Svetlana Alexievitch n'est pas n'importe qui. Surtout dans le climat de
néo-guerre froide entretenu par le nationalisme d'un certain Vladimir
Poutine. Née en Ukraine en 1948, journaliste et écrivain, cette grande
dame a en effet consacré l'essentiel de son oeuvre à restituer la mémoire
du monde soviétique, avec un art qui réconcilie le documentaire et la
littérature, pas si loin de celui pratiqué, chez nous, par quelqu'un comme Jean Hatzfeld. – Ibid.
4. Choix du Nobel 2015
unanimement approuvé du monde des lettres :
Toutefois, selon Grégoire
Leménager, le choix du Nobel 2015, unanimement approuvé du monde des lettres, a
été politiquement deviné, en juillet 2015, par le journaliste et écrivain russe
Vladimir Bondarenko, en rappelant : «Le
critique littéraire et journaliste russe Vladimir Bondarenko a estimé, en
juillet dernier, dans un article publié par le journal que Svetlana
Alexievitch, proche de l'opposition pro-occidentale biélorusse, avait de bonnes
chances d'obtenir le prix Nobel 2015, en raison de sa russophobie et de sa
haine à l'égard du président russe Vladimir Poutine.» - «Svetlana Alexievitch,
prix Nobel de littérature 2015», Op.cit., p.1.
L’approbation de ce Nobel de la littérature 2015 du monde des lettres
est rapportée par Noémie Halioua, dans ces
témoignages : «C'est l'écrivain Emmanuel Carrère qui a réagi le plus rapidement à la
nouvelle. Quelques minutes après l'annonce du prix Nobel de littérature qui a
été attribué à Svetlana Alexievitch, il a confié au Figaro […] : «C'est
un écrivain que j'admire énormément, qui possède une très grande œuvre. La
supplication [1997] est un livre majeur de la fin du siècle dernier…» - « Nobel 2015, le monde des lettres
appalaudit », Op.cit., p.1.
Il en va de même pour Pierre Assouline, selon
la même source : « Sur son blog, La République des Livres, Pierre
Assouline explique combien Svetlana
Alexievitch se sert des souvenirs pour écrire: «Elle se fait mémorialiste des
sentiments, du vécu et des expériences des autres, elle constitue ainsi de
livre en livre l'archive souterraine et parallèle de la mémoire de ses pays, l'Union
soviétique et la Biélorussie, dans ce qu'elle a de plus sombre. Elle a su
remarquablement y pointer l'ambivalence de l'Homo Sovieticus, un idéaliste
déformé par l'ordre totalitaire. Un Nobel éminemment politique. – Op.cit. Ibid.
Pour sa part l’écrivain
russe Vladimir Fedorovski, selon toujours Noémie Halioua, déclare au Figaro : « C'est une chose très
symbolique, une sorte d'hommage à tous les défenseurs de la liberté, non
seulement en Biélorussie mais aussi en Russie.» avant d'ajouter : «Je suis très
touché que le prix Nobel ait été attribué à une slave qui est dans notre cœur
depuis longtemps». Et Halioua de clore : « L'académie suédoise a justifié
son choix pour la biélorusse, en raison de «son œuvre polyphonique, mémorial de
la souffrance et du courage à notre époque.» - Op.cit., Ibid.
5. Valeur intrinsèque politico-littéraire
de l’oeuvre nobélisée en 2015 :
La valeur intrinsèque
politico-littéraire de l’oeuvre de l’écrivaine biélorusse nobélisée en 2015, se
révèle parfaitement à travers le jugement littéraire élogieux d’Emmanuel
Carrère sur la forme romanesque inventée par Svetlana Alexievitch : «C'est un
très grand écrivain et quelqu'un qui a inventé une forme remarquable. Ses
livres témoignent d'un courage et d'une puissance exceptionnelle. Ça me fait
vraiment très plaisir que le prix lui ait été attribué.» - «Prix Nobel de
littérature : le monde des lettres applaudit», Op.cit., p.1.
Au sujet de l’inspiration de l’œuvre
littéraire et de l’auteure noblélisées en 2015, Reuters rapporte, d’après
Radio-Canada notamment : « Pratiquant divers genres, elle a puisé son inspiration
chez Sophie Fédortchenko (1888-1959), infirmière connue pour
son journal du front documentant le vécu des soldats russes
pendant la Première Guerre mondiale, ainsi que chez
l'écrivain bélarussien Alès Adamovitch (1927-1994), auteur de récits de guerre
documentaires », peut-on lire dans la biographie diffusée par
le comité (Nobel).» - Le Nobel de littérature attribué à la Bélarusse
Svetlana Alexievitch », www.ici.radiocanada.ca , p.1.
La
source ajoute plus loin sur la méthode documentaire de l’écriture
romanesque de Svetlana Alexievitch : « Pendant de nombreuses années,
elle a réuni les matériaux pour son premier livre, La guerre n'a pas un
visage de femme [1985], basé sur des interviews de centaines de femmes
ayant participé à la Deuxième Guerre mondiale. La
Supplication, son oeuvre la plus remarquée et la plus primée parue en
1997, a pour sujet la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, survenue en
1986, et ses conséquences.» - Op. cit., Ibid.
Dans ce même cadre de la valeur
politico-littéraire la lauréate , rappelons avec Grégoire Leménager :
« Née [Svetlana Alexievitch] en Ukraine en 1948, journaliste et
écrivain, cette grande dame a en effet consacré l'essentiel de son
oeuvre à restituer la mémoire du monde soviétique, avec un art qui
réconcilie le documentaire et la littérature, pas si loin de celui pratiqué,
chez nous, par quelqu'un comme Jean Hatzfeld.» - «Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature
2015», Op.cit., Ibid. Cela se retrouve éminemment résumé, selon G. Leménager,
dans la formule du choix de la valeur intrinsèque politico-littéraire du comité
de l’académie suédoise de 2015 : «Le haïku avec lequel ils ont très
officiellement justifié leur décision est d'ailleurs assez éloquent comme ça.
S'ils ont couronné Svetlana Alexievitch, c'est pour son oeuvre
polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque. » - Ibid.
En témoignent les brefs extaits de : La fin de l’homme rouge ou le
Temps du désenchantement (2014), l’œuvre primée, suivants :
« Vingt ans ont passé...“Arrêtez de
nous faire peur avec le socialisme !” disent les enfants à leurs
parents.Un professeur d’université que je connais m’a raconté : “À la fin des
années 1990, cela faisait rire les étudiants quand j’évoquais l’Union
soviétique, ils étaient sûrs qu’un avenir nouveau s’ouvrait devant eux.
Maintenant, ce n’est plus comme ça... Les étudiants d’aujourd’hui ont déjà
appris ce qu’est le capitalisme, ils l’ont ressenti en profondeur – les
inégalités, la pauvreté, la richesse arrogante. Ils ont sous leurs yeux la vie
de leurs parents auxquels le pillage du pays n’a rien rapporté. Et ils ont des
opinions radicales. Ils rêvent de faire leur révolution à eux. Ils portent des
tee-shirts rouges avec des portraits de Lénine et de Che Guevara.” […] P.25
La moitié des jeunes
de dix-neuf à trente ans considèrent Staline comme “un très grand homme
politique”. Un nouveau culte de Staline dans un pays où Staline a exterminé au
moins autant de gens que Hitler ?!! Tout ce qui est soviétique revient à la
mode. […] Ibid.
J’ai croisé dans la
rue des jeunes vêtus de tee-shirts avec la faucille et le marteau, et le
portrait de Lénine. Savent-ils ce que c’est que le communisme ? P.26
Pour
conclure, il est enfin judicieux de dire incontestablement de Svetlana
Alexievitch, l’auteure engagée de La fin de l’homme rouge ou le Temps du
désenchantement (2014), lauréate du prix Nobel de littérature éminemment politico-symbolique 2015, avec Pierre
Assouline : « Elle [Svetlana Alexievitch] se fait mémorialiste des
sentiments, du vécu et des expériences des autres, elle constitue ainsi de
livre en livre l'archive souterraine et parallèle de la mémoire de ses pays,
l'Union soviétique et la Biélorussie, dans ce qu'elle a de plus sombre. Elle a
su remarquablement y pointer l'ambivalence de l'Homo Sovieticus, un idéaliste
déformé par l'ordre totalitaire. Un Nobel éminemment politique. » - www.lefigaro.fr , p.2.
Dr. SOSSE ALAOUI
MOHAMMED
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