LE BICENTENAIRE DES
VOIX DU SILENCE DES ÉCRIVAINS
RUSSES: 1808-2008
A l’ombre de l’oubli, de la
censure, des déportations et de la mort, “les voix du silence” du bicentenaire (1808-2008)
des écrivains russes, comme
l’avait suggéré André Malraux (1901-1996) au sujet des arts ( 1951), mérite d’être revisitées, tel un fait historique initié en 1808
par le roman “Rousski Vestnik” [Le messager russe]de Sergei
Glinka [1775-1847], “avec l’intention «d’exciter
l’esprit populaire et de lancer des appels pour une lutte nouvelle contre Napoléon [1812-1815]»,
ainsi qu’il [S.Glinka] le dira plus tard dans ses mémoires.” – Dimitri
Sorokine, “Napoléon dans la littérature russe”, Paris, P.O.F.,
1974, p.54. Or, citant Georges Nivat, professeur à
l’Université de
Genève (né en 1935), Lorraine Millot assure: “Rares sans
doute sont les pays qui ont autant que la Russie tenté de massacrer et manipuler leur mémoire [les
voix du silence].
Et rares sans doute les cultures aussi méconnues [les écrivains russes]…” – “L’empreinte
russe”, www.liberation.fr, p.1.
Un
parcours même hâtif du bicentenaire des écrivains russes ne
serait que justice à rendre à leurs singulières destinées à travers les dédales idéologico-politiques
des XIXe et XXe et du début du XXIe siècles, ayant pour jalons les
guerres patriotiques contre Napoléon (1769-1821), Hitler (1889-1945), voire la
guerre froide, sous Staline (1879-1953), etc. Aussi verrons-nous en ce
bicentenaire des écrivains russes: I) Le bicentenaire des écrivains russes
classiques et modernes, II) Le bicentenaire des écrivains russes soviétiques et
perestroïko-glasnostistes, III) Le bicentenaire des écrivains russes
post-soviétiques et actuels.
I- Le bicentenaire des écrivains
russes classiques et modernes:
Certes,
la formation d’une littérature russe nationale, voire classique et moderne, fut historiquement
suscitée par la guerre patriotique (1812-1815) de la Russie contre Napoléon
Bonaparte (1769-1821). Tout paradoxal que cela puisse paraître, signale D. Sorokine [né
en 1950],
Napoléon et les guerres qu’il avait déclenchées jouèrent indirectement un rôle important et très favorable dans la
formation d’une littérature russe nationale.” – Op.cit., p.21. Mais en dépit de
l’oubli et de la censure, les voix du silence du bicentenaire des écrivains
russes, notamment classiques et modernes, survécut à travers la longue mémoire
de la Russie ,
comme le dit G. Nivat:
“La Russie a une mémoire
longue, qu’elle cultive parfois de façon un peu maladive. On
s’accroche ainsi à 1612 [la victoire russe sur les Polonais] ou 1812,
la victoire sur Napoléon. Ce qui permet de dire: nous [les
Russes] avons
toujours été envahis, nous ne sommes pas un peuple agresseur. Mais cette
mémoire longue est une réalité, que l’Occident souvent ne comprend pas. De même, le souvenir de la Seconde Guerre
mondiale, la guerre pour la patrie, comme on dit en Russie, est cent fois plus
important pour la Russie
que pour nous.” – “L’empreinte russe”, Op.cit., p.2. Ce qui nous conduit
à voir successivement les écrivains russes classiques (1808-1900) et les
écrivains russes modernes (1900-2008).
I.1- Le bicentenaire des écrivains
russes classiques (1808-1908):
En effet, S. Glinka (1775-1847) fut l’auteur d’un premier roman “Rousski Vestnik”
(Le messager russe -1808), où il avait
prédit l’attaque de Napoléon contre la Russie , et ce malgré les accords de
paix signés avec Alexandre Ier, à Tilsit (1707) et à Erfurt
(1808). “Malgré Tilsit, écrit D. Sorokine,
Glinka ne croyait pas à la paix. Il prédisait une nouvelle guerre et
prophétisait même une attaque de Napoléon contre la Russie.” – Op.cit.,
Ibid. Par ailleurs, le secrétaire la direction de l’Union des Ecrivains
soviétiques Youri Vertchenko corrobore l’audience primordiale des écrivains russes classiques (1808-1900), en affirmant: “Notre littérature [soviétique]
est l’héritière de la tradition démocratique des classiques…” - “Dans la
ligne de Gorki”, “Lettres Soviétiques”, N°308, 1984, Moscou,
p.150. Or, les écrivains russes classiques symbolisent, selon Christine
Zeytounian-Beloüs, le siècle d’or de la littérature russe du XIXe
siècle.
“Le
19e siècle, écrit-elle, est considéré comme un âge d’or qu’inaugure Alexandre
Pouchkine [1799-1837], poète et prosateur (Eugène Onéguine;, La dame de
pique; La fille du capitaine),figure
dominante de toute la littérature russe [v. classique] jusqu’à
aujourd’hui; son influence sur les écrivains modernes saurait être sous
estimée ; ainsi que celle des autres grands classiques: Mikhaïl
Lermontov [1814-1841] (Un héros de notre temps; Nikolaï Gogol
[1809-1852](Les âmes mortes, le Nez);Ivan Tourguéniev [1818-1883] (Les
eaux printanières);Ivan Gontcharov [1812-1891] (Oblomov); Léon
Tolstoï [1828-1910] (Guerre et paix; Anna Karenine);Fiodor Dostoïevski
[1821-1881](Crime et châtiment ; Les possédés ; Les frères karamazov);
Anton Chékov [1860-1904](La cerisaie ; La ,mouette ;
Nouvelles)…”- “La littérature russe contemporaine”, www.interbibly.fr,
p.1. Quant aux voix du silence du bicentenaire des écrivains russes classiques,
dans les îles du Goulag (1945-1953), on se rappellerait, avec le Prix Nobel de
littérature russe (1970), Alexandre Soljénitsyne (né en 1918): “Je n’en ai
rencontré que quelques-uns sur la multitude des îles du Gulag (…). Ceux qui ont
été engloutis dans ce gouffre, alors qu’ils s’étaient déjà fait un nom, sont au
moins connus. Mais combien ont pu en revenir? Toute une littérature nationale [russe
classique] est enfouie là, plongé dans l’oubli [les voix du silence] non
seulement sans une pierre tombale, mais sans vêtements, nue, avec seulement un
numéro [du bagne].” - “Les droits de l’écrivain, suivi de Discours de
Stockholm”, Paris, Ed. du Seuil, 1972, p.99.
Cependant, les écrivains russes
classiques furent aussi la mémoire ineffaçable
des voix du silence bicentenaire de la littérature russe actuelle. “Ce qui a
été détruit physiquement, souligne L. Millot, s’est souvent conservé sous forme
de mythes, ou grâce à la littérature. Pour détruire totalement la mémoire [des
classiques], le régime bolchevique aurait dû interdire la littérature, comme
Mao [1893-1976] l’avait fait. Avec une grande littérature classique, l’ennemi est
dans la place. Même si on ajoute une préface marxo-léniniste à Tolstoï
[1828-1910] ou Pouchkine [1799-1837], il y reste d’immenses leçons
d’émancipation [libérale].” - “L’empreint russe”, Op.cit., p.2. De plus,
les écrivains russes modernes eurent à connaître, dès 1917, un sort aussi peu
enviable que celui de leurs homologues classiques.
I. 2- Le bicentenaire des
écrivains russes modernes (1900-1917):
Toutefois,
le bicentenaire des écrivains russes modernes (1900-1917)
augurait, dès ses débuts, d’une littéraire russe moderne d’avant-garde,
tragiquement avortée par la
Révolution bolchevique d’octobre 1917. Globalement, André
Lagarde et Laurent Michel déclarent concernant la littérature occidentale de
1900: “A
première vue, la littérature d’avant 1914 nous semble, comme le «modern
style », périmée ou tributaire du XIXe siècle.” - “XXe
siècle”, Paris, Ed. Bordas, 1966, p.10. De plus, A. Soljénitsyne dénonce:
“Notre littérature a perdu son rôle de guide à l’avant-garde de la littérature
mondiale, qu’elle occupait à la fin du siècle dernier [XIXe siècle]
et au début de celui-ci [XXe siècle]; elle a
également perdu cet éblouissant caractère expérimental qui la distinguait au
cours des années 20.” – Op.cit., p.27. Dans ce cadre, on pourrait
mentionner, avec C. Zeytounian-Beloüs, des écrivains russes modernes de cet âge
d’argent comme suit:
“Le terme d’âge d’argent, dit-elle,
s’applique à la période qui va de 1890 à 1920; riche en nombreux courants dont
le symbolisme (Fiodor Sologoub [1863-1927], Andreï Biely [1880-1934], Zinaïda Hippius
[1869-1945], Alexandre Blok [1880-1921]), le futurisme (Vladimir Maïakovski
[1893-1930], Velimir Khlebnikov [1885-1922]) et l’acméisme (Nikolaï Goumiliev
[1886-1921], Ossip Mandelstam [1891-1938]). On peut également citer le clarisme
(Mikhaïl Kouzmine [1875-1936]), l’imaginisme (Anatoli Mariengof [1887-1962],
Sergueï Essenine [1895-1925]) et bien d’autres groupes et sous-groupes… La
poésie domine largement cette période ; mais des œuvres remarquables
voient également le jour dans le domaine de la prose. On redécouvre aujourd’hui
[en 2008] en Russie, mais également en traduction française, nombre d’auteurs
du début du XXe siècle injustement occultés [des voix du silence] sous le
régime soviétique.” - “La littérature russe contemporaine”, Op.cit.,
p.1.
Toutefois, le même auteur rappela
l’interdit politique qui avait frappé les écrivains russes moderne et la
révolution démocratique de 1917, en précisant: “La révolution démocratique
[libérale] soulève espoir et enthousiasme, mais répressions et censure ne
tardent pas à sévir après la révolution d’octobre [1917]. La période des années
20 est cependant très fertile, les auteurs du siècle d’argent [les écrivains
russes modernes] poursuivent leur œuvre, de nouveaux écrivains se manifestent
(Isaac Babel [1894-1941], Boris Pilniak [1894-1937], Mikhaïl Zochtchenko
[1895-1958], Ilf [1897-1937] et Petrov [1902-1942], Daniil Harms [1905-1942]).
La tentative de créer une littérature prolétarienne écrite par des ouvriers
(mouvement du proletkult) ayant échoué, le pouvoir bolchevik attire à lui
« les compagnons de route », intellectuels prêts à servir le nouveau
régime [des soviets]. Mais avec l’arrivée au pouvoir de Staline [1924-1953] et
la création de l’Union des Ecrivains [1934], le réalisme socialiste (Maxime
Gorki [1868-1936], Mikhaïl Cholokov [1905-1984]) est bientôt le seul courant
littéraire autorisé.” – Op.cit., Ibid. Ainsi
est-il des écrivains russes soviétiques et perestroïko-glasnostistes.
II- Le bicentenaire des écrivains russes
soviétiques et perestroïko- glasnotistes (1917-1991):
Aussi les écrivains russes
soviétiques (1917-1985) et perestroïko-glasnostistes: (1985-1991) de ce bicentenaire marquent-ils une période plus ou
moins sombre de la littérature russe durant surtout la première moitié XXe
siècle. “La mise en place de l’URSS et de son
régime socialiste [1917-1991], lit-on dans un article du Net, va pousser en
avant la tendance du socialisme réel dans la littérature nationale [russe
soviétique]. Cette doctrine littéraire est simple, il s’agit d’utiliser le
talent des écrivains pour vanter les mérites et les réussites du régime
[soviétique] ainsi que pour expliquer la propagande officielle. Le régime
s’occupe d’organier la vie littéraire et l’orientation des thèmes via l’Union
des Ecrivains [soviétiques] qui relève directement du commissaire politique Jdanov [1896-1948].” - “Littérature
vieux russe”, www.cours-de-russe.com,
p.1.
Les voix du silence bicentenaire des
écrivains russes dissidents persécutés y est ensuite évoquée en ces termes:
“Très rapidement, les écrivains réfractaires [russes classiques et modernes]
seront contraints à l’exil, à la prison, au camp [d’internement] ou tout
simplement exécutés comme Nikolaï Goumiliev [188-1921] ou Ossip Mandelstam [1889-1938].
Les poètes futuristes Vladimir Maïakovski [1893-1930] et Marina Tsvetaeva [1892-1941]
choisiront le suicide. Malgré la politique littéraire officielle, certains
auteurs comme Mikhaïl Boulgakov [1891-1940], Boris Pasternak [1890-1960],
Andreï Platonov [1899-1951], Ossip Mandelstam [1889-1938], Isaac Babel [1894-1941]
ou Vassili Grossman [1905-1964] continuent leur travail de romancier de manière
clandestine en espérant être publiés de manière posthume ou à travers le régime
des samizdat (publications artisanales clandestines).” – Op.cit, Ibid. Cela
nous conduit alors à explorer le camp des écrivains russes soviétiques
staliniens entre 1924 et 1953.
II.1- Le bicentenaire des écrivains russes
soviétiques staliniens (1924-1953):
Durant la période stalinienne (1924-1953),
C. Zeytounian-Beloüs relève, à côté des voix du silence du bicentenaire des
écrivains russes non staliniens, les écrivains soviétiques staliniens et post-staliniens,
comme suit: “Nombre d’auteurs [russes non
staliniens] sont interdits de publication (Mikhaïl Boulgakov [1891-1940], Anna
Akhmatova [1889-1966], Boris Pasternak [1890-1960]). Beaucoup finissent dans
les camps [d’internement]. Quant aux écrivains staliniens encensés à l’époque,
la plupart sont peu lisibles de nos jours [en 2008], sinon au second degré. Des
œuvres de talent peuvent néanmoins voir le jour durant les années de guerre
[1941-1945] (Vassili Grossman [1905-1964], Victor
Nekrassov [1911-1987], Olga Bergholtz [1910-1975]).” - Op.cit., p.2. Ce fut le
cas ensuite des écrivains khroutcheviens
(1953-1964).
II.2- Le bicentenaire des
écrivains russes soviétiques khrouchtcheviens (1953-1964):
Du fait, le bicentenaire des voix du
silence des écrivains russes khrouchtcheviens (1953-1964) correspond, selon C.
Zeytounian-Beloüs, à la mort de Joseph Staline (1879-1953) et au début [1964] de Leonid Brejnev
(1906-1982). “La mort de Staline et la destalinisation
de années 50, dénote-t-elle, entraîne une vague de parutions. Des poètes
«parlant vrai » réunissent des stades d’auditeurs enthousiastes (Andreï
Voznessenski [né en 1933], Evgeni Evtouchenko [né en 1933], Bella Akhmadoulina [né
en 1937]), c’est la période des bardes qui chantent leurs poèmes en
s’accompagnant à la guitare (Boulat Okoudjava [1924-1997], Vlaimir Vyssotski [1938-1980]).
La prose connaît aussi un renouveau. Cependant la libéralisation a ses limites
[v. ses voix du silence]. Avec l’arrivée d Brejnev au pouvoir en 1964 ont lieu
les premiers procès des écrivains dissidents [russes non soviétiques]. Les
textes que la censure rejette sont diffusés grâce au samizdat (auto-édition) et
au tamizdat, édition faite en Occident et introduite en fraude dans le pays.
Des écrivains interdits de publication vivent dans la marginalité (Venedikt
Erofeïev [1938-1990])” – Op.cit., Ibid.
Pourtant, un relâchement relatif de la
censure se produit vers la fin de la période brejnevienne (1970-1980). “La
censure, indique également C. Zeytounian-Beloüs, se relâche à la fin des années
70 et de nombreuses œuvres de talent peuvent voir le jour. On distingue la
prose paysanne (Valentin Raspoutine [né en 1937]) et la prose des villes (Iouri
Trifonov [1925-1981]). Le fantastique connaît un grand effort (les frères
Strougatski [Arkadi – 1925-1991]). Une génération d’écrivains nés après guerre
ou dans l’immédiat avant-guerre essaye de briser les interdits (Andreï Bitov [né
en 1937], Anatoli Kim [né en 1937]). Apparaît également une nouvelle vague
poétique qui survit surtout en samizdat (Dmitri Prigov [né en 1940], Lev
Rubinstein [né en 1947], Elena Schwartz [née en 1948], Viktor Krivouline [], Ivan
Jdanov [né en 1948], Alexeï Parchtchikov [né en 1949], Olga Sedakova [née en
1949]…).” – Op.cit., Ibid. Ensuite, ce
furent les écrivains soviétiques perestroïko-glasnostistes (1982-1991).
II.3- Le
bicentenaire des écrivains russes soviétiques perestroïko-glasnostistes
(1982-1991):
Dans la perspective du bicentenaire des
voix du silence des écrivains russes soviétiques perestroïko-glasnostistes [pour
la transparence et la liberté d’expression] (1982-1991), on observe, sous Mikhaïl Gorbatchev (né en 1931), la
disparition de la censure et la multiplication des publications stigmatisant
les erreurs politiques du passé et du présent. “Durant
les années 1980, remarque Nickolay Anastasyev, la «perestroïka» [la transparence] a dissipé dans une large mesure
le climat de répression dans lequel les arts et la culture [les voix du silence
des écrivains russes] baignaient depuis longtemps dans l’ex-Union soviétique.
Le changement s’explique essentiellement par le rejet d’idéologies dépassées et
[qui] avaient peu de chose à avoir avec l’économie. En revanche, l’effondrement
du communisme et le passage d’une économie centralisée à une économie de marché
[la globalisation] a bouleversé complètement les arts pratiquement en une nuit.
Le vent des transformations économiques s’est mis violemment à souffler sur la
culture [v. la littérature russe].”- “Les politiques culturelles dans la Russie post-soviétique”,
www.unesco.org, p.1.
En témoignent à cet égard les écrivains
russes soviétiques perstroïko-glasnostistes
cités par C. Zeytounian-Beloüs au sujet de “La
littérature de la perestroïka”, dans: “ Sous Gorbatchev [1982-1991],
avec la glasnost (liberté d’expression) proclamée en 1987, la censure disparaît
et les publications se multiplient. Les revues littéraires, notamment Novy Mir et
Znamia, connaissent des tirages sans précédent. Les écrivains s’emploient à
stigmatiser le erreurs du passé et du présent (Tchinguiz Aïtmatov [né en 1928],
Anatoli Rybakov [né en 1911]) ou expérimentent avec le style (Valeria Narbikova
[née en 1960], Viktor Erofeev [né en 1947]). On publie les écrivains de
l’émigration, dont certains rentrent au pays (Alexandre Zinoviev [né en 1922],
Edouard Limonov [né en 1942]), on comble les vides, on rattrape les retards.” -
“La littérature russe contemporaine”, Op.cit., p.2. Et cela nous conduit
donc à sonder les voix du silence du bicentenaire des écrivains russes
post-soviétiques et actuels, entre 1992 et 2008.
III- Le bicentenaire des
écrivains russes post-soviétiques et actuels (1992-2008):
La période
post-soviétique actuelle (1992-2008) ne peut manquer de faire paraître le
bicentenaire (1808-2008) des écrivains russes, sous l’emblème des voix du
silence, sinon de l’énigme et de l’effrayant. “Dans le triste héritage légué à la Russie contemporaine [1992-2008]
par un passé despotique [soviétique], écrit Russomania, son image de pays
lointain, exotique, à la fois énigmatique et effrayant, représente une large
part (…). Cette situation a marqué la configuration de l’ensemble du champ
culturel, influant en particulier sur l’évolution de la littérature (…). La
coexistence des générations [d’écrivains russes] et des genres (…). L’éclatement
de l’Union soviétique [1991] et la disparition de la censure ont créé une vraie
tour de Babel de la culture [d’ouverture]: l’espace russe a soudain été envahi
à la fois par des écrivains étrangers, autrefois interdits, par la littérature
de l’émigration et de la dissidence, par la pensée intellectuelle occidentale
et la philosophie russe, par l’art occidental et l’underground russe; tout
cela, pour le lecteur, se présentait comme des nouveautés à la mode, au même
titre que les textes [russes post-soviétiques] effectivement nouveaux (…). Tout
d’abord, certains auteurs classiques vivants de l’underground littéraire [les
voix du sience] connaissent une seconde jeunesse.” - “La littérature russe actuelle”, www.russomania.com,
p.2. D’où par-là même le bicentenaire des écrivains
russes post-soviétiques (1992-2000).
III.1- Le bicentenaire des écrivains
russes post-soviétiques (1982-1991):
Certes, à
l’occasion de leur bicentenaire, on relève diverses tendances littéraires chez
les écrivains russes post-soviétiques (1992-2000), à savoir: la mise à nu de la
société soviétique et post-soviétique, le non-conformisme des écrivains russes
émigrés, le renouvellement des genre et des styles de la prose russe par les
universitaires, les grands tirages du roman policier russe, la recherche d’une nouvelle identité
collective et la réévaluation de
l’héritage intellectuel des classiques russes. “Mais, si auparavant, dit
Russomania, leur tâche [des écrivains russes post-soviétiques] était de démolir
la façade flatteuse [les voix du silence] de l’histoire soviétique [1917-1982]
(…), ils se sont efforcé, dans les années 90 [1992-2000], d’atteindre l’objectif
inverse, de restaurer l’harmonie de l’existence, en rassemblant les débris de
la vie précédente, emportée par le vent des bouleversements révolutionnaires
des années 80 [1982-1991], et en les intégrant à un nouveau tableau du monde.
“A cet égard, le
récent triomphe de Vassili Axionov [né en 1932], l’idole des années 60 ;
est très significatif. Après de longues années d’émigration, il brille à
nouveau au firmament littéraire, lauréat du prix Booker russe 2004 pour
Voltairiens et Voltairiennes (…). Dmiri Prigov [né en 1940], lui aussi, s’est
attelé à la reconstruction du passé. Dans la trilogie qu’il vient d’achever, il
tente de décrypter le mystérieux algorithme de la vie russe (avec son roman
« Vivez à Moscou ») (…). Vladimir Sorokine [né en 1955],
conceptualiste de la jeune génération, a gagné une popularité sulfureuse (en
partie grâce aux procès et aux violente attaques dont il fait l’objet de la
part de l’organisation extrémiste [communistes] «Ceux qui marchent
ensemble »). Dans ses romans datant de cette époque [les années 90]
(« Un mois à Dachau », « Moscou heureuse », « Le lard
bleu », entre autres), il met à nu les fantasmes collectifs d’une société
post-soviétique traumatisée.” – Op.cit/, pp.2-3.
Pour consacrer réellement le bicentenaire des voix
du silence des écrivains russes post-soviétiques, il faut reconnaître avec C.
Zeytounian-Beloüs la grande richesse du paysage littéraire russe de ces
dernières années: “Tous les genres y fleurissent avec bonheur, indique-t-elle. Les
auteurs de la génération soviétique et antisoviétique (Vladimir Makanine [né en
1937], Ludmila Petrouchevskaïa [née en 1938], Iouri Mamleïev [né en 1931]) y
côtoient ceux de la perestroïka [glanostistes]
et de la post-perestroïka
(Tatiana Tolstoï [née en 1951], Alexeï Slapovski [né en 1957], Oleg
Ermakov [né en 1961], Ludmila Oulitskaïa [née en 1943], Mark Kharitonov [né en 1937], Leonid Guirchovitch [né en 1948]).
Une foule de noms nouveaux apparaissent chaque mois (Mikhaïl Chichkine [né en
1961], Iouri Bouïda [né en 1954], Anton Outkine [né en 1967], Dmitri Bykov [né
en 1967], Irina Polkanskaï [née en 1952], Olga Slavnikova [née en 1959], Marina
Vichnevestskaïa [née en 1947], Dmitri Bortnikov [né en 1968], Dmitri Bavilski [né
en 1969], Sergueï Bolmat [né en 1960], Andreï Guelassimov [né en 1965], Leonid
Youzfovitch [né en 1947]). La poésie reste également très vivante.” - “La
littérature russe contemporain.”, Op.cit., p.3. Suivent dans cette même
optique les écrivains russes actuels (2000-2008).
III.2- Le bicentenaire
des écrivains russes actuels (2000-2008):
Pour ce qui est de la dernière décade du
bicentenaire des voix du silence des écrivains russes actuels (2000-2008), on
perçoit, selon Russomania, deux directions novatrices opposées dans le paysage
littéraires russes des années 2000. On y lit
notamment:
“Deux directions
novatrices opposées, autre
caractéristique du paysage littéraire russe: l’ampleur du diapason des
expériences et la diversité des pratiques innovantes individuelles ne
permettent pas de discerner de courant majeur de recherche esthétique.
L’effacement des frontières entre «pères» et «enfants» (…), embrouille encore
plus les cartes [les voix du silence de leur bicentenaire triomphant].
Cependant, au début des années 2000, on a pu remarquer dans la prose des jeunes
auteurs des tendances qui permettent de penser que nouvelles générations
littéraires son en train de voir le jour. On peut ainsi esquisser les contours
de deux directions novatrices opposées, « nouveau trash » [les
écrivains russes de l’absurde et de la cruauté du chaos post-soviétiques] et
« soft wave» [les écrivains russes du refus des stratégies de la
provocation et de la simplification du langage].” - “La littérature russe
actuelle”, Op.cit., p.5.
Maintenant, on
parle en Russie d’une censure commerciale qui se substitue à la censure
politique passée dans l’édition des œuvres des écrivains russes actuels. “La
crise économique [des années 90] s’aggravant, les gens lisent moins. La censure
commerciale se substitue à la censure politique. Les tirages sont en chute
libre. Une littérature populaire de très mauvaise qualité tient le haut du
pavé.” – Op.cit., pp.2-3. D’un autre
côté, on émet sur le Net, un même constat négatif des voix du silence du
bicentenaire des écrivains russes actuels en ces termes:
“À la fin du vingtième siècle [en 2000], la
littérature russe doit passer par une phase délicate: celle de la renaissance,
par-delà le sel semé par des décennies de socialisme soviétique [1917-1991].
Les besoins de cette période [2000-2008] sont de deux types: former et
découvrir de nouveaux talents et créer une économie de l’édition en Russie. Les
maisons d’édition trouvent de l’argent pour se développer en vendant des romans
de piètre qualité littéraire. Peu d’écrivains [actuels], comme Viktor Pelevine
[né en 1962] ou Vladimir Sorokine [né en 1955] sortent du lot. Les maisons
d’édition publient peu d’œuvres étouffées [des voix du silence des écrivains
russes] sous la période communiste ou connues par samizdat. La poule aux oeufs
d’or de l’édition russe est, comme partout ailleurs, la littérature policière. Les
polars empreints d’ironie de Daria Dontsova [née en 1952] connaissent un grand
succès. Les 50 romans policiers qu’elle a pour l’instant écrits se son vendus à
des millions d’exemplaires et son traduits dans plusieurs pays européens.” - “Littérature
vieux russe”, Op.cit., p.2.
Néanmoins, deux
points forts de ce bicentenaire (1808-2008) manifestes chez les écrivains
russes actuels (2000-2008), ce sont le roman russe (du XXIe siècle) et
les prix Nobel de littérature (1933-1987).
On relate dans l’article du Net à
ce sujet en l’occurrence:
“Au début du
vingt-et-unième siècle [2000-2008], la demande du public russe s’est fortement
accrue, en qualité comme en quantité. En conséquence, l’économie de l’édition
russe est obligée de fournir à ses clients en cherchant et en rémunérant de
nouveaux talents littéraires. Le nombre de maison d’édition et de tirages
augmente. Certains critiques littéraires ont vu dans le roman « Une Saga
moscovite » (en russe Moskovskaya saga) de Vassili Axionov [né en 1932] un
nouveau «Docteur Jivago» [de B. Pasternak 1822-1895, paru en 1958], une épopée
russe racontant la survie pénible de la famille Gradov sous le stalinisme (…).
Les polars de Boris Akounine [né en 1956] avec son personnage fétiche Eraste
Fandorine son publiés en Europe et en Amérique du Nord (…). La littérature
traditionnelle [les voix du silence des écrivains russes] trouve aussi un
nouvel essor avec de auteurs venus de régions éloignées comme Nina Gorlanova de
Perm [née en 1947] avec ses histoires
sur les difficultés quotidiennes et les joies de l’intelligentsia provinciale
ou encore Youri Rykhéou de Tchoukotka [né en 1930] qui raconte les problèmes identitaires
des Tchouktches.” – Op.cit., p.2.
Quant aux lauréats
russes morts et vivants du prix Nobel de littérature, il faudra citer, en 1933,
celui de d’Ivan Bounine (1970-1953); en 1958, celui de Boris Pasternak (1890-1960);
en 1965, celui de Mikhaïl Cholokov (1905-1984);
en 1970, celui de Alexandre Soljénitsyne (né en 1918) et en 1987, celui de
Joseph Brodsky (1940-1996).
En conclusion, pour consacrer aussi brièvement qu’honorablement ce grandiose
bicentenaire des voix du silence des écrivains russe de 1808 à 2008, on ne
saurait mieux dire que cette remarque appréciative et très suggestive de Nikolay Anastasyev: “Pourtant,
on ne saurait brosser un tableau totalement noir du secteur de la culture dans la Russie d’aujourd’hui [en
2008]. C’est ainsi par exemple que le nombre de maisons d’édition privées [aidées
surtout des sponsors russes et des mécènes étrangers] ne cesse de croître et
que certaines d’entre elles publient ce qu’on pourrait appeler de la
littérature sérieuse (…). Certes, la culture [les voix du silence bicentenaire
des écrivains russes] survivra en Russie. Mais pour pouvoir s’épanouir
normalement, certains moyens lui sont indispensables. La Russie se doit donc de
réexaminer ses priorités et d’adapter sa politique culturelle [v. littéraire]
aux changements qui sont survenus depuis 1992.” - “Les politiques culturelles dans la Russie post-soviétique”
– Op.cit., pp.1-2.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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