martes, 15 de noviembre de 2022

L’IMAGE DE LA BETE HUMAINE REFLET DE LA SOCIETE DANS LE ROMAN MONDIAL : 1851-2016, Dr. SOSSE ALAOUI Med.

 

L’IMAGE DE LA BÊTE HUMAINE  REFLET

DE LA SOCIETE DANS LE ROMAN MONDIAL

1851-2016

 

     Face à la cruauté et à la monstruosité dont font preuve les hommes, dans la société humaine sur notre planète, tant à l’instar d’Abel Caïn, - «Le Coran», Sourate 5 : Al-Ma-Idah (La Table Servie) - www.islamdefrance.fr, p.1,   les romanciers se sont penchés symboliquement sur le drame qui se joue quotidiennement sur terre, incarnant la fameuse pensée de Blaise Pascal : « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête» - «Pensées», Ed. Livre de poche, 1962, p. 151. Et c’est ainsi qu’on s’est posé, à travers un corpus romanesque des cinq continents, la question : « L’image de la bête reflet de la société humaine dans le roman mondial : 1851-2016 ». A cet égard, Lucile Desblache indique  notamment : « La fiction [le roman mondial] contemporaine remet donc fermement en cause les bastions d’une supériorité humaine, dont nous ne pouvons plus que douter, devant nos conditions de vie et l’état de notre planète. La présence de l’animal dans cette forme créatrice de partage intime qu’est le roman révèle également la face bestiale de l’être humain [dans la société], face qu’il apprend à accepter afin de pouvoir être pleinement.» - « Bestiaire du roman contemporain d'expression française », www.books.google.co.ma , p.161. D’où l’image qu’en fait le roman mondial et ses covariantes suivantes :

      I. L’image de la bête reflet de la société humaine au siècle de Darwin dans le roman mondial 2000-2014.

     II. L’image de la bête reflet de la société humaine à l’intérieur de l’homme dans le roman mondial 1903-1999.

     III. L’image de la bête reflet de la société humaine et l’infériorisation de l’indigène colonisé dans le roman mondial 2009-2016.

      IV. L’image de la bête reflet de la société humaine dans les revendications et discours politiques  dans le roman mondial 1890-2007.

       V. L’image de la bête reflet de la société humaine entre personnages et situations actuelles dans le roman mondial 1941-2010.

      I. L’image de la bête reflet de la société humaine au siècle de Darwin dans le roman mondial 1851-2016 :

       A propos de l’image de la bête reflet de la société humaine au siècle de Darwin dans le roman mondial 1851-2016, Jean William Cally indique sur le reflet d’une métamorphose narrative négative/positive de la bête/homme ou de l’homme/bête, thématiquement, en particulier : «Cependant, à mesure que l’idée de l’ascendance animale et de la proximité des espèces s’affirme au siècle de Darwin, se consolide la peur générée par ces bouleversements intellectuels. Sous cette perspective, force est de reconnaître que le thème de la bête en l’homme, de la bête endopsychique, aura su trouver une matrice féconde à travers la littérature fantastique. Sans même prendre en compte les histoires de métamorphoses ou d’hommes-animaux, il suffirait, pour s’en faire une évidence, d’y constater le nombre d’individus humains qui, généralement afin de mieux incarner quelque personnage négatif, grotesque ou maléfique, se trouvent représentés comme des êtres marqués de traits bestiaux et torturés par les pulsions régressives de leur véritable nature (animale), comme des êtres en proie au resurgissement de leur bête intérieure. » - «La bête dans la littérature fantastique», Ed.  Ed. Bernard Terramorsi, 2007, p.16. C’est le cas par exemples, dans ces romans de France, d’Angleterre et des USA :

     + La belle et la bête, Ed. du Rocher, 2000, où Bernard Simonay (1951-2016), auteur de romans fantastiques français, fait le récit du prince Philippe, sur lequel courent des racontars maléfiques. Il se transforme en bête effrayante, dès qu’il rencontre la lumière. Marié à Aurore amoureuse de sa beauté physique, il lui impose le pacte de jamais tenter de voir ses traits à nouveau. Mais par la curiosité et incitée par la méchante Férona, elle dévoile la  malédiction de son mari, dont il ne peut guérir que lorsqu’il sera aimé au-delà des apparences. C’est ce que le couple devra atteindre contre les forces du mal déchaînées. – www.babelio.com , p.1. Il s’agit dans ce cas de la métamorphose de l’homme/ bête, reflet d’une société basée sur les fausses apparences, la perfidie et le mal du ouï-dire, en bute à la sincérité, à la fidélité, à la bienfaisance, et au véritable amour.

     + Le livre de la jungle, Ed. Gallimard, 2016, dans lequel Rudyard Kipling (1865-1936), romancier anglais, raconte l’histoire de Mowgli, un petit homme, recueilli à sa naissance par un clan de loups et élevé dans la jungle. En grandissant, il est vu comme  un danger par Shere Khan, le tigre, qui garde des cicatrices de blessures lui ont fait les hommes et  cherche maintes fois  à lui nuire. Il n'est plus en sûreté dans la jungle. Il part retrouver les siens, avec la panthère Bagheera et l'ours Baloo. Il rencontre des habitants de la jungle, comme Kaa, le python à la voix ensorceleuse, et le roi Louie, qui désire avoir le secret de la fleur rouge, le feu. - www.babelio.com , p.1. Là, la métamorphose de l’homme-bête/bête-homme est le reflet de deux sociétés : la société animale, règne bien et du mal prédominant et de la société humaine, règne de la sympathie face au mal du pouvoir et de la cupidité féroce prédominante.

        + Tarzan seigneur de la jungle, Ed. Achipoche, 2016, au sein duquel  Edgar Rice Burroughs (1875-1950), romancier nord-américain, conte l’histoire du bébé humain  Tarzan, qui, a été abandonné,  par ses parents John Clayton, lord Greystoke en mission avec  Alice sa femme enceinte, au XIXe siècle, en Afrique Occidentale Britannique,  après avoir été débarqués de force du Fuwalda, sur une côte sauvage par les marins mutins. Là, celle-ci monde un bébé, John Clayton III, comte de Greystoke. Elle meurt, avant qu'un grand singe de la forêt voisine entre dans la cabane et tue John. Kala, une jeune femelle, s'empare du bébé et s'en occupe comme une mère et le nomme Tarzan, « peau blanche ». Habillé d'un pagne, s'accrochant aux lianes et ami des gorilles, il domine la forêt. Il marche sur ses deux pieds, et communique avec les animaux, il vit dans la jungle. Un jour, il sauve des touristes américains. Revenu à la civilisation, il est tiraillé entre la  loi de la jungle et l’étiquette  de l'aristocratie anglaise.www.babelio.com , p.1. Ici, la métamorphose homme/bête et son inverse bête/homme, reflet de la société  animale juste, régie par la loi de jungle, s’oppose  à la société humaine injuste, régie par les codes de la civilisation.

      Apparemment, Charles Darwin en filigrane ou pas, il serait judicieux de dire ici  avec : Philippe Jaussaud : « Les œuvres concernées [v. le corpus des romans cités ici, parus entre : 1780-1912] rendent bien compte […] des […] théories évolutionnistes, en particulier celles héritées des travaux de Darwin. Donc, le lecteur ne se heurte pas, en l’occurrence, au «grand miroir déformant de la littérature [v. romanesque]» - « Création et évolution : la littérature s’engage », www.hal.archives-ouvertes.fr , p.9

      II. L’image de la bête reflet de la société humaine à l’intérieur de l’homme dans le roman mondial 1903-1999 :

      Afin de saisir l’image de la bête reflet de la société humaine à l’intérieur de l’homme dans le roman mondial 1903-1999, il faut rappeler plus précisément avec  Jean William Cally notamment : « Sans même prendre en compte les histoires de métamorphoses ou d’hommes-animaux, il suffirait, pour s’en faire une évidence, d’y constater le nombre d’individus humains qui, généralement afin de mieux incarner quelque personnage négatif, grotesque ou maléfique, se trouvent représentés comme des êtres marqués de traits bestiaux et torturés par les pulsions régressives de leur véritable nature (animale), comme des êtres en proie au resurgissement de leur bête intérieure.» - «La bête dans la littérature fantastique», Op.cit., p. ibid. A titre d’exemples, relevons, à cet égard, ces romans de France, du Canada et d’Australie :

    + La Femme au loup, Ed.  du Rocher, 1999, au cours duquel Michel Pascal (1961-), romancier français, narre, d’après  un parchemin du Moyen Age, de l'an 1450, le récit d’une femme, Margot la Barre, mêlée à une singulière histoire de sorcellerie en France, ayant  vécu en ermitage avec un loup au rocher de Tombelaine, de la baie du Mont-Saint-Michel. Elle parle au loup, selon l'intelligence animale. Elle est arrêtée par les gendarmes enfermée avec l’animal dans les geôles du Mont-Saint-Michel. Mais, celle-ci avec ruses maléfiques a éliminé un à un ses treize inquisiteurs lors de son procès. Le récit fait aussi le point la possédée du loup, et tente de savoir s’il s'agit  d'une simple mystique médiévale, inédite de l'histoire de France. -  www.babelio.com , p.1. Le roman fait état d’un fait divers sanglant de sorcellerie autour d’une femme possédée intérieurement par un loup, en France à la fin du Moyen Âge, l’image reflet d’une pratique sociale mystique courante, de la chasse aux sorcières, à l’instar de McCarthy, aux USA, au milieu du  XXe siècle, hic et nunc dans une société, à la fin du Moyen Âge.  

       + La Bête à sa mère, Ed. Stanké, 2015, roman au sein duquel David Goudreault (1980-), auteur canadien, fait le récit du narrateur, un jeune garçon, qui grandit sans un père absent, avec une mère suicidaire récidiviste, tenue pour une grande malade par psychiatres.  Il est enlevé à celle-ci, dès l’âge de sept ans, par les services sociaux et placé, dans diverse familles d'accueil et centre fermé. Il devient obsédé par le fait de retrouver sa mère. A sa majorité, sur le conseil d’une barmaid cocaïnomane, il part la retrouver à Sherbrooke. Bibliomane, il enfile des mensonges, tue des chats pour se divertir, remplit son estomac d’amphétamines, vole les gens qui l’aident, consomme de la pornographie, trompe et harcèle les femmes, raciste et homophobe, il va jusqu’à commettre l’irréparable. Face à un cadavre, il ‘explique. -www.editions-stanke.com  , p.1. L’image intérieure de  l’homme/l’homme-bête est ici  celle d’un individu, victime d’une pathologie maternelle et d’une enfance frustrée, celle du héros narrateur, obsédé intérieurement par sa mère, une bête psychiatrique suicidaire, le cas typique de délinquants, mus en bêtes néfastes, dans la société moderne, d’aujourd’hui, dans le monde, minée par le vice,  la drogue et la dissolution de la cellule familiale humaine.

       + L’étouffoir, Ed. Payot, 2010, dans lequel Philip Gwynne (1958-), auteur australien de romans policiers, conte l’histoire de l’inspectrice Dusty Buchanon vivant à Darwin, dans le Top End, au bout de l’Australie, une vedette de la police locale. Sa nouvelle chef en est vivement jalouse et la voit comme rigide, autonome, aux méthodes parfois irrégulières et une rivale possible. Non loin dans le bush, à un camp de vétérans du Vietnam turbulents, l’un d’eux dit avoir vu un cadavre flottant, dans la mangrove plein de crocodiles. Cela met les autorités dans l’embarras, mais tout le monde en doute, même la limier.  Mais elle décide d’aller y voir clair. Certes, elle un cadavre, mais à l’arrivée de la police scientifique, il disparaît. Celle-ci poursuit la mystérieuse enquête. Cela la conduite dans un bordel thaïlandais, avec un amant, faux ornithologue et vrai policier. Elle va jusqu’à faire l’autopsie d’une péronnelle victime d’un gangster et appeler un aborigène musicien de hip-hop et détecteur d’esprits, pour résoudre cette incroyable énigme. - www.kowala.fr, p.1. L’image intérieure de l’homme/bête et l’homme cadavre/bête s’avère incompatible aux yeux de la policière dans la nature : homme/bête : crocodiles/dévoration et crocodiles/ cadavre-non dévoration. Elle recourt à la police scientifique dont l’autopsie restée inopérante et au chaman aborigène musicien, pour solliciter les esprits à l’intérieur de la bête/cadavre fantôme. 

       + Les Boucs, Ed. Denoël, 1955, où Driss Chraïbi (1926-, écrivain et romancier marocain, fait le récit  de la vie de Yalann Walik, un petit cireur algérien, qui rêvait depuis son enfance de devenir cireur. Après dix ans, il fait vendre le bouc de son père pour rejoindre es immigrés nord-africains en France. Il mène une existence de souffre-douleur et misère. Malgré l'amour de sa femme Simone, dont il n’arrive pas à soigner le bébé, et la compagnie de son ami Raus et des autres boucs, comme lui, il ne peut surmonter la crise intérieure de révolte et de haine qui bout en lui. Pris d’une crise de folie meurtrière, libérant en son sein la bête fauve qui y sommeillait, il étrangle le chat, pensant tenir le cou de sa femme, au mal qu’il lui fait, à son échec à la rendre heureuse. - www.freeboook.com, p.1. L’image homme/bête se fait ici reflet  de la bête/homme, qui sous l’effet de la révolte, de la haine contre la société, source de sa misère, de sa souffrance et de son désespoir, est précipité, dans une crise de folie aveugle, qui  fait  l’homme/bête  un homme-fauve meurtrier, même des siens les plus proches, voire les plus chers.  

       III. L’image de la bête reflet de la société humaine et l’infériorisation de l’indigène colonisé dans le roman mondial 2009-2016 :

       Concernant l’image de la bête reflet de la société humaine et l’infériorisation de l’indigène colonisé dans le roman mondial 2009-2016,  Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire écrivent, en l’occurrence : «Aux images ambivalentes du «sauvage», marquées par une altérité négative mais aussi par les réminiscences du mythe du « bon sauvage » rousseauiste, se substitue une vision nettement stigmatisante des populations «exotiques». La mécanique coloniale d’infériorisation de l’indigène par l’image se met alors en marche, et, dans une telle conquête des imaginaires européens, les zoos humains constituent sans aucun doute le rouage le plus vicié de la construction des préjugés sur les populations colonisées. La preuve est là, sous nos yeux : ils sont des sauvages, vivent comme des sauvages et pensent comme des sauvages. Ironie de l’histoire, ces troupes d’indigènes qui traversaient l’Europe (et même l’Atlantique) restaient bien souvent dix ou quinze ans hors de leurs pays d’origine et acceptaient cette mise en scène... contre rémunération. Tel est l’envers du décor de la sauvagerie mise au zoo, pour les organisateurs de ces exhibitions : le sauvage, au tournant du siècle, demande un salaire ! » - «Ces zoos humains de la République coloniale», Le Monde diplomatique, Août 2000,  www.monde-diplomatique.fr, pp.16-17. D’où, à titre d’exemples, les romans ci-après, de la Chine, d’Angleterre et d’Australie :

     + Le Totem du loup, Ed. Bourin, 2009, dans lequel Jiang Rong (1946-), romancier chinois, fait le récit  de l’aventure de Chen Zhen, jeune étudiant chinois [v. ex-colonisateur civilisé] qui doit apprendre, au contact des tribus mongoles [v. colonisées infériorisées], comment survivre, symbolisant la bête reflet de la société humaine opposant l’homme colonisateur/la bête mongole ex-colonisée infériorisée. Les hordes de loups règnent encore sur la steppe. Les cavaliers nomades, héritiers de Gengis Khan (ex-colonisés par la Chine), craignent et vénèrent cet animal qu’ils ont choisi pour emblème (totem d’homme primitif). La rencontre avec cette culture va bouleverser le jeune Chinois (v. image reflet du colonisateur civilisé). -  www.livredepoche.com , p.1. Dans ce sens Marion Mas souligne notamment : « La constitution de l’animal en personnage et le jeu narratif avec la bête ou avec l’homme animalisé [infériorisé] impose de reconsidérer la distribution des catégories de «sauvage» [infériorisé] et de «civilisé» [supérieur], et donc de repenser la notion de domesticité ou de domestication [colonisation/civilisation] à un moment où il semble qu’elle s’installe comme modèle des rapports sociaux [infériorisation homme/bête].» - «L’animal et la bête : frontière de l’humanité sociale dans le roman entre 1820 et 1830 (Balzac et Victor Hugo)», www.equipe19.univ-paris-diderot.fr , p.12

 

     + L’été de l’ours, Ed. Belfond, 2012, où Bella Pollen (1961-), romancière anglaise, raconte l’histoire de Letty Fleming, qui, rongée par le scandale et le doute, à la mort tenue pour un suicide de son mari, ex-agent britannique à Berlin, trouve refuge avec ses trois enfants : la douce Georgie, le cadet Jamie et la terrible Alba, sur une île d'Écosse. Là, chacun d’eux tente de combler le vide laissé par le défunt plein de secrets. Mais chemin faisant, chacun d’eux  glisse un peu dans la magie, face à leur morne séjour. Ils pensent que, dissimulé aux yeux de tous, un ours veille sur eux. Le cadet très sentimental, à l’imagination sans frontières, expédie des bouteilles jetées à la mer, pour ramener son père à revivre avec eux. A côté d’eux, sur les plages et la lande désolées de l’île, un ours solitaire rêve de liberté et d’âmes à sauver. - www.webcache.googleusercontent.com , p.1. Ici au lieu de l’indigène colonisé l’homme-bête, c’est le colonisateur l’homme-civilisé, qui fuit la barbarie de son milieu, Berlin sous la guerre froide, pour se réfugier sur une île sauvage, sous la protection de la bête-homme par magie.

 

      + La bête, Ed. Autrement, 1980/2014, à travers lequel Kenneth Cook (1929-1987), un romancier et cinéaste australien,  contre l’aventure des chasseurs d’un sanglier énorme, issu des animaux domestiques, dits animaux féraux, bêtes domestiques, importés par les colons en Australie, et retournés, ensuite, à l'état sauvage. Ce porc géant a libéré ses semblables des enclos. Avec eux, ils causent des dégâts importants aux planteurs et à l'écosystème  indigène. Il possède une intelligence surprenante et retorse.  Deux écologistes Alan Treval, et son fils Mickaël, aidés par une jeune pilote d'avion mènent une lutte acharnée et périlleuse contre lui dont l’aboutissement met  en jeu l’homme (la société  des colons)  et la bête (l’écosystème indigène colonisé).  - www.babelio.com , p.1. Là, l’image reflet de la société humaine homme-bête (la société des colons australiens civilisés) s’affronte à la société de la bête-homme ou la bête mutante en  bête-homme, par intelligence interposée. Dans ce cas, l’infériorisation  du colonisé s’annule en faveur d’une symbolique égalité intellectuelle de la bête-homme colonisé en mutation.

        A ce sens, Chantal Brière constate : «L’étape ultime de ce jeu spéculaire fait disparaître l’animal en tant que tel, l’altérité s’efface au bénéfice d’une identité composite. Reste l’animalité, voire la bestialité, résurgence d’une nature humaine primitive ou archaïque qui agit au gré des pulsions et des instincts. La frontière que dessinait nettement la confrontation de deux êtres différents bien que ressemblants s’abolit dans des affrontements tout intérieurs. Notion négative qui dissocie le corps de l’esprit, l’animalité traduit une régression de l’individu vers un maillon inférieur de la chaîne des êtres qui va de la pierre à Dieu, une exclusion des caractéristiques humaines : la raison, la morale et ce que l’on pourrait appeler la civilisation. […]».- «L’animal en territoire romanesque», www.groupugo.div.jussieu.fr , p.12.

        IV. L’image de la bête reflet de la société humaine dans les revendications et discours politiques  dans le roman mondial 1890-2007 :

        Pour cerner l’image de la bête reflet de la société humaine dans les revendications et discours politiques dans le roman mondial 1890-2007, Xavier Bourdenet observe en particulier : « Étrangement, ce sont des catégories politiques qui servent à penser la matrice originelle, le lieu primitif qu’on croyait plus mythique que politique. Si l’animalité  permet de penser l’homme, l’inverse ici est vrai, ce qui confirme leur essentielle consubstantialité. Le royaume animal est pourvu d’institutions politiques.» - «Animalité et bestialité chez Mérimée », www.equipe19.univ-paris-diderot.fr, p.12.  Ainsi est-il de l’image de la bête reflet de la vie institutionnelle et politique, dans ces romans de France, d’Angleterre et de Côte d’Ivoire :

       + La machine à explorer le temps, Ed. Gallimard, 1895/1972,  un roman où Herbert George Wells (1866-1946), romancier nord-américain, restitue le récit du narrateur, l’Explorateur du temps, qui a fait un voyage sur une planète avec une machine de son invention. De retour sur terre, il raconte à un public étonné, sur cette planète, qu’en l'an 802701, la terre y a l’aspect d'un éden. Mais l’aspect seulement, car au-delà des beaux jardins, et l’été éternel, où vivent des hommes complètement désœuvrés, il y a un épouvantable  secret. Là où l'humanité s'est divisée en deux : les Éloïs, vivant en surface, menus êtres, jolis et écervelés et les affreux Morlock, monstres vivant dans le noir dans un immense sous-terrain, au service des premiers. www.babelio.com, p.1. Ici l’image de la bête reflet de la société politique et institutionnelle est composée des Éloïs/hommes-dominants (maîtres/capitalistes), oisifs en dépérissement, et des Morlock/bêtes-hommes-dominés (esclaves/prolétaires) en pleine décadence, à force de servir, en OS les industries  des premiers : deux humanités en voie d’inter-collision et d’extinction.

       + La planète des singes, Ed. Pocket, 2001/1963, au sein duquel  Pierre Boulle (1912-1994), romancier français, narre le voyage spatial entrepris par professeur Antelle, Arthur Levain, son second, et le journaliste Ulysse Mérou, en de savoir s’il y a des êtres humains ailleurs que dans notre galaxie. C’est alors que de leur vaisseau spatial, ils observent le paysage d’une planète à proximité de Bételgeuse. On voit des villes, des routes singulièrement semblables à celles de la Terre. Après s’y avoir débarqué, les trois hommes découvrent que la planète est habitée par des singes. Ceux-ci s’emparent d’Ulysse Mérou et se livrent sur lui à des expériences scientifiques. Il faut que le journaliste fasse, devant les singes savants, la preuve de son statut d’homme et de son intelligence de singe supérieure. -www.pocket.fr . Ici, l’image de la bête reflet de la société politique et institutionnelle se trouve inversée : la bête-libre/bête-singe statue sur la nature sociale et humaine de l’homme-captif/bête-cobaye, dans le cadre d’une simiesque organisée de juriste, de savants et de soldats, à l’image de celle des hommes sur terre, avant la catastrophe augurant d’une telle mutation. Une mise en cause de cette dernière en filigrane.

        + En attendant le vote des bêtes sauvages, Ed. Seuil, 1994/2000, où Ahmadou Kourouma (1927-2003), un romancier ivoirien, fait satiriquement le récit de la vie politique et institutionnelle d’un dictateur africain, le président Koyaga qui, pour fêter l'anniversaire de ses trente ans de président démocrate, on organise six veillées pour l’honorer. En digne fils de Tchao, tirailleur ayant tiré cinq Allemands lors de la Grande Guerre, il a introduit le premier l'habillement dans son pays, les débuts du modernisme, dans les montagnes. Il a combattu dans l'armée française en Indochine, en Algérie et rentre chez lui, à l'indépendance. Lors d’un coup d'Etat manqué, il prend le pouvoir, crée un parti unique, par élections, élimine ses adversaires politiques, survit à des attentats rouges ratés, appelant les Occidentaux à l’aide pour leur barrer la route. Soutenu  par homologues voisins, il s’initie aux mannes du pouvoir. Les candidats ont l’appui des marabouts et de la décolonisation pour servir les anciens maîtres, leurs proches, parfois leurs peuples, en attendant le vote des bêtes sauvages. - www.babelio.com , p.1. Là, la bête reflet de la société politique et institutionnelle présente comme substitut salutaire et ironique à l’homme/bête-politique-sanguinaire (antidémocratique) les bêtes-sauvages/votants sans foi ni loi, à venir.

       + La ferme des animaux, Ed. Gallimard, 2007, dans lequel Georges Orwell (1903-1950), un romancier anglais, raconte de la révolte symbolique des bêtes leur exploitant fermier. A la ferme du Manoir, les animaux s’unissent autour d’un vieux verrat agonisant, Sage l’Ancien, qui les incite à la révolte contre Mr Jones, leur maître  Ils le chasse, et s’approprient la ferme. Dès lors, ils sont maîtres, et tous égaux. Trois cochons sont élus pour faire  les lois de la nouvelle société : un ensemble de règle appelé l'Animalisme. Mais bientôt, des conflits ont lieu les cochons dirigeants. Napoléon chasse Boule de neige et impose une dictature. Les cochons finissent par se conduire comme les hommes qui les exploitaient, et il est alors difficile de les différencier. - www.livres.ados.fr , p.1. Ici l’mage de la bête reflet de la société politique, inspirée du régime nazi, voire communiste incarne un discours revendicatif syndical révolutionnaire de l’homme-prolétaire/bête-exploité du nazisme/communisme  sort inchangé sous le règne animal fictif de la bête/homme-exploité de l’animalisme à cause des luttes pour le pouvoir et du culte antidémocratique de l’absolutisme, modèle sociopolitique ironique immuable chez les hommes comme chez les bêtes : hommes-bêtes/bêtes-hommes.

      A cet égard, Xavier Bourdenet, citant Prosper Mérimée, révèle sur la valeur de l’image de la bête reflet de la société politique, institutionnelle et idéologique notamment : «Étrangement, ce sont des catégories politiques qui servent à penser la matrice originelle, le lieu primitif qu’on croyait plus mythique que politique. Si l’animalité  permet de penser l’homme, l’inverse ici est vrai, ce qui confirme leur essentielle consubstantialité. Le royaume animal est pourvu d’institutions politiques. […] L’image animale, signifiant la bestialité, semblait donc chez Mérimée se comprendre essentiellement dans une quête de la « pure nature de l’HOMME », c'est-à-dire dans une approche qui déshistoricisait l’homme, qui le saisissait comme nature et non comme être historique. Or, les choses ne sont pas aussi simples, on le voit. Animalité et Bestialité ont également valeur idéologique en ce qu’elles servent à appréhender le politique. […] Que l’on tente de dessiner une individualité ou de saisir une socialité, la bête est là, pour le meilleur et pour le pire.» - «Animalité et bestialité chez Mérimée», www.equipe19.univ-paris-diderot.fr , p.12

 

      V. L’image de la bête reflet de la société humaine entre personnages et situations actuelles dans le roman mondial 1941-2010 :

       Pour appréhender l’image de la bête reflet de la société humaine entre personnages et situations actuelles dans le roman mondial 1941-2010, Nathalie Petibon prône notamment : «Les images animales sont attachées soit aux personnages soit à certaines situations, et sont le fait du narrateur ou des personnages eux-mêmes, dans leurs pensées ou dans leurs propos. Les comparaisons animales forment pour le narrateur un moyen de rendre toujours plus sensibles certaines scènes ou situations.» - «Bestiaire de L’Homme sans qualités de Robert Musil », in Loxias, 18, Doctoriales IV, www.revel.unice.fr , p.12. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer cela, à titre d’exemples,  à travers ces romans des : USA, de France, d’Italie, du Japon :  

    + Moby Dick,  Ed. Folio, 1996, où Herman Melville (1819-1891), romancier nord-américain, rapporte l’aventure du narrateur, le jeune Ismaël, qui s'engage à New Bedford à bord d'un baleinier, le Péquod. Il a pour de lit Queequeg, un Polynésien aux rites le surprenants. Après le sermon prophétique du père Maple, ils gagnent Nantucket d'où le navire part le jour de Noël. Le capitaine Achab, solitaire et vindicatif veut  vaincre  la baleine blanche qui lui a coupé une jambe. Il révèle son but à l'équipage pour promettre  à qui lui signalera la vue de Moby Dick , un doublon, cloué au mat. Partagés, Starbuck, lui dit sa crainte de Dieu, Stubb, le second maître, son accord, Flask, tuer des baleines est un travail comme un autre. On découvre vite que ce vieux capitaine était fou de cette bête. Car même la mort de la baleine Moby Dick, il continue de penser qu’elle est encore à tuer. - www.universalis.fr, p.1. Ici, la bête-bomme/Moby Dick-Capitaine Achab sont le reflet de la société humaine, vue entre personnages et situations actuelles, à savoir : l’époque de la chasse aux baleines, au XIXe siècle, et la mise en question du scientisme, au nom de Dieu souverain, par les noms bibliques, et coraniques : d’Ismaël, d’Achab et de Moby Dick, la bête symbole du mal éternel.  

      + La Bête humaine, Ed.  Gallimard, 2001, dans lequel Emile Zola, romancier français et père du naturalisme, évoque de l’histoire de Jacques Lantier, mécanicien sa locomotive adorée Lison, qui en visitant sa tante Phasie à la Croix-de-Maufras, aperçoit, dans le train, le meurtre de Roubaud, sous-chef de gare au Havre, se vengeant du président Grandmorin, qui abuse de Séverine sa femme, depuis l’enfance. Le legs d’une maison à Séverine la rend suspecte, mais Cabuche, un ouvrier carrier sert de suspect idéal au juge Denizet. Le secrétaire général du ministère de la Justice, M. Camy-Lamotte étouffe l’affaire. Jacques appelé témoin se tait, en regardant Séverine qui devient sa maîtresse. Mais, Flore, la fille de Phasie, amoureuse de lui, fait dérailler le train des amants qui s’en sortent indemnes. Elle se suicide. Séverine nue éveille l’envie du meurtre chez Jacques qui l’assassine. Il pense jouir de sa liaison avec la maîtresse du chauffeur, Pecqueux, chargé de la machine à vapeur. Mais, en le sachant, il se jette sur lui,  le train lancé à toute vitesse, avec des troupes de la  guerre de 1870. Ils tombent sous le train déchaîné, menant les hommes, vers la guerre et à la mort. Ici, la bête reflet de la société humaine, entre personnages et situations, renvoie à l’époque du Second Empire, où le chemin de fer, la machine à vapeur/la bête humaine glorifie le progrès technique, le top de la révolution industrielle, au XIXe siècle, en France et dans le monde. Erigée en allégorie, la machine/bête-homme y incarne l'instinct de la mort et la marche aveugle de la civilisation, l’image reflet d’une bête humaine, unifiant pulsions bestiales et la régression morale et intellectuelle. - www. culture-cpge.com , p.1.

         + La Proie et l'ombre, Ed.  Philippe Picquier, 1998, où Edogawa Ranpo (1894-1965), romancier japonais et père du roman policier nippon, fait le récit à travers le narrateur Honda, auteur de roman policier qui rencontre, au musée impériale d’Ueno, Shuzuko, une belle jeune femme, mariée, passionnée du roman policier. Ils échangent en secret des une correspondance. Il apprend d’elle que l’écrivain de roman policier Shudei Oe, ou  Ichiro Hirata, était son ex-amant. Il la menace par lettres. Elle l’appelle chez elle, en l’absence de son mari et découvre qu’une personne était dans le grenier, et y a laissé un bouton de gant. Deux jours après, on trouve la tête du  mari, Rokuro Oyamada, flottant, avec une perruque, dans le trou d’eau des cabinets. La police établit une protection. Il se lie intiment à elle. Nulle de trace d’Oe, ni des lettres. Il trouve l’artisan de la perruque. Mais celle-ci dit ne lui en avoir jamais vu. Mystère. Il trouve la cravache, cause des zébrures qu’elle a au dos. Après le deuil, elle l’appelle pour  avoir vu du suspect par la fenêtre. Il rentre en taxi. Le chauffeur a un des gants sans bouton. C’était un cadeau du mari. Il savait. D’où la machination. Il tombe dans ses bras et elle apporte elle-même sa cravache pour être fouettée. Des preuves manquent. Le mystère est entier. Ici l’image de la bête-femme/l’homme-assassiné sert d’image reflet de la société humaine où politique et institutions sont impuissantes contre la machination, la perversion de l’homme-bête/la femme-bête, sujets aux bas instincts du meurtre, du vice et de l’amour criminel, exogène, sadique.

     Ce nihilisme contemporain de l’image de la bête reflet de la société humaines prise entre les personnages et les situations, dans le roman mondial, fait dire à Catherine Coquio notamment : «Forts d’un certain savoir sur l’animal et l’homme, les textes littéraires [v. les romans] se dotent ainsi, aux yeux des philosophes, d’une valeur non seulement cognitive et éthique, mais d’une possible dimension salvatrice, dont la tentation caractérise un certain nihilisme contemporain. La littérature ne nous a pas seulement rendu l’animal familier au sens où l’est un miroir, selon une vieille tradition narrative et symbolique familière à tous – celle des fables d’Ésope et de La Fontaine.» - «L’animal et l’humain : un mythe contemporain, entre science, littérature et philosophie », Op.cit. , p.1.

      En conclusion, dans cette exploration de la question de : « L’image de la bête reflet de la société humaine dans le roman mondial : 1851-2016 », il s’avère sans aucun doute qu’il s’agit de la littérature dont le roman mondial des cinq continents et dont Marion Mas dit savamment : «La littérature [v. ici le roman mondial] apparaît ainsi comme le seul lieu où puisse se formuler un discours social valable. Au-delà de la critique d’un langage devenu nécessairement instrument de domination, et de la déconstruction d’un discours fondé en modèle de pensée politique, les récits [les romans] réalisent le tour de force de parler depuis le dehors du langage pour énoncer une «anti-politique», celle de la «fraternité asymétrique». Le dispositif narratif homme/animal/bête permet de faire parler le silence et d’exprimer cet impensé : la sociabilité authentique, la fraternité véritable, pour se constituer en lien «organique», efficace et dynamique, se nourrit d’infini et de désir.» -  «L’animal et la bête : frontière de l’humanité sociale dans le roman entre 1820 et 1830 (Balzac et Victor Hugo) », Op.cit., p.12

                                                                           Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

miércoles, 9 de noviembre de 2022

Après la nuit terne luit la clarté du jour, poème, Dr. SOSSE ALAOUI Med.

Après la nuit terne luit la clarté du jour

                                Dr. SOSSE ALAOUI Med.

Après la nuit terne luit la clarté du jour

Heurts et malheurs ne font long séjour

Nul n’a d’abri à prédateur traque proie

Qui rit vendredi dimanche est désarroi

Après la nuit terne luit la clarté du jour

 Tel l’ours tue le maître et rate l’insecte

Que d’actes alibis de renom incorrects

Tel qui défie plus petit que soi to de go

 Tels les vents défient navires embargo

 

Après la nuit terne luit la clarté du jour

 

Tel sec et pluie y font état d’imprévu

Galet jeté au lac y refait ondes revues

Eaux des nues ravagent ou fécondent

Vile atmosphère à défauts surabonde

 

Après la nuit terne luit la clarté du jour

 

Tics d’Homo Tech silo d’armes étal

A nuire terre ciel mers espace vital

Soleil en éruption ou sol immersion

Tels les trous noirs sépulcre fission

Après la nuit terne luit la clarté du jour

Autant d’avanie défiant l’espérance

Tant de voix prônent générescence

Ni spoutnik ni tête nucléo-roquette

                                                                 Vol supersonique air aux oubliettes                           

Après la nuit terne luit la clarté du jour

Destruction massive ogives à robot

Que l’homo Tech renie dictat labos

 La nature intacte est à la fois survie

                                                                 Jeu à colin Maillard y est fi de la vie 

        

                                                  Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

Maroc

Le 10 septembre 2022