L'AMAZIGH,
L'ARABE DIALECTAL ET L'ARABE
STANDARD UNE LINGUA
FRANCA AUTOCHTONE DES
DES AMAZIGHS
ET DES ARABES AU MAGHREB
PRÉ-ISLAMIQUE ET MODERNE
Pour André Martinet "une
langue mixte (…), la lingua franca", peut "servir de truchement [d'idiome]
à tous les peuples représentés dans une zone géographique déterminée." –
"ELEMENTS DE
LINGUISTIQUE GENERALE", Ed. Armand Colin, 1970, p.164. Or, l'étude de l'arabe comme lingua franca des Amazighs et des Arabes
autochtones au Maghreb pré-islamique et moderne" réfute, selon l'ex-doyen
de la Facuté des Lettres de Rabat, Ahmed El Alaoui, comme antithèse historique
raisonnée la thèse a-historique des segmentistes anti-panarabistes et anti-panislamistes
occidentaux et leur hypothèse mécaniste post-khaldunienne d'une ''arabisation
magique" du Maghreb pré-islamique, en postulant : "Ce qui ressort des
livres d'histoire, c'est que l'arabe sous
ses deux formes était une lingua franca [al 3arabiatu milkun mucha3un] de la
majorité des habitants [Amazighs et Arabes] d'Afrique du Nord. Bien plus, on a du
mal à trouver parmi les auteurs comme
Ibn khaldun [1332-1406], Ibn Abi Zarae ou Ibn Charaf Al Qirawani, ou autres, à
parler d'une concurrence entre l'arabe dialectal [al darija], l'arabe standard [al
fusha] et l'amazigh, ou le berbère [al barbaria], comme c'est le cas chez les
Perses (…). Il n'y a d'explication à cela que de dire que les conquêtes arabes
initiales se dirigeaient vers la libération des zones habités par des Arabes
[autochtones], ou leurs alliés naturels, chez qui ils étaient les bienvenus,
connaissant leur langue, avec en premier lieu les Amazighs dont les coutumes,
la langue [une lingua franca] et les physionomies étaient proches des leurs."
– "'Asâlatu al 3abiatiati fî al Maghribi : 'ad–darijatu' lam ta'ti ilâ al
Maghrib ma3a al fathi al 3arabî mina al machriq", www.alquds.co.uk
, p.2.
Du
fait, il s'en suit la thèse raisonnée d'une antiquité et d'une modernité de l'amazigh,
de l'arabe standard et de surtout l'arabe dialectal, comme lingua franca, des Amazighs
et des Arabes autochtones, au Maghreb pré - islamique et moderne, repérable à
travers notamment :
I. L'antiquité de l'arabe dialectal et
de l'arabe standard comme lingua franca des Amazighs et des Arabes
autochtones au Maghreb pré-islamique :
En
effet, l'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard comme lingua
franca des Amazighs et des Arabes autochtones au Maghreb pré-islamique, se
profile historiquement, selon Dr. Kamal
Mohamed Jah Allah, assertant l'antiquité de la langue arabe, comme lingua
franca à la fois des habitants amazighs, arabes et africains autochtones, non
seulement en Afrique du Nord (au Maghreb), mais aussi dans l'ensemble de l'Afrique.
"La langue arabe, dit-il, est une lingua franca du continent africain.
Elle est parlée par des peuples et des tribus africains comme langue maternelle,
non pas comme langue seconde ou langue étrangère, non seulement en Afrique du
Nord [au Maghreb], mais au centre, à l'Est et à l'Ouest du continent. Et cette
situation ne favorise aucune des diverses langues européennes qui tiennent lieu
de langues officielles, aujourd'hui, dans nombre de pays africains (…). Certes,
les peuples africains avaient connu la langue arabe [comme ligua franca
autochtone] issue du contact commercial qui s'était établi entre les Arabes et
les Africains [v. les Amazighs] plusieurs siècles, avant et après l'avènement
de l'Islam." – "Wad3u al-lughati al 3arabiati fî
duwali al qarni al iifriquî", www.mubarak-inst.org , p.1. Cela conduit à
reconnaître géo-historiquement l'arabe dialectal, et l'arabe standard, comme
lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones, plus particulièrement au
Maghreb pré –islamique, tel que le laisse entendre :
1.
L'antiquité de l'arabe dialectal et de
l'arabe standard comme lingua franca des Arabes autochtones au Maghreb pré-islamique
:
Certes, l'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard
comme lingua franca des Arabes autochtones d'Afrique du Nord (du Maghreb
pré-islamique) est décrite objectivement dans cette indication de Maayouf
Mohamed qui observe géo-linguistiquement que : "La situation linguistique
au Maroc [v. au Maghreb]est marquée par la coexistence de plusieurs langues [co-occurrence
et la co-existence de l'amazigh avec la lingua franca arabe dialectal, arabe
standard autochtones] qui se démarquent par leur histoire, leur distribution
géographique, leur typologie langagière et leur fonction sociolinguistique [au
Maghreb pré- islamique]." – "QUELQUES DONNÉES… LANGUES ET DISCOURS IDENTITAIRES DANS LE MAROC
CONTEMPORAIN", www.espritcritique.fr
, p.1. C'est ce que
fonde notamment :
· L'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et
des Amazighs autochtones en Afrique du Nord [v. leur ascendance commune phénicienne
et carthaginoise libano- syrienne,
notamment], performés sous les formes de l'arabe standard (al fusha) et l'arabe
dialectal (al darija), une lingua franca maghrébine prédominant de l'époque
pré-islamique – Op.cit., ibid;
· L'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et
des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique se justifie, selon A. El
Alaoui, sur le fait que les Arabes n'avaient pas pour coutume d'imposer leur
langue à d'autres peuples, car ils ne l'avaient imposée ni aux Perses, ni aux
Turcs, ni aux Sardes, ni à bien d'autres : ils n'étaient pas comme les Romains
et les Grecs qui faisaient prévaloir le critère langagier national, mais
faisaient prévaloir le critère doctrinal dans la classification des peuples;
· L'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et
des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique atteste, ce dernier, en
l'absence de textes explicites sur la situation linguistique pré-islamique en
Afrique du Nord, que le multilinguisme sus – indiqué, est le fait d'une
multiplicité de domaines d'usage au sein desquels co-occurrent l'arabe
dialectal, l'arabe standard et l'amazigh au gré des Amazighs et des Arabes autochtones de l'époque
pré-islamique;
· L'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et
des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique repose aussi sur le fait
que les Amazighs étaient les alliés des Arabes (v. les Phéniciens et leur
descendants carthaginois, tous d'origine arabe libano-syrienne) avant et après l'affluence
de l'Islam orthodoxe et des tribus hilaliennes;
· L'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et
des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique n'était guère le fait de
nouveaux venus en Afrique du Nord (au Maghreb), mais de populations arabe
autochtone pré-islamique, et que la diglossie pré-islamique amazigh/ arabe
dialectal, arabe standard est un usage antique et non importé d'Orient avec
l'Islam, à l'époque médiéval;
· L'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et
des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique est la preuve primordiale
de la présence intensif d'un arabe autochtone au Maghreb antérieur à
l'incursion hilalienne et ce au même titre que l'amazigh lui-même en Afrique du
Nord; en témoignent ses co-variantes de
lingua franca : marocaine, algérienne, tunisienne et libyenne;
· L'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et
des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique certifie que les dialectes
arabes maghrébins sont les filles de l'arabe standard qui s'étaient colorés, selon le pays dans lequel les Arabes
s'étaient anciennement implantés, des divers couleurs et traits linguistiques
locaux dont ceux de l'amazigh et réciproquement - "Asâlatu al 3abiatiati
fî al Maghribi : 'ad–darijatu' lam ta'ti ilâ al Maghrib ma3a al fathi al 3arabî
mina al machriq", Op.cit. , p.2.
Parallèlement, il est aussi judicieux que
plausible de révéler l'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard,
comme lingua franca autochtone co-occurrente de l'amazigh avec leurs
co-variantes au Maghreb pré-islamique, par l'explicitation de :
2. L'antiquité de l'arabe dialectal et
de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone en co-occurrence avec
l'amazigh et leurs co-variantes au Maghreb pré-islamique :
En outre, l'antiquité
de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone en
co-occurrence avec l'amazigh et leurs co-variantes au Maghreb pré-islamique se dévoile, selon Abdelhadi Amhraf, dans le
fait que : "Le Maghreb est un pays sur le sol duquel avaient coexisté
plusieurs langues [depuis l'époque pré-islamique] (…), parmi lesquelles il y avait
les langues nationales représentées par l'arabe standard (…), l'arabe dialectal
et l'amazigh avec ses co-variantes locales (le tarifit, le tamazight, le tachelhit).
Certes, l'arabe dialectal et l'amazigh ne sont liés par aucun lien génétique
direct, car l'une ne dérive pas directement de l'autre, malgré leur ascendance
génétique commune." – "Al izdiwajiatu al lisâniyatu fî al Maghrib
3alâtu tadâkhuliyatin wa tanâfusiyaztin", www.kamellea.niceboard.com
, p.1. Aussi dégagera-t-on
les traits linguistiques dominants de cette diglossie de l'arabe, comme lingua
franca autochtone co-occurrente de l'amazigh et de ses co-variantes, au Maghreb
pré-islamique, à travers en l'occurrence :
· L'antiquité
de la famille chamito-sémétique – appelée également famille afro-asiatique
– couvrant une aire géographique considérable, qui s'étend de l'Afrique du Nord
(l'amazigh et l'arabe dialectal et standard, comme lingua franca, avec leurs
co-variantes locales autochtones) jusqu'au
Nigeria et une partie de Cameroun, en passant par l'Ethiopie, l'Erythrée, et la
Somalie) et de l'île de Malte, ainsi qu'à tout le Proche-Orient, pour s'arrêter
aux frontières de l'Iran (quelques îlots d'arabophones et, notamment);
· Depuis
l'antiquité, les linguistes avaient classé les langues d'Asie de l'Ouest et de
l'Afrique du Nord (l'amazigh et l'arabe, comme lingua franca autochtone), présentant les mêmes affinités verbales, en une grande
famille linguistique, appelée la famille afro-asiatique (ou chamito-sémétique),
sachant que les langues chamito-sémitiques, engobent l'arabe avec ses
co-variantes dialectales, l'amazigh avec
ses co-variantes locales, tout en constituant les trois idiomes parlés ou
écrits avec comme particularité l'arabe dialectal, comme lingua franca, usitée par
le plus grand nombre de locuteurs maghrébins autochtones;
· L'antiquité
de certaines langues sémitiques (l'akkadien, l'ougaritique, l'éblaïte, etc.) est
attestée, depuis 2.000 av. J.-C. (l'ère pré- islamique), parmi lesquelles seuls
l'arabe, l'amharique, le tigrinia et l'hébreu constituent encore des langues
vivantes officielles, alors que l'arabe dialectal, en tant que lingua franca
maghrébin autochtone, forme une fragmentation orale de l'arabe du VIIe siècle
et une fusion de parlers et de brassages de populations et de langues sud -
arabiques, berbères (l'amazigh avec ses co-variantes), et africaines, entre
autres;
· Depuis
l'antiquité, les dialectes berbères (l'amazigh avec ses co-variantes) sont
parlées, au Maroc, en Algérie, en Libye, et en Tunisie (au Maghreb
pré-islamique où le tamazight comporte le kabyle, le tachelhit, le tamasheq, le
jerba, le chaouïa, le judéo - berbère, etc., ainsi qu'au Niger et au Mali, etc.
(en Afrique pré-islamique), en co-occurrence avec l'arabe standard et surtout l'arabe
dialectal, comme lingua franca autochtone,
formant les langues chamito-sémitiques, ou afro – asiatiques, les plus
connues du continent, avec en tête la diglossie de l'amazigh et l'arabe
autochtones au Maghreb pré-islamique – "La famille chamito-sémitique (ou
afro-asiatique)", www.tlfq.ulaval.ca , pp. 1-3.
· L'antiquité
de l'amazigh se perçoit, selon A. El Alaoui, pour celui qui l'étudie avec
impartialité en tant que co-occurrence linguistique autonome de l'arabe, comme la lingua franca, avec l'amharique qui est un
arabe autonome, même si son autonomie est moindre que celle de l'amazigh; de
même que l'étude comparée des formes syntaxiques de l'amharique arabe d'Oman et
de l'amazigh avec ses co-variantes
locales du Maroc et du (v. du Maghreb) pré
- islamique atteste qu'ils ont à une même origine génétique;
· L'antiquité de
l'arabe dialectal et de l'arabe standard en Afrique du Nord et au Sahara
africain (au Maghreb pré- islamique),
enjoint A. El Alaoui, est une chose et les conquêtes arabes musulmanes en sont une autre, compte tenu de l'ancrage des
anciens comptoirs commerciaux phéniciens et de l'impact de leurs descendants carthaginois
(d'origine libano – syrienne, ou
lybico-berbère), tant au Maroc et qu'au Maghreb pré-islamique qui corrobore l'antiquité
de l'arabe, comme lingua franca autochtone en Afrique du Nord, vu l'arabité des
Phéniciens et des Carthaginois qu'asserte l'étude des inscriptions de leurs bas-reliefs
composés d'un arabe dialectal plus proches des dialectes arabes d'Afrique du
Nord (du Maghreb pré-islamique) que des dialectes arabes d'Orient;
· L'antiquité
de l'arabe standard, affirme A. El Alaoui, est une langue qui avait acquis de
plein gré l'assentiment des locuteurs arabes et amazighs autochtones maghrébins,
du premier siècle de l'Hégire, lorsque l'arabe dialectal nord-africain dépendait
de l'arabe standard, et en tant que lingua franca, véhiculait en même temps les
domaines culturels et administratifs, mais tout en se cantonnant, comme l'amazigh,
à l'usage de la rue et au foyer, constituant le legs d'une diglossie des
locuteurs des dialectes arabes, lingua franca autochtone, et des dialectes amazighs
autochtones d'Afrique du Nord, antérieurement à la présence de tribus arabes non
- péninsulaires, et à la présence hilalienne, au XIIe siècle, au
Maghreb pré - islamique - "Asâlatu al 3abiatiati fî al Maghrib :
'ad–darijatu' lam ta'ti ilâ al Maghribi ma3a al fathi al 3arabî mina al
machriq", Op.cit. , pp.3-4.
· Depuis l'antiquité,
les historiens anciens comme les plus tardifs indiquent que les Arabes
conquérants n'avaient jamais communiqué avec les habitants d'Afrique du Nord en
une autre langue que l'arabe standard et surtout l'arabe dialectal n'étaient
point ignoré communément de ces derniers, et que les livres d'histoire attestaient
que l'arabe dialectal, étaient était la
lingua franca de la majorité des habitants d'Afrique du Maghreb pré - islamique,
sans nullement parler de concurrence assignable entre celle-ci et l'amazigh, à
la manière de l'Iraq et des les pays arabes d'Orient, au nom de "l'anti- panarabisme"
(la 'chu3ubia'), fait qu'on n'avait guère
observée au Maghreb; ce qui avait favorisé
l'expansion du persan dans ses propres régions, sous l'influence des
Turcs seldjoukides, en particulier, et de la 'Shahmana', mythe perse, après leur implantation et leur
persanisation de à Ispahan, sans jamais s'arabiser comme leurs hôtes perses, exemple que
poursuivra le Shah pour le persan (avec
une écriture arabe), en Iran, et Mustapha Kamal Atatürk, pour le turc (avec une
écriture latine), en Turquie, où l'arabe comme langua franca, n'avaient jamais
pu s'ancrer historiquement, jusqu'au XXe siècle.
II. L'arabe dialectal et de l'arabe
standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb moderne
:
Pour ce qui est de l'arabe dialectal et de l'arabe
standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb
moderne, Ahmed Boukous, directeur l'Institut Royal de la Culture Amazigh (l'IRCAM),
créé SM le Roi Mohamed VI, depuis 2001, remarque, dès 1979, à propos du profil
linguistique du Maroc :
"Le tamazight [l'amazigh] est utilisé
par le locuteur-interlocuteur natif dans le cadre familial, dans les
conversations à caractère informel et, enfin, il sert de langue – refuge pour
la préservation de l'identité. L'arabe [dialectal] marocain est utilisé par le
locuteur natif [Arabe et Amazigh] dans le cadre familial et dans les
conversations amical à caractère informel, il sert lingua franca à l'échelle
nationale [v. maghrébine]. L'arabe littéraire [l'arabe standard] est employé
dans les situations formelles à topics religieux ou politiques (religion,
Chambre des députés, discours officiels, etc.). Le français s'emploie dans les
situations formelles et informelles pour s'adresser à l'étranger." -
"LE PROFIL SOCIOLINGUISTIQUE DU
MAROC", "BULLETIN ECONOMIQUE ET SOCIAL DU MAROC", N°140, Ed. E.M.I., Op.cit., p.23.
C'est
ce que préfigure à la fois l'arabe standard et surtout de l'arabe dialectal,
comme lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones, ou non, au Maghreb
moderne, perceptibles à travers les caractéristiques spécifiques suivantes :
1. Les caractéristiques de l'arabe
dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et
des Amazighs au Maghreb moderne :
Toutefois, les caractéristiques de l'arabe
dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et
des Amazighs au Maghreb moderne amènent Fatima Sadiqi à constater : "Du
point de vue synchronique ou actuel [moderne], les sociétés d'Afrique du Nord
[v. du Maghreb] sont plurilingues. Quatre langues essentielles se partagent le
champ linguistique dans cette région du monde. : (1) l'arabe standard, (2)
l'arabe dialectal, (3) le berbère [l'amazigh], (4) le français. Les trois
premières langues sont des langues nationales [dont une lingua franca : l'arabe
dialectal], alors que le français est une langue étrangère. A part ces quatre
langues, l'anglais et l'espagnol sont aussi utilisés en Afrique du Nord, mais
leur statut social n'est pas aussi privilégié que celui du français. Notons
cependant qu'il y a une nette montée de l'anglais dans le Maghreb, surtout dans
le domaine de l'enseignement (…). Bien que l'arabe standard, l'arabe dialectal,
le berbère et le français interagissent dans la vie quotidienne des citoyens,
leur emploi est souvent dicté par les propriété sociolinguistiques qui leur
sont propres." - "Aperçu socio-linguistique sur l'amazigh au Maroc :
une identité plurimillénaire", Op.cit,
p.2.
À
cet égard, les caractéristiques de l'arabe dialectal et de l'arabe standard,
comme lingua franca des Arabes et Amazighs au Maghreb moderne pourraient
appréhender comme :
· La langue
arabe standard médiane (lugha al 3arabia thâlitah/ al arabia al maghribia al
wusta) apparaît, en toute simplicité aujourd'hui, comme une langue [arabe
moderne] tenant ses caractéristiques lexicales, phonétiques et morphologiques
de l'arabe dialectal (comme lingua franca maghrébine); elle se distingue aussi
par l'effacement des traits linguistiques régionaux et ethniques qu'interfèrent
dans l'arabe dialectal et l'amazigh. Elle est utilisée principalement par la
classe ayant un certain niveau d'instruction, et surtout parmi les spécialistes
de la parole, comme les professeurs, les conférenciers, les responsables
administratifs et politiques, et ce dans les domaines semi - officiels (les
discours politiques, syndicaux, entre collègues dans les administrations, les
discussions publiques, les entretiens télévisés : TV 1, 2M, Medi1 TV, etc.);
· La langue
arabe standard (al fusha), outre son statut juridique de langue nationale est aussi
actuellement une langue nationale officielle qui unifie – sur le plan théorique
– 22 États arabes appartenant à 'la Ligue des États Arabes' et 'les États du
grand Maghreb arabe', d'autant plus qu'elle est une langue en usage au sein de 'l'Organisation
du Congrès Islamique' (l'OCI), qui
unifie le groupe des États islamiques (environ 1 milliard de Musulmans à
travers le monde moderne) – Ibid., p.1;
· L'arabe
dialectal, comme lingua franca maghrébine, quant à lui varie à présent d'un
pays à un autre et parfois d'une région à une autre dans un même pays du
Maghreb, sans pour autant perdre impact intersubjectif, mais partout dans le
monde arabe, il est en situation diglossique avec l'arabe standard. Mais alors
que l'arabe standard est utilisé dans les domaines-clés (officiels), l'arabe
dialectal est utilisé dans les domaines informels et transactionnels (quotidiens
et intimes), ainsi que dans les médias 'populaires' (v. les tabloïds et les
rubriques politiques) – "Aperçu socio - linguistique sur l'amazigh au
Maroc : une identité plurimillénaire", www.bladi.net , p.2;
· L'arabe
dialectal utilisé actuellement à la maison (la darija), comme lingua franca, se
place au Maroc (v. au Maghreb) en tête avec 79% des locuteurs à la fois arabes
et amazighs, suivi des dialectes berbères [amazighs] avec 18%, et de l'arabe
standard et d'autres langues étrangères qui ne sont parlé à la maison que par
3%. Sur le marché du travail, 50% des sujets sondés trouvent que l'arabe
standard est le plus utile, 34% optent pour le français et 6% pour l'amazigh. Quant
aux langues étrangères on note 4% pour l'anglais et 3% pour l'espagnol –
"Quelles sont nos valeurs aujourd'hui? : Les Marocains ont changé sans le
savoir", www.lagazettedumaroc.com , p.2;
· Le profil
linguistique multilingue au Maghreb moderne comporte, selon Ahmed Bououd, une
répartition qui se distingue par les caractéristiques d'usage suivants :
l'arabe standard et l'arabe standard médian (al 3arabia al wusta) usités par
les plus instruits, l'arabe dialectal par la quasi-totalité de la population
maghrébine, comme lingua franca autochtone, en co-occurrence avec l'amazigh parlé par environ 40% des locuteurs
de la région maghrébine;
· L'arabe dialectal
(ou la darija), constitue la langue maternelle des Marocains arabophones, arabes
et amazighs, comme lingua franca de plus 80% de la population (maghrébine); il
est le parler de la rue et de la vie quotidienne, y compris entre les locuteurs
des co-variantes amazighes – "La régionalisation : la géographie
linguistique et le principe de la territorialité de l'aire linguistique
amazighe", www.bououd.e-monsite.com , p.1;
· L'arabe
dialectal (ou la darija) est une lingua
franca de plus en plus unifiée au Maroc, voire à l'échelon de ses co-variantes maghrébines,
note Mohamed Elmedlaoui en 2007, en particulier après l'indépendance du Maroc
(comptant l'accent Mrrakchi, Soussi, Aroubi, Filali, Fassi, Jebli, etc.); il
(l'arabe dialectal) est devenu, à côté des co-variantes de l'amazigh, depuis
quelques générations, la langue à fonction identitaire et de communication
courante à la fois des Arabes et des Amazighs marocains (v. maghrébins) et
s'affirme comme élément essentiel de l'identité collective, vu qu'il véhicule
par exemple à travers la chanson les sentiments les plus profonds des individus
et de la collectivité (chaâbi, âïta, malhun, âasri, ghiwan, rap, hip hop…; et
ce au même titre que les chansons amazighes (isfra, tiyfrin, imuray, izlan, tamngaft…)
· L'arabe
dialectal (ou la darija) est la lingua franca majoritaire, appelée par les
linguistes ou les sociolinguistes, les pédagogues et les gestionnaires de
l'éducation et de la culture, dans des attitudes idéologiques contradictoires,
à être instituée dans ses fonctions pédagogiques, identitaires, affectives et
de communication courante avec tout ce que cela implique comme mesures
socio-éducatives à la maternelle, dans les média et dans la gestion du
département de la culture de masse – "Le darija, langue identitaire et
fonctionnelle au Maroc?", www.orbinah.blog4ever.com , pp.1-2; "Le substrat
berbère de la culture maghrébine", www.mondeberbere.com, p.4.
· La
co-variante de l'arabe dialectal, comme lingua franca, le chti, le arabe
dialectal judéo-marocain, est, selon Nicole Elgrissi Banon (la darija juive du
Maroc), forgée d'un mélange d'hébreu, d'arabe dialectal et de berbère; c'est la
darija marocaine en version juive, la plus conservée au sein des familles
juives marocaines expatriées, depuis des années, ou vivant encore au Maroc, en Israël, au
Canada et ailleurs – "Entretien avec Nicole Elgrissi Banon : Le Maroc un
cas d'école unique dans la coexistence entre juifs et musulmans", www.lopinion.ma, p.1;
· L'arabe
standard (al fusha) compte parmi les huit langues que parlent 50% des habitants
de la terre, parmi les 6.000 langues utilisées aujourd'hui dans le monde
moderne, indique un rapport de l'ONU. Le rapport précise qu'il devance la
langue française et la langue portugaise
par le nombre de ses locuteurs, et a été adoptée en tant que sixième langue
officielle aux Nations-Unis, depuis 1974 - "Wad3u
al-lughati al 3arabiati fî duwali al qarni al iifriquî", Op.cit., p.1.
2. Les caractéristiques de l'amazigh, co-occurrence de l'arabe
dialectal, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb
moderne :
Par ailleurs, les caractéristiques de
l'amazigh, co-occurrence de l'arabe dialectal, la lingua franca autochtone des
Arabes et des Amazighs interpelle une diglossie complexe, au Maghreb moderne, que
décrit Fatima Sadiqi en ces termes : "Aujourd'hui, le bilinguisme [la
diglossie] berbère - arabe [amazigh – arabe dialectal, notamment] est l'un des
traits les plus caractéristiques de cette région du monde. Cette situation est
rendue plus complexe avec l'arrivée des Français aux dix-neuvième et vingtième
siècles. Cette arrivée a naturellement occasionné la propagation de la langue
française dans la région. L'espagnol et l'anglais se sont ajoutés; et le
résultat est l'émergence d'une situation linguistique multilingue des plus
complexes, mais aussi des plus intéressantes." - "Aperçu socio -
linguistique sur l'amazighe au Maroc : une identité plurimillénaire", Op.cit,
p.2. Il en résulte les caractéristiques de l'amazigh co-occurrence de l'arabe dialectal, comme lingua franca des Amazighs et des Arabes
autochtones, ou non, au Maghreb moderne que voici :
· Deux langues
standard, selon F. Sadiqi, sont utilisées au Maghreb dans des domaines
symboliquement et socialement prestigieux : l'arabe standard et le français. En
plus de celles-ci, il y a l'usage courant de deux langues maternelles : l'arabe dialectal (comme lingua
franca autochtone) et le berbère (l'amazigh avec ses co-variantes locales
parlées, récemment écrites en tifinagh);
· L'arabe
standard est utilisé dans les domaine-clés (officiels), l'arabe dialectal,
comme lingua franca autochtone, sert d'idiome oral dans les domaines quotidiens
et intimes; et ce en co-occurrence avec le berbère parlé dans certaines aires
géographiques du Maghreb, et surtout au Maroc où se trouve la plus grande
communauté berbère (amazigh), en dépit du passage de maintes civilisations et
idiomes : punique (arabo-phéniciens), romains, vandales, byzantins,
et musulmans, et ce grâce au dynamisme qui caractérise les langues maternelles
en général. Or, l'amazigh n'est pas concentrée dans une zone maghrébine déterminée;
il s'agglomère dans des zones discontinues : le Maroc (40%), l'Algérie (25%), la Tunisie
(environ 100.000 habitants), la Mauritanie (environ 10.000 habitants), l'Egypte
(environ 30.000 habitants) – Ibid., pp.2-3;
· L'amazigh
est revendiqué, en 2011, comme langue officielle au Maghreb et au Maroc par ses
locuteurs natifs autochtones ou non. Cependant, le 17 octobre 2001, SM le Roi
Mohamed VI présida à la création de 'l'Institut
Royal de la Culture Amazigh'
(l'IRCAM), ayant pour vocation de 'sauvegarder et de promouvoir la langue et la
culture amazigh, sous toutes ses formes et expressions', transcrites dans un
système d'écriture appelé tifinagh (v. alphabet arabo-phénicien, libyco – berbère);
· L'arabe
dialectal judéo – marocain (mélange d'hébreu, d'arabe dialectal et de berbère)
est parlé par quelques milliers de locuteurs au Maroc, plus de 200.000 locuteurs
émigrés en Israël, quelques dizaines de milliers dans la diaspora au Canada, et
surtout en France;
· Le
judéo-berbère moderne est parlé par quelques milliers de locuteurs de la
communauté juive marocaine, installée dans le sud du Maroc (à Tinghir, Tiznit,
Illigh, Ouarzazate) ou le judéo-amazigh considéré comme une langue vernaculaire,
avec l'arabe dialectal, lingua franca autochtone maghrébin;
· Le hassanya
est un dialecte arabo-berbéro-africain, co-variante composite de l'arabe
dialectal, comme lingua franca, parlé par quelques dizaines de milliers de
locuteurs, dans la région de Tan-Tan, Guelmim, Assa, Tarfaya, Mhamid El
Ghizlane, ainsi qu'au Sahara marocain et en Mauritanie. Il constitue la langue
maternelle d'une population de type nomade, en majorité arabe ou arabophone; il
est en contact avec l'amazigh, l'arabe standard, l'arabe dialectal maghrébin et
le zenaga (langue dialectal parlée en Mauritanie), ainsi qu'avec des langues
africaines. Il se distingue des parlers urbains par diverses caractéristiques
phonétiques et morphologiques spécifiques - "La régionalisation : la
géographie linguistique et le principe de la territorialité de l'aire
linguistique amazighe", Op.cit., pp.1-2;
· L'amazigh se
situe, au Maroc, par ses fonctions communicatives avec ses trois co-variantes
(le tarifit, le tamazight, le tachelhit), dans des aires géographiques
déterminées (le Rif occidental, la zone du Moyen Atlas et du Haut Atlas, le
Haut Atlas oriental, l'Anti-Atlas et la plaine du Souss). Le locuteur du
tarifit abandonne souvent sa langue maternelle pour communiquer avec le
locuteur d'une co-variante amazigh en
arabe dialectal, la lingua franca autochtone la plus répandue dans le pays. Il
est, selon Louis-Jean Calvet, une langue d'unification nationale, et le moyen
d'intégration sociale des amazighophones émigrants, hors de leurs lieux
d'origine, vers les villes. L'amazigh devient de par sa fonction une variante
urbaine courante et une variante ethnolinguistique identitaire - "Al
izdiwajiatu al lisâniyatu fî al Maghrib 3alâtu tadâkhuliyatin wa
tanâfusiyaztin", Op.cit., p.2;
· L'amazigh,
l'arabe dialectal et l'arabe standard avaient constitués un bloc solidaire contre
la tentative française de diviser sciolinguistiquement les Marocains en
Berbères de droit coutumier et Arabes de droit musulman. Sous le Protectorat
(dès 1912), rappelle Hamid Barrada, les disparités tribales, linguistiques
(amazigh, arabe dialectal, arabe standard) confrériques étaient bannies en
faveur du nationalisme arabo-musulman marocain. C'est la nation marocaine (v.
maghrébine) une et indivisible qui prévaut. Le mouvement national se mobilise contre
le Dahir berbère de 1930, initié par l'autorité coloniale franco-espagnole, et combattue
par la prière surérogatoire du 'latif', dans les mosquées du Royaume jusqu'à
son abolition, du Maroc indépendant, en 1956 – "Les nouveaux Berbères",
www.fleuroudaden.skyrock.com , p.1;
· L'amazigh appelé
à être constitutionnalisé, depuis le discours royal de SM le Roi Mohamed VI, du 9 mars 2011, a poussé les
46 associations nationales amazighes à maintenir le tambour des requêtes :
représentativité amazigh dans les institutions, langue officielle pour le
Maroc, culture amazigh comme fondement de la société marocaine d'identité (plurielle),
et ce en co-concurrence avec l'arabe standard et surtout l'arabe dialectal,
lingua franca autochtone, radicalement attestée ou contestée des uns et des
autres, voire perçus comme entités violemment antagonistes – "L'amazighité
se prépare au nouveau concept de la régionalisation", www.leconomiste.com, p.1.
Enfin,
la synthèse antithétique du syllogisme de la thèse des segmentistes occidentaux
et leur hypothèse mécaniste anti-panarabiste et anti-panislamiste post-khaldunienne
d'"arabisation magique" de l'étude raisonnée de "l'amazigh, de
l'arabe standard, de l'arabe dialectal
autochtone, une lingua franca des Amazighs et des Arabes, au Maghreb
pré-islamique et moderne", pose le problème ethnolinguistique de l'identité,
mettant en question l'unité génétique multimillénaire
des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb (v. au Maroc), avec tous les
aléas intégristes radicalistes possibles, avise Maayouf Mohamed : «Il n'est pas
inutile de rappeler que la langue n'est pas seulement un moyen de communication, mais aussi un symbole
d'identité, (…). Le problème de l'identité revêt une acuité particulière au
Maroc [v. au Maghreb], en raison des crises majeures que traversent
actuellement le monde en général et le monde arabe en particulier, en mettant
en cause la légitimité d'une affirmation identitaire. Ainsi les discours de
l'identité connaissent-ils une véritable inflation, ces derniers temps, avec «La
remise en question d'un ensemble d'acquis historiques [une lingua franca] comme
l'idée de souveraineté, de Nation, de frontières (…). L'ère de la mondialisation,
l'émigration accélérée des corps, des imaginaires, etc., posent des questions
sérieuses sur soi et sur l'autre, sur l'ancrage spatial, sur le rapport aux
temps [l'antiquité et la modernité] et sur les nouvelles perceptions du réel.
Ces mutations profondes mettent certaines couches fragiles, ou fragilisées,
dans un dilemme parfois incontournable : affirmer d'une manière "pathologique",
ou du moins exagérée, son identité; ou bien accepter la perte de ses fondements [!?]. Un choix presque
tragique, entre "l'intégrisme et la désintégration.» - "QUELQUES DONNÉES… LANGUES ET DISCOURS IDENTITAIRES
DANS LE MAROC CONTEMPORAIN", Op.cit., p.1.
Dr.
SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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