DES MÉMOIRES
TÉMOINS DU XXe SIÈCLE :
ESPOIRS DÉçUS
ET DÉFIS A RELEVER
"Les mémoires, selon Encyclopédie Wikipedia, sont un genre littéraire au
croisement de l’autobiographie, de l’histoire et du journal intime ]v. espoirs
déçus et défis à relever[. Ils sont
constitués de notes prises sur le vif, de pièces historiques (extraits de
journaux, témoignages, correspondance…), de récits rétrospectifs en prose dans
lesquels l’auteur assume son propre récit et prétend restituer la vérité des
événements vécus (…). Dans les mémoires, l’auteur raconte sa propre vie mais en
axant son récit sur des faits historiques ]v. XXe siècle [ auxquels il a assisté en qualité de témoin
ou pris part en tant qu’acteur. "- www.fr.wikipedia.org, p.1.
Dans ce cadre, observons la portée "des
mémoires témoins du XXe siècle : espoirs déçus et défis à
relever", chez des mémorialistes : hommes de
lettres, hommes d’Etat, personnalité anonyme en raison de leur vie édifiante. "L’histoire
durant le siècle qui vient de s’achever ]XXe siècle[ , lit-on dans l’appel à projet de DRAC Rhône-Alpes, a été
marquée par plusieurs grands conflits
encore très présents dans le quotidien, notamment par leur dimension dramatique
(événements tragiques, actes d’héroïsme, mémoires de perte.) Par delà la
dimension commémorative, on s’efforcera de valoriser ce qui fait sens
aujourd’hui à travers le traitement ]des mémoires témoins[ de ces événements conflictuels." - "A à
PROJET : MEMOIRES DU XXe SIECLE EN REGION RÔNE-ALPES", www.culture.gouv.fr, p.1.
Cela se verra à travers : I) Le devoir
de mémoires témoins du XXe siècle, II) Les guerres, les génocides et
la paix mémoires témoins du XXe siècle, III) Les hommes de lettres,
d’Etat et anonymes et les mémoire témoins du XXe siècle, IV) Les
procès, la vie concentrationnaire et carcérale et les mémoires témoins du XXe
siècle, V) Les espoirs déçus et les défis à relever dans les mémoires témoins
du XXe siècle.
I- Le devoir de mémoires
témoins du XXe siècle :
En
effet, le devoir de
mémoire semble être la motivation profonde qui anime la plume des auteurs de
mémoires témoins du XXe siècle dont nous aurons à parler ici. "Il n’est plus question,
depuis les années quatre-vingt, " écrit
Henry Rousso, que du «devoir de
mémoire». L’expression s’est répandue à proportion de son manque
d’acception définie. Affirmation flottante qu’il est nécessaire de ne pas
oublier, elle ne dit rien de ce dont il faut se souvenir ; elle postule
avec une fraîche naïveté que le souvenir est un donné et non pas un construit
sans cesse remodelé, taillé, selon les nécessités politiques et civiques d’une
société, dans la masse des oublis, transferts, refoulés et forclusions. " - "Le syndrome de Vichy,
1945-198…", in «l’Essai» de Eric Vigne,
Paris, Ed. qdpf, 1997, p.106.
C’est ce qui émane à notre regard
de : «Journal de Anne Frank» (1950) d’Anne Frank (Allemagne), «LE COURAGE DANS LA
POLITIQUE»
(1955) de John F. Kennedy (USA), «L’aveu» (1968) d’Artur
London (Tchécoslovaquie), «Papillon» (1969) de Henri Charrière
(Venezuela), «Souvenirs littéraires» (1968) de Léon Daudet
(France), «Mémoire illettrée d’une fillette d’Afrique du Nord à
l’époque coloniale» (1979) de Katia Rubinstein (Tunisie) et «L’esprit
frappeur : CARNETS 1940/ 1973» de Georges Henein
(Egypte). D’ailleurs, cela s’explique au dire de H. Rousso : "Le «devoir
de mémoire», celui de rappeler aux exagérations ce que fut le cataclysme
fasciste et nazi, conduit en réalité très souvent à une mythification (…). Au
point que Primo Levi s’interrogeait (…) sur le devoir de vérité, différent du
devoir de mémoire ]témoin[."
– Op.cit., pp.106-107.
II- Les guerres, les génocides et la
paix dans les mémoires témoins du XXe
siècle :
En fait, c’est
dès les années 1980 que commencent à se manifester, en France, selon H. Rousso, les mémoires témoins des guerres, des génocides et de
la paix au XXe siècle. "C’est des années quatre-vingt que
date, écrit-il, dans le discours politique et mémoriel français, la
substitution d’Auschwitz, camp d’extermination des déportés raciaux juifs et
tziganes, à Buchenwald, camp de concentration pour les déportés politiques (…).
Un génocide dont, par ailleurs, on discute l’unicité ]UE [à l’heure où se produisent des
génocides au Biafra puis au Cambodge ]v. en Palestine[, à l’heure où l’on commence à dénombrer les millions de
victimes du stalinisme et du maoïsme ]v. sionisme[– victimes, il est vrai, conduites à la mort selon des critères
autres que raciaux." – Op.cit., pp.103-104. En relatent les
traces notamment :
1- Les guerres, les génocides et la paix mémoires témoins
du XXe siècle dans le
«Journal
d’Anne Frank», Paris, Ed. Calmann Lévy, 1950, de Anne Frank (1921-1945) :
Certes, les guerres, les génocides et la
paix dans les mémoires témoins du XXe siècle se répercutent
pathétiquement à travers cette conclusion d’Ernest Schnabel, le biographe d’A.
Frank, à cet égard : "Miep et Elli me disent qu’elles n’ont pas lu les
papiers d’Anne Frank en 1944… Elles n’ont fait que les feuilleter et, voyant
qu’ils appartenaient à Anne, elles les enfermèrent dans le coffre-fort. C’est
ainsi que cette voix nous a été conservée (…). La voix survit seule aux cris des
assassins ]nazis[ et domine les voix du temps ]XXe siècle[."
– «SUR LES TRACES d’Anne Frank», Paris, Ed. Albin Michel,
1958, p.202. On lit dans ces mémoires édifiantes d’une personnalité
anonyme plus précisément :
+ "Aujourd’hui] Vendredi 9
octobre 1942[, je n’ai pas que des nouvelles déprimantes
à t’annoncer ]à
Kitty, sa correspondante fictive[. Beaucoup
de nos mais juifs sont petit à petit embarqués par la Gestapo, qui ne les
ménage pas, loin de là ; ils sont transportés dans des fourgons à bétail à
Westerbork, au grand camp pour les juifs dans la Drente Westerbork doit être un
cauchemar (…). Nous n’ignorons pas que ces pauvres gens seront massacrés.
La radio anglaise parle de chambre à gaz (…). Les Allemands sont dingues en
punition". (pp.59-60).
2- Les guerres, les génocides et la
paix mémoires témoins du XXe siècle dans Les «Souvenirs littéraires»
de Léon Daudet, Paris, Ed. Bernard Grasset, 1968, (1867-1942) :
Dans
la préface de «Souvenirs littéraires»
de Léon Daudet affirme ouvertement : "C’est de ce siècle que sort Léon Daudet. Parmi toutes les figures de
l’inoubliable auteur du Voyage de Shakespeare, c’est celle de mémorialiste qui
nous retient aujourd’hui." (p.). L.
Daudet préfigure ces méfaits du XXe siècle dans souvenirs d’homme
de lettres face aux massacres de la
Ie et IIe guerres
mondiales en France, ainsi :
+ "Il paraissait, bon an
mal an, avant la guerre ]1914-1918[, une trentaine de romans intéressants
et d’une petite ou grande originalité. Pendant la guerre – où ont été fauchés
]génocide[, hélas ! tant de jeunes et
vigoureux talents ! -, puis depuis la guerre ]l’entre-deux-guerre :
1918-1939 [ ont paru de nombreux ouvrages,
traitant de la tragique épreuve, directement ou indirectement, et ajoutant
ainsi une littérature à une littérature." (p.378).
]EN VISIONNAIRE, IL PRESAGEAIT DU
GENOCIDE ETHNIQUE EN BOSNIE - HEZEGOVINE : 1992-1996[ :
+ "Il ]Alphonse Daudet[ : 1840-1897[
prenait sous la lampe un numéro de la «Revue des Deux Mondes», ajustait
son lorgnon et regardait le titre avec une moue familière :
«Parbleu : la Bosnie et l’Herzégovine ! Avez-vous remarqué
]à
Charcot : 1825-1893[
la quantité d’études sur la Bosnie et l’Herzégovine qui paraissent
dans la «Revue des Deux Mondes»? " (p.111).
3- Les guerres, les génocides et la
paix mémoires témoins du XXe siècle dans «L’aveu» d’Artur London (1915-1986), Paris, Ed. Bernard
Gallimard, 1968 :
Comme ce fut le cas d’Artur London, les guerres, les génocides et
la paix constituent la substance moelle de ses mémoires témoins du XXe
siècle, dans «L’aveu»,
durant la guerre civile d’Espagne, la résistance contre les nazis en France,
pendant la IIe guerre, et la purge stalinienne, dont il fut victime,
en Tchécoslovaquie (1951-1956). "Quant aux rescapés de cette sombre période,
indiquent Paul Ricoeur et Michel de Certeau, ils ressentent l’urgence, celle de
témoigner, de livrer leur mémoire aux générations futures par tous les moyens
mis à leur disposition (…). D’où la fonction de ceux qui vont encadrer ces
mémoires." - "Paul Ricoeur, Michel de Certeau et
l’Histoire : entre le dire et le faire", www.elec.enc.sorbonne.fr, p.8. Ce qui ressort de cet
extrait de «L’aveu» d’A. London :
+ "Je ]A. London[ dans la cour de la sinistre prison médiévale de Poissy, en
septembre 1943 ]la
guerre[, parmi quatre-vingts autres détenus
politiques, tous condamnés à des peines très lourdes. Des détachements de
police vichyste et allemande, armés jusqu’aux dents, attendaient que la
direction de la prison nous remette entre leurs mains. Généralement, c’est
ainsi que l’on agissait pour les convois d’otages que l’on emmenait fusiller ]génocide[."
(p.164).
]LORS DE LA PURGE STALINIENNE EN EUROPE DE
L’EST : 1951-1956 [ :
+ "Qui aurait pu penser,
s’interrogea-t-il, qu’en Tchécoslovaquie ]1932[, pays de vieille civilisation, de
traditions démocratiques, on irait plus loin encore qu’en Hongrie, en
Pologne ]1956[,
en Roumanie ]1955[ :
onze condamnations à mort ! Trois à perpétuité ]génocide[! "(p.432).
4- Les guerres, les génocides et la
paix mémoires témoins du XXe siècle dans «Papillon» d’Henri Charrière (1906-1973), Paris, Ed. Robert Laffont,
1969 :
On
relève dans «Wikipedia» cet élargissement des mémoires à ceux des
personnes anonymes en raison de leur vie exemplaire, comme ici celle de l’ex-
bagnard franco-vénézuélien Henri Charrière : "Régulièrement, des personnalités anonymes entreprennent d’écrire leurs
mémoires en raison de vie édifiante…"
– Op.cit., p.3. Quant aux guerres, aux génocides et à la paix mémoires témoins
du XXe siècle dans «Papillon» d’Henri Charrière, on relève dans la
préface de Jean-Pierre Castelnau cette remarque génocidaire : "C’est
suffisant. Car Charrière n’a pas voulu écrire un livre d’historien (…), ce qui
apparaît comme l’extraordinaire épopée d’un homme qui n’accepte pas ce qui
peut y avoir de démesuré " à
l’excès entre la compréhensible défense d’une société contre ses truands et une
répression à proprement parler indigne d’une nation civilisée." (p.11). Charrière en dit dans son récit mémoriel :
+ "Je foule l’ignorance du peuple français, son manque d’intérêt ou de
curiosité pour savoir où vont et comment sont traitées les cargaisons qui tous
les deux ans partent de Saint-Martin-de-Ré (…). Je foule qu’aucun organisme ou
association n’interroge jamais les responsable de ce système pour leur demander
comment et pourquoi dan le chemin de la pourriture disparaît chaque deux ans,
quatre-vingts pour cent de sa population.
Je foule les bulletins de décès de la médecine officielle :
suicides, misère physiologique, mort par sous-alimentation continue, scorbut,
tuberculose, folie furieuse, gâtisme (…).
Mon voisin de gauche s’est suicidé.
C’est ce que je comprends. Ils l’emportent. La porte se ferme. Le règlement a
été strictement accompli puisque la porte a été ouverte et fermée en présence
d’une «autorité supérieure», le chef de la Réclusion dont j’ai reconnu la voix.
C’est le cinquième qui disparaît autour de moi en dix semaines ]génocides[." (p.253).
5- Les guerres, les génocides et la paix mémoires
témoins du XXe siècle dans
«L’esprit
frappeur : CARNETS 1914/ 1973» de Georges Henein (1906-1973), Paris, Ed. Encre, 1980
:
Au sujet des guerres, des génocides et de
la paix mémoires témoins du XXe siècle dans «L’esprit frappeur :
CARNETS 1914/ 1973» de Georges Henein adresse une mise en garde présente et
future contre les survivances néfastes, les rêves déçus et les défis à relever
de notre temps. En ce sens, P. Ricoeur "
et M. de Certeau assertent : Et une histoire, replacée par la mémoire dans
le mouvement dialectique de la rétrospection et du projet, ne peut plus séparer
la vérité de la fidélité qui s’attache en dernière analyse aux promesses non
tenues du passé ]du
XXe siècle [." – Op.cit., p.10. G. Henein y prône en
l’occurrence :
+ "Il est pénible mais nécessaire de se convaincre que le nazisme n’a subi
en 1945 qu’une défaite trompeuse. On n’assourdit pas l’univers durant plus de
dix ans sans que l’air, après la chute du tyran, ne demeure pour longtemps
saturé de toxines ]guerres, génocides et paix
déçue[."
(p.99).
]IL
EN ILLUSTRE LA RÉALITÉ PAR LES
FAITS MARQUANTS DU XXe siÈcle [:
+ "Le grand feuilleton de l’époque contemporaine, c’est la Révolution (…).
Toute conscience ardente est ennemie de mémoire critique (…). Le monologue révolutionnaire ignore les
interruptions, les parties perdues, les espoirs piétinés – scories d’un rêve
trop grand pour une seule vie. Cronstadt ]mutinerie des marins réprimée par l’ex-URSS :
1917-1921 [, la
guerre d’Espagne ]1936-1939 [, le Front populaire ]de la gauche en France :
1936-1938[, les procès de Moscou ]1932-1936[, Budapest ]1956[ : autant de plaques ]de génocides[ vites décrochées des wagons, tandis
que le train poursuit son aventure. Des voyageurs sont descendus, amers et
meurtris, maudissant le paysage. Aux stations suivantes, ils sont remplacés par
des passagers au regard intact ]sans mémoire[." (p.203).
III- Les hommes de lettres, d’Etat
et anonymes et les mémoire témoins du XXe siècle :
Une diversité d’auteurs de mémoires
témoins du XXe siècle se révèle, allant des hommes de lettres,
aux anonymes édifiants en passant par les hommes d’Etat en général. "Dans
ce domaine, souligne Jean Bugarel, nous trouvons des exemples à toutes les
époques et les auteurs de ces textes ne sont pas toujours des
«écrivains» au sens professionnel du terme. Cela va des «livres de
raison», aux «journaux personnels» (…), mais aussi aux chroniques des
événements locaux" ou nationaux, jusqu’aux «mémoires»
parfaitement rédigés et organisés, véritables monuments littéraires et qui
souvent servent de sources pour les romanciers, comme par exemple les Mémoires
du Cardinal de Retz ]1613-1679[ou ceux de
Saint Simon ]1675-1755[.
"- "Les différents sens du
mot histoire", in «L’Histoire – 2, l’écriture de
l’histoire», Paris, Ed. Marketing, 1980, p.224. Cela s’illustre
parfaitement ici à travers les mêmes auteurs cités plus haut, dans :
1- Les hommes de lettres et les
mémoires témoins du XXe siècle :
En vérité, hommes et femmes de lettres
rédigent leurs mémoires témoins de leur temps. J. Bugarel avance à ce
sujet : "Cette
forme de littérature est apparemment de plus en plus abondante (…). "Cela
va des chefs d’Etat aux gibiers de potence en passant par toutes les étoiles
plus ou moins fugitives de tous les mondes (littéraires ]hommes de lettres[, sportifs, etc.) et même du «demi-monde». – Op.cit.,
p.225. Cela est perceptible notamment dans :
A- Les hommes de lettres et les
mémoires témoins du XXe siècle, dans «Souvenirs littéraires»
de Léon Daudet (186è-1942), Paris, Ed. Bernard Grasset,
1968 :
"Que désirait Léon Daudet, s’interroge Kléber Haedens dans la préface,
quand il commençait à écrire ses Souvenirs ? Simplement, dit-il, fixer les
physionomies de quelques grandes personnalités littéraires, politiques et
scientifiques, telles qu’elles lui étaient apparues dans sa très heureuse
enfance et sa jeunesse." (p.9).
L. Daudet lui fait écho dans un passage des «Souvenirs littéraires» en
affirmant avec minutie :
+ "J’écris ces «Mémoires» en pleine
vie, ainsi que du fond du tombeau. Je ne veux ni flatter ni dénigrer. Peu me
chaut de plaire ou de déplaire. Il ne manquait à cette poétesse expansive et
raffinée ]George
Sand : 1804-1876[, pour
toucher tellement les cœur, que le renoncement à elle-même, que de ne plus
interposer son image entre l’univers et la conscience qu’elle en prend (p.307). "
]IL AJOUTE À PROPOS DES HOMMES DE LETTRES
DE L’ENTRE-DEUX-GUERRES MONDIALES : 1918-1939[ :
+ "Voici une corbeille de
personnages divers, quelques-uns importants, d’autres moins, qui sont autant de
touches de couleurs dans le tableau artistique et littéraire de
l’entre-deux-guerres. Morts ou vifs, ils contribuent à la perspective (…). Et
si je glisse sur Rostand ]1868-1918[, mauvais écrivain, dont la pauvre
ingéniosité, faussement héroïque, et le boursouflement lyrique sont d’ailleurs
heureusement taris, si j’insiste à peine sur la métrique chronique, hideusement
symétrique, d’Henri Régnier ]1864-1936[, le pendu constipé, vous comprenez bien
que c’est par pure courtoisie. Il est à la portée de tout phasique de faire
barboter des réminiscences romantiques ]XIXe siècle[ dans le jargon
contemporain ]du
XXe siècle ". [(p.189, 214).
B- Les hommes de lettres et
les mémoires témoins du XXe siècle, dans «L’esprit frappeur : CARNETS 1914/ 1973» de
Georges Henein (1906-1973), Paris, Ed. Encre, 1980
:
Dès l’introduction de «L’esprit
frappeur : CARNETS 1914/ 1973» signée le Caire, 1958, Georges Henein
stipule d’emblée : "De si loin que l’on revienne, ce n’est jamais
que de soi-même. Un journal est parfois nécessaire pour dire qui l’on a cessé
d’être." (p.7). Des hommes de lettres et des
mémoires témoins du XXe siècle, il dénonce en particulier l’inanité
en clamant :
+ "G.H. ne portait aucun
masque. Son visage se dérobait à la lumière crue. Que cette époque est riche de
personnages à la fois typés et insaisissables ]hommes de lettres[ (…) ! Le grand écrivain est fuyant. Vous êtes en
avance, il est en retard. En retard de deux millénaires ]XXe siècle[ (…). La vérité, c’est que les hommes
ont plein la bouche de leur histoire, qu’ils geignent sur le passé quand le
présent défie leur mémoire, hélas, que l’extase d’une sensation prénatale ou
d’une fête intemporelle ne peuvent guère
interrompre le déferlement de sang qu’on appelle existence. "(pp.219-221).
] CONCERNANT LES HOMMES DE LETTRES DU XXe siècle , G. HENEIN DÉNONCE AVEC IRONIE[ :
+ "Tout le monde y passe.
Chacun en prend pour ses prétentions à la vérité : Mauriac ]1885-1970 [, Aragon ]1897-1982[ , et sa Triolette ]1996-1970[, Sartre ]1905-1980[, (que
Céline n’appelle jamais autrement que Tartre),
Minou Drouet ]1955[, les Tartares ]déportés par Staline : 1944-1945[, Truman ]1884-1972[, Montherlant
]1896-1972[, et j’en oublie des dizaines (…). Chose étrange,
Céline ]1894-1961[, me fait songer à Bossuet ]1627-1704[ (…). Je
n’hésite pas à tenir Céline pour le Bossuet de la voierie contemporaine ]XXe
siècle[."
(p.128).
2- Les hommes d’Etat et les mémoires témoins du XXe
siècle :
Dans son allocution, Régis Debré,
président du jury du livre politique 2008, affirme : "Un présent excitant, mais
sans traces ni lendemain. Ceux qui l’ont faite, l’histoire, nous ont légué, et
ce n’est pas un hasard, des Mémoires d’Etat – pensons à Joinville, à Sully, à
Richelieu, à Louis XIV, à Guizot, à Thiers, tous historiens ou mémorialistes.
Et ceux qui ont fait la République furent aussi des lettrés passés de la
bibliothèque au forum, Saint-Just, Lamartine, Clemenceau, Jaurès, Blum,
Mitterrand." - "LA
JOURNÉE DU LIVRE
POLITIQUE", www.assemblee-nationale.fr, p.1. Nous nous reporterons
en cela à : «LE COURAGE DANS LA POLITIQUE» (1955) de John F. Kennedy (USA) et «L’aveu» (1968)
d’Artur London (Tchécoslovaquie) :
A- Les hommes d’Etat et les
mémoires témoins du XXe siècle, dans «LE COURAGE DANS LA POLITIQUE» (1955) de John
F. Kennedy (1906-1973), Traduction Yvonne Guilloux,
Paris, Ed. Séquoia, 1980 :
Le règne de l’individu universel est,
selon Luc Ferry et Alain Renaut, de redonner sens au sujet, à la raison et à
l’éthique qui régissent son existence au XXème siècle. ״ Comment
comprendre la présence conjointe, dans notre univers intellectuel, se
demandent-ils, d’une condamnation de la subjectivité fondatrice, comme racine
lointaine de l’asservissement totalitaire ou technocratique, et le recours,
pour décrire et dénoncer cet asservissement, à une certaine idée de l’être
humain comme celui auquel, se trouve refusé toute possibilité (et donc tout
droit) d’être le fondement de ses propres pensées et de ses propres actes,
d’être un sujet et non point un objet, support chosifié d’une manipulation
infinie ?״ – ״ L’idéologie allemande Homo Aequalis II. France-Allemagne
et retour, 1991״ de Louis Dumont, l’Essai, Op.cit., pp.125-126. C’est ce à
quoi s’affronte J.-F. Kennedy dans «LE COURAGE DANS LA POLITIQUE» :
+ ״ En 1955, écrit John William Ward,
lorsque Harper and Brothers publiaient « Le courage dans la politique »,
John F. Kennedy était « Jack » Kennedy, jeune sénateur de l’Etat du
Massachusetts. Si l’auteur n’avait poursuivi sa carrière jusqu’à la présidence
des Etats-Unis et surtout, s’il n’avait pas été assassiné à Dallas avant
d’avoir pu faire jouer, dans l’exercice de ses fonctions, toute la passion
qu’il avait apportée à la présidence, « Le courage dans la politique »
« Le courage dans la politique » ne serait guère qu’un livre
intelligent et intéressant dont on se souviendrait peut-être, mais sans que ce
souvenir soit chargé de sentiments intenses qu’il suscite aujourd’hui. ״ –
« AUTEURS
AMERICAINS CONNUS ET MECONNUS, NOUVLLES PERSECTIVES » de Hennig Kohen, Montrouge, Ed.
Nouveaux Horizons, 1976,
p.418. On pourrait en citer à
titre d’exemples :
[LORSQU’IL
MENTIONNE LE COURAGE POLITIQUE D’HOMMES D’ÉTAT AMÉRICAINS PASSSÉS ET
CONTEMPORAINS] :
+ ״ Les héros de Kennedy, ajoute
W. Ward, ont, bien entendu leurs propres critères, dont la plupart ont leur
valeur et sont universellement reconnus. Edmond G. Ross, du Kansas, déserte,
pendant la
Reconstruction , l’aile extrémiste du partie Républicain parce
que celle-ci essaie de faire destituer le résident Andrew Johnson [1808-1875],
par le Congrès (…). Il défendit
fermement ses positions au nom de sa foi en la doctrine de la séparation des
pouvoirs, instituée par la
Constitution , car il était convaincu que (…) le pouvoir
exécutif deviendrait le jouet des
caprices du Congrès et que l’équilibre du système défini dans la Constitution par les
pères fondateurs serait détruit. ״ – Op.cit., pp.424-425. Ou
bien dans :
+ ״ Décrivant
l’opposition du sénateur libéral mais isolationniste du Nebraska, George W.
Norris, remarque W. Ward, à l’engagement international [à la
SDN :1919] de Woodrow Wilson [1856-1924], Kennedy note :
«Qu’importe, aujourd’hui, de savoir si Norris avait raison ou tort. Ce qui
compte, c’est le courage avec lequel il a soutenu ses convictions.» ״ –
Ibid. Ou encore:
+ ״ Robert
Alonzo Taft, (…), rapporte Ward, sénateur conservateur de l’Ohio, fit un
geste de provocation gratuite pour
attaquer la légalité des procès de Nuremberg contre les criminels de guerre
nazis [1939-1945]. Rien ne justifiait cette prise de position. Ce faisant,
Taft compromettait les chances qu’il avait d’être nommé candidat à la
présidence par son parti, ambition suprême de sa vie politique .״ – Ibid.,
p.25.
Pour en résumer
la portée de témoignage mémorielle du XXe siècle , Ward
conclut : ״ Surgie des ombres de la mort [1917-1963], la personnalité de
Kennedy revit et s’exalte dans la mémoire, le cœur et l’esprit de ses
concitoyens. Elle a pris la valeur d’un symbole, elle incarne l’idéal, les vœux
et les aspirations que les Américains souhaitent pour leur pays et pour
eux-mêmes. ״ – Op.cit., p.417.
B- Les hommes d’Etat et les
mémoires témoins du XXe siècle, dans «L’AVEU» d’Artur London (1915-1986), Paris, Ed. G, 1968
:
A propos des hommes d’Etat et les mémoires témoins du XXe
siècle, dans les mémoires témoins du XXe
siècle, dans «L’AVEU» d’Artur
London, il serait loisible d’évoquer avec Régis Debray cette réflexion d’André Malraux
(1901-1976), tirée de la bouche de Garine, le héros de son roman les «Conquérants» (1928) : ״ «Quels ivres valent la peine d’être écrits,
hormis les Mémoires ?», demandait Garine dans les Conquérants. On
sait que les Mémoires d’hommes d’Etat ressemblent trop à des plaidoyers pro
domo – il y a des exceptions, heureusement -, pour marquer durablement
l’histoire littéraire, qui était jusqu’à il y a peu le moins précaire, le moins
friable de nos héritages. Il faut choisir entre deux types de
candidature : l’une au pouvoir immédiat et tangible, mais combien fugace,
l’autre, à la longévité des imaginaires, qui fait les vraies emprises [v.
procès].״ –
Op.cit., p.3. Ce dont A. London, ex-Vice-ministre des Affaires étrangères
tchécoslovaque, tombé et discrédit et réhabilité (1951-1956) témoigne
pathétiquement dans ces extraits de «l’Aveu» :
+ ״ Ossik – Osvald Zavodsky, le chef de la Sécurité d’État – est mon
ami depuis la guerre d’Espagne et la Résistance en France [1936-1945]
(…). Notre passé commun devrait être pourtant à ses yeux une garantie (…). Au
ministère des Affaires étrangères, ma situation devient intenable .״
(p.15).
[PUIS CE FUT SON
ARRESTATION DANS UNE RUE DE LA CAPITALE] :
+ ״ Trois cents mètres plus loin [filé en
voiture], au moment où je m’engage dans la ruelle qui longe le Palais
Toscan, une des voitures me double, me fait une queue de poisson et, s’arrêtant
piles, me barre la route. Six homes armés jaillissent des deux voitures,
m’arrachent de mon siège, me passent les menottes et me jettent dans la
première voiture qui part en trombe. J’exige de savoir qui sont ces hommes. On
me bande les yeux. « Ferme-la ! Ne pose pas de questions ! Tu sauras
assez tôt qui nous sommes ! »״ (p.26).
[APRÈS LA MORT DE STALINE EN 1953, L’ÉTAU DE
L’OPPRESSION SE DÉSSERT ET A. LONDON TENTE DE SE RÉABILITER] :
+ ״ «À Ceux de mes camarades qui
disent : ‘Il aurait fallu tenir !’ je rappelle que j’étais entre
les mains du Parti, accusé, jugé, condamné par lui… Dans de telles conditions,
comment se battre si l’ennemi qui est devant vous est le Parti et les
conseillers soviétiques et que toute ‘lutte est considérée comme une lutte
contre le Parti et l’Union Soviétique’ ? (…).
« Quelques mois après avoir écrit
et transmis ces dernières pages, le discours prononcé par Khrouchtchev [1894-1971],
en février 1956, au XXe Congrès du Parti de l’Union soviétique,
confirmera le contenu de mon rapport (…). En octobre, la commission m’annonce
que le Bureau politique statuera prochainement sur mon sort. ״
(pp.606-607).
3- Les
hommes et les femmes anonymes et les mémoires témoins du XXe siècle :
De ce qui est des hommes et
des femmes anonymes et les mémoires témoins du XXe siècle, on
relève dans Wikipedia : ״ L’expérience des camps de concentration a donné lieu à de nombreux
témoignages (…). Régulièrement des personnalités anonymes entreprennent
d’écrire leurs mémoires en raison de leur vie édifiante, de la singularité de
leur profession [vie] passée, de leur ancienne appartenance à une organisation
[incarcération injuste] criminelle …״ – Op.cit., p.2-3. C’est le cas dans: (1950) d’Anne Frank, «Papillon»
(1969) de Henri Charrière (Venezuela), «Mémoire illettrée d’une
fillette d’Afrique du Nord à l’époque coloniale» (1979) de Katia Rubinstein
(Tunisie).
A- Les hommes et les femmes anonymes et
les mémoires témoins du XXe siècle dans «Journal de
Anne Frank» :
Dans sa conclusion de sa biographie, Ernest
Schnabel écrit à propos du «Journal de Anne Frank» d’A. Frank et de
ses semblables, victimes des camps de concentration nazis (1939-1945) : Une entre des millions de
voix qui se sont tues. Elle nous apprend comment des millions d’êtres ‘ont
parlé, mangé, vécu’.
La voix survit seule aux cris des assassins et
domine les voix du temps [XXe siècle].״ – «Sur les traces d’Anne Frank », Op.cit., p.202. Par
ailleurs, Daniel- Rops (1901 – 1965) notait dans la préface du livre :
"Anne Frank n’en n’était pas encore à l’âge où, écrivant ]à 13 ans [ un journal, un adulte (surtout s’il est homme de lettres) pose devant
la glace et pense à la postérité (…). Même des Allemands, même des nazis, elle
parle sur un ton qui montre qu’elle n’avait point désespéré des hommes ]du XXe siècle[ ." (pp.7 - 8). En est témoins les passages suivants de
journal :
+ "Ma sœur Margot naquit en
1926 à Francfort-sur-le-Main ]en
Allemagne [. Et
moi, le 12 juin 1929. Etant juifs à 100%, nous émigrâmes en Hollande en 1933
(…). Bien sûr, la vie n’était pas sans émotions pour nous, puisque le restant
de notre famille était encore aux prises avec les mesures hitlériennes contre
les juifs. A la suite de la persécution de 1938, mes deux oncles maternels
s’enfuirent, et arrivèrent sains et saufs aux Etats-Unis (…). Après
1940, notre bon temps allait rapidement prendre fin : la capitulation, et
l’invasion des Allemands nous amenant la misère." (pp. 16-17).
]A.
FRANK FAIT ENSUITE IRONIQUEMENT ŒUVRE DE PROPHETIE SUR LA DETRESSE DES VIVANTS ET
DES MORTS DONT ELLE-MêME, EN 1945,
DE LA SECONDE GUERRE DU XXe SIECLE [ :
+ "Des centaines d’avions survolent
la Hollande pour bombarder et mettre en ruine les villes allemandes ; et
chaque heure, des centaines d’hommes tombent en Russie et en Afrique du Nord
]v. Maroc,
1943[. Personnes
n’est à l’abri, le globe entier est en guerre, et bien que les alliés gagnent
du terrain, on n’en voit pas encore la fin (…). Nous sommes tellement égoïstes
que nous nous permettons de parler de «l’après-guerre », en nous
réjouissant de perspective de vêtements neufs et de souliers neufs, tandis
que nous devrions économiser chaque sou pour sauver les gens en détresse après
la guerre, ou du moins tout ce qui reste à sauver." (p.88).
B- Les hommes et les femmes anonymes et
les mémoires témoins du XXe siècle dans «Papillon»
de Henri Charrière :
Parmi les hommes et les femmes anonymes et
les mémoires témoins du XXe siècle, il y a Henri Charrière
dans «Papillon». Jean-François Revel écrit à ce propos en post-face
de ce mémorial d’ex-forçat anonyme : "Il semble doc que ce texte à la
fois narratif et non documentaire, objectif et poétique, fait de mémoire ou
d’imagination (car en l’espèce la différence importe peu) ne puisse
réapparaître désormais que de façon sporadique, de loin en loin, en quelques
livres aberrants, imprévisibles, hors l’histoire ]du XXe siècle [, impossibles à susciter, à prévoir." (pp.515-516). H. Charrière
en restitue à propos de la barbarie inhumaine du monde carcéral notamment :
+ "J’examine la cellule où l’on
m’a fait entrer. Jamais je n’aurais pu supposer, ni imaginer, qu’un pays comme
le mien, la France, mère de la liberté dans le monde entier, terre qui a
accouché des Droits de l’homme et du citoyen, puisse avoir, même en Guyane
française, sur une île perdue dans l’Atlantique, grande comme un mouchoir de
poche, une installation aussi barbarement répressive que la Réclusion de
Saint-Joseph (…). Je pense immédiatement : « Ici, à la 234, va
essayer de vivre sans devenir fou Charrière, dit Papillon, pour une peine de
deux ans, soit sept cent trente jours. A lui de démentir le surnom de
« mangeuse d’hommes » qu’a cette Réclusion." (p.242).
]CONDAMNE INJUSTEMENT AU BAGNE A VIE, IL EST LIBERE, 13
APRES, EN A LA SUITE D ’UN PUTCH SURVENU
AU VENEZUELA EN 1944
[ :
+
"C’est à cause d’une révolution que je me trouve à la veille d’être
libéré. Un coup d’Etat, moitié civile moitié militaire ]v.1948 [, a fait tombé le président de la République de son fauteuil, le général
Angarita Medina, l’un des plus grands libéraux qu’a connu le Venezuela. Il
était si bon, si démocrate qu’il n’a pas su ou voulu résister au coup d’Etat
(…).Certainement que ce grand militaire démocrate n’était au courant de ce qui
se passait à Elderado ]le
bagne [.
De
toute façon, un mois après la Révolution, tous les officiers sont changés. Une
enquête est ouverte sur la mort du « ronque » par la « purge ». Le directeur et
son beau-frère disparaissent pour être remplacés par un ancien diplomate -
avocat.
- Oui, Papillon, je vais vous mettre en
liberté demain, mais je voudrais que vous emmeniez ce pauvre Picolino à qui
vous intéressez (…). J’espère qu’avant cinq ans vous serez mon compatriote par
une nationalisation qui vous donnera une nouvelle patrie. Que Dieu vous
accompagne !" (pp.504-505).
C- Les hommes et les femmes anonymes
et les mémoires témoins du XXe siècle dans «Mémoire
illettrée d’une fillette d’Afrique du Nord à l’époque coloniale» de
Katia Rubinstein :
On lit sur la quatrième de couverture de «Mémoire
illettrée d’une fillette d’Afrique du Nord à l’époque coloniale» de
Katia Rubinstein une autre empreinte des femmes anonymes et des mémoires
témoins du XXe siècle relatant : "Tunis à l’époque
coloniale ]1881-1956 [, vue par une petite fille du quartier du Port (…). Parallèlement
pourtant, le fait colonial ]au XXe siècle [, et son cortège de misères, le puritanisme de son
éducation lui inoculent le virus de la honte et de la culpabilité (…). Avec
l’indépendance de la Tunisie, c’est l’émigration à Paris : confronté à la
réalité, le mythe s’écroule et laisse brutalement l’adolescente déracinée face
au néant (…). Un voyage poétique au Pays de la Mémoire où l’écriture, aux mains
d’une fillette, redevient jeu et musique." A cet égard K.
Rubinstein évoque à travers des coupures de presse:
]SUR L’INDEPENCE DU MAGHREB [ :
+ "Le 1er Janvier 1952
PROCLAMATION OFFCIELLE DE LA LIBYE
COMME ETAT INDEPENDANT ET SOUVERAIN."
(p.129).
"DECLARATION COMMUNE FRANCO -
MAROCAINE
PROCLAMANT L’INDEPENDANCE DANS
L’INTERDEPENDANCE
]1955-1956 [."
"L’INDEPENDANCE DE LA TUNISIE
PROCLAMEE ]1956 [." (p.255).
]SUR LE RESTE DU MONDE LIBRE[ :
+ "LE PACTE ATLANTIQUE ]1949 [.A ETE SIGNE HIER. M. Truman
] 1884 -1972 [
affirme : « UNE TROISIEME GUERRE MONDIALE
POURRA ÊTRE EVITEE GÂCE A CE
TRAITE »." (p.23).
"VIVE EMOTION A LONDRES.
LE CHAH SIGNE LES DECRETS DE
NATIONAZLISATION DES
PETROLES IRANIENS ]1951[." (p.82).
"L’EGYPTE DéNONCERAIT DANS UNE DIZAINE DE JOURS LE
TRAITE DE 1936.
L’ambassadeur des Etats-Unis en
Egypte. La démarche américaine avait
pour but de tenter un nouvel effort
afin de persuader le gouvernement
égyptien d’assouplir son attitude dans
la question du contrôle de la
navigation dans le canal de Suez ]1956
[."
(pp.89-90).
"BERLIN-EST SE REVOLTE CONTRE LE
GOUVERNEMENT
COMMUNISTE.
Les troupes soviétiques appuyées par
des tanks interviennent contre les
Manifestants ]1948-1949
[." (p.150-151).
IV- Les mouvements contestataires et
leurs héros dans les mémoire témoins du
XXe siècle :
A
considérer la quatrième de la couverture de «L’esprit frappeur : CARNETS 1940/ 1973» de Georges Henein, il y a lieu de
commémorer les mouvements contestataires et leurs héros dans les mémoire
témoins en tant qu’aventure du XXe siècle. « La mémoire, y
relève-t-on, elle aussi, a ses marges jaunies, propices à tous les
dépaysements. Dans cette frange baignée d’un jour incertain qui ni tout à fit
l’aube, ni déjà le crépuscule, le passé garde une jeunesse médusante, le passé
demeure un aventure." Cela nous amène à évoquer notamment les mouvements
contestataires autour des héros comme Alfred Dreyfus (1859-1935), Nicola Sacco
(1891-1921) et Bartolomeo Vanzetti (1888-1921), Julius Rosenber (1918-53) et
Ethel Rosenberg (1915-1953) et Mai 1968, dans «L’aveu» (1968)
d’Artur London, «Papillon» (1969) de Henri Charrière, «Souvenirs
littéraires» (1968) de Léon Daudet, «Mémoire illettrée d’une
fillette d’Afrique du Nord à l’époque coloniale» (1979) de Katia Rubinstein
et «L’esprit frappeur : CARNETS 1940/ 1973» de Georges Henein. Ainsi verra-t-on chronologiquement :
A- Les mouvements contestataires et
leurs héros dans les mémoire témoins du
XXe siècle autour d’Alfred Dreyfus dans «Souvenirs
littéraires» de Léon Daudet :
Kléber Haedens écrivait dans la préface
de «Souvenirs littéraires» de Léon Daudet à propos de l’implication
dans le mouvement contestataire en France autour de l’affaire Dreyfus, en
précisant : "Drumont, la France juive (1886), la fondation de la
Libre Parole (1882), tout cela, bientôt compliqué par l’affaire Dreyfus, devait
entraîner Léon Daudet dans un courant dont il mettrait longtemps à sortir (…). Dans
Paris vécu (1930), Léon Daudet déclare avec fermeté qu’il s’est depuis
longtemps détaché de l’antisémitisme." (12). On pourrait lire dans «Souvenirs
littéraires» à ce sujet en corrélation avec Emile Zola (1840-1902) l’auteur
de "J’accuse" dans l’Aurore (1898) et d’Edmond Goncourt (1822-1896) :
+ "Ayant besoin d’un patron, Zola
choisit Claude Bernard et, à distance, cela est d’un joli comique (…). Dès ses
débuts, il avait déifié la
Vérité , l’avait campée, la plume à la main, entre le dépotoir
et la morgue et n’entendait pas qu’on le contredît là-dessus (…). Capable de
dissimulation, il détestait Edmond Goncourt, qui le lui rendait bien. Goncourt
était (…) un aristo. Avant « la France juive » ] l’affaire Dreyfus [, il méprisait les juifs. Son
horreur du parlementarisme était absolue. La démocratie e faisait positivement
vomir." (p.54).
Il s’agissait précisément, d’A. Dreyfus
(1859-1935), capitaine français, qui fut condamné, en décembre 1894, au bagne
(en Guyane, île du Diable), pour espionnage au profit de l’Allemagne. En 1896,
le commandant Picquart accusa le commandant Esterhazy, qui fut acquitté. La
famille Dreyfus mena campagne et Zola publia dans l’Aurore, en janvier 1898,
une lettre ouverte au président de la République (« J’accuse ») et
fut condamné à un an de prison ferme. Cela fit éclater l’Affaire Dreyfus. La
France fut partagée en dreyfusards et antidreyfusards. En 1906, le jugement, reposant
sur un faux dû au colonel Henry, fut cassé et Dreyfus réintégra l’armée. En
1930, on découvrit que le coupable était Esterhazy – « D.H.»
2003, Ed. Hachette, 2002, p.495.
B- Les mouvements contestataires et
leurs héros dans les mémoire témoins du
XXe siècle autour de Sacco
et Vanzetti dans «L’aveu»
d’Artur London :
Historiquement, l’affaire Sacco et
Vanzetti fut une affaire judiciaire américaine. Elle eut pour héros deux
anarchistes, immigrés italiens, Nicola Sacco (1891-1927) et Bartolomeo Vanzetti
(1888-1927), condamnés à mort pour meurtre en 1921 et exécutés en 1927 sans que
leur culpabilité dans un hold-up fût prouvée. Le mouvement contestataire de
soutien de leur cause recouvrit toute l’Europe – Op.cit., p.1434. Du fait, les
mouvements contestataires et leurs
héros dans les mémoire témoins du XXe siècle s’articule ici autour
de Sacco et Vanzetti tel qu’on le constate dans ce passage de «L’aveu»
d’Artur London :
+ "Je me retourne vers ma propre
enfance. Ma prise de conscience avait commencé avec l’affaire Sacco - Vanzetti,
quand cramponné à la main de mon père, j’essayais de chanter, à l’unisson des
centaines d’hommes et de femmes qui m’entouraient, l’ «Internationale »
dont je commençais à connaître les paroles. On avait assassiné Sacco et
Vanzetti malgré l’immense cri de protestation qui avait secoué le monde :
ils étaient innocents ! " – Op.cit., pp. 367-368.
C- Les
mouvements contestataires et leurs héros dans les mémoire témoins du XXe
siècle autour des Rosenberg dans «Mémoire illettrée d’une
fillette d’Afrique du Nord à l’époque coloniale» de Katia Rubinstein :
Quant aux mouvements contestataires et
leurs héros dans les mémoire témoins du XXe siècle autour des
Rosenberg dans «Mémoire illettrée d’une fillette d’Afrique du Nord
à l’époque coloniale» de Katia Rubinstein, il serait nécessaire pour plus
de clarté de rappeler l’affaire judiciaire américaine qui eut pour héros Julius
Rosenberg (1918-1953) et sa femme Ethel Rosenberg (1915-1953) qui furent accusés
d’avoir transmis des « secrets atomiques » aux soviétiques. Ils
furent condamnés à mort par électrocution, sans preuves suffisantes, malgré un
large contestation international de soutien pour leur cause – « D.H.»,
Op.cit., p.1417. Laconiquement, K. Rubinstein en rapporte la manchette
suivante :
+ "LES ROSENBERG SONT EXECUTES"
(p.150).
D- Les mouvements contestataires et
leurs héros dans les mémoire témoins du XXe siècle autour de
mai 1968 dans «L’esprit frappeur : CARNETS 1940/ 1973» de Georges Henein :
Pierre-Henri Simon écrit à propos du
mouvement contestataire de Mai 1968 de façon exaltante : "Je pense
que l’on voit mieux les choses en pensant que la contestation est un moyen
nécessaire de la culture ; car que ferions-nous et que serions-nous sans
la fonction critique qui nous apprend à distinguer le faux du vrai, le poison
du remède, le conformisme sociologique de la transcendance spirituelle, et la
sagesse pratique de Créon de l’héroïsme d’Antigone (…). Ce qui m’a touché, dans
la révolte de la jeunesse en mai 1968 et ce qui m’en fait espérer un bien, ce
n’est pas la violence doctrinaire de la contestation, mais ce qui l’animait
sourdement dans les cœurs : un besoin de sympathie, une force d’amour, un
goût de bonheur, un sentiment de justice." – « PARIER POUR l’HOMME », Paris, Ed. du Seuil, 1973,
p.110. Ce à quoi semble faire écho G. Henein dans cet extrait de L’esprit
frappeur : CARNETS 1940/ 1973» :
+ "MAI 1968
DESOBEISSANCE…Aurore boréale dont on ne
fera jamais un crépuscule (…).
André Breton ]1896-1966[ n’a pas vécu le moment de délire partagé qu’il avait
le plus attendu, ce mois de Mai, de 1968, où toutes les écoles étaient abolies,
sauf celle d’un certain surréalisme. Le hasard pour ne fois maléfique, lui a joué un
vilain tour de le faire mourir avant." (p.198).
V- Les espoirs déçus et les défis à
relever dans les mémoires témoins du XXe
siècle :
Concernant les espoirs déçus et
les défis à relever dans les mémoires témoins du XXe siècle, P.-H.
Simon remarque avec dépit : "On ne saurait être persuadé plus que je
le suis que tout ce que nous savons de plus certain de l’histoire est que son
étoffe est tragique et non logique ; je ne prophétise pas que cette loi
d’airain ne s’assouplira pas dans un avenir meilleur ]espoirs déçus [, mais je constate que le spectacle du temps présent ]XXe siècle [ le confirme : le socialisme, à peine s’est-il intégré dans une
nation, accepte les règles du jeu de la volonté de puissance et la raison d’Etat ;
et libération des peuples colonisés change les formes de l’inégalité et les
modes de l’oppression plutôt qu’elle ne les supprime." - « PARIER POUR l’HOMME », Op.cit., pp.32-33. Dans
cette perspective, les mémoires étudiées révèlent placidement et espoirs déçus
et défis à relever du XXe siècle finissant.
A- Les espoirs déçus et les
défis à relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans «Journal
de Anne Frank» (1950) :
L’implication des mémorialistes dans
l’histoire de leur temps est, selon Wikipedia, est signe de leur engagement
spirituel et politique : "La frontière devient floue entre journal,
mémoires, souvenirs et récits autobiographiques. Certaines œuvres restent des
mémoires de tradition. «Charles de Gaules (1890-1970) est l’auteur de
« Mémoires de guerres » et de « Mémoires d’espoir », œuvres
consciencieuses, ornées d’un grand style (…). Certains leaders spirituels et
politiques, Gandhi ]1869-1948 [, Nehru ]1889-1964 [ , Thomas Edward Lawrence ]1885-1930 [ , Tenzin Gyatso (l’actuel Dalaï
lama – né en 1935) ou Malcolm X ]1925-1965 [ , ont laissé des autobiographies
engagées." "Caractéristiques du genre", Op.cit., p.1. Sur
les espoirs déçus du XXe siècle, citons notamment :
Du fait, les espoirs déçus et les défis
à relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans «Journal
de Anne Frank» s’articulent autour de Churchill ]1874-1965 [, et de Gandhi ]1869-1948 [,
symboles de la libération des colonisés de la non-violence et de la paix dans
le monde. Elle les évoque dans ce passage en 1943 :
+ "Pim s’attend au débarquement
d’un jour à l’autre. Churchill a eu une pneumonie, dont il s’est rétabli
lentement. Gandhi, le libérateur des Indes, fait la grève de la faim, une fois
de plus." (p.92).
B- Les espoirs déçus dans les mémoires
témoins du XXe siècle dans «LE COURAGE DANS LA POLITIQUE» de John F. Kennedy (1961) :
Par ailleurs, les espoirs déçus et les
défis à relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans
«LE
COURAGE DANS LA POLITIQUE» de John F. Kennedy s’articulent autour de la garantie de l’Etat de
droit et de la liberté individuelle, tel que le résume John William Ward :
+ "L’intégrité du système
politique tel qu’il est incarné dans la
Constitution, le respect de la suprématie du droit, la croyance en une
supériorité de la loi qui transcende les vœux de la majorité passagère, voilà
des bases estimables sur lesquelles peut se fonder une action, et bien des
Américains se trouvent à l’aise sur ces bases (…). Répétons-le, le sujet que
traite Kennedy, ce n’est pas la sagesse ou le bon droit dans l’action
politique. C’est le courage qu’il faut pour agir." – Op.cit., p. 426.
C- Les espoirs déçus et les défis à
relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans «Souvenirs
littéraires» de Léon Daudet (1968) :
De plus, les espoirs déçus et les défis à
relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans «Souvenirs
littéraires» de Léon Daudet s’articulent autour de la démocratie, le prix
des denrées la vie cause d’une grande guerre et la lutte contre le crime
organisé sévissant de par le monde. On y relève par exemple :
]AU SUJET DE LA DEMOCRATIE ET DE SES LIMITES[ :
+ "Le 16 novembre 1919, j’ai été
élu, au scrutin de liste, député du troisième secteur de Paris (rive gauche et
XVIe arrondissement). Entendons-nous bien, député ROYALISTE, et au
cri de « Vive le roi ! ». Ce fut chez les républicains une
stupeur générale. On n’imaginait pas qu’un tel événement fût possible (…). Je
me rendis compte que deux principe commandent aux assemblées
démocratiques : l’ignorance et la peur (…). A l’heure où j’écris, tout
homme de bonne foi doit conclure à l’antinomie fondamentale de la patrie et de
la démocratie (…). Clémenceau se retirant, un cabinet Millerand lui succéda
(…). C’était détruire, dès le début, la portée des élections nettement réactionnaires
du 16 novembre, et ramener dans la place l’ennemi." (pp.446-447).
]AU SUJET DU COÛT DE LA VIE ORIGINE DE LA GUERRE [ :
+ "D’Avenel se donne comme
« bien pensant » - pour employer l’horrible formule des conservateurs
-, mais il flatte les puissants du jour et nul ne s’esclaffe comme lui aux plus
séniles plaisanteries (…). Sa grande idée, c’est que la question du ventre, le
taux de l’argent, le prix des denrées mènent le monde ; que la politique
est subordonnée à l’économique, et que la crise du pain, du coton ou celle du
charbon ont plus d’importance qu’une grande guerre." (pp.239-240).
]AU SU SUJET DE LA LUTTE CONTRE CRIME ORGANISE
SEVISSANT DE PAR LE MONDE [:
+ "Crime de la nature, crime de
l’homme, c’est tout un (…). Nul ne sait. Nous n’en sommes encore qu’aux
hypothèses. En voici une : dans le courant de l’année 1912, se forma,
agit, puis se dissipa une association de malfaiteurs, dite « bandits en
automobile », d’une audace extraordinaire (…), qui répandit la terreur
pendant plusieurs semaines,sema la mort violente, et disparut elle-même dans la
mort violente, avec un courage stupéfiant (…). On parlait d’un bandit du nom de
Bonnot (…). Des paris s’engageaient : quel est le chef ? Je croyait
que c’était Bonnot (…). J’ai assisté à la prise et la mort tragique de Bonnot,
dans une petite bicoque en planches, près de Choisy-le-Roi …"
(pp.388-391).
D- Les espoirs déçus et les défis à
relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans «L’aveu»
d’Artur London (1968) :
De la même manière, les espoirs déçus et
les défis à relever dans les mémoires témoins du XXe siècle s’articulent
autour de la S.D.N. et des procès de Moscou (1934) tel que les décrit
ces extraits de «L’aveu» d’Artur London :
]AU TEMPS DE LA S.D.N. ET SA MISSION PACIFIQUE PENDANT
LA GUERRE CIVILE EN
ESPAGNE[ :
+ "« De cette manière, les
référents ]les
agents de la police politique [ finissent par faire de chaque accusé un
loup pour les autres. Ces méthodes infernales ont pour résultat de faciliter la
fabrication en série des faux les plus grossiers, les plus abominables sur
votre « trahison » et vos « crimes » (…). On la formule
ainsi :
« London a rendu possible
l’entrée de la Commission
internationale de la S.D.N. dans les campements où se trouvaient les
volontaires tchécoslovaques pour lui permettre de s’entretenir individuellement
avec eux, leur faire remplir des questionnaires… C’est ainsi qu’il a pratiqué
l’espionnage à l’échelle internationale… Je ]A.
London [ me souviens de ces jours
d’automne 1938 où, sur proposition du gouvernement républicain espagnol, la
Société des Nation avait décidé le retrait de toutes les forces étrangères d’Espagne.
Pour vérifier l’application de cette décision par les deux parties
belligérantes, une Commission internationale fonctionnait tant sur le
territoire occupé par Franco qu’en territoire républicain.» " (p.166).
]AU SUJET DES PROCES
DES PURGES POLITIQUES A MOSCOU (1934)
ET A PRAGUE (1951) SOUS REGIMES TOTALITAIRES [ :
+ "Pendant tant de mois ]de
détention [ , ce qui m’a tenu, c’est la pensée de pouvoir, au cours du
procès, dénoncer publiquement les illégalités (…). Et je ne suis pas le seul à
reconstituer dans ma mémoire les procès de Moscou, pour tenter d’y découvrir
des moyens de résistance, ou plutôt les pièges qu’on peut encore nous tendre
(…). Mais cela ne marche pas. Ceux qui ont inventé la conspiration, ont pris
soin d’inventer tout ce qui doit l’accompagner, la garnir, l’habiller en fait
d’espionnage, d’assassinats et autres crimes (…). Je revois malgré moi le
Moscou du temps des purges et des procès." (p.359).
E- Les espoirs déçus et les défis à
relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans «Papillon»
de Henri Charrière (1969) :
En outre, les espoirs déçus et les défis à
relever dans les mémoires témoins du XXe siècle dans «Papillon»
de Henri Charrière s’articulent autour de la démocratie, le chômage, la
corruption et de la liberté de la presse. On en décrypte la trace dans les
extraits suivants :
]AU
SUJET D’UN EXEMPLE DE DEMOCRATIE LIBERALE NAISSANTE [ :
+ "Un coup d’Etat, moitié civil moitié
militaire, a fait tomber le président de la République de son fauteuil, le
général Angarita Médina, l’un des plus grands libéraux qu’a connu le Venezuela.
Il tait si bon, si démocrate, qu’il n’a su ou voulu résister au coup d’Etat. Il
s’est catégoriquement refusé, paraît-il, à faire couler le sang entre
Vénézuéliens pour se maintenir à son poste." (p.504).
]AU SUJET D’UN SYSTEME JURIDIQUE CORROMPU PAR LA CUPIDITE [ :
+ "En effet, si je ]H. Charrière [suis innocent du meurtre pour lequel un procureur, des poulets et douze
fromages m’ont envoyé aux durs, cela n’a pu se faire que parce que j’étais un
truand. C’est parce que j’étais vraiment un aventurier que, facilement, on a pu
tisser autour de ma personnalité ce fatras de mensonges. Ouvrir les
coffres-forts des autres n’est pas une profession bien recommandable et la
société a le droit et le devoir de se défendre (…). Mon passé ne peut être
effacé d’un coup d’éponge, je dois me réhabiliter moi-même, à mes propres yeux
d’abord, et aux eux des autres ensuite." (p.506).
]AU
SUJET DU CHÖMAGE ET DES HOMMES VIVANT AU SEUIL DE LA PAUVRETE[ :
+ "Pénitence Rivers, c’est le
nom du quartier, est un coin des Indes ou de Java. Les jeunes femmes son
admirablement belles et les vieillards portent de longues robes blanches.
Beaucoup marchent pieds nus. C’est un quartier pauvre, mais tout le monde est
vêtu proprement. Les rues sont mal éclairées (…). Toute la journée, je me suis
promené dans le quartier hindou de Georgetown (…). Ici, ça va être dur, très
dur de se faire une situation acceptable. Le Guittou, Juliot Petit-Louis sont
loin d’être des imbéciles et ils travaillent pour cinq dollars par jour. D’abord
il me faut apprendre à vivre en liberté ]ex-bagnard[, résoudre toutes ces inconnues (…). Je n’ai jamais travaillé
de mes doigts. Un tout petit peu électricien. N’importe quel manœuvre
électricien en sait plus que moi. Je dois me promettre une seule chose à
moi-même : vivre proprement, tout au moins le plus dans une morale à moi."
(pp.450-451).
]AU SUJET DE LA CENSURE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE ET DU DELIT
D’OPINION [ :
+ "Au Diable, officiellement on
ne doit pas envoyer des bagnards de droit commun mais seulement les condamnés
et déportés politiques. Un vieux avec une barbe blanche, nous ]Charrière et Chang [ a croisés sur le chemin qui
fait le tour de l’île au bord de la mer. C’était un journaliste ]M. Santori[ de Nouvelle Calédonie qui, pendant la guerre de
1914, écrivait contre la France en faveur des Allemands." (pp.389-390).
F- Les
espoirs déçus et les défis à relever dans les mémoires témoins du XXe
siècle dans «Mémoire illettrée d’une fillette d’Afrique du Nord à
l’époque coloniale» de Katia Rubinstein (1979) :
D’ailleurs, En outre, les espoirs déçus et les
défis à relever dans les mémoires témoins du XXe siècle s’articulent
autour de la démocratie, l’O.N.U., la guerre israélo-palestinien, le monopole
pétrolier au Moyen-Orient, dans «Mémoire illettrée d’une fillette
d’Afrique du Nord à l’époque coloniale» de Katia Rubinstein. On y rencontre
les stigmates dans les manchettes de la presse suivantes :
]AU SUJET DES DIFFICULTES DE L’O.N.U. A RETABLIR LA PAIX DANS LE MONDE [ :
+ "PEKIN REJETTE LES
PROPOSITIONS DE L’O.N.U. pour un cessez-le-feu en Corée ]1950-1953 ["
(p.43).
]AU SUJET DU CONFLIT INTERMINABLE ISRAELO-PALESTINIEN
(DEPUIS 1949)[
:
+ "LA TRÊVE A NOUVEAU ROMPUE A LA
FRONTIERE SYRO-ISRAELIENNE
Avec discrétion, et sans rien
brusquer, la diplomatie américaine s’efforce d’être l’arbitre entre le monde
arabe et la Grande-Bretagne pour faciliter au Moyen-Orient la transition de la
tutelle britannique à la pleine souveraineté." (p.89).
]AU SUJET DU MONOPOLE PETROLIER AU MOYEN-ORIENT (DEPUIS
1953)[ :
+ "LA NATIONALISATION DES PETROLES
IRANIENS a fait l’effet d’une bombe dans tout l’Orient." (p.43).
G- Les espoirs déçus et les défis à relever dans les
mémoires témoins du XXe siècle dans «L’esprit frappeur :
CARNETS 1940/ 1973» de Georges Henein
(1980) :
D’ailleurs, les espoirs déçus et les
défis à relever dans les mémoires témoins du XXe siècle s’articulent
autour de l’étrangeté de ce siècle et les Droits de l’homme dans «L’esprit
frappeur : CARNETS 1940/ 1973» de Georges Henein.
L’auteur préconise notamment :
]AU SUJET DE L’ETRANGETE DE CE XXe
SIECLE DE RESIGNATIONS SUBVERSIVES [
+ "Siècle étrange ]le XXe siècle [, qui tient à la fois du nid d’aigle et de la souricière, et où
l’homme finit par dire qu’il en sait trop pour être libre (…). De là vient que
tant de choses sont aujourd’hui au point mort et que les mouvements
d’émancipation ont dû, l’un après l’autre, s’installer dans un état singulier
et quelque peu morbide que je désignerai du nom de « résignation
subversive »." (p.35).
]AU SUJET DES DROITS DE L’HOMME ET DE LA MODERNITE [ :
+ "Quand les hommes tiennent lieu
d’institutions ]des
Droits de l’homme [, ils
doivent devenir des dompteurs de loups (…). L’homme ne comprend plus très bien
les machines qui les conduisent ni les chefs qui le gouvernent. Il commence sa
vie au charbon et la termine a neutron. On lui annonce que d’ici vingt ans, les
morts pourront ressusciter (…). Etre moderne consiste le plus souvent à
renoncer à tout équilibre pour mieux échapper au vertige. Quel est cet homme
qui ne relève pas des lois humaines ? " (pp.200-201).
Un véritable réquisitoire d’espoirs déçus
et de défis encore à relever se dégage de ces mémoires témoins contre le XXe siècle révolu,
touchant un déficit général en matière notamment : de démocratie, de droits
de l’Homme, de lutte contre le crime organisé, de crédibilité de la S.D.N.,
puis de l’O.N.U., de statut quo de la guerre
israélo - palestienne, de conflits de monopoles pétroliers, de prix des denrées
alimentaires, leviers économiques des guerres, de résorption du chômage et de
la pauvreté dans le monde, de besoin de réformes des systèmes judiciaires,
primauté de l’Etat de droit, etc.
En définitive, des mémoires témoins du XXe
siècle révolu et du réquisitoire lourd de conséquences des espoirs déçus et des
défis à relever futurs qui en déoulent, nous pouvons en brosser à grands traits
le tableau avec Pierre Quillet en ces mots : "La révolution est un
épouvantail délavé par les intempéries du siècle. En réalité, dans notre monde
réduit aux dimensions d’un village électronique, les pouvoirs contemporains ]anti-démocratiques [ sont bien plus vulnérables que
les despotismes d’autrefois, mais par des opérations intérieures à leurs
structures, du type « révolutions de palais », lutte de factions,
règlement de compte du « milieu », terrorisme, « entrisme »
(noyautage), lobbies, chantages… La doctrine des « sanctuaires »
(sous « parapluie nucléaire ») est tombée en dérision. Les U.S.A.
seront gangrenés par un « Black Power » réactivé, (…) par des
« Frères Musulmans » au goût d’après-demain (…). Le prix du pétrole
est calculé selon la règle du « minimax » de la théorie des jeux de
stratégie ; il en sera bientôt de même pour l’uranium. Les prétendues
« lois » de l’économie politique ne sont de plus en plus que la
simple expression de la politique économique des Etats, dont la modeste
ambition, dissimulée par des programmes déclamatoires, est seulement d’éviter
le pire." – "Histoire, guerre, stratégie", in «L’Histoire
– 2, l’écriture de l’histoire», Op.cit., pp. 108-109.
Dr. SOSSE
ALAOUI MOHAMMED
Trs bon travail.
ResponderEliminarSalutations, cher docteur Sosse Alaoui.
Ahmed Mgara