LE TIFINAGH :
D’UNE “POLYGRAPHIE”
ATTESTEE A UNE “MONOGRAPHIE” CONTESTEE POUR ECRIRE ET
ENSEIGNER LE TAMAZIGHT
Certes,
l’enjeu du débat engagé, depuis voici environ quatre ans, tant au Maroc
qu’ailleurs, autour de l’adoption d’une “monographie”(lit. graphie unique), le
néo-tifinaghe, au lieu d’une “polygragraphie” (lit. graphie multiple) pour
écrire et enseigner le tamazight est décisif. Surtout après l’officialisation
de cette option par l’IRCAM (l’Institut
Royal de la Culture Amazighe), au Maroc, en 2003. “Le 5 février 2003, lit-on
dans un rapport du FIDH, l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), créé
en octobre 2001, a tranché en faveur de l’usage de l’alphabet amazigh, le
tifinagh.” – “Le Maroc: la question amazighe?”, www.fidh.org/intgouv/onu/rapport/2003/ma, p.3.
Pour et contre ce choix contesté, vrai
et pseudo débats passionnés et dépassionnés s’amplifient et divergent
entre linguistes, berbérisants et
acteurs socio-culturels amazighs marocains et algériens, notamment, autour de
cette question cruciale. Il s’agirait d’un pseudo débat idéologico-politique,
selon le Pr. Salem Chaker, chercheur à l’INALCO: “Pseudo débat, objecte-t-il,
totalement prédéterminé par des options idéologiques, en définitive par
l’instance politique: cela a été le cas au Maroc avec l’adoption surprise des
néo-tifinagh par l’Ircam en 2001; c’est le cas en Algérie avec le retour en
force des tenants de la graphie arabe.” – “Transcription de tamazight”,
réflexion adressée au Colloque de Tizi Ouzou, le 26 avril 2007, in
www.depechedekabylie.com, p.1. Pour clarifier cette situation, on pourrait passer en
revue en particulier:
1-
La graphie tifinaghe son aire et son état actuel attestés.
2-Les partisans d’une polygraphie non
tifinaghes attestée.
3- Les partisans d’une monographie
tifinaghe contestée.
4- Le coût de trois graphies standard controversé.
Or, comme le remarque en ce sens Christian-Julien Rbin: “On voit là que ce ne
sont pas des considérations pratiques, mais des arguments idéologiques, qui
amènent à adopter une écriture plutôt qu’une autre.” – “Monde arabe: Une
écriture réformée à l’aube de l’Islam”, Science& Vie, Nº
219, Juin 2002, p.108. Ainsi verra-t-on successivement:
1 – La graphie tifinaghe, son aire et
son état actuel attestés:
L’état actuel de la graphie tifinaghe se
rapproche, selon Ahmed Boukous, des tifinaghs , alphabet des inscriptions
lybico-berbères non encore déchiffrées, en usage chez les femmes touarègues.
“Le tamazight, dit-il, est fondamentalement oral. Les inscriptions
«lybico-berbères» découvertes ne sont toujours pas déchiffrées; par leurs
formes, elles se rapprochent des tifinaghs
[du phénicien], alphabet touareg toujours en usage dans la société
féminine.” – “Le profil socio-linguistique du Maroc: Contribution
méthodologique”, Bulletin
Economique et Social du Maroc, Tanger, E.M.I., Nº 140, du 31 août 1979,
p.14.
Parallèlement la référence phénicienne
est attestée dans cette remarque
historique de Françoise Briquel-Chatonnet: “De son côté, l’alphabet
pictographique a évolué et ses formes sont devenues plus schématiques (…). Dès
le Xe-IXe siècles, il est en usage dans les cités phéniciennes,
qui l’exporteront dans leurs comptoirs de Méditerranée, mais aussi en
Palestine, au-delà du Jourdain et dans les Etats araméens de Syrie. C’est un
peu plus tard qu’il est emprunté et adapté par les Grecs, qui utilisent des
signes inutiles pour le système phonologique grec (’, h, ‘etc.) afin de noter
les voyelles.” – “Phénicie: Les mystères du premier alphabet”, Science
& Vie, Op.cit., p.66.
De
la sorte, se profile l’aire et l’état passés et présents de la graphie
tfinaghe. La graphie néo-tifinahe contestée,
adoptée récemment par le CA de l’IRCAM, au Maroc, est contradictoirement
jugée, dans un article du Net, en ces termes:
“C’est en février 2003 que le Conseil
d’administration de l’IRCAM a décidé de choisir le tifinaghe parmi trois types
d’alphabets candidats (le tifinaghe, le latin et l’arabe) comme graphie à
adopter pour enseigner l’amazighe dans les écoles primaires. Toutefois, les
Berbères ne sont pas tous d’accord sur la graphie tifinaghe, laquelle est à
base d’alphabet arabe. Ainsi, l’Association Tamazgha accuse l’IRCAM de «complot
visant à freiner l’usage de la graphie gréco-latine largement diffusé». Il
s’agirait d’une «stratégie pour propulser l’usage de la graphie arabe, en vue
de l’imposer par l’usage».” – in “La fiche du Maroc: L’écriture tifinaghe”,
www.webzinemaker.com, p.4.
De plus, l’aire et l’état originel du
Tifinaghe-Ircam émanent, d’après Aïcha Bouhjar, malgré tout du phénicien
attesté chez les femmes touarègues: “Cette écriture, note-elle, est de nature
alphabétique consonantique et est encore utilisée de nos jours chez les
amazighes des zones sahariennes – les Touaregs – qui la nomment «tifinaghe»
(…). On peut néanmoins retenir que l’origine phénicienne est largement partagée
par les amazighants (…). Les arguments avancés (par Salem Chaker - 1984) se
résument comme suit:
1. Le nom tifinaghe vient de
la racine FNQ qui désigne les Phéniciens en sémitique (…).
2. L’usage de tifinaghe s’est surtout
développé dans les régions de l’Afrique du Nord [Maghreb actuel] qui ont connu
une influence punique.” – Standardisation de l’amazighe, Actes du
séminaire du CAL, Rabat, le 8-9 décembre 2003, Ed. IRCAM, 2004, p.45.
Or, le
débat survolté issu de son adoption par l’IRCAM, pour écrire et enseigner le
tamazigh ne va pas sans parti pris. “Depuis le début de ma carrière
universitaire, il y a trente cinq ans, clame Salem Chaker, je vois revenir
cycliquement dans le débat public - politique et universitaire – les même
déclarations péromptoires, les mêmes fausses interrogations, les mêmes
controverses inconsistantes sur la question de la graphie usuelle de la langue
berbère [monographie tifinaghe]: graphie latine, graphie arabe, graphie tifinagh
[polygaphie non tifinaghe ]?” - Op.cit.,
p.1. Du fait, cela mobilise d’abord les partisans d’une polygraphie non
tifinaghe historiquement attestée.
2–Les partisans d’une poly-graphie non
tifinaghe attestée:
Au sujet de la polygraphie non tifighe
attestée, on relève, dans les recommandations du colloque du HCA (le Haut
Commissariat à l’Amazighité), tenu le 21-22 mars 2007, à Alger sur “le
lybico-berbère”, en écho à la polémique suscitée par la monographie le tifinagh-IRCAM: “ La teneur
de ces recommandations, soit la préférence de l’option de la graphie tifinagh
[monographie] comme support de tamazight, promet de susciter de plus belle, la
polémique entre les partisans d’une autre graphie [polygraphie], dont ceux dits
latinistes, principalement.”- “Le
tifinagh suggéré”, webawal.dezblog.com, p.1. Aussi identifie-t-on ensuite un autre groupe de
partisans:
a-Les partisans d’une
polygraphie non tifinaghe arabisante:
Doctrinalement rejetés, les partisans d’une polygraphie non tifinaghe
arabisante attestée se réclament d’une tradition monographique séculaire enclins à la notation du tamazight en caractères arabes. Salem Chaker, pro-latiniste, nous le
rappelle, sous réserve, ainsi: “En
occultant bien sûr le fait
que les notations du berbère, bien
attestées depuis le Haut
Moyen Âge, sont restées l’apanage de milieux lettrés très restreints; qu’elles
n’ont jamais donné lieu à une véritable codification graphique du berbère [v.
l’arabe dialectal]; que toutes les études récentes montrent qu’il s’agissait
plus d’aide-mémoires, de béquilles pour une transmission restée
fondamentalement orale et qu’il est impossible de décoder ces textes berbères,
anciens ou actuels, écrits en arabe sans oralisation tâtonnante [v. l’arabe
classique lui-même].” – “Transmission du tamazight”, Op.cit., p.1.
De son côté, Ahmed
Boukous souligne l’historicité culturelle de cette polygraphie amazighe notamment
arabisante attestée, en ces termes:
“Les hommes de science immazighens ont le plus souvent utilisé les langues
dominantes de leur époque (le latin par Apulée et Saint Augustin, l’arabe par
Ibn Khaldoun). D’autres se sont servi de l’alphabet arabe pour rédiger des
ouvrages de littérature religieuse ou profane.” – “Profil sociolinguistique
du Maroc”, Op.cit., p.14.
Dans cette même perspective, la polygraphie arabisante attestée des langues usant de la transcription arabe n’est
historiquement pas limitée à celle du
tamazight. “ La plupart des peuples musulmans, relate Christian-Julien
Robin, ont naturellement choisi l’alpabet arabe pour écrire leur langue
nationale, dans le passé comme de nos jours. Cette écriture note ainsi le
persan (Iran), l’ourdou (Pakistan) ou le turc ottoman.” – “Monde arabe”,
Op.cit., p.106.
Par ailleurs, Salem Chaker fustige la
déclaration du FLN et du président algérien Chadli Benjadid, en 1980: “Oui à
l’enseignement du berbère, à condition qu’il soit écrit en caractères arabes.”
– “Transcription de tamazight”, Op.cit., p.1. “On mobilise,
rétorque-t-il, les savoirs des linguistes quant à la relation purement
conventionnelle entre une langue et sa représentation graphique [ou polygraphie
arabisante]; ceux des historiens sur l’existence de traditions anciennes de
graphies du berbère en caractères arabes; du sociologue de l’éducation et de la
culture pour rappeler que la grande majorité de la population a une pratique de
l’alphabet arabe. Tout cela pour défendre une notation usuelle en caractères
arabes.” – Ibid. D’où enfin le groupe des partisans d’une polygraphie latinisante attestée.
b-Les partisans d’une polygraphie non
tifinaghe latinisante:
Selon le principe transhistorique de la
tanscription des langues et de leurs motivations sociales, Salem Chaker admet
la possibilié d’une polygraphie non tifinaghe attestée du tamazight: “Car bien
sûr, à un niveau d’abstraction transhistorique, écrit-il, nous savons bien que
toute langue, sous réserve d’adaptations plus ou moins importantes, peut être
représentée par n’importe quel système d’écriture.” – Op.cit., pp.1-2. Mais
pour des raisons scientifiques pures, il opte pour une polygraphie non
tifinaghe latinisante:
“Pour ma part, écrit-il, je m’en suis
expliqué depuis plus d’un quart de siècle: une diffusion large du berbère passe
nécessairement par la graphie latine, parce que l’essentiel de la documentation
scientifique disponible est dans cette graphie; parce qu’un travail significatif
d’aménagement de cette graphie a été mené, depuis au moins 50 ans; parce que
l’essentiel de la production destinée au grand public (revues associatives,
production littéraire), en Afrique du Nord [Maghreb actuel] comme en Europe,
utilise cet alphabet.” – Op.cit., p.1.
De son côté, Mouloud Lounaouci,
socio-linguiste latiniste algérien, “tout en manifestant son intérêt pour la
graphie tifinagh [monographie tifinaghe] en tant que «symbole identitaire», en appelle à ne pas
verser «dans l’émotionnel», s’agissant de de la question tamazigh qui bénéficie
d’une décennie de recherches et de production en caractères latins [polygraphie
non tifinaghe latinisante] ne devant pas être délapidés, soutient-il.” – “Le
tifinagh suggéré”, Op.cit., p.1.
C’est aussi l’avis de son compatriote,
l’auteur tamazighant latiniste, Abdenour Abdeslam “qui a tenu carrément à
«dénoncer l’initiative de la tenue de ce type de débat», qui découlerait, à son
sens «d’une machination soutenue par des complicités internes», s’est-il élevé.
Pour M. Abdeslam, le caractère latin «étant universel» [polygraphie non
tifinaghe latinisante] est le plus fonctionnel pour la valorisation du
tamazight.” – Ibid.
Pour A. Boukous l’usage de l’alphabet
latin et arabe [polygraphie non tifinaghe attestée] exige certaines diacrités
de la part des chercheurs amazighants occidentaux et nationaux: “Enfin l’alphabet
latin, constate-t-il, est aussi mis à contribution, d’abord à l’instigation des
chercheurs occidentaux, ensuite par des chercheurs nationaux. Mais qu’il
s’agisse de l’alphabet arabe ou latin, certaines diacrités sont nécessaires
pour rendre les particularités du phonétisme du tamazight.” – “Le profil
sociolinguistique du Maroc”, Op.cit., pp.14-15.
Du point de vue d’une polygraphie non
tifinaghe latinisante attestée, hormis
l’arabe, Atanane Aït Oulahyane prône l’amalgame transitoire des aphabets
tifinagh et latin: “Bien sûr, reconnaît-il, les débuts de l’alphabet tifinagh
seront difficiles: il faudrait plusieurs générations pour que tout un peuple se
réhabitue à cette écriture (…). L’emploi de l’écriture latine, en l’occurrence
le français, l’espagnol et l’anglais, qui sont familiers aux Imazighens,
s’avère donc nécessaire au début, pour ne pas interrompre la transmission des
savoirs académiques et l’ouverture sur le monde moderne.”– “Illustation et
défense de l’écriture Tifinagh”, zighcult.canalblog.com, p.13.
Mais, ce débat partagé des partisans de
la polygraphie non tifinaghe arabisante et latinisante attestées du tamazight
s’exacerbe encore plus entre les partisans de la monographie tifinaghe
contestée.
3 – Les partisans d’une monographie
tifinaghe contestée: Tel un
aphorisme universel, Edward Sapir énonce péromptoirement: “L’ordre de
l’alphabet [monographie], comme chacun sait, est d’une rigidité absolue;
personne ne songerait à le bouleverser [polygraphie].” – Anthropologie,
Op.cit., p.104.
Mais ce crédo risquen se révèle
inopérant dans le cas de la monographie néo-tifinaghe contestée, adoptée par
l’IRCAM. En approuvant l’initiative, A. Aït Oulahyane exclut les alphabets arabe et latin, en arguant: “Dans ce sens, on
ne peut que se félicter du choix sage et courageux fait par l’IRCAM de cette
graphie originelle [monographie tifinaghe contestée] pour la transcription de
la langue tamazight, au lieu des alphabets arabe et latin [polygrahies
arabisante et latinisante attestées]…” –
Op.cit., p.11.
Ce rejet concerne aussi, d’après A.
Boukous, les insuffisances de la graphie
tifinaghe originelle: “Cet alphabet, précise-t-il, comporte un certain nombre
d’insuffisances: certains graphèmes manquent, les voyelles ne son notées qu’en
finale, le sens de l’écriture est indifférent; bref, c’est un alphabet peu
recommandé dans son état originel pour servir à la graphie [monographie
berbérisante] dans les domaines littéraire et scientifique.” – Op.cit., p.14.
En outre, l’adoption de la monographie tifinaghe-IRCAM contestée débouche
également sur son rejet en tant qu’écriture à base d’alphabet arabe (notamment
phénicien) par les milieux associatifs amazighs dont l’Association Tamazgha,
etc.
“Toutefois, observe-t-on dans un article
du Net, les Berbères ne sont pas tous d’accord sur la graphie tifinaghe
[monograhie berbérisante], laquelle est à base d’alphabet arabe [polygraphie
arabisante]. Ainsi l’Association Tamazgha accuse l’IRCAM de «complot visant à
freiner l’usage de la graphie gréco-latine largement diffusée» [polygraphie
latinisante]. Il s’agirait d’une «stratégie pour propulser l’usage de la
graphie arabe, en vue de l’imposer par l’usage» (…). Pour l’Association
Tamazgha, il ne faudrait pas voir dans l’adoption de la graphie tifinaghe
[monographie tifinaghe contestée] un geste en faveur de l’amazighe. Rappelons
que l’écriture tifinaghe est vieille de trois mille ans et qu’elle a été
utilisée pour des besoins décoratifs et artistiques en Egypte, au Niger, au
Mali, au Burkina Faso et aux Îles Canaries.” – “L’écriture amazighe”,
Op.cit., p.1.
Néanmoins, la monographie tifinaghe
contestée est systématiquement revendiquée par A. Aït Oulahyane, dans son
article sur le Net, à l’encontre des alphabets arabe et latin,: “L’étude du
tifinagh, préconise-t-il, manque encore de clarification, d’un consensus
universiaire qui permettrait son réel essor et sa propagation sur des bases
solides (…). Comme le sont d’autres peuples (…), les Imazighens aussi pourraient
employer leur propre écriture en restant ouverts sur la modernité (…), sans
être obligés de choisir exclusivement entre les alphabets arabe et latin.” – “Illustration
et défense de l’écriture Tifinagh”, Op.cit., pp.11-13.
De la sorte, le débat des partisans de
la monographe tifinaghe contestée débouche sur une divergence, allant de la
réserve au rejet, en passant par l’adhésion exclusive des polygraphies arabisante et latinisante
attestées. Le coût d’usage de ces trois alphabets (arabe, latin, néo-tifinagh)
pour écrire et enseiger le tamazight (polygraphie attestée/ monographie
contestée) risque aussi d’envenimer la
controverse.
4 – Le coût de de trois graphies
standard controversées:
Dans le même article de la Dépêche
de Kaylie, l’option de la polygraphie non tifinaghe attestée est
avancée comme une passerelle vers le consensus d’une monograhie néo-tifinaghe
encore contestée, pour écrire et
enseigner le tamazight. “Par ailleurs, y augure-t-on, il est déjà admis que
«l’option de la polygraphie qui est un fait à l’état actuel des choses, est en
soi une passerelle vers des aménagements consensuels»” – “Le tifinagh
suggéré”, Op.cit., p.1. Mais tel n’est pas le cas des sceptiques de cette
option comme Salem Chaker rejetant toute
polygraphie non latinisante du tamazight:
“On met alors en avant, écrit-il, un
problème «technique», celui de l’alphabet, pour détruire l’acquis
[polygraphie non tififinaghe
latinisante]et orienter d’emblée le passage à l’écrit [monographie tifinaghe]
et à l’enseignement de la langue berbère [fondamentalement orale] vers un
cul-de-sac assuré, vers l’enlisement et/ ou la folklorisation.” – Op.cit., p.3.
Mais, il s’agit a priori d’absence, en monographie tifinaghe contestée,de
matériaux didactiques et de documents, selon A. Aït Oulahyane, existants en
polygraphie latisante attestée: “Bien sûr (…), il faudrait quelque décennies
pour éditer des manuels, dans toutes les disciplines du savoir, traduire des
oeuvres de littératures universelles, constituer en quelque sorte une
«bibliothèque tifinagh» fournie en toutes sortes de documents.” – Op.cit.,
p.13.
Quant à l’acquis académique latinisant
dont parle S. Chaker, il n’est guère
prescriptible ni enseignable, suivant A. Boukous:
“Il existe des dictionnaires, des
glossaires et des lexiques, et des manuels de grammaire, mais ce sont des
ouvrages plus descriptifs que prescriptifs; ils étaient conçus à l’intention
des administrateurs civils et militaires
[coloniaux]; les études actuelles relèvent de la recherche pure ou sont
destinés aux chercheurs dans le domaine des sciences sociales. Ainsi, dans tous
les cas, ces ouvrages ne s’adressent pas à la communauté des Imazighens (…). En définitive, on ne peut
assigner au tamazight l’attribut de «standardisation» ” – Op.cit., p.15. De là le coût controversé,
aujourd’hui, de trois graphies simultanées pour écrire et enseigner le
tamazight, au Maroc et ailleurs.
En conclusion, on pourrait suspendre
ce débat véhément et sans issue, sur une polygraphie non tifinaghe
attestée(arabe, latin, tifinagh) et une monographie tifinaghe contestée
(tifinagh-IRCAM) et leur coût d’usage simultané controversé pour écrire et
enseigner le tamazight, en reconnaissant avec
S. Chaker: “Au fond, il s’agit, dans tous les cas, même si les
argumentaires sont évidemment très différents, de bloquer toute possibilité de
développement réel de la langue berbère, de la neutraliser en lui imposant un
carcan non fonctionnel qui la condamne à une simple fonction emblématique (pour
le néo-tifinagh) ou au rejet et à la désaffection par les populations
elles-mêmes (pour l’alphabet arabe); en un mot, il s’agit d’enfermer le berbère
dans l’insignifiance.” - in “Transcription
de tamazight”, Op.cit., p.3.
Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
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