jueves, 16 de mayo de 2019

LA POÉSIE AMAZIGHE DU SOUSS MAROCAIN ENTRE LE LIMITÉ ET L’ILLIMITÉ DE LA TRADUCTION, Dr. SOSSE ALAOUI MED


LA POÉSIE AMAZIGHE DU SOUSS MAROCAIN ENTRE LE LIMITÉ
ET L’ILLIMITÉ DE LA TRADUCTION : 1568-2004

    Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

     Parler de la poésie amazighe du Souss marocain en traduction, c’est ici soulever la problématique de : « La poésie amazighe du Souss marocain entre   le limité et l’illimité de la traduction : 1568- 2004». Cela rejoint d’une certaine manière cette réflexion axiomatique de Simon Leys qui objecte selon Maurice-Edgar Coindreau: « Mais la traduction est souvent un substitut de la création, elle en imite la démarche — comme le dit (le grand traducteur et introducteur en France de la littérature américaine moderne) « le traducteur [v. le prisme créatif] est le singe du romancier [v. ici du poète amazigh] […]». La traduction a beau mimer la création [le limité de la traduction poétique], elle ne saurait prétendre au même statut [l’illimité de la traduction poétique]. » - «L’expérience de la traduction littéraire : quelques observations », www.arllfb.be, p.6. C’est aussi souligne plus concrètement Hassan Banhakeia en ces termes : « Pour nous, la littérature amazighe a toujours existé au-delà de l’unique critère de l’expression. Elle est également tributaire de la tradition orale, malgré ces déterminations factices à savoir la langue écrite, la documentation et les genres d’une part, en dépit des trois autres critères (thématique, lieu de production et biographique) de l’autre. […] Elle traduit, en plus des expériences subjectives et intimes, un art de liberté totale.» - «Histoire, genres et littérature amazighe », www.dspace.univ-bouira.dz, pp.12-28. D’où les composantes du limité et de l’illimité et le prisme créatif traductologiques de la poésie amazighe orale et écrite du Souss marocain, suivants :
     I. Les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain.
    II. Les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain.
    III. Du répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain.
     I. Les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain :
    En effet, les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain s’inscrivent parfaitement dans cette problématique que Jamal Jabali résume ainsi : « La problématique prégnante qui nous interpelle dans cette réflexion est de chercher à savoir si la traduction de la littérature orale marocaine, particulièrement amazighe, se manifeste uniquement sur le plan de la reproduction et de la transposition, ou bien si cette traduction pourrait être considérée comme la création et la naissance d’une nouvelle œuvre littéraire portant de nouvelles valeurs esthétiques, s’inscrivant dans le contexte de la culture d’accueil notamment arabe et/ou française. […] Par conséquent, le traducteur est convié à bien maîtriser les soubassements et le fonctionnement de la culture amazighe dans laquelle l’œuvre littéraire est produite. De ce fait s’impose la théorie de l’adaptation traductionnelle selon laquelle la traduction se révèle une sorte d’adaptation de l’œuvre littéraire à un autre environnement culturel qui va de pair avec la bonne connaissance de l’esthétique, de la poétique et de l’effet du produit littéraire amazigh sur le lecteur dont la langue/culture amazighe est la langue mère. » - « La traduction de la littérature orale amazighe : quel modèle traductionnel ? », www.libe.ma , pp.39-46. S’en dégagent  les composantes du limité  et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain ci-après :
      1. La composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain est  une reproduction et une transposition ou la création d’une nouvelle poésie amazighe d’une culture d’accueil arabe et/ou française :
   C’est dans  cette optique que  Philippe Jaccottet et Akayama Shintarô comme procédés technique pour dépasser cette problématique soulevée ici au niveau de la composante (1) du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain est  une reproduction et une transposition ou la création d’une nouvelle poésie amazighe d’une culture d’accueil arabe et/ou française en prônant : « La «parole oblique» [la traduction de la poésie orale  amazighe en français]constitue « un pis aller pour atteindre l’illimité [la diversité extralinguistique du chant  oral amazighe] dans la limite [le limité] même [le chant amazigh traduit en français écrit]. » Jaccottet précise que : « toutes les choses essentielles ne peuvent être abordées qu’avec des détours, ou obliquement, presque à la dérobée [v. le caractère métaphorique,  extralinguistique et ésotérique de la poésie amazighe].» Les réserves répétées [du chant dansé du poème amazigh] n’ont pas pour objet d’établir un répertoire ni d’atteindre à l’accomplissement d’une image [d’un sens, d’une vision, d’un état d’âme individuel et unique pris sur le vif]. La prose (l’oral) est un langage ouvert, imposant une interrogation : langage sans cesse interrogé qui force la fermeture de la parole [du chant et de la danse rituels ou profanes vécus ou survécus]. Ainsi la parole se présente-t-elle comme un passage en direction d’une ouverture vers ce qui lui est extérieur [le chant amazigh ouvert au monde, les sentiments,  les us et les mœurs locaux vécus ou revécus]. » - « La prosaïsation du vers dans les sonnets de Philippe Jaccottet », www.webcache.googleusercontent.com, p.20.
       2. La composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain se réduit à une sorte d’adaptation du poème à un autre environnement culturel nécessitant une connaissance de l’esthétique, de la poétique et de l’effet poétique amazigh sur  l’auditeur et/ou le lecteur de langue mère et de culture amazighes :

    En éclairage de la composante (2) du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain, il y est question d’un écart par rapport au milieu culturel, esthétique à connaître avant le passage du poème amazigh vers un équivalent de la langue d’autrui que Ali Khadaoui  codifie comme suit : « Lorsque l’écriture [v. la traduction] est introduite du dehors dans une tradition orale, elle est souvent destructrice car elle gomme bien des aspects de cette tradition. […] L’histoire du peuple, ses événements marquants, les généalogies, les arts, les sciences, les us et coutumes sociopolitiques, le droit, sont conservés et transmis par la parole et les gestes. […] Le passage de l’oralité à l’écriture peut être compris comme une captivité de la voix de la poésie orale, étant donné que celle-ci n’existerait pas sans cette voix, accompagnée ou non d’autres ingrédients comme les gestes et la posture. En effet, c’est la voix qui, en plus des règles strictes de versification, permet au poète traditionnel de « casser » (rez) ou même de « tuer » (ingh) la parole ordinaire pour en faire naître ensuite des poèmes que les poètes eux-mêmes « déclament » devant un public attentif et captivé. Mais ne déclame-t-on pas la poésie française, arabe, ou toute autre poésie? » - «La poésie amazighe entre l'oralité et l'écriture (2e partie)», www.webcache.googleusercontent.com, p.1.
      3.  La composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain nécessite de s’interroger sur le modèle traductionnel qui lui est inhérent :

     A propos de la composante (3) du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain nécessite de s’interroger sur le modèle traductionnel qui lui est inhérent,  Radi Mohammed n’y va par détour et opte pour une stratégie traduisante au lieu d’un modèle inexistant à cet égard, en affirmant : «Mais quel projet traductif adopter pour atteindre ces objectifs ? Il n’y a pas « un modèle à suivre » en traduction. La traduction varie selon les objectifs qui lui sont assignés. On parle de versions abrégées, versions adaptées et même de multiples versions d’une œuvre dans une même langue, comme les cas de Homère, Mille et une Nuits et La Bible) .De ce fait, pour traduire les œuvres littéraires vers l’amazighe, il faut une stratégie traduisante qui prendra en considération le statut et la réalité actuels de l’amazighe, à savoir: une graphie inaccessible à tous les marocains, ce qui réduit le lectorat potentiel, la communication des usagers de la langue avec trois variantes régionales, l’existence d’une terminologie qui puisait dans un environnement rustique. En contrepartie, on possède un patrimoine littéraire oral riche (poésie, contes, mythes..) traduit vers d’autres langues étrangères notamment le français.» - «Traduction de la littérature étrangère vers l’Amazighe. Quel projet traductif adopter?»,www.tirra.net , p.1.  A titre d’exemple de l’écart du modèle traductionnel et de sa stratégie traduisante, Jamal Jabali cite le poème  « adjar n tudert » (voisin de la vie) d’Ali Sidki Azaykou, traduit en français par Mohammed Khair Eddine (1980), en notant :
     « Dans le cadre de la traduction par adaptation, les éléments propres au texte littéraire amazighe - source- de départ sont substitués dans la traduction à des éléments propres au système linguistique et culturel cible :
      L’agencement syntaxique :
    « amalu n tudert nega t » (l’ombre de la vie nous le sommes) traduit par « je suis l’ombre de la vie». Adaptation des pronoms personnels et changement de la place dans le vers du syntagme «nega t»: dans le vers amazighe, il est à la fin, dans le vers français, avant le verbe.
    − Type de phrase et ponctuation :
« tiḍaf ur a tent neqqay » syntagme affirmatif traduit en un syntagme Interrogatif
       Coordination :
       L’ajout d’un coordonnant dans les vers français, alors qu’il n’existe pas dans les vers amazighes sources : isserɣ ɣ wul inu takat/ mais la vie embrase encore mon cœur
                                                    tiḍaf ur a tent neqqay/ mais, quel saisissement?
    Le traducteur a recours à ce genre de traduction lorsqu’il affronte des difficultés surgissant à cause des spécificités amazighes, relatives à la langue de l’œuvre traduite. Par conséquent, sans adaptation, la fidélité littérale rendrait l’œuvre incompréhensible pour le lecteur et le public» - «La traduction de la littérature orale amazighe : quel modèle traductionnel? », www.ircam.ma, p.47

      II. Les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain :

     Néanmoins, les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain sont diverses et sujettes à caution, suivant le types de traductions  possibles en présence auxquelles elles donnent lieu. Elles sont identifiables, selon Salem Zenia, à travers :
    1. La composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « traduction de berbérisants en français » du tamazight en français :

   En rapport avec la contribution des berbérisants coloniaux au Maroc et au Maghreb, quant à la composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « traduction de berbérisants en français » du tamazight en français, Stéphanie Pouessel indique notamment : « Le berbère écrit [v. la poésie amazighe du Souss marocain] en latin a donc été amorcé dès le XIXe siècle dans le cadre de l’anthropologie coloniale (travaux des administrateurs, missionnaires ou de militaires) […]. Aujourd’hui, les caractères latins sont généralisés en Kabylie, présents au Maroc et dominants dans l’ensemble de la recherche universitaire à l’étranger comme au Maghreb […]. Le système de notation actuellement en vigueur est celui mis au point par André Basset (dans les années 1940-1950) et affiné par l’équipe du Fichier de documentation berbère […]. Cet intérêt porté à la langue et aux traditions berbères [v. traduction de la poésie et chants amazighs du Souss marocain] a donné naissance à une grande lignée de berbérisants qui a fixé tout un pan de la tradition orale […] [v. traduction de la poésie et chants amazighs du Souss marocain] et a aussi contribué au travail sur la langue en élaborant des grammaires et dictionnaires. » - «Écrire la langue berbère au royaume de Mohamed VI : Les enjeux politiques et identitaires du tifinagh au Maroc », www.webcache.googleusercontent.com, pp.219-239.  Celles-ci se manifestent suivant le type traduction en présence, à savoir cet extrait d’un poème amazigh du Maroc méridional, rapporté par Henri Basset (2008), le traducteur accompagne le texte chanté traduit de parenthèse et d’annotations (pour combler sa version écrite lacunaire), pour restituer son aspect oral et musical, ainsi que sa potée rituelle et poétique, voire épique de son inspiration, ayant pour thème feu SM. Le roi Mohamed V, à son retour d’exil au pays :
    + «Dieu nous protège comme la terre protège l'eau des sources!
Qu'il nous couvre! Le mort même doit être couvert.
(Le chœur chante la basmala)
Ô Nom du Seigneur! Offrande que nous déposons au seuil de notre chant!
Ô Maître Moulay Lhajj, accorde-nous le don magique!
Donne-moi la force des canons pour que mon chant soit une victoire!
Tiens pour moi la balance, tiens la poignée du glaive!
C'est d'un mercredi important que je veux vous parler
C'est d'un Souk du Mercredi des Ammeln que je vous parlerai
De ce jour à Mohammed le Cinquième dédié!
Ah ! Celui qui n'a pu voir, ô clercs, ce jour de notre souverain
Au Marché des Ammeln, c'est tout comme s'il n'était pas né!
C'était ici là-bas partout le fracas de l'éclair,
La joie ô clercs a parcouru et la terre et les cieux
Sous la bénédiction de Dieu et celle de Notre Sire le Cinquième.»
   […]
  « L'agencement est traditionnel, avec un prologue instrumental qui précède le prologue fréquent de la basmala, c'est-à-dire de l'invocation au nom de Dieu, doublée de l'invocation à un saint, pour que le poème soit efficace et le poète reconnu comme possesseur du don de poésie.» - « Essai sur la littérature des Berbères, en 1920 », www.saprat.ephe.sorbonne.fr , pp.7-8.

      2. La composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « auto-traduction en français » faute de traducteur spécialisé du tamazight en français :

        Ainsi la composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « auto-traduction» faute de traducteur spécialisé du tamazight en français est relatée par Salem Zenia citant son expérience personnelle en la matière en ces termes :  « Pour mon expérience personnelle qui est à ses débuts dans ce domaine, j’étais contraint, faute de traducteur, de traduire mes textes moi-même du tamazight vers le français [auto-traduction]. Comme ce sont mes textes, je n’ai pas eu ce recul froid qu’on a devant un texte d’autrui. Au fait, j’ai  voulu traduire mais c’est d’autres textes que j’ai écrit à partir des originaux et cela ne ressemble ni à une traduction et encore moins à une adaptation.[…] Le risque est à ce niveau, car le texte original peut être d’excellente qualité esthétique ou narrative et la traduction le dénature [traduction dénaturante] totalement si elle est mal faite, elle le dessert plus qu’elle ne le sert. Le traducteur doit rendre le texte tel qu’il était perçu à l’origine. » - «Traduire du ou vers le tamazight », www.visat.cat, p.1. A titre d’exemple, citons ici un extrait du poème «TInu ou Hymne à la poésie amazighe » du poète Mohamed Ouagrar, commentée par Mohammed Amarir ainsi : « Ecrite, la poésie d’Ouagrar  garde les traces de l’oralité, de son originalité. Les blancs (les silences) qui traversent les deux poèmes, soulignent ce besoin, pour le poète comme pour le lecteur, de maitriser la parole naissante […]. La poésie amazighe pour qu’elle soit authentique doit retrouver sa condition originelle.» D’où l’exemple suivant :

     «ccigh takat                        =     « J’ai dévoré le feu
     sugh  tiymi ns                     =            Bu son jus
      ssummgh…                       =                 Sucé…
  adif n tayri nnunt                =   La moelle de ton amour  
 wak wak amt a tinu! »        =       Ô toi, ma chère ! »

 «TInu ou Hymne à la poésie amazighe », www.lareleve.ma , p.1. 

     3. La composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « traduction relais en français » faute de traducteur spécialisé du tamazight en français :

      A propos de la composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « traduction relais en français » faute de traducteur spécialisé du tamazight en français, Salem Zenia avance son expérience traductologique : « poésie amazighe » (langue source)= « français» (langue relais)  = « catalan » (langue d’accueil), en précisant non sans réserve : «Mais pour ce qui est des langues qu’on ne maîtrise pas encore, comme le catalan, du moins personnellement, la traduction s’avère ardue car il faut passer pour ce faire par une langue plus au moins internationale comme le français. Pour notre expérience il a fallu utiliser la langue française, dans ce cas, comme langue intermédiaire, une sorte de langue relais [traduction relais], pour traduire mes textes du tamazight vers le catalan. Là encore ce n’est pas tout à fait acquis parce que déjà à l’origine le passage de tamazight vers le français ne s’est pas fait sans difficultés.» - «TInu ou Hymne à la poésie amazighe », Op.cit.,  p.1.  Ainsi apprend-on de M. Omar Derouich la traduction de sa poésie en catalan, lorsqu’il dit : «Grâce à l’aimable participation de Muhand Saidi, mes trois recueils de poèmes ont trouvé éditeur en Catalogne. C’était un grand travail partagé avec les artistes catalans Jordi Badiella et Josep Maria Jarque qui ont réussi à traduire et adapter mes textes au catalan. Le recueil : Anfara (Desglaç : Délivraison- 2005), Taskiwin (2008) et Ha-yi g ubrid (2009) . […] De ma part, j’ai traduit du catalan et adapté en amazigh le recueil El te a Merzuga (Atay g Merzuga) du poète catalan J. Badiella comme j’ai traduit et adapté 77 d’Anefgu (Samraw d sa n Unefgu) du même poète ainsi qu’un petit recueil de poésie visuelle.» - «  Interview de « Le monde amazigh » avec Omar Derouich, en 2017 », www.webcache. googleusercontent.com, p.1.


    4. La composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « traduction de poète à poète » en français faute de traducteur spécialisé du tamazight en français :

   D’autre part, la composante du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain est constituée d’une « traduction de poète à poète » en français faute de traducteur spécialisé du tamazight en français, a pour appui ce jugement critique poético-littéraire de Salem Zenia affirmant : «Un poète qui traduit un autre poète [v. traduction de poète à poète], même si la barrière des mots est parfois infranchissable, celle des sens ne l’est souvent pas. Des sens, des sensibilités... qui peut mieux ressentir les pulsions, les douleurs ou les rêves d’un poète qu’un poète. » - «TInu ou Hymne à la poésie amazighe », Op.cit.,  p.1.  Il rejoint en ce sens Simone Giusti (trad. par  Marie-France Merger) qui atteste : « La traduction poétique, en l’espèce, du fait qu’elle se situe en dehors du marché de l’édition, qu’elle est choix du poète qui rencontre « poétiquement » un autre poète, représente un terrain privilégié pour l’étude et la compréhension du parcours de recherche du poète et de sa poétique, mais aussi « pour le renouvellement de la langue même du traducteur, et, quelquefois, de la communauté qui appartient à cette langue » - « Trois poètes traducteurs de poètes », www.journals.openedition.org, p.1. Conférons-nous ici à l’exemple déjà cité du poème d’Ali Sidki Azaykou (poète amazigh) traduit en français par Mohammed Khair Eddine (poète amazigh francophone) :

    Poème…adjar n tudert…Voisin de la vie

gix adjar n tudert
ur iyi tuqqir
tusi yyi tegi gh idammen
n willi ddernin
nsu gisen imik
issergh gh wul inu takat
righ ur dari
yaggug ufus amanar
nzî d ixef inu
tidâf ur a tent neqqay

Voisin de la vie

Je suis voisin de la vie
elle ne m’a guère épargné
elle m’a pris et plongé dans le sang
des vivants j’en ai bu peu !
mais la vie embrase encore mon cœur
je désire et n’ai rien
ma main est loin de Vénus
je me combats, me ressaisis, mais, quel saisissement ?


      III. Du répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain :

     Du répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain, il siérait de citer à cette occasion d’en illustrer la teneur par les représentants typiques de cette poésie qui se répartissent selon Kamal Naït-Zerrad en :  1. Les poètes ruraux, rryaws, poètes chanteurs itinérants  et les femmes chanteuses, les tirraysin, dont : Muhammad  Biyzmawn, Sidi Hmmou, Boubakr Azeri, Boubakr Anchchad, Lhusayn Janti, Fatima Talgrucht, Fatima Tagurramt et Sfiya Ult Tilwat (pp.14-22), 2. Les poètes ruraux chanteurs professionnels : Muhammad Albinsir (décédé en 1989), Hmad Amntag, Seid Achtouk (décédé en 1989), Umar Ahrouch, Muhammad Biyzmawn. Rqiya Talbinsirt et Fatima Tqtiljt (pp.15-23), 3. Les poètes-écrivains modernes des milieux urbains : Muhammad Moustaoui, Ali Azaykou, Hassan Id Belkasm et Muhmmad Akunad, etc. (p.17 ) - «Amarg chants et poésie amazighs (Sud-ouest du Maroc)», www. webcache.googleusercontent.com, pp.14-22. A savoir : 

      1. Le répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain des poètes ruraux,  rryaws, poètes-chanteurs itinérants  et les femmes chanteuses les tirraysin :

      Pour illustrer ne ce laisse que succinctement le répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain Les poètes rryaws, poètes-chanteurs itinérants  et les femmes chanteuses les tirraysin, il serait loisible de citer à titre d’exemples notamment :

·   Sidi Hmmou (XVIe siècle du Draa)
       Sidi Hammou est le poète chleuh le plus célèbre du XVIe siècle du Draa. Surnommé « Bab n Umarg », le maître de la poésie, la tradition lui attribue un grand nombre de pièces, aujourd'hui encore récitées. Il faisait non seulement des poèmes, mais il parlait aussi en vers, ainsi que l'attestent les nombreux bouts rimés que l'on conserve de lui. ll était le contemporain du poète  Sidi Abderrahman el Majdoub  (1506-1568).Voici un extrait du poème qu’il dédie à une femme nommée  Fad'ma Tagurramt :

   + «Le nuage se fond dans les ténèbres, la brise
se perd dans la rivière
Que l'eau emporte les feuilles flétries !
Pèse tes paroles plutôt que tes richesses
Quant à l'argent, il n'y en a pas sans alliage
Est-ce  que je demande au chameau la noblesse
du cheval.
Le laurier-rose me donnerait-il de la douceur ?
On ne cherche pas un lieu sec dans l'océan.

« Fad'ma Tagurramt » www.lematin.ma

·  Muhammed Awzal (1670-1748)

       Muhammed Awzal (Muhammad) ou Brahim u Sous Akbil n Ind Uzan, connu sous le nom de Muhammad Awzal (ou arabisé Al-Awzali), était un poète religieux amazighe. Il est né autour des années 1670 dans le village d’Al-Qasaba dans la région du Souss  de l’actuel Maroc, et mort en 1748 /1162 de l’Hégire. Awzal est considéré comme le plus important auteur de Langue Tachelhit. Il est l’auteur d'une ode amazighe religieuseBahr ad-Dumu' (L'océan des larmes »), etc.

     + « Nuit pour  toujours, ô nuit si douce, sublime et noble nuit
D’amour ! quand de tes bras tu nous entoures, quand ton
Sourire vient à nous, ah ! sans angoisse pourrions-nous,
hors de toi revenir au jour ? bannis maintenant
l’angoisse, suave mort, toi mon désir, toi mon besoin, ô
mort d’amour ! En ton étreinte, à toi voués, ardeur
première, ardeur sacrée, libres enfin de la  détresse du
réveil ! »  

«Nous deux»,  www.google.com ,

·  Mohamed Demsiri (1936-1989)

      Mohamed Demsiri est né en 1936 et décédé en 1989, à Tamsoult dans la région Aït Lbnsir, d'où provient son surnom Demsiri. Son vrai nom de famille est Ajahud. Il est l'un des chanteurs traditionnels les plus connus dans le Souss et ailleurs.

        + «J'ai accroché en bandoulière à mes jours un fourre-tout
Afin d'y cacher mes songes
Et d'y perdre les peurs
D'y éventer de par un trident les jougs de la parole
D'y vendre à moi-même les souffrances
D'y dépêtrer ma raison des bâts de la mémoire
Et de me mirer voir mon visage
Dans le miroir d'eau
Y voir le chameau
Qui soulève le fardeau
Lui qui est las d'errance
Lui qui est éreinté et mort de soif
Boire du puits de la vie. »

«Miroir d'eau (Dédié à Aza Taziri)», www.amedyazamazigh.blog2b.net, p.1.

      2. Le répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain des poètes chanteurs ruraux professionnels  et les femmes chanteuses les tirraysin :

     Selon Kamal Naït-Zerrad, le répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain des poètes chanteurs professionnels  et les femmes chanteuses les tirraysin ruraux la technologie médiatique était à l’origine de l’apparition de cette nouvelle forme de poésie chantée de métier, en affirmant : «Le passage de la chanson des rrways à l'antenne a incité aussi les chanteurs à créer de nouvelles productions. L'époque actuelle, depuis le début des années soixante, connaît des chanteurs et des chanteuses professionnels de grande réputation comme Mulpnmad Albinsir (décédé en 1989), Hmad Amntag, Seid Achtouk (décédé en 1989), Umar Ahrouch, Mulpnmad Biyzmawn. Rqiya Talbinsirt et Fatima Tqtiljt. » - «Amarg chants et poésie amazighs (Sud-ouest du Maroc)», Op.cit., p.23. Ainsi est-il de :
·  Mohamed Demsiri (1936-1989)

      Mohamed Demsiri est né en 1936 et décédé en 1989, à Tamsoult dans la région Aït Lbnsir, d'où provient son surnom Demsiri. Son vrai nom de famille est Ajahud. Il est l'un des chanteurs traditionnels les plus connus dans le Souss et ailleurs.

      + «J'ai accroché en bandoulière à mes jours un fourre-tout
Afin d'y cacher mes songes
Et d'y perdre les peurs
D'y éventer de par un trident les jougs de la parole
D'y vendre à moi-même les souffrances
D'y dépêtrer ma raison des bâts de la mémoire
Et de me mirer voir mon visage
Dans le miroir d'eau
Y voir le chameau
Qui soulève le fardeau
Lui qui est las d'errance
Lui qui est éreinté et mort de soif
Boire du puits de la vie.»

«Miroir d'eau (Dédié à Aza Taziri)», www.amedyazamazigh.blog2b.net, p.1.

·   Rkiya Talbensirt (née en 1973)

       Rkiya Tabensirt (Demsiriya), née vers 1973, est une poétesse chanteuse amazighe du Souss. On l’avait mariée à moins de 12 ans. Avec son  second époux elle a eu deux filles et un garçon, mais son travail l'empêche de les voir souvent. Ils habitent à Casablanca et elle, à Dcheira, dans le Souss. A ses débuts, elle a beaucoup appris de feu Mohamed Albensir et Zahra Talbensirt et. C’est une fascinée de Lhaj Belaid, Boubakr Anchad et d'autres. Avant de rejoindre la troupe d'Abdellah Ben Driss, originaire d'Ounzoud, près de Marrakech, elle débute, à Casablanca, dans le groupe de Khadouj Tawrikt. Une fois sûre d’elle, elle a enregistré sa première cassette à succès,  en 1967. Elle a formé un duo avec Hmad Bizmaouen sur la manière de faire de la poésie et traiter les sujets des chansons.

+ «Je n'ai jamais supporté notre vie commune
Mon cœur ne l'a jamais aimé
J'ai prié Dieu pour qu'il fasse que l'on se sépare
J'ai préféré quitter le domicile conjugal sans connaître le chemin
Je me suis rappelé les propos du fquih
La femme n'avait pas le droit de voyager toute seule
Mais Dieu est miséricordieux et je ne discute pas ses décisions
Depuis longtemps, je ne sais à quel saint me vouer
J'étais comme un agneau, d'aucuns me lorgnaient
Ils aiguisaient leurs poignards pour m'égorger
Mais grâce à ma volonté et à Dieu, je suis sauvée
Aucun mal ne m'a jamais atteint. »
«Pourquoi me marie-t-on à quelqu'un je ne connais pas?»,  www.chleuh900.skyrock.com , p.1.  

·  Lhaj Belaid (1875-1946)

El Hajj Belaïd (1875-1946) est un poète marocain de culture amazighe chleuh. Originaire d'un village (Anou N Addou des Ida Oubaaqil) de la région de Tiznit, tôt orphelin, il doit exercer plusieurs métiers afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Il s'installe au Tazeroualt où il s'initie à la poésie et à la musique berbère. Il acquiert un grand prestige avec sa troupe de troubadours au Souss en particulier. Il est par la suite le premier Raïss, poète chanteur amazigh, à enregistrer un disque, chez Pathé Marconi à Paris (1937). Il est, de nos jours encore connu et respecté dans la communauté amazighe marocaine.

     «Pourquoi, ô vous chauffeurs, vous avez le cœur si dur au point que quiconque vous paie le prix du ticket vous le portez ?
Vous devriez interroger au préalable tout homme ayant l’intention de voyager loin de la terre natale,
S’il s’agit d’un célibataire laissez-le donc partir où bon lui semble,
Par contre celui qui est marié, à qui donc va-t-il laisser sa femme ?
Dites-lui de rester auprès de sa femme, qu’il ne l’abandonne surtout pas,
Pourquoi donc l’homme se marie-t-il pour ensuite s’enfuir laissant femme et foyer pour se retrouver sur les routes bondées,
Mais il ne peut accepter de rester assis dans son coin sans travail, alors malheureux, il part errant sur les routes».
« Pourquoi, ô vous chauffeurs ?», www.lopinion.ma , p.1.
    3. Le répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain des poètes-écrivains-chanteurs modernes des milieux urbains  et les poétesses :
      En effet, le répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain des poètes-écrivains-chanteurs modernes des milieux urbains  et les poétesses est actuellement l’œuvre d’une génération qui marque le passage du scribe à l’écriture poétique en bonne et due forme, qui, selon l’aveu d’Ali Iken à Cécile Guivarch s’inscrit dans une évolution de en ces termes : «Hormis le travail ancestral de scribalisation ou celui fait par des étrangers ou par des chercheurs et amateurs autochtones l'authentique et vrai passage de l'oral à l'écrit n’a commencé chez nous qu’avec les poètes contemporains [poètes-écrivains-chanteurs modernes des milieux urbains ] qui ont pris en charge la défense de leur culture, de leur langue et de leur identité amazighe. Les moyens de communications modernes, malgré la marginalisation et l'oppression dont cette culture a toujours était victime, ont beaucoup facilité la tâche aux poètes pour produire et diffuser leurs textes. Le premier recueil de poésie amazighe "Le phare" d’Ahmed Amzal est publié en 1968, le deuxième, un recueil collectif édité en 1975 par l'association AMREC sous le titre "Cascades", en 1976 un autre recueil "les chaînes" de Mohammed Moustaoui. Actuellement les recueils publiés se comptent par dizaine, ils sont souvent écrits en caractères latins ou araméens (dits arabes) dans les normes de la poésie traditionnelle ou en vers libres. On cite: "Les amoureux" de Hassan Id belkacem,"Les cicatrices" de Ali Azaykou,"Les signes" de Jouhadi Lhoussin,"Les fleurs célestes" de Taous Omar,"J'écrirai sur le roc" de Ahmed Ziyani, "Donne moi mon rêve", "Les feuilles de l'année " de Najib Zouhri, etc. » - « De l'oralité à l'écriture - Introduction à la poésie Amazigh : Introduction par Cécile Guivarch, suivi d'un entretien avec Ali Iken »,  www.webcache. googleusercontent.com, p.1.
·   Mohamed Ali Azaykou (1942-2004)

          Mohamed Ali Azaykou traduit par Mohammed Khaïr-Eddine : YatAli Sadki, dit "Azaykou",  originaire de la tribu berbérophone des Izouyka, entre Agadir et Tiznit, est né en 1942,  et mort en 2004. Sa première scolarité est faite à Tafinegoult, au sud du Tizi n Test, auprès des maîtres français. Il fréquente l’école du Pacha, à Marrakech, un établissement nationaliste. En 1960, il entre à l'école régionale d'instituteurs de la même ville, il se ressent "berbère". En 1962, on l'envoie enseigner à Imi n Tanout. Il décroche le baccalauréat, en candidat libre la Faculté des lettres et l'Ecole normale supérieure. En 1968, obtient une licence d'histoire-géographie et le Capès. Il deux ans dans le secondaire, à Rabat. Entre 1969-1970, il participe, avec Brahim Akhyat, Ahmed Boukous, Abdallah Rahmani "Jichtimi" et d’autres au programme de soutien éducatif pour les étudiants et les commerçants d’ origine berbère, à la Chambre du commerce, interdit aussitôt. Il va alors Paris, à  l'Ecole pratique des hautes études pour l'enseignement du berbère de Lionel Galand des Langues Orientales. De retour à Rabat, il enseigne l'histoire à la Faculté des lettres, et milite dans le cadre de l'Association marocaine de recherches et d'échanges culturels (Amrec),
    

J'ai fait de mon amour pour toi un rêve, j'y plonge...
et m'étant créé des ailes, je me suis envolé.
La terre ne porte pas un aussi haut fardeau
que celui dont souffre mon âme.
L'espace peut-il le contenir ?
Oui, j'ai bâti des demeures sur des étoiles
plus belles que tous les paradis.
Je ne vois plus personne, il n'y a plus que nous deux.
Quand je voulus te prendre la main droite,
nous enfourchâmes la brise et partîmes pour la lointaine
Voie lactée.
Nous flamboyâmes d'amour et nous désintégrâmes.
Mais alors tu changeas cette face fascinante;
tu t'affublas d'une face amère qui m'était inconnue.
·  Mohamed El-Moustaoui (1943-)

       Né en 1943, à Mekzert , un village de la grande région du Souss, Mohamed El-Moustaoui est écrivain, poète et intellectuel amazigh. Il a été parmi les premiers à s’essayer à l’écriture en tamazight à un moment où personne ne parlait encore du mouvement culturel amazigh. il a fait ses études à l’Institut islamique de Taroudant. A Marrakech, il  obtient son diplôme de fin des études secondaires, à la faculté des sciences religieuses Moulay Youssef (1962). Il s’est dirigé tout vers l’enseignement, et réussit son baccalauréat (1966). Il est retraité de l'enseignement, depuis 2003. Il était membre de plusieurs associations, dont : Association des talents et de l’éducation sociale, Association marocaine d’échange culturel (AMREC), etc.
« Ma mère est morte, en larmes  m’a laissé.
Mon père s’est remarié avec celle qui de nous ne voulait.
Elle lui dit toi et moi me suffit.
 Il nous a chassé, dans les rues nous laissa errer.
En larmes sur sa tombe des jours j’en ai pleuré.
des jours en larmes.
 Et pas un écho n’en venait.»

«Ma mère est morte », www.bladi.info, p.1.
·  Fatima Tabaamrant (1962-)

         La Raïssa Fatima Tabaamrant, de son vrai nom Chahou Fatim, est née en 1962 à Id Salm, tribu d'Idauchqra, un village d’Ifrane Anti-Atlas. Orpheline de mère, dans sa prime enfance elle grandit avec son père et sa belle-mère et c'est après les mauvais traitements qui lui ont été infligés par cette dernière qu'elle décide de quitter son village natal pour se réfugier chez sa tante à Lakhsas, province de Tiznit, dans le Souss.  Petite, elle travaille la terre et  s'éprend de la poésie et du chant ainsi que des danses collectives villageoises, source d'initiation à la pratique artistique. Mariée de force mais attirée par le chant, elle ne peut tolérer le joug conjugal, elle quitte sa famille pour se lier avec de grands maitres de la chanson amazighe : Raïs Jamaâ El Hamidi, Raïs Moulay Mohamed Belfqih ou Raïs Lhaj Mohamed Albensir. En 1983, elle débute comme danseuse dans la troupe de Raïs Jamaâ El Hamidi. Elle entre dans celui de Raïs Said Achtouk et commence à se faire connaître. En 1985, elle a enregistre avec Raïs Moulay Mohamed Belfqih son premier album. Elle forme avec lui un duo de style de tanddamt, joute verbale entre homme et femme. Elle  constitue une grande école de la chanson amazighe. Ses textes sont pleins de sens. Ce qui l’a fait connaître au Maroc et à l'étranger, avec plus de 160 poèmes.  En 1991, elle fonde sa troupe, composée de virtuoses de la musique et de ses poèmes sur la vie quotidienne des années 90.
     + «Les amazighes, que la paix de chanteuse marocaine
Notre Dieu soit sur vous.
Le salut de notre père sur toi est une bonne parole.
Amazigh ne néglige pas ta lange.
n’oublie pas de l’apprendre à ton fils
Les fils de nos pays, vous êtes tous les amazighes.
Il nous chagrine, celui qui a perdu son enfant
Il ne l’à pas initié à la langue amazighe.
Etant emmené chez lui pour découvrir son origine.
Pour que l’homme amazighe ne soit plus méprise s’il parle
Qui m’a fait hériter cette langue que je parle
Nous sommes pas d’une apparition récente pour qu’on m’attriste.
Ce n’est pas un vice de revendiquer nos droits.
Permettez moi, l’intelligent, de vois interroger même si je ne suis qu’une femme.
Celui qui refuse de parler, qui peut prendre la parole à sa place.»


«Le soleil de poésie amazigh», www.maghreb.space , p.1.

·  Ammouri Mbark

Ammouri Mbark, né en 1951, à Irguiten, au pied du Haut Atlas, près de Taroudant, dans le Souss, et mort le 14 février 2015 à Casablanca, est un compositeur, chanteur et musicien marocain. Il est considéré comme un innovateur dans la musique amazighe moderne. Il fera partie du groupe Ousman (Éclairs) qui obtient un grand succès à l'Olympia de Paris, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et le Palais d'Hiver à Lyon. Le groupe se dissout en 1978, et il continue sa carrière en solo et enregistre : Tazwit nera nek dim a nmun (Abeille, je veux être ton compagnon de route). Il innove en alliant tradition et modernité et interprète le répertoire des poètes écrivains modernes amazighs qu'il admire dont Azaykou, Mohamed El-Moustaoui, Akhiyyat, etc.

+ «Je suis voisin de la vie-Elle ne m'a guère épargné.
Elle m'a pris et plongé dans le sang des vivants.
J'en ai bu peu, mais la vie embrase encore mon cœur.
Je désire et n'ai rien.
Ma main est loin de vénus.
Je me bats, me ressaisis, mais quel saisissement ?
Je suis l'ombre de la vie, une roncière en flammes.
Voilà ! Le don m'agite, les entravent s'effritent.
Et quand bien même en tresserais-je des neuves,
et de soie résistante,
je serais encore cet indomptable
en proie aux Erinyes !
Celui-là qui ne se trouve jamais
à se désaltérer.
Je suis l'errant qui ne verse point de larme.
Et si mon rire n'éclate pas.
C'est qu'il est dépourvu de vraies racines.»
«Voisin de la vie», www.art-amazigh.discutforum.com , p.1.
·  Khadija Arouhal (1989-)

Née en 1989, à Tiznit, Khadija Arouhal  est une jeune poétesse amazighe. En 1994, alors qu’elle était au collège, elle écrit un poème en tifinagh – l’alphabet amazigh, qu’elle a appris toute seule – et  sur le panneau d’affichage de son école à côté des contributions des autres élèves.  Militante à tous les niveaux politiques, elle est vice-présidente du conseil régional de Souss Massa, chargée de la culture, artiste, associative et femme de communication à la chaîne amazighe.
+ «Cache-moi ô fleur
Sous ton feuillage !
Epargne-moi le froid
Pour que je ressente la chaleur !
Désaltère-moi d'une goutte de rosée !
Epargne-moi la soif !
Jamais les mirages
Ne pourraient étancher ma soif
Eloigne-moi ô fleur
Des mensonges !
Je suis hantée de peurs
Réjouis-moi
Car de rire chatouilleur je suis lasse !
»
«Cache-moi ô fleur », www.amazighnews.net, p.1, etc.
        En somme,  il s’avère en toute évidence que la problématique scripto-orale soulevée ici à propos de :  «La poésie amazighe du Souss marocain entre   le limité et l’illimité de la traduction : 1568- 2004» ; que ce soit à travers « Les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe orale du Souss marocain » (I), «Les composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe écrite du Souss marocain » (II), «Du répertoire créatif des composantes du limité et de l’illimité traductologiques de la poésie amazighe scripto-oral du Souss marocain» (III), ou à travers : « Les poètes ruraux, rryaws, poètes chanteurs itinérants  et les femmes chanteuses, les tirraysin » (1),  « Les poètes ruraux chanteurs professionnels » (2), « Les poètes-écrivains modernes des milieux urbains » (3),  n’a donc  fait qu’entamer les perspectives d’une recherche à venir et à ouvrir au grand public marocain et étranger, avec plus d’exhaustivité et de participation traductologique interlinguale et interculturelle nationale et internationale, à commencer par cette aspiration à la plus large réception socio-éducative souhaitée par  Radi Mohammed en ce sens : «Actuellement, il n'y a pas une génération apparente qui maitrise la lecture et l'écriture des textes en tifinagh, graphèmes officiels de Tamazight. Ces graphèmes ne sont décodés que par quelques adhérents des associations militantes et quelques groupes de chercheurs qui s'intéressent à l'amazighité. Aux écoles où on enseigne la langue amazighe, on a commencé à apprendre les mots sans passer vraiment à la lecture des textes. Le lecteur des manuels scolaires de Tamazight trouve des difficultés à construire le sens parce que les termes qui constituent le lexique du texte sont soit des néologismes qui nécessitent un dictionnaire pour les comprendre, soit des termes à dominance de Tachelhit ou Tamazight ou Tarifit. Par conséquent, pour assurer une meilleure réception du texte traduit, le traducteur doit rédiger son texte avec un style simple qui prendra en considération ces difficultés soulevées. » - «Traduction de la littérature étrangère vers l’Amazighe. Quel projet traductif adopter? », www.amazighnews.net, p.1.
                                                           Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED