DE LA PLACE JAMAÂ
EL-FNA À
LA PLACE BEAUBOURG :OU
L’ARCHÉO-HISTORICITÉ D’UN PATRIMOINE ORAL DE l’HUMANITÉ EN PERIL
De la
place Jamaâ El-Fna à Marrakech (Maroc – XIIe
s.) à la place Beaubourg à Paris (France - XXe s), les arts
de rue constituent archéo-historiquement, en 2007, un patrimoine oral de l’Humanité en péril. Cette problématique,
aujourd’hui soulevée par tant d’artistes
de la rue, d’écrivains et de
multimédias, mérite d’être analysée, en vue d’éventuelles mesures de
sauvegarde de ce patrimoine, préconisées, tant au Maroc que dans le monde
actuels en pleine mutation. Or, suivant Régine Robin citant de Michel
Foucault (1926-1984): “Tout au plus, on est amené à faire comme Michel Foucault
dans “l’Archéologie du savoir ”, à poser une sorte de juxtaposition
entre des pratiques discursives [des oralités] et des pratiques non discursives
[des non oralités], pratiques discursives comme formation d’énoncés et
pratiques non discursives comme formation de milieu [place], formes de contenu
[messages], sans que les unes et les autres puissent jamais contenir des
relations de causalité [hasard des rencontres], ni des rapports de signifiant à
signifié [messages changeants], ni même des rapports de symbolisation
structurale [diversités des arts de rue].” – “Débat: Le discours historique
et le réel”, “Dialectiques”, nº 41, 1976, p.51.
Toutefois, du péril couru
par Jamaâ EL-Fna
à Marrakech,
Jalal Hakmaoui indique: “Il ne reste des conteurs [oraux] qui ont tant contribué
à créer le charme de la place Jamaâ El-Fna à Marrakech
que deux. Et ceux-là savent qu’ils seront les derniers à narrer les contes en
ce lieu exceptionnel qui avait tiré son attraction de leurs semblables.” – “Hakawâtiû Jâmaâ
El-Fnâ fî tawri al inqirâd” (Les conteurs de Jamaâ El-Fna en voie de disparition), www.aawsat.com, p.1. Il en va de même
du péril couru, selon Didier Pasamonik et Gilbert L’automate, par la place
Beaubourg à Paris: “Beaubourg fête ses 30 ans en 2007 (…). Les artistes [de
l’oralité], «les saltimbanques», qui s’exprimaient libremenent sur l’esplanade
du centre Pompidou, la «Piazza», ont attiré dans les années 70 des millions de
spectateurs. Trente ans plus tard, ce phénomène est en voie de disparition…” – www.rue-des-livres.com,
p.1.
C’est ainsi que nous analyserons: I)
L’archéo-historicité des places des arts de rue dans les grandes métropoles du
monde antique et moderne, II) Le péril couru par les places de Jamaâ El-Fna à
Marrakech et de Beaubourg à Paris en 2007, III) Les mesures préconisées pour la
sauvegarde du patrimoine oral de l’Humanité sur les places Jamaâ El-Fna et Beaubourg dans le monde actuel.
I- L’archéo-historicité des
places des arts de rue dans les grandes métropoles du monde antique et moderne:
D’un
point de vue archéo-historique, les places des arts de la
rue, ou du patrimoine oral de l’Humanité pourraient être
culturellement perçues comme le lieu privilégié d’une parole édifiante, selon
cette remarque de Georges Henein: “L’identification de l’homme à l’homme
est devenue vertigineuse [périlleuse]: nos modèles [oraux] (…), ce sont
d’infatigables messagers (…). Le génie [l’artiste de rue] est le plus
quelconque d’entre nous [le plus méconnu], celui qui a poussé le vertige de
n’être rien, non avec des mots nuls [oralités oiseuses], des mots vertigineux
[oralités délirantes], mais avec des mots, des mots seulement, des racines de
mots [patrimoine oral de l’humanité] pour lui seul éclairantes
[oralités édifiantes].”– “L’esprit frappeur: Carnets 1940/ 1973” , Paris, Ed. Encre, 1980, p.221. Dans
cette perspective même, on pourrait citer les places de l’Agora (à Athènes), de
‘Ukâz (à la Mekke ),
de Jamaâ El-Fna (à Marrakech), de Broadway (à New-York) et de Beaubourg (à
Paris). Archéo-historiquement, celles-ci se présentent comme suit:
I.1- La
place de ‘Ukâz à la Mecque
dans l’archéo-historicité du patrimoine oral de
l’Humanité au XIXe s.av. J.-C.:
Certes, la Mecque fut fondée par Ismaël fils d’Abraham (père
des croyants hébreux, chrétiens et musulmans)
et d’Agar (v. le XIXe s. av. J.-C.).
Elle abrita
jusqu’en 670, dans sa banlieue la place de ‘Ukâz, la foire arabe par
excellence, du 1er au 20 Dhû Al Qiadah (11e mois sacré
du calendrier musulman) pour le commerce, les concours de la poésie, d’art oratoire et la
conclusion d’armistices entre les tribus en guerre de la péninsule d’Arabie. En
témoignent de Mohamed El Fassi, Omar Dassoki et Mohamed Sadik Affifi en ces
termes: “Près de la
Mecque se tenaient les mois [les jours] de la plus célèbre des foires arabes sur la
place de ‘Ukâz, vers laquelle venaient de toutes
parts les fils de la péninsule d’Arabie pour participer au débat, aux prises de parti tribales, aux concours de
joutes oratoires et poétiques. Ce qui fit de la Mecque la capitale
incontestée et éleva son rang aux yeux des Arabes. Et cela eut pour
celle-ci et pour les Koraïchides un grand effet unifiant la langue
arabe avant l’Islam.” – “AL Adab wa al Nusûs, 5” , Casablanca, Ed. Arrachâd, 1971, pp.31-32.
Un article du Net souligne l’oralité poétique de cette manifestation en affirmant:
“Originaire de la péninsule arabique, aux alentours du Vème siècle
de l’ère chrétienne,
la littérature de langue arabe est presque exclusivement de la poésie. Née dans
l’oralité, elle est le reflet de la vie nomade d’alors. Le poète incarne la tribu dont il
chante la vie, c’est son un véritable
héros (…). La poésie connut une éclipse après le triomphe de l’Islam. Il
lui manquait, par exemple, les lieux de
vie de cette poésie [les places de patrimoine oral de l’humanité]: le cadre tribal, les
joutes poétiques de ‘Ukâz, la cour [royal] d’al-Hira…, www.site.voila.fr, p.1. Or, la tradition de
la foire de la première et de la plus ancienne place connue des
arts de rue du monde et du patrimoine
oral de l’Humanité de ‘Ukaz se poursuivit jusqu’à la chute de la dynastie
Omeyyade d’Orient (660-750) – www.arabic.xinhuanet.com, p.1.
I.2- La place de l’Agora à Athènes
dans l’archéo-historicité du patrimoine oral de l’Humanité
au IXe av. J.-C.:
De
plus, dans une optique archéo-historique, la place de l’Agora à Athènes (en
Grèce), site répandu dans les autres villes grecques, est évoquée, selon Jean
Pierre Vernant, par le poète grec Homère (v. 850 av. J.-C.) comme “l’endroit de
la libre parole” entre notamment les guerriers de la cité: “C’est dans le monde
grec, d’abord sans doute dans les colonies, dit-il, qu’apparaît un plan nouveau
où toutes les constructions urbaines sont centrées autour d’une place qui
s’appelle l’agora (…). L’existence de l’agora est la marque de
l’avènement des institutions politiques de la cité (…). D’où vient
historiquement cette agora ? Elle a bien entendu un passé (…). On trouve
chez Homère l’expression (…) rassembler
l’armée. Les guerriers se rassemblent en formation militaire: il font le
cercle. Dans le cercle ainsi dessiné se constitue un espace où s’engage un
débat public, avec ce que les Grecs appellent (…) le droit de la libre parole.”
– “Mythe et pensée chez les Grecs”, Paris, Ed. Maspero, 1978,
p.179. Par ailleurs, on lit dans un article du Net décrivant “l’Agora Antique
d’Athènes”: “L’Agora Antique d’Athènes, située sur un terrain plat est dégagé
au Nord-Ouest de l’Acropole, était le centre de la vie publique de la cité:
lieu des rassemblements politiques, des fêtes religieuses, des concours
théâtraux et sportifs, des rencontres, et enfin des échanges commerciaux.” – www.amb.grece.fr,
p.1. Ainsi se précise le profil archéo-historique de la seconde ancienne place
antique des arts de rue et du patrimoine
oral de l’Humanité, l’Agora d’Athènes
(IXe s. av. J.-C).
I.3-
La place de Jamaâ El-Fna à Marrakech dans
l’archéo-historicité du patrimoine oral de
l’Humanité
au XIIe s.:
Places publiques d’affaires, de débat politique, de rassemblement militaire et de distraction orale de rue de
la cité, faites à l’image de la primordiale place de ‘Ukâz à la Mecque (XIXe av.
J.-C), vient l’Agora d’Athènes (IX e av. J.-C), auxquelles succède,
la place Jamaâ El-Fna de Marrakech au Maroc (XIIe s.). Or, tel que
l’écrit archéo-historiquement Mahmoud Ahiati, en 2007: “La place de Jamaâ
El-Fna offre à son visiteur un espace mêlé de spectacle et d’agrément. Vous y
trouvez des distactions captivantes: Il y a des conteurs qui distraient les
gens de contes et de légendes attachantes, des prestidigitateurs qui captent
l’attention par leurs tours de magie étonnants, des charmeurs de serpents qui
semblent avoir fait un pacte de non agression avec eux, en les enroulant autour
de leurs corps et de leurs cous, sans en être mordus, en toute harmonie avec
leur musique. Il y a aussi d’autres attractions folkloriques et acrobatiques,
des humoristes aux farces et aux saynètes desquels il est impossible de
résister. Comme il y a des musiciens, des cartemanciens, des astrologues et des
tatoueuses au héné, ainsi que d’autres spectacles résumant un patrimoine
populaire marocain, offrant des jouissances variées sur la place de Jamaâ
El-Fna. Ce qui lui procura la renommée mondiale l’habilitant à être classée
parmi le patrimoine oral de l’Humanité.
La
dénomination de Jamaâ El-Fna date du XIIe s. Les livres d’Histoire
racontent qu’à cette place précisément se donnaient les ordres à l’armée à
l’époque des Almoravides, avant son départ pour les batailles de conquête et
d’expansion islamiques. Et c’est de cette place que se fit le départ des armées
du grand roi Youssef Ibn Tachfine pour l’Andalousie, après l’appel au secours
des rois de Taïfa, contre les armées chrétiennes. Puis d’époque en époques,
Jamaâ El-Fna devint une place de parade des armées jusqu’à l’avènement de
l’Etat saâdien, au XVIe s., au moment du projet de la grande mosquée,
à « el-finâ» (la cour) de laquelle la place tint son nom «El-Fna», sise au
quartier mitoyen de Riad Zitoun.” - “Laïlu Ramadâni fî sâhati Jâmaâ El-Fnâ”
(Nuit de Ramadan à la place Jamaâ El-Fna), www.alqabas.com, p.1. Il faut relever
ici l’analogie archéo-historique de ces places, allant de l’Arabie anté et
post-islamique, à la Grèce
antique, au Maroc almoravide médiéval, aux USA post-classiques, à la France du temps moderne.
I.4- La place de
Broadway à New York dans l’archéo-historicité
du patrimoine oral de l’Humanité au XVIIe s.:
Parallèlement, la place de Broadway à New
York aux USA emboîte achéo-historiquement le pas à celles-ci au
XVIIe siècle. “A l’origine, apprend-on dans un article du Net, Broadway (la
grande rue) était un vieux sentier [de guerre] indien qui traversait Manhattan «Manna-hatta»
(double signification): «île des collines» et «pays saoul», car en 1624, une décennie après la fondation de la Nouvelle Amsterdam
par les Hollandais, venus s’y établir pour commercer,
un pourcentage important de sa population semblait être constitué de contrebandiers, de
pirates, de prostituées et d’ivrognes (…). Sous la houlette des Anglais, la Nouvelle Amsterdam
devenue New York, voit s’élargir Broadway. On y trouvait au milieu du 17e siècle des bandes errantes
d’acteurs [oralités] qui jouaient dans les rues et dans de petits théâtres de Broadway et des
alentours. La première représentation professionnelle eut lieu en
1750 avec Richard III.” – “BROADWAY”- www.ecm.isas.com,
p.1.
Aux USA, cela
fait donc une place des arts de rue et un patrimoine oral de l’humanité,
présentantant
quaisiment les mêmes caractéristiques archéo- historiques que celles
de: ‘Ukâz, l’Agora, et Jamaâ El-Fna. Une continuité
chronologique sans faille entre ces places en Asie, en Europe, en Afrique et en
Amérique.
I.5- La
place de Beaubourg à Paris dans l’archéologie du patrimoine oral de l’Humanité
au XXe s.:
Pourtant, c’est en tirant un signal
d’alarme que Didier Pasamonik et Gilbert L’automate commémorent, en 2007, dans un
article, le trentième anniversaire du Centre Georges Pompidou et de sa
place à Beaubourg, lieu des arts de rue, ou
patrimoine oral de l’humanité, en voie également d’extinction.
“Beaubourg, avisent-ils, fête ses 30 ans en 2007 (… ). Les artistes, les
«saltimbanques», qui s’exprimaient librement sur l’esplanade
du centre Beaubourg, la «Piazza», ont attiré dans les années 70 des millions de spectateurs.
Trente ans plus tard, ce phénomène est en voie de disparition: les grandes
figures ont disparu, les spectacles se font très rares, l’ambiance digne
des places de marchés du Moyen Âge [v. Jamaâ El-Fna] a disparu…: peut-être parce que le métier de
saltimbanque, si profondément ancré dans nos traditions culturelles [françaises], a perdu son attrait à
une époque où
la télévision
et l’Internet favorisent des comportements plus individualistes.
Dès
lors, ce n’est pas sans nostalgie que l’on revoit ces photos pourtant récentes (une trentaine
d’années): disparus ces petits cirques qui, sur la Piazza , faisaient des tours
avec des chiens, des chats, des rats même. Presque disparus les
cracheurs de feu, les briseurs de chaînes, les
avaleurs de sabres, les énigmatiques automates, les musiciens d’occasion, les danseurs
japonais, les acrobates, les extravagants faiseurs de tour de magie, les
hypnotiseurs à grands spectacles…” – “Beaubourg: Les années
saltimbanque”, www.rue-des-livres.com, p.1. D’où la
pertinence de la problématique mondiale du péril des places: “de Jamaâ
El-Fna à Beaubourg: ou l’archéo-historicité
du patrimoine
oral de l’Humanité en péril”.
II- Le
péril couru par les places de Jamaâ El-Fna à Marrakech et de Beaubourg à Paris
en 2007:
De la place de Jamaâ El-Fna à
Marrakech (XIIe s.) à la place de Beaubourg à Paris (XXe
s.), il y
a la jonction des troubadours, dans le Midi de la France , conquis alors par
les Musulmans maroco-arabo-andalous, au VIIIe siècle.
C’est ce qu’affirme Claude Jaquin dans: “Ils [les bateleurs combattus par
l’Eglise] disparurent presque complètement aux IXe et Xe siècles, décimés par la misère et les calamités
publiques (…). Ils reconquirent la faveur du public
grâce aux troubadours et aux trouvères
[franco-arabo-andalous] (…). Au XIIe siècle, ils étaient très recherchés. On les
payaient fort cher.” – “Paris, La fête”,
Paris, Ed. Guy Authier, 1977, pp.13-14.
Par ailleurs,
on découvre la place Jamaâ El-Fna de
Marrakech dans cette description du Net: “On peut la voir de tous les points de
l’horizon. Le minaret de la
Koutoubia , qui se dresse au coeur de la Médina à
côté de la
mosquée [Jamaâ]du même nom, est le symbole même de Marrakech avec
l’immense Jamaâ El-Fana, tout de suite derrière le coin. Comme la
mosquée, le minaret est l’un des joyau de l’art almohade, construit sur ordre
de Abd El-Moumen [1100-1163] et terminé par Yacqoub al-Mansour entre 1184 et
1189.”– “MARRAKECH-HISTOIRE”, www.membres.lycos.fr, p.2. Similaires par leur
contiguïté, les deux places avoisine chacune un édifice
monumental (Centre culturel Pompidou de Beaubourg/ Mosquée de la Koutoubia ) dont elles
tirent respectivement leurs noms, la place Jamaâ El-Fana à
Marrakech et la
place Beaubourg à Paris attirent l’attention par leurs
sites archéo-historiques.
Quant au péril
qui menace leur patrimoine oral de l’humanité, il pourrait être saisi corrélativement comme
suit:
II.1- Le
péril couru par la place Jamaâ El-Fna à Marrakech
au Maroc en 2007:
En tant que place archéo-historique d’arts de rue,
Jamaâ El-Fna de Marrakech au Maroc (XIIe s. )
se prévaut de
son antiquité par rapport à la place Beaubourg à Paris (XXe
s.). Ce
que réitère cette indication de l’article historique du Net sur
Marrakech: “Plus qu’une place, Djamaâ El-Fna est un mythe qu’il
faut voir, vivre, écouter, sentir. A elle seule, elle constitue un but, une
capitale à part dans la capitale [almoravide], une place qui
n’a rien à envier aux autres places européennes [v. place
Beaubourg - 1977] ou américaines [v. place Broadway - 1625], à ces autres lieux magiques où,
au moins une fois dans sa vie, il faut aller. C’est plus qu’une place, c’est encore une
mer, une énorme scène de théâtre de 150 mètres
sur 100, entre la Médina
et la Koutoubia
(…). Au milieu de l’après-midi, sans que vous vous en soyez aperçu, la place Djamaâ El-Fna s’est transformée en
une grande scène de théâtre pour un spectacle [des
arts de rue] se déroulant dans tous les coins (…). Voici les mille personnages
qui défileront sous vos yeux, il vous suffira de regarder autour de vous de
circuler d’un coin à l’autre (…). Voici le charmeur de serpents, à
côté de lui un
musicien tirera des notes aiguës de sa flûte (…), héritage ancien
d’une tradition sacrée venu, peut-être, jusqu’ici de l’Inde
lointaine.” – Op.cit., p.1.
Pour
ce qui est du péril couru par cette place, Mahmoud Ahiati vante en ces termes: “Chaque nuit, tu peux
rencontrer dans les cafés populaires avoisinant la place de Jamaâ El-Fna quelques
intellectuels marocains et étrangers ainsi que des personnalités mondiales
distinguées tant du monde de la musique, de la commédie que de la politique
(…). Dans l’un de ces café [v. Café de France], a coutume de s’asseoir le célèbre homme de lettres mondial
espagnol, Juan Goytisolo [né en 1931, à Barcelone]. Cet homme de
lettres mondial a un rapport particulier avec la place Jamaâ El-Fna. Et c’est lui qui
milita avec d’autres intellectuels marocains pour empêcher la transformation de la
place en immeubles, buildings, supermarchés, après
l’effacement de ses vestiges historiques. Grâce à son militantisme, la place
fut classée
parmi le patrimoine oral de l’Humanité (…). Après quoi, la place Jamaâ El-Fna, qu’il aima tant, est
devenue une place reliée à son nom, au point qu’elle le poussa à résider à Marrakech durant un quart
de siècle. En 2001, l’UNESCO offrit à Juan Goytisolo l’honneur de
rédiger la déclaration de la place en tant que
patrimoine oral de l’Humanité.” – Op.cit., p.1. A vrai dire, le péril
pour Jamaâ El-Fna est double. Il concerne à la fois l’existence
matérielle de la place et la survivance immatérielle de ses artistes de rue en
voie de disparition.
Il
faut citer parmi les artistes de rue de la place Jamaâ El-Fna éteints ou en voie
de l’être: Abderrahim El Azalyyah: le conteur, feux Charkoui: l’homme aux
pigeons savants, le Médecin aux insectes soignant les gens à l’aide de pieds de poules,
Belfaïdah: le fumeur de narguilé, Lakbir: le conteur, Tamaïchah, Kabbour: l’homme au
vélo, Ba Hajjoub: le gnawi, Omar Mikhi: l’imitateur du chanteur comique
égyptien Ismaïn Yassine, El Malik Jalouk: le conteur ambulant,
Assaroukh [la fusée]: le savant miraculeux, Abidat Er-Rema: les
danseurs-chanteurs-musiciens humoristes, les Rwaïs:
les chanteurs-danseurs-musiciens berbères et arabes, Awlad Hmad Ou Moussa: les
acrobates mystiques…” - Jalal Hamaoui, Op.cit., pp.1-2.
Au dire du conteur Abderrahim El Azalyyah et Mohamed Bariz, en 2007, les conteurs de la place Jamaâ El-Fna sont en train mourir
de vieilesse et de misère. “Ils périssent, avoue A. El Azalyyah, l’un après l’autre de peine et de misère. Que Dieu bénisse les
défunts pionniers de qui nous tenons le métier (…). Oui, ce fut le cas avec
l’écrivain espagnol Juan Goytisolo et Jaâfer El Kensoussi,
l’initiateur de l’association «Diwan al Adab» [pour la défense de la place].
Mais après l’obtention par celle-ci d’une aide de l’UNESCO de 40 mille dollars,
nous a-t-on dit, les problèmes ont commencé. Jaâfer El Kensoussi s’en
éloigna et Juan Goytisolo s’en exusa, jugeant les choses non transparentes.On
ne sut jamais ce qu’était devenu cette aide. Nous fûmes reçus par le conservateur de la
ville (…) et il nous promit le sacrifice de l’Aïd et 1500 dirhams mensuel
chacun, pour la préservation de notre patrimoine oral. Tous ces rêves s’étaient évaporés et
nous sommes revenus au point zéro.”- Ibid., p.1.
De la sorte, se profile le péril couru par la place Jamaâ El-Fna, classée patrimoine
oral de l’Humanité par l’UNESCO, en 2001. Ainsi verrons-nous par analogie ce
qu’il en est advenu de ce péril pour la place Beaubourg à Paris.
II.2- Le
péril couru par la place Beaubourg à Paris en France en 2007:
Archéo-historiquement, il est possible de rapprocher, malgré les
apprences, l’état des lieux de la place de Jamaâ El-Fna à Marrakech (XIIe
s.) et
celle de Beaubourg (XXe s.), en péril en 2007. Aussi Claude
Jaquin remarque-t-il à ce propos: “Il
faut désormais
parler de l’Institution qu’est devenu le parvis [la place] du Centre Georges
Pompidou [ouvert le 31 janvier 1977], véritable concentration de saltimbanques
où mimes, clowns, jongleurs, équilibristes, cracheurs de feu, briseurs de
chaînes, manipulateurs, prestidigitateurs, poètes, chanteurs et musiciens
s’entassent dans un rectangle de cent soxante-trois mètres sur cent, essayant tant
bien que mal, malgré une promiscuité désobligeante, d’exercer leur art pour
amuser le bon peuple. Il faut savoir si cette concentration, aujourd’hui
autorisée [au départ non autorisée - 1977], voulue et soigneusement dirigée par
les pouvoirs publics, sera bonne ou non pour la vie et la survie des hommes de
la rue, ces bateleurs modernes qui apportent à la cité [Paris] une
animation vitale.” – “Paris, La fête”,
Op.cit., p.16.
Certains artistes de rue et du patrimoine
oral de l’Humanité,
menacés actuellement de disparition, sont évoqués avec nostalgie
sur la place Beaubourg. “Dès lors, lit-on à propos de «Les Saltimbanques de
Beaubourg» de D. Pasamonnik et G. L’Automate, ce
n’est pas sans nostalgie que l’on revoit ces photos pourtant récentes (une trentaine
d’années): disparus ces petits cirques qui, sur la Piazza , faisaient des tours
avec des chiens, des chats, des rats même (…). Qui sont-ils? Que
sont-ils devenus? Certains ont vécu tragiquement, souffrant la faim, le froid,
sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue. Plusieurs ont été retrouvés morts
dans le caniveau. D’autres sont devenus des noms célèbres du show-biz, se sont
fortifiés à cette dure école de la rue. Tous ont une
personnalité sublime.” – “Beaubourg: Les années saltimbanque”, Op.cit.,
Ibid.
C.
Jaquin en cite les grands pionniers en se remémorant: “Les premiers
saltimbanques sont arrivés en mars 1977, pour l’ouverture du temple [le Centre
Georges Pompidou à Beaubourg], avec leurs sourires, leurs espoirs,
leurs maquillages, leurs grimaces, leurs accessoires, et surtout une envie
incroyable de faire du spectacle dans la rue (…). Fouc, le mime; Claude Raynald
le Québecois, homme de théâtre et grand humoriste; Mouna, le cosmonaute
du subconscient; Mario Valdez, mime; et l’homme à la poule (…). En ces temps
reculés, c’est-à-dire en mars 1977, ils n’avaient pas
d’autorisation, croyez-moi!” – Op.cit., p.17.
Or, le
rapport archéo-historique entre la place Beaubourg et celle de Jamaâ El-Fna est à trouver dans cette
indication de Sigrid Hunke: “Au cours de l’expansion, islamique, à travers deux, trois et
quatre générations, une partie de l’Aquitaine et surtout de la Provence a été occupée
par les Arabes [maroco-andalous], et leur domination y a laissé des traces
(…). Quoi qu’il en soit, il est certain
qu’entre 890 et 975, il y eut en Provence et en Aquitaine de prospères colonies des Sarrasins
[Arabes] qui recevaient régulièrement d’Espagne et d’Afrique [du Maroc] de
nouveaux apports [culturels matériels et immatériels].” – “Le soleil
d’Allah brille sur l’Occident”, Paris, Ed. Albin Michel, 1963, p.379.
De là cette remarque de C.
Jaquin: “TROUBADOURS ET TOUVÈRES: ces deux mots se
rattachent l’un et l’autre au verbe trouver, pris au sens ancien de composer en
vers. Le premier désigne les poètes s’exprimant en langue d’oc, le second en
langue d’oïl. Les ancêtres des toubadours et des
trouvères sont les jongleurs. De bonne heure, à
l’art de réciter
des vers, quelques jongleurs joignirent celui d’en composer: ce sont ceux-là
qui furent qualifiés
de «trouveurs», de l’ancien porovençal trobador (…). Le
Limousin et le Périgord
furent le berceau de la poésie courtoise (…). Dans le Midi, les troubadours
[d’origine arabo-andalouse] furent très bien accueillis, surtout
en Provence, dans le comté de Toulouse et chez
les seigneurs de Rodez et de Narbonne.” – “Paris, La fête”, Op.cit., p.91.
En
fait, le péril couru par les artistes de rue et le patrimoine oral de l’Humanité
sur la place Beaubourg à Paris concerne leur existence matérielle et
immatérielle menacées. “Les espaces publics [au Moyen Âge], évoque Gilbert
Liberman, étaient alors considérés comme
à la disposition des citadins. La rue, par exemple, n’était pas
seulement un lieu de ciculation comme elle l’est devenue depuis le 19e
et surtout le 20e siècle, mais elle était également un espace
d’échange, de réunion, de fête qui connaissait ses marchés, ses
saltimbanques, ses cortèges… Ce qui nous semblerait aujourd’hui
désordre et confusion était à l’époque considéré comme normal. A l’heure
actuelle, la plupart des espaces publics ont perdu leurs fonctions premières [d’échange et de
réunion]. Les fêtes et les spectacles ont peu à peu disparu du paysage
urbain. Tout se contraint à l’ordre de la société urbaine (…).
Aujourd’hui, aucune législation n’est en vigueur. Les saltimbanques se battent
pour avoir un statut et être reconnu au même titre que les autrees
artistes.” – “Artistes en voie de disparition”, www.saltimbanque.de, pp.5,8.
Ce péril
couru par le patrimoine oral de l’Humanité sur les places de Beaubourg à
Paris et de
Jamaâ El-Fna à Marrakech, nous conduit à considérer
les mesures préconisées
pour leur sauvegarde, dans le monde actuel.
III-
Les mesures préconisées pour la sauvegarde des places Jamaâ El-Fna et Beaubourg dans le monde actuel:
Le péril couru par les places Jamaâ El-Fna et Beaubourg réside avant tout
dans leur vulnérabilité et celle du patrimoine oral de l’Humanité dont elles
ont jusque-là porté la trace plus ou moins éphémère. Koïchiro Matsuura souligne la
nature de ce patrimoine en expliquant: “Bien que souvent associé aux sites [v.
places], aux monuments ou aux musées [v. la Mosquée Koutoubia ,
le Centre Beaubourg], le patrimoine culturel [en général] comprend aussi le
patrimoine immatériel [oral] qui peut être défini comme l’ensemble
des expressions culturelles et sociales [arts de la rue] qui, héritées de leurs
traditions [XIIe s.], caractérisent les
communautés [v. marocaine et française]. Ces formes de
patrimoine immatériel, transmises par la parole [l’oralité] et par l’exemple de
génération en génération [l’hérédité], sont soumises à un processus de recréation
[reproduction sur le vif] collective. Elles sont éphémères [périssables] et donc
particulièrement vulnérables [en péril].” – “Chef-d’oeuvre
du patrimoine oral et immatériel de l’humanité: Boysun (Ouzbékistan)”, 2004, www.asie-centrale.com,
p.2. D’où la nécessité des mesures préconisées pour la sauvegarde du patrimoine
oral de l’Humanité sur les places de Jamaâ El-Fna
et de Beaubourg dans
le monde actuel.
III.1- Les
mesures préconisées pour la sauvegarde de la place de Jamaâ El-Fna à Marrakech au Maroc en 2007:
Contre
tout péril de disparition de la place de Jamaâ El-Fna de Marrakech au
Maroc et de ses semblables de par le monde, en 2007, Juan Goytisolo tire la
sonnette d’alarme en avisant: “Cet univers de fripiers et de porteurs d’eau,
d’artisans et de gueux, de maquignons et de voyous, de filous aux mains
soyeuses, de simples d’esprits, de femmes de petites vertus, de forts en
gueule, de garnements, de débrouillards, de charlatans, de cartemanciens, de
tartufes, de docteurs à la science infuse, tout ce monde haut en
couleur, ouvert et insouciant, qui donna sa force vitale aux sociétés
chrétienne [en France] et islamique [au Maroc] – beaucoup moins différenciées
qu’on pourrait le croire -, à l’époque de l’archiprêtre
de Hita [en Espagne, au XIVe s.], a été supprimé peu à peu, ou de façon radicale [par
l’inquisition ou le modernisme], par la bourgeoisie naissante et l’Etat
quadrilleur de villes et de vies; il [le patrimoine oral de l’Humanité] n’est
plus qu’un vague souvenir [v. Broadway aux USA] pour les pays techniquement
avancés et moralement vides.” – “UN ESPACE MAGIQUE DE SOCIABILITÉ: Jamaâ El-Fna, patrimoine oral de
l’humanité”,
www.monde-diplomatique.fr, p.1. Quant aux mesures matérielles et immatérielles de sauvegarde précaonisées
concernant la sauvegarde de cette place dans le monde, on pourrait percevoir:
a- Les
mesures matérielles mondiales préconisées de sauvegarde de Jamaâ El-Fna à Marrakech au Maroc en 2007:
Parmi les
mesures matérielles mondiales préconisées de sauvegarde de la place Jamaâ El-Fna et son patrimoine oral de l’Humanité,
rappelons-nous:
- La
déclaration de la place Jamaâ El-Fna Patrimoine Oral de l’Humanité en 2001
et l’octroi de 40 mille dollars par l’UNESCO – www.aawsat.com., p.1. Et cela s’inscrit,
apprend-on sur le Net, dans le cadre d’un programme commun de l’UNESCO et du
Japon en ces termes: “La création en 1993 du Fonds-en-dépôt japonais pour la
préservation et la promotion du patrimoine culturel immatériel [v. oral]
(ci-après dénommé le «Fonds»), , dans le cadre de cette
évolution conceptuelle [de ce patrimoine] (…). Le Fonds a pour objectifs
d’améliorer la capacité des pays en développement à prendre des mesures pour
préserver, revitaliser, promouvoir et transmettre aux générations futures leur
patrimoine culturel immatériel; les contributions aux Fonds sont fournies dans
le cadre de l’Aide publique au Développement (APD) du gouvernement japonais
(…). Les activités financées par le Fonds les premières années (1993-2001) ont
grandement contribué à renforcer les activités de l’UNESCO
afférentes au patrmoine immatériel [dont Jamaâ El-Fna, etc.].”– “Fonds-en-Dépôt japonais”, www.portal.unesco.org, p.1.
- La mise en place d’une association
«Diwan al Adab» par Jaâfer El Kessoussi pour la défense de la place Jamaâ El-Fna qui cessa d’oeuvrer
en ce sens, suite aux problèmes consécutifs à l’aide financière de l’UNESCO sus-indiquée
ayant entraîné le départ de J. El Kensoussi et le regret de J. Goytisolo pour non transparence dans la
gestion – J. Hakmaoui, Op.cit., p.1. La défaillance d’une telle mesure matérielle est imputable peut-être
à l’absence de
ce que stipule l’article sur le «Fonds» en
matière de coopération
entre l’UNESCO, les partenaires gouvernementaux et locaux: “Pour établir les
mesures les plus adaptées qui doivent être prises, y lit-on,
l’UNESCO doit engager un dialogue exigeant un travail considérable, et parfois
de longue haleine, avec le gouvernement du pays et les partenaires représentant
la communauté concernée [professionnelle, élue et citoyenne].” – “Fonds..”,
Op.cit., p.1.
- L’inexistence de salles de spectacles
l’émissions TV et
de show-biz pouvant accueillir les artistes de rue en alternance avec la place Jamaâ El-Fna, surtout durant les
saisons pluvieuses, ou de leur adoption pour des carrières de stars du show-biz,
surtout pour les plus talentueux dans leurs arts, comme à Paris (en France), Coblence (en Allemagne) et
surtout à Broadway (aux USA). Chose encore inconnue pour les
artistes de rue de Jamaâ El-Fna sujets à un futur
dépérissement –
“Broadway”, Op.cit., pp.1-2; “Beaubourg: les années saltimbanque”,
Op.cit., p.1.
-
Matériellement, l’aspect de l’espace traditionnel de la place Jamaâ
El-Fna est quelque peu modifié, voire quelque peu réduit par l’assaut du béton et du négoce
touristique formel et informel (gargotes, bazars, ambulants, etc.). En rend compte
cette description achéo-historique de J. Goytisolo: “Si l’on comapare son
aspect actuel [de Jamaâ El-Fna - 2007] avec le photos prises au
début du protectorat [1912], on y découvre bien peu de différences: quelques
immeubles plus compacts, quoique discrets [modernisme]; une augmentation du
trafic [routier et mercantile]; les groupes de maquignons se mêlent toujours aux cercles
[halqas] qui se forment autour des conteurs, dans la fumée vagabonde et
accueillante des cuisines [des gargotes] (…). Conséquence des splendeurs et des
fastes de la réunion du GATT en 1995, la place de Jamaâ
El-Fna a été
goudronnée, nettoyée, pomponnée: les vendeurs à la tire, qui s’y
installaient à heures fixes et déguerpissaient en un clin d’oeil dès que qu’un agent de police
était en vue, ont émigré vers des climats plus propices. La place y a perdu de
son animation grouillante, mais elle a préservé son authenticité [matérielle].”
– Op.cit., pp.1-2.
- La non prise en charge matérielle des artistes de la
place Jamaâ El-Fna par le Fonds de l’UNESCO et
les autorités
de tutelles locales et nationales, selon le conteur Abderrahim El Azalyyah, après la promesse de 1500
dirhams mensuel chacun, etc., pour la
protection de leur patrimoine, non tenue par
le conservateur de la ville, est une part du péril qui les menace – J.
Hakmaoui, Ibid. “L’accent a particulièrement été mis, suivant
l’article du «Fonds», sur les activités de suivi qui
permettraient aux Etats membres concernés de mettre efficacement en oeuvre
leurs plans d’action, qui n’étaient pas financés [mesures matérielles] par le
programme et le budget ordinaires de l’UNESCO. Soutenu par le Fonds, ce
programme a depuis été reconnu aussi bien au sein de l’UNESCO que dans le monde
entier et a été progressivement intégré aux activités essentielles relevant du
Programme ordinaire de l’UNESCO.”- Op.cit., Ibid. On pourrait se demander ce
qu’il en est pour les artistes de rue et de leur patrimoine oral de la place
Jamaâ El-Fna.
b- Les mesures immmatérielles mondiales de
sauvegarde de Jamaâ El-Fna au Maroc en 2007:
En ce
qui regarde les mesures immatérielles mondiales de sauvegarde de Jamaâ El-Fna à Marrakech, en 2007, il est
rappeler avec la “Proclamation des chef-d’oeuvres du patrimoine oral et
immatérielle de l’Humanité” de l’UNESCO en 1998 la mise au point suivante:“La
proclamation distingue 2 types de manifestations du patrimoine immatériel: une
espace culturel [v. place] et une forme d’expression culturelle traditionnelle
ou populaire, tous deux d’une valeur remarquable. Un espace culturel se réfère à
un lieu ou un ensemble de lieux où se produit d’une façon régulière
la manifestation d’une expression culturelle et populaire. Une forme
d’expression culturelle traditionnelle ou populaire est une manifestation
culturelle étroitement
liée aux langues, à la littérature orale [arabe, amazigh, etc.], à
la musique, aux danses, aux jeux, à la mythologie, aux rites, aux coutumes, au
savoir-faire de l’artisanat, de l’achitecture et d’autres arts, ainsi que les
formes traditionnelles de communication et d’information [arts de rue, etc.].”
- «Le Fonds», Op.cit., p.3. Des mesures immatérielles de sauvegarde de
Jamaâ El-Fna en péril, citons:
- Outre la reconnaissance de Jamaâ El-Fna comme patrimoine
oral de l’Humanité, la nécessité d’enregistrer les arts de rue qu’elle véhicule
par des spécialistes de folklore, des musicologues et des ethnologues pour
conserver les faits culturels menacés, publier la musique, les paroles des
chansons et les contes, etc. Et cela ne va pas sans la nécessité d’une aide
finacière de l’UNESCO pour procurer matériel
d’enregistrement, etc. – Op.cit., p.2.
- La messure immatérielle de
sauvegarde du
patrimoine oral de l’Humanité à la place de Jamaâ El-Fna par l’étude, la
recherche, la revistalisation et la transmission professionnelle par la
formation de futurs artistes de rue encadrés par les anciens, les spéalistes et
les ONG intéressées. On lit dans le même article: “Afin de
sauvegarder, de transmettre et de revitaliser le patrimoine culturel immatériel
[mesures immatérielles], composante essentielle des trésors culturels humains
et de la préservation de la diversité culturelle, l’UNESCO a créé une nouvelle
distinction internationale intitulée la «Proclamation
des Chefs-d’oeuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité».
Lors de sa 155e session (octobre-novembre 1998), le Conseil exécutif de l’UNESCO a invité
le Directeur général à mettre en oeuvre ce nouveau projet et à obtenir des ressources
extrabudgétaires [mesures matérielles], soit pour la création de prix, soit
pour les actions de sauvegarde, de protection et de revitalisation [mesures
immatérielles] des espaces culturels des espaces culturels ou formes
d’expressions culturelles, proclamés «chefs-d’oeuvre
du patrimoine oral de l’Humanité» [v. la place Jamaâ El-Fna].” – Ibid.
-
L’absence d’organisation de festivals des arts de rue, ou patrimoine oral de
l’Humanité de la place Jamaâ El-Fna en péril, comme c’est le cas en
France, en Allemagne et en Belgique. G. Liberman en mentionne la portée en
Belgique en précisant: “Des festivals spécifiques de spectacles de rue
s’organisèrent enfin. Leur nombre s’est rapidement multipilé et aujourd’hui,
ils s’étendent à des villes de plus en plus petites qui comptent sur
ce type de manifestations pour témoigner leur vie culturelle. En Belgique,
depuis quelques années, les Festivals n’hésitent plus à se produire et réussissent à attirer les foules. Dès lors, on retrouve le «Festival
de spectacle de rue de Bruxelles», les «Fêtes de Gand», qui ont adopté la formule bisannuelle, le
festival «Les Unes Fois d’Un Soir», organisé à Ath. Mais le plus ancien
est la «Fête des Artistes et Artisans». ” – Op.cit., p.8. De plus,
le Festival des Arts populaires de Marrakech depuis 1960 par feu S.M. Hassan
II, tout en incorporant entre autres la place Jamaâ El-Fna n’a rien de
spécifique concernant globalement les arts de rue et le patrimoine oral de
l’Humanité qu’elle représente de façon autonome. D’où le besoin de festivals
spécifiques et autonomes de cette dernière.
- La
nécessité d’une législation par la promulgation d’une loi définissant le statut
des artistes qui y exercent en tant qu’artistes à part entière et garantissant leurs
droits sociaux et professionnels et leurs obligations sur leur lieu de travail
et protégeant leurs oeuvres durant leurs carrières et après leurs décès. “Le projet [de la Proclamation de
l’UNESCO], précise l’article, vise à encourager les
gouvernements [dont celui du Maroc ], les ONG et les communautés locales [v.
Marrkech] à entreprendre des actions d’identification, de
préservation et de mise en valeur de leur patrimoine oral et immatériel. Les
contributions d’individus, de groupes et d’institutions à la gestion de la
préservation de ce patrimoine seront aussi encouragées.” - «Fonds»,
Op.cit., p.2.
En
tant que composante vivante du patrimoine oral de l’Humanité, la place Jamaâ
El-Fna de Marrakech défie le temps, la modernité, les nouvelles technologies et
par là même, court le péril de sa disparition, faute de mesures opérationnelles
mondiales préconisées pour sa sauvegarde matérielle et immatérielle. “L’emprise
de la cybernétique et de l’audiovisuel, remarque J. Goytisolo, nivelle les
populations et les esprits, «disneyise» l’enfance et atrophie ses capacités
imaginatives. Seule une ville conserve le privilège d’abriter le défunt
patrimoine oral de l’humanité, qualifiée par beaucoup avec mépris de
tiers-mondiste. Je veux parler de Marrakech, et de la place Jemaâ El-Fna, aux
abords de laquelle, depuis plus de vingt ans et à intervalles réguliers,
j’écris, je déambule et j’habite.” – Op.cit., p.1. C’est par analogie le cas du
péril de disparition couru de manière quasi identique par le
patrimoine des arts de rue sur la place Beaubourg à Paris.
III.2- Le
péril couru par la place Beaubourg à Paris en
France en 2007:
Face au modernisme, après trente ans d’existence,
selon D. Pasamonik et G. L’Automate, les arts de rue, spécimen du partimoine
oral méconnu de l’humanité, disparaissent de la place Beaubourg à Paris, en 2007. “Trente ans
plus tard, notent-ils, ces spectacles [de rue de la place Beaubourg] n’existent
plus: peut-être pace que les pratiques culturelles et politiques
ont changé, parce que, aussi, le métier de saltimbanque, si profondément ancré
dans nos traditions culturelles, a perdu son attrait. Le cocooning parisien et
le consumérisme touristique stakhanoviste ont peut-être mis fin à une tradition qui remontait
au Moyen Âge.”- Op.cit., p.2. Pour parer au péril couru par le
patrimoine oral de l’humanité et des arts de la rue sur la place Beaubourg en France, on devrait
soumettre aux mêmes mesures de sauvegarde mondiales préconisées
ci-dessus, par sein l’UNESCO, dans le cas de Jamaâ El-Fna à Maroc. Ainsi suggèrerait-on de prévoir des
mesures matérielles et immatérielles en sa faveur,
telles que:
a- Les
mesures matérielles mondiales de sauvegarde de la place Beaubourg à Paris en 2007:
Esplanade et zone piétonnière du Centre Georges
Pompidou, la place Beaubourg à Paris et lieu des arts de rue, depuis son
ouverture 1977, et durant trente ans,
cette composante vivante du patrimoine oral de l’Humanité, fait paradoxal et
contradictoire avec la loi urbaine sur la rue, aujourd’hui, en France. “Avant
que l’animation soit tolérée [non initialement autorisée] dans toute la zone
piétonne [du Centre Beaubourg], signale G. Liberman, la police intervenait
fréquemment, mais ses interventions, aussi gênantes fussent-elles,
rompaient l’impression [chez les artistes de rue] de travailler dans un bocal
[un espace clos].” – Op.cit., p.4. C’est cette contradiction que révéèle C. Jaquin citant le
troubadour Michel, dans ce passage: “Michel s’est arrêté [de chanter] et regarde le
Centre Pompidou: «C’est la contradiction même. Ce centre
est le seul endroit où on peut chanter [l’autorisation au dedans], et quand on
lève la tête, on voit l’antithèse [l’interdiction au dehors]. Cet endroit, où
on confine [enferme] toute la culture européenne, est une prison [opposée à la culture libre de rue].
La beauté, la culture, c’est ce que chacun prend sur soi.»” – “Paris, La fête”, Op.cit., p.27. Parmi
lesmesures de sauvegarde préconisables pour la sauvegarde du patrimoine oral de
l’humanité sur la place Beaubourg, on pourrait suggérer:
-
Le dépassement de la contradition interdiction générale/ autorisation limitée
des arts de rue sur la place Beaubourg, par son classement parmi les
chefs-d’oeuvre matériels et immatériels de l’Humanité protégé par l’UNESCO. Or,
achéo-historiquement, le quartier Beaubourg est un quartier antique et de bonne
renommée: “Le quartier Beaubourg est un des plus anciens de la capitale
[Paris]. La rue Saint-Martin est une ancienne voie romaine [lieu militaire]
(…). L’activité des peintres sur verre est rappelée par le nom de la rue de la Verrerie [arts de rue].
Le quartier était populaire et commerçant [lieu d’échange et de contact] (…).
Beaubourg, après la construction du centre, devint le premier quartier
piétonnier de Paris (…). Ses rues sont pavées comme au Moyen Âge [v. Jamaâ
El-Fna ].” – Op.cit., pp.18-19. Et jusqu’en 2007, cette place dépendante du Centre culturel Pompidou met en péril
officiellement les arts de rue alentour. “Le mardi, indique C. Jaquin, le
centre [Beaubourg] ferme ses portes. Les touristes tournent en rond devant ce
magma [les gaines techniques du centre] surprenant. Le parvis [la place] est
déserté par les saltimbanques. Rien que des promeneurs aussi étonnés que moi du
manque d’animation. La vie s’est retirée du quartier, brusquement. Le silence
plane et apporte une pointe de mélancolie. La mélodie d’un orgue de Barbarie
manque à l’air qu’on respire. Cet après-midi passe dans l’indifférence.” –
Op.cit., p.33.
- En
l’absence de toute aide financière ciblée et dans l’ignorance totale de
l’UNESCO, les artistes de rue et le patrinoine oral de l’humanité de la place
Beaubourg, survivent, au même titre que leurs homologues de Jemaâ El-Fna à
Marrakech, uniquement de l’obole des badauds. D. Pasamonik et G. L’Automate
dénoncent la précarité de son état ainsi: “Si les clichés ne sont pas toujours
d’une qualité extraordinaire, la plupart saisissent sur le vif ces moments
étonnants offerts par le parvis du musée Beaubourg dans les années 70. Ces
artistes vivant de l’obole des badauds avaient des personnalités étonnantes (…).
Plus globalement, on redécouvre le Paris de ces années de liberté et
d’engagement [v. mai 68], avec en bonus les nombreux face à face entre
saltimbanques et la police, à l’époque plutôt relax…Tous ces gens étaient
quotidiennement en butte avec la police qui interdisait «la mendicité sur la
voie publique», tentant de confiner à la Piazza ces spectacles, où ils étaient, au
contraire, autorisés.”- Op.cit. Ibid. D’où la vulnérabilité matérielle de ce
patrimoine oral à la place Beaubourg.
- Le
manque d’esprit associatif et professionnel, met aussi en péril l’existence des artistes de rue et leur
patrimoine oral sur la place Beaubourg à Paris. Un tract lancé par eux en 1977
prouve qu’ils sont occasionnellement solidaires combatifs pour la sauvegarde de
leur patrimoine oral en danger. “Les artistes, cite C.Jaquin, ont lancé leur
cri et un tract qui définit bien leur démarche:
INFORMATIONS GENERALES. (halte aux menaces, place aux sourires).
Depuis le dimanche 6 mars 1977, les artistes interprètes qui animaient la zone
piétonnière du Centre Culturel Georges Pompidou se sont vu interdire toute
manifestation artistique (…). Les Artistes Libres en ce jour avisent la
population qu’ils continueront à apporter leur sourire dans une capitale [Paris]
morose.” – Op.cit., p.15. Expliquant leur confrérie désunie, G.
Liberman note: “En dehors du problème de la répartition de
l’espace [la place Beaubourg], se pose aussi la question des spectacles
simultanés [conflictuels]. Pour être solidaire, les saltimbanques doivent se relayer
avec leurs spectacles, et ainsi se
passer l’un l’autre le public (…). On constatera malheureusement, que bien
souvent les relations, purement professionnelles, sont souvent empreintes de
jalousie et de rivalité.”- Op.cit., pp.3-4. Ce qui les prive de la possibilité
d’avoir une association pour défendre
leurs droits sociaux et professionels.
- A
l’envers de leurs collègues de la place Jemaâ El-Fna à Marrakech, certains
artistes de rue de la place Beaubourg peuvent alterner leurs jeux sur la place
et dans les salles de spectacles en signant des contrats, pendant la saison
froide. “Certains artistes, commente G. Liberman, ne cherchent qu’à gagner un maximum d’argent
pour pouvoir quitter la rue [la place Beaubourg]. D’autres, au contraire, veulent
vivre dans la rue, quitte à ne pas ganer d’argent (…). Les saltimbanques
oscillent entre deux pôles que constitue la rue et l’engagement dans
un établissement (…). L’idéal pour eux , est de travailler dans la rue l’été et
essayer de décrocher des engagements en salle lorsque arrivent les jours plus
froids. Certains artistes de rue considèrent les contrats comme une
atteinte à leur liberté. A quoi bon signer un contrat qui aura
lieu deux mois plus tard… Il ne sait pas dire où il sera à
ce moment là!”-
Ibid. A cela se s’articulent les mesures immatérielles de sauvegarde du
patrimoine oral en péril de la place Beaubourg à Paris.
b- Les
mesures immatérielles mondiales de sauvegarde de la place Beaubourg à Paris en 2007:
Parmi les mesures immatérielles
de sauvegarde du
patrimoine oral de l’humanité de
la place beaubourg à
Paris en 2007, on pourrait concevoir par analogie avec la place Jemaâ
El-Fna, notamment:
- Le
classement auprès de l’UNESCO de la place Beaubourg parmi le
parimoine oral de l’Humanité au même titree son aïeule archéo-historique la
place Jamaâ El-Fna à Marrakech. C’est ce que déplore G.
Liberman en général en France où la culture savante, officielle et urbaine
tue la culture orale des arts de rue sur
la place Beaubourg, entre autres: “A l’heure actuelle, la plupart des espaces
publics ont perdu leurs fonctions premières [espaces d’échanges et
de contacts]. Les fêtes et les spectacles populaires [le
patrimoine oral de l’humanité] ont peu à peu disparu [ou en voie de
disparition] du paysage urbain [à Paris]. Tout se contraint à l’ordre de la société
urbaine [la cité moderne].” – Op.cit., p.5.
- Outre
la littérature des guides touristiques et les ouvrages biographiques dédiés aux
arts de rue de la place Beaubourg,etc., ce patrimoine oral de
l’humanité mérite que des études et des
recherches à base d’enregistrement, d’enseignement et de
publications lui soient consacrées par des folkloristes, des ethnologues et des
musicologues, etc., pour en sauvegarder la mémoire, quitte, en y impliquant à la fois l’UNESCO, l’Etat,
les intellectuels et les ONG français, comme dans le cas de
Jemaâ El-Fna à Marrakech. “Après le lancement du programme
de Protection des chefs-doeuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité
en1997, l’UNESCO et le Japon ont tourné leur attention vers cette nouvelle
activité, offrant une assistance financière [mesures matérielles] à des Etats membres pour les
préparatifs liés à la présentation de leur dossier de candidature
(deuxième Proclamation) et lorsque les éléments avaient été
proclamés Chefs-d’oeuvre du patrimoine, en vue de la mise en oeuvre des plans
d’action visant à suvegarder les éléments en question [mesures
immatérielles] (première et deuxième Proclamations).”- «Fonds»,
Op.cit., p.1.
- L’absence
de législation
en vigueur poussent les artistes de rue de la place Beaubourg à lutter en vain pour avoir
un statut à part entière équivalent à celui des autres artistes
des établissements professionnels et officiels. “En effet, rapporte G.
Liberman, le spectacle de rue n’est pas encore reconnu comme activité
atristique et culturelle à part entière et il est toujours bien
plus pauvre que le spectacle de salle. Et pourtant, lui aussi à grand besoin de moyens
financiers [mesures matérielles], d’autant plus qu’il milite pour un «art
social» dont
l’accès doit rester entièrement gratuit (…). Aujourd’hui [em 2007],
aucune législation n’est en vigueur [en France]. Les saltimbanques [de la place
Beaubourg] se battent pour avoir un statut et être reconnus au même titre que les autres
artistes [mesures immatérielles].” – Op.cit., pp.7-8.
- L’organisation
de festivals des arts de rue et de son patrimoine oral de l’humanité à la place Beaubourg pourrait
rejoindre notamment celle de Belgique, comme mesure immatérielle de sauvegarde à ce patrimoine. “Il y a
quelques années, constate encore G. Liberman, les festivals de spectacles de
rue étaient encore peu fréquentés. Ce genre étant considéré comme peu sérieux
et non professionnel, ne méritait pas qu’on s’y attarde et ne possédait pas
encore son propore festival. Les saltimbanques veulent être considérés comme des
professionnels (…). Des festivals spécifiques de spectacle de rue s’organisèrent enfin (…). En Belgique,
depuis quelques années, les festivals n’hésitent pas à se produire et réussissent à attirer les foules. Dès lors, on retrouve le «Festival
de spectacle de rue de Bruxelles», les «Fêtes de Gand» qui ont adopté la formule bisannuelle, le
festival «Les Unes Fois d’Un soir», organisé à Ath. Mais le plus ancien
festival est la «Fête des Artistes et Artisans».” - Ibid.
Non
reconnue comme patrimoine oral de l’Humanité ni par l’UNESCO ni par l’Etat ou
les ONG en France, les arts de rue de la
place Beaubourg à Paris, etc., courent le péril, à court terme, de disparaître
définitivement, comme à long terme de la place Jamaâ El-Fna à Marrakech, sans
que nul ne s’en avise, tant à l’échelon local que mondial. Mais pour ce qui est
de la marginalité du patrimoine oral de l’humanité à la place Beaubourg,
défiant la culture savante et écrite des sites officiels, G. Liberman affrme:
“Que ce soit à Beaubourg [à Paris] ou ailleurs en Europe, les saltimbanques
[les artistes de rue] d’aujourd’hui [en 2007] ne sont pas «la cible principale» des touristes. Leur
renommée [d’artistes de rue] ne leur permet pas de concurrencer les sites
officiels [reconnus]. Que l’on ne s’y trompe pas, c’est plutôt pour le Centre
Cuturel de Beaubourg que pour les artistes de rue, que la majorité se déplace.
Il en résulte que les bateleurs sont obligés de suivre les heures d’ouverture
des magasins, musées ou monuments. Ils précèdent les flux de visiteurs et
attendent les heures chaudes.” – Op.cit., p.9.
Au la
fin de cette étude archéo-historique, il faut reconnaître qu’à court et à long
termes, de la place Jamaâ El-Fna à Marrakech (XIIe s.) à la place
Beaubourg de Paris (XXe s), en remontant aux places de ‘Ukâz à la Mecque (XIXe s.
av. J.-C.), de l’Agora à Athènes (IXe s. av. J.-C.), de Broadway à
New York (XVIIe s.), le péril de disparition du partimoine oral de
l’Humanité, comme les arts de rue, défendu par l’UNESCO, ne cesse de s’aggraver
sous l’assaut modernité et de la civilisation techniciste, élitiste ou de
consommation de masses, attelée à l’écrit et aux multimédias, à la télévision
et à l’Internet, favorisant surtout des comportements plus individualistes et
inhumains. Les mesures de sauvegarde matérielles et immtérielles préconisées ou
préconisables par l’UNESCO (1993-2001), ou les Etats et les ONG, demeurent encore
insuffisants. Il est à craindre le pire à l’avenir, selon J. Goytisolo
scrutant la nuit sur la place Jamaâ
El-Fna: “A la lueur des lampes à pétrole, j’ai cru remarquer la présence de
Rabelais [France], de l’Archiprêtre de Hita [Espagne], de Chaucer [Angleterre],
d’Ibn Zaïd, d’Al Harriri [l’Orient arabe], et de nombreux derviches [l’Inde].
Dans cet espace encore préservé, on ne voit pas de ces idiots bécotant leur
téléphone portatif. L’éclat de l’incandescence du verbe [l’oralité] prolonge
miraculeusement son règne. Mais je tremble parfois en pensant combien elle est
vulnérable, je sens monter à mes lèvres cette question qui résume toutes mes
craintes: jusqu’à quand?” – “ESPACE MAGIQUE DE SOCIABILITE”, Op.cit.,
p.5.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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