L’ANTHOLOGIE BILAN
PARTIEL: LAS MARROQUÍES D’EXPRESIÓN ESPAÑOLA “EL GRUPO DE LOS 90”» DE MOHAMED
BOUISSEF REKAB PRESENTÉE PAR L’A.T.A. ET L’E.U.G.
Sous l’égide de l’A.T.A. ( l’Association Tetuán Asmir) et de
l’E.U.G. (l’Editorial de la Universidad de Grenada), et avec la participation
du Pr. Carmelo Pérez Beltrán, fut présentée, dans la soirée du vendredi 22
février 2008, à l’Ecole des Arts et Métiers de Tétouan, ”l’anthologie
bilan partiel: «ESCRITORES MARROQUÍES D’EXPRESIÓN ESPAÑOLA “EL GRUPO DE LOS 90”
- Tétouan, Ed. L’A.T.A., 1997, 88 p. - de l’universitaire hispaniste marocain,
le Dr. Mohamed Bouissef Rekab. De prime abord, l’auteur en caractérise la
portée spécifique dans son «Preámbulo» en affirmant:
“Dans ce livre, nous n’allons pas faire de critique
littéraire, ni d’éloge ni de blâme; nous allons uniquement faire une
énumération [un bilan partiel] et présenter des fragments d’oeuvres publiées,
pour préserver la constance de leur existence. En d’autres occasions, la
critique pourrait être possible, les jugements de valeur pourraient avoir leur
raison d’être; pour l’instant, il nous suffit d’être reconnaissants envers tous
ceux qui ont permis la naissance de ce livre; et qui ont attendu heure après
heure pour dire en espagnol ce que leurs coeurs ressentaient.” – Op.cit., p.8.
Pour distinguer son écart des anthologies classiques, voyons
la définition fonctionnelle qu’en donne Didier Alexandre: “L’anthologie, en
effet, contribue à la constitution d’une histoire littéraire, nationale,
linguistique de LOS «ESCRITORES, mais aussi européenne [v.espagnole],
multilinguistique [maroco-hispaniste] (…). Il s’agira, le cas échéant,
d’étudier la nature et les fondements de la relation critique établie par
l’auteur de l’anthologie et de la différencier de la critique savante [écartée
ici].” “Anthologies d’écrivains”, www.fabula.org, p.1. Aussi pourrait-on
observer dans ce choix M.B. Rekab: I) Une anthologie bilan partiel
énumérativo-introductive des écrivains marocains ancêtres et nouveaux
d’expression espagnole, II) Une anthologie bilan partiel lecto-illustrative des
écrivains marocains d’expression espagnole.
I- Une anthologie bilan partiel énumérativo-introductive
des écrivains marocains ancêtres et nouveaux d’expression espagnole:
A vrai dire, l’anthologie des écrivains marocains
d’expression espagnole de M.B. Rekab viserait à: introduction et illustrer un
bilan partiel d’écrivains marocains hispanophones des années 90. En explicite
la tâche D. Alexandre: “Il s’agira, de définir la spécificité d’une ou des anthologies
ayant un même objet [fonction énumérativo-introductive], de la situer dans le
champ éditorial et d’étudier quelle périodisation, quelle histoire littéraire
[fonction historique] et quel espace littéraire [fonction critique], du présent
et du passé, elle construit [fonction lecto-illustrative] (…). On préviligiera
les anthologies établies par des écrivains et les anthologies qui remplissent
une fonction d’introduction [anthologie énumérativo-introductive] (…) ou de
bilan [anthologie lecto-illustrative]…” – Op.cit., Ibid. Il s’en suit:
I.1- Une anthologie bilan partiel
énumérativo-introductive des écrivains marocains ancêtres d’expression
espagnole:
Certes, tel que l’annonce illico l’auteur: “Le but de ce
travail sera de présenter, de manière succinte [bilan partiel], ce qu’on a
écrit en espagnol durant le Protectorat [anthologie énumérativo-introductive],
en se basant sur les revues «al-Mo’tamid» et «Ketama»; deux merveilles de la
création [littéraire]. Elles nous ont été léguées respectivement par feux Trina
Mercader et Jacinto López Gorgé.
Le second but de ce livre est de présenter les écrivains
marocains d’expression espagnole [anthologie lecto-illustrative] qui ont publié
des oeuvres après l’obtention de l’Indépendance [du Maroc - 1956].” – “Escritores
marroquíes”, Op.cit., p.7. Or, cette fonction énmérativo-introductive englobe
chez le Dr. M.B. Rekab:
a- Los primos pasos (Les premiers pas):
Il esquisse les premiers pas des écrivains marocains
d’expression espagnole en spécifiant dans le préambule de ce livre: “Les
premiers pas au Maroc, lorsqu’on obtint l’Indépendance eurent lieu sous
l’enseigne de la confusion. Les thèmes furent plus patriotique, tant au théâtre
qu’en poésie (…). La prose resta assez marginalisée; si on excepte de petits
essais ou des études publiées dans la presse nationale en espagnol: Diario de
Africa et España.” – Op.cit., p.8.
Puis, il entame d’un point de vue énumérativo-introductif:
“Commençons à parler de ces cavaliers «solitaires» qui tinrent à affronter une
société hostile, qui furent considérés comme de purs pionniers défaillants,
mais qui avec le temps sont devenus nos vériatables auxiliaires dans la défense
l’espagnol.
Les Abdelkader Ouariachi, Abderrahim Jebbur, Mohamed
Temsamani, Abdelatif Khatib, Mohamed Ibn Azzouz Hakim, Driss Diouri, et Mohamed
Chakor, ainsi que les remarquables traducteurs de poèmes et d’articles de
«Ketama» et d’«al-Mo’tamid», tels que Abdelkader Mokadam; et enfin mentionnons
Driss Diouri, Idriss El Jai, Abdellah Guennoun, Ahmed Tadlaoui, Mohamed
Sabbagh, Ahmed El Bakkali, Mohamed El-Bouanani et Mohamed Al-Arbi Al-Khattabi.
Presque tous atteignirent d’importantes charges de responsabilité dans
l’administration marocaine; ce furent d’authentiques mentors des nouvelles
générations d’hispanistes qui veulent maintenant offrir de véritables sources
d’inspiration.” – Op.cit., Ibid.
b- Los progenitores 1940 y los nuevos 1990 (Les ancêtres
et les nouveaux):
Toutefois, M.B. Rekab cite en référence un précurseur
marocain dans ce domaine en relatant: “Déjà en 1987, le chercheur Mohamed
Chakor [né en 1937] prépara et publia un volume sur los «Encuentros literaios:
Marruecos-España-Iberoamerica» (Les Rencontres littéraires:
Maroc-Espagne-Ibéro-Amérique) et parla dans sa première partie de «Literatura
maroquí en lengua castellana» (Littérature marocaine en langue castillane).
M. Chakor exposa une importante liste d’écrivains marocains
qui écrivaient en langue espagnol. Certains ont disparu, d’autres encore
vivants et continuent de travailler pour l’hispanisme.” – Op.cit., p.9. Puis,
il énumère en le citant:
“L’anthologiste parla de Larachois Driss Diouri, qui
participa par ses apports dans les journaux et les revues et publia différents
livres de prose, de poésie et de théâtre. Il tint un rôle important et primordial
dans «Ketama» et de «al-Mo’tamid».” – Op.cit., Ibid. Il en mentionna également:
Mohamed Ibn Azzouz Hakim, Abderrahim Jabbour Oddi, Abdellatif Khatib, Mohamed
Temsamani. Puis, il poursuit en citant cet anthologiste à propos des écrivains
marocains hispanistes ancêtres comme: le Dr. Aziza Bennani, Abderrahman
Cherif-Chergui et Simón Levy et d’autres qui de façon sporadique publièrent
quelques poèmes et articles dans la presse et dont les traces furent perdues. –
Ibid.
I.2- Une anthologie bilan énmérativo-introductive écrivains
marocains nouveaux d’expression espagnole:
Concernant écrivains marocains hispanistes nouveaux, M.B.
Rekab en énumère, suivant la même source: Abdelmalik Mohammad, Malika Embarek,
Abdelwahid Salem, Driss M. Mehdati, Karima Hajjaj. – pp.12-13.
a- Les hispanistes de “ la Revista marroquí de Estudios
Hispánicos” de Fez 1980:
Ensuite, il rapporte de “la Revista marroquí de Estudios
Hispánicos” ( La Revue marocaine des Etudes hispaniques) de Fez (1980):
Mohammed Amrani, Mohamed Salhi, Mohamed Khallaf, Mustapha Adila, Abdelmoumen
Bounou, Allal Ezzaim, Abdellatif Limami, Aziz Tazi, Mohamed Serghini et autres
– p.13. Ainsi que:
b- Les hispanistes de “ la Radio Televisión Marroquí et
de la Universidad marroquí et autres:
Il rappelle aussi des noms de la R.T .M. tel que Said
Jedidi. De l’Université marocaine ceux d’Ahmed Daoudi, Abdellah Djbilou, Moulay
Ahmed El Gamoun, Mohamed Lahchiri, Mohamed Mamoun Taha, Mohamed Sibari, Jalil
Tribak, Bouissef Rekab Mohamed (l’auteur lui-même).
Malgré tout, l’anthologie bilan partiel des écrivains
marocains d’expression espagnole n’échappe pas par ses textes et ses thèmes aux
exigences idéologiques et socio-politiques des auteurs lecto-illustrés en son
sein.
II- Une anthologie bilan partiel lecto-illustrative des
écrivains marocains d’expression espagnole:
D’ailleurs, l’anthologie bilan partiel lecto-illustrative
des écrivains marocains d’expression espagnole de M.B. Rekab esquisse une
douzaine de biographies plus ou moins achevées et d’extraits d’oeuvres d’auteurs
d’“El Grupo de los 90” (du Groupe de 1990), en rapport avec le public des
lecteurs et les thèmes idéologico-socio-politiques qu’ils véhiculent
périodiquement. “Il s’agira enfin, explique D. Alexandre, d’examiner à quelles
exigences, voire quelles urgences idéologiques, politiques, sociales [v.les
thèmes], répond la publication d’une anthologie [lecto-illustrative], et quels
effets elles produit sur le champ littéraire [v. sur le public].” – Op.cit.,
Ibid. Aussi verra-t-on successivement:
II.1- Une anthologie bilan partiel lectorale des
écrivains marocains d’expression espagnole:
Le lien lectoral (de l’écrivain et du public) dans
l’anthologie bilan partiel des écrivains marocains d’expression espagnole de
M.B. Rekab pourrait rejoindre cette ligne affective de proximité reliant les
deux rives maroco-espagnoles du Détroit de Gibraltar, si bien vue par Patricio
González García, dans l’Edito de la revue “Tres Orillas”, en prônant: “Il y a
plusieurs choses que justifie le Détroit porteur de ce nombre [Trois rives],
mais il y a surtout mille brèves histoires entre ces mondes frontaliers pleines
de sel et de condiments qui réussissent affectivement à réduire le compromis, à
abréger la distance et à maintenir proche le coeur des terres en une seule
terre, à partir de la mince ligne des rives voisines et fraternelles jusqu’aux
mains qui s’y fondent en amitié.” – Algésiras, Nº5-6, Décembre 2005, Ed. A.M.P.
Victoria Kent, p.7. D’où:
a- Escritor y el público (Ecrivain et public):
En effet, M.B. Rekab souligne, dès le départ, les limites
d’audience des écrivains d’expression espagnole au Maroc en rappelant: “Le
petit éventail littéraire qui s’était formé avec les écrivains marocains
d’expression espagnole n’atteignit pas un public consommateur assez large qui pourrait
donner des opinions de cette création. La naissance de cette littérature laissa
entrevoir qu’elle allait faire un créneau sérieux, une continuité qu’on
pourrait difficilement maintenir: car une fois l’aventure commencée, la belle
aventure d’écrire des études, des romans, des contes, et des poésies en
espagnol, nul ne pouvait s’attarder aux auteurs qui avaient choisi librement
cette voie.” – pp.15-16.
b- Les thèmes idéologico-socio-politiques des écrivains
marocains d’expression espagnole:
On pourrait, avec D. Alexandre, à propos des thèmes
idéologiques et socio-politiques des écrivains marocains d’expression espagnole
de l’anthologie bilan partiel de M.B. Rekab, dire: “Instrument d’une diffusion
sélective des textes [anthologie lecto-illustrative] (…), elle contribue autant
à la définition d’une identité littéraire nationale [v.
idéologico-socio-politique] (…). Elle est donc un des instruments qui
bouleversent les territoires littéraires nationaux et créent des républiques
[des gens] des lettres internationales.” – Op.cit., Ibid. A ce sujet, le Dr.
Rekab indique:
“L’influence de l’espagnol est claire, mais les
intellectuels [marocains] étant prépondérant pour commencer à avoir une
nouvelle forme de voir les choses: à partir d’une perspective nationale,
recherchant l’identité de tous les Marocains, laissant de côté l’influence
étrangère, en tenant compte ou non de la relation avec le Protectorat. C’est la
troisième période. Cette période qui coïncide avec celle des jeunes, et autres
moins jeunes qui écrivent en espagnol actuellement; c’est le groupe qui aime se
nommer «Grupo de los 90».
Saisissant une expression modulée qui explique la
personnalité de l’écrivain, ses sentiments les plus profonds; sa volonté de
créer des mondes coupés de la réalité, plus profonds que la réalité nationale,
des thèmes universels exposés” – p.17. Quant aux genre et aux thèmes
idéologico-socio-politiques usités par les auteurs au sein de son anthologie,
M.B. Rekab précise:
“Le poète, le narrateur, le chercheur marocains d’expression
espagnole ne transmettent pas aveuglément leurs impressions; tous sattachent à
une mission sociale qu’il veulent mener à bon port; une mission sociale qui va
changer, avec l’histoire, les composantes de la société et l’appartenance de
l’auteur (…). De nouvelles problématiques sociales ouvraient de nouvelles
possibilités d’expression dont l’émigration qui accapara l’un des axes
[thématiques] les plus importants, pour former côte à côte avec la drogue et la
contrebande, les thèmes les plus divers traités dans les contes, les romans et
les poèmes. C’est aussi le cas de la recherche historique, de l’essai et de
l’étude littéraires ou des anthologies.” – p.18.
II.2- Une anthologie bilan partiel illustrative des
écrivains marocains d’expression espagnole:
Cependant, comme le dit le Dr. Rekab, dans cette anthologie
bilan partiel, la présentation d’une liste illustrative de biographies –
parfois lacunaires - et de textes d’écrivains marocains d’expression espagnole
ne saurait être exhaustive. Elle n’est alors qu’illustrative. “Une anthologie,
avise Albert Memmi, n’est qu’un choix [v.d’auteur], une proposition d’une
grille de lecture [illustrative]. L’essentiel est d’adopter un code qui
permette une lecture convenable en d’en avertir le lecteur [le public].” – “Ecrivains
francophones du Maghreb”, Paris, Ed. Seghers, 1985, p.17. C’est ce que fait
Rekab en affirmant: “Dans la présentation des écrivains qui vont apparaître
ici, nous allons suivre un ordre alphabétique [un code] – par patronyme – pour
qu’il n’y ait pas de préjugés à ce sujet de qui est meilleur que qui.” – p.19.
Toutefois, il situe les auteurs et les textes illustrés dans la seconde partie
du livre intitulée “El Grupo de 90” qu’on pourrait répartir suivant les dates
de naissance en écrivains marocains illustratifs ancêtres et nouveaux
d’expression espagnole:
a- Les écrivains marocains illustratifs ancêtres
d’expression espagnole:
Toutefois, l’énumération des écrivains marocains
illustratifs ancêtres d’expression espagnole dans l’anthologie bilan partiel de
M.B. Rekab nous rappelle à la notion d’auteur chez Michel Foucault cité par
Marc Escola: “La notion d’auteur, rapporte-il, apparaît à cet égard non
seulement comme une notion très exactement historique (on peut décrire son
émergence, parallèle à un mouvement plus général d’individuation [v.
biographique]), mais aussi comme une fonction attachée à un certain type de
textes [d’anthologie illustrative]: le «nom de l’auteur» sédimente des
pratiques discursives elles-mêmes inscrites dans des pratiques institutionnelles
[v. l’hispanisme].”- “Michel Foucault et la fonction-auteur”, www.fabula.org,
p.2. Citons-en notamment:
+ Mamoun Taha, Mohamed (né en 1927):
“Ce poète, note Rekab, naquit à Ksar el Kébir, le 17 juillet
1927 et grandit à Asilah [Province de Tanger]. En 1957, il obtint le titre
d’architecte de l’Université Polytechnique de Madrid. Mamoun Taha vit dans la
poésie une soupape de sûreté et commença à écrire pour soi-même. Quand se
furent créés les pages de L’Opinion en espagnol, il y participa activement. Là,
il rencontra sa catapulte pour penser à écrire son premier livre. Le contenu du
livre fit de la collecte de la publication dans la presse: il créa ses
«Lagrimas de una pluma » (Les larmes d’une plume) (1993) …
Dans son recueil «Lagrimas de una pluma», nous pouvons lire
sous le titre «Rescoldos y cenizas» (Braises et cendres) ce qui suit:
«Quand je t’appelle fatigué et découragé, ma voix arrive au
ciel et seul l’écho répond à mes lamentations. Toi qui, à mon isolement et à ma
solitude tu résistes.»” – p.64.
+ Abdellah Djibilou (né en 1935):
“Le docteur Djibilou, note-t-il, naquit [en 1935] à Had El
Gharbiya, à quelques kilomètres d’Asilah (Province de Tanger). Entre 1969 et
1981, il eut sa licence en philologie hispanique à la Faculté des Lettres de
Rabat [Maroc] et son doctorat à l’Université Autonome de Madrid (…).
Le premier livre que nous allons en exposer est «Diwan
modernista. Un vision de Oriente»” (Recueil moderniste. Une vision de l’Orient
- 1989), dans lequel il dit:
«Le modernisme est un des phénomènes littéraires les plus
complexes, qui correspond à une époque marquée de conflits comme à la fin du
siècle passé [XIXe s.] et au début de celui-ci [XXe s.]. Franchement, pour
comprendre le modernisme, il n’y a qu’à retenir queques-unes de ses
caractéristiques. Le modernisme comme on le sait, hérite beaucoup du mouvement
romantique, comme le désir d’évasion et la marque d’individualisme. Le poète
moderniste hispanoaméricain, juge le milieu social qui l’entoure comme peu apte
à «une fine création artistique», et s’évade de celui-ci à la recherche de pays
«exotiques», de nations du passé. De plus, il se sent désemparé et incomode
dans une société qui ne favorise pas son «Art». Le poète s’enferme dans sa
«tour d’ivoire» » et crée son propre monde qu’il peuple à son goût et qui
correspond à ses rêves et à ses idéaux.»” – pp.53-54.
+ Mohamed Chakor (né en 937):
Cet ancêtre de l’hispanisme marocain est illustré
favorablement par M.B. Rekab en ces termes: “Ce fils de Tétouan [il y naquit en
1937] se consacra au journalisme, ce qui le conduit à diriger l’Emission
Espagnole de la Radio Nationale Marocaine, à Rabat. Son dynamisme lui permit
d’atteindre un nouveau poste: Directeur de la Chaîne Internationale de
Programmation et de Production Arabe et Française, ce qui démontra ses amples
connaissances de ces deux langues, côte à côte avec l’espagnol (…).
De sa biographie incluse dans «La Ilave y otros relatos» (
La Clef et autres récits), nous pouvons lire:
«De la pluie pour les cruches. Un rideau compact d’eau,
opaque comme un mur, me coupa le chemin. C’était une pluie bienfaisante qui
vint après tant d’années de persistante sécheresse pour atténuer la souffrance
de nos paysans, qui pleuraient encore la mort de mon père, Abdellah Molina, qui
fut durant quatre décades fut le Cheikh du Mausolée de notre glorieux
arrière-grand’père, Sidi Abdeslam Molina al-Andalusî (…).
Ce fut de bon augure que ce phénomène coïncidât aussi avec
ma désignation par les représentants de la Communauté Morisque Mondiale, comme successeur
de mon défunt père, qui fut leur loyal collaborateur pendant des années.»” –
pp.40-41.
b- Les écrivains marocains illustratifs nouveaux
d’expression espagnole:
En fait, l’expression “El Grupo de los 90” des écrivains
marocains illustratifs nouveaux d’expression espagnole, nous rappelle
singulièrement la formule d’Azorin [1874-1967]: la “Génération 98”. “C’est
Azorin, indiquent G. Cirot et M. Darbord, qui a popularisé l’expression
«génération de 98» dans un artile de 1913. Il s’agit, selon lui, d’un groupe
d’écrivains [espagnols], dont le désastre colonial de 1898 cristallise
l’inquiétude et le pessimisme, quant aux destinées de la patrie.” –
“Littérature espagnole européenne”, Paris, Ed. Armand Colin, p.171. Pour M.B.
Rekab, la formule “El Grupo de los 90” provient de la prise de conscience
identitaire des jeunes écrivains marocains d’expression espagnole de 1990.
“Cette période, note-t-il, est ce qui coïncide avec celle des jeunes, et autres
moins jeunes [Marocains], qui écrivent en espagnol actuellement; c’est le
groupe qui a aimé s’appeler «El Grupo de los 90».” – p.17. On pourrait en citer
notamment:
+ Mohamed Sibari (né en 1945):
Selon M.B. Rekab, Mohamed Sibari, naquit [en 1945], à
Larache où il continua de séjourner. “Il commença son aventure littéraire par
ses collaborations poétiques dans “Le Journal de Tanger” et “La Dépêche de
Tanger”. Plus tard, dans les journaux “L’Opinion” et “la Mañana ”. Son souci
d’écrire le conduit par la suite à quitter le courant poétique pour écrire des
romans. Cette orientation l’amèna à publier “El caballo” (1993). Un jeune et
fort garçon de la région de Larache eut l’obsession d’émigrer à l’étranger.
Pour avoir de l’argent et le passe-port, il s’en alla à Tanger pour prendre le
bateau (…). Il entra dans le monde de la drogue et finit par être assassiné.
L’écrivain dit dans son roman:
«Kadur, un garçon de vingt ans, fort, grand, brun et robuste
comme un cheval, travaillait comme domestique dans les maisons de la Compagnie
Agricole du Loukos à Nemsa (Larache). La maison de ses parents était toute
proche de son travail, dans un village nommé ‘Adir, où vivaient beaucoup de
familles espagnoles. Tandis que son père, Allal, travaillait comme journalier
dans les champs de tomates, sa mère, Fatna, s’occupait du ménage de la maison
(…). Kadur ne rêvait plus que d’émigrer en Espagne (…). Son unique problème fut
d’obtenir le passe-port. C’était très difficile à obtenir.»” – pp.67-68.
+ Mohamed Bouissef Rekab (né en1948):
C’est aussi l’anthologiste lui-même. “Il naquit, écrit-il, à
Tétouan, le 20 décembre 1948. Il vécut à la campagne de la province, fut berger
de chèvres, de brebis et de vaches durant sa prime enfance. Sa mère l’inscrivit
à un collège français (l’unique de Tétouan d’alors) avec ses frères (…). En
1969, il se déplaça à Rabat pour poursuivre ses études de Philologie Hispanique
à la Faculté des Lettres. En 1976, il voyagea à Madrid pour continuer ses
études supérieures. Après un grand effort personnel, il réussit à soutenir sa
thèse doctorale, en 1983, à la Faculté de Philologie et Lettres de l’Université
Autonome de Madrid (…).
Son premier livre fut «El vidente» [Le voyant] (1994) dans
lequel il recueillit des récits et des contes. Dans ce livre, on pourrait lire
dans son conte intitulé «Este es el sueño que he tenido» (C’est le rêve que
j’ai fait).
«Il y avait beaucoup de gens qui profitaient des derniers
jours des vacances pour acheter de la ville des marchandises de toutes natures
de provenance étrangère et de bonne réputation [v.de contrebande].
Le marché fut celui de la municipalité. Tous savaient que ce
qui s’y vendait de la production nationale étaient si peu de choses.»” – p.24.
+ M’hammad Benaboud (né en 1950):
Il naquit à Tétouan, selon l’auteur, le 23 juin 1950 et fut
le fils de d’une des illustres familles de la capitale du Nord [du Maroc].
Chercheur infatigable et professseur universitaire, Benaboud est politologue et
polygraphe (…). En 1992, il se décida à publier son “Sevilla en el siglo XI. El
reino Abbãdi de Sevilla (1023-1091)”, en espagnol (…). Dans son étude, le Dr.
Benaboud dit dans la partie intitulée: “El Qadi Muhammad b. Ismail b, Abbad”,
ce qui suit:
«Seville qui avait échappé au contrôle de central de
Cordoue, quand al-Qasim b. Hammud établit sa domination sur elle, fut pour la
première fois régie par un Sévillan quand le Qadi commença son mandat en 1023
(…). L’intuition politique du Qãdi Muhammad b. Ismail b. Abbãd, ses habiles
manoeuvres et son leadership, diplomatiquement imposé, contribuèrent
décisivement à l’établissement des Banû Abbãd à Séville comme la situation
politique générale en Andalousie après la totale désintégration du Califat
Omeyyade.» - pp.20-21.
+ Ahmed Mohamed Mgara (né en 1954):
“Excellent travailleur et infatigable créateur”, selon
l’auteur, A. M. Mgara naquit à Tétouan, [le 19 août 1954]. Il y fit ses études
primaires et secondaires. Il est titulaire d’une Maîtrise de technique
industrielle (de Malaga) et d’un diplôme de sociologie (de Grenade). A l’âge de
14 ans, en septembre 1968, il publia ses premiers articles pour la première
fois dans un journal national. Il publia “Tetuán… embrujo andalusí”
(Tétouan…sorcière andalouse- 1996), etc. Ce dont nous citons:
«Je l’appelle par téléphone pour entendre sa solitude
inquiète me demander si je suis la personne à laquelle elle voudrait parler.
“Si, protesté-je; je suis ton confident, de toute mon âme, je désire t’écouter;
en plus, je ne suis guère satisfait si ensemble, avec moi, tu n’es pas
présente.»” – p.85, v. aussi “Presencias” d’A. M. Mgara, Tétouan, Ed.
A.I.M.A.D., 2008, p.88.
+ Moufid Atimou (né en 1969):
Il naquit à Tétouan, [en 1969 ]et obtint une licence
d’espagnol de l’Université de la ville. Il décida d’écrire de la poésie. L’élan
lui vint alors pour publier “Naufragio feliz ” (Naufrage heureux -1996). Il y
dit notamment:
«Je t’aimerai sans paroles,/ Sans questions ni rimes,/ Le
ciel ne sera pas vert,/ Ou avec ce ciel d’août,/ Non plus les fleurs ne
seront,/ Dans les jardins convenables;/ En celui qui se perd/ En essayant
d’atteindre/ l’écho de ton ombre/ Dans les nuits futures/ Qui dans la pénombre
d’hier,/ A la tombée de la nuit dans ta peau.» - p.84, etc.
En conclusion, il faut dire que cette anthologie bilan
partiel des écrivains marocains ancêtres et nouveaux à la fois
énumérativo-présentative et lecto-illustrative d’expression espagnole de M.B.
Rekab constitue un prélude louable d’une tâche difficile, à achever dans
l’avenir. Ce que son auteur reconnaît en concluant: “… Notre désir le plus
fervent est qu’en une prochaine anthologie qui s’écrira, le nombre d’écrivains
augmente et ceux qui sont mentionnés [parfois lacunairement] ici publient plus
de livres.” – p.88. Or, en citant Alain Brunn, Eloïse Lièvre opine en ce sens:
“Dans son introduction [v. “L’auteur, textes choisis”], Alain Brunn propose un
état de la question qui s’organise de façon très claire en envisageant une
série de rapports [anthologiques]: rapport de l’auteur à son texte, de l’auteur
à la société, puis à la tradition, à son discours, à l’activité de création et
enfin, par l’intermédiaire du sens, au lecteur.” – “Lauteur dans tous ses
états”, Op.cit., Ibid. Ce dont s’enrichira certes une prochaine édition de
cette initiale anthologie maroco-hispaniste du Dr. Rekab.
Dr. SOSSE ALAOUI
MOHAMMED