LE THÈME DE L'ATTENTAT ET DE L'ATTENTATEUR
DANS LE ROMAN MONDIAL DU
XIXe – XXIe SIÈCLES
A
propos du "thème de l'attentat et 'l'attentateur' dans le roman mondial du
XIXe – XXIe siècles", Philippe Oriol souligne : "L'acte
terroriste fascine en outre de nombreux écrivains : la 'bombe anarchiste' devient
un topos romanesque. La littérature de l'époque témoigne de la frayeur
générale et reflète différentes approches du terrorisme, qui vont de la
condamnation totale à une tentative de compréhension. Si certaines œuvres
suggèrent dans des fictions proches de l'histoire, des explications au
terrorisme, d'autres se construisent autour de clichés, faisant du terrorisme
un stéréotype littéraire (…). À l'origine de l'attentat se trouve une vision –
projection imaginaire de l'acte [anarchiste ou psychopathe] : le personnage,
d'abord, se fantasme en jeteur de bombe. Le néologisme attentateur
illustre bien la dimension tentatrice de l'image évoquée – image qui donne
naissance au projet terroriste, qui va ensuite nourrir un espoir de revanche sur la société [?]." – "La
représentation", www.chrhc.revues.org , pp.1-2. Ainsi aurions – nous à explorer
successivement :
I - Le thème
de l'attentat et l'attentateur dans le roman mondial du XIXe siècle :
Le thème de
l'attentat dans le roman mondial du XIXe siècle", nous conduit
à observer avec René Johannet : "C'est bien ce qui se passe dans de
nombreuses œuvres de fiction : les actes des terroristes y sont présentés comme
fait de déments, d'insensés [psychopathes]. Les figures d'anarchistes [anarchistes
politiques] qui apparaissent dans de nombreux romans de la fin du dix-neuvième
siècle sont souvent des stéréotypes; toute réflexion politique [attentat et attentateur
politiques] est évacuée au profit d'une analyse purement psychologique [attentat
et attentateur psychopathes] : on a affaire à des personnage au caractère
instable, au cerveau peu structuré, et facilement manipulables, et l'anarchie [politique]
apparaît dans ces intrigues comme prétexte servant à maquiller un crime
crapuleux [de droit commun] en action politique." - "La
représentation", Op.cit., p.1. Du fait, le roman mondial du
XIXe siècle présente du thème de
l'attentat et de l'attentateur une double vision quasi antithétique : anarchiste ou psychopathe,
à savoir :
1. Le thème
de l'attentat et de l'attentateur anarchistes dans le roman mondial du XIXe
siècle :
Au sujet de
la représentation du thème de l'attentat et de l'attentateur anarchistes dans
le roman mondial du XIXe siècle, Jean Claude Farcy remémore : "De la machine infernale (…), le XIXe
siècle est marqué en France par de nombreux attentats [et attentateurs], qui à
l'aide de poignards, de pistolets et de fusils, de machines infernales et de
bombes, visent les chefs d'État, les lieux de pouvoir, comme l'assemblée
nationale, les sièges des compagnies minières, les domiciles de certains
magistrats ou encore les restaurants et les cafés. Attribués souvent à des
fanatiques [des anarchistes politiques ou des psychopathes] animés d'une
volonté destructrice, ces attentats n'en recèlent pas moins une dimension
profondément politique (…). Si les attentats commis par les anarchistes [les
attentats et les attentateurs politiques] sont souvent présentés comme les
premiers actes relevant du terrorisme, frappant de manière aveugle, suscitant
l'angoisse et la peur, ils s'inscrivent néanmoins dans la continuité de bien
des attentats précédents, à l'exemple de ceux de Fieschi et d'Orsini, qui
visent moins à mettre à mort une personne donnée qu'à bouleverser, troubler,
voir effrayer." – "L'attentat politique en France au XIXe
siècle", www.criminocorpus.hypotheses.org,
p.1. À titre
d'exemple, considérons :
+ "Les paysans" (France, 1855),
d'Honoré de Balzac (1799-1850), incarnant l'attentat mortel commis sur le garde-chasse Vatel qui procède à l'arrestation
des paysans dont sa meurtrière, la mère Tonsard, en délit de couper les arbres
dans les bois du château des Aigues, à
Blangy, propriété du général de Montcornet, avec l'appui en cela de sa
communauté paysanne, projetant d'en tuer d'autres à l'avenir, et défiant ainsi les
lois en vigueur, et le gouvernement sous la monarchie restaurée, de Louis XVIII (1814-1824), comme dans :
"En
criant à tue-tête, la vieille Tonsard [l'attentatrice anarchiste] avait attiré
quelques personnes de Blangy, curieuses de savoir ce qui se passait au Grand-I-Vert,
car la distance entre le village et le cabaret n'est plus considérable qu'entre
le cabaret et la porte de Blangy. L'un des curieux fut précisément le bonhomme
Niseron, le grand-père de Péchina, qui après avoir sonné le second Angelus,
retournait façonner quelques chaînes de vigne, son dernier morceau de terre (…).
- Eh! que se
passe-t-il d'extraordinaire, la vieille, je vous entendais du clocher?...
demanda-t-il.
On racontait
l'attentat de Vatel au vieillard, mais en parlant tous ensemble selon
l'habitude des gens de la campagne.
- Si vous
n'avez coupé l'arbre, Vatel a tort; mais si vous avez coupé l'arbre, vous avez
commis deux méchantes actions, dit le père Niseron (…). Donc, une heure après
la lutte entre la vieille Tonsard et Vatel, plusieurs autres habitués du Grand-I-Vert
s'y trouvaient réunis (…).
- Il y aura du sang répandu!... dit
Nicolas [Tonsard] d'un air sombre en se levant (…). Si vous voulez m'écouter,
on descendra Michaud [le garde général des Aigues]! Mais vous êtes des veules
et des drogues!...
- Pas moi! dit Bonnébault, si vous êtes
des amis à taire vos becs, je me chargerai d'ajuster [d'abattre] le Tapissier,
moi!...
Qué plaisir de loger un pruneau dans son bocal, ça me
vengerait de tous mes puants officiers!....
M. Rigou [le
maire] s'était intéressé à cette vieille femme, il lui avait donné un avocat
qui s'appuya de 'absence de tout témoin autres que les intéressés; mais les
témoignages de Michaud et de ses gardes, corroborés de ceux du garde champêtre
et de deux gendarmes, décidèrent la question; la mère Tonsard fut condamnée à
cinq ans de prison, et l'avocat dit Tonsard fils :
- C'est la
déposition de Michaud [le garde général des Aigues] qui nous vaut cela." (pp.239, 242, 250, 251, 362) "
+ "Le
Rouge et le Noir" (France, 1830), d'Émile Zola (1699-1842), Ed. Flammarion,
1964, narrant l'attentat perpétré contre Mme de Rênal par Julien Sorel pour
avoir dénoncé donjuanisme opportuniste auprès des femmes de la haute société
mondaine et politique sous le grand Empire, en France, suivi de sa
neutralisation par les gendarmes, un dimanche matin au sein de la grande église
de Verrières, comme dans :
"Julien
[l'attentateur anarchiste] était parti pour Verrières un dimanche matin. Dans
cette route rapide, il ne put écrire à Mathilde comme il en avait le projet, sa
main ne formait sur le papier que des traits illisibles.
Il arriva à Verrières un dimanche matin. Il
entra chez l'armurier du pays, qui l'accabla de compliments sur sa récente
fortune. C'était la nouvelle du pays.
Julien eut
beaucoup de peine à lui faire comprendre qu'il voulait une paire de pistolets
(…).
Julien [l'attentateur anrchiste] entra dans
l'église neuve de Verrières. Toutes les fenêtres hautes de l'édifice étaient
voilées de rideaux cramoisis. Julien se trouva à quelques pas derrière le banc
de Mme Rênal. Il lui sembla qu'elle priait avec ferveur. La vue de cette femme
qui l'avait tant aimé fit trembler le bras de Julien d'une telle façon, qu'il
ne put d'abord exécuter son dessein. Mme de Rênal baissa la tête qui un instant
se trouva presque entièrement cachée par les plis de son châle. Julien ne la
reconnaissait plus aussi bien; il tira sur elle un coup de pistolet et la
manqua; il tira un second coup, elle tomba [l'attentat anarchiste] (…).
Ses pieds s'étaient embarrassés dans une
chaise renversée par la foule; en se relevant, il sentit le cou serré; c'était
un gendarme en grande tenue qui l'arrêtait. Machinalement, Julien voulut avoir
recours à ses petits pistolets. Mais un second gendarme s'emparait de ses bras.
Il fut conduit en prison." (pp.447-448).
2. Le thème de l'attentat et de l'attentateur psychopathe
dans le roman mondial du XIXe siècle :
Par ailleurs, le thème de
l'attentat et de l'attentateur psychopathe dans le roman mondial du XIXe siècle
fait dire à Édouard Drumont : "Tous ce procédés, qui visent à discréditer les
personnages anarchistes en les présentant comme des cas pathologiques [attentateurs
psychopathes], seront poussés à l'extrême dans un roman d'Adolphe Retté, ancien
poète anarchiste converti au catholicisme royaliste [en France], qui écrit en
1908, Le règne de la bête." – Op.cit., p.4. C'est ce qu'incarne ce
passage du roman d'Émile Zola :
+ "Germinal"
(France, 1884), d'Émile Zola (1840-1902), Ed. Classique Larousse, 1953, dépeignant
l'attentat commis contre les ouvriers de la mine et de la compagnie de Montsou
par l'ouvrier psychopathe anarchiste Souvarine, en le faisant s'ébouler sur ses
misérables camarades en grève, comme en témoigne l'extrait suivant du roman :
"Souvarine
[l'attentateur psychopathe] à cheval dans l'ouverture pratiquée par lui,
constata une déformation grave de la cinquième passe du cuvelage (…). Alors
avec son vilebrequin, il desserra les vis des équerres, de façon à ce qu'une
dernière poussée pût les arracher toutes (…). Les haleines de l'invisible le
grisaient, l'horreur noire de ce trou battu d'une averse le jetait à une fureur
de destruction (…).
C'était assez, il ne voulait pas donner
l'éveil par un dégât trop grand, qu'on aurait tenté de réparer tout de suite.
La bête [la mine diabolisée par ce dernier] avait sa blessure au ventre, on
verrait si elle vivait encore le soir; il avait signé, le monde épouvanté
saurait qu'elle n'était morte de sa belle mort [l'attentat psychopathe]. Il
prit le temps de rouler méthodiquement les outils dans sa veste, il remonta les
échelles avec lenteur, puis, quand il fut sorti de la fosse sans être vu,
l'idée d'aller changer de vêtement ne lui vint même pas. Trois heures
sonnaient. Il resta planté sur la route, il attendit (…).
Le
cuvelage supérieur devait achever de s'effondrer, on entendait de brusques
retentissements, des bruits saccadés de chute profonde, auxquels succédaient de
grands silences. C'étaient la plaie qui s'agrandissaient toujours :
l'éboulement, commence par le bas, montait, se rapprochait de la surface (…).
Tout entier, le Voreux venait de coulait à
l'abîme. Hurlante la foule se sauva (…). Un silence terrifié s'était fait, on
n'entendait plus que la chute de cette eau, ronflant dans les entrailles de la
terre.
Alors sur le terri ébranlé, Souvarine se
leva. Il avait reconnut la Maheude et Zacharie sanglotant en face de cet
effondrement, dont le poids pesait si lourd sur les têtes des misérables qui
agonisaient au fond. Et il jeta sa dernière cigarette, il s'éloigna sans un
regard en arrière [l'attentateur psychopathe], dans la nuit devenue noire. Au
loin son ombre se fondit avec l'ombre. C'était là-bas qu'il allait, à
l'inconnu. Il allait de son air tranquille, à l'extermination, partout où il y
aurait de la dynamite, pour faire sauter les villes et les hommes."
(pp.81-88).
+"Crime
et châtiment - 1" (Russie, 1866), de F.M. Dostoievski (1821-1881), Lib.
Stock/ Hazan, 1972, évoquant le thème de l'attentat commis par Raskolnikov,
l'attentateur psychopathe, sur la vieille usurière Alena Ivanovna et sa sœur Élisabeth,
au cours d'un enchaînement de circonstances, où ce dernier agit dans un état
quasi inconscient. C'est l'image qu'en donne ce passage du roman :
"Pendant
que, se tournant vers la fenêtre, du côté du jour (…), elle [Alena Ivanovna]
s'efforçait de défaire la ficelle [de l'étui à cigarettes en argent de
Raskolnikov] (…). Il [Raskolnikov] déboutonna son manteau et dégagea la hache
de la boucle (…). Ses bras étaient absolument sans force; lui-même les sentait
s'engourdir d'instant en instant [l'attentateur psychopathe] (…).Il n'y avait
plus un instant à perdre. Il retira complètement la hache, la brandit des deux
mains, à peine conscient de lui-même, et du revers presque sans effort, presque
machinalement, la lui laissa tomber sur la tête [l'attentat psychopathe] (…). Il
retira les clefs; toutes étaient, comme alors, en un seul trousseau, attachées
à un anneau en acier. Il courut avec elles vers la chambre à coucher (…).
Soudain, il
crut entendre marcher dans la pièce où se trouvait la vieille (…), il se leva
d'un bond, saisit la hache et quitta en courant la chambre à coucher. Au milieu
de la pièce, se tenait Élisabeth avec un gros balluchon entre les bras; aussi
blanche qu'un linge (..). Il se jeta sur elle avec la hache : les lèvres
d'Élisabeth se tordirent si plaintivement, (…) et s'apprêtait à crier. Et cette
malheureuse Élisabeth (…) ne leva même pas le bras pour se protéger la figure
(…) car la hache était brandie juste au-dessus de son visage (…).
Le coup,
porté du tranchant de la hache, l'atteignit en plein crâne et lui ouvrit d'un
coup tout le haut du front, presque jusqu'au sommet de la tête. Elle s'écroula
d'une masse [l'attentat psychopathe] (…). Personne dans l'escalier! Sous la
voûte de la porte cochère non plus. Il [Raskolnikov] franchit vivement le seuil
et tourna à gauche dans la rue." (pp.123-136).
II - Le
thème de l'attentat et l'attentateur dans le roman mondial du XXe - XXIe
siècles :
Le thème de
l'attentat et l'attentateur dans le roman mondial du XXe-XXIe siècles se
résume selon Jacques Sautarel dans cette clausule : "La volonté de nier
les motifs politiques des terroristes va de pair avec la peinture de la réalité
sociale présentée comme 'supportable' (les narrateurs, qui donnent leurs points
de vue, appartiennent le plus souvent à la bourgeoisie philanthropique [humaniste]
ou à l'élite artistique compatissante) La figure littéraire du terroriste anarchiste
[ou psychopathe] est donc révélatrice d'une certaine vision du monde et des
rapports sociaux et propose une lecture idéologique des faits
historiques." – "La représentation", Op.cit., p.5. Cela se
manifeste autant dans une optique anarchiste que psychopathe, à travers des
romans mondiaux du tels que :
1. Le
thème de l'attentat et l'attentateur anarchiste dans le roman mondial du XXe -XXIe
siècles :
Pour ce qui
est du thème de l'attentat et l'attentateur anarchiste dans le roman
mondial du XXe-XXIe
siècles, Georges Leneveu relève quant à l'acte anarchiste : "L'acte
anarchiste [l'attentat anarchiste], loin d'être un acte insensé, a donc pour
but d'attirer l'attention sur les discours : il joue à la manière d'une caisse
de résonance visant à faire entendre une parole révolutionnaire [politique] :
'Clairon précurseur des revendications futures'" - "La
représentation", Op.cit., p.5. En donnent l'exemple des romans
mondiaux comme :
+ "L'incendie"
(Algérie, 1954), de Mohammed Dib (né en 1920), Ed. Du Seuil, 1954,
décrivant l'attentat et l'attentateur anarchiste inconnu ayant incendié
injustement les gourbis (les baraques) des misérables ouvriers agricoles,
fellahs de Bni Boublen, en grève pour une augmentation de salaires, et obligés par
les gendarmes d'aller travailler, dans les vignobles des colons français de la
ferme de M. Villard, en Algérie insurgée. D'où cet extrait du roman de M. Dib :
"Chez les
gens de Bni Boublen, tout en haut de la route, le silence était si profond
qu'on se serait cru dans un village abandonné.
Puis une nuit
retentit le cri : Au feu [l'attentat anarchiste]!
Au-dessus des
vignobles, le ciel sombre fut vite envahi de lueurs rougeâtres (…). Devant une
rangée de cahutes [d'ouvriers indigènes] d'où émergeaient de grandes flammes,
quelques colons regardaient et se taisaient: leurs faces rougeoyaient par
éclairs devant l'éclat vacillant des
flammes [attentateurs anarchistes] (…). Des roulements de chars [de l'armée
française] ébranlèrent peu à peu les
routes silencieuses (…).
Du cercle
compact parvinrent quelques voix; d'abord celle du fellah qui discutaient
depuis un moment d'une voix enrouée.
Il ne s'adressait
pas au colon [M. Villard], mais aux hommes qui l'entouraient et qui voulaient
partir [sauver leurs logis] (…).
Ils se
dispersèrent aussitôt dans toutes les directions. Ils chargèrent de la terre
dans les pans de leurs gandouras, dans les mains, dans les sacs attachés autour
de la taille, et se précipitèrent à travers le feu. Ils s'éloignèrent encore, revinrent
vers les gourbis qui flambaient. Et ils recommencèrent la même manœuvre, sans
trêve. Slimane courait en trébuchant (…). La clarté du feu grandissait
démesurément; à chaque élan des flammes, le cœur de Slimane sursautait.
Frissonnant, il pensait : 'Il faudrait arriver à sauver les plus possibles.
Triste est la vie du fellah!'; et il courait comme un fou, ivre, perdant toute
notion de ce qui se passait.
(…) Un incendie [un attentat anarchiste] avait
été allumé, et jamais plus il ne s'éteindrait (…). On vit Ba Dedouche s'avancer
et aller de groupe en groupe, disant qu'on ne devait pas discuter aujourd'hui
de cette question de salaire.
- Ce qu'il
faut, c'est trouver les coupables [les attentateurs anarchistes coloniaux],
s'épuisait-il à déclarer." (pp.127-131).
+ "Les Déclassés" (France,
1976), de Jean François Bizot (né en 1944), Ed. Le Sagittaire, 1976, soulevant
le thème de l'attentat et l'attentateur anarchiste à travers les événements de
Mai 1968 dont le narrateur rapporte fictivement l'exemple historique suivant :
"Ed le Fauché se grattait le haut du
crâne. Buffalo Bob lui roulait un joint (…).
- J'avais un truc très important à te dire,
une merde qui est arrivée à un copain…
- Qui, Ed, qui?
- Attends, putain, je suis trop stoned…
- Qui? Fais un effort…
- Putain de merde! Les porcs ont alpagué
John Sinclair [l'attentateur anarchiste]. Tu sais, toujours la même histoire de
joints, et en plus ils veulent lui coller sur le dos l'attentat [l'attentat
anarchiste] contre le local de la C.I.A. à Ann Arbor… (…).
Les gauchistes n'étaient d'accord sur la
suffisance de cette méthode et Hugues balançait. La lutte armée était à l'ordre
du jour, la répression et les rafles quotidiennes. Marighela était mort au
Brésil, mais le capitaine Lamarca vivait toujours, les Weathermen n'avaient
jamais posé tant de bombes [les attentats anarchistes] et les Tupamaros
d'Uruguay étaient insaisissables et narquois. (…).
'Quel gâchis!
Les histoires de deal et de dope, c'est comme la prohibition, c'est incroyable.
L'Homme le plus sale de Paris les connaît toutes. Comme celle du gouverneur de
Tanger qui supervise une plaque tournante de hasch. Il a trouvé, en 1965,
analyses du phénomène beatnik sur son bureau. L'une disait : 'Les beatniks [les
attentateurs anarchistes] sont de vrais saints, les continuateurs du soufisme.
L'autre disait : 'Il faut réprimer les va-nu-pieds.' Le gouverneur hésite
jusqu'à ce qu'un membre du consulat britannique lui ait dit qu'aux Etats-Unis
on les mettait en prison, les frères [les attentateurs anarchistes]." (pp.207,
329-330, 399).
+ "La
prière de l'absent" (Maroc, 1981), de Tahar Ben Jelloun (né en 1944),
Éd. Du Seuil, 1981, traitant le thème de l'attentat et l'attentateur
anarchiste en la personne de certaines femmes marocaines révoltées, ayant
participé à la lutte armée pour l'indépendance du Maroc (1953-1956) :
"Argane
était émue. Elle allait enfin dormir auprès de quelques arganiers. La tente
n'était pas très grande. Yamna et Sindibad étaient fascinés par ces femmes qui
passaient leur temps à fumer du kif ou du haschisch et à boire du vin (…). Leur
révolte était née d'un profond sentiment d'injustice causée non par des hommes,
dont les méfaits pouvaient toujours être contournés ou combattus, mais par ce
qu'on avait pris l'habitude d'appeler la Nature ou Dieu. Certaines femmes [les
attentatrices anarchistes] avaient posé des bombes [des attentats anarchistes] dans
des commissariats et brûlé les fermes de colons pendant la lutte pour
l'indépendance. D'autres avaient empoisonné des cheîkhs féodaux qui volaient les terres des paysans pauvres.
Il y avait là un brigand [v. Agoun'chich, de M. Kheir Eddine] qui avait donné
un sérieux coup de main aux jeunes nationalistes du Sud." (pp.198-199).
2. Le thème
de l'attentat et l'attentateur psychopathe dans le roman mondial du XXe-XXIe
siècles :
Pour ce qui
est du thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe dans le roman mondial
du XXe-XXIe siècles, Louise Michel remarque : "Caisse
de résonance, la bombe [attentat psychopathe] est donc là pour donner à
entendre ce qui est occulté : loin de consacrer la disparition du sens, elle
tente de retrouver le lien entre le signe et son référent. De nombreux
écrivains n'ont pas cette préoccupation, ni cette réflexion, soit qu'ils
éprouvent uniquement de fascination pour le geste terroriste, soit qu'il imputent
à leurs auteurs des dérèglements psychologiques graves [attentateurs
psychopathes] rejetant ainsi l'anarchisme hors du champ politique. Ils
préfèrent parler d'actes aveugles et incompréhensibles [attentats psychopathes]
plutôt que d'analyser l'attaque portée contre la société ou la représentation
politique (…). Dans les deux cas, on voudrait faire croire qu'il ne s'agit pas
de politique – mais de folie [de psychopathologie]." - "La
représentation", Op.cit., p.8. En est la preuve les romans
mondiaux ci-après :
+ "Le
printemps noir" (USA, 1936), d'Henry Miller (1891-1980), Ed.
Gallimard, 1946, in "PANORAMA DE LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS", Ed. Le Point du Jour,
1954, traitant du thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe, en tant
que récit à la première personne d'un forcené mythomane, au bord du délire,
dénué de raison et de toute humanité, commettant un massacre, à coups de
révolver, en tirant aveuglément dans le tas, sur la foule grouillante des
promeneurs insouciants, dans la 42e Rue, à New York. Ce que conte pathétiquement ce passage du roman d'H. Miller
:
"En
Amérique, j'ai vécu [l'attentateur psychopathe] dans bien des maisons, mais je
ne me rappelle pas les intérieurs (…). Une fois, je louai une calèche découverte
et je descendis la
Cinquième Avenue. C'était un après-midi d'automne et je me
promenais dans la ville natale. Hommes et femmes déambulaient sur les
contre-allées : drôles de bêtes, mi-humains, mi-celluloïd. Allant et venant sur
l'avenue, à moitié timbrées, les dents bien astiquées, les yeux vernis. Les
femmes vêtues de belles robes, chacune armée d'un sourire glacé sorti du
frigidaire. Les hommes souriaient aussi de temps en temps, comme s'ils allaient
dans leur cercueil [l'attentat psychopathe] à la rencontre du Divin Rédempteur.
Ils traversaient la vie en souriant avec ce regard dément, vitreux, tous
drapeaux déployés, et le sexe qui coule à travers les égouts. J'avais un pétard
avec moi, et quand nous arrivâmes à la 42e Rue, j'ouvris le feu
[l'attentat psychopathe]. Personne ne fit attention. Je les fauchais à droite
et à gauche, mais la foule ne se clairsemait pas. Les vivants piétinaient les
morts, sans cesser de sourire, pour exhiber leurs dents blanches. C'est ce
cruel sourire blanc qui s'incruste dans ma mémoire [l'attentateur
psychopathe]." (pp.370-371).
"L'homme
de sang" (Espagne, 1959), de José -Luis de Vilallonga (1920-2007), Ed.
Du Seuil, 1959, restituant le thème de l'attentat et l'attentateur
psychopathe, Francisco Pizarro, abattant et faisant abattre sommairement des
hommes et des femmes, lors de la guerre civile espagnole (1936-1939) et qui, de
retour, après vingt ans d'exil, pour reprendre ses attaques, se fait arrêter
sur une dénonciation de Soledad de La Carcova, son ex-otage et femme, et ex-meurtrier
de son frère Antonio et de sa mère, etc., à son arrivée à San-Juan-de-Cora, sur la route de Tolosa, près
des postes frontière franco – espagnoles. Ce dont rend compte tragiquement ce
passage du roman de J.-L. Vialallonga :
"Francisco
Pizarro [l'attentateur psychopathe] leva son arme. En même temps, Antonio [de
La Carcova] l'arrêta d'un geste de la main :
- Parle-moi de l'Espagne (…).
- L'Espagne
confine au Nord avec la France, au Sud avec le Détroit de Gibraltar, à 'Ouest
avec…, avec…
- … Avec le
Portugal.
Alors
Francisco Pizarro l'avait abattu d'une seule balle dans la tête [l'attentat
psychopathe] (…).
Ce ne fut
que le lendemain matin, à son réveil, qu'on lui annonça la prise de deux
membres de la famille de La Carcova, Soledad et sa mère, arrêtées sur la route alors
qu'elles essayaient de gagner en voiture le port de Cadix (…).
Les miliciens qui les entouraient
commençaient à s'impatienter (…). Doňa Rosario [de Carcova] s'était levée, le
visage blanc, la tête comme séparée du corps par le ruban de soie noire qui
encerclait son cou frêle (…). Puis sans regarder personne, elle alla d'un pas
rapide vers la porte de la cave qui s'ouvrit devant elle.
Quelques
secondes plus tard, on entendit, venant de la place, une grande clameur de
joie, puis tout de suite un cri, déchirant, affreux, quelques hoquets, une râle
et enfin, un hurlement de triomphe. Après quoi, le silence [l'attentat
psychopathe commandité] (…).
Villarios
était là, debout à côté d'eux en pyjama, les pieds dans de vieilles babouches
arabes, un kimono de soie noire sur les épaules.
- J'ai un travail pour vous, Francisco
[l'attentateur psychopathe].
- Un
travail?
- Oui,
Et il est passionnant. Tout à fait dans vos cordes. Faire sauter des trains,
des ponts, des dépôts de munition [les attentats
psychopathes] (…).
- Quand? demanda-t-il d'une voix impatiente
[l'attentateur psychopathe].
Vallarios sourit, satisfait du succès de ses
positions.
- Je savais que ça vous plairait. Quand, me
demandez-vous? Très bientôt." (pp.48-59, 183-186).
+ "Le pavillon des cancéreux"
(Russie, 1968), d'Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), Ed. Julliard, 1968,
reprenant le thème de l'attentat et l'attentateur psychopathe, à travers les
crimes commis de façon hasardeuse par le jeune Ephrem Pouddouïev, sur la
personne de sept 'Constituants', ou partisans de l'Assemblée constituante,
dissoute par Lénine en janvier 1918, au cours de la guerre civile en Russie.
Il confie à Paul Nikolaïevitch, son co-locataire au
pavillon des cancéreux, dans cet extrait du roman :
«La guerre civile?... Parce que t'as fait la
guerre civile?»
Paul
Nikolaïevitch soupira :
«Vous et moi,
camarade Pouddouïev, nous étions encore trop jeunes pour faire la guerre à ce
moment-là.»
Ephrem
renifla :
«J'sais
pourquoi t'as pas fait la guerre; moi, je l'ai faite.»
Paul
Nikaloïevitch, très intellectuel, haussa les sourcils derrière ses lunettes :
«Comment
cela se peut-il?
- Facile.» Ephrem
[l'attentateur psychopathe] parlait lentement en reprenant son souffle entre
les phrases. «J'ai pris un flingue – et j'ai fait la guerre. Marrant! Et j'suis
pas le seul.
- Et
avez-vous fait la guerre comme ça?
- A Ijevsk.
On cassait le Constituant. A Ijevsk, j'en ai tué sept de ma main [attentats
psychopathes]. Je me le rappelle encore.»
Oui, il
semblait encore en mesure de se rappeler tous les sept, et chacun des endroits
où le petit gars qu'il était [l'attentateur psychopathe] avait étendu mort sept
adultes dans les rues de la ville insurgée." (p.284).
En conclusion,
il est à dire que le thème de l'attentat et l'attentateur dans le roman
mondial du XIXe - XXe
siècles englobe aussi l'aube du XXIe siècle. Jérôme Savary en repère
: les socialistes libertaires, les anarcho-syndicalistes, les anarchistes
communistes, les individualistes, la naturistes, les primitivistes, les végétariens,
les pacifistes intégraux, les partisans de l'action directe, les terroristes
islamistes (d'Al Qïda), alors que Christophe Bourseiller s'interroge : "Les
adeptes de l'acte individuel [l'attentat et l'attentateur anarchistes ou
psychopathes] et la lutte armée [les réseaux terroristes] ont-ils pour autant
disparu? En décembre 2003, un scandale médiatique balaie la vieille Europe.
D'inquiétants libertaires italiens viennent d'expédier à diverses personnalités
de curieuses lettres piégées. Au nombre des leaders figurent Romano Prodi, qui
préside alors la Commission Européenne, et Jean-Claude Trichet, dirigeant de la Banque Centrale
Européenne. Dans un contexte international marqué par l'irruption constante du
'terrorisme islamiste', une telle action ne peut manquer de susciter
l'inquiétude [v. la bombe du 28 avril 2011, au Café ARGANA de Marrakech] (…).
Contre toute attente, le milieu libertaire ne semble guère épouser la cause des
'anarchistes-insurectionnalistes' [les réseaux terroristes] (…). Les anarchistes
du XXIe siècle paraissent en tout cas hostiles aux nouveaux adeptes du hold-up
et la bombinette [l'attentat armé et à la bombe]." – "LES ANARS AU TOURNANT DU MILLÉNAIRE : QUE
RESTE-T-IL DE NOS AMOURS?", www. christophebourseiller.zumablog.com,
pp.1-3.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
No hay comentarios:
Publicar un comentario