lunes, 31 de diciembre de 2012

NOUVEL AN 2013 (Poème)



NOUVEL AN 2013
(Poème)
Nouvel an 2013 aux portes
De la planète ahurie
Pour qui sonne le glas
Pour qui l’homme
Dans les rues du monde
Pleure son destin
D’homme
Hier nanti
Aujourd’hui démuni
***
Nouvel an 2013 aux portes
De la planète rétrécie
Par la faute de qui dilapide
Ses richesses sans compter
Pourtant en quantité
Naturellement en qualité
Par égoïsme
Dangereusement
Réduites sans répit
***
Nouvel an 2013 aux portes
De la planète transie
De  disparités cruciales
D’inégalités inhumaines
De glaciation de réchauffement
De typhons de sécheresses
De maladies et de pénurie
D’énergies renouvelables
De survie
***
Nouvel an 2013 aux portes
De la planète régie
Par les  échéanciers
Qu’apportes-tu aux sans
Abris de la misère
De l’ignorance
Des catastrophes naturelles
Des guerres et des révolutions
Au nom de la démocratie
***
Nouvel an 2013 aux portes
De la planète desservie
Dis quel sort réserves-tu
A la fraternité humaine
A la paix dans le monde
A la globalisation humanitaire
Qui dépérit

                               Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
                           (in «Paradigme d’une vie d’homme», 2012)


miércoles, 26 de diciembre de 2012

Le théâtre et l'indépendance du Maroc : janvier 44



LE REFLET DU MANIFESTE DE 1944: DES RÉFORMES

POUR L’INDÉPENDENCE À L’INDÉPENDENCE POUR

LES RÉFORMES ET LA DÉMOCRATIE

DANS LE THÉÂTRE MAROCAIN DE LANGUES

ARABE ET FRANÇAISE

    
     “Le théâtre est le reflet de la vie.”, lit-on laconiquement dans l’Intoduction desLectures intégrales, Théâtre /3 – Paris, Ed. LGF, 1986, p.6. Certes, cela nous induit à aborder la problématique du reflet  du Manifeste de 1944 pour l’indépendance colonisé (1912-1956), dans le  théâtre  marocain de langues arabe et française nationaliste (1920-2007), formulée comme suit: “Le reflet du Manifeste de 1944: des réformes pour l’indépendance à l’indépendance pour les réformes et la démocratie dans le théâtre marocain de langues arabe et française (TMLAF)”. En  témoigne cette réflexion éclairante de feu S.M. Hassan II, dans “Le défi”: “C’est pourquoi, à ceux qui croyaient possible d’accéder à l’indépendance grâce aux réformes, il [feu S.M. Mohamed V] fit adopter le mouvement stratégique inverse: VERS LES REFORMES PAR L’INDEPENDENCE.
     “C’est ainsi que fut fondé, le 10 décembre 1943, le Hizb al-Istiqlal, Parti de l’Indépendance, et que, quelque jours plus tard, le manifeste du mouvement [national] fut soumis à mon père qui l’examina et l’approuva.” – Paris, Ed. Albin Michel, 1976, p.35. Stratégiquement, l’adoption du théâtre comme instrument socio-éducatif des masses par les nationalistes marocains pourrait s’inscrire dans cette campagne de feu le Pr. Allal El Fassi contre le théâtre de propagande colonial, relatée par Mohamed El Alami à cet égard: “Cette troupe [de Lamnioui fomenteur d’un complot raté contre Allal El Fassi] qui était financée par le capitaine Rodinot, agent de la Résidence à Fès [au Sud du Maroc, sous Protectorat français], se rendit à Tétouan pour présenter une de ses pièces théâtrales, mais Allal écrivit aux nationalistes de Tétouan leur demandant de boycotter les représentations. Et effectivement la troupe de Lamnioui, qui fut présentée à la population pour ce qu’elle était, c’est-à-dire un simple noyau de propagande colonialiste, subit un échec total dans sa tournée dans la zone nord [du Maroc,  sous Protectorat espagnol].” – “Allal El Fassi, Priarche du nationalisme marocain”Casablanca, Ed. Dar El kitab, 1975, p.58. Aussi verrons-nous: I) Le reflet du Manifeste de 1944: des réformes préalables pour l’indépendance dans le TMLAF, II) Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance par les réformes et la démocratie dans le TMLAF.
       I- Le reflet du Manifeste de 1944 des réformes préalables pour l’indépendance dans le TMLAF :
   Nul n’a mieux su exprimer la puissance du théâtre sur la vie publique que Beaumarchais (1732-1799), cité par Michel Etcheverry en ces termes: “Le théâtre est un géant qui blesse à mort tout ce qu’il frappe.On doit réserver ses grands coups pour les abus et pour les maux publics [v.le colonialisme].” – “Beaumarchais”, “Lectures intégrales”, Op.cit., pp.12-13. En effet, selon Abdelkader Smihi, Allal El Fassi avait acceilli favorablement la constitition en 1926,  de la troupe théâtrale des élèves du lycée Moulay Idriss, à Fès: “Un groupe des anciens élèves de l’école Moulay Idriss de Fès, composé de MM: Larbi Douiri, Mohamed Belarbi El Fassi, Larbi Kassara, entreprit de fonder une première troupe théâtrale à Fès, et ce à leur retour du Caire, en 1923 (…). Du fait, une premère association dramatique se constitua sous la présidence de Mohamed Zghari. La première pièce que la troupe représenta fut celle de “Salâh Ed-Dîn Al Ayûbî” [Saladin] de Njib Haddad, au théâtre «Grabando» de Boujloud.” – “Nach’atu al masrahi wa ar-riâdati fî al maghribi” (La naissance du théâtre et du sport au Maroc), Rabat, Ed. Maktabatu al Maârif, 1986, pp.274-275.
       Au Nord du Maroc clonisé par l’Espagne, le Pr. Abdelkhalek Torrès  constate en 1946: “La revue «Al Anwâr» [Les lumères] venait de paraître et eut un accueil favorable dans tous les milieux, une revue qui, par sa subtilité et la beauté de sa facture, est étrangère à notre pays, car il s’agit d’une revue théâtrale dans un pays sans  théâtre.” – “Hâjatunâ ilâ masrahin” (Notre besoin d’un théâtre), “Min Thurât at-Torrîs”, Ed. Arissala, 1970, p.75. En vérité, “le reflet du Manifeste de 1944: des réformes pour l’indépendance dans le TMLAF” fait suite dialectiquement à deux plans de réformes présentés successivement: à Madrid, le 1er mai 1931, par les nationalistes marocains de la zone Nord et le 1er décembre 1934 à Paris, par les nationalistes marocains de la zone Sud.
     “Toutefois, écrit M. El Alami, il n’y avait pas de cloison étanche entre le nationalisme des deux zones. A Fès comme à Tétouan, les nationalistes professaient en gros les mêmes idées et revendiquaient les mêmes réformes (…). Les nationalistes réclamaient des réformes dans le domaine de la politique générale et des libertés publiques. Le C.A.M. [le Comité d’Action Marocaine – 1934, au Sud] demandait notamment l’abolition de la politique des «grands caïds», la création de municipalités élues, de chambres économiques régionales élues et d’un conseil national élu, dont les décisions seraient subordonnées à l’approbation du Sultan, seul détenteur de la souveraineté. Le C.A.M. ne rejetait pas le principe du Protectorat. Tout au plus, son ambition était-elle de le tansformer en une sorte de mandat, formule que la Société des Nations [la S.D.N.]avait mise à la mode, après la guerre de 1914-1918.” – Op.cit., p.63. Ce fut l’étape stérile des réformes préalables, pour l’accès à l’indépendance, qui ira de l’acte du Protectorat de 1912 au Manifeste de 1944. Elle englobe dans le TMLAF des réformes à la fois: socio-éducatives, éthico-politiques et ethno-culturelles.
      I.1- Le reflet du Manifeste de 1944 des réformes préalables socio-éducatives pour l’indépendance dans le TMLAF :
      D’emblée, remarquons  que la plupart des pièces du TMLAF citées sont par leurs dates de parution ou de représentation tantôt antérieures  tantôt postérieures au Manifeste de 1944 et à l’indépendance du Maroc, suvenue en 1956 et s’étendent par leurs thèmes à 2007. D’où par exemple:
        - “Intisâr al haqqi bi al bâtili ” (La victoire de la raison par la superstition - 1933), de Abdelkhalek Torrès (1933-1970):
         Ecrite en langue arabe par A. Torrès en 1933, la pièce “Intisâr al haqi bi al bâtili ” (La victoire de la raison par la superstition), ne fut jouée qu’en 1936 par le comité dramatique d’“Al Maâhad al Horr” ( l’Institut libre – 1932) – R. Heddadou, “Masrahu Abd El khaleq Torrîs”, Tétouan, Ed. Dar Chwiakh, 1988, p. 91.  Il y traite, en tant que leader nationaliste et fondateur du PRN (Parti de la Réforme Nationale - 1933), d’une société en quête de son identité nationale, défaite politiquement, socialememt et culturellement les colonisateurs, à laquelle le rattachent des coutumes archaïques d’ignorance, de maladies, de misère et de fausses croyances. Le mouvement national prône des réformes, en vue de  l’indépendance du Maroc, notamment socio-éducatives. C’est ce qu’incarne le père traditionel et bigot, Mohamed Saâdi, interdisant à son fils Abdallah d’aller étudier à Madrid (symbole d’ouverture sur l’autre) pour libérer la nation de son retard culturel historique. Avec l’aide de son ami Mohamed Abou Nakhlah (déguisé en dévot-miraculé) et de son professeur Ali Zahiri (le porte-parole révolutionnaire de l’auteur), il finit  par faire consentir le père et ses deux faux dévots d’amis: Ahmed Kassem et Tahar Kassar, par crainte des démons d’Abou Nakhla . En voici les extraits représentatifs:
        + “Le père: [au fils en présence d’A. Kassem et T. Kassar] Il [son fils] veut aller à Madrid. Tout en ignorant la langue espagnole.”
              “Le fils: Je ne l’ignore plus aujourd’hui. J’ai fait tous mes efforts pour la maîtriser comme l’un de ses natifs.
       “Le père: Ah..! Tu apprends une chose dont tu ne m’informes pas? Est-ce ainsi que tu penses te conduire?
       Le fils: Comment t’informer d’une chose à cause de laquelle tu t’es opposé à moi, et sans doute contre laquelle tu maintiens ferme  cette opposition? Tu es hostile aux langues vivantes et tu vois qu’elle éloigne l’homme de la science utile, alors que je vois que la connaissance ne s’accomplit que par l’une d’elles. Et puis, je vois que tu comptes toi-même beaucoup sur quiconque connaît la langue espagnole. Je ne puis voir quelqu’un me reprocher la faveur de la lecture d’une chose ou  son écriture (…).
       Le père: Je n’accorde aucune valeur à ton voyage en Espagne [Métropole du Protectorat], comme si tu avais épuisé toutes les sciences de ton pays natal [Tétouan]. Maîtrise d’abord ce que détiennent les scientifiques de ta patrie, ensuite si tu es encore avide – sans faille – de sciences, voilà Fès [notre capitale intellectuelle]devant toi. Quant à aller apprendre la civilisation, l’adultère et le clinquant, c’est une chose à laquelle je ne saurais consentir ni me permettre.
     Le fils: …Mais si je désire partir pour Madrid, c’est que ma vocation pour la science moderne est si forte et qu’un homme ne saurait  exceller en une chose que si sa vocation y est plus forte qu’en toute autre. Et puis, nous avons chez nous suffisamment de spécialistes de la méthode marocaine traditionnelle, alors que la nation a besoin de qui la guiderait dans son obscurité actuelle et lui désigner la voie du salut. Il est indigne de nous de rester  dans toutes nos affaires  dépendants d’autrui.
      Le père: Le monde ne nous appartient pas, le monde appartient à autrui. Par contre, l’au-delà est à nous. Reste dans ton pays jusqu’à ce que Dieu te pourvoie de quoi tu puisses t’occuper.” – Acte 1, sc.1, Op.cit., pp.135-137.
         [Mais, le professeur incite le fils à persévérer pour faire triompher son choix, au nom de l’avenir révolutionnaire, d’une future génération qui prendra la relève de la sienne propre.] 
      Le professeur: …Je verrais en toi demain mon esprit révolutionnaire, rasséréné par sa révolution, mon sentiment brûlant empêtré dans son ardeur. Je te regarderai alors que la vie est en plein droit de se passer de moi grâce à toi, puisque tu es l’innovation qui lui sied. Je ne serai pas mécontent de toi, car je suis ce que tu es, tandis que tu ne seras à jamais que moi.
       [La clef du refus du père d’envoyer son fils étudier à Madrid est fagotée par Abou Nakhlah, travesti en dévot-magicien, pour intimer au père, au nom des démons du sol, l’odre d’aquiescer . Ce qu’il fit, transi de peur, aussitôt.]
      Abou Nakhlah: Sais-tu que je suis capable de me déguiser en dévot-charlatan?
      Le professeur: Et en plus qu’un charlatan.
     Abou Nakhlah: Ainsi, je mettrai demain une mise d’un dévot-illuminé, j’allongerai mes cheveux et j’entrerai chez  le père d’Abdallah, en présence de Kassem, ce fourbe qui sait si bien jouer son rôle. Je me mettrai à radoter et exhiber ma capacité de voyant hors pair, jusqu’à ce que je gagne sa confiance. C’est alors que j’étalerai ton affaire et le bien que cela fait aux démons du sol! Je le tiendrai d’une poigne ferme en lui faisant apparaître que son bonheur est dans ma satisfaction, ou plutôt comme , son   unique recours contre le châtiment des proches [démons du sol].” – Acte 2, sc.1, Op.cit., pp.152-153. 
        [Enfin, c’est la victoire de la raison remportée par le fils et ses amis éclairés sur la superstition du père et ses amis les faux dévots.]
       Kassem: Certes, nous remportons la victoire, Dieu merci.
       Le fils: (Levant les bras au ciel) Nous avons certes  gagné même si nous étions obligés d’user de superstition pour faire triompher la raison. Demain, la raison triomphera toute seule. Ô raison, rassure-toi, tu auras à tout jamais la victoire!” – Acte 3, sc.1, Op.cit., p.166.
       “Certes, spécifie le Pr. A. El Fassi, nous avons continué [en 1925] à oeuvrer pour la création de plusieurs écoles [libres] réformistes dans différents centres [urbains et ruraux] qui furent le noyau autour duquel se regroupaient des catégories actives locales [de militants]. Mais, elles furent le plus souvent fermées par l’autorité [coloniale], ou dont les détenteurs furent arrêtés, donnant lieu à des protestations politiques. Le lecteur s’étonnerait si je lui dis que tout mouvement petit ou grand avait besoin d’effort et de sacrifice face à l’obstination [colonialiste]française [au Sud] et espagnole et internationale [au Nord du Maroc et à Tanger].” – “Al harakâtu al istiqlâliatu fî al Maghribi al arabî” (Les mouvements d’indépendance au Maghreb arabe), Tanger, Ed. A. Guessous, 1948, p.139. Or, cette volonté nationale des réformes socio-éducatives pour l’indépendance, bafouée par le régime du Protectorat multinational, mobilisa aussi les militants nationaux à Tétouan, par l’envoi de missions d’étudiants en Orient arabe et en Europe. “Et en octobre 1928, écrit Jean Wolf, il [Haj Abedeslam Bennouna] envoie une première mission (il y en aura d’autres!) d’étudiants marocains suivre des cours [des études] à  l’école secondaire palestinienne «Najah» (Réussite) [en Palestine] qui jouit d’une flatteuse réputation aussi bien dans le Maghreb qu’au Moyen-Orient.” – “L’épopée d’Abd El khaleq Torres”, Casablanca, Ed. Eddif-Balland, 1994, p.154-155. Ce qui confirme le reflet du Manifeste 1944: des réformes préalables socio-éducatives pour l’indépendance dans  la pièce de langue arabe de Torrès.
        I.2- Le reflet du Manifeste de 1944: des réformes préalables éthico-politiques pour l’indépendance dans le TMLAF :
         Les réformes préalables éthico-politiques ont effectivement motivé en amont le reflet du Manifeste de 1944 pour l’indépendance dans le TMLAF, par la mise en cause de l’image avilie de la société marocaine  diffusée par le colonialiste. “La société colonisée, indique Frantz Fanon, n’est pas seulement décrite [par le colon] comme une société sans valeurs. Il ne suffit pas au colon d’affirmer que les valeurs ont déserté, ou mieux n’ont jamais habité le monde colonisé. L’indigène est déclaré imperméable à l’éthique, absence de valeurs, mais aussi négation des valeurs.” – “Les damnés de la terre”, Paris, Ed. Maspéro, 1968, p.10.  Ce dont rend compte la pièce:
        -“Yâ Abd El Krim!” (Ô, Abdelkrim! - 1958) de Mohamed El Haddad (né début du XXe siècle):
         En se rapportant à ce que M. El Haddad, dramaturge de langue arabe, a dit devant le public théâtral de la ville de Tétouan, au lendemain de la représentation de sa pièce “Al Walid Ibnu Abdi al Malik”, au mois d’octobre 1928, on ne peut manquer d’y relever la préoccupation du TMLAF pour les réformes préalables éthico-politiques pour l’indépendance de la société marocaine, en bute au joug colonial franco-espagnol et international récalicitrant. “Messeurs, le même jour qu’aujourd’hui de l’an dernier 1347 [de l’H.] débuta notre première expérience dans le théâtre. Nous invitâmes la jeunesse [marocaine] d’y assister, étant donné ce qu’il dispense comme leçons civiques [réformes éthico-politiques]. Nous reçûmes alors l’encouragement du public, comme nous le reçûmes de vous aujourd’hui.” – “Nach’atu al masrah…”, Op.cit., p.95. La pièce est consacrée à Mohamed Abdelkrim Al Khattabi (1882-1963), le leader de la guerre du Rif (1919-1926) et aux causes éthico-politiques de sa réddition face à la coalition militaire franco espgnole. On y relève notamment:
        + “L’homme (Un vieillard): Une flamme – Une flamme au sol et une flamme au ciel, les sables brûlent comme l’enfer, le désert du Rif aux dimensions circonscrites comme les jours de l’abandon. Esseulé comme un coeur désespéré. Ô, vous autres Européens! Vos visées s’étendent jusqu’à ce désert dont vous craignez que ma domination sur lui constitue un danger pour quiconque tenterait de traverser Gibraltar entre les rives des deux mers. La voilà la flotte espagnole qui s’agite dans le port d’Alhuceima et ses hommes qui se répandent comme des criquets sur la côte rifaine, les étendards espagnols sont sur terre et sur mer. Et pourtant, le soldat espagnol se sent aller vers la mort, il part combattre Abdelkrim, dont la force a terrifié l’Espagnol et le coeur de chaque Européen.” – Acte 1, sc.1, Op.cit., p.247.
       [Face à la coalition militaire franco-espagnol, Abdelkrim sent l’imminence d’une défaite et consulte démocratiquement ses hommes.]
        + “La foule: Vive le héros Abdelkrim!
        “Abdelkrim: Je ne veux pas vous dissimuler que la situation est extrêment critique. La patrie est en danger, je ne sais comment nous allons en réchapper. Nos ennemis français et espagnols se sont mis d’accord pour nous anéantir. C’est pourquoi nous sommes contraints d’affronter deux Etats. Nous pourrions combattre chaque Etat séparément. Nous sommes en mesure de résister face aux Français, mais l’affrontement des deux Etats a créé une situaton difficile. Je n’ignore pas votre héroïsme, votre tenacité et votre amour du sacrifice. Toutefois, je crains que vous soyez victimes de la mésaventure. Considérez la situation pour que je puisse m’inspirer de l’opinion la plus juste.” – Acte 4, sc.1, Op.cit., p.260.
       [Enfin, ce fut la déroute et la décision d’Abdelkrim de négocier sa réddition avec les Français à Marrakech.]
       + “Le soldat: Salut Ô héros!
      “Abdelkrim: Salut à toi, brave homme! Qu’as-tu apporté comme nouvelles? 
      “Le soldat: Nos forces ont affronté les forces françaises, mais nos forces durent lâcher pied et furent contraintes de beaucoup reculer. Elles furent traquées par les forces françaises. Les forces espagnoles voulurent en profiter et ils auraient coupé la route devant nous, sans la fermeté dont firent preuve nos hommes. Ce qui obligea les Espagnoles à revenir vers leurs positions.
       “Abdelkrim (A part): La cause est perdue (Au soldat) retourne immédiatement auprès de tes compagnons, et donne leur l’ordre de tenir bon, de patienter et de combattre les ennemis.
        “Abdelkrim: (A part) Je vois que notre cause est sur le point de se perdre. Il faut que j’ailles à Marrakech négocier avec les Français pour mettre un terme à l’effusion du sang inutile  de mes compatriotes. Je dois faire sacrifice de ma vie pour la cause de mon peuple. Adieu mon pays, adieu terre du Rif! Ô, lieu de prédilection des héros et des braves!” – Acte 5, sc.1, Op.cit., p.268.
      Civisme, partiotisme et citoyenneté engagée au service des réformes éthico-politiques pour l’indépendance, exaltés à travers la guerre du Rif (1919-1926), tels sont apparemment les valeurs prônées dans la pièce du TMLAF (en 1958) de M. El Haddad. Consciemment ou non, la haute trahison figure parmi les crimes éthico-politiques les plus fréquemment dénoncés dans le TMLAF, reflet du Manifeste 1944 des réformes préalables  pour l’indépendance. Cela est manifeste dans des  pièces comme:
       - “L’oreille en écharpe” (1956) d’Ahmed Belhachmi (né en 1927):   
       Or, tel que le dévoile F.Fanon, au sujet de  l’éthico-politique du colonisé: “Pour le colonisé, être moraliste [éthico-politique] c’est, très concrètement, faire taire la morgue du colon [v. du traître de la patrie], briser sa violence étalée, en un mot l’expulser carrément du panorama.” – Op.cit., pp.12-13. A. Belhachmi dépeint dans cette pièce de langue française le drame d’une famille révoltée contre un père irascible Omar, juge de son état, du règne  du roi fantoche Mohammed Ben Arafa, lors de l’exil du roi légitime Mohamed V , orchestrés par  la résidence générale du Protectorat français, à Rabat, entre 1953 et 1955. Cela est visible dans les extraits suivants:
      +“LA FILLE.- Je sais que la nomination de papa t’a beaucoup affectée.
       LA MÈRE: Se laisser nommer juge dans ces conditions! C’est ignoble!
       LA FILLE.- Que veux-tu… il était sans travail…
       LA MÈRE.- Sans travail, il aurait dû rester.
       LA FILLE.- Et nous?
       LA MÈRE.- Que dis-tu, «et nous»? Valons-nous donc mieux que ce peuple entier qui croupit dans ces cachots étroits [les nationalistes]. Valons-nous donc mieux que ces hommes qui ont préféré vivre réellement captifs dans un désert [Allal El Fassi,etc.] plutôt qu’apparemment libres dans un palais? Valons-nous mieux surtout que cet homme qui a fait don de sa personne, de sa famille, de son trône; valons-nous mieux que cet homme dont la hauteur de caractère et la noblesse d’âme rallient – quand ils y pensent – jusqu’à ses opposants [Mohamed V]?...
         LA FILLE.- Je voulais simplement dire que du point de vue pratique…
        LA MÈRE.- La dignité ne serait pas dignité si elle n’ignorait le point de vue pratique.
        LA FILLE.- Mais l’argent pour…
        LA MÈRE.- Je t’en prie, laisse donc ce mot remplir la bouche de ton père, puisque ses poches n’en seront jamais assez pleines.
        LA FILLE.- Tout le prix de son égarement, il a failli le rembourser d’un coup.
        LA MÈRE.- D’un seul coup de pistolet.
        LA FILLE.- Quand je pense à cet attentat [de la Résistance] auquel il a échappé!
        LA MÈRE.- Échappera-t-il à un  autre?
        LA FILLE.- Il ne sort plus qu’armé.
        LA MÈRE.- S’armer de vrai courage rapporte plus et encombre moins.” – Casablanca, Ed. AGB, 1956, Acte 1, sc.5, pp.39-40.
        [Querellé par l’aveugle Mustapha qui le pourchasse chez lui, le juge Omar, se voit couvert d’invectives référant à sa vie de traître et d’anti-patriotes.]
        LE PÈRE.- Allez-vous en.
        MUSTAPHA.- Ainsi tu es un des ces hommes de Ben Arafa! C’est donc ce polichinelle qui t’a surélevé au grade où tu te pavanes comme un paon. Pan! Pan! T’ont répondu les patriotes [les résistants] qui ont la riposte aisée. Et comme en te faisant juge, le régime [colonial] s’est jugé!
         LE PÈRE.- Allez-vous en, vous dis-je.
         MUSTAPHA.- Si j’avais trouvé mon fils chez moi, il t’aurait sûrement frotté le nez par terre pour te faire sentir de près les péchés que tu y sèmes en marchant. Tu es donc un adorateur de ce pantin qui, au lieu de porter ses ficelles dans le dos, les porte dans la barbe, pour plus respectable et plus sérieux. Mais parle donc traître.
        LE PÈRE.- Si vous ne vous en allez pas tout de suite, j’appelle la police.
        MUSTAPHA.- Je m’en réjouirais fort, si la police avait la moindre chance de te rendre policé. Mais puisque tu le désires, je vais te fournir le prétexte de faire une réclamation en te portant sur la tête un coup que tu porteras comme une réclame. Car mon sang réclame encore une juste vengeance. Ah! Je te sens tout proche de moi, Benarafiste.” – Acte 3, sc.1, Op.cit., pp.114-115.
         Par ailleurs, la mésaventure mortelle du traître rebelle Djilali ben Driss Zerhouni (alias Bou Hamara: 1862-1909) est allégoriquement incarné dans la pièce de Khatibi et dont J. Wolf précise historiquement la mésaventure: “C’était un Berbère arabisé, nommé Djilali ben Driss Zerhouni el Youssefi, âgé d’une quarantaine d’années, originaire du village des Ouled-Youssef, dans le Zerhoun. Naguère, il avait étudié au corps des Tolba Mohendisin ou élève-ingénieur, puis il devint secrétaire de Moulay Omar, frère du sultan actuel. Il fut impliqué dans une intrigue au temps où Moulay Omar était khalifa de Fès, lors de l’expédition de Moulay el Hassan [HassanI] au Tafilalet. Il fu jeté en prison et n’en sortit qu’il y a deux ans. Après avoir voyagé en Algérie et en Tunisie, cette obscure victime de la politique du Makhzen (sic) rentra au Maroc; et, pour vivre, il dut s’établir aspirant-marabout [faux prophète] sous le vocable de Bou Hamara (…).Il se fit passer pour chérif. Le succès [en 1902] de Djilali ben Driss fut si grand dans son nouveau métier qu’il lui suggéra l’idée  d’agir [avec l’or des Français, en Algérie]; favorisé par les circonstances et par l’inévitable réaction contre les réformes précipitées, ils trouva les Ghiatas prêts à entrer en campagne. Vis-à-vis de la foule, il déclara être Moulay M’hammed ben el Hassan, frère aîné du jeune sultan [My Abdelaziz] et se posa lui-même en prétendant au trône.
     “La route de Fès lui était ouverte mais il ne sut profiter de sa victoire et se retira à Taza puis à Selouane où il installa un gouvernement révolutionnaire. La lutte se poursuivit pendant plusieurs années et ce n’est qu’en 1908 que Moulay Hafid, successeur de Moulay Abd el Aziz, réussira à le capturer, le fera promener à travers les rues de Fès dans une cage de fer et, si l’on en croit les chroniqueurs du moment, le donnera finalement en pâture à ses lions. Ce qui est sûr, c’est qu’il le fit exécuter.      ” – “L’épopée…”, Op.cit., p.90. Le personnage en question apparaît dans:
       - “Le prophète voilé” (1979) d’Abdelkebir Khatibi (né en 1938):
      C’est ainsi que le traître rebelle, mi-charlatan et mi-marabout, Bou Hamara symbolise sur la scène les réformes préalables éthico-politiques pour l’indépendance dans le TMLAF, dans  Le prophète voilé” d’A. Khatibi. “L’unité nationale, écrit F.Fanon, est d’abord l’unité du groupe, la disparition des vieilles querelles et la liquidation définitive des réticences. Dans le même temps, la purification [éthico-politique] englobera les quelques autochtones qui, par leurs activités, par leur complicité avec l’occupant ont déshonoré le pays. Par contre les traîtres et les vendus seront jugés et châtiés. Le peuple dans cette marche continue qu’il a entreprise légifère, se découvre et  se veut souverain.” – Op.cit., p.82. Tel que le conçoit allégoriquement Khatibi ici:
        + “LE PROPHÈTE (voix II) [l’imposteur et traître  rebelle Bou Hamara]
        A ceux qui insulte le Trône Insaisissable [de la rebellion] , je  réserve la brisure et la rotation mortelle [la torture à mort]. Que ne connaissent-ils la flèche de mon ordre!  Et je vis après Noé, Abraham, Moïse, le Christ et Muhammad. Ainsi sera-t-il fait de ma longue allégorie [fausse prophétie]. A ceux-là, je scellerai la vue et l’ouïe. ceux-là! Il n’y a pas d’infidélité raisonnable, créatures infâmes! Le sarcasme est reflet de leur impuissance, la haine le mirage de leur nombre. Ainsi seront-ils lâché dans le vide et ils ne se souviendront plus. Je m’illustre dans ma propre splendeur, j’ai la preuve de mon éternité. Que ne savent-ils! (voix I) Agenouille-toi et crie mon nom, créature infâmes! [menace contre les légitimistes]” – Paris, Ed. L’Harmattan, 1979, tableau III, pp.31-32.
       [Le Khalife (le Sultan légitime) reçoit les nouvelles de la progression de la rebellion du faux Prophète  (B. Hamara) et donne ses instructions militaires au Vizir.]
       + “LE VIZIR (voix désabusée)
       Catastrophe, Seigneur! Notre armée de Khorasan [d’Oujda] est complètement défaite. Guerre expéditive, Seigneur! (…).”
       LE KHALIFE (marchant lentement)
       Eh bien! Armée défaite, armée renouvelée, Vizir. C’est la règle du jeu. Doublez les effectifs, il faut écraser cette révolte. Vite et bien (silence, le Khalife, un peu triste) Tu dis que le charlatan a construit le plus beau château de Khorasan [de Selouane], quel affront! Oser se mesurer à ma splendeur! (se tournant vers le Vizir) Je le veux vivant, des pieds à la tête. Vivant, tu m’écoutes, je veux voir son visage. Mais avant, je lui aurai préparé la plus grande humiliation. (Réfléchissant, le Vizir veut parler, le Khalife arrête son intention par un geste.) Voyons, on le fera circuler en ville [de Fès] dans une cage, une grande cage, n’est-ce pas? (Brusquement.) Comment est-il?” – Op.cit., tableau V, pp.49-50.
      Cependant, les réformes préalables éthico-politiques pour l’indépendance reflétées primitivement par le TMLAF, précédant le Manifeste 1944 de l’indépendance pour les réformes et la démocratie, antithèse dialectique à la thèse des réformes préalables notamment éthno-culturelles, inscrites dans le Traité du Protectorat de 1912 et systématiquement refusées, pour l’indépendance du Maroc.
       I.3 - Le reflet du Manifeste de 1944: des réformes préalables éthno-culturelles pour l’indépendance dans le TMLAF :
         Quant au reflet du Manifeste 1944 des réformes préalables éthno-culturelles pour l’indépendance dans le TMLAF, le dahir berbère 1930 instauré par le Protectorat franco-espagnol au Maroc constitua le ressor symbolique et matériel du mouvement national unitaire marocain.
       “En 1930, la démocratie française [du Protectorat], écrit S.M. Hassan II, prétendit inventer au Maroc un nouvel Etat: la Berbérie. On s’appuya sur des connaissances ethniques et linguistiques douteuses, mais surtout sur des féodaux et des chefs traditionnels sans scrupules, des ulémas aux idées rétogrades et des cheikhs de confréries religieuses dont le prétendu mysticisme masquait une roublardise trop connue (…). Dans cette Berbérie imaginaire, l’enseignement de l’arabe fut combattu et, l’unité linguistique berbère n’existant pas, la langue officielle devint le français. Dans les écoles, les enfants apprirent non seulement que leurs ancêtres «étaient les Gaulois», mais que leurs parents et eux-mêmes s’étaient trompé de religion [l’Islam].” – “Le défi”, Op.cit., pp.20-21. Ce dont  traitent les pièces du TMLAF suivantes:
       - “Al Qalbu al kabîru” (Le grand coeur- 1973) de Mohamed Dahrouch (né en 1943):
       En langue arabe, l’intrigue des tableaux de la pièce moderne de M. Dahrouch, a pour centre d’intérêt A. Torrès, le leader du PRN (1933-1956), dans la zone Nord et le Sahara marocains, occupés par l’Espagne. Le reflet préalable du Manifeste de 1944: des réformes préalables éthno-culturelles pour l’indépendance dans le TMLAF s’y concrétisent à travers les passages dramatiques suivants:
         + “Le jeune homme 4: [les yeux bandés] … Où êtes-vous, Ô tribuns? Où êtes-vous, Ô dirigeants de la communauté? Où êtes-vous, Ô semi-occidentaux [semi-européanisés]? Où êtes-vous, Ô hommes de ce sol? Les vôtres  sont humiliés. Vos hommes sont mis à nus. Vos jeunes gens ont les yeux bandés. La patrie appelle au secours. N’est-il pas encore né [le leader]?… N’est-il pas encore né? … (En criant) N’est-il pas encore né? (…).
          L’injuste ne voit pas ce que tu vois, il n’enregistre pas. Il a spolié votre terre, partagé vos biens, lavé vos cerveaux, effacé votre couleur et votre nombre, après vous avoir désintégrés… Inconnu ! N’est-il pas encore né?” – Mohammedia, Ed. Fédala, 1996, Acte 1, sc.2, tableau 2, pp.22-23.
         [Le jeune homme 8 Abdelkrim délibère politiquement avec les jeunes gens 1 et 7 sur l’identité et la différence éthno-culturelles entre colonisteur et colonisé et la cause de  l’occupation étrangère du pays.]
     “ Le jeune homme 7:  Les nationalistes sont en prison.
        Le jeune homme 1: La politique, non [prohibée par l’occupant]!
        Le jeune homme 7: La torture et la persécution des hommes d’honneur.
        Le jeune homme 1: Je t’ai dit: la politique, non!
        Le jeune homme 7: (En colère) Est-ce que le patriotisme, c’est de la politique?
       Le jeune homme 8: A votre avis, le patriotisme, c’est de la politique. Et la défense de la patrie, c’est de la politique!
       Le jeune homme 7: Moi, j’aime mon pays, comme eux aiment le leur. Ils ont leur pays et j’ai le mien. Ils ont leurs traditions et j’ai les miennes. Pourquoi sont-ils venus nous coloniser? Pourquoi?” – Op.cit., Acte 1, sc. 6, pp.36-37. 
       [Là, le Professeur (A. Torrès) prêche l’unité et l’intégrité territoriales, religieuses, linguistiques et ethno-culturelles des Arabes et des Amazighs contre les écoles coloniales ségrégationnistes, inculquant l’ignorance, source de discorde et de division de la nation marocaine, dans l’Atlas, au Maroc sous le Protectorat franco-espagnol et international.]
        + “Le Professeur: … Si les sections des jeunes [du PRN] portent des noms de nos grands hommes: Idriss, Mahdi Ben Toummert, Youssef ben Tachafine, Khader Ghaïlane, je ne les voulais pas comme noms seulement, mais comme actions, unifiant notre Nord et notre Sud, notre Est et notre Ouest, nos campagnes et nos villes, nos Arabes et nos Amazighs. Je sais que toute une génération parmi nos générations sont dans leurs écoles [coloniales] dans l’Atlas à laquelle on inculque l’ignorance, on apprend la discorde et on insuffle la division. Sais-tu que nos travailleurs [chez les colons] ne sont égaux en droit mêmes pas avec les bestiaux qu’ils conduisent. Comment veux-tu que - moi, le plus humble des citoyens marocains – je me taise et que je ne m’inquiète pas en m’égarant dans le problème de mes frères, le destin d’une génération, d’une religion, d’une langue et d’une patrie.” – Op.cit., Acte 2, tableau 6, sc.11, p.59.
      [En laquais de l’aliénation ethno-culturelle coloniale, le jeune homme 9, porte-parole du colonialisme, poursuit une propagande marchande d’acculturation dérisoire, en altercation avec les  jeunes gens 1, 2,  et 3 .]
       + “Les jeunes gens 1-2-3: C’est vous les idiots?
       Le jeune homme 9.- Non, nous sommes des hommes généreux. Nous voulons vous offrir notre langue [étrangère] pour que vous oubliez la vôtre [l’arabe, le berbère], pour que vous oubliez votre civilisation, votre nationalité, pour que vous plaidiez en faveur de notre civilisation [la déculturation], de notre gloire sans que vous vous en rendiez compte. Pour que vous oubliez vos livres et que vous conserviez les nôtres: obstination, orgueil, athéïsme. Désinvolture, dissolution, racisme [assimilation ethno-culturelle].
        Les jeune gens 1-2-3: Serions-nous comme vous?
        Le jeune homme 9: Non, mais vous parlerez notre langage et vous dédaignerez le vôtre, pour vanter nos écoles et mépriser les vôtres, car vos écoles constituent le péril et les nôtres le grand, le simple et le menu, mais le grand. Sans nationalisme, mais grand. A l’identité métamorphosée, mais grand. Venez ici! Venez ici! Achetez… achetez…” – Op.cit., Acte 2, tableau 6, sc. 12, p.62.
        Dans le reflet du Manifeste 1944 dans le TMLA de cette douteuse entreprise des réformes préalables ethno-culturelles pour l’indépendance, M. Dahrouch rejoint l’objection de F. Fanon au sujet de la contradicton  de l’intellectuel colonisé face à la culture du colon, en affirmant: “Cette foi proclamée en l’existence d’une culture nationale est en fait un retour ardent, désespéré vers n’importe quoi. Pour assurer son salut, pour échapper à la suprématie de la culture blanche [coloniale], le colonisé sent la nécessité de revenir vers des racines ignorées, de se perdre, advienne que pourra, dans ce peuple barbare. Parce qu’il se sent devenir aliéné…” – Op.cit., p.150. De langue française, citons également:
        - “Les sept grains de beauté” (1991) de Tayeb Saddiki (né en 1937):
        De la même façon, T. Saddiki préconise les réformes ethno-culturelles préalables, dans le reflet du Manifeste de 1944 pour l’indépendance, en introduisant le drame du métissage hétéro-linguistique franco-arabe, dans la réécriture didactique bilingue de la fable “Le laboureur et ses enfants” de Jean de La Fontaine (1621-1695). Une volonté ethno-culturelle contestatrice de l’acculturation coloniale uniformisante de la  métropole coloniale française. A cet égard S.M. Hassan II  remarque à juste titre, dans “Le défi”: “Les enfants ont un sens inné de la justice et lorsque je récitais à M. Deville Le loup et l’agneau de La Fontaine, cette fable pour nous [les Marocains] n’en n’était pas [ethno-culturellement] une. Cependant, bien loin de haïr la France, nous pensions que ceux qui nous traitaient si souvent avec iniquité n’étaient que des Français subalternes [colonialistes], que les loups ne pouvaient être français [libéraux]. C’est seulement en 1957 que j’ai lu ces réflexions du maréchal Lyautey à Wladimir d’Ormesson.  Elles sont datées de Rabat, janvier 1919: «La plèbe et la muflerie française [inculte] s’en donne à coeur joie.» Apprenant la grande et gorieuse histoire de notre pays, il ne venait à l’idée d’aucun d’entre nous que les Français le pussent mépriser [lui nuire].” – Op.cit., p.27. L’utopie ethno-culturelle coloniale des réformes préalables pour l’indépendance est restituée par Saddiki, dans ces extraits de sa pièce:
         + “LE CONTEUR: J’ai fait mes études, moi, dans une école mixte. Il n’y avait que des garçons, mais les cours étaient mixtes. La preuve: «Le laboureur et ses Wladou», c’est comme ça qu’on nous a appris (…).
             (Il récite la fable de La Fontaine: Le laboureur et ses enfants)
        «Un riche fellah [laboureur]sentant sa moute [mort] prochaine
          Fit venir ses Wladou [ses enfants] et leur parla bla-chhoud [sans témoins]
          Gardez-vous, gal lihoum [leur dit-il], de vendre Alwirata [l’héritage]
          Un kenz [un trésor] est caché Ldakhel [dedans](…) »
      Ah! la France pays de la fraternité, inscrite sur le fronton des monuments, à condition d’être comme tout le monde [français]. A condition de ne pas égorger le mouton dans la baignoire pour le sacrifice d’Abraham [RME musulmans].” – Mohammedia, Ed. Eddif, 1991, pp.55-56.
      La velléité colonialiste du reflet du Manifeste de 1944: des réformes préalables socio-éducatives, éthico-politiques et ethno-culturelles a dialectiquement déterminé le reflet antithétique du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes et la démocratie dans le TMLAF (du corpus: 1933-1992).
       II - Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes et la démocratie dans le TMLAF :
        Référant au dépassement des réformes préalables pour l’indépendance vers l’indépendance pour les réformes et la démocratie du Manifeste de 1944, S.M. Hassan II réitérait: “Mon père [S.M. Mohamed V] avait eu raison de ne pas croire que l’indépendance pût être obtenue par des réformes [in Traité du Protectorat franco-espagnol de 1912]. Il savait que seule l’indépendance permettrait de réformer [et de démocratiser] vraiment ce qui devait l’être [au Maroc].” – “Le défi”, Op.cit., p.66. Ainsi verra-t-on ce même dépassement du reflet des réformes préalables pour l’indépendance  vers le reflet de l’indépendance pour les réformes et la démocratie dans le TMLAF, à travers l’explicitation notamment de: l’indépendance pour les réformes.
       II.1 - Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes dans le TMLAF: 
        Concernant le reflet du Manifeste de 1944 dans le TMLAF, comme instrument de propagande nationaliste de l’indépendance pour les réformes, on pourrait en dégager le reflet de la participation personnelle, selon Abdelkader Smihi, du Pr. Allal El Fassi, à la réalisation de la pièce “Haroun Al Rachid” (1928), par la troupe “Al Jûq al fâssî li at-Tamthîl al arabî” (L’orchestre fassi pour la dramaturgie arabe), issue  d’une scission de la “Troupe des Anciens Elèves du Lycée My Idriss”, ayant suscité l’intervention corsée du commandant (des Affaires Indigènes) P. Odinot contre lui et contre le Pr. Mohamed Ghazi, directeur de “Madrasa an-Nâsiriah” (l’Ecole Nassirya) de Fès. “Puis, il arriva, inique-t-il, que quelques-uns [membres] se scindèrent du groupe des Anciens Elèves de l’Ecole Moulay Idriss et fondèrent une association séparée, comprenant MM: Abdlaziz Bennani, Kassem Tahiri, Abdessalam Chaoui et Abdelawahed Chaoui, qui firent la représentation de la pièce «Haroun ar-Rachid». A cette période, M. Abdessalam Serghini vint chez Allal El Fassi le solliciter d’aider cette troupe. Il en fit alors la correction vocalique et grammaticale, en plus du rôle de souffleur dans sa représantation. Il s’en suivit que le Pr. Mohamed Ghazi fut éloigné de la direction de “l’Ecole Nassirya” dont disposa  le commandant Odinot, en y appelant M. Mohamed Bencheikh en tant que nouveau directeur. Dès sa nomination, celui-ci écarta le groupe d’Allal El Fassi de cette école et prit sous son autorité la troupe en question…” – “”Nach’atu al Masrahi”…, Op.cit., p.276. De la sorte, l’impact nationaliste du TMLAF n’est plus un secret pour personne. Il porte en particulier sur l’indépendance pour les réformes: de l’action partisane, du Maghreb arabe, du contact avec la nation arabo-muslmane, du contact avec le monde libre.
         a- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes de l’action partisane dans le TMLAF:
         Au coeur du reflet du Manifeste 1944 de l’indépendance par les réformes, se trouve l’action partisane (des partis nationalistes marocains) agissant de concert avec S.M. le roi Mohamed V, dans le TMLAF. En se fixant comme priorité l’indépendance pour des réformes, le Manifeste 1944 s’adresse non plus au régime du Protectorat franco-espagnol et international, mais à S.M. Mohamed V, symbole de la souvrainté nationale, pour leur réalisation au Maroc post-indépendants. D’où l’affrontement sanglant et oppressif ouvert entre l’action des partis nationaux, le PI en tête, alliés du Trône  et le régime colonial rérograde et sclérosé. “Le Manisfeste du Parti [PN/ PI], signale M. El Alami, était donc très simple: il demandait l’indépendance et l’entrée du Maroc dans le concert international (…). L’arrestation des leaders provoqua des manifestations réprimées par la légion étrangère. Ces émeutes sanglantes qui coûtèrent la vie à de nombreux patriotes se déroulèrent à Rabat et Salé. Des troubles moins graves eurent lieux à Casablanca et Marrakech, l’agitation à Fès dura du 31 janvier au 10 février 1944.” – Op.cit., pp.85-86. Toutefois le TMLAF en reflète sporadiquement aussi les effets tardifs, ayant suivi l’exil du roi, en 1953 et l’indépendance, en 1956. Tels que:
        - “Al Qalbu al kabîru” (Le grand coeur- 1973) de Mohamed Dahrouch (né en 1943):
       La répression coloniale sanguinaire provoquée par les deux proclamations du Manifeste de l’Indépendance, en 1943 dans le Nord et en 1944 dans le Sud du Maroc, ont auguré de la Révolution du Roi et du Peuple (1953-1956) pour l’indépendance pour les réformes et la démocratie. M. Dahrouch en incarne dans sa pièce:
       +“L’enfant: [Criant] Journal «Al Hayât» [La Vie]… journal «Al Hayât» [de Torrès, en 1934, à Tétouan]… Nouvelles d’ «Al kutlah» [le Groupement nationaliste- 1931-1934] (…).
          Le jeune homme 4: Viens l’enfant. Que vends-tu?
          L’enfant: Je vends ?!… Moi, je ne vends rien. Surtout, je répands la lumière, je répands la connaissance, je répands le patriotisme, je répands la vie.
          Le jeune homme 4:  Un enfant intelligent.Qui t’a appris cette éloquence avec cette volubilité et cette profondeur?
          L’enfant: Le professeur (…).
          Le jeune homme 4: Et moi?
          Le jeune homme 4: Toi, tu ne sortiras pas la jeunesse de cette obscurité. Tu ne sortiras pas tes compagnons du cercle qui vous cerne. Je sais que le vieillard visionnaire m’a dit: Ses enfants connaîtront la joie, la liberté et l’indépendance [Manifeste de 1944]. Mais toi, tu ne me  dis qu’obscurantisme et extrêmisme. Tu es hermétique.” – Op.cit., Acte 1, tableau 1, sc. 4, pp.29-30.
          [Allusion est faite ici aux répressions qui ont sanglanté l’action partisane nationaliste et populaire marocaines par l’intransigeance des résidents généraux d’occupation franco-espagnoles et internationaux, au Nord, au Sud et à Tanger,  à la suite de la proclamation du Manifeste de 1944.]
         + “Le jeune homme 9: (En orateur)… S’ils démolissent vos maisons, construisez d’autres à leur place, s’ils incendient vos emblavures, labourez une autre fois. S’ils vous expulsent des côtes et des plaines, habitez les montagnes et les cimes. S’ils tuent vos enfants accouplez-vous, multipliez-vous et sortez-leur par milliers, des milliers d’enfants [des manifestants], ne craignez guère leur violence. Il est en leur pouvoir de tuer l’individu, mais il est impossible d’erradiquer une idée. L’idée est éternelle [l’indépendance et l’intégrité territoriale nationales] (…).
          [Enrent des deux côtés de la scène deux soldats français comme tombés du ciel: Les jeunes gens 5 et 6.]
        Le jeune homme 6: Il soulève ses compatriotes contre nous, il va nous démasquer. Il vient donc de se condamner lui-même.”
        Le jeune homme 5: Le verdict est entre vos mains.
        Le jeune homme 6: Tirons sur lui.
        Le jeune homme 9: Tirez vos balles, faites exploser vos bombes, votre scandale pollue le monde de sa puanteur.
       Le jeune homme 6: [Lui ordonnant] Halte, pas un geste. - Op.cit., Acte 1, tableau 4, sc. 7, pp.38-39.
         [Le Professeur (le double d’A. Torrès) définissant le sens de l’action partisane nationaliste.]
         + “Le professeur: Le parti n’est pas une maison où les gens se réunissent. C’est plutôt un esprit débordant qui nous pousse à l’action, et cela est une chose qu’on ne saurait nier. Il n’y a pas plus facile que de fermer [par le colonialisme] nos sièges [nos partis], ni plus facile que de suspendre notre presse [nationaliste], ni plus facile que de nous disperser et de réprimer nos manifestations. Mais il y a une chose que rien n’égalerait en difficulté, c’est celle d’arracher la foi et l’amour de cette patrie de nos coeurs.” – Op.cit., Acte 1, tableau 9, sc. 16, p.74.
        - “Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
      Inspirée du personnage du “Hamlet” (1600-1601) du dramaturge britanique William Shakespeare (1564-1616), la pièce parodique “Ophélie n’est pas morte  de N. Lahalou est comme l’indique son auteur le drame d’Hamlet et de Macbeth, deux comédiens, volontairement paralysés, dans des fauteuils roulants, dans un pays colonisé (le Maroc), en lutte pour son indépendance – “Proc-C”, Nº 3-4, 1974, Rabat, p.93. “Mais, observe F. Fanon, à la suite de la répression colonialiste et de la réaction spontanée du peuple les partis se trouvent débordés par leurs militants (…). Les dirigeants en liberté restent alors sur la touche. Devenus soudains inutiles avec leur bureaucratie et leur programme raisonnable, on les voit loin des événements tenter  la suprême imposture «de parler ou non de la nation muselée» En règle générale, le colonialisme se jette avec avidité sur cette aubaine, transforme ces inutiles en interlocuteurs et, en quatre secondes, leur donne l’indépendance, à charge pour eux de ramener l’ordre [la  Révolution du Roi et du Peuple au Maroc].” – Op.cit., pp.34-35. A cet égard, citons:
       + “Macbeth: (seul) Quelque chose bouge. (bruit de foule et coup de feu [Manifestations et forces de répression coloniales]) C’est la fin de notre règne [le Protectorat franco-espagnol et international]. (les coups de feu se font nombreux) Adieu mes plantations [fermes de colons] . Adieu mes embarcations [sardiniers coloniaux, etc.]. Fini, notre règne est fini. Nous n’aurions pas dû leur apprendre à écrire [les élites nationales]. (Musique et danse se font entendre) Tu m’entends sale nègre, sale arabe, sale indien. Apaches. Tous des apaches, des sauvages [racisme colonialiste exacerbé]. (…). Ils fêtent leur indépendance [en 1956] (…). Ne nous affolons pas. Ceux qui vont nous remplacer, bien qu’ils soient de la même race que ces arriérés [des Marocains], sont de la bonne graine. Notre domination et notre civilisation continueront par ceux-là mêmes qui réclament l’indépendance de leur pays [le néo-colonialisme idéologico-partisan].” – “Pro-C”, Op.cit., p.122.
       [Pendant l’exil de Mohamed V (1953-1956) par la France, le roi fantoche Ben Arafa est renversé de sa monture par la voiture du martyr nationaliste Allal Ben Abdellah, le 11 septembre 1953, alors qu’il se rendait en cortège  officiel, sous bonne garde, à la mosquée Ahli Fas, dans l’enceinte du palais royal, à Rabat.]
       + “Hamelet: (chantant)… La lune est encore témoin [reflet du roi exilé Mohamed V et ses enfants sur la face lunaire, acclamé par le peuple dans tout pays]/ Sur la Grande Place le cheval avance/ Sur son cheval le fantoche avance/ Sur la Grande Place un homme avance/  Droit sur le fantoche/ L’homme fonce fonce fonce/ Sur la Grande Place le sang coule [du martyr national]/ Le cheval est mort/ Le fantoche est blessé/ Sur la Grande Place/ La lune est encore témoin.” – Op.cit., pp.145-146.
       b- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes de l’unité du Maghreb arabe dans le TMLAF :
        Pourtant, le reflet du Manifeste 1944 de l’indépendance pour les réformes de l’unité du Marghreb arabe (UMA) dans le TMLAF se profile, dès 1947, dans les aspirations unitaires des leaders nationalistes marocains et maghrébins, réfugiés au Caire. Ce dont M. El Alami relate: “Les leaders maghrébins réfugiés au Caire cherchaient encore à cette époque [v. Manifeste de 1944] la voie à suivre pour hâter la libération de leur pays. L’exemple de la guerre de libération marocaine dirigée par Mohamed Abdelkrim El Khattabi imposa cette voie à suivre. Le 9 décembre 1947, fut constitué le «Comité de libération du Maghreb Arabe», présidé par Abdlkrim, son frère M’hamed, son adjoint, Habib Bourguiba, étant secrétaire général. Le 5 janvier 1948, le président du Comité fit une déclaration à la presse (…): L’indépendance espérée du Maghreb arabe doit être totale pour se trois pays (Tunisie, Algérie et Maroc)” – Op.cit., p.97. D’où sa répercussion dans:
       - “Al Qalbu al kabîru” (Le grand coeur- 1973) de Mohamed Dahrouch (né en 1943):
         “La comédie et la farce, argue  F. Fanon, disparaissent ou perdent leur attrait. Quant à la dramatisation, elle ne se situe plus au niveau de la conscience en crise de l’intellectuel [colonisé]. En perdant ses caractères de désespoir et de révolte, elle est devenue le lot commun du peuple [l’UMA après l’indépendance], elle est devenue partie d’une action  en préparation ou déjà en cours.” – Op.cit., p.170. On pourrait saisir ce reflet dramatique du Manifeste 1944 des réformes de l’unité maghrébine après l’indépendance dans le TMLA, à travers cet extrait de la pièce  de M. Dahrouch:
         + “La foule.- Dieu est grand!… Dieu est grand!… Dieu est grand!
          Le professeur.- ( J’ai le grand honneur de représenter parmi vous mon cher pays [le Maghreb arabe] que nous considérons et que vous considérez comme un pays authentiquement arabe et musulman. Il fut et il demeure une forteresse parmi les forteresses de l’arabité et une citadelle parmi les citadelles de l’Islam. Notre pays fut sinistré par le colonialisme qui s’interpose entre nous et nos droits les plus élémentaires). ”
           La foule.- Dieu est grand!… Dieu est grand!… Dieu est grand!” – Op.cit., Acte 1, tableau 3, sc.8, p.42.
          - “Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
         La pièce “Ophélie n’est pas morte” de N. Lahlou, semble matérialiser allusivement l’aspiration à l’indépendance pour les réformes du Maghreb arabe colonisé, par le biais de l’initiative du Pr. Allal El Fassi, auprès du président de la RAU d’Egypte, Jamal Abdel Nasser, en 1953. “Le 26 août 1953, note M. El Alami, Allal fit connaissance avec Jamal Abdel Nasser et d’autres membres du conseil de la Révolution égyptienne au cours du Congrès de «L’organisation de Libération» qui se réunit au Caire pour étudier l’affaire marocaine et la question lybienne  [l’UMA]. Allal prononça à cette occasion un discours où il mit l’accent sur «la lutte des peuples colonisés contre la vague colonialiste qui s’abat sur la grande ligne qu’on appelle le barrage de l’Islam qui commence en Affrique occidentale [Maghreb, etc.] et se termine en Chine».” – Op.cit., p.99. Citons à titre d’exemple:
        + “Hamlet: (lisant un livre) «Afrique [v. Maghreb arabe], premier berceau de l’être humain quand il avait le crâne singe. Au fil des siècles, la couleur des Africains [des Maghrébins] qui était noire commençait à devenir marron, chocolat, jaune rouge, grise et enfin blanche. L’intelligence choisit uniquement les blancs. Devenus supérieurs par la force de leur peau, ces derniers quittèrent l’Afrique à la recherche d’autres continents. C’est ainsi qu’un certain Colomb [1492] découvrit l’Amérique pour la joie et le bonheur de ses frères les Blancs. Cependant, quelques Blancs, animés par de nobles sentiments, retournèrent en Afrique [v. Maroc, Maghreb] pour aider [par la colonisation civilisarice du Protectorat franco-espagnol et internationale] les indigènes (les Maghrébins) à sortir de leur primitivisme. C’est ainsi que les Portugais, les Français, les Anglais, les Américains, les Russes, les Sionistes et l’Apartheid ont  pu faire de l’Afrique [l’UMA, l’OUA, etc.] ce qu’elle est aujourd’hui: un paradis» (il ferme le livre).
         Macbeth: Un paradis? Un paradis… Je dirais plutôt un zoo, un immense zoo. Tiens, je te vois bien sautant d’une branche à une autre [v.  Manifeste de 1944] .” – Op.cit., pp.124-125.
         c- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes au contact de la nation arabo-musulane dans le TMLAF :
        Or, le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance par les réformes au contact de la nation arabo-musulane dans le TMLAF se traduit alors par le rejet par le Maroc du préjugé de  “barbarie” que lui impute la mission civilistrice du  Protectorat franco-espagnol et international de 1912 et la revendication de l’appartenance à la civilsation de la nation arabo-musulmane. “On sait, avise F. Fanon, que la majorité des territoires arabes a été soumise à la domination coloniale. Le colonialisme a déployé dans ces régions les mêmes efforts pour ancrer dans l’esprit des indigènes que leur histoire d’avant la colonisation était une histoire dominée par la barbarie [mission civilisatrice de l’Occident chrétien]. La lutte de libération [Manifeste de 1944] s’est accompagnée d’un phénomène culturel sous le nom de réveil de l’Islam.” – “Les damnés de la terre”, Op.cit, pp.146-147. C’est aussi ce qui transparaît dans:
- “Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
        Le Manifeste de 1944, cite M. El Alami, stipule la reconstruction du Maroc indépendant sur des bases arabo-musulmanes: “Le parti [national ou PI] était «pour la reconstruction du pays» sur les bases de l’attachement à l’Islam, à la langue arabe [la nation arabo-musulmane] et de la fidélité au Trône [le roi légitime Mohamed V].” – Op.cit., p.85. Dans la pièce de N. Lahlou, on relève parodiquement:
       + “Macbeth: Je serais capitaine de l’équipe nationale [de football]. Mes joueurs [marocains] porteraient des tenues blanc-bleu-rouge.
       Hamlet: Oh, ça fait drapeau français.
       Macbeth:  Qu’est-ce que tu as dit?”
       Hamlet: J’ai dit, ça fait drapeau français.
       Macbeth: Drapeau francesse? Drapot francesse? Drapeau français… Mais tu ne vois plus que ce drapeau? Bien sûr que non. Drapeau français … Tu es fasciné  par la Gaule. Est-il possible qu’on soit tombé si bas, depuis la chute de Grenade [les Arabes en Espagne] et la partouze de Poitiers [en France], depuis l’arrivée des colons [franco-espagnols et internationaux]. Là où nos ancêtres étaient rentrés la tête haute, en conquérants, en civilisateurs [arabo-musulmans], en maîtres [du progrès humain], nous, nous (les émigrés- R.M.E.)  y revenons en mendiants, en putains [traite des blanches], en maquereaux, en fardeaux, en chômeurs, en balayeurs, en nettoyeurs, en voleurs [en soldats arabo-musulmans colonisés]. Et on se fait tabasser.” – Op.cit., pp.102-103.
        - “Al Qalbu al kabîru” (Le grand coeur - 1973) de Mohamed Dahrouch (né en 1943):
        Parallèlement, “Al Qalbu al kabîru” de M. Dahrouch commémore la visite historique de feu S.M. Mohamed V à Tanger (alors zone internationale) en 1947, pour y déclarer l’unité et l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc et son appartenance à la nation arabo-muslmane, et ce en dépit du massacre perpétré, la veille, pour l’en empêcher, par l’armée française, contre des civiles marocains, à Casablanca – M. El Alami, Op.cit., p.92. La pièce en évoque sous le titre [Révolution du Roi et du Peuple]:
       + “[Lumière sur le jeune homme 1 debout derrière les fils de fer barbelés et le jeune homme 6 portant un cierge allumé en deçà des barbelés, côté public, discutant entre eux]
         “Le jeune homme 1: (Achevant son propos)… Nous arrivons à Tanger.Tous les Marocains y étaient, des centaines… des milliers qui attendent. Une déflagration des gorges déployées comme une éruption de volcans, ou la houle de toutes les mers du monde. Des acclamations déchirant le ciel. C’est le Roi  sur son cheval, hissé par les coeurs (…). J’ai vu le professeur [A. Torrès] arrêter le cortège, saluer le Roi et entamer un disours en direction des masses…(…).
       Le jeune homme 6: Et après, que s’est-il passé, après?
       Le jeune homme 1: Le Roi des coeurs lacéré par cette visite, ce rideau artificiel [qui le séparait du Nord de la patrie], a rencontré son peuple fidèle, a torpillé par son discours le mythe du giron [colonial] et de l’affranchissement [du Protectorat franco-espgnol et international] et a incinéré la carte  des croisades [de l’Occident colonialiste chrétien].” – Op.cit., Acte 2, tableau, 9, sc. 16, p.73.
       - “Les sept grains de beauté” (1991) de Tayeb Saddiki (né en 1937):
       D’ailleurs, l’unité de la nation arabo-musulmane et marocaine est reprise dans la pièce dramatique “Les sept grains de beauté” de T. Saddiki mettant en cause l’entreprise de déculturation et d’assimilation coloniales dont les malentendus se perpétuent encore de nos jours, par la méconnaissance du commun occidental  du prix Nobel de l’écrivain arabo-muslman Nagib Mahfouz (1988) et de l’Oued Nun  du Sahara marocain, objet d’une visée colonialiste franco-espagnole, dès 1880. Reflétant le Manifeste 1944 de l’indépendance pour des réformes au contact de la nation arabo-musulmane, Abdelaziz Jazouli et Mustapha Naïmi signalent:
     “On voit que le Wad Nun, Bani et As- Saggya Al Hamra [le Sahara marocain] désignent tout bonnement le pays Takna (…). Bien avant la main mise franco-espagnole sur le Sahara Atlantique, la concurrence entre la caravane [voie terrestre arabo-musulmane] et la caravelle [voie maritime européo-chrétienne] incarne l’infiltration des rapports économiques et politiques [colonialistes] européens (…). Sur l’axe qui mène à Tagawst dans le Wad Nun, Wadan est la place forte dont le maintien n’est que circonstanciel. La présence franco-espagnole sur le pays Takna accentue l’individualisation d’As- Saggya Al Hamra [le Sahara marocain], évacuée en partie par ses maîtres des siècles précédents (…). Il est donc impossible au F. Polisario [1973] de casser l’articulation [v.le Manifeste de 1944] entre As-Saggya Al Hamra, Wad Nun et Bani occidental. Le mythe séparatiste [polisario-hispano-algérien]construit un modèle étatique qui ne peut être que fictif.” – “La région: Et si le passé répondait de l’avenir?”, “Maroc Europe”, Nº 4, 1993, Rabat, Ed, La Porte, pp.26-29. T. Saddiki en fait état dans:
       + “LA FOULE [Au Caire]:- Nous avons le prix Nobel…
           UN HOMME:- Najib Mahfouz…”
           YOUNES:- Mes voisins [au café Fichaoui], des touristes apparemment anglais, s’étonnèrent; l’un d’eux s’est même demandé si les Arabes écrivaient [mépris raciste ou ignorance]. 
            J’ai quitté le Caire en pleine effervesence [du triomphe].
            D’autres déserts m’attendaient (…). 
            Il me reste un fleuve à franchir, le terrible fleuve noune [au Sahara marocain]:
            «Fleuve ardent et vocace [diabolisé par le colonialisme militaire franco-espagnol chrétien],
            Combien de vierges [de martyrs marocains nationalistes] as-tu englouties?» - Op.cit., p.41.
      d- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes au contact du monde libre dans le TMLAF :
      Cependant, le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes au contact du monde libre dans le TMLAF rejoint singulièrement les revendications du PI, enjointes à ce document, réumées par M. El Alami comme suit: “Enfin, le Parti était «pour la coopération internationale». C’était le fondement même de la revendication de l’indépendance: le Maroc ayant pris part à la guerre [au côté du monde libre], devait bénéficier de l’appui des alliés, qu’il avait aidés. En conséquence, l’Istiqlal demandait l’adhésion du Maroc à la Charte de l’Atlantique et à la future Organisation des Nations-Unies, ainsi que sa participation à la Conférence de la Paix (…). Le Manifeste du Parti était donc très simple: il demandait l’indépendance et l’entrée du Maroc dans le concert international [du monde libre].” – Op.cit., p.85. Cela est manifeste dans:
       - Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
        Dans ce passage d’Ophélie n’est pas morte, N. Lahlou, fait allusion, pourrait-on dire, au débarquement des forces américano-britaniques au Maroc et au Maghreb en 1942, ainsi qu’aux promesses d’indépendance faites par le président des USA, F.D. Roosevelt  à S.M. Mohamed V à Anfa (à Casablanca), en 1943, et allégoriquement, aux ravages du dollar sur les couches pauvres de la société marocaine collonisée. “En vérité, lit-on dans “Le défi, rien d’important ne pouvait être dit durant le dîner. C’est pourquoi il est nécessaire de donner une relation exacte des conversations du 22 janvier 1943. C’est après l’entrevue d’Anfa et à la suite des promesses qui lui furent faites, que mon père engagea résolument le peuple marocain sur le chemin de l’indépendance [le Manifeste de 1944].” – Op.cit., p.32. Dans ce sens, la pièce théâtrale raconte allégoriquement le drame du dollarman [ou du pétrodollarman] causant la fin tragique de la jeune protituée bidonvilloise marocaine, à Casablanca, dans:
        + “Hamlet: (seul) Le dollarman tuant la jeune prostituée? (il va préparer un jeu de dames) (…) L’histoire? Elle est simple. Dans une ville du tiers-monde… non pas de tiers-monde, je serais taxé de subjectivité. Disons Paris… non pas Paris. Il y a trop de poules à Paris. Voilà: Casablanca. Non, trop de poulets à Casablanca et ailleurs. L’histoire se passe dans mon imagination (s’adressant à une secrétaire supposée). Ecrivez mademoiselle. «Sur l’asphalte luisant, non loin du centre de la ville, gisait le corps de Carol, alias Habiba bent Jilali. L’homme aux dollars achevait son travail en frappant la jeunes prostituée de ses lourdes godasses (…). Une vraie scène d’Africa side story. De l’autre côté de la ville, s’étend  le bidonville aux vingt mille bouches affamées. C’est là qu’habite le père de Carol, alias Habiba bent Jilali. Demain, tout le village pleurera la mort de la jeune prostituée et perdra en même temps celle qui lui apportait des chewing-gum, des bazooka, des coca-cola et des habits trouvés dans les poubelles des coopérants militaires» (…) .
        Macbeth: Désolé de te le répéter, mais le dollar restera toujours le plus fort.
        Hamlet: Ça vaut mieux que le rouble.
        Macbeth: Triste constatation.” – Op.cit., p.109.
       - “Al Qalbu al kabîru” (Le grand coeur- 1973) de Mohamed Dahrouch (né en 1943):
      De la même manière, M. Dahrouch, fustige les séquelles coloniales de l’unité et de l’intégrité territoriale du Maroc, englobant le Sahara marocain récupéré par la Marche Verte (1975) au Sud, les villes de Ceuta et Mella et les îles encore occupées anachroniquement par l’Espagne, nostalgique de l’ère coloniale révolue et des croisades catholiques post-médiévales de 1492, au Nord du Maroc indépendant. Du reste, plus paradoxale, vis-à-vis du Sahara marocain, est l’attitude de l’Algérie, pays arao-musulman, à cet égard. “Je m’attendais, écrit S.M. Hassan II, à des difficultés d’un tout autre ordre. Elles se présentèrent sous la forme d’une guerre qui n’osait pas dire son nom, entreprise par M. Boumedienne, président du Conseil de la Révolution algérienne.
     “Durant le seul mois de février dernier [1976], les Forces Armées Royales durent expulser des troupes algériennes, camouflées en forces de Polisario, d’Amghala,Tafariti, Bir Lahlou, Guelta Zemmour et Mahbes. La présence de ces troupes étrangères en territoire marocain était d’autant plus surprenante que le gouvernement algérien avait toujours déclaré n’être pas concerné par le retour du Sahara occidentale au Maroc.” - “Le défi”, Op.cit., p.186. D’où l’appel à la lutte pour la préservation de l’unité et de l’intégrité territoriale du Maroc par le héros, dans le tableau 11 de cette pièce théâtrale, intitulé «Le 20 Août et le rétour du droit»:
        + “Les jeunes gens 8-9: Et nous au Sahara [marocain], nous voulons l’union, nous voulons l’unité [du royaume du Maroc].
         Les jeunes gens 5-6-7: Et nous dans le Nord l’antre de la résistance  [du Rif]: nous avons démoli la fable [du Protectorat espagnol], nous avons fait jaillir l’étincelle, nous avons déclaré la lutte [pour l’unité et l’intégrité territoriales marocaines].
         La foule: (excepté le professeur) Nous sommes tous  rançons pour le rachat de la patrie.
         Le professeur.- On n’oubliera pas le Nord:  le point de départ de la Marche [Verte - 1975]  et le bouclier de la souveraineté. On n’oubliera pas le Sud, porteur de l’étendard, la gloire du pays. On n’oubliera pas le Sahara [marocain], pays des braves et des hommes d’honneur. Vivre dans l’unité ou mourir pour elle. Qu’on jette les masques [du complot dans le monde libre] et qu’on sorte en plein soleil [de la légalité internationale]. Qu’on se combatte en toute clarté [à l’ONU, l’OUA, l’UE, etc.]. Dans nos montagnes, dans notre Sahara, sur nos sables, nous écrivons l’hymne de la pérennité [le Serment de la Marche Verte et des enclaves occupées]. Pour que se rétablisse la souveraineté [l’intégrité territoriale]. Pour que Tétouan se réjouisse, pour que Rabat danse, pour que Marrakech chante et qu’on boive tous le lait abondant des chameaux là-bas, à l’ombre des sources de Laâyoun, les forteresses du droit et l’antre des lions. A la bataille , Ô les hommes pérennes! A la bataille, Ô les lions! [pour le réglement définitif de ces dossiers ahistoriques coloniaux]…” – Op.cit., tableau 11, sc.18, pp.80-81.
      - Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
       De plus, le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes au contact du monde libre dans le TMLAF est perceptible historiquement dans les sacrifices humains du Maroc colonisé, dans la guerre civile d’Espagne, au côté du gardien de sa couronne, le général Fanco (1936-1939) et  dans les deux grandes guerres, aux côtés de la France (1914-1918) et des Alliés (1939-1945), etc., ainsi que dans la construction de l’Europe libre par ses travailleurs et cerveaux émigrés (TME/ RME), jusqu’à ce jour. “Au moment où l’Allemagne avait envahi la Pologne, notifie S.M. Hassan II , et où la Grande Bretagne et la France avaient déclaré la guerre au IIIe Reich, mon père  – comme mon grand-père en 1914 – s’était engagé à fond au côté de la France (…). Nos tirailleurs, goumiers et spahis avaient combattu – et devaient combattre encore! –  au côté de la France, mais le peuple marocain supporta de dures privations pour soutenir la cause française [et alliée].” – Op.cit., p.29. Ou plus loin, à propos des RME: “Je dirai que ces Marocains représentent leur patrie de façon exemplaire, qu’ils retiennent généralement de leurs séjours à l’étranger ce qui est bon et intéresse le métier qu’ils pratiquent et aussi ce que l’on peut appeler l’art de vivre. – Ibid., p.141. Ainsi N. Lahlou décrie-t-il ici le racisme  dont ils sont l’objet dans le monde libre (l’UE) post-colonial:
       + “Macbeth.- … Nous les avons expoités chez eux [les RME], ils reviennent d’eux-mêmes se faire exploiter. Mais non, mais non. Ce sont ceux qui vous traitent de racistes qui le sont. (Applaudissements) Et que la fête continue. (entre Hamlet en personnage sale, petite valise à la main) Qui es-tu? D’où sors-tu? (il lui tend une lettre) Si ça continue, il n’y aura plus que des Arabes et des Nègres dans mon usines. Vous nous aimez beaucoup. On vous quitte et vous revenez nous voir. Les chiens [les colonisés] s’attachent! Beaucoup à leur maître [le colon]. Chien, qu’as-tu appris [qualification professionnelle] dans ton pays? ” – Op.cit., p.123.
         - “Les sept grains de beauté” (1991) de Tayeb Saddiki (né en 1937): 
        Le racisme légaliste post-colonial, datant de la Bataille de Poitiers en 732, se perpétue encore notamment contre les RME, dans “Les sept grains de beauté” de T. Saddiki, et ce même en présence de L’IMA (l’Institut du Monde Arabe), inauguré à Paris, en 1987. Le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour des réformes au contact du monde libre – par RME interposé ici – est à rapprocher de la visite du Pr. Allal El Fassi à Paris, en 1947,  pour prendre contact avec le RME. “A Paris, rapporte M. El Alami, Allal fut reçu par de nombreux Marocains résidant en France, étudiants, commerçants et ouvriers à la tête desquels se trouvaient Abdallah Ibrahim, venu terminer ses études supérieures en France  et Abderrahim Bouabid, étudiant également qui venaient d’être nommé délégué du Parti [de l’Istiqlal] à Paris. Dans les quelques jours que passa Allal dans la capitale française, il rencontra de nombreuses personnalités françaises sympathisant avec le nationalisme marocain. Il rencontra également des journalistes et assista à un meeting organisé par le parti où furent rassemblés plus de quinze mille ouvriers marocains et algériens.” – Op.cit., p.93. Cela se traduit dans le récit du CONTEUR  dans:
        + “Il paraît qu’il y a une vieille loi qui interdit aux Arabes tout attroupement de plus d’une personne [la discrimination raciale anti-RME].
        Il paraît que cette loi date de 732 et est signée par un certain Charles Martel!
         Qui est celui-là? (…)
         La France le pays de la légalité. C’est écrit dans la loi et chacun se tient pour l’égal de l’autre. Mais il y a ceux qui ont l’allure de la réussite et ceux qui ont la triste mine des vaincus de la vie. La France, pays de liberté [le monde libre], là il n’y a rien à dire.
          La preuve, l’Institut du Monde Arabe, abréviation: L’IMA… en face de Notre-Dame [anachronisme]… la culture arabe en plein Paris, il est vrai que Lima ce n’est pas le Pérou [l’utopie]!
         Que veut le peuple? La culture arabe [au contact du monde libre] pour les braves gaulois.  Et pour résoudre définitivement les problèmes de l’immigration, que chacun reste chez soi [l’exclusion par l’ADN] – le Marrakchi [le RME de Marrakech] à Brive-la-Gaillarde et l’Alsacien [le Français d’Alsace] à Taroudan [près d’Agadir].” – Op.cit., pp.56-57.
     Globalement, le reflet dans le TMLAF du Manifeste 1944 de l’indépendance pour les réformes de l’action partisane, de l’unité de l’UMA, au contact de la nation arabo-muslmane et au contact du monde libre porte sur l’aspiration du Maroc à l’indépendance et à l’ouverture sur son environnement régional (l’UMA, la nation arabo-musulmane) et internationnal (le monde libre, l’OTAN, l’ONU, l’OUA, etc.).
     II.2- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour la démocratie dans le TMLAF:
    A propos de l’ancrage populaire de l’art dramatique au Maroc et au Maghreb, S.M. Hassan II notait précisément dans “Le défi”: “L’art dramatique maghrébin a  toujours été populaire et magnifiquement vivant. C’est une autre tradition. Dans chacune de nos provinces existe des troupes de très jeunes acteurs amateurs, qui interprètent les oeuvres de jeunes dramaturges. Les uns et les autres ne manquent ni de talent, ni de hardiesse dans la critique des moeurs (…). Il s’agit là d’un théâtre  d’expression directement populaire [du nationalisme], que l’on pourrait appeler « théâtre  en liberté». – Op.cit., p.119. Remontant par sa popularité à la période de lutte pour l’indépendance, le TMLAF est aussi le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour la démocratie. Il préconisait  une monarchie constitutionelle et démocratique; une société de droits démocratiques et individuelles: de la croyance, de l’homme, de la femme, de l’enfant, de droits d’association des partis, des syndicats, de liberté de la presse et d’une société ouverte sur  un nouvel ordre mondial de paix, de sécurité et de développement réciproque.
       a- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour une monarchie constitutionnelle et démocratique dans le TMLAF:
       Certes, dans le Manifeste de 1944, le Parti de l’Istqlal visait une indépendance par une monarchie constitutionnelle et démocratique reflétée ici dans le TMLAF. “Le Parti, remarque M. El Alami, était «pour une monarchie constitutionnelle et démocratique garantissant efficacement les libertés démocratiques et individuelles», notamment la liberté de croyance. Ce  régime politique devait comporter un pouvoir central responsible et une représentation nationale.” – “Allal El Fassi…”, Op.cit., p.85. C’est ce que illustre encore:
         - “Al Qalbu al kabîru” (Le grand coeur - 1973) de Mohamed Dahrouch (né en 1943):
         Le héros (Le professeur) de la pièce d’“Al Qalbu al kabîru” de M. Dahrouch insiste sur le droit d’expression et déclare que son pays est démocratique au vieillard et à l’étudiant, dans le dialogue quasi didactique suivant:
      + “Le vieillard: Il paraît que l’étudiant craint la critique?
        L’étudiant: Tu as raison, la critique me fait peur et me tend les nerfs.
       Le professeur: [le double d’A. Torrès].- La critique dans le nationalisme est le secret de son existence, l’énergie de son moteur et le crédo de la validité de ses dirigeants. J’aime la critique et je l’accueille volontiers tant qu’elle est juste et constructive et je la pratique aussi.
       L’étudiant: Nous n’avons pas attiré beaucoup de gens vers nous.
       Le professeur: Certes, notre pays est un pays démocratique, il ne prend pas les gens pour des bestiaux et des fourmis. Cependant, nous voulons les gagner par la raison, en leur faisant comprendre leur devoir civique, en les éduquant à l’amour de cette patrie, pour qu’on les aime et qu’ils nous aiment, pour qu’on les fasse entrer dans nos coeurs. C’est une mission sacrée, que chacun de nous a autour  du cou. C’est le fond et  l’essence de notre foi.” – Op.cit., Acte 1, tableau 5, sc. 8, p.49.
        Il en va de même de:
         - “Aqzâm tahta al midhallati” (Des nains sous le parasol - 1992) de Mohamed Bakri Sbaï (né en 1937):
         En ce qui concerne la monarchie constitutionelle et démocratique du Maroc indépendant, “Aqzâm tahta al midhallati” de M.-B. Sbaï met en scène les conditions de sa mise en oeuvre progressive à l’échelon local et national, depuis 1962. Aussi lit-on dans “Le défi” de S.M. Hassan II à ce sujet: “Instaurer au Maroc, comme il [S.M. Mohamed V] l’avait souhaité [v.le Manifeste 1944], «un régime démocratique et une monarchie constitutionnelle», tel était le but. Il fallait cependant raison garder (…). La démocratie n’est pas un mot  qu’on se jette à la tête comme un défi. C’est un état d’esprit, une construction de chaque jour. Un mandat politique, une charge dans la hiérarchie constitutionnelle, ne sauraient conduire au profit personnel et à la sinécure. Les partis ne doivent pas faire le jeu de sectes ou de coalitions d’intérêts qui ne sont pas ceux du peuple.” – Op.cit., pp.79, 84-85. C’est ce que tente de clarifier le débat entre les personnages de cette pièce:
        + “Ahmed [le fils inégriste]: Le chien animal  [le chien de garde] est mort et le chien humain [M’barek, le valet] le remplace.
         M’barek: (se préparant à partir) Que Dieu sème la pitié et la bienveillance dans le coeur (en détachant les lettres entre ses dents) de Haj Laâyachi pour qu’il me traite de la même manière qu’il traitait le chien défunt, sur un pied d’égalité!!
          Laâyachi [le père irascible, membre influent d’une commune urbaine de Casablanca]: (l’interrompant) Et avant que se réalise ta revendication fondamentale pour l’égalité avec tes alter égos les animaux jouissant de la liberté et de la démocratie, va demain à la file d’attente des ouvriers, sur la route de Médiouna [Casablanca] et fais-moi venir un puisatier pour draguer le puits, afin que l’eau réapparaisse et s’étende à l’ensemble du jardin [de la villa].” – Op.cit., Acte 1, sc. 6, p.29.
       [La démocratie comme slogan monnayable dans la bouche du progressiste Al Qartawi, directeur d’un journal prospère, contestée par le réactionnaire et obscure journaliste Mahmoud, second fils de Laâyachi, en quête d’une nouvelle appartenance politique.]
        + “Mahmoud: Pourquoi suivez-vous le style obséquieux avec le grands et  vous montrez un autre visage aux gens du commun?
         Al Qartawi: Ecoute-moi, il faut que tu saches les règles du jeu et que tu t’efforces  d’en résoudre les énigmes.
          Mahmoud: Je n’en maîtrise pas la terrible équation, mais je suis prêt d’en suivre les démarches pour en obtenir les résultats et être un progressiste.
            Al Qartawi: (Rejetant cette envie d’appartenance) Etre un progressiste puis dévier vers une autre courant te garantit un opportunisme effectif, c’est une chose banale et acceptable de la part des autres. Mais, que tu sois un pur réactionnaire et tu déclare ton repentir en manifestant l’envie de coopérer avec nous, personne n’accréditera ta démarche quoi que  tu sympathises  et cherches à parfaire tes états de service.
              Mahmoud: De quel droit catégorisez-vous les gens, selon votre caprice, en les plaçant dans la case de la réaction ou du progressisme? Etes-vous les seuls à posséder la compétence de l’évaluation? Qui vous a décerné cette dictature étrangère à l’esprit démocratique que vous claironnez et dont vous vous servez comme slagan pour attirer la sympahie des gens naïfs? Pourquoi vous privez-vous de potentialités dont vous avez le plus besoin parmi les gens en cette circonstance critique proprement dite? 
        Al Qartawi: Nous n’agissons pas pour élargir le cercle et l’échiquier. Nous nous entourons d’une palissade de fer qui empêche toute infiltration d’éléments gênants dans notre cellule active.” – Op.cit., Acte 2, sc. 3, p.61.
        Or, ce dilemme de l’esprit démocratique partagé en la théorie et la pratique chez le politicien démagogue, partisan ou non, se retrouve également dénoncé par N. Lahlou, dans sa pièce:
       - Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
        Pour ce qui est de la démocratie, il s’agit pour Hamlet, contrairement à Macbeth, d’une utopie et d’un discours vain qui le torture sans cesse.
        + “Hamlet: L’Histoire! Quel grand mot. L’histoire d’Hitler [les Marocains  combattant au côté des Alliés, en 1939-1945] ou celle d’Ophélie [la fiction]? J’ai trouvé: l’Histoire de la pierre, la dynastie de la pierre. De la pierre taillée à la pierre lunaire [le reflet sur la face lunaire de Mohamed V exilé par la France, en 1953] (…).
         Macbeth: Avant, avant, avant où est notre avant-goût [le Manifeste de 1944] pour la démocratie?
         Hamlet: Pourquoi démocratie?
         Macbeth: Pour la liberté.
         Hamlet: Pourquoi la liberté?
         Macbeth: Pour pouvoir vivre.
         Hamlet: Explique-toi.
         Macbeth: Cesse de me taquiner, je suis fatigué.
         Hamlet: Alors cesse de me torturer avec des discours [de vaine démocratie].” – Op.cit., p.139.
         [Et voici Macbeth condamnant la fausse démocratie comme nuisible à l’existence des peuples et de la lune (le Maroc).]
         + “Macbeth: C’est ça un peu de musique.
            (musique. Macbeth parlera en orateur)
       Au nom des principes fondamentaux sur lesquels repose notre pauvre et chétive humanité, je vous demande de mettre un terme à cette démocratie nuisible [fausse]. Au nom des droits à l’existence des peuples, je vous demande de défootbaliser cette race et de lui redonner son goût pour le butin [le goût de la victoire méritée des urnes]. Je vous demande de vous ôter de notre chemin, car vous [les colonialistes et les anti-démocrates] nous [les Marocains]barrez la route de la lune [le retour de Mohamed V et la réalisation du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes et la démocratie]!” – Op.cit., pp.148-149.
        Dans ce cas, le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour la démocratie dans le FMLAF s’avère être parfaitement réaliste, mais non sans difficultés, héritées de l’odre traditionnel et anti-démocratique de l’époque coloniale, condamné à un changement radical et progressif. “En érodant l’ordre traditionnel et en mettant l’individu avant le groupe, avance Driss Ben Ali, l’idée de liberté, de démocratie et de respect des Droits de l’Homme est devenue une priorité. Ainsi, s’établit une nouvelle réalité où chacun est unique et égal à tous les autres [en droits] (…). Dans ces conditions, le système des notables, promu par Lyautey [1912-1925] et largement maintenu par le Maroc indépendant, devient anachronique [antithétique].” – “Réalités sociales et impératifs politiques”, “Le Nouveau Siècle”, Nº7, Novembre 1993, p69.
       b- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes d’une société des droits démocratiques et individuelles dans le TMLAF:
        Par ailleurs, le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour les réformes d’une société des droits démocratiques et individuelles dans le TMLAF, permet de repérer les réformes des droits: de croyance, de l’homme, de la femme, de l’enfant, d’association des partis, des syndicats, de la presse, etc. Dans cette persective, F. Fanon prône par un souci d’efficacité démocratique élargie: “La chose publique [démocratique] doit être la chose du public [de tous]. On [la société] débouche donc sur la nécessité de multiplier les cellules [les organismes de droits] à la base. Trop souvent en effet, on se contente d’installer des organismes nationaux au sommet [sièges centraux] et toujours dans la capitale: l’Union de la femme, l’Union des jeunes [des enfants] , les syndicats, [les partis], etc. Mais si l’on s’avise de chercher derrière le bureau installé à la capitale, si l’on passe dans l’arrière-salle où devraient se trouver les archives [représentatives de leurs bases], on est effaré par le vide, par le néant, par le bluff. Il faut une base, des cellules [des organismes locaux et régionaux] qui donnent précisément contenu et dynanisme [à la société].” – Op.cit., p.131. Cela est observable par exemple, dans:
       b1- Le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes d’une socété du droit de croyance dans le TMLAF:
         Certes, Le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes d’une socété du droit de croyance soulevé dans le TMLAF est aujourd’hui d’une actualité paradoxalement accrue par le terrorisme international islamiste sans frontières. Mustapha Naïmi citant Paul Balta l’attribue à la greffe de la modernité (problèmes socio-économiques et culturels mal maîtrisés) qui semble avoir du mal à prendre dans les sociétés musulmanes, dont l’Algérie, le Maroc, etc. “En dépit des programmes volontaristes et développementistes mis en oeuvre,  au Sud, avant et après la seconde guerre mondiale, explique-t-il, une faille demeure entre les deux rives [de la Méditerranée]. La greffe de la modernité semble avoir du mal à prendre. Ce double constat fait l’objet d’une analyse approfondie [chez P. Balta]. La montée des radicalismes – religieux ou nationalistes [attentats d’Alger, de Casablanca, de Madrid, etc.] – sur le pourtour du bassin est, à bien des égards, la conséquence des problèmes économiques et sociaux [v. culturels] mal maîtrisés.” – “La Méditerrranée réinventée: Réalités et espoirs de la coopération”, “Maroc Europe”, Op.cit., p.287. On en découvre l’incarnation dans:
       - “Aqzâmun tahta al midhallah” (Des nains sous le parasol- 1992) de Mohamed Bakri Sbaï (né en 1937):
       Il s’agit du personnage d’Ahmed , professeur des études islamiques, intégriste, adhéré à une secte de barbus,  prônant “la répréhension des actions illicites” par le meurtre, fils de Laâyachi, membre  omnipotent d’une commune urbaine de Casablanca, en conflit permanent avec son père, sa femme Yamena et son beau-fère El Miloudi.“La crise économique internationale, les nouvelles données politiques mondiales, la montée de l’Islamisme [extrêmiste], la xénophobie des uns et des autres, la guerre du Golfe, les problèmes suscités par les accords de Maastricht, résume Zaki Moubarak, autant de facteurs qui, certes, perturbent les relations entre le Maghreb et la France, et par voie de conséquence entre le Maghreb [l’Orient] et l’Europe [l’Occident].” – “Le Maghreb, l’Europe et la France”, “Maroc Europe”, Op.cit., pp.277-278. En est la preuve, les passages de la pièce suivants:
       + “Ahmed: [à sa femme Yamena] En ce monde, la victoire est à ceux qui tiennent les couteaux prêts à égorger et à verser le sang, pourquoi t’allies-tu aux forces du mal [ton frère délinquant Al Miloudi et ses semblables] pour les  renforcer et les consolider?
        Yamena: Je m’allierais avec Iblis [Satan] s’il se déclare prêt à m’appuyer et m’assister.”
        Ahmed: Il paraît que tu ne désires pas la paix.
        Yamena: La paix obéït à des conditions qui exigent une clarification et une mise au point, et puis révèle tes revendications pour que j’en sois informée.
         Ahmed:  Crains Dieu en agissant envers ton mari, améliore ton comportement envers sa mère et n’en parle qu’en bien pour acquérir l’agrément de Dieu.
       Yamena: Et toi aussi, tente de rentrer tôt à la maison… et arrête ton bavardage et ton délire [intégriste] et ne médis plus de mon frère avant que son courroux ne te tombe dessus.
        Ahmed: Conditions raisonnables, uniques dans leur genre, gare à celui qui en viole les lois, ou en dévies les clauses. (en lui tenant la main) Vivons avec tendresse, sérénité et félicité, par respects de ces  promesses et ces pactes.
       Yamena: (réctifiant) Il reste un conseil unique que je te donne. Si tu l’acceptes, je t’en remercierai et t’obéirai (…).
        Ahmed: A condition qu’il soit considérable et raisonnable et ne contrevenant pas aux fondements religieux.
        Yamena: (Poussant un cri répercutant) Eloigne-toi des barbus rebelles [les intégristes fanatiques] avant que leur sort ne s’aggrave et ne pousse la nation vers l’abîme. 
          Ahmed: (la giflant violemment et la souffletant de sa main droite sans s’en rendre compte) Nul ne profère cela qu’un agent ennemi, la justice divine est l’unique critère pour connaître la vrai vainqueur.
          Yamena: (hurle en pleurant et en se lamentant) Tu me gifle, Ô le plus vil des hommes… Tu me soufflètes d’une main dont l’amputation m’est plus indifférente que le fait de la lever sur moi… Attends… Tu auras ton châtiment, demain ce sera ta fin par la main de mon frère  (Elle  va vers l’armoire et en retire ses habits pour les entasser dans des valises, dans l’intention de quitter la maison, le matin).” – Op.cit., Acte 2, sc.2, pp.53-54.  
         [Seul dans la maison en désordre, Ahmed reçoit les intégristes 1, 2, 3 de sa secte, venus s’enquérir de son absence, suivis de son beau-frère Al Miloudi, venu venger sa soeur brutalisée la veille par ce dernier et partie se réfugier chez ses parents.  Al Miloudi  sera tué à coup de couteau par l’intégriste 2, sous les yeux d’Ahmed en total désaccord avec le meurtrier fanatique.]
        + “Al Miloudi: (Levant la main menaçant) Est-ce tu continues de citer des versets coraniques au moment où tu perds le contrôle de toi-même?
             (La secte en plein embarras échange des regards inquisiteurs ayant conduit à son explosion successive.)
         L’intégriste 1: [Un vieillard barbu à Al Miloudi] C’est bizarre ton cas,  jeune homme. Dieu t’a doté d’un étalage dans le corps, non dans la raison. C’est pourquoi tu te conduis en vantard de ta jeunesse et de  ta force. L’injustice a inévitablement un terme. Et il s’appliquera inexorablement à toi le dire du poète: «Il n’y a pas de main que la main de Dieu ne dépasse / Et tout injuste subira un plus injuste que lui.».
          Al Miloudi: La poésie ne t’épargnera pas du châtiment qui va avec ta vieillesse et ta sénilité (d’un élan destructeur, il lui assène un coup de  tête  le laissant totalement inanimé)
         L’intégriste 3: (Debout, prêt pour la bataille dans laquelle il a été forcément impliqué) Tu as agressé notre théologien âgé et l’agression ne  peut être opposée qu’à son équivilent (…).
          L’intégriste 2: (Se faufilant vers la porte, tentant de s’enfuir, l’entre-ouvre puis la referme par acquis de conscience. Fouillant dans sa poche, il en sort un couteau bien aiguisé qu’il utilisait pour éplucher des pommes dans des cérémonies et des fêtes [religieuses]… Il le cache derrière son dos en affectant la neutralité, jusqu’à ce qu’il s’approche d’Al Miloudi et le poignarda par surprise, chose  contre laquelle celui-ci n’avait pris aucune précaution et  à laquelle ne sétait guère attendu d’un être aussi débile qui mit fin, en un clin d’oeil, à son héroïsme.) ”
          (Une musique triste se fait entendre)
         Ahmed: (regarde avec surprise ce qu’a entraîné de tragique la bataille instantanée et s’adresse au coupable d’un coeur meutri) De quel droit as-tu fait ça?
          L’intégriste 2: (avec un moral surélevé) Certes, il y a longtemps, depuis que nous nous sommes exercés à l’usage des couteaux. Nous ne pouvons consentir de vivre notre vie dans l’ombre et dans l’inaction (…).
      (Ahmed se retourne en fixant l’énorme cadavre inanimé et  ensanglanté… en babutiant à grande peine) Les problèmes de l’homme ne peuvent être traités par l’oppression et la violence, il faudrait qu’on   planifie pour mettre en place une méthode saine pour construire les psychismes humains et les refondre à nouveau.” – Op.cit., Acte 2, sc. 5, pp.76-78.
       b1- Le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes des droits de l’Homme dans le TMLAF:
      Parallèlement, le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes des droits de l’Homme, dans le TMLAF, se caractérise  par la mention dans ce document d’un régime démocratique garantissant les droits de chacun au Maroc indépendant. “S’il [le Manifeste de 1944] n’acceptait aucune réforme avant la reconnaissance par la France de ces principes, dénote M. El Alami, il ne s’inquiétait pas davantage du régime politique qui suivrait la suppression du Protectorat: le Parti de l’Istqlal sollicitait: «Sa Majesté de prendre sous sa haute direction le mouvement de réforme qui s’imposait» et lui laissait «le soin d’établir un régime démocratique comparable au régime de gouvernement  adopté dans les pays musulmans d’Orient, garantissant les droits  de tous les éléments [les citoyens] et de toutes les classes de la société marocaine  et définissant les droits de chacun [les droits de l’Homme]»  ” – Op.cit., pp.85-86. Ce qui servira de plate-forme aux réformes des droits démocratiques et individuels, au Maroc indépendant (1956-2007).  Et tel que le soulève plus récemment P. Balta cité par M. Naïmi: “En cette fin de XXe siècle”, l’autonomie locale [v. projet d’autonomie élargie au Sahara marocain - 2007] est indissociable de l’exercice des droits et des libertés [démocratiques et individuelles] de l’homme; c’est aujourd’hui un attribut et un baromètre de la démocratie.” – Op.cit., p.291. D’où dans le TMLAF:
        - “Aqzâmun tahta al midhallah” (Des nains sous le parasol- 1992) de Mohamed Bakri Sbaï (né en 1937):
        De retour au discours des partis nationalistes en période coloniale, F. Fanon n’y voit qu’un propos théorique sur les droits de l’Homme et du citoyen: “Toute l’activité de ces partis politiques nationalistes dans la période coloniale est une activité de type électoraliste [démocratique], c’est une suite de dissertations philosophico-politiques sur le thème du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes [le Manifeste de 1944], du droit des hommes à la dignité et au pain [les droit de l’Homme], l’affirmation ininterrompue du principe «un homme une voix [droits démocratiques et individuels]».” – Op.cit., p.24. Ce que montre dramaturgiquement:
       - “Aqzâmun tahta al midhallah” (Des nains sous le parasol - 1992) de Mohamed Bakri Sbaï (né en 1937):
       + “Mahmoud: [à la fois sceptique et ironique à son frère jumeau, l’intégriste Ahmed] Tu trouveras M’barek [le valet] à t’attendre pour t’accompagner sur la route, c’est que les voleurs sont les premiers bénéficiaires des droits de l’Homme [initiés au Maroc, depuis 1990].”  
         Ahmed: Ne répète pas les slogans de ceux à qui ne plaît pas le fait d’euvrer en rapport avec le principe noble qui a rétréci leur pouvoir, c’est pourquoi il ont abandonné l’ordre à l’anarchie, en vue de faire revenir cette image défraîchie pleine d’abus d’autorité et d’intimidation. 
          Mahmoud: Au revoir et à très bientôt, avant que notre entretien ne nous fasse déboucher sur un problème insoluble qu’il est difficile de soulever dans la conjoncture actuelle.” – Op.cit., Acte 1, sc.7, p.38.
     - Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
      Dans  Ophélie n’est pas morte”, N. Lahlou suggère l’idée de l’indépendance pour les réformes des droits de l’Homme au Maroc, à travers une scène de torture d’un détenu politique, par un policier, pour délit d’opinion et d’appartance partisane, méthode inhumaine héritée de l’époque coloniale (1912-1956). “Au niveau des individus, explique F. Fanon, on assiste à une véritable négation du bon sens [des droits de l’Homme]. Alors que le colon ou le policier peuvent, à longueur de journée, frapper le colonisé [arrêté arbitrairement], l’insulter, le faire mettre à genoux [le tortuer à mort] on verra le colonisé sortir son couteau au moindre regard hostile ou agressif d’un autre colonisé [agressivité mal dirigée]. Car la dernière ressource du colonisé [l’opprimé] est de défendre sa personnalité face à son congénère [méthode perpétuée souvent sous l’indépendance].” – Op.cit., p.20. On assiste dans la pièce à l’interrogatoire sadique et parodique suivant:
       + “Macbeth: (jouant au dictateur [policier] torturant sa victime) «Alors crétin, tu t’adonnes à des activités politiques, maintenant?» - Moi? Non monsieur, je fais du théâtre. «Et quelle sorte de théâtre ? (il se donne des coups par le jeu le dictateur en question) Quelle sorte de théâtre, crétin?» - Mais le théâtre  le plus simple. (il reçoit une gifle imaginaire) «Je n’aime pas le théâtre simple, crétin.» - Mais monsieur je veux bien savoir sur quelles scènes je peux compter. (il se tord, s’étrangle et est sur le point de mourir). «Crétin, tu monteras sur les planches que je t’indiquerai et joueras les chefs-d’oeuvres que je te choisirai. Compris?». Oui monsieur, j’ai compris.
     Voix d’Hamlet: Dis à cet individu que nous voulons faire du théâtre politique avec comme base de recherche la visualité électrohumaine [la torture par électro-chocs des détenus].” – Op.cit., p.113.
        b2- Le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes des droits de la femme et de l’enfant dans le TMLAF:
        De la même manière, les droits de la femme et de l’enfant sont exaltés à travers le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépemdance par les réformes des droits de la femme et de l’enfant dans le TMLAF. Ce à quoi fait allusion le document cité  par M. El Alami, en affirmant: “Ce document conçu et rédigé en commun par une poignée d’hommes: Ahmed Balafrej, Abdallah Ibrahim, Mohamed El Yazidi et Omar Ben Abdeljalil, et signé par cinquante huit nationalistes, parmi lesquels une femme: Madame Malika El Fassi, avait exprimé pour la première fois au Maroc, en termes politiques nets et catégoriques, que le peuple marocain entendait recouvrer son indépendance.” – Op.cit., p.84. A cet égard, nous  citerons:
       - “Aqzâmun tahta al midhallah” (Des nains sous le parasol- 1992) de Mohamed Bakri Sbaï (né en 1937):
       Effectivement, le droit de la femme et de l’enfant sont mis en exergue dans “Aqzâmun tahta al midhallah” de M.-B. Sbaï, cristallisant le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes des droits démocratiques et individuelles de la femme et de l’enfant dans le TMLAF. En ce sens, F. Fanon réitère: “Dans un pays sous-développé [indépendant], on s’efforcera le plus rapidement possible de mobiliser les hommes et les femmes. Le pays sous-développé doit se garder de perpétuer les traditions féodales qui consacrent la priorité de l’élément masculin, sur l’élément féminin. Les femmes recevront une place identique aux hommes non dans les articles de la constitution, mais dans la vie quotidienne, à l’usine, dans les assemblées [locales et nationales élues].” – Op.cit., p.136. Au sujet de la polygamie et de la femme au parlement, la pièce évoque:
       + “Laâyachi: [le père omnipotent d’Ahmed l’intégriste] Ce fils m’a  çu, j’ai cru lors de son mariage que le couffin [à provisions matrimonial] allait le préoccuper à la place de tout ce qui lui attire le malheur, mais l’ordre s’en est inversé… Son appétit s’est accru pour la parole [la propagande intégriste], ses cris refoulés et réprimés s’étaient haussés dans la maison, de par…
         Aïcha: [la mère d’Ahmed] (l’interrompt en balbutiant)  Une femme qu’il s’était choisie parmi ses élèves, suivant des caractéristiques bien déterminées, mais elle a changé d’attitude – avec les jours – et s’est révélée telle qu’elle est et a implanté ses griffes dans son époux, en prenant sa patience pour de la débilité et sa docilité pour du défaitisme.
         Laâyachi: Ainsi sont les femmes, quand elles trouvent de la distraction chez l’époux, y tâte de la mollesse et de la tolérance, elles n’hésiteront pas à frapper les coups menant à l’effondrement des foyers et à la destruction de la première cellule de la société.
        Aïcha: Qui se montre intransigeant dans le choix d’une femme se casse le nez dans une chute dont il ne se relève jamais.
        Laâyachi: L’homme raisonnable est celui qui prend contre elle une associée pour la corriger et raccommoder les états d’un époux désirant  rénover son lit décrépit.
        Aïcha: (Avec grand dépit) Ah, vous les hommes, lorsque votre situation matérielle s’améliore, vous ne pensez qu’à la rénovation du lit. Que n’investissez-vous votre argent dans ce qui est plus profitable pour les gens et plus utile pour la patrie.” – Op.cit., Acte 2, sc.1, pp.41-42.
        [Quant à l’absence politique de la femme au parlement, situation actuellement dépassée au Maroc, on peut y lire:]
        + “Al Qartawi: [Directeur d’un journal prospère, parlant d’un lecteur maniaque blâmé par sa femme délaissée] Est-ce parce qu’il s’est absorbé dans sa lecture [du journal] gratuitement et a oublié les denrées de première nécessité du foyer?
          Mahmoud: [Journaliste marginal, frère jumeau de l’intégriste Ahmed] C’est parce qu’il n’apporte avec lui ni légumes ni fruits, comme c’est le cas des anciens maris authentiques. Mais il revient, une cigarette à la bouche et entre les mains un journal qu’il s’est rendu habile à plier pour l’offrir à une femme avec laquelle il a un rapport hostile.
        Al Qartawi: C’est pourquoi, le parlement est vide de l’élément féminin!!” – Op.cit., Acte 2, sc. 3, p.57.
        [Pour ce qui est des droits et du travail prohibé des l’enfants, on relève dans la pièce l’échange entre Laâyachi et son valet M’barek que voici.]
        + “Laâyachi: (s’interrogeant) Et pourquoi son fils [l’enfant du puisatier dans son travail]?
          M’barek: (enthousiaste pour répondre) Il l’exerce à la profession et l’y habitue depuis son bas âge.”
          Laâyachi: (animé de son enclin à l’exploitation et se ravisant de ce qu’il devait faire) De pareils enfants héritent de leurs parents l’ignorance, le malheur et la misère. On ne devrait pas les y encourager pour qu’ils ne soient pas une calamité pour nous à l’avenir.” – Op.cit., Acte 1, sc. 6, p.29.
         - Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
          Par ailleurs, la pièce de N. Lahlou, Ophélie n’est pas morte”, décrit laconiquement les situations dramatiques de la femme et de l’enfant marocains et africains en situation précaire, tant dans leur pays que dans les pays de l’émigration (RME), dans l’attente du rétablissement de leurs droits démocratiques et individuels. Aussi enregistre-t-on avec M’fadel Lahlou,  en ce sens: “Au cours des 20 dernières années, les efforts entrepris pour promouvoir les droits de la femme et de l’enfant se sont considérablement intensifiés. L’Assemblée générale de l’ONU a déclaré 1975 Année Internationale de la femme et la période 1976-1985 Décennie de la femme. En 1981, la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes est entrée en vigueur (…). En 1989, 30 ans après la Déclaration relative aux droits de l’enfant, l’Assemblée générale a adopté la Convention relative aux droits de l’enfant.” – “Les droits de l’Homme et de la fillette”, “Le Nouveau Siècle”, Op.cit., pp.162-163. De là:
         + “Macbeth: La prochaine fois, je serai moins égoïste.
          Hamlet: Dans le parc les enfants me regardent et quand je regarde une jolie femme passer, les gens pensent que je devrais d’abord me regarder (…).
          Macbeth: Puisque je ne peux rien faire pour faire. Parfois, je me dis pourquoi ne pas me lever, aller voir et lui crier en face: j’en ai assez de toi [la femme de ménage]. Puis je me dis, ce serait beaucoup mieux si je me traîner jusqu’au soleil et attendais la tombée de la nuit. Puis, je me dis la nuit n’arrange rien. La mort non plus. Le dollarman tuant la jeune prostuée a femme qui accoucha dans le wagon de bétail et qui se vit interdire l’entrée du territoire blanc [la discrimination à l’égard de la femme], parce que le cordon ambilical avait une couleur noire, l’enfant qui est né là-haut dans les montagnes et qui finira sa vie en berger sans voir la lumière, tout ceci dure [les droits de l’enfant bafoués]. Et nous au fond de nous-mêmes, nous attendons. Nous attendons un miracle qui doit se produire [l’indépendance pour les réformes des droits démocratiques et individuels].” – Op.cit., pp.125-127.
       b3- Le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes des droits d’association des partis, des syndicats et de la presse dans le TMLAF:
        Du fait, le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance par les réformes des droits d’association des partis et des syndicats dans le TMLAF se traduit par le long processus des réformes de  démocratisation et de modernisation de la société du Maroc indépendant (1956-2007). “Le dialogue [v.de sourds d’avant 1944], rappelle F. Fanon, n’est jamais rompu entre ces partis [nationalistes] et le colonialisme [ici franco-espagnol et international]. On discute d’aménagements, de réprésentation électorale, de liberté de la presse, de liberté d’association [partis, syndicats, etc.]. On discute réforme.” – Op.cit., p.24. Cela est explicite en l’occurrence dans:
       - “Aqzâmun tahta al midhallah” (Des nains sous le parasol- 1992) de Mohamed Bakri Sbaï (né en 1937):
       Or, le pluraliralisme des partis, des syndicats et des associations civiles et culturelles est ce qui caractérise globalement le processus de démocratisation et de modernisation, au Maroc indépendant, suscitant pour des raisons de développement humain (l’INDH), des violences intégristes islamistes et des réactions pseudo-démocratiques entre les personnages de la pièce, “Aqzâmun tahta al midhallah”, de M.-B. Sbaï. A cette optique, Abdelali Benmansour propose comme issue: “C’est pour cette raison que j’ai invoqué précédemment les réformes préalables à tout développement, réformes qui ne peuvent réellement réussir que dans un esprit consensuel (…). De ce fait, si on veut créer les conditions d’une véritable alternance, il faut que toutes les forces politiques [partis, syndicats, associations civiles et culturelles, etc.] du pays contribuent à l’émergence d’une droite crédible (…). Les partis historiques [dont le Parti de l’Istiqlal], en bons défenseurs de la démocratie, doivent et ont les moyens et l’opportunité historique, non seulement d’affirmer la gauche, mais de contribuer à l’émergence d’une droite crédible. Après quoi, elle pourrait devenir transitoire, ce choix pourrait alors déboucher sur un véritable processus d’alternance démocratique.” – “La révolution tranquille”, “Le Nouveau Siècle”, Op.cit., pp.135-136. A cela  fait écho dans la pièce:
      + “Ahmed: [l’intégriste à son jumeau Mahmoud, le journaliste en quête d’un progressisme opportuniste] Donc, il [le grand journaliste progressiste Al Qartawi] veut que tu sois progressiste d’un jour au lendmain.
       Mahmoud: Il m’a appris que s’il me reconnaissait officiellement, il m’autoriserait à porter ce titre et qu’il donnerait le feu-vert aux militants de traiter avec moi (…).
       Ahmed: Tu n’as qu’à tenter l’expérience tant qu’elle n’influe pas sur la salubrité de ta religion et de ta raison.
        Mahmoud: Avec la pluralité des partis, la ruée des aspirants au leadership virtuel, je crains d’être inséré dans une position indigne de moi en tant qu’homme, tâchant de servir son pays et agissant pour réaliser ses aspirations bourgoises et ses ambitions personnelles.
       Ahmed: [en obscurantiste nihiliste] Je ne t’encouragerais pas à embrasser ce dualisme fondé sur la cupidité et la déraison. Je t’ai tant conseillé et assez mis en garde contre cela. Et il n’y a pas de mal que je te rappelle – une autre fois – le dire du poète:
       «Tous ces partis ne sont qu’une sédition/ Qui par la discorde nous font  traîner des queues de malheurs.»”Op.cit., Acte 1, sc. 7, p.37.
        [Evoquant les rapports du gouvernement avec les syndicats et les partis Al Qartawi et Mahmoud s’interrogent sur le danger de l’intégrisme religieux, l’honnêté des élections législatives et des assmblées locales.]
        + “Al Qartawi: (menace en agitant vivement l’index pour concrétiser la gravité de l’événement) Le gouvernement ne craint pas le syndicaliste et ne craint pas le partisan, parce que ses objectifs sont clairs et ses moyens de répressions immédiats, mais ne sait pas ce qui se passe dans la tête d’un homme qui croit à des négativismes et transmue son agressivité en protocole et guerre sainte, c’est ce qu’il [le gouvernement] ne perçoit absolument pas. De là, fut l’obligation de stopper ce chaos  dans les concepts religieux pour que la flambée de son désastre ne s’étende et ne  se généralise au pays et aux fidèles.
         Mahmoud: Tu as oublié ta mission partisane et tu as commencé à parler une langue officielle.
          Al Qartawi: J’ai affecté d’employer ce style pour que tu te mobilises toi et ta famille pour ramener ton frère Ahmed à la raison, avant qu’il ne trébuche et sombre vers le plus bas (…).
           Mahmoud: …Et puis mon père [Laâyachi] est las de l’affaire d’Ahmed et s’est persuadé de l’inutilité de la discussion avec lui. C’est pourquoi il s’en est éloigné pour s’absorber dans maintes affaires et se préparer à une nouvelle vie…
        Al Qartawi: (l’interrompant) Une vie pour se préparer aux prochaines élections, n’est-ce pas?
         Mahmoud: Cette préparation est probable, en vue de s’engager dans  le champ de bataille de la vie parlementaire. Mais l’obsession du mariage est devenue son plus grand souci, après avoir considéré que son ancienneté [matrimoniale] avec ma mère était insinuée par la vieillesse, et avait atteint le stade de la retraite.
         Al Qartawi: Il n’y a pas de quoi s’étonner, sa promotion matérielle s’est accrue et il s’est développé de façon rapide dans les conseils [successifs] de l’assemblée urbaine, où il est considéré comme un membre agissant en son sein.” – Op.cit., Acte 2, sc.3, p.59.
         [Les droits d’association dans le domaine civil et culturel et de la presse se manifestent ici, à travers une soirée poétique de la section de l’Union des Ecrivains du Maroc (l’UEM) de Casablanca.]
        + “Al Qartawi: (Tapotant la main d’Ihsane pendant qu’il le présente) Un nouveau militant et un journaliste actif, spécialisé en jurisconsulte des coups fourrés et des magouilles, d’une poéticité transparente jusqu’à l’ambiguïté et l’hermétisme… Sa présence dans le domaine cuturel est imposée par le journal sur lequel il veille avec abnégation et loyauté… Il prépare sa thèse universitaire sous la direction d’un de nos servants et fidèles partisans. 
         Ihsane: Merci pour cet avant-propos qu’on pourrait compter parmi la belle poésie vers-libriste, si on le  découpait et ségmentait (Ils rient).
          Mahmoud: Ce qu’un journaliste possède de plus important, c’est la mémoire réceptive qui le distingue de l’homme ordinaire.
           Ihsane: (se reprenant, à Mahmoud) Ah, …je me souviens, nous nous sommes rencontrés lors de la soirée poétique, organisée par la section de l’Union des Ecrivains du Maroc à Casablanca.
         Mahmoud: A laquelle n’avait assisté qu’une minorité qu’on peut compter sur le bout des doigts (…).
          Al Qartawi: La vraie culture est perdue dans la masse des associations se reproduisant à toute vitesse, face à la préoccupation de l’homme [de la rue] par le quotidien et le banal, sous tous ses aspects et ses anachronismes (…).
          Mahmoud: (tentant d’exhiber sa musculature dans l’écriture) J’ai écrit un article à ce sujet dont beaucoup m’ont félicité, et sans doute tu en es au courant (…).
        Al Qartawi: Tu es arrivé en retard… Les corbeaux croasseurs se sont multipliés en terre et en mer. Quelques-uns sont morts de soif et de disette, sans se désaltérer à la source de la richesse où avaient puisé les pionniers et les premiers initiés  aux actions nobles et généreuses. Tente de te réviser et de freiner ta plume [dans la presse] en quête de qui te procurerait une identité et une appartenance [politiques] par  un opportunisme à l’issue risquée [v. éthique professionnelle].” – Op.cit., Acte 2, sc. 4, pp.64-65.
       - Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
       Par allusion à l’époque coloniale et post-coloniale où l’interdit frappait les droits d’association des partis, des syndicats et de la presse, etc., la pièce de N. Lahlou Ophélie n’est pas morte” met en scène le rapport de forces entre les militants nationalistes et le colonialisme récalicitrant franco-espagnol (au Nord et au Sud) et international (à Tanger), campé à travers le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes des droits démocratiques et individuelles d’association dans le TMLAF. En 1993, A. Benamour en estime la portée au Maroc indépendant, comme suit: “Après plusieurs décennies de gouvernement d’une certaine technocratie plus ou moins organisée politiquement au détriment du mouvement national, taxée de dogmatisme [partis démocratiques, syndicats d’opposition, etc.], on risque d’avoir des décennies de gouvernement de partis nationaux avec un risque d’effritement des partis dits actuellement de droite [bureaucratiques ou non], d’exclusion de la société civile [les associations de la société civile et culturelles] ou de retour à la case départ.” – Op.cit., p.134. Ce dont rend compte la pièce à propos de droits d’association des partis, dans:
         + “Hamlet: [le policier]… Maintenant, tu vas me dire tout ce que tu sais sur l’organisation.
       Macbeth: [résistant nationaliste ou détenu politique] Il n’y a pas d’organisation.  
       Hamlet:  D’où venait le projet?
       Macbeth: De moi-même.
       Hamlet: Le cerveau?
       Macbeth: Il n’y a pas de cerveau.
       Hamlet: Qui finance?
       Macbeth: Travail bénévole.
       Hamlet: Et le parti?
       Macbeth: Il n’y a pas de parti (…).
       Hamlet: C’est moi qui pose les questions. (il le torture) Vous étiez combien?
       Macbeth: J’étais seul.
       Hamlet: Seul pour tuer.
       Macbeth: Seul pour mourir.
       Hamlet: Et pourquoi?
       Macbeth: Pour que vivent les autres.
       Hamlet: Leurs noms. 
       Macbeth: Ils sont dix-huit millions.” – Op.cit., pp.116-117.
          [En ce qui concerne les droits d’association des syndicats, on y décrypte notamment.]
       + “Macbeth: [ex-colon patron d’usine en France et en Espagne à ses compatriotes de l’UE]… Mais comprenez-moi, moi aussi. Je reviens d’un pays [v. le Maroc] où j’étais un maître, un roi [colon interdisant le syndicat aux indigènes colonisés]. Laissez-moi le temps de m’habituer à vos institutions [démocratiques occidentales]. Bien sûr. Il faut respecter le syndicat. Les ouvriers ont le droit à la grève. Les revendications sont toujours justes. Messieurs du calme. Je suis votre ami [v. démagogue] mais n’oubliez pas que je suis avant tout le directeur. Vous demandez dix pour cent, je vous accorde quinze. Et qu’on fête ça. (applaudissements) Mais non, mais non. Leur présence [les TME] est bénéfique pour chacun de nous [Français, Espagnols, UE, etc.]. Nous les avons exploités chez eux, ils viennent [ils émigrent] d’eux-mêmes se faire exploiter [sans droits, sans papiers, sans familles].”
        [Quant à la censure et l’auto-censure dans la presse coloniale et post-coloniale, il y explicite à propos de la radio d’Etat.]
       + “Hamlet: Vous deviez parler plus simplement. La radio appartient à l’Etat et on ne peut pas tout diffuser.
       Macbeth: Et que dois-je dire à votre avis?
       Hamlet: Qu’il fait beau par exemple.
       Macbeth: Mais il ne fait pas beau. Hamlet: S’il ne fait pas beau, dites que c’est dommage qu’il pleuve.         
       Macbeth: Ecoutez-moi bien. Ce genre d’interview-espionnage [policier] ne me plaît pas du tout. Ou je dis ce que je pense ou allez vous faire foutre. Parfaitement, vous faire foutre. Voyez-vous mon cher monsieur – vous permettez que je vous appelle mon cher monsieur…” – Op.cit., p.111.
       II.3- Le reflet du Manifeste de 1944: de l’indépendance pour une société ouverte sur un nouvel ordre mondial dans le TMLAF:
       De plus, le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes d’une société ouverte sur un nouvel ordre mondial de paix, de sécurité et développement réciproque vient achever le panorama de la vision moderniste de ce document dans le TMLAF. Parmi les objectifs ultimes ou à moyens termes qui nécessistent peut-être plusieurs décennies ou législatures permettant au Maroc de réaliser son indépendance par l’ouverture à un nouvel ordre mondial, A. Benamour préconise comme objectif fondamental: “Faire du Maroc un pays qui compte sur l’échiquier politique international et régional avec le parachèvement de son intégrité territoriale et une position d’indépendance et d’interdépendance [de réciprocité] dynamique dans le cadre de l’espace occidentalo-arabo-maghrébo-africain.” – Op.cit., p.121. On en retrouve la vision globale dans:
       - “Aqzâmun tahta al midhallah” (Des nains sous le parasol - 1992) de Mohamed Bakri Sbaï (né en 1937):
       Comme couronnement du reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes d’une société ouverte sur un nouvel ordre mondial de paix, de sécurité et de développement réciproque d’après-guerre, on lit sous la plume de S.M. Hassan II, rappelant la remarque du président des USA, F.D.Roosevelt, faite à Winston Churchill, premier ministre du Royaume-Uni, à Anfa en 1943, au sujet du monde d’après-guerre: “F.D. Roosevelt remarqua aussitôt que nous n’étions ni en 1830, ni en 1912. Il évoqua le jour qu’il souhaitait très proche, où les hostilités ayant pris fin, le Maroc accéderait librement à l’indépendance, selon les principes de la Charte de l’Atlantique. Après la guerre, insista-t-il, la réorganisation politico-économique des sociétés humaines [ouvertes sur un nouvel ordre mondial]deviendrait une nécessité.” – “Le défi”, Op.cit., p.34. A cela le TMLAF fait écho dans la pièce d’A.-B. Sbaï, à travers les répliques suivantes :
        + “(La sonnerie du téléphone résonne, la main du journaliste  Al Qartawi se tend vers l’écouteur et il se met à parler.)
           Al Qartawi: [en présence de Mahmoud] Allô!… Oui, c’est Al Qartawi, journal… Vous êtes les bienvenus (il prononce son nom)… Quoi? Comment j’ai reconnu votre nom? Par votre voix… Le ton sévère ne m’est inconnu [d’un agent d’autorité]…Non… non… Je vous demande pardon, je ne signifiais rien d’autre, je visais notre disponibilité à accueillir les ordres et les pertinentes instructions … Oui…oui, je sais que l’appui matériel est conditionné par la malléabilité du discours… quoi? Qui vous a transmis ces fausses informations sur nous? Ne comptez pas  sur les avis des moqaddams et des chioukhs [sous-chefs et chefs de districts]… Nos masses sont à la merci de notre volonté, elles sont infuencées par nos directives et notre style, sans se rendre compte des couleurs qu’il prennent, un prodige de précision et de discrétion… C’est un devoir, mais pardonnez-nous encore une autre fois, si nous  vous querellons dans nos publications de temps à autre, car cela rentre dans le cadre de l’ouverture sur notre espace politique et culturel [réformes d’une société ouverte sur un nouvel ordre mondial], loin des suspiscions qui pourraient toucher le renom des gens de bonne réputation [hypocrisie d’une certaine presse]… A bientôt…” – Op.cit., Acte 2, sc. 3, p.60.
        [Le Maroc indépendant, une  société ouverte sur un nouvel ordre mondial de paix, de sécurité et de développement réciproque: pays arabes du Golfe, francophonie, etc.]
      + “Ihsane: [journaliste évoquant la polygraphie d’un collègue roublard malade.] Sans la maladie récente du critique chauve et pieux, il serait le mieux placé pour accomplir cette mission [écrire un article dénigratif contre le livre d’un adversaire politique de son parti], en tant qu’homme aux écrits fooballistiques, poétiques, lyriques, narratifs, romanesques, francophones, saxophones, touristiques, golfe-arabiques, urbanistiques, sociales, marqués de l’empreinte de  «l’égo», dans tous les cas.” – Op.cit.,  Acte 2, sc. 4, p.66.
         [Hostiles au néo-colonialisme, au sionisme, à la guerre en Palestine, en Irak, aux contraintes financières des grandes puissances économiques et militaires du nouvel ordre mondial, ayant succédé à la chute de l’U.R.S.S., aux violations de la démocratie et des droits de l’Homme, les intégristes islamistes 1, 2, 3 et Ahmed font le procès du monde.]
        + “L’intégriste 2: (un jeune novice toussotant, pour essayer sa voix, puis entame) Serviteurs de Dieu, quelle tragédie est celle dont les leaders du mal et les prêtres du néo-colonialisme ont tissé les fils? Qui a veillé sur ce nouveau-né embryonnaire, illégitime et participé à la création de son entité sioniste jusqu’à ce qu’il soit devenu un cancer horrible qui s’est inflitré dans le corps de la nation arabe, pour polluer des coeurs  palpitant de gloire et de dignité! N’a-t-il pas transformé les désastres des Palestiniens et des Irakiens en profits, consolidant sa domination et sa crainte florissante par le discrédit et la honte? N’a-t-il pas déclaré la guerre contre un peuple désarmé, ayant su comment  défendre  comme il faut sa terre et faire preuve d’une rare bravoure? La mère et les enfants de l’Intifada narguent la mort et affrontent la force la plus rebelle qui n’a pu venir à bout de petits bourgeons, adorant la liberté et aspirant à un lendemain meilleur...? (…).
        Ahmed: Les marginaux sont ceux que marchandent la cause et adoptent la défense des droits de l’Homme et l’assassinent en plein jour. Quand est-ce que les conscience vont-elles s’éveiller pour dompter ceux qui se jouent de la démocratie asservie à leurs vils objectifs?
        L’intégriste 1: (vieillard scoué d’une violente quinte de toux) Il est impossible qu’on s’éveille de notre inadvertance.
        Ahmed: L’effet de l’hypnose est très puissant, tant que de la vache laitière jaillissent des liquidités de pétrole et d’huiles combustibles, pour renforcer la position des géants et les encourager à poursuivre le génocide et la destruction.
         L’intégriste 1: Et cela prouve que le monde entier fait acte d’allégeance et d’obéissance à celui qui octroie des crédits et domine politiquement, économiquement et militairement les sorts des nations    impuissantes et non impuissantes.
          L’intégriste 2: Même ceux [l’U.R.S.S.]  qui ont leurré, pendant un laps de temps, la nation arabe ont vu leur carte géographique rétrécie et sont devenus un symbole d’abandon et de nécessité.” – Op.cit., Acte 2, sc. 5, pp.72-73.
        [Parallèlement, le nouvel ordre mondial s’ouvre sur le problème de la sécurité et la lutte contre le crime organisé du trafic des stupéfiants, de la contrebande («des baznas ») et du terrorisme intégriste islamiste international de tous bords.]
        + “Ahmed: (jetant un regard hargneux à son beau-frère Al Miloudi) Et moi aussi, si j’avais su que tu étais en mission à l’étranger en rapport avec «Al t’baznis» [le trafic de stupéfiants], je n’aurais pas fait un pas vers la porte de votre maison [pour épouser sa soeur Yamena].
         Al Miloudi: (se jetant en avant) Moi, un «baznas», répète ce que tu viens de me dire! C’est une occasion irremplaçable pour effectuer quelques expériences, à cette heure critique (…).
         Al Miloudi: (tendant les bras, courroucé et maussade, en montrant Ahmed de son index menaçant) Je te ferai liquider physiquement, si tu répètes une pareille accusation ou si tu la fais courir dans ton propos. (…).
      Ahmed: Et pourquoi crains-tu l’accusation qu’on  t’a imputée, si tu as cette disposition d’informer sur…
      Al Miloudi: (en clignant de l’oeil avec méchanceté) Sur quoi? Parle, est-ce que tu veux dire que je suis un mouchard, ou un informateur gratuit. Si j’avais eu ce privilège, je vous aurais tous grillés…(…).
       Ahmed: (se contraignant de clarifier) Que de victimes innocentes sont jetées dans les ténèbres des prisons, pour des accusations sans fondement ni en droit légal ni religieux.” – Op.cit., Acte 2, sc. 5, pp.74-75.
       - “Ophélie n’est pas morte” (1971) de Nayl Lahlou (né en 1945):
       N. Lahalou met à nu, dans “Ophélie n’est pas morte”, l’inégalité des chances entre les nations du monde pour un développement réciproque, dans le nouvel ordre mondial, au lendemain de la seconde guerre mondiale, face aux super-grands - l’U.R.S.S. et les U.S.A., etc.-, saisissable ici à travers le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance du Maroc pour les réformes d’une société ouverte sur un nouvel ordre mondial dans le TMLAF. “D’une part, écrit Driss Ben Ali, l’ouverture au marché mondial et la libération économique donne lieu à des pratiques nouvelles où la compétence passe avant l’allégeance [encore à venir].” – “Réalités sociales et impératifs politiques”, “Le Nouveau Siècles”, Op.cit., p.70. Ainsi verra-t-on dans la pièce en question:
        + “Macbeth: Je sais que tu parles de cosmonautes? Mais cosmonautes russes? Américains [les pays développés]? Cosmonautes de Ouwagadoudou? [allusion ironique à l’Afrique et au Maroc sous-développés]”
         Hamlet: Ouwagadoudou? Je te parle des cosmonautes tout court.
         Macbeth: Alors saches que  c’est l’Amérique qui a acheté la lune, la première.
         Hamlet: Les Russes doivent s’en mordre les doigts.
         Macbeth: Ce sont plutôt les Chinois qui doivent se mordre les doigts
         Hamlet: Avec des baguettes (…).
         Macbeth: Tu ne sais rien. La lune qui se fait prostituer [la domination de l’espace]  par les cosmonautes n’est pas un fait nouveau; car la terre: la terre toute entière se fait prostituer [la domination de la planète] par les cosmonautes russes [U.R.S.S.] et américains [U.S.A.], depuis un demi siècle. Que sommes-nous devenus [une société ouverte sur un nouvel ordre mondial inégalitaire]?
       Hamlet: Je t’en prie, épargne-moi ce genre de lamentations.
       Macbeth: Nous pourrissons dans l’attente [des réformes de paix, de sécurité et de développement réciproque].” – Op.cit., p.108.
      [Or, la paix dans la société ouverte sur le nouvel ordre mondial laisse encore à désirer, à cause des hégémonies et des nostalgies du passé colonial révolu: tel est le cas du Sahara marocain récupéré et des villes de Ceuta, Mellila et des îles, encore sous domination espagnole, au Nord du Maroc.]
       + “Macbeth: Pour tout vous dire mister Hamlet, mon imagination a refusé d’aller dans les camps des guérilleros [le Polisario à Tinouf en Algérie]. Il faut se décider Mister Hamlet. Cette paralysie volontaire [conflit artificiel], nous engloutit [à l’UMA, à l’OUA et à l’ONU, à l’UE, etc.]. Il faut réagir, le temps passe vite [pour parachever notre unité et  intégrité territoriale nationale].
      Hamlet: Je te demande quelle est la cause pour laquelle nous devons nous battre?
      Macbeth: Je te dis pause. Pause. On est mal parti, on est mal parti. Nous mourrons sans avoir participé au changement [la société ouverte sur le nouvel ordre mondial de paix, de sécurité et développement réciproque].
      Hamlet: Peut-être vivrons-nous et profiterons-nous du futur changement [la construction de l’UMA, l’UE-Méd, etc.]. C’est ce que tu veux dire, oui ou non?” – Op.cit., pp.132-133.
      En fait, le reflet du Manifeste de 1944 de l’indépendance pour les réformes de droits démocratiques et individuelles et d’une société ouverte sur le nouvel ordre mondial de paix, de sécurité et de développement réciproque dans le TMLAF reste à bâtir contre tous les défis et les praxis qui s’y opposent, aujourd’hui encore, en 2007.
         Pour conclure, il faut reconnaître que “le reflet du Manifeste de 1944: des réformes préalables pour l’indépendance à l’indépendance pour les réformes et la démocratie” s’est bel et bien concrétisé dans le TMLAF (le théâtre marocain de langues arabes et française), de 1920 à 2007. En fut la preuve cette esquisse  prophétique, en 1925, du Pr. Allal El Fassi: “La guerre de libération [dans le Rif, l’Atlas et le Sahara] au Maroc était à son paroxysme et son écho se  répercutait en Tunisie et dans l’ensemble du monde arabe, incitant à l’optimisme et encourageant la lutte (…). Ainsi le parti [destourien] a-t-il organisé en Tunisie la représentation de plusieurs pièces théâtrales et des festivités. Mais l’autorité coloniale fut aux aguets et interdit la représentation de la pièce «Fath al andalus» (La conquête de l’Andalousie) de Mustapha Kâmil. Les Tunisiens avaient collecté de l’argent caritatif en faveur des blessés du Rif qui fut confisqué par l’administration française, comme ce fut le cas au Maroc, lorsque nous entreprîmes la même action en faveur de la Palestine. On arrêta M. Omar Ben Guefras et on le condamna à cinq ans de travaux forcés et on exila en Algérie M. Tawfiq Al Madani, d’origine algérienne, pour ses écrits sur l’héroïsme du Rif et la bravoure du leader Abd El Krim El Khattabi.” – “Les mouvements d’indépendance dans le Maghreb arabe”, Op.cit., p.58. D’où, dans le TMLAF, la véracité universelle de la formule: “Le théâtre est le reflet de la vie.” – Op.cit., p.6.
                                           
                                                                               Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED