martes, 24 de octubre de 2017

Les proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine,Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED




LES PROVERBES  SOURCES ET ISSUES DE LA CHANSON POPULAIRE
MAROCAINE DU IXe AU XXIe SIÈCLE

Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

      À y regarder de près, nul ne saurait nier la double portée proverbiale de la chanson populaire marocaine. Elle est à la fois tenant et aboutissant de proverbes. C’est ce qui nous pousse à aborder ici la question «Les proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle». Dans cette optique, V. W. Engundu note : «Dans une étude sur les proverbes et les adages […], Schipper définit le proverbe comme une partie de l'héritage culturel du peuple gravé dans le complexe social et contextuel dans lequel il fonctionne. […], Toutefois, il y a une différence dans la manière dont s'exprime le proverbe [source ou issue] dans une chanson [v. la chanson populaire marocaine] […]. Dans un dialogue ordinaire, le proverbe permet […] d'accepter ou de réfuter le message. Par contre, dans une chanson, le proverbe […] laisse ouvertes plusieurs possibilités d'interprétation. » - «Le langage des chansons et les proverbes», https://pure.uva.nl, pp.54-55. Autrement dit, selon Samira Mohammed Moutakil : « Le malhoun [v. la chanson populaire marocaine] est une poésie, une musique particulière qui véhicule le message […] de la vie populaire. Il traite des sujets critiquant la société et s'intéresse à tout ce qui est politique, social ou humain d'une manière générale. Ces sujets […] traduisent une situation particulière d'une part, de l'autre part, ils traitent un autre thème qui est celui de l'amour […]: l'amour de la nation ou de la patrie, […] et l'amour en tant qu'amour entre femme et homme. » - «L’analyse sémantique de l’amour dans les chansons du malhoun marocain », www.eis.hu.edu.jo ,  p.1. D’où l’exploration des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle, suivants :

I. La genèse des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle.
II. Le fonctionnement des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle.
III. Les proverbes sources de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle.
IV. Les proverbes issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle.
V. La langue artificielle propre à la chanson populaire marocaine sources et issues de proverbes de la langue parlée et les usages courants auxquels elle est destinée.

       I. La genèse des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle :
    
      À propos de la genèse des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle,  Hassan Azdod écrit : « Dès le IXème siècle, la coopération de musiciens juifs et musulmans, notamment en Andalousie et dans le royaume de Cordoue, battait son plein. C’est le musicien juif Mansour, souligne le chercheur Joseph Chetrit [1941-] (…), qui a été chargé d’accompagner, en 822, le grand maître musicien Ziryab [789-857] qui fuyait Baghdad et qui allait créer à la cour de Abderrhamane II [792-822], un nouveau et vaste corpus musical appelé depuis lors musique andalouse. Il fut joué et enrichi dans différentes cours princières en Andalousie puis au Maghreb, particulièrement au Maroc [v. la chanson populaire marocaine] et en Algérie.» - « Héritage musical  juif au  Maroc», www.darnna.com , p.5.
    
     À titre d’exemple, Alain Laurent-Faucon situe l’apparition de la chanson populaire marocaine «la aïta», au XIe siècle avec l’invasion hilalienne, au Maghreb et au Maroc, dont il relate les traits saillants en ces termes : «Si la ‘aïta est une poésie lyrique dialectale et bédouine, elle est, en fait, bien plus que cela. Car elle est tout à la fois l’expression d’un sentiment d’appartenance, un cri de ralliement, un soupir d’amour et une complainte. D’ailleurs, par de nombreux aspects elle s’apparente à la geste hilâlienne [XIe siècle], ce qui nous oblige à remonter le temps et à commencer par « il était une fois » ! » - «Maghreb / Machrek - La musique », www.alain.laurent-faucon.over-blog.com , p.14.
     
      Plus récemment, aux années 1930, le même auteur indique au sujet la chanson populaire marocaine : «Il faut remonter aux années 30 pour retrouver une première tentative de modernisation de la musique [v. de la chanson populaire] marocaine. Elle fut l’œuvre d’Hocine Slaoui [1921-1951], un apprenti-tanneur de 14 ans, natif de Rabat, qui, dès son arrivée à Marseille, va fréquenter les boîtes de jazz. Inspiré par le swing noir américain, proposant des textes dénonçant, sur un ton caustique et plein d’humour, les travers de la société chérifienne, alors sous protectorat français, il se permet même un énorme succès avec Come On Baby, un morceau raillant l’américanisation de certains de ses compatriotes. Hocine Slaoui disparaît en 1944 ? [v. en 1951], […] et son répertoire ne trouvera malheureusement pas d’héritier. » - « Maghreb / Machrek - La musique », Op.cit., p.24.
      
        Du côté féminin, celui-ci date en 1983, la manifestation de la chanson populaire marocaine d’amour, d’humour et de dénonciation de l’inégalité homme/ femme avec Najat ‘Atabou [1960-] : «  En 1983, celle qui deviendra la « lionne de l’Atlas » lance son cri de révolte avec un titre qui fera date : J’en ai marre. Expliquant les raisons qui la poussèrent à écrire une telle chanson, Najat ‘Atabou dira : «J’en avais marre de tout, de l’inégalité entre la femme et l’homme, du poids de la famille traditionnelle, du manque de liberté. Je n’aime pas que la femme, comme dans la chanson traditionnelle, ne donne de l’importance qu’à l’amour. A côté de ses relations sentimentales avec l’homme, il y a des choses vitales comme le travail qui sont parfois difficiles à imposer... » - Op.cit., p.26
     
      Par ailleurs, le site web Hibamusic mentionne, quant à la chanson populaire dite « chaâbi» [ou populaire], en osmose avec les proverbes, tant au Maroc qu’au Maghreb : « Le chaâbi tel qu'il a été "institué" par El-Anka [chanteur algérien : 1907-1978] regorgeait d'allégories émises en semi-dialectal et de citations pompées dans le "melhoun", celui de Dahmane  [Dahmane El Harachi : 1925-1980] use d'un parler simple de tous les jours [v. de proverbes sources ou issues de chansons populaires], compréhensible par l'ensemble de la communauté maghrébine [v. le Maroc]. Ce qui explique, en partie, son large succès. » - «Une propension aux proverbes et aux dictons de la tradition poétique orale», www.hibamusic.com , p.1.
        
       II. Le fonctionnement des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle :

         Certes, il est à reconnaître évidemment le fonctionnement des proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle (v. §.I ci-dessus), ainsi que le souligne Cécile Leguy en spécifiant : « L’ethnographie de la parole, telle qu’elle s’est développée autour de Dell Hymes, a beaucoup aidé les parémiologues dans leurs enquêtes sur les proverbes, car ils ont, grâce à cette approche, pu en saisir le fonctionnement en situation d’énonciation et ainsi mieux en comprendre le sens et la pertinence [v. ici proverbes sources et issues dans la chanson populaire marocaine]. La quête de proverbes a pu alors, […] mener les chercheurs vers une meilleure appréhension de ce qui se passe quand un proverbe est émis, vers une compréhension du jeu social qui entoure toute énonciation [v. ici toute chanson populaire marocaine] – «En quête de proverbes et chansons riches en proverbes», www. clo.revues.org , p.37.
       En outre, Cécile Leguy résume également les modalités littéraires du fonctionnent et usages des proverbes comme véhicule de la pensée et de la sapience populaire éthico-pédagogique de l’antiquité gréco-latine aux slogans des ONG humanitaires modernes du XXIe siècle, en évoquant : « Parmi les modalités d’expression de la littérature orale, les proverbes ont depuis longtemps interpellé les intellectuels, notamment en tant que véhicules de la « pensée savante » populaire, d’une certaine sagesse. […] Parmi les usages avérés des énoncés proverbiaux, une mention particulière doit être faite aux fonctions éthiques et pédagogiques, fonctions reconnues depuis l’Antiquité (du IVe millénaire av. J.-C au Ve siècle) qui sont souvent à l’origine même de la collecte des parémies. […]. Dans le même ordre d’idée, les différents spectacles, sketches de théâtre interactif ou chansons [chansons populaires sources et issues de proverbes] proposés par les ONG en charge de la lutte contre le sida […] sont des performances, riches de proverbes et autres renvois aux « paroles anciennes » … » - « En quête de proverbes et chansons riches en proverbes », Op.cit., pp.1-13. D’où notamment :
   
      III. Les proverbes sources de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle :

     Pour ce qui est des proverbes sources de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle, Alessandra Ciucci souligne en l’occurrence : «  Au Maroc, seules quelques chanteuses ont réussi à se faire un nom et à mener une carrière couronnée de succès. Les compositeurs de musique pour orchestre écrivent pour elles des pièces qu’elles chantent dans des émissions spéciales de la télévision ou au cours d’événements prestigieux qui se déroulent dans de grandes salles de concert ou lors de festivals. […] Les paroles, constituées en général de clichés, de proverbes [sources et issues de la chanson populaire marocaine] et d’expressions traditionnelles ou populaires, sont souvent collées bout à bout et adaptées par les interprètes au gré de la circonstance et de l’inspiration. » - «Les musiciennes professionnelles au Maroc.», www. Ethno musicologie.revues.org , pp.183-200. D’où alors les répertoires chronologiques (1957-2011) des chansons populaires marocaines suivant :
                 
      1. Répertoires chronologiques des chansons populaires marocaines sources de proverbes 1957-2011 :

     Inspirées de proverbes anciens, ou proverbes sources, la chanson marocaine populaire dans notre corpus de 14 chansons et interprètes, datant de 1957 à 2011, s’inscrivent parfaitement dans cette réflexion théorique de Carlos Alvar sur le refrain/ proverbe, et le proverbe/ refrain sources de la chanson populaire marocaine, en énonçant : «À ma connaissance, cependant, on a fort peu étudié les refrains [v. les proverbes sources], à cause de la tendance à les considérer  comme un élément constitutifs du poème [v. de la chanson], et, donc, inséparable de ce dernier ; si la cantiga  [la chanson] nous est parvenue liée au nom d’un poète, personne ne remet en question le fait que le refrain [le proverbe source] doive lui être attribué. Il faut, cependant, commencer à prendre en considération que nombre de ces refrains [v. les proverbes sources] existaient déjà avant d’être inclus dans l’œuvre [v. la chanson] de tel ou tel poète [v. chanteur] et que ce dernier les a utilisés ou adaptés à sa guise. […] Ce n’est pas un point de vue tout à fait nouveau : déjà, Dámaso Alonso y avait fait allusion lorsqu’il étudiait les kharjas [systèmes du zajal ando-arabe troubadouresque marocain] dans un article paru en 1949. » - «Proverbes et chansons satiriques galiciennes-portugaises.», www.books.google.fr , p.155. Ainsi explorera-t-on à titre d’exemples les répertoires chronologiques suivants :

       2. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1950 : 

       Même passé inaperçu ou tombé dans l’oubli, le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1950 demeure vivant et présent dans les entrelacs des proverbes et des chansons populaires marocaines. C’est ce que met en relief cette remarque pertinente de  Loïc Céry, Directeur du pôle numérique de l'IT : «L'inscription dans la mémoire collective de ces repères ne se fait pas toujours sur le mode de la célébration, comme c'est le cas aujourd'hui, où les faits sont connus, récents et en quelque sorte directement accessibles à l'intelligibilité de tous - et où donc leur célébration demeure liée à l'évocation des faits. Dans d'autres cas, alors que l'inscription mémorielle a bien agi et que la transmission s'est bien effectuée, on a parfois perdu la signification de ce qui est déposé dans les entrelacs des dictons [des proverbes sources de chansons populaires] ou des chansons populaires [v. ici marocaines].» - «Chalvet : Quand le colonialisme tuait, en Martinique», www.tout-monde.com ,  p.1. En témoignent les répertoires chronologiques des deux chansons populaires marocaines sur 16 d’un corpus des 26 chansons étudiées :

· La chanson « Ô toi qui me lâche »  (1957), interprétée par Brahim El Alami  (1930-2005) sur des paroles et une musique de sa propre composition dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : « Qui te lâche lâche-le ! », et dont voici l’extrait :

« Ô toi qui me lâche »  (1957)

« Ô toi qui me lâches,  je ne t’ai
pas lâché
T’a-t-on détourné de moi ou
c’est toi qui l’as voulu
Tu m’as torturé et m’as quitté
dans mon état et oublié mais
je n’ai rien oublié

· La chanson « La beauté que Dieu t’a donnée » (1958),  interprétée par Haïm Botbol (1937-) sur des paroles de Pinhas Cohen et une musique de sa propre composition dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : « Il n’y as de beauté sans défaut», et dont voici l’extrait :

 « La beauté que Dieu
t’a donnée » (1958)  

«La beauté que Dieu
t’a donnée
Pareille je ne pourrais
trouver
Toujours dans mon
esprit
jour et nuit
C’est ce que mon cœur
q vu
Mon cœur en est plus
meurtri
Qu’est-ce qui me
remédie
je ne fais que t’attendre.».

     3. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1960 : 
    
       Du répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1960, on peut en citer trois exemples d’un corpus de 26 chansons étudiées, à savoir notamment :
   
· La chanson « Qu’est-ce qui t’a pris d’adorer la beauté » (1967),  interprétée par Bahija Idriss (1938-) sur des paroles et une musique de sa propre composition dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : « Qu’est-ce qui t’a pris de te pendre pour te fendre le crâne», et dont voici l’extrait :
Qu’est-ce qui t’a pris
d’adorer la beauté ?
(1967)

Qu’est-ce qui t’a pris
d’adorer la beauté 
alors que tu es un
pauvre homme que
la vie te vaincra vite
Ne sais-tu pas dire
Qu’est-ce qui m’a pris.».

· La chanson «Assoiffée » (1966),  interprétée par Bahija Idriss (1936-) sur des paroles de Mohamed El Gharbi et une musique de la composition de Mohamed Ben Abdeslam et dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «L’eau désaltère l’assoiffé», et dont voici l’extrait :
Assoiffée (1966)

L’eau coule près de moi
limpide comme le cristal
et moi je passe mes jours
assoiffée brûlée au feu
Par Dieu Ô toi le fuyard
ne reviens que lorsque
tu m’auras  répondu
Mon cœur au sein de ton
amour a fondu
En lui que de féeries et
de malheurs  par Dieu
Je suis brûlée au feu
et assoiffée.».

· La chanson « Ma nuit est longue » (1966),  interprétée par Younes Megri (1951-) sur des paroles de Mohamed Ziati Idrissi et une musique de sa propre composition dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : « La nuit a beau duré le jour finit par poindre, et dont voici l’extrait :
Ma nuit longue (1966)

Ma nuit est longue et sans fin
J’ai peu de bougies  et sans
Nul compagnon
Mes larmes coulent de
manque et d’amour
Mon cœur est  atteint où
trouver mon remède.».

     4. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1970 : 
    
      Du répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1970, on peut en citer quatre exemples d’un corpus de 26 chansons étudiées, à savoir notamment :

· La chanson « Froid et chaud soit l’air ! » (1966),  interprétée par Mohamed Hayani  (1947-1996) sur des paroles de Ali Haddani et une musique de la composition d’Abdelkader Rachdi dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : « Froid et chaud Ô Moulay Yacob ! », et dont voici l’extrait :
Froid et chaud  soit  l’air (1972)

Ô froid et chaud  soit  l’air,
Vous êtes à deux contre moi, 
Vous et le beau au teint brun
Froid  et chaud  soit  l’air,
Ô bel air bel  air O bel air  
Ce feu est  brûlant et fort 
Ne me lâche pas attends-moi.»

· La chanson «Que faire ?» (1972),  interprétée par Mohamed Al Ghaoui  (1954-) sur des paroles de Ali Haddani et une musique de la composition de Mohamed Belkhayat, dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Si tu ne fais pas de tu ne cours aucun châtiment», et dont voici l’extrait :
Que faire ? (1972)

«Que faire pour résister à ça
Que faire pour lutter contre
Ça
Que faire double embarras
Que faire l’âge s’en va.»

· La chanson «Il est venu au rendez-vous» (1974), interprétée par Abdelmounaim Jamaï  (1948-) sur des paroles de Abderrafik Changuiti et une musique de la composition de Abdelkader Rachdi, dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Qui vient en son temps ne mérite point reproche», et dont voici l’extrait :
Il est venu au rendez-
vous (1974)

Il est venu au rendez-
vous
élégant et beau comme
toujours
Il est venu et m’a offert
une joie nouvelle 
et il m’a soulagé de la
cruauté de l’écart.».

·  La chanson «Qu’il n’y en ait pas plus !» (1977), interprétée par Abdelwahab Doukkali  (1941-) sur des paroles de Mohamed El Gharbi et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Qu’il n’y en ait pas plus», et dont voici l’extrait :
Qu’il n’y en ait pas plus
(1977)

Qu’il n’y en ait pas plus
Moi je suis las d’endurer
Si tu veux trahir dis-le
Et soulage-moi.»

     5. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1980 : 
    
       Du répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1980, on peut en citer trois exemples d’un corpus de 26 chansons étudiées, à savoir notamment :

· La chanson «Ce n’est pas ton habitude ça» (1985), interprétée par Abdelouahed Tetouani  (1947-) sur des paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition, d’Abdelkader Rachdi dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Qu’il n’y en ait pas plus», et dont voici l’extrait :
Ce n’est pas ton
habitude ça (1985)

Ce n’est pas ton
habitude  ça
Tu me quittes et me
boudes
Qu’est-ce que j’ai fait
dis-le moi
Si je suis fautif pardonne-
Moi
Et avant de me quitter
Dis-moi j’ai fait ça

· La chanson «Mon frangin» (1985), interprétée par Latifa Raafat (1965-) sur des paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition, d’Abdelkader Rachdi dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Tiens à ton frère ne te laisse pas par ton ami», et dont voici l’extrait :
« Mon frangin» (1985)//

«Mon frangin fais-moi
des tiens
demande après  moi 
et comment peux-tu
demander après eux
Ô mon frangin  je
viens vers ta porte
Ne me déçois pas.»

· La chanson «Une heure heureuse» (1988), interprétée par Mahmoud El Idrissi  (1948-) sur des paroles d’Ahmed Taieb Elej et une musique de sa propre composition,  dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Une heure heureuse vaut tout l’or du monde», et dont voici l’extrait :
«Une heure heureuse» (1988)

Une heure heureuse ne se vend
en argent
illumine les lieux et la joie calme
l’esprit
Mon aimée paraît pavanant de
de charme de beauté
Charme et beauté
Ô mon aimée en te voyant mon
cœur se détend
Ô quelle paix

        6. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1990 : 
    
        Du répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1990, on peut en citer deux exemples d’un corpus de 26 chansons étudiées, à savoir notamment :

· La chanson «Ô mes proches et mes gens» (1992), interprétée par Rajaa Belmelih (1962-2007) sur des paroles de Khalifa Al Issa et une musique de la composition, de Salah Chahri dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Les gens sont pour les gens et les gens sont pour Dieu», et dont voici l’extrait :
« Ô mes proches et
mes gens » (1992)

«Mon aimé toi après
mes proches et mes
gens
Mon premier amour
je ne puis l’oublier
Viens Ô beauté t’unir
à moi et à mes gens.»

· La chanson «Soucieux est ce monde» (1998), interprétée par Nass El Ghiwan, groupe musical marocain, né en 1960 à Casablanca, sur des paroles de Khalifa Al Issa et une musique de la composition, de Salah Chahri dont le titre refrain prend sa source dans le fameux proverbe ancien : «Le monde est à bout», et dont voici l’extrait :
«Soucieux est le monde»
 (1998)

«Soucieux ô mon frère
Soucieux est ce monde
En lui les âmes se
sont fait culpabiliser
L’homme est devenu
un sujet de reproche
le pauvre s’y  rend
titubant de ses maux
nageant dans l’ennui
une nage fiévreuse.»

      7. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 2000 : 
     Du répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 2000, on peut en citer deux exemples d’un corpus de 26 chansons étudiées, à savoir notamment :

· La chanson «Que Dieu te donne la patience !» (2009), interprétée par Mohamed Ben Omar Ziani (1954-), sur des paroles et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain prend sa source, dans le fameux proverbe ancien : «La patience est la clé de la délivrance», et dont voici l’extrait :
«Que Dieu te donne
la patience» (2009)

« Que dieu te donne
la patience
Viens à moi mon
aimée
Tu es mon âme et
mon repos
Comme moi et toi
Ô celle au grain de
beauté
Que dieu te donne
la patience
Comme je patiente
Moi-même
Ô celle au grain de
beauté.»

· La chanson «Qu’est-ce qui m’a mené?» (2011), interprétée par Latifa Raafat (1965-), sur des paroles et une musique de la composition de Larbi Kawakibi, dont le titre refrain prend sa source, dans le fameux proverbe ancien : «Qu’est-ce qui m’a mené chez vous pour être mordu par vos chiots ?», et dont voici l’extrait :
«Qu’est-ce qui m’a mené?»
  (2011)

«Qu’est-ce qui m’a mené ? 
Pourquoi y suis-je allé
C’est d’un seul regard de
ses yeux qu’il m’a éprouvé
il m’a brûlé
Qu’est-ce qui m’a mené ?» 

     IV. Les proverbes issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle :

      Concernant les proverbes issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle, Didier  Iratunga indique précisément : «Les fables, les contes, les poésies pastorales les chants de circonstances et autres sagesses ancestrales [les proverbes issues de la chanson populaire] servent à détendre les gens, à les instruire moralement sans oublier relater leur vécu quotidien et leurs activités [les proverbes issues de la chanson populaire]. […] Nos grands-mères ont chanté des berceuses [v. les proverbes issues de la chanson populaire marocaine] portant nos parents sur le dos. Même si l’école moderne n’existait pas encore pour nous apprendre à lire et à écrire, la famille et l’entourage étaient là pour éduquer et instruire [v. par les proverbes issues de la chanson populaire marocaine].»  - "L’Afrique, l’écriture, et l’histoire un rêve»,  www.afrochild.wordpress.com , p.5. De là les exemples de répertoires chronologiques (1941-2012) des proverbes issues de la chanson populaire marocaine, ci-après :

     1. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1940 : 
       
      Du répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années 1940, on peut en citer un exemple phare sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier:

· La chanson «Prends garde à toi !» (1941), interprétée par le chanteur phare Houcine Slaoui (1921-1951), sur des paroles et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Prends garde à toi !  », et dont voici l’extrait :
«Prends garde
A toi ! »  (1941)

«Prends garde à toi
de te faire rouler
par de vilaines gens
Les  bouchers rusés
filent deux tranches
en dessus deux
os en dessous
Gâte le  fils d’Untel
Saluent de la main
l’agent  d’autorité
Prends garde à toi
de te faire rouler
par de vilaines gens.»

     2. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1950 : 
         
      Du répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années 1950, on peut en citer un autre exemple phare sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier :

· La chanson «L’amant mon habitué m’a quitté» (1955), interprétée par le chanteur aussi phare Mohamed Fouiteh (1928-1956), sur des paroles et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «L’amant mon habitué m’a quitté », et dont voici l’extrait :
« L’amant mon habitué
 m’a  quitté» (1955)

« L’amant mon habitué m’a
quitté
Je ne le croyais pas après 
la commune me trahir
Tel est mon Dieu mon sort
Sa brûlure dans mon cœur
allume un brasier.»

     3. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1960 : 
   
       Du répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années 1960, on peut en citer par exemple celle d’un barde phare sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier :
     
· La chanson «Le verre de cristal» (1963), interprétée par le chanteur, lui-même phare, Fathallah Lamghari (1940-), sur ses propres paroles et une musique de la composition d’Abderrahim Sekkat, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Si le verre de cristal s’en va », et dont voici l’extrait :
«Le verre  de cristal»  (1963)

«Si le verre de cristal s’en va
mon cœur demeure perplexe
de peur pour lui
il va de maison en maison
de main en main le jour
je l’attends
Ô verre tu es hors de prix
les gens n’ont nul soin de toi
chacun d’eux dit il est à moi.»

     4. Le répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années 1970 : 
     
      Du répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années 1970, on peut en citer trois exemples sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier :
     
·  La chanson «Pourquoi mes yeux» (1976), interprétée par le chanteur, lui-même phare, Abdelhay Skalli (1931-), sur des propres paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition de Mohamed Fouitah, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Pourquoi mes yeux avez-vous les siens ?», et dont voici l’extrait :

« Pourquoi mes yeux
avez-vous vu les siens?»
(1976)

«Pourquoi mes yeux
avez-vous vu les siens
Pourquoi mon cœur      
t’attendris-tu et tu
l’appelles.»

·  La chanson «Malheur à moi !» (1976), interprétée par la chanteuse idole Samira Ben Saïd (1958-), sur des propres paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition d’Ahmed Kadmiri, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Pourquoi mes yeux avez-vous les siens ?», et dont voici l’extrait :
« Malheur à moi !» (1976)

Malheur à moi Ô malheur
à moi
Malheur à moi ils m’ont
pris mon cœur
Je n’ai plus de pouvoir
sur lui.»

· La chanson «Ô toi le distrait!» (1978), interprétée par la chanteuse météore  Ghita Ben Abdeslam (1960-), sur des propres paroles de Ahmed Taieb Elej et une musique de la composition d’Ahmed Kadmiri, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Ô toi le distrait!», et dont voici l’extrait :
«Ô toi le distrait !»
(1978)

«Ô toi le distrait
Fais attention à nous
Aie crainte pour nous
Quand nous uniront
les jours
Ô toi le distrait. »

     5. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 1980 : 
     
       Du répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années 1980, on peut en citer l’exemple deux stars populaires d‘envergure sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier :

· La chanson «Qu’ai-je moi à ne pas avoir de chance ?» (1980), interprétée par la chanteuse toujours en pleine essor Najat Atabou (1960-), sur des propres paroles des et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Qu’ai-je moi à ne pas avoir de chance?», et dont voici l’extrait :  
«Qu’ai-je moi à ne pas
avoir de chance?» (1980)

Qu’ai-je moi à ne pas avoir
de chance
Mon aimé a changé en sus
Il m’a tourné le dos
Qu’ai-je moi à ne pas avoir
de chance
Moi je n’ai pas de chance.»

· La chanson «Ô mon fils prends garde !» (1982), interprétée par le chanteur maestro  l’immortel Abdessadeq Chekra (1931-1998), sur des propres paroles d’Abdelkhaleq Aït Chatoui  et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «Mon fils prends garde à toi !», et dont voici l’extrait 
«Ô mon fils prends
Garde !» (1982)

Ô mon fils Ô mon aimé
Prends garde c’est ton
pays sache que tu es
envié à cause de lui
L’amour de ton pays est
un gage enseigne-le à
tes enfants tel que je
l’ai fait à toi 
A  mon aimé au Maroc
pays du bienêtre
édifie-le relève-le il
te donnera plus.»

     6. Le répertoire chronologique des proverbes sources de la chanson populaire marocaine des années 2000 : 
   
       Du répertoire chronologique des proverbes issues de la chanson populaire marocaine des années 2000, on peut en citer l’exemple d’un chanteur populaire de talent inépuisable sur 10 du corpus des 26 chansons étudiées, à savoir en particulier :

· La chanson «En passant rends-nous visite !» (2012, interprétée par le chanteur populaire an talent inépuisable Bachir Abdou (1958), sur des paroles d’Ahmed Taieb Elej et une musique de sa propre composition, dont le titre refrain issue est devenu un fameux proverbe d’actualité courante : «En passant rends-nous visite!», et dont voici l’extrait 

«En passant rends-nous
Visite!» (2012)

«En passant rends-nous
Visite
Vois si nous nous
portons bien
Rends-nous visite
Où la barque nous
a menés
Les mers du monde
sont parmi les gens
Rends-nous visite.»

      V. La langue artificielle propre à la chanson populaire marocaine sources et issues de proverbes de la langue parlée et les usages courants auxquels elle est destinée :
                                                                                    
      En fait, il s’avère que la langue de la chanson populaire marocaine tant sources qu’issues de proverbes est une langue  artificielle propre au chant toute à fait distincte de la langue parlée marocaine. C’est ce que souligne  Barbara Lezzi, analogiquement pour la langue dans la chanson populaire italienne, dans cette  remarque : « Concernant la langue des chansons,   […],  il s’agit en fait d’un mixte de  « dialecte » [v. ici le dialecte arabe marocain], mobilisé dans l’effusion et le passionnel, et il d’italien [v. d’arabe dialectal marocain], utilisé dès que l’expression devient plus formelle. Il en résulte une sorte de […] langue artificielle propre au chant, que l’on veut intentionnellement distinguer de la langue parlée [v. l’arabe marocain parlé]. » - « Le Salento et sa culture orale : chansons, proverbes et devinettes », www.taban. canalblog.com , p.3.

      Par ailleurs, en ce qui concerne les usages courants auxquels est destinée  la chanson populaire marocaine sources et issues de proverbes, on peut repérer, comme pour toute l’Afrique avec Didier  Iratunga notamment : «  Les […] les chants [les chansons] de circonstances et autres sagesses ancestrales [les proverbes] servent à détendre les gens, à les instruire moralement sans oublier de relater leur vécu quotidien et leurs activités. La tradition orale n’épargne pas non plus le Burundi [v. le Maroc] car faisant partie intégrante de l’Afrique. […] Nos grands-mères ont chanté des berceuses portant nos parents sur le dos. Même si l’école moderne n’existait pas encore pour nous apprendre à lire et à écrire, la famille et l’entourage étaient là pour éduquer et instruire. » - «- "L’Afrique, l’écriture, et l’histoire un rêve», Op.cit., p.5

      En conclusion, il nous est modestement loisible à la suite de cette courte vue panoramique sur : «Les proverbes sources et issues de la chanson populaire marocaine, du IXe au XXIe siècle» explorant les lignes forces de ses constituants, fonctionnement, langue  et usages courant de rappeler avec le barde algérien et maghrébin Cheikh Hadj M’hamed al-Anka se produisant, en 1932, au Maroc , lors de la première Fête du Trône, devant  S.M. Mohamed Ben Youssef (feu S.M. Mohamed V), évoque par le Bulletin Algeria.com, en juin 2006, en ces termes : « Prenant une cinglante revanche sur le sort [la colonisation du Maghreb], Hadj M’hamed al-Anka [1907-1978] connaîtra, grâce à sa carrière artistique, une ascension des plus fulgurantes qui le mènera, en 1932, au Maroc où il se produira devant Sa Majesté Sidi Mohammed Benyoucef [feu Sa Majesté Mohamed V], à l’occasion de la [1ère] fête du trône [marocain]. […] Sid Ahmed Ibn Zekri, [en dit notamment] : “Son apport consistait en la correction de mon style, de mon langage et de la mise au point de certains détails, tels les proverbes utilisés dans le chant populaire.” […] Les grands bardes marocains seront aussi à l’honneur dans ce nouveau répertoire où les poèmes d’al-Maghraoui, cheikh Ben Slimane, Sidi Mohammed Bénali, cheikh Nedjar sans oublier al-Alami, occuperont une place de choix à l’image d’Al-Meknassia.» - « Cheikh Hadj M’hamed al-Anka », www. algeria.com , p.1.

                                                      Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED