L’IMPACT DU DUEL
PATRIE/ OCCUPATION DANS
LA VIE DU POETE PALESTINIEN
MAHMOUD DARWICH
(1941 - 2008)
A son décès, le 9 août 2008, le grand
poète palestinien Mahmoud Darwich fut salué par une dépêche de l’AFP en
ces termes : "Mahmoud Darwich, 67 ans, était
l’un des plus grands poètes de langue arabe contemporains, avec une œuvre au
grand lyrisme marquée par les drames de l’exil et de l’occupation ]de la
patrie[ vécus par le peuple palestinien. Il avait
acquis une notoriété internationale, avec près de trente ouvrages traduits en
quarante langues. Son célèbre poème de 1964, «Identité» («Sajjel :
Ana arabi»), sur le thème d’un formulaire israélien obligatoire à remplir,
deviendra un hymne repris dans tout le monde arabe." - "Le poète palestinien Mahmoud Darwich est mort", www.lefigaro.fr, p.1. Par la même occasion, il
nous importe de soulever la question de : "l’impact du duel patrie/
occupation sur la vie du poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008)."
Cette problématique émanerait, selon
Abdelkebir Khatibi, de la conscience malheureuse que l’Etat d’Israêl aurait
imposée au peuple et à la patrie palestiniens spoliés : "Si j’avais à définir
d’emblée le sionisme, je dirais que c’est un retournement ironique de la
conscience malheureuse. «La conscience malheureuse, nous dit J. Wahl à propos
de Hegel, est avant tout une conscience de la dualité et de la contradiction.»." – «Vomito blanco», Paris, Ed. UCE,
1974, p.15. Il s’en suit pour ce grand poète palestinien :
I -
Un impact du duel patrie/ occupation sur la vie du poète palestinien Mahmoud
Darwich en Israël :
A vrai dire, parler de l’impact du duel
patrie/ occupation sur la vie du poète palestinien Mahmoud Darwich en Israël,
reviendrait à parler d’abord de sa prime jeunesse, de sa vocation poétique
et de l’écho de sa poésie et de sa mort en Israël. D’où notamment :
1- L’impact du duel patrie/ occupation
sur la prime jeunesse du poète Mahmoud Darwich en Israël :
Enfance et prime jeunesse confondues
conduisent la destinée du poète palestinien Mahmoud Darwich à être toute sa vie
sous l’impact du duel patrie/ occupation en Israël ou hors d’elle. A l’âge de
six ans, il eut à affronter le drame historique de la Palestine occupée et vit éclore
son talent de poète lyrique patriotique. "Lors de la guerre israélo-arabe de
1948, écrit l’AFP, ce village ]le sien :
Al-Birweh[ est rasé et ses
habitants sont forcés à l’exil. La famille Darwich s’enfuit au Liban, où elle
restera un an, avant de rentrer clandestinement en Israël. Après ses études (en
arabe et hébreu) dans des écoles arabes israéliennes à ]Daïr Al-Assad et Kufur Yasif[, Darwich s’installe à Haïfa, le grand port
du nord d’Israël, où vit une importante communauté arabe. En 1960, à l’âge de
19 ans, il publie son premier recueil de poésie «Oiseaux sans ailes»."- Op.cit., Ibid. D’où :
a- Le duel patrie/ occupation du poète palestinien M. Darwich avec les
intellectuels en Israël :
De son propre aveu, le poète confesse,
à propos de sa vocation poétique en Israël, dans un entretien avec Muhammad
Dakroub, à Moscou, en 1968 : "Je ne me rappelle pas exactement
quand j’ai commencé à écrire de la poésie, ni de la motivation directe qui m’a
poussé à composer mon premier poème. Mais je peux dire que mes premières
tentatives datent de l’école primaire et se sont développées lorsque je faisais
mes études secondaires ]à Nazareth["."- Abdellatif Laâbi, «La poésie
palestinienne de combat», Paris, Ed. PJO, 1970, pp.135-136. En Israël,
M. Darwich chante, dans le poème "A me mère",
en 1966, sa nostalgie de la libération nationale, face au duel patrie/
occupation :
"J’ai la nostalgie du pain de ma
mère,/ Du café de ma mère,/ Des caresses de ma mère…/ Et l’enfance grandit en
moi,/ Jour après jour,/ Et je chérit ma vie, car/ Si je mourais,/ J’aurais
honte des larmes de ma mère ! "
- in «Un amoureux de Palestine », "Hommage à Mahmoud
Darwich" de Michel Paul, Jérusalem, RFI, www.rfi.fr, p.2.
Plus tard, la vie du poète M. Darwich
devint un objet de discorde à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël, et ce à la
publication de son livre «Palestine mon pays : L’affaire du poème»,
en 1988. Jérôme Lindon résume l’affaire du poème : "Passants parmi les
paroles passagères" ainsi :
"Le
28 avril 1988, quatre mois après le déclenchement de la «Révolution des
pierres », dans les territoires occupés, le premier ministre d’Israël,
Ytzhak Shamir ]1983-1992[, monte à la tribune de la Knesset pour dénoncer… un poème. L’histoire
de ce poème. «Passants parmi les paroles passagères», et de l’énorme tollé
qu’il a provoqué en Israël et dans le Diaspora ] v. Europe, USA[ doit être située dans le
cadre des rapports complexes existants entre l’Etat juif et le peuple
palestinien ]
v. impact de la dualité patrie/ occupation sur la vie du poète
palestinien M. Darwich[ . "- in «CATALOGUE : LES EDITIONS DE MINUIT», Hiver 1988, p.93.
Jean Gueyras l’énonce dans « Le
Monde » du 12 juillet 1988, sous le titre : "Mahmoud Darwich, le
poète par qui le scandale est arrivé"
en citant un extrait du dit poème en question :
"Vous qui passez parmi les paroles
passagères/ Il est temps que vous partiez/ Et que vous vous fixiez où bon vous
semble/ Mais ne vous fixez pas parmi nous/ Il est temps que vous partiez/ Que
vous mouriez où bon vous semble/ Mais ne mourez pas parmi nous." - "Mahmoud Darwich : Palestine
mon pays : L’affaire du poème",
avec la participation de Simone Bitton, Ouri Avnéri et Matitiahu Peled, www.culture.fr, p.3.
Parmi les parties engagées dans la
polémique contre M. Darwich en 1988, en Israël, on pourrait citer de façon
contrastée :
- les intellectuels sympathisants israéliens avec le
poète palestiniens M. Darwich :
J. Lindon, directeur des Editions de
Minuit, évoque l’attitude d’intellectuels modérée et sympathisants avec le
poète palestinien M. Darwich, tels que S. Bitton, Mati Peled et O. Avnéri. "Ce
livre comporte, en dehors du poème lui-même et de deux commentaires rédigés à
son propos par Mahmoud Darwich, trois contributions d’auteurs juifs
israéliens : Simone Bitton fait l’historique de l’événement et de ses
lointaines origines ; Mati Peled se ivre à une exégèse linguistique du
poème ; quant à Ouri Avnéri, il montre que cette affaire est aussi une
illustration de l’arrogance dont tant de prétendus libéraux israéliens font
preuve à l’égard des Plestiniens. – Op.cit.,
p.1. A cela M. Derwich répliquait : "j’ai tout simplement demandé ]sous
l’Intifada[ qu’ils ]les juifs[ se retirent de nos territoires occupés,
comme beaucoup de juifs l’ont demandé avant moi." – Op.cit., p.2.
A sa mort, le 9 août 2008, on enregistre des
hommages contrastés rendus à M. Darwich, en Israël. "«C’est un symbole palestinien qui disparaît», reconnaît le
quotidien Maariv, note Michel Paul. "En Israël, on rappelle que Mahmoud Darwich s’est
opposé jusqu’au bout aux accords d’Oslo et, qu’après la signature, il a donné
sa démission du Conseil national palestinien ] 1993
[ ." Par ailleurs, il rapporte : "«Poète, ami et adversaire», c’est ainsi que l’écrivain
israélien Avraham B. Yehoshua ]né en 1936[
définit Darwich. «J’ai toujours regretté, affirme-t-il, qu’il
ait décidé de quitter de son propre gré Israël. Mahmoud Darwich, affirme
encore Yehoshua, était un partenaire difficile et critique, mais digne de ce
nom.»" – Op.cit., p.2.
- les intellectuels hostiles israéliens au
poète palestinien M. Darwich :
En nous rapportant encore à J. Gueyras,
on citera parmi les intellectuels hostiles israéliens au poète palestinien M.
Darwich, à propos de l’affaire du poème (1988) Amos Kenan (né en 1927), ami
personnel du poète, le vouant à l’opprobre et à la mort : "Plus grave encore pour le
poète palestinien, ses propres amis parmi les intellectuels israéliens, pour la
plupart (…) ont rejoint le premier ministre israélien pour stigmatiser le poème
de Mahmoud Darwich. Amos Kenan, l’interlocuteur privilégié et ami personnel du
poète, est allé même, dans ‘une réponse à Mahmoud Darwich’, jusqu’à affirmer
que «les milliers d’Israéliens qui commençaient à se demander si le temps
n’était pas venu de te parler, vont peut-être te dire maintenant qu’ils ne
peuvent te parler qu’à travers le canon d’un fusil." – Ibid.
Parallèlement, la campagne contre le
poète a compté paradoxalement aussi les écrivains libéraux israéliens. "Pour
lui ]Mahmoud
Darwich[, les écrivains libéraux israéliens), signale Gueyras, "si épris de paix ‘ont versé des
larmes de crocodile lorsqu’ils ont découvert que les Palestiniens persistent à
croire que la Palestine était leur patrie’ (…). Mahmoud Darwich les mit au défi
de trouver dans son poème une invitation ‘à jeter les juifs à la mer’. ‘J’ai
tout simplement, dit-il, demandé qu’ils se retirent de nos territoires occupés
(…)." – Ibid. Mahmoud Darwich dit dans un
poèmes, traduit par Tahar Ben Jelloun, en 1998 :
"Celui m’a changé en exilé m’a
changé en bombe./ Je sais que je vais mourir, je sais que je livre une bataille
perdue au présent, car elle est d’avenir./
Et je sais que la Palestine – sur la carte – est loin./ Et je sais que
vous avez oublié mon nom ]la Palestine[
dont vous avez falsifié la traduction] Israël[. Et tout cela je le sais. Et c’est
pourquoi je porte la Palestine sur vos boulevards, dans vos maisons,
dans votre chambre à coucher ]l’impact du duel patrie/ occupation sur la vie du poète
palestinien M. Darwich[." - "Mahmoud Darwich, l’exil au coeur ", www.bibliodos.nouvelobs.com, p.1.
b- Le duel patrie/ occupation du poète
palestinien M. Darwich avec les milieux politiques en Israël :
De la même
manière, les milieux politiques israéliens s’étaient engagés aux avants du duel
patrie/ occupation du poète palestinien M. Darwich avec les milieux politiques,
en Israël, autour du poème "Passants parmi les paroles passagères "(1988). Y prirent part de façon directe et
contrastée notamment :
- Les personnalités politiques
sympathisantes ou hostiles au poète palestinien M. Darwich en Israël :
En effet, J. Gueyras évoque, en l’occurrence, au
sujet des
personnalités politiques sympathisantes ou hostiles au poète palestinien M. Darwich
en Israël, notamment : "Du haut de la tribune "de la Knesset, M :
Shamir a dénoncé le ‘poème stupide de ce poète douteux qui nous enjoint non
seulement de quitter tout le pays pour toujours, mais même d’emporter nos morts
avec nous’" - «CATALOGUE : LES EDITIONS DE MINUIT», Op.cit., p.113. Par
ailleurs, on pourrait signaler avec T. Ben Jelloun le duel, sans lendemain , du
ministre de l’Education Yossi Sarid et le Premier ministre Ehoud Barak (1999 -
2001) au sujet d’intégrer certains poèmes de Mahmoud Darwich dans les
programmes de écoles en 2000, en Israël. "En 2000, indique-t-il, le ministre
israélien de l’Education Yossi Sarid avait suggéré que certains poèmes de
Mahmoud Darwich soient intégrés dans les programmes des écoles ; le
Premier ministre de l’époque Ehoud Barak s’y était opposé. La poésie est
dangereuse, c’est-à-dire contagieuse ! Sans doute. Celle de Mahmoud
Darwich fait éloge ‘de la résistance, de la justice et de la dignité.
Valeurs universelles qui font peur aujourd’hui encore, et uniquement en Israël’. " – Op.cit., p. 2.
Dans «Chroniques de la douleur palestinienne» (1969), M. Darwich entonnait :
"Nous
sommes las du souvenir/ le Carmel est en nous/ et la flore de Galilée/ ne di
pas : que n’étions-nous pas un fleuve pour la rejoindre/ ne dis pas :
nous sommes dans la chair de la patrie/ elle est en nous// nous n’étions pas,
avant juin ]1967[,
des nouveaux-nés (…)/ voici vingt
ans, ô ma sœur/ que nous n’écrivons pas des poèmes/ mais que nous combattons…" - in A. Laâbi, Op.cit., p.52.
- Les milieux politiques sympathisants
ou hostiles au poète palestinien M. Darwich en Israël :
Toujours à propos de l’affaire du poème (1988), on
enregistre le duel patrie/ occupation des milieux politiques avec le poète
palestinien M. Darwich, tant en Israël qu’en exil. On pourrait citer d’emblée
la droite israélienne. "La droite, écrit J. Gueyas, a sauté sur l’occasion
pour affirmer qu’il n’y avait pas de ‘Palestinien modéré’ et des voix se sont
élevées en Europe et aux Etats-Unis pour traiter Darwich de ‘poète terroriste’,
de ‘raciste anti-juifs’, voire de ‘porte parole des assassins’." – Ibid. Du côté des libéraux israéliens, M. Darwich se voit
fustigé également avec étonnement, selon Gueyas. Il s’en explique en
précisant : " ‘Tout le monde sait que ce mouvement a
pour théâtre les territoires occupés, c’est-à-dire Gaza et la Cisjordanie, des
régions occupées depuis 1967’. Il s’étonne que les ‘Colombes’ d’Israël aient
participé à une campagne dont l’objectif est de justifier l’occupation ‘au moment
où le peuple israélien, tiré d’un long sommeil par l’Intifada, commençait à se
rendre compte qu’il n’existait pas en Palestine une «bonne occupation» acceptée
par les Palestiniens’ " – Ibid. Aussi déclama-t-il contre les accords de paix inconsistants
d’Oslo, en 1993:
"Je meurs d’espoir/ D’embrasement
je meurs/ je meurs pendu/ Egorgé je meurs/ Mais je ne dis point : Notre
amour et fini et mort/ Non/ Notre amour est impérissable. "- "La
conscience d’un poète", par
François Xavier , www.chez.com, p.1.
2- L’impact du duel patrie/ occupation
sur la maturité et la mort du poète Mahmoud Darwich en Exil et en
Palestine occupée :
Comme le laisse implicitement entendre
François Xavier, l’impact du duel patrie/ occupation sur la maturité et la mort
du poète Mahmoud Darwich en Exil et en Palestine occupée lui avait fait "choisir
la dissidence, puis l’exil" : "Contraint
de vivre en résidence surveillée durant plusieurs années à Haïfa ]1967-1969[, il décide de
quitter la Palestine occupée ]Israël[ en 1970 pour
le Caire, puis Beyrouth (…). La guerre l’en chasse en 1982. Il fuit de nouveau,
non pas à Tunis où l’OLP se réfugie, mais à Paris ... " - Op.cit., p.1. Ainsi est-il de :
a-
L’impact du duel patrie/ occupation sur la maturité et la mort du poète
Mahmoud Darwich en Exil :
"En
1981, en exil à Beyrouth, déclare M. Darwich, , à Gilles Anquetil du Nouvel
Observateur, j’ai créé la revue «Al-Karmal», à la fois ouverte sur
la littérature et la poésie palestiniennes et les littératures du monde
(…). Nous nous intéressons de plus en plus à ce qui se passe sur le plan
culturel en Israël. Débattre avec l’autre, le connaître, c’est la ligne de la
revue. J’ai consacré quelques poèmes ]dans le recueil «Ne t’excuse pas», en
2006[ à des villes de
mon exil : Beyrouth, Damas, Tunis ]1971-1987[. (…). Dans ce
voyage de l’exil, j’ai salué les villes qui m’ont accueilli et m’ont marqué "- "
‘Je suis malade d’espoir’, par Mahmoud Darwich", www.bibliobs.nouvelobs.com, p.2. Or, déjà en 1964, M.
Darwich clamait dans le poème "Lettre d’exil", tiré de «De feuilles d’olivier» :
"J’ai entendu à la radio/ le
message des exilés ]sous l’occupation[…
aux exilés/ ils ont tous dit : nous allons bien/ personne n’est triste/
comment se porte mon père ? (…)/ comment va notre maison ]v. la
patrie[/ et notre seuil usé… et la cheminée…et
les portes ?/ j’ai entendu à la
radio/ " le message des exilés… aux exilés/ tous
vont bien/ mais je suis triste/ les doutes me reprennent… dévorants/ la radio
ne m’a pas apporté de vos nouvelles/ mêmes tristes/ mêmes tristes. "- «La poésie
palestinienne de combat», Op.cit., pp.37-38.
Sur l’exil et sur le mois d’août 1982, à
Beyrouth, il compose :
"Jamais
nos exils ne furent vains, jamais en vain nous n’y fûmes envoyés Leurs morts
s’éteindront sans contrition. Aux vivants de pleurer l’accalmie du vent,
d’apprendre à ouvrir les fenêtres, de voir ce que le passé fait de leur présent
et de pleurer doucement et doucement que l’adversaire n’entende ce qu’il y a en
eux de poterie brisée. Martyrs vous aviez raison. La maison ]la patrie[ est plus belle que le chemin ]sous l'occupation[ de la maison ]la patrie[. En dépit de la trahison des fleurs
]en 1948 [. Mais les fenêtres ne s’ouvrent point
sur le ciel du cœur et l’exil est l’exil. Ici ]l’occupation[ et là-bas ]la patrie lointaine[. Jamais en vain nous ne fûmes exilés et
nos exils ne sont passés en vain. " – Op.cit., p.3.
b-
L’impact du duel patrie/ occupation sur la maturité et la mort du poète
Mahmoud Darwich en Palestine occupée :
Constamment sous l’impact du duel patrie/
occupation, en pleine maturité et jusqu’à sa mort, le poète Mahmoud Darwich chantera
l’espoir de la libération en Palestine occupée, et même au sein de l’OLP.
Il boira, dans ce sens, le calice jusqu’à la lie. "Le poète, écrira Michel
Paul, est membre de l’Organisation de Libération de la Palestine ]l’OLP[, dont il intègre le comité exécutif en 1987. Il claquera la
porte de l’OLP, en 1993, pour protester contre le Processus d’Oslo à] ses yeux incrédible[. Mais il choisira tout de même de s’installer en Cisjordanie,
dans la foulée des accords de paix. De passage en France (…), pour une lecture
de ses textes, Mahmoud Darwich déclarait : «Je veux être lu comme un
poète, pas comme une cause ». " – Op.cit., p. 2. Le premier ministre israélienYtzhak
Shamir le prit à parti devant la Knesset, en tant que ministre de la culture de
l’OLP, en 1988, pour dénoncer son poème : "Passants parmi les
paroles passagères", sur un
ton polémique fort méprisant comme suit :
"L’expression exacte des objectifs recherchés par les
bandes d’assassins organisées sous le paravent de l’OLP, déclare-t-il, il vient
d’être donnée par l’un de leurs poètes, Mahmoud Darwich, soi-disant ministre de
la culture de l’OLP et dont on se
demande à quel titre il s’est fait une réputation de modéré… J’aurai pu lire ce
poème devant le Parlement, mais je ne veux pas lui accorder l’honneur de
figurer dans les archives de la Knesset. "-
" Mahmoud Darwich : Palestine mon pays : L’affaire du poème", Op.cit., p. 1. Mais, M. Darwich s’élève
au-dessus des charniers pour inviter tout le monde à ‘abréger l’éternité de l’exil’
et de ‘l’occupation’ en Palestine :
"Que celui qui a édifié cette muraille
soit mon ancêtre ]Abraham[/ Ou mon ennemi/ Que celui qui a baptisé
cette ville ]Al
Qods[ (…)/ Que
m’importe à moi/ L’égaré entre ciel et pierres ]l’Intifada[/ Un espace où je n’ai pas fait voler mes nuées de pigeons
]la
paix escamotée [."
- F. Xavier, Op.cit., p.2.
En juillet 2007, de retour en Israël,
il déplore le conflit entre l’OLP et Hamas
et ironise avec amertume sur la prise de contrôle de la bande de Gaza par cette
dernière, lors d’un récital donné à Haïfa, devant une foule considérable
comprenant la plupart des députés arabes de la Knesset :
"Nous avons triomphé. Gaza a gagné
son indépendance de la Cisjordanie. Un seul peuple a désormais deux Etats, deux
prisons qui ne se saluent pas. Nous sommes des victimes habillés en bourreaux." - "Le poète palestinien Mahmoud Darwich
est mort", AFP, www.lefigaro.fr, p.1.
Aussi se montre-t-il concilateur et
unificateur, dans le poème "Si nous voulons", à paraître dans un recueil, début novembre 2008, disponible
sur les sites de Rue89 et celui des éditions Actes du Sud, dont nous citerons
les vers très satiriques et profondément optimistes suivants :
"Nous
serons un peuple, si nous le voulons, lorsque nous saurons que nous ne sommes
des anges et que le mal n’est pas
l’apanage des autres./ Nous serons un peuple lorsque nous ne dirons pas une
prière d’action de grâces à la patrie sacrée chaque fois que le pauvre aura
trouvé de quoi dîner (…)./ Nous serons un peuple lorsque l’écrivain regardera
les étoiles sans dire : notre patrie est encore plus élevée… et plus
belle ! (…)/ Nous serons un peuple lorsque le Palestinien ne se souviendra
de son drapeau que sur les stades, dans les concours de beauté et lors des
commémorations de la Nakba ]1967[. Seulement." - "Hommage : Souvenirs
de Mahmoud Darwich : un poème sur Rue89", par Pierre Haski, www.rue89.com, pp.1-2.
c- Les mérites sous l’impact du duel
patrie/ occupation sur la maturité et la mort du poète palestinien Mahmoud
Darwich :
En considérant les mérites, sous l’impact
du duel patrie/ occupation sur la mort du poète palestinien Mahmoud Darwich, on
mesurerait l’audience internationale de ce grand poète palestinien, grâce aux
prix littéraires qui l’avaient couronné de son vivant. Nous mentionnerons à cet
égard : le Prix Lotus, en 1969 de l’Union des Ecrivains Afro-asiatiques,
le Prix Lénine en 1983 de l’ex-URSS, la Médaille de l’Ordre du Mérite des Arts
et des Lettres en 1983 de France, le Prix de Liberté culturelle de la Fondation Lannan
en 2002, le Prix Prince Claus en 2004 - www.wikipedia.org, p.1.
Pour
conclure, on pourrait dire que l’impact du duel patrie/ occupation sur la vie
du poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008), tant en Israël, en exil, qu’en
Palestine occupée, a révélé que le poète avait rempli pleinement sa mission
sacrée, vis-à-vis de sa patrie occupée, comme vis-à-vis de l’occupant, pour que
triomphent la paix, la justice et l’amour, entre les deux camps ennemis, en
guerre depuis plus d’un demi-siècle. "Ecrire un poème d’amour sous
l’occupation ]la
patrie occupée[, prône M. Darwich, est une forme de
résistance ]le
duel patrie/ occupation[ (…). L’espoir
est la maladie incurable des Palestiniens. Notre fardeau (…). J’ai choisi
d’être malade d’espoir. La poésie est fragile (…). La poésie a la fragilité de
l’herbe. L’herbe paraît vulnérable, mais il suffit d’un peu d’eau et d’un rayon
de soleil pour qu’elle repousse. "- "‘Je suis malade d’espoir’, par
Mahmoud Darwich", Op.cit., p.3.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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