LA JUSTICE SUR LA SELLETTE DES ROMANS ET DES
ROMANCIERS DU
MONDE CONTEMPORAIN
En France, comme c’est le cas en 2007 au Maroc et dans le reste du monde,
il est question d’une réforme de la justice, c’est ce que
nous dans l’article d’El Mahjoub Rouane, reprenant des extraits du discours royal du 12 octobre 2007, inaugurant
l’ouverture de la nouvelle législature, devant les deux chambres du
parlement : "La
réforme de la justice s’avère une nécessité vitale pour le Maroc. Car, plier de
l’autorité de l’Etat, elle est le fondement de la démocratie, qui garantit les
droits et les libertés et assure la prééminence de la loi et la consolidation
de l’Etat de droit." - "Politique de proximité : Les
priorités du gouvernement", "Le
Matin", 17 octobre 2007, p.2. Or, un article de "Le Point" indique en France: "Une énième réforme de la justice
devrait sortir des travaux de la commission d’enquête parlementaire. Et le rôle
du magistrat instructeur devrait être redéfini (…). Sans parler des carences de
certains avocats ou de la sinécure des experts qui, à l’heure de rédiger leurs
rapports, procèdent, pour certains, à des «copier-coller » dans un jargon
stéréotypé plutôt que d’essayer de cerner la personnalité de celui qui est mis
en accusation." – "Outreau - Feu sur le juge
d’instruction", www.lepoint.fr, p.1. C’est ce que par
ailleurs les romans et les romanciers du monde contemporain ne cessent à leurs corps
défendant de mettre sur la sellette.
En
témoignent les romans et les romanciers des cinq continents suivants: "Le
procès" (1915) de Frantz Kafka, "La peste" (1947) d’Albert Camus "Le docteur Ibrahim" (1947) de John Knittel", "L’homme
de sang" (1959) de José Luis de Vilallonga, "Le
premier cercle" (1968) d’Alexandre Soljenytsine, "Eden
Eden Eden" (1970) de Pierre Guyotat (Europe); "42e parallèle " (1919) de John Dos
Pasos, "La
mère" (1934) de Pearl
Buck (Amérique) ; "Nedjma" (1956) de Kateb Yacine, "Le passé enterré" (1966) d’Abdelkrim Ghallab, "Saison de migration
vers le Nord" (1972) de Tayeb Salih (Afrique); "Une
rue pauvre" (1988) Cheng Naishan, "La montagne de l’âme" (1995) de Gao Xingjian et "Neige" (2004) d’Orhan
Pamuk (Asie et Océanie). Cela nous
conduira à observer en l’occurrence: I) La justice formelle et informelle parodique
sur la sellette des romans du monde contemporain, II) La justice formelle et
informelle parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain.
I- La justice formelle et informelle
parodique sur la sellette des romans du monde
contemporain:
En
ce qui concerne la justice sur sellette des romans du monde contemporain, elle
réside dans cette définition de la fonction du roman avancée par Guy Scarpetta
objectant contre sa marginalisation: "Mais surtout parce que ceci, peu à
peu, s’est imposé: la fonction capitale du roman moderne, ce n’est pas
d’ «illustrer» par un récit une conception du monde ou de l’histoire déjà
élaborée; mais plutôt de révéler, par ses voies spécifiques « ce que
seul le roman peut dire » (…). Il s’agit de dégager le non-dit de
l’histoire officielle, les zones de l’expérience humaine que les historiens
négligent; de déstabiliser les certitudes, les orthodoxies, les visions du
monde constituées; d’explorer l’envers négatif de l’image que nos sociétés
donnent d’elles-mêmes [v. la justice formelle et informelle parodique]." –"LE MONDE DIPLOMATIQUE", Mars 2003, p.30. En effet, les romans du
monde contemporain (XXe - XXIe siècles) mettent la
sellette, sous forme de procès ou de justice parodiques survenus aux quatre
coins du mode, trois catégories de justice: une justice pénale, une justice
militaire et une justice politique parodiques. "En somme, la fonction de
connaissance propre au roman et le regard militant [sellette des justice formelle
et informelle parodique], opine G. Scarpetta, ne coїncident pas forcément. Rien
de plus significatif, à ce propos, que le cas d’Ernest Hemingway. Lorsque
celui-ci s’engagea (…) dans la guerre civile espagnole, il choisit son camp (…).
Mais un peu plus tard, lorsqu’il voulut tirer un roman – « Pour qui
sonne le glas » – de cette expérience, il ne le fit (…), qu’à
solliciter des zones d’incertitude, d’ambiguїté [de justice informelle
révolutionnaire parodique], n’épargnant pas son propre camp (les pages
terribles sur les exactions et les atrocités commises par les anarchistes, ou
sur la paranoїa meurtrière des dirigeants staliniens). "- Op.cit., p.30. Ainsi verra-t-on:
1- La justice formelle informelle pénale
parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:
Certes,
la justice formelle et informelle pénale parodique mise sur la sellette des romans du monde
contemporain repose en principe sur une conception abstraite telle que la
définit Jean-Noël Rey: "Cette juridiction [pénale] vise la protection de
l’ordre public – ou plutôt la conception qu’une société [un régime politique]
s’en fait – en sanctionnant ceux qui se rendent coupables d’une infraction à la
loi pénale. Celle-ci dresse un catalogue des agissements contre les
particuliers ou contre la chose publique
que l’État entend prohiber, en même temps qu’elle prévoit des sanctions (réparation
des dommages subis par leurs victimes, amende ou emprisonnement) encourues par
ceux qui les commettent." –"La
justice en France et l’appareil judiciaire", "Le
Français dans le Monde", nº 150, Janvier 1980, Ed. Hachette / Larousse, p.23. D’où
notamment:
A- La justice formelle pénale parodique sur la sellette des romans du monde
contemporain:
Parallèlement, la justice non conforme aux formalités procédurales ou justice formelle pénale parodique se trouve mise sur la sellette des
romans du monde contemporain, à savoir:
- "La peine de mort commuée en sept ans d’emprisonnement par
une
justice formelle pénale coloniale parodique sur la sellette du roman «Saison
d’émigration vers le Nord » (1972) de Tayeb Salih (né en 1929):
Certes, la peine de mort commuée en sept
ans d’emprisonnement par une justice formelle pénale coloniale parodique est
mise sur la sellette du roman «Saison d’émigration vers le Nord »
(1972) de Tayeb Salih (né en 1929), à l’encontre d’un intellectuel meurtrier
émigré (Mustapha Saїd), présenté comme victime de la campagne civilisatrice
coloniale britannique au Soudan. "L’émigration des jeunes vers le Nord, vers l’Europe,
indique Mariam Kholy, est souvent un risque pour les Africains. Le choc des
civilisations est trop fort pour ne pas secouer l’être [l’inciter aux abus et
aux crimes]. Dans son roman, l’auteur déplore l’état de son pays avant et après
le colonialisme, et, montre comment le colonisateur s’est abstenu de donner aux
autochtones le savoir nécessaire [v. le sens de la justice]." – "L’émigration
vers le Nord", www.liberation.fr, p.1. En ce sens Fabrice
Défferrard explique en outre: "On s’accorde assez généralement pour dire «le droit
[la justice] et médiation entre le juste et le raisonnable [v. l’injuste],
entre l’individuel [l’homme] et le collectif [la société], entre le consensus
[l’autochtone] et le conflit [l’étranger]».
Parallèlement, le procès [la justice
formelle pénale coloniale parodique] comme cadre institutionnel et patchwork
anthropologique [colonisateur/ colonisé], a pour fonction de dissoudre la
tension interne au groupe social engendré par le crime [d’un émigré à Londres],
cette tension que l’on désigne habituellement par l’expression « trouble à
l’ordre public» (…). Le conflit, résorbé grâce au jugement [sept ans
d’emprisonnement du héros arabo-africain], a dès lors vertu espérée de rendre à
nouveau visible cette concorde généralement bien admise qui rend possible une
vie communautaire tournée vers le stable et le pacifique [la justice du
compromis]." – "Le dernier des « Disparus »", www.disparusdemourmelon.org, p.2. Cela est manifeste dans
le roman T. Salih:
+ "Si
Moustafa Saїd avait choisi de mettre fin à ses jours [le
suicide], il aurait commis l’acte le plus mélodramatique du roman de sa vie
(…). La mort du Conquérant [son mythe personnel]. Mais jurés, témoins, avocats
et juges [anglais] s’étaient ligués pour le priver de cette mort [la peine
capitale]. Je l’entend encore: « Les jurés ont vu devant eux un homme qui
refusait de se défendre. J’avais perdu le désir de vivre. J’avais poussé un
profond soupir quand Jean [son épouse qu’il a poignardée] avait gémi:
« Viens avec moi, viens. » (…). J’espérais que le tribunal se ferait
l’instrument de la fatalité que je n’avais osé accomplir. Comme dans
l’intention de me contrarier, ils en décidèrent autrement. Même le colonel
Hammond [son propre beau-père], sur lequel je fondais de grands espoirs, avait
évoqué la visite que je lui ai faite à Liverpool, et de la bonne impression que
je lui avais laissée (…). Il déclara que sa fille était influencé par les
philosophies orientales et, voulant se convertir, avait hésité entre le
Bouddhisme et l’Islam [le choc de civilisations] (…). Cependant, son père,
debout à la barre des témoins, déclara calmement qu’il était incapable de
juger. Telle était la justice, telles sont les règles du jeu, à rappeler les
lois qui accorde la neutralité en temps de guerre [coloniale]. Telle était la
force qui porte le masque du pardon.» Ils lui refusèrent la mort [la justice
formelle pénale coloniale parodique] que lui-même aurait dû se donner, ils ne
le condamnèrent qu’à sept ans de prison."
(pp.65-66).
- "L’exécution d’un
suspect par une justice formelle pénale parodique sur la sellette du roman «Le
procès » (1915) de Frantz Kafka (1883-1924)" :
Prophétie ou prémonition, la justice
formelle pénale parodique sur la sellette du roman «Le procès »
(1915) de Frantz Kafka (1883-1924) préfigure à sa manière les procès expéditifs que connaîtra le monde,
sous les régimes totalitaires nazis, communistes, fascistes, colonialistes,
etc. "Les
grandes œuvres [romanesques], lit-on sur le Net, sont par ailleurs inscrites
dans leur époque [XXe siècle] et l’on a pu considérer le
Procès [de Frantz Kafka]comme la mise en évidence prophétique
des rouages [de la justice parodique pénale formelle] désormais complexes d’une
société moderne dans laquelle l’être humain [l’accusé] ne serait plus perçu que
comme un numéro dans un univers de plus en plus bureaucratique,
concentrationnaire et oppressif." – "L’œuvre
de Kafka," www.libresavoir.org, p.2. En est la preuve cette
réflexion du biographe de l’auteur Max Brod (in Frantz Kafka): "Ce
qu’a fait K., le héros du Procès,
nous ne le savons pas. D’après la morale bourgeoise [la justice pénale
formelle], il est probablement innocent. On ne peut dire grand-chose ou
peut-être rien sa charge. Cependant, il est diabolique [culpabilisé] en toue
innocence. Il a convenu de quelque façon aux lois d’une vie juste [d’une justice
formelle pénale parodique]. Un tribunal mystérieux lui demande des comptes et finalement il
est exécuté « la veille de son trente-et-unième anniversaire », dit
le chapitre final." – Op.cit., p.1. Dans le roman, nous
lisons:
+ " - Autrefois, je pensais, dit K., que mon procès finirait bien,
mais maintenant j’en doute parfois. Je ne sais pas comment il finira. Le
sais-tu toi ?
- Non, dit l’abbé [l’aumônier
de la prison à la cathédrale], mais je crains qu’il ne finisse mal. On te tient
pour coupable [d’une faute inconnue]. Ton procès ne sortira peut-être pas du
ressort d’un petit tribunal. Pour le moment, on considère du moins ta faute
comme prouvée.
- Mais je ne suis pas
coupable! dit K.; c’est une erreur. D’ailleurs, comment un homme peut-il être
coupable [v. Droits de l’Homme]? Nous sommes tous des hommes ici, l’un comme
l’autre (…)." (p.260).
Puis ce fut l’exécution sommaire de
K., dans:
"La veille de son trente et
unième anniversaire de naissance – c’était vers neuf heures du soir, l’heure du
calme dans les rues – deux messieurs se présentèrent chez K. (…).La logique a
beau être inébranlable, elle ne résiste pas à un homme qui veut vivre. Où était
le juge qu’i n’avait jamais vu? Où était l haute cour à laquelle il n’était jamais parvenu? Il leva
les mains et écarquilla les doigts.
Mais l’un des deux messieurs venait
de le saisir à la gorge; l’autre lui enfonça le couteau dans le cœur et l’y
retourna par deux fois. Les yeux mourants, K. vit encore le deux messieurs
penchés tout près de son visage qui observaient le dénouement joue contre joue.
« Comme un chien!» dit-il,
c’était comme si la honte dût lui survivre. " (pp.273, 279-280).
- "La peine capitale d’une
justice formelle pénale parodique sur la sellette du roman «La peste » (1947)
d’Albert Camus (1913-1960):
Ici, juge et peine capitale, émanant d’une
justice informelle pénale parodique sont mis sur la sellette du roman «La peste »
(1947) d’Albert Camus (1913-1960). J.-N. Rey en décrit la procédure classique,
appelée à être réformée, dans le cas de crime en France, comme suit: "Le
jugement se déroule (…), devant la cour d’assises, s’il s’agit d’un crime.
Pendant l’audience qui est publique, orale et contradictoire, le ministère
public, le prévenu (ou l’accusé) et la partie civile vont développer leurs
arguments au cours de débats (…). Le rôle du juge d’instruction: il doit faire
la part entre la poursuite (le parquet) et la défense, mais il est souvent
accusé d’agir en « symbiose» avec le ministère public [une justice
formelle pénale parodique] et d’être plus enclin à instruire à charge qu’à
décharge [v. la peine de mort], de superposer, enfin, sa vérité à celle de la
police qu’il ne contrôle pas, d’ailleurs, absolument (…). Le vrai problème, en
réalité porte sur la manière et les moyens de signifier la loi; aujourd’hui, en
effet", les Français souhaitent que celle-là ne
soit pas utilisée, par un magistrat « crispé» sur l’ordre, comme un
bouclier, mais comme outil, et que l’infraction (…) puisse être appréciée dans
le contexte de son époque (v. réforme)."
– Op.cit., pp.27-28. D’où dans le roman «La peste»:
+ " « Il faut vous [le docteur Rieux] que je [Tarrou]" que je n’étais pas
pauvre comme vous. Mon père était avocat général, ce qui est une situation (…).
Quand j’avais dix-sept ans, en effet mon père m’avait invité à aller l’écouter.
Il s’agissait d’une affaire importante en cour d’assises et, certainement, il
avait pensé qu’il apparaîtrait sous son meilleur jour (…). Ce qui se passait
dans un tribunal m’avait toujours paru aussi naturel et inévitable qu’une revue
de 14 juillet ou une distribution de prix (…). Je n’ai pourtant gardé de cette
journée qu’une seule image, celle du coupable. Je crois qu’il était coupable en
effet, il importe peu de quoi. Mais ce petit homme au poil roux et pauvre,
d’une trentaine d’années, paraissait si décidé à tout reconnaître, si
sincèrement effrayé par ce qu’il avait fait et ce qu’on allait lui faire, qu’au
bout de quelques minutes je n’eus plus d’yeux que pour lui. Il avait l’air d’un
hibou effarouché par une lumière trop vive (…).
« Transformé par sa robe rouge
[le père de Tarrou], ni bonhomme ni affectueux, sa bouche grouillait de phrases
immenses, qui, sans arrêt, en sortaient comme des serpents. Je compris qu’il
demandait la mort de cet homme au nom de la société et qu’il demandait même
qu’on lui coupât le cou (…). En conséquence, j’ai fait de la politique comme on
dit (…). J’ai cru que la société où je vivais était celle qui reposait sur la
condamnation à mort et qu’en la combattant, je combattrais l’assassinat (…).
Jusqu’au jour où j’ai vu une exécution (c’était en Hongrie [1956]) et le même
vertige qui avait saisi l’enfant que j’étais a obscurci mes yeux d’homme." (pp.222-226).
Par ailleurs, la justice informelle
pénale parodique est également mise sur la sellette des romans contemporains de F. Kafka
(Tchécoslovaquie), A. Camus (France - Prix Nobel 1957), T. Salih (Soudan) et J.
Knittel (Suisse), dans l’espoir de sa future réforme dans le monde moderne. "Si
l’accusé n’est pas le seul maître de son destin pénal (condamnation, acquittement),
rappelle F. Defferrard, il peut néanmoins décider souverainement, sans qu’on
puisse grand-chose, du sort attaché au procès lui-même, et de ce qu’il en
restera dans les archives judiciaires et la mémoire collective [v. les romans]." – Ibid.
- "La peine capitale pour
légitime défense par une justice informelle militaire coloniale parodique sur
la sellette du roman «Nedjma» (1956) de K. Yacine (1929-1989):
"CONQUÊTES de territoires,
extermination ou déportation de populations, traites des esclaves et travail
forcé, sans parler des exécutions sommaires [v. justice formelle militaire coloniale parodique],
des famines, des maladies qui ont tué près de 15 millions d’Africains,
dislocation des sociétés traditionnelles, pillage des pays dominés: le bilan
que dresse, sous la direction de Marc Ferro, «Le livre noir du colonialisme»
est effarant (…). Et l’on sait de quelles exactions s’est accompagnée la conquête de l’Algérie, comme, un siècle
plus tard sa «pacification»: «Le livre noir…» en brosse un tableau
accablant." – "COLONIALISME: Regard critique sur
une domination", LE MONDE DIPLOMATIQUE, Juin 2003,
p.31. D’où dans le roman «Nedjma» de K. Yacine:
+ "Les
autres ouvriers disent que M. Ernest [l’impitoyable patron colon] s’efforce
d’être aimable, mais il faut se méfier.
Ameziane dénoue la ficelle qui lui tient lieu
de ceinture, et montre une écorchure envenimée au bas de son dos…
- Voilà le caractère de M. Ernest…
Les
camarades sont partagés [Mustapha, Lakhdar et Rachid] entre l’inquiétude et la
gaîté.
- Coup de
godasse ou de pelle?
- Perd
rien pour attendre… je suis là pour sortir mon père de prison.
- Son père a
tué un colon qui lui avait confisqué son troupeau, précise un autre manœuvre
(…).
- Je suis allé
voir deux avocats de Constantine, poursuit Ameziane, et j’ai vendu notre
dernier terrain pour les payer. Mes économies et celles de ma mère y sont
passées. Mais, au moins, c’étaient des discours! Trois heures entières, surtout
quand maître Gauby a commencé, les juges ont baissé la tête. Ils se sont parlé
tout bas. J’ai cru qu’ils s’avouaient l’innocence de papa. A chaque
démonstration, je mettais un billet de cent francs sur le pupitre des
défenseurs. Les gendarmes voulaient m’évacuer. L’interprète traduisait
fidèlement les nobles paroles arrachées à mon père. L’assistance ne cachait pas
son émotion. Après la plaidoirie, les juges ont quitté la salle, d’un pas
lourd. Je les trouvais angéliques, avec leurs robes et leurs bonnets fripons.
Maître Gauby souriait à mon père de telle manière qu’il était sauvé. Puis les
juges sont revenus. Condamné à mort [une justice formelle militaire coloniale parodique]." (pp.45-47).
B- La justice informelle pénale parodique sur la sellette des romans du monde
contemporain:
En
admettant que toute justice pénale expéditive est une justice informelle
pénale parodique, cette dernière est
mise sur la sellette des romans du monde contemporain, comme:
- "Une affaire de corruption
meurtrière impunie par une justice informelle pénale coloniale parodique sur la
sellette du roman «Le docteur Ibrahim » (1947) de John
Knittel (1891-1970):
Sur la sellette du roman «Le docteur
Ibrahim » (1947) de John Knittel (1891-1970) se trouve mise en index une
affaire de corruption meurtrière impunie (par décision du ministre de
l’intérieur égyptien sous tutelle britannique) au d’une justice informelle
pénale coloniale parodique dont le médecin plaignant (le docteur Ibrahim Gamal
d’Assiut) contre le directeur corrompu et meurtrier (le docteur Kolali) d’un
hôpital égyptien. La plainte (du docteur Ibrahim Gamal d’Assiut), faussement
accusé d’être à l’origine de l’affaire, est ignoré et soumis, à la place du
vrai coupable, à des sanction administratives, sa mutation hors du Caire, pour
«violation des formes» et «manquement à la discipline». "Bien sûr, remarque F.
Defferrard, après la commission d’un crime [ou son signalement], c’est la
justice qui décide de poursuivre le suspect qu’elle a découvert; c’est elle qui
enquête, qui instruit et rassemble les indices; c’est elle qui décide s’il doit
y avoir un procès devant une Cour d’assises et, ainsi, un jugement populaire;
c’est elle enfin, qui décrète la culpabilité ou l’innocence [v. affaire
classée]. Et cependant, en dépit du
squelette procédural qui le soutient et lui donne sa force, en dépit, sur le
fond, des preuves matérielles, des témoignages et des expertises de toutes
natures sanctifiées par la science des microscopes et des éprouvettes, le
procès pénal reste une pâte molle que l’accusé peut toujours modeler comme il
l’entend, presque à son image [v. ici le docteur Kolali et compagnie]." – Op.cit., p.1. Ce que dévoile J. Knittel
dans son roman:
+ "Je [le Dr. Ibrahim] reçus l’ordre de
me rendre sur-le-champ à l’enquête [sur l’émeute des paysans à l’hôpital] (…).
L’officier de garde à la porte m’informa qu’on m’attendait au Palais [de
justice] du gouvernement (…). Je fus étonné de constater qu’on m’appelait
seulement comme témoin [à la place d’accusé]. On me posa cent questions
insignifiantes au sujet de l’émeute [due à la séquestration qu’on lui a imputée
du fils malade de l’Omdah Mohammed Assâr à la prison de l’hôpital],
et il m’apparut bientôt évident que les autorités locales essayaient de faire
peser toute la responsabilité des blessures et des morts sur les épaules de
villageois [des victimes]. L’Omdah et ses fils avaient été arrêtés, me
dit-on, comme étant les meneurs (…). Dans mon désespoir, je [le Dr. Ibrahim]
décidai d’écrire un rapport au ministre de l’Intérieur et de courir ma chance.
Je m’assis aussitôt et j’écrivis d’une
seule traite. Je relatai la suite des événements qui avaient conduit à
l’émeute. Je dénonçai le docteur Kolali, Abourizk et leurs subalternes. Je les
accusai de faire chanter les malades, d’extorquer de l’argent, de torturer le
gens confiés à leurs soins. Je les accusai de vendre de la morphine, de la
cocaїne, de l’héroїne et autres drogues à des agents privés de la ville, de
trafiquer des provisions du gouvernement et de fausser les livres des comptes.
Je donnai l nom de tous leurs satellites et complices et, pour terminer,
j’ajoutai une liste d’erreurs professionnelles commises par le docteur Kolali.
Je l’accusai d’avoir tué des malades par sa négligence et son ignorance (...).
Le gouvernement égyptien, en réponse à mon rapport, avait envoyé un Anglais [le
Dr. Bernard].
- Mais, mon cher garçon, vous ne pouvez
pas passer par-dessus nos règlements [coloniaux] comme cela, dit le docteur
Bernard, manifestement ragaillardi (...). Ne savez-vous pas que si vous aviez
des griefs à présenter, vous deviez vous adresser à l’administration locale.
- Oh! oui. Je le sais. Mais c’est
devant le juge d’instruction [la justice souveraine] que doivent aller, me
semble-t-il, des accusations comme les miennes (...).
Le docteur Bernard renifla.
« Pourquoi introduire la
politique, mon garçon?
-La politique? Qu’a donc à faire la
politique dans ce que je disais? J’aimerai bien savoir ce qu’est devenu mon
rapport.»
Le docteur Bernard sourit:
- Je l’ai. Il m’a été remis par le
Pacha. Le ministre de l’Intérieur le lui avait passé. Il avait mis
dessus : non reçu (…). C’est mon affaire (…). Je vous reproche
simplement de n’avoir tenu aucun cas des règlements du service. Que vous ayez
tort ou raison, c’est une autre
question, qu’on examinera plus tard [une justice informelle pénale coloniale
parodique]. Pour le moment, j’attire votre attention sur le fait que vous êtes
coupable d’avoir violé les formes. Un manquement à la discipline (…).»
Trois jours après ces événements, je [le
Dr. Ibrahim] reçus une lettre recommandée dans une enveloppe officielle.
J’hésitai avant de l’ouvrir. Enfin je déchirai l’enveloppe et lus le papier
qu’elle contenait. Il était signé par le sous-secrétaire d’Etat et ordonnait
mon déplacement immédiat pour le Markhaz d’Edfou. On m’envoyait loin en amont
sur le Nil vers la sombre Nubie. Exilé à Edfou [une justice informelle pénale
coloniale parodique]! Yasalaam!"
(pp.360, 363-364, 372-373, 376-377
Dès lors, la justice formelle et informelle
parodique mise sur la sellette des romans du monde contemporain s’évertue à
dévoiler la réalité socio-politique et à augurer d’une future réforme de
celle-ci par les états-majors officiels et les Etats du monde contemporain. En
témoignent les crimes de guerre commis par la justice militaire parodique des
guerres et des révolutions passées et
actuelles des temps modernes.
"Quoi qu’il en soit, constate G.
Scarpetta, ce paradoxe [la justice militaire
parodique sur la sellette des romans du monde contemporain] semble bien
se prolonger. Il est évident que le gigantesque bouleversement social et moral
introduit, justement par la guerre de 14-18 [ou les guerres civiles et
révolutions ultérieures] fut enregistré, au moment même de son apparition, et,
avec la plus grande lucidité, par un romancier, Marcel Proust [1871-1922], dont
l’art s’émancipait délibérément du réalisme. Que c’est un romancier des plus
novateur, lui aussi aux antipodes du réalisme, Frantz Kafka [1883-1924], qui
sut anticiper, jusque dans ses aspects les plus subjectifs, le monde
totalitaire en gestion [nazisme, fascisme, stalinisme, etc.]. Que le «refoulé»
de l’histoire officielle (et édifiante) des Etats-Unis fut exploré par ce
formidable inventeur de formes que fut William Faulkner [1897-1962], bien mieux
que par n’importe quel héritier du roman historique. "- Op.cit., p.30.
Conjointement, de la justice formelle et
informelle militaire Pierre Daix évoque dans sa préface au roman "Une journée d’Ivan
Denissovitch" (1963) d’Alexandre Soljenitsyne:"Les
camps fascistes [la justice informelle militaire parodique] ont été extirpés
par la chirurgie de la victoire de 1945
[la justice formelle souveraine]. Mais depuis ce temps-là, nous les anciens
déportés, avons vécu parmi les signes de l’activité et de la récidive de ce
cancer. Il prolifère à nos portes, en Espagne, au Portugal [révolutions et
dictatures militaires]. Du sabotage de l’épuration et de la dénazification à
nos jours [v. la grande Guerre 1939-1945], chaque bourreau, chaque
tortionnaire, chaque criminel de guerre rendu à la liberté est là pour rappeler
ce que la rémission a de provisoire. Plus gravement encore les guerres coloniales en Indochine, en
Algérie, en Angola, ont marqué l’étendue du cancer en Europe [v. justice
informelle militaire parodique]. "-
Paris, Ed/ Julliard, 1963, p.18.
Nous consulterons, en ce sens, "Nedjma" (1956) de Kateb Yacine, "L’homme de sang" (1959) de José-Luis Vilallonga, "Le grand cercle" (1968) d’Alexandre Soljenytsine et "Une
rue pauvre" (1988).
Ainsi en sera-t-il dans:
A- La
justice formelle militaire parodique sur la sellette des romans du monde
contemporain:
Dans cette optique, la justice
formelle militaire coloniale parodique est
mise notamment sur la sellette des romans d’A. Soljenytsine, comme suit:
- "Une
condamné à dix ans de bagne pour trahison imaginaire par une justice formelle militaire
révolutionnaire parodique sur la sellette du roman «Le grand» (1968)
d’Alexandre Soljenytsine (né en
1918):
La condamnation à dix ans de bagne pour
une trahison imaginaire par une justice formelle militaire révolutionnaire
parodique (la guerre froide) est aussi mise sur la sellette du roman «Le
grand cercle» (1968) d’Alexandre Soljenytsine (né en 1918, prix Nobel 1970). Il s’agit de la
période sombre du stalinisme dans l’ex-URSS (1924-1953). "Remarqué pour son
dévouement à la personne du Vojd
(le Guide, comme on nommait Staline) – en 1933, rappelle Marie Jégo, il
publie un article où le nom de Staline figure 69 fois, souligné en gras -, le
petit fonctionnaire [Andréї Vychinski: 1883-1954] au physique de principal de
collège est enfin nommé adjoint du procureur général. Surfant sur la vague des
épurations [1936-1938], il se hisse bientôt au poste de procureur et orchestre
les grands procès, posant la première pierre du « droit soviétique »
en érigeant l’aveu [préfabriqué] au rang de preuve. Il a bien saisi l’esprit de
la nouvelle ère : « Il faut se rappeler ce que nous dit le camarade
Staline, à savoir qu’il y a des période où les lois sont périmées et doivent
être écartées [une justice formelle militaire révolutionnaire parodique]»,
écrit-il en 1937." – " Andréї Vychinski, accusateur public
au style ordurier " "Le
Monde", Mercredi 26 Février 2003, p.4. C’est le
cas de l’ingénieur Potapov condamné sur aveux extorqués, pour trahison
imaginaire, relaté dans ce passage du roman d’A. Soljenitsyne:
+ "Potapov était l’ingénieur qui avait
avoué durant son interrogatoire, qui avait signé ses aveux et les avait
confirmés à son procès [faux aveux]; il avait reconnu avoir personnellement
vendu aux Allemands – et pour très peu d’argent – l’orgueil des plans
quinquennaux staliniens, le Dnieproghes, la centrale hydro-électrique du
Dniepr, bien qu’il fût vendu démolie [délit de trahison imaginaire]. Seule la
miséricorde d’un tribunal humain avait fait que Potapov, pour ce crime
incroyable et sans précédent, n’avait été condamné qu’à dix ans
d’emprisonnement et cinq de privation de droits civiques, ce que, dans l’argot
des prisonniers, on appelait «dix ans plus cinq sur les cornes» (…).
Cependant, ce qu’on omit de noter au
procès, ce fut la suite: la
Russe inconnu qui avait ainsi vérifié l’identité de Potapov
proposa de lui faire signer une déclaration par laquelle il s’engageait à
reconstruire Dnieproghes, moyennant quoi on lui accorderait aussitôt la
liberté, des rations alimentaires, de l’argent, et on lui rendrait son cher
travail (…). Sans battre sa coulpe ni prononcer de grandes phrases, sans
paraître vouloir jouer les héros posthumes de l’Union soviétique, Potapov
répondit modestement :
«Mais vous comprenez, j’ai signé une
déclaration sous serment [ironie du sort]. Et si je signe ça, il y a une sorte
de contradiction, non?»
C’est ainsi que doucement Potapov
choisit la mort plutôt le bien-être (…).
Aussi, pour ce beau geste, le tribunal
soviétique n’ajouta rien à la peine de dix ans à laquelle il était condamné.
L’ingénieur Markouchev, lui avait
signé une déclaration analogue et s’en était allé travailler pour les
Allemands. Le tribunal lui avait infligé dix ans aussi.
C’était la signature de Staline, cette
magnifique égalisation des amis et des ennemis, qui lui donnait une place dans
toute l’histoire de l’humanité [une justice formelle militaire révolutionnaire
parodique]." (pp.237-238).
B- La justice informelle
militaire parodique sur la
sellette des romans du monde contemporain:
Par contre, la justice informelle
militaire parodique, mise sur la
sellette des romans du monde contemporain, trouve sa parfaite illustration dans:
- "Le
lynchage par la foule d’une justice informelle militaire révolutionnaire parodique
sur la sellette du roman «L’homme de sang» (1959) de J.-L.
Vilallonga (1920-2007):
En outre, le lynchage par la foule
d’une justice informelle militaire révolutionnaire parodique, mise sur la
sellette du roman «L’homme de sang» (1959) de J.-L. Vilallonga
(1920-2007), est aussi ce qui ressort du rapport du roman et des faits
historiques chez par exemple, E. Hemingway, évoqué par G. Scarpetta en ces lignes: "Pour prolonger,
avise-t-il: il n’est sans doute aucun meilleur livre, pour nous faire saisir la
face de l’ombre des Etats-Unis, que le nouveau roman de Philip Roth, «La Tache » [2002] (…). On
connaît le sujet de «La Tache »:
un professeur d’université accusé, à la suite d’un simple malentendu, d’avoir
tenu des propos racistes, poussé à démissionner, et qui semble accompagner
subjectivement la dégradation qui lui a été imposée; l’enquête, livrée par le
narrateur qui découvre peu à peu (…) un passé inouї, un lourd secret soigneusement
dissimulé (le déni des origines noires du professeur); la restitution, surtout
, le monologue intérieur des personnages liés au drame: Faunia, la maîtresse de
l’enseignant déchu, femme de ménage illettrée, tout à la fois désabusée et
débordante d’une invincible vitalité; Dephine, l’universitaire d’origine
française, inquisitrice redoutable, militante du politically correct,
dont l’acharnement à détruire son collègue recouvre, aussi, de pitoyables
secrets d’ordre privé; le vétéran du Viet-Nam, à jamais traumatisé par la
guerre, violent, raciste, obsédé de vengeance et de meurtre (rarement la
littérature nous a fait pénétrer aussi profondément dans le cerveau d’un
fasciste) " – Ibid. Ce que relate, pour sa part, ce passage du roman de J.-L.
Vilallonga, sur les horreurs de la justice militaire révolutionnaire parodique,
sous la guerre civile espagnole:
+ "- Lobo [le général Fuentes, alias Le loup] …, coupa
Catalina sans hausser la voix, mon frère, le général Pizzarro, rentre en
Espagne.
«El Lobo» se tut quelques
secondes. Puis, hébété:
- Pourquoi faire ? dit-il
enfin.
- La guerre, répondit
calmement Francisco Pizzaro. Et il
ajouta : Malgré mon âge (…).
- Francisco, murmura-t-il [El
Lobo], il ne faut pas nous en vouloir. Je sais que ta vie, là-bas en Russie [ex-URSS],
a dû être bien différente de la nôtre…
- J’ai appris pas mal de choses.
- J’en suis sûr. Mais figure-toi
que nous aussi. Nous avons, ici à Paris, appris à vivre. Et à oublier. Et
comprendre lorsqu’une chose [la révolution] est foutue, elle est foutue.
Il essaya de prendre un ton convaincant
qui n’allait pas avec la pauvreté de ses arguments.
- Dis, Francisco… excepté les tribunaux
militaires [une justice informelle militaire révolutionnaire parodique], qui se
souvient de nous, là-bas (…)? Tu ne comprends donc pas que nous sommes finis?
Et, puis tu sais, il paraît que les choses s’arrangent petit à petit, là-bas…
(pp.95-96).
Puis, on relève le lynchage par la
foule révolutionnaire d’un femme, un peu plus loin:
Lorsqu’il rentra à la Casa del Pueblo de Puerto de
Santa Maria après avoir assassiné ]une justice informelle militaire
révolutionnaire parodique[
Antonio, Francisco Pizzarro monta dans sa chambre pour dormir quelques
heures.
Ce ne fut que lendemain matin, à son
réveil, qu’on lui annonça la prise de deux membres de la famille de La Cárcova [ses
ex-employeurs], Soledad et sa mère, arrêtées sur la route alors qu’elles
essayaient de gagner en voiture le port de Cadix [pour l’étranger].
La nouvelle de cette capture
sensationnelle courait les rues. Déjà plusieurs centaines de personnes
s’étaient massées devant la Casa del Pueblo et réclamaient à grands cris impatients la tête des prisonnières [un
verdict sans procès]. Livrées à la foules, les deux femmes auraient été
immédiatement lynchées et débitées à l’étal du boucher d’en face, en hommage à
de très vieilles traditions (…).
Alors, une grosse femme, qui portait
incliné sur la tête un calot de police et qui tenait à la main un fusil au canon rouillé, s’approcha de Francisco
Pizzarro et lui demanda:
Alors quoi, Général? Tu nous les donnes
ces deux-là (…)?
- Non, dit-il, repoussant la milicienne
(…).
La grosse femme se voulait conciliante.
-
Allons, allons, Paco, pas de conneries! Livre-les et qu’on n’en parle plus! On
fait une révolution, oui ou non (…)?
Un personnage barbu et sale pénétra
dans la cave, suivi de quelques hommes en costumes de paysan (…). Puis il dit
[en guise de verdict expéditif]:
-
Francisco, donne-leur la vieille, ça les calmera…
Doña Rosario [la condamnée] s’était
levée, le visage blanc, la tête comme séparée du corps par le ruban de soie
noire qui encerclait son cou frêle.
-
Adios, Soledad, murmura-t-elle en baisant sa fille sur le font
(…).
Quelques secondes plus tard, on
entendit, venant de la place, une grande clameur de joie, puis tout de suite un
cri, déchirant, affreux, quelques hoquets, un râle et enfin, un hurlement de
triomphe. Après quoi le silence. "(pp.110-113).
- "Le lynchage de l’intellectuel par une
justice informelle militaire révolutionnaire parodique sur la sellette du roman
«Une rue pauvre» (1988) de Cheng Naishan (née en 1946):
Certes, le lynchage de l’intellectuel par
constitue également la mise d’une justice informelle militaire révolutionnaire
parodique sur la sellette du roman «Une rue pauvre» (1988) de Cheng
Naishan (née en 1946). Il suffit de rappeler, à titre d’exemple réel à cet
égard, le cas de l’écrivain chinois Yu
Pingo. Emprisonné et persécuté par les Gardes rouges, pendant la « Révolution
culturelle chinoise », mouvement idéologique armé (1966-1976) déclenché par
Mao Tsé-toung (1893-1976), pour avoir
fait l’étude du roman «Le rêve du pavillon rouge» de Cao Xueqin (1715-1763). Yu
Pingo (né en 1900), déclare pour se défendre contre cela, en 1986 :
"Du
reste, encore de nos jours, en rapporte Lu Yonpin, certains chercheurs n’en
sont toujours pas sortis [du lynchage d’intellectuel
par une justice informelle militaire révolutionnaire parodique]. «Le
rêve du pavillon rouge» est avant tout un roman, a-t-il continué, on ne
peut pas étudier une œuvre sans tenir compte de sa forme artistique. Le roman,
c’est de la fiction. «Le réel est subordonné à l’imaginaire.» Il ne faut pas
situer les personnages, les intrigues et les objets du roman dans la vie
réelle. Quand on étudie un roman «Le rêve du pavillon rouge», on doit
mettre l’accent sur les valeurs littéraire et philosophique de cette œuvre.
Depuis « la révolution culturelle » [1966-1970], Yu Pingo s’était
abstenu d’aborder ce sujet délicat".
– "Yu
Pingo, expert de la littérature classique ", «Littérature chinoise», Trimestre 1, 1988, pp.9,
13. Le roman de C. Naishan en restitue
les iniquités dans l’extrait suivant:
+ "Après avoir entendu parler de la vie
avant la Libération
[1980], elle [l’héroїne Wen Xixiu, l’institutrice d’anglais à l’école «Mille
soleils»] avait, enfant, demandé naїvement à sa mère: «Qui va balayer les
rues, maintenant qu’on est libre et que tout le monde a les moyens d’aller à
l’université? Et il y a eu «la
révolution culturelle» [1966-1976]; son frère aîné, qui avait été classé
premier [v. un intellectuel mandarin] dans un concours de mathématiques
organisé dans l’arrondissement, a été affecté au marché pour vendre des légumes
salés [lynchage de l’intellectuel par une justice informelle militaire
révolutionnaire parodique]. Bien sûr maintenant, il n’y travaille plus, il fait
des études à l’étranger, et aux frais du gouvernement." - Op.cit., p.134.
Bref, la justice formelle et informelle
militaire parodique est encore mise sur les sellette des romans du monde
contemporains, dans le cas ci-dessus de la peine capitale pour légitime défense
en situation coloniale, dans «Nedjma » de K. Yacine (Algérie), de
dix ans de bagne pour trahison imaginaire sous un régime révolutionnaire totalitaire
dans «Le grand cercle» d’A. Soljenytsine (ex-URSS), de lynchage par la
foule des miliciens révolutionnaires, dans «L’homme de sang» de G.-L.
Vilallonga (Espagne) et de lynchage d’intellectuels par les Gardes rouges armés
de « la Révolution culturelle chinoise», dans «Une rue pauvre» de
C. Naishan (Chine). Et comme dit Étienne de Montety: "Dans le désordre de la
guerre [et de la révolution], pourquoi
le nier? Le bourreau n’est pas à l’aise : il ne reconnaît pas la
mort [la justice formelle et informelle militaire parodique]; celle-là a
mauvais genre." –"Le bourreau de Furnes", www.lefigaro.fr, p.1.
3- La justice formelle et informelle
politique parodique sur la sellette des
romans du monde contemporain:
En contrepartie, la justice formelle et
informelle politique parodique est mise sur
la sellette des romans du monde contemporain et trouve à juste titre son écho dans cette réflexion de Benjamin
Fernandez relative au livre « Le cas Pinochet: Justice et
politique» de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot – Paris, Ed.
Syllepse, 2003, 109 p. -, assertant: "L’arrestation de l’ex-dictateur
chilien Augusto Pinochet en 1998 pour atteinte aux droits humains ouvrit des
perspectives inouїes à la justice, jusqu’à la prononciation du non-lieu, au
terme d’une saga juridique qui aura duré près de quatre ans. A travers la
chronique d’un événement judiciaire sans précédent, les auteurs auront voulu
éclairer l’ambiguїté des liens de la justice au pouvoir politique [v. une justice formelle et informelle politique
parodique]. Car le cas Pinochet est révélateur à la fois des écueils sur
lesquels bute la justice et du combat pour la rendre autonome et internationale. "- "Le Monde diplomatique", Juin 2003, p.30. Ainsi verra-t-on:
A- La justice formelle politique parodique
sur la sellette des romans du monde contemporain:
Concernant
la justice formelle politique parodique mise sur la sellette des romans du
monde contemporain, on pourrait mentionner encore «Le docteur Ibrahim» (1947)
de John Knittel et «Le passé enterré» (1966) d’Abdelkrim Ghallab. En ce
sens, nous citerons:
- "De
trois mois à un an de prison pour délit d’opinion par une justice formelle
politique coloniale parodique sur la sellette du roman «Le docteur Ibrahim» (1947)
de John Knitel (1891-1970):
Dans cette optique, la justice formelle
politique coloniale parodique est mise sur la sellette du roman «Le docteur
Ibrahim» (1947) de John Knitel
(1891-1970), dans le cas des trois mois à un an de prison infligés à des étudiants égyptiens pour délit
d’opinion nationaliste anti-britannique. "Brutalités inévitables ? «Bavures»
dans le feu de l’action?, remarque M.T. Maschino, Gilles Manceron, dans Marianne
et les colonies, montre, au contraire, que le comportement des
troupes coloniales résulte à la fois d’une volonté politique [v. une justice
formelle politique coloniale parodique] d’asservir totalement les pays conquis et d’une idéologie
qui la justifie (…). Mystification réussie : asséné à des générations de
Français [v. d’Anglais], l’éloge de l’œuvre coloniale, souligne Gilles Manceron,
ne les a pas prédisposés à comprendre la lutte pour l’indépendance des peuples
colonisés, où la plupart n’ont vu qu’«ingratitude» ou «fanatisme [politique
nationaliste]»." – Op.cit.,
p. 31. C’est ce qu’illustre le roman de J. Knittel dans:
+ "Imaginez-moi [Ibrahim Gamal d’Assiut]
maintenant dans notre maison de boue de Sharia Nadif. C’était le soir (…). Une
foule s’assembla devant la maison. Nous descendîmes à la porte pour voir ce qui
se passait. Nous vîmes devant nous un officier de police maigre et rougeaud,
accompagné d’un chouich et de deux policemen. Avant que j’eusse le temps
de dire un mot, je fus frappé sur la tête par un des agents, mon propre
compatriote, et perdis presque connaissance. La foule se mit à hurler (…). D’autres
policiers arrivèrent. Ils tombèrent sur la foule et repoussèrent brutalement
les gens. On me traîna dans la salle d’école. Les noms les plus ignobles furent
déversés sur moi, à la fois par l’officier de police anglais et par ses hommes
(…).
« Vous vous appelez Ibrahim Gamal d’Assiut? rugit l’officier.
- Oui, c’est bien moi, dis-je.
-
Avez-vous un permis d’enseignement du Ministère de l’instruction?
-
Un permis ? Non. Je ne savais pas qu’il fallait un permis pour instruire de petits enfants.
- Ah! Vous ne le saviez pas! N’êtes-vous
pas étudiant en médecine? Pourquoi ne vous occupez-vous pas de vos propres
études? Est-ce vous qui avez écrit ces phrases [slogans nationalistes sur les
murs]?»
Je me détournai et m’adressai à l’agent
égyptien:
« Oui, j’ai écrit ces sentences. Lis-les
si tu peux! Elles sont faites pour toi aussi bien que pour les enfants. N’as-tu
pas honte de te laisser diriger par un Anglais ? Tu mériterais d’être
battu. Tu trahis ton pays (...).
Je suivis la longue et odieuse voie à travers les prisons et les tribunaux.
Je fus accusé d’activité révolutionnaire, mais l’accusation restait voilée.
Elle portait simplement : « Avoir enseigné sans diplômes requis.» Jeune
et inexpérimenté, tout prêt à l’héroїsme, j’affrontai mes juges avec une
téméraire imprudence (...). Pendant ma captivité, mes amis de l’Ecole de
Médecine ne restaient pas inactifs. Le sang circassien d’Aboutakr bouillonnait
de rage (...). Alors ils s’assemblèrent une fois de plus devant Kasr-el-Aїni
(...).
- Ecoutez, monsieur [l’officier de
police anglais], dit Aboubakr dans un bon anglais coulant, nous vous demandons
très peu (...). Nous réclamons justice. Nous réclamons la mise en liberté
immédiate d’Ibrahim Gamal d’Assiut et de tous nos camarades qui ont été arrêtés
(...).
Ce
fut le dernier et noble effort d’Aboubakr. Il paraît qu’une troupe de policiers
arriva sur la scène. Il y eut une bataille. Huit personnes furent blessées,
dont certains grièvement. Aboubakr, arrêté, se vit condamné à un an de prison
(...).
Je fus libéré au bout de trois mois. On me
dit que je devais ma liberté à la générosité du nouveau ministre de
l’Instruction [une justice formelle politique coloniale parodique].
- "La
peine capitale pour délit d’opinion nationaliste par une justice formelle
politique coloniale parodique sur la sellette du roman «Le passé enterré» (1966)
d’Abdelkrim Ghallab (née en 1919):
A propos du cas de la peine capitale
pour délit d’opinion nationaliste d’une justice formelle politique coloniale parodique
sur la sellette du roman «Le passé enterré» (1966) d’Abdelkrim Ghallab
(née en 1919), citons un commentaire idéologico-politique de Maurice T.
Maschino: "Refoulée,
et donc toujours active, «l’idéologie qui sous-tendait les conquêtes et les
guerres coloniales survit dans les esprits», écrit Gilles Manceron. Sous
forme de racisme, aux multiples manifestations quotidiennes [v. préjugés]. Et
sous forme de législations discriminatoires [une justice formelle politique coloniale
parodique]: dans la plupart des pays ex-colonisateurs, l’étranger reste un
indésirable ou un suspect, à maintenir dans un réseau – un carcan – de lois
essentiellement répressives [v. la peine capitale]. " – "COLONIALISME :
Regard critique sur une domination",
Op.cit., p.31. Dans le roman d’A. Ghallab, on relève:
+ "Pendant qu’il étudiait leur dossier,
Mahmoud entrevoyait, à travers Mohamed, Azzeddine, Ahmed et Tahar, l’image de
son frère Abderrahman et de son ami Abdelaziz. Dans les propos de ceux-ci, on
retrouvait les idées si souvent émises dans la chambre d’Abderrahman (…), et dont
lui-même était généralement exclu; mais il arrivait à capter des bribes de
leurs conversations. Il en avait encore les oreilles pleines; il les retrouvait
dans le dossier d’instruction de ce groupe,
et s’interrogeait:
- Qui vais-je juger en fait? De
jeunes dévoyés? Mais ils ressemblent à mon frère, ils ont les mêmes idées, le
même langage … je juge qui : mon frère ? Abdelaziz ? Dieu ait
son âme ! c’était presque un frère pour moi … Non, je juge leurs théories…
ils n’ont pas eu la main heureuse en endoctrinant ces jeunes… des enfants
mineurs.
Un agent l’arracha à sa réflexion:
- Sidi Mahmoud, le Contrôleur [civil
colonial français] te demande (…).
Mahmoud
se força à sourire et se hâta vers le bureau du contrôleur.
- As-tu préparé le dossier des terroristes?
Mahmoud salua d’une inclination:
- Je l’ai étudié, et je suis en train
d’examiner les à-côtés de l’affaire.
- Examiner quoi? L’affaire est
claire ! tonna le contrôleur. Une bande d’assassins, complices d’une bande
d’égorgeurs condamnés et exécutés: le cas est évident.
Il
farfouilla nerveusement dans ses papiers et prit une feuille:
- Peine capitale pour Mohamed ; prison à
vie et travaux forcés pour les autres. Voilà le verdict à rendre demain.
Mahmoud prit note et attendit la
permission de se retirer. L’homme déjà plongé dans ses papiers releva des yeux
méprisants :
- C’est terminé. Tu peux t’en aller. "(pp.279-280).
B- La justice informelle politique parodique
sur la sellette des romans du monde contemporain:
Quant à la justice informelle politique
parodique sur la sellette des romans du monde contemporain, il faudrait relater
avec Corinne Lepage ce dilemme juridique de notre temps: "Les 50 ans qui viennent de
s’écouler ont montré que, comme dans de nombreux pays démocratiques, le droit
et le rôle de la justice pour trancher à la place du politique, de toute une
série de sujets de société, n’avaient cessé de croître. Sans doute la montée
des affaires politico-financières et les affaires de corruption et de trafic
d’influence expliquent pour partie ce recours au juge, seul recours - même si
son efficacité est très modeste (…) - pour les victimes et… la moralité
publique (…). S’y ajoute le rôle de la mondialisation (…). Tel est précisément
le dilemme actuel : simultanément, le pouvoir ne cesse d’en appeler au
juge et ne cesse de le contester, au nom du refus d’un gouvernement des juges [v.
une justice informelle politique parodique]." – "Faut-il un pouvoir
judiciaire en France?", www.corinnelepage.com, p.1. Là, se profilent des
romans témoins tels que: «42e parallèle» (1919) de John Dos
Passos et «Le docteur Ibrahim» (1947) de John Knittel. On y relève
notamment:
-
"Le
droit syndical adjugé en coulisse par une justice informelle
politico-économique parodique sur la sellette du roman «42e
parallèle» (1919) de John Dos Passos (1891-1970):
Cependant,
le droit syndical adjugé en coulisse par une justice informelle
politico-économique parodique est mis sur la sellette du roman «42e
parallèle» (1919) de John Dos Passos (1891-1970), se répercutant dans ce
propos de Francis Feeley, syndicaliste et enseignant universitaire d’Histoire
sociale des Etats-Unis et de la
France sur les campus français et américain, recueilli par
Loїc Chusseau en 2004, déclarant: "Il existe en France une tradition du
centralisme démocratique avec les partis et ses élites qui ont le devoir
d’informer les membres. Il n’y a pas la même culture politique aux Etats-Unis,
on se méfie des élites. Les dirigeants de syndicats, comme Jimmy Hoffa ou Tony
Boyle, sont devenus bien payés pour ne rien faire. La corruption régnait…
C’étaient des opportunistes qui ne servaient pas l’intérêt des ouvriers. A
l’origine des syndicats, c’est le besoin de servir les intérêts du petit peuple
(…). Une fois que c’est institutionnalisé, le dirigeant peut devenir
opportuniste et être tenté par les avantages, collaborer avec les structures
dirigeantes, avec l’ennemi, dans un esprit contraire aux intérêts des ouvriers.
En faisant beaucoup de compromis, ils se sont éloignés des ouvriers [le droit
syndical adjugé en coulisse par une justice informelle politico-économique
parodique]." – "Syndicalisme made in
USA", www.fragil.org, pp.2-3. Ce dont le roman
de J. Dos Passos décrit les dessous dans:
+ "L’après-midi suivant, au La Salle , le juge Bowie C.
Planet se fit annoncer. Ward [un leader patronal] s’assit pour le recevoir
regardant le ciel d’un bleu très pâle du lac Michigan. Il tenait à la main une
petite fiche qui portait:
Planet, Bowie C…, juge du Tennessee,
mari d’Elsie Wilson Denver; petites affaires de cuivre et de plomb… membre de
la firme d’avoués Planet et Wilson, Springfield, Illinois.
- Parfait, Miss Rosenthal, dit-il quand
on frappa à la porte. Elle alla dans l’autre pièce en emportant la fiche.
Morton ouvrit [le maître d’hôtel] la
porte et laissa entrer un homme au visage rond coiffé d’un chapeau de feutre,
un cigare à la bouche.
- Bonjour, juge, dit Ward se levant et tendant
la main. Comment vont les affaires ? Asseyez-vous donc (…).
- Monsieur désire-t-il une tasse de
thé? Demanda Morton s’avançant lentement avec un plateau sur lequel étincelait
un service à thé en argent (…).
Le juge se trouva en train de
siroter une tasse de thé tiède au lait.
- Cela clarifie la cervelle,
juge,cela clarifie la cervelle, dit Ward dont le thé intact se refroidissait
devant lui.
Le juge Planet tira
silencieusement une bouffée de son cigare.
- Eh bien, monsieur, je suis heureux
de vous rencontrer, dit-il.
A ce moment, Morton annonça Mr.
Barrow, un homme osseux aux yeux à fleur de tête et dont la grosse pomme d’Adam
surmontait une cravate roulée en corde (…).
Sur le bureau de Ward se trouvait une
autre petite fiche qui portait:
Barrow, G.H., relations organisations
ouvrières, genre réformateur. Anc.secrét. de la Frat. des chauffeurs locom.; se
méfier.
En
se levant Ward retourna la carte. Après avoir serré la main à Barrow, l’avoir
fait asseoir face à la lumière et l’avoir encombré d’une tasse de thé, il
commença à parler:
- Le capital et le travail, fit-il
d’une voix lente et étudiée comme s’il dictait, comme vous l’avez sûrement
remarqué au cours de vos carrières variées et utiles, le capital et le travail,
ces deux grandes forces de notre vie nationale qui ne peuvent exister l’une
sans l’autre, se séparent de plus en plus, il suffit de jeter un coup d’œil
rapide sur les journaux pour vous en convaincre (…). Les grands chefs du
capital américain, vous vous en rendez probablement compte Mr. Barrow, croient
fermement au fair play et à la démocratie et ne son que trop disposés à donner
à l’ouvrier sa part des produits de l’industrie s’ils peuvent seulement voir de
quelle manière la chose est réalisable sans faire tort au public et à l’actionnaire (…).
Le juge mâchonna le bout de son cigare.
-
Maintenant voyons si je vous comprends bien Mr. Moorehouse. Vous pensez grâce à
vos relations avec les agences de publicité et les grosses affaires vous
pourrez exploiter un champ nouveau en lançant une agence destinée à régler
d’une manière pacifique et à l’amiable les conflits entre employeurs et
ouvriers. Comment vous y prendrez-vous?
- Je suis sûr que les organisations
ouvrières apporteraient leur collaboration à un tel mouvement, dit G.H. Barrow [le
syndicaliste] se penchant en avant sur le bord de sa chaise. Si seulement elles
pouvaient être sûres que… eh bien que…
- Qu’elles ne seraient pas complètement roulées [une
justice informelle politico-économique parodique], dit le juge en riant.
- Exactement.
- Eh bien, messieurs, je vais jouer cartes
sur table. Le grand mot d’ordre sur le quel j’ai basé toutes mes affaires a
toujours été la collaboration.
- Je suis absolument d’accord avec vous
sur ce point, dit le juge en riant de nouveau et se tapant sur le genou. Ce qui
est difficile c’est la manière de réaliser cet état heureux de collaboration [une
justice informelle politico-économique parodique].
-
Eh bien, la première chose à faire est
d’établir des contacts… En cet instant même nous voyons sous nos yeux ce
contact amical s’établir.
- Je dois le reconnaître, dit G.H.
Barrow avec un rire contraint, je ne me serais jamais attendu à vider un verre
en compagnie d’un membre de la maison Planet et Wilson.
Le juge frappa sa cuisse grasse.
-
Vous voulez dire à cause de l’affaire Colorado?... Inutile de vus inquiéter. Je
ne vous mangerai pas, M. Barrow…
Ward parla longtemps ; enfin il
regarda sa montre posée devant lui sur le bureau et se leva (…).
-
J’ai rarement entendu un homme d’affaires parler avec tant de sympathie et de
compréhension sur la situation de la classe ouvrière, dit G.H. Barrow.
-
Je ne fais qu’exprimer le sentiment de mes clients, répliqua Ward en prenant
congé d’eux à la porte avec un salut. "(pp.377-380) – John Brown, "PANORAMA DE LA LITTÉRATURE AMERICAINE AUX
ETATS-UNIS", Paris, Ed. Gallimard, 1954, pp.377-380.
- "Le bagne à perpétuité sur mandat
d’arrêt expéditif par une justice informelle politico- bureaucratique parodique
sur la sellette du roman «Le grand cercle» (1968)
d’Alexandre Soljenytsine (né en 1918):
D’ailleurs, le bagne à perpétuité sur
mandat d’arrêt expéditif par une justice informelle politico- bureaucratique
parodique est également mise sur la sellette du roman «Le grand cercle» (1968)
d’Alexandre Soljenytsine (né en 1918). Cela rappelle paradoxalement la violation du
principe de la présomption d’innocence exigée par toute justice équitable et
souveraine, revendiqué actuellement dans le monde contemporain. "La présomption d’innocence
qui nous est si chère, rappelle F. Differrard, n’a de sens que pour la personne soupçonnée du crime, bien
vivante, qui accepte de faire face à ses juges, et la règle s’imposera alors
avec toute sa charge, même si l’accusé rejette par avance le verdict qu’il
encourt [v. une justice informelle politico- bureaucratique parodique]…" – Op.cit., p.3. Ce que le roman d’A.
Sljenitsyne dépeint cruellement dans:
+ "Mais Innokenty [le diplomate
soviétique] ne s’était pas interrogé à ce sujet [la vie séparée de ses parents]
dans son enfance et n’avait pas songé non plus à questionner sa mère. Et
maintenant, tout cela s’étalait devant lui, dans les lettres et les calepins
dans lesquels sa mère écrivait son journal (…). Le fils eut l’impression qu’il n’était
plus en train de lire, mais qu’il entendait parler sa mère d’une petite voix
frêle.
«Qui y a-t-il de plus précieux au
monde? C’est de ne pas participer aux injustices [v. justice informelle
politico- bureaucratique parodique]. Elles sont plus fortes que nous. Elles ont
existé dans le passé et continueront à exister à l’avenir. Mais ne leur
permettons pas de passer à travers nous (…).
Innokenty y [devant les
bibliothèques ouvertes] était justement
quand Dotty [sa femme] vint lui demander d’aller à une quelconque réception. Il
la regarda, médusé, puis fronça les sourcils en pensant à cette réunion
prétentieuse où tout le monde serait probablement d’accord avec tous les
autres, où l’on se lèverait d’un bond au premier toast au camarade Staline (…),
et après on jouerait stupidement aux cartes [le rite d’une justice informelle
politico- bureaucratique parodique].
Maintenant il en était arrivé à
concevoir une nouvelle loi en lui-même et dans le monde: Tu n’as aussi qu’une
conscience (…). Innokenty commençait à comprendre cela lorsque, le dimanche,
quelques jours avant son départ prévu pour Paris [à l’UNESCO], il eut le
malheur d’apprendre qu’on préparait une provocation [exaction politico-bureaucratique]
contre ce nigaud de Dobroomov. Il en savait assez pour prévoir qu’une telle
affaire ne s’arrêterait pas à Dobroomov et qu’elle pourrait être le début d’une
longue campagne [de répression par une justice informelle politico-bureaucratique
parodique]. Mais Dobroomov lui était particulièrement cher, comme une
silhouette parmi les silhouettes de sa mère
[décédée] (…). Il s’était balancé d’avant en arrière,
était devenu nerveux, s’était pris la tête entre les mains. Enfin il s’était
décidé à téléphoner tout en sachant pourtant que l’appareil de Dobroomov
pouvait fort bien être déjà branché sur table d’écoute et qu’au ministère [de
tutelle] très peu de gens connaissaient
le secret (…)."
Pendant toute la journée, Innokenty fut
profondément troublé. Il partit de chez lui pour éviter qu’on vint l’arrêter là
(…). Là-dessus le téléphone sonna (…). La voix du général était bienveillante. Il annonça que
la nomination d’Innokenty venait enfin d’être approuvée; il prendrait mercredi
l’avion pour Paris (…). On lui avait déjà envoyé une voiture (…).
Il avait à peine passé son uniforme
que le chauffeur sonna à la porte. Ce n’était pas Victor qui le conduisait
généralement (…). Ils partirent (…). Puis brusquement la voiture obliqua vers
le trottoir et s’arrêta (…).
« C’est notre mécanicien du
garage », expliqua l’aimable chauffeur en essayant la portière avant
droite pour le faire monter. Mais la portière refusa de s’ouvrir, la serrure
était coincée (…).
« Camarade conseiller, est-ce qu’il
[le mécanicien] ne pourrait pas monter derrière avec vous ? C’est mon
patron… Je suis un peu embêté.
- Mais oui bien sûr », répondit
aussitôt Innokenty en se déplaçant (…). La
voiture démarra aussitôt (…).
«Tenez, camarade chef, lisez-moi [dit le
mécanicien] ça. Je vais vous éclairer un peu.» La voiture tourna dans une rue sombre et
montante qui aurait pu être la Pouchetchnaia (…).
«Je soussigné, procureur général adjoint
de l’U.R.S.S. confirme…» (…).
«Allons,
du calme, du calme! Pas un geste ou je vous abats sur place!»
Innokenty descendit de
l’automobile-piège par la portière de droite (…). L’arrestation paraissait
brutale, mais ce n’était pas aussi redoutable qu’on l’imaginait en l’attendant
(…). Sur la porte, au lieu de la plaque d’un médecin on pouvait lire : RÉCEPTION DES PERSONNES ARRÊTÉES (…).
On le photographia une fois de face et une fois de
profil (…). Cinq empreintes noires avec les sillons en blanc restèrent sur le
papier (…). Au-dessus des empreintes digitales on avait écrit : A PERPÉTUITÉ.
En
lisant cela, Innokenty frissonna. Cela avait quelque chose de mystique, de
surhumain et de surnaturel [le bagne à perpétuité sur mandat d’arrêt expéditif par
une justice informelle politico-bureaucratique parodique]." )pp. 498-500, 744-746, 771(.
Dans ce cas, la
justice formelle politique parodique est
effectivement mise sur la sellette des romans du monde contemporain à travers «Le
docteur Ibrhim» de John Knittel (Suisse), « Le passé enterré »
d’Abdelkrim Ghallab (Maroc) et informelle à travers « 42e
parallèle » de John Dos Passos (USA) et «Le grand cercle »
d’Alexandre Soljenytsine (ex-URSS). Dans une perspective politco-juridique globale Mario Tronti accuse
le XXe siècle de pas être l’ère des droits en rappelant: "L’extermination de masse,
la violence aveugle, l’action positive et démonstrative de mort, a été celle
des camps [nazis] et du Goulag [soviétique],
mais celle aussi des bombardements en rafale sur les populations civiles
et celle conclusive et décisive, du terrorisme atomique. Dans la recherche de
la solution finale, aucun système et aucune idéologie n’est innocente. Le
vingtième siècle meurt sur cette croix: la force comme violence, la politique
comme guerre [la justice formelle et informelle politique parodique], l’être
comme mort. Demandons nous: pourquoi est-ce à cela qu’on pense quand on dit
vingtième siècle, et non l’ère des droits [la justice souveraine]?" - "La politique au crépuscule", www.lyber.eclat.net, p.4. Il suffit pour s’en
convaincre de voir biographiquement la justice formelle et informelle sur la
sellette des romanciers du monde contemporain.
II- La justice formelle et informelle
parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain:
Dans le cadre de la justice formelle et
informelle parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain, on
pourrait s’interroger avec Michèle Gazier sur les problèmes politiques et
sociaux [v. juridiques] que rencontrent l’impact socio-politique de l’invention
romanesque ces derniers: "On s’interroge: l’invention romanesque ne
serait-elle pas proportionnelle aux problèmes politiques et sociaux que
rencontrent les écrivains [les romanciers]?" – "Le
roman français: 2 ou 3 choses que je sais de lui", «Le roman français contemporain», Paris, Ed. A.D.P.F.,
1993, p.60. Autrement dit, se pose ici la question soulevée par Jérôme Meizoz
(Université de Lausanne et Genève) du rapport du romancier et de la justice: "Il
serait question ici, écrit-il, de l’inacceptable romanesque, à savoir du traitement
désacralisant [délictueux] qu’inflige parfois la fiction [le romancier] à des
valeurs sacralisées par une société (…). Lorsque, porteur d’un discours reçu comme inacceptable, un roman tombe sous
le coup d’une lecture immédiatement éthique et juridique donnée [une justice
formelle ou informelle parodique], l’occasion est donnée de s’interroger sur la
place et le rôle que la société assigne à la littérature d’imagination [v. au
romancier]. "- "Le
roman et l’inacceptable", www.houellebecq,info, p.1. Dans cette optique, nous
aborderons à la fois la justice formelle pénale parodique et la justice
formelle politique parodique sur la sellette des romanciers dans le monde
contemporain.
1-
La justice formelle pénale parodique sur la sellette des romanciers du monde
contemporain:
A propos de la justice formelle pénale parodique
sur la sellette des romanciers du monde contemporain, une dépêche de
l’AFP précise en matière de justice
pénale équitable: "La
justice n’est pas et ne doit pas être un règlement de compte, une vengeance des
victimes contre les bourreaux (…). Le but de la justice est de garantir la
sécurité de tous, de punir les coupables de crimes et de délits et dans
l’idéal, d’enlever l’envie à d’autres d’en faire de même. En matière pénale, il
s’agit de rechercher la vérité et non un coupable à tout prix [une justice formelle pénale parodique]." - "L’injection légale en
question", www.peinedemort.org, p.3. Nous citerons, à titre
d’exemple, le procès de justice formelle pénale parodique du romancier français
Michel Houellebecq au sujet de son roman « Plateforme » (2001),
en 2002 et du romancier turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature (2004) au sujet son roman « Neige »
(2004), en 2006. Il s’agit notamment de verdicts pénaux iniques concernant:
- "La
justice formelle pénale parodique de la relaxe en 2002, sur la sellette du
romancier français Michel Houellebecq (né en 1958) et son roman « Plateforme »
(2001), pour « injure raciale et incitation à la haine
religieuse» en l’absence de
« loi sur le délit de blasphème»:
Relaxé en 2002, le romancier français
Michel Houellebecq, pseudonyme Michel Thomas (né en 1958), auteur du roman
« Plateforme » (2001), pour « injure raciale
et incitation à la haine religieuse»,
en l’absence d’une « loi sur le délit de blasphème» fut mis sur la
sellette d’une justice formelle pénale parodique en France. Parlant de la
justice comme d’un contre-pouvoir Noam Chomski déclare dans sa discussion avec
Michel Foucault en 1971: "Je crois que finalement il serait raisonnable, la
plupart du temps, d’agir contre les institutions légales d’une société donnée [revendiquer
des réformes], si cela permettait d’ébranler les sources du pouvoir et de
l’oppression dans la société [v. une justice formelle pénale parodique]. Cependant,
dans une très large mesure, la loi existante représente certaines valeurs
humaines respectables; et, correctement interprétée, cette loi permet de
contourner les commandements de l’Etat [les interventions politiques]. Je pense
qu’il est important d’exploiter ce fait et d’exploiter les domaines de la loi
qui sont correctement définis, ensuite peut-être agir directement contre ceux
qui ne font que ratifier un système de pouvoir [v. justices formelle et
informelle pénale parodique et politique pénale parodique]." – "Chomski-Foucault:
« Justice contre pouvoir", www.lemonde-diplomatique.fr, p.1. En font preuve les
extraits de presse biographiques suivants:
+ "La parution du roman de
Michel Houellebecq «Plateforme» en août 2001 et les déclarations de
l’auteur sur son livre, rapporte J. Meizoz, ont suscité une polémique dans les
médias français ainsi qu’une action en justice de quatre associations
musulmanes, pour « insulte» et « incitation à la haine religieuse».
Celle-ci [la procédure pénale] vient d’aboutir à la relaxe de l’auteur [d’une
justice formelle pénale parodique], le 22 octobre 2002 (…). " -
Op.cit., p.1.
Quant au verdict inique de relaxe de M.
Houellebecq, on pourrait citer en particulier:
+" La Procureure de la République Béatrice
Angelelli a balayé promptement les espoirs des parties civiles [v. absence de
loi française reconnaissant le délit de blasphème] de voir condamnés les propos
de l’écrivain. En estimant que ceux-ci ne concernaient que l’Islam [sic] et pas
les Musulmans [re-sic], elle a mis en garde contre le glissement sémantique opéré
par l’accusation [sic]. A quoi elle ajouté que si Michel Houellebecq est
effectivement provocateur [haineux], il n’en appelle pour autant à la haine
[sic]. Après avoir démontré les multiples contradictions entre avocats de
l’accusation, elle a finalement et très logiquement [re-sic] demandé la relaxe
[v. une justice formelle pénale parodique]." – Red Lucy Roche, "L’écrivain Michel
Houellebecq contre l’Islam", www.atheisme.org, pp.2, 4.
- "La justice formelle pénale parodique
d’un verdict sans suite sous pression de la communauté internationale, en 2006,
mise sur la sellette du romancier turc Orhan Pamuk (né en 1952), prix
Nobel 2006, auteur du roman « Neige » (2004),
pour « dénigrement public de l’identité turque»:
Corrélativement, la justice formelle pénale
parodique d’un verdict sans suite sous pression de la communauté
internationale, en 2006, est mis à son tour sur la sellette du romancier turc
Orhan Pamuk (né en 1952), prix Nobel 2006, auteur du roman « Neige »
(2004), pour « dénigrement public de l’identité turque». "Les rapports contemporains entre la
fiction [le romancier], la morale [v. les droits civiques] et la justice,
indique J. Meizoz, ne prennent tout leur sens que par référence à un état
inédit de l’«autonomie» du champ littéraire (…) atteint au XIXe
siècle et tant bien que mal maintenu jusqu’à nos jours (…). L’autonomie – on
l’oublie en naturalisant son statut contemporain – n’est donc pas une donnée
toujours-déjà-là de la pratique littéraire, mais une conquête de celle-ci
contre des conceptions de l’écriture représentées par les jugements éthiques
externes des plaignants, des juges ou du censeur [une justice formelle pénale
parodique]. "-
Op.cit., pp.2, 3. D’où les extraits de
presse inhérents au verdict sans suite du romancier d’O. Pamuk, auteur du roman
« Neige » suivant:
+ "«La
politique dans une œuvre littéraire, c’est un coup de pistolet au milieu d’un
concert, quelque chose de grossier et auquel pourtant il n’est pas
possible de refuser son attention. Nous allons parler de fort vilaines choses.»,
l’avertissement, signale Jean-Baptiste Harang, est de Stendhal et concerne «La
chartreuse de Parme», Orhan Pamuk l’a placée en exergue de son dernier
roman traduit en français, «Neige», un roman plein de neige et de coups de pistolet [de
génocides], sans la moindre grossièreté mais rempli de ces deux univers peu
miscibles : la politique et la poésie. La liberté de penser librement la
politique est mal portée en Turquie, et peu tomber sous le coup de la loi. Dans
les livres (les romans) d’Orhan Pamuk,
la liberté est totale, les censeurs trouveraient de quoi l’envoyer en prison
pour dix mille ans, à condition de savoir lire, mais les censeurs ne lisent
guère les livres. Malheureusement pour lui, ils lisent les journaux et Pamuk
est convoqué devant un tribunal le 16 décembre prochain [2005], il risque trois
ans de prison pour avoir publiquement dénigré l’identité turque. Orhan Pamuk a
donné au mois de février une interview au journal suisse «Tages-Abzeiger» dans
laquelle, au détour d’une phrase (…), il prend l’exemple des 30 000 Kurdes
qui ont été tués ces dernières années par les forces de sécurité turques et 1 million
d’Arméniens massacrés en 1915 (il n’utilise pas le mot génocide) "- "Un roman politique comme ça ne se
fait pas en Turquie", www.liberation.fr, p.1.
D’où le verdict sans suite de la justice turque, « pour vice de
forme de procédure », et « sur pression internationale »,
rapporté par Lila Azam Zanganeh comme suit:
"Ces déclarations [d’O. Pamuk] sont
jugées en contradiction avec l’intérêt national turc et Pamuk est soumis à une
campagne d’intimidation: il est menacé de mort, vilipendé; un sous-préfet
ordonne un autodafé de tous ses livres. Un procès [justice formelle pénale
parodique] se prépare, qui s’appuie sur une loi de juin 2005 interdisant
d’insulter l’identité turque. Il risque jusqu’à quatre ans de prison. « Ce
n’est pas Orhan Pamuk qui est jugé mais la Turquie», déclare alors le
commissaire européen à l’élargissement. En octobre 2005, Pamuk est inculpé par
une cour d’Istambul (…). Puis, soudain, la justice turque, en raison de vice de
forme de procédure, et sur pression de la communauté internationale, lâche
prise fin février 2006 [v. justice
formelle pénale parodique]." - "Orhan Pamuk, Prix Nobel de littérature", www.lemonde.fr, p.2. Ensuite, nous abordons
la justice informelle politique parodique sur la sellette des romanciers du
monde contemporain.
2- La justice informelle politique parodique
sur la sellette des romanciers dans le monde contemporain:
Toutefois, la justice formelle politique
parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain est manifeste
notamment, dans le cas de la romancière américaine Pearl Buck, pseudonyme de
Pearl Sydenstricker (1892-1973), prix Nobel (1938), auteure de «La mère»
(1934); du romancier français Pierre Guyotat (né en 1940), auteur de «Eden,
Eden, Eden» (1971); du romancier marocain Mohamed Choukri (1935-2003) auteur
de «Le pain nu » (1983); du romancier chinois Gao Xingjian (né
en 1940), prix Nobel (2000) auteur de « La montagne de l’âme »
(1995).
J. Meizoz voit que la responsabilité
juridique du romancier varie avec les crises politiques dans la société: "Au
fil du temps, et au gré des crises politiques, l’espace littéraire [v. du
romancier] que la société (par ses instances diverses) accorde au discours
littéraire [du romancier] varie, de même que les contraintes [les interdits]
hétéronomes ou externes qu’elle fait peser sur lui en le renvoyant directement
au statut d’acte [politique justiciable] parmi d’autres (…). Ainsi dans les
nombreux débats causés par le succès croissant du roman, genre «frivole» alors
particulièrement surveillé [v. suspecté par la censure], les écrivains [les
romanciers] recourent à un répertoire stable d’arguments défensifs [autonomie
du romancier, de la fiction, etc.], toujours repris jusqu’à nos jours [XXIe
siècle]." – Op.cit., p.2.
Or, telle n’est pas la posture de la justice informelle politique parodique
mise sur la sellette des romanciers dans le monde contemporain. La preuve en
est:
- "La
justice informelle polico-bureaucratique parodique des dossiers constitués, sans
suite, par le FBI, dans les années 50, sous le règne de l’hystérie du
maccarthysme, mise sur la sellette de la romancière Pearl Buck (1892-1973),
prix Nobel 1938, auteur du roman « La mère» (1934),
à cause de son militantisme pour les droits civiques, les droits de la femme et
la compréhension Asie -Occident, à travers son «Association Est-Ouest »:
Effectivement, des dossiers d’enquête
sans suite, furent constitués par le FBI sous le règne de l’hystérie du
maccarthysme, dans les années 50, sur la romancière américaine Pearl Buck
(1892-1973), prix Nobel 1938, auteur du roman « La mère» (1934),
alors militante pour les droits civiques, les droits de la femme et la compréhension
Asie-Occident, de par son «Association
Est-Ouest ». Cela constitue, en fait, la mise sur la sellette des
romanciers d’une justice informelle polico-bureaucratique parodique. L’iniquité
de cette justice informelle politico-bureaucratique parodique trouve aussi son
écho dans cette réflexion de François Mauriac (1885-1970), citée par Brian
Thompson, University of Massachusetts – Boston,
où il prône: "En
politique, note Mauriac, s’engager sur une certaine route [v. celle d’un
romancier], c’est d’avance consentir à être jugé bassement [v. une justice
informelle polico-bureaucratique parodique]." – "Malraux
et Mauriac devant la politique: traîtres ou fidèles?", www.faculty.umb.edu, p.1. Ainsi est-il de la
romancière américaine, nobélisée P. Buck dans les extraits de presse biographiques
suivants:
+ "De 1931, remarque Kathax
Pollit, date à laquelle elle fut propulsée sur la scène littéraire, à l’âge de
39 ans, avec «La terre chinoise» (rééditée en février par Omnibus),
jusqu’à sa mort en 1973, Pearl Buck fut l’une des femmes les plus célèbres du
monde (…). Experte renommée en matière d’affaires en Extrême-Orient, elle
publia son propre magazine, « Asia» et eut pour amies Eleanor
Roosevelt, Margaret Mead et plusieurs dizaines d’autres personnalités. Cette
féministe dont les écrits sur la situation des femmes américaines bien éduquées
précédèrent «The feminine mystique» (de Betty Fiedman, la mère du
féminisme), fut une fervente militante de l’égalité des races plusieurs année
avant le mouvement moderne pour les droits civils – et une humaniste
infatigable qui adopta sept enfants et leva des millions de dollars pour un
grand nombre de causes différentes – dont la plus célèbre consistait à adopter
et à élever les enfants que les soldats américains basés en Extrême-Orient
avaient conçus puis abandonnés. " - Pearl,
Buck trop vite célèbre", www.lire.fr,
pp.1.
+ "Elle [Pearl Buck] obtint
le prix Nobel de littérature en 1938 (…). Ses dernières années furent tristes. Le prix
Nobel qui avait oublié de grands écrivains américains tels que Marc Twain,
Theodore Dreiser et Henry James, fit aussitôt d’elle la risée des auteurs et
des critiques littéraires sérieux – «un symbole de succès immérité», comme le
dit Peter Conn. Dans années 50, l’hystérie du maccarthysme la priva de son
lectorat populaire. Depuis des années, le FBI constituait des dossiers sur elle
[une justice informelle polico-bureaucratique parodique.]. Les communistes
chinois la dénoncèrent eux aussi (…). Et, bien sûr, c’est une femme qui,
circonstance aggravante, écrivait sur d’autres femmes. "- Op.cit., p.2.
- "La
justice informelle polico-bureaucratique parodique de l’interdiction, par
arrêté du ministère de l’intérieur et signature du directeur général de la
Police nationale et la loi française protégeant la jeunesse, de la vente
à de moins de 18 ans, de l’affichage, de l’exposition et de la
publicité de son roman «Eden, Eden, Eden» (1971),
mise sur la sellette du romancier Pierre Guyotat (né en 1940):
En outre, l’interdiction au romancier
Pierre Guyotat (né en 1940) l’exposition, la publicité, la vente à de moins de
18 ans, l’affichage, de son roman «Eden, Eden, Eden» (1971) par arrêté du
ministère de l’intérieur, portant signature du directeur général de la Police
nationale avec effet de la loi française protégeant la jeunesse, est également une
mise sur la sellette des romanciers d’une justice informelle
polico-bureaucratique parodique du monde contemporain. Or, tel que le révèle J.
Meizoz, cela ne va sans une protestation collective des milieux
littéraires: "Le
monde des écrivains, la défense des collègues [v. des romanciers] contre toute
censure ]une
justice informelle polico-bureaucratique parodique[, et l’affirmation de l’«indépendance» absolue du texte [du
romancier] relève de l’automatisme. Le plus souvent, elle se donne à l’état de
slogan [de revendication], sans argumentation ni contestation possible. Certes,
cette conduite s’avère souvent salutaire [efficace], mais elle ne facilite pas
la compréhension de ce qui fait problème dans un texte contesté [v. le texte d’un
romancier interdit]." –
Op.cit., p.1. Citons à propos de l’interdiction ayant frappé le romancier P. Guyotat et son roman en «Eden,
Eden, Eden» (1971), évoquant la guerre d’Algérie:
+ "Ecrivain engagé, indique sa
biographie, Pierre Guyotat attire d’emblée la controverse en 1965 pour la
publication de «Tombeau pour cinq mille soldats», témoignage de son
expérience de soldat lors de la guerre d’Algérie. Soutenu par les intellectuels
de l’époque, allant de Michel Foucault [1926-1984] à Barthes [1915-1980], le
roman est interdit des casernes par Massu [une justice informelle
polico-bureaucratique parodique]. Considéré comme un paria par les uns pour sa
désertion ou un héros, Pierre Guyotat
embrasse la carrière de journaliste au retour de l’enfer (…). Au sortir de
cette période, il publie «Eden, Eden, Eden» [1971], où il raconte
crûment la guerre, avec son lot de sang, de tortures, de corps déchiquetés.
Immédiatement, l’ouvrage est interdit de publication par le gouvernement [une
justice informelle polico-bureaucratique parodique], malgré la pétition signée
par les plus grands écrivains comme Simone de Beauvoir [1908-1986] ou Italo
Calvino [1923-1985]." – "Biographie
de Pierre Guyotat ", www.evene.fr, p.1.
S’agissant des détails de l’interdiction
arbitraire infligée au romancier P. Guyotat en 1971, un article de «Tel Quel»
en dévoile les dessous:
+ "C’est par un arrêté du ministère de
l’Intérieur, en date du 15 octobre 1970, signé pour le ministre par le
directeur général de la Police nationale, Jean Dours, et paru dans « le
Bulletin officiel » du 22 octobre, que le livre de Pierre Guyotat a
été frappé d’une triple interdiction:
- interdiction de vente aux mineurs
de moins de 18 ans;
- interdiction à l’affichage et à
l’exposition;
- interdiction de publicité.
Cette mesure répressive qui équivaut à une
censure de fait du livre, a suscité de nombreuses protestations, dont une
Tribune libre du journal «le Monde» (8-9 nov. 1970) signée Jérôme Lindon
[1925-2001] (…). Le directeur des Editions de Minuit, représentant des
éditeurs à la commission de contrôle et de surveillance des œuvres destinées à
la jeunesse, y dénonce le caractère arbitraire de cette mesure, indiquant que
la commission appelée à donner son avis avant la décision du ministre n’a pas
même été consultée [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique].
A partir de ce texte de Jérôme Lindon,
une pétition a été organisée, protestant: «contre
l’interdiction qui frappe le roman de Pierre Guyotat , «Eden, Eden, Eden»,
(Ed. Gallimard), dont la presse dans son ensemble a souligné l’importance
littéraire », et s’élevant : « contre l’usage arbitraire qui est
fait d’une loi destinée à l’origine à la protection de la jeunesse et qui est
manifestement détournée de son sens» [v. une justice informelle polico-bureaucratique
parodique]." – "La littérature interdite", in nº45, Printemps 1971, p.101. Il en va
de même de:
- "La justice informelle
polico-bureaucratique parodique de l’interdiction (1983-2000) de la
publication de la version arabe du roman
«Le pain nu» (1980), par décision du ministre de l’intérieur,
suivant les recommandations des Oulémas et théologiens de l’Islam, mise sur la
sellette du romancier marocain Mohamed Choukri (1935-2003)":
La justice informelle polico-bureaucratique
parodique de l’interdiction (1983-2000), de la publication de la version arabe
du roman «Le pain nu» (1980), par
décision du ministère de l’intérieur, suivant les recommandations des Oulémas
et théologiens de l’Islam, est de son côté mise sur la sellette du romancier
marocain Mohamed Choukri (1935-2003). On pourrait là dire avec J.
Meizoz: "Lorsque,
porteur d’un discours [romanesque désacralisant] reçu comme inacceptable, un
roman [un romancier] tombe sous le coup d’une lecture immédiatement éthique
[théologique] et juridique [v. une justice politico-bureaucratique parodique],
l’occasion est donnée de s’interroger sur la place [la liberté] et le rôle [la
fonction] que la société assigne à la littérature d’imagination [v. au
romancier].", Op.cit., p.5. Nous lisons sur
l’interdiction, levée en 2000, du romancier M. Choukri les extraits de presse
ci-dessous:
+ "L’évènement, annonce l’Edition du
Seuil sur le Net, fait date sur la scène littéraire marocaine, la plus riche du
Maghreb : «Le pain nu» [1980], sulfureux roman picaresque à la
violence rare de l’écrivain Mohamed Choukri vient d’être autorisé au Maroc. La
décision émane du ministère de la Culture et met un terme à 17 ans de censure [en
2000]. Livre maudit sur la pauvreté et les injustices des enfants du bas peuple
(…). Le roman avait été interdit en 1983 sur décision du ministre de
l’Intérieur d’alors, Driss Basri, suivant les recommandations des Oulémas et
théologiens de l’Islam, scandalisés (entre autres) par la crudité des scènes à
caractère sexuel qui émaillent ce récit et les références répétées aux
narcotiques tels l’alcool. Mais le très ombrageux ministre de l’Intérieur de
l’époque n’avait pas été insensible à l’intraitable portrait d’une société
marocaine en proie aux injustices sociales les plus révoltantes [une justice
informelle polico-bureaucratique parodique]." – "Le
Maroc lève le voile sur le pain nu",
www.afrik.com, p.1.
Mais les changements politiques ont
déjoué cette interdiction comme le suggère Nora Borsali, dans:
+ "La version arabe du roman a été alors interdite de publication au Maroc en
1983 [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique], mais sans
cesser de circuler sous les manteaux et d’être lue par un lectorat séduit par
l’audace de cet écrivain autodidacte. Ce livre maudit a connu la célébrité
d’abord dans le monde anglo-saxon et aux Etats-Unis grâce à son adaptation en
anglais dès 1973 par Paul Bowles (1910-1999), avant d’être autorisé au Maroc en
l’an 2000 par le gouvernement (…) qui a fini par lever l’interdiction et d’être
salué comme « un chef d’œuvre de la littérature arabe » (selon
l’Egyptien Gamal Al-Ghitani)." – "Maroc:
Mohamed Choukri, l’écrivain par qui le scandale arrive", www.realtes.com, p.1. Ce fut récemment le cas
de:
- "La justice informelle
polico-bureaucratique parodique de la déclaration persona non grata aux écrits
interdits par le régime mise sur la sellette du romancier chinois Gao Xinjiang (né
en 1940), prix Nobel 2000, auteur de «La Montagne de l’âme» (1995)
et de « Le livre d’un homme seul » (2000) ":
Pour sa part, la justice informelle
polico-bureaucratique parodique de la déclaration persona non grata aux écrits
interdits par le régime est mise aussi sur la sellette du romancier chinois Gao
Xinjiang (né en 1940), prix Nobel 2000,
auteur de « La Montagne de l’âme » (1995) et de «Le
livre d’un homme seul» (2000). Cela rappelle singulièrement le propos de N.
Chomsky considérant: "La désobéissance civile [v.la critique politique
d’un romancier] implique un défi direct de ce que l’Etat prétend, à tort selon
moi, être la loi [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique].
(…) Mener une action qui empêche l’Etat de commettre des crimes est tout à fait
juste, comme violer le code de la route pour empêcher un meurtre. Si je brûle
un feu rouge pour empêcher de mitrailler un groupe de gens, ce n’est pas un
acte illégal, mais de l’assistance à personne en danger; aucun juge sain
d’esprit [aucune justice équitable] ne m’inculpera." – Op.cit., p.1. Et ce furent l’interdit et l’exil qui
frappèrent le romancier chinois G.
Xingjian, critiquant dans ses romans la politique intérieure chinoise, en 1986.
C’est ce qu’explicitent les extraits de presse biographiques suivants:
+ "Le prix Nobel de littérature de l’an
2000, lit-on dans le Communiqué de presse de l’Académie suédoise, est décerné à
l’écrivain de langue chinoise Gao Xingjian [né en 1940]. (…) Dans l’œuvre de
Gao Xingjian, la littérature renaît du combat de l’individu pour survivre à
l’histoire des masses. (…) Son roman magistral «La Montagne de l’âme »
[1995] est une de ces rares créations littéraires qui ne semblent être
comparées qu’à elles-mêmes. Il est construit sur des impressions de voyages
faits dans des régions lointaines de la Chine du Sud et du Sud-Ouest où les
coutumes chamanistes sont encore vivaces [par-delà la Révolution culturelle
chinoise], où les ballades et les histoires de brigands sont présentées comme
véridiques et où on rencontre des représentants d’une sagesse taôiste
ancestrale. "- "Gao
Xingjian", www.romans-romanciers.com, p.1.
Concernant la déclaration persona non
grata et l’interdiction de l’œuvre de G.
Xingjian en Chine, on y lit notamment:
+ "Le second roman de Gao
Xingjian, «Le livre d’un homme seul» [2000], poursuit les thèmes de «La
Montagne de l’âme », mais dans une optique plus saisissable. Au cœur
du livre se trouve le règlement de compte avec la folie terrifiante connue sou
le nom de la Révolution culturelle en Chine. Avec une sincérité impitoyable
l’écrivain retrace tour à tour son expérience d’activiste politique, de victime
et d’observateur extérieur. (…) Pendant
la Révolution culturelle (1966-1976), il est envoyé dans des camps de
rééducation [bagnes d’intellectuels], doit brûler une valise de manuscrits. Ce
n’est qu’en 1979 qu’il peut se faire publier et voyager à l’étranger, en France
et en Italie. (…) En 1987, il laisse la Chine pour s’installer un an plus tard
à Paris comme réfugié politique [puis, citoyen français depuis 1997]. Il quitte
le parti communiste chinois en 1989, après le massacre de la Place Céleste
(Tian’anmen). Après avoir publié «La fuite» [1992] qui se déroule contre
la toile de fond de ce massacre, il est déclaré persona non grata par le régime
et ses écrits sont interdits [une justice informelle polico-bureaucratique
parodique]. Durant l’été 1982, Gao Xingjian avait déjà commencé sa grande œuvre «La Montagne de l’âme »
(…). S’en suit le roman plus autobiographique «Le livre d’un homme seul»
[2000]. "-
Op.cit., p.2.
Il ressort ainsi de la justice formelle pénale
parodique mise sur la sellette des romanciers dans les monde contemporain tels
que M. Houellebecq (né en 1958) auteur de « Plateforme »
(France), O. Pamuk (né 1952), prix Nobel 2006, auteur de « Neige »
(Turquie), de la justice formelle politique parodique mise sur la sellette des
romanciers dans les monde contemporain tels P. Buck, prix Nobel 1938, auteur de
« La mère » (USA), P. Guyotat, auteur de « Eden, Eden,
Eden» (France), M. Choukri, auteur de « Le pain nu »
(Maroc) et G. Xingjian, prix Nobel 2000, auteur de « La Montagne de l’âme »
et de « Le livre d’un homme seul » (Chine) qu’il y a nécessité
d’une réforme de la justice humaine à l’échelon planétaire. C’est ce qui faire
dire à Pierre-Henri Simon en toute humilité: "Si donc l’écrivain, quoi
qu’il fasse, ne peut manquer de parler en témoin de l’homme, en observateur et
en juge de la condition humaine, et que la lumière de beauté qu’il choisit (ou
refuse) de donner à l’expression de sa vérité en est l’éclairage, comment
pourrait-il se plaindre que fussent examinées ses preuves et ses valeurs
[certes par une justice formelle équitable, non par une formelle ou informelle
parodique]?" - «PARIER POUR
L’HOMME», Paris, Ed. du Seuil, 1973, p.339.
Pour conclure, il s’avère que « la
justice sur la sellette des romans et que des romanciers du monde contemporain »
n’est autre que le reflet d’une mise à nu de la nécessité d’une réforme de la
justice dans le monde actuel, exposé, suivant ses romans et ses romanciers à une
justice formelle et informelle pénale, militaro-révolutionnaire et
politico-bureaucratique parodique, ayant sévi et sévit encore à travers des romans et des
romanciers tels que: "Le procès" du Tchèque F. Kafka, "La peste" du Français A.
Camus (prix Nobel 1957), "Eden, Eden, Eden" de son compatriote P. Guyotat, "Le docteur Ibrahim" du Suisse J.
Knittel", "Le
premier cercle" du Russe A.
Soljenitsyne (prix Nobel 1970), "L’homme de sang" de l’Espagnol J. L. de Vilallonga (Europe);
"Nedjma" de l’Algérien K. Yacine, "Le passé enterré" du Marocain A. Ghallab, "Saison de migration
vers le Nord" du Soudanais T.
Salih (Afrique); "Neige" d’O. Pamuk (prix
Nobel 2006) "La
Montagne de l’âme" et "Le
livre d’un homme seul" du
Chinois G. Xingjian (prix Nobel 2000), "Une rue pauvre" de sa compatriote C. Naishan (Asie et Océanie); "La mère" de P. Buck (prix Nobel 1938), "42e parallèle " de J. Dos Pasos, (Amérique).
Ce besoin mondial et national d’une réforme de la justice est aussi mis en exergue
par SM Mohamed VI, ouvrant la session d’automne 2007 du parlement marocain, en
y spécifiant: "Aujourd’hui,
tout le monde s’accorde sur l’absolue nécessité d’une réforme de la justice, et
revendique une justice crédible, équitable, indépendante, forte et compétente,
au-dessus de tout soupçon, une justice crédible et performante." – "Les
priorités pressantes du gouvernement",
Op.cit., p.2.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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