miércoles, 3 de abril de 2013

Le thème poétique de l'oiseau franco-arabe


LE THЀME DE L’OISEAU SUR LA BRANCHE D’UN ARBRE D’ABÛ FIRÂS À
VERLAINE : OU L’OSMOSE POÉTIQUE EUROPÉO-FRANCO-ARABE
DU  Xe AU XXe SIЀCLES
                                                  
      Pour souligner diachroniquement l’osmose (v. l’interpénétration) poétique européo-franco-arabe séculaire, Sigrid Hunke observe à cet égard  : «Les troubadours [v. tarab, ménestrel en arabe], Guillaume IX d’Aquitaine [1086-1127] à leur tête, les trouvères et les minnesänger s’approprièrent les formes rythmiques des Arabes, leur structure de strophe et du vers, et maints autres éléments propres aux poètes lyriques et aux chanteurs des rues andalous. Les chants sacrés du roi Alphonse le Sage [1221-1284], fortement inspiré par son entourage arabe, ainsi que les ouvrages – tout à fait dans la tradition islamique – de Juan Ruiz [m. vers 1350], archiprêtre d’Hita, qui composa même des airs de danse et des chansons légères pour les chanteuses arabes de ses amies, ont manifestement subi l’influence arabe, influence qui se retrouve d’ailleurs aussi bien dans les cantiques de Noël latins que dans la ballade [v. de balad, pays en arabe] et rondeau français [v. dawr, tour de chant en arabe].» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Paris, Albin Michel,1963, pp.349-350. D’où la question ici du : «thème de l’oiseau sur la branche d’Abû Firâs Al Hamadânî [932-968] à Paul Verlaine [1844-1896] : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe du Xe au XXe siècle.» Ce qui nous conduit à explorer successivement :
      I. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe et XXe s.
       II. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore, la métaphore métonymique et métaphore synecdochique télescopée chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XXe s.
       III. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre et l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine  comme pratique généralisée à la poésie européenne du Xe au XXe s.
      Ainsi aborderons-nous respectivement :
       I. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe s. :
       À propos du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe» entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî (932-968) et Paul Verlaine (1844-1896) du Xe au XXe s., on peut noter avec B. Eikhenbaum : «Le point de vue génétique [v. ici l’osmose poétique] ne tient pas compte de l’existence du procédé qui est une utilisation spécifique du matériau; on ne tient pas compte du choix fait sur la matière empruntée à la vie [v. chez Abû Firâs et Verlaine] , de la transmutation subie par cette matière, de son rôle constructif; enfin on ne tient pas compte du fait qu’un milieu disparaît [l’Orient et l’Andalousie arabe face à l’Europe post-médiévale], tandis que la fonction littéraire qu’il a engendrée reste non seulement comme une survivance [une diachronie], mais comme un procédé littéraire gardant sa signification hors de tout rapport avec son milieu [v. délocalisé, en France et en Europe].» - «LA THÉORIE DE LA ‘MÉTHODE FORMELLE’», in «Théorie de la littérature», Paris, Ed. du Seuil, 1965, p.49. 
     D’où précisément le champ d’investigation à explorer diachroniquement  suivant :
      1. Le corpus du thème de l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XXe s. :
       Certes, le corpus de cette osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé, chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XIXe s.,  présente a priori une similarité autobiographique textuelle quasi singulière, et ce malgré l’écart géo-historique et humain de la culture, du temps et de l’espace. À cet égard, il s’impose de  sonder diachroniquement et scripturairement le corpus type de l’osmose poétique  comparée d’Abû Firâs/ Verlaine :
      A. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre comme source de l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî (952-989) :
      Aussi faut-il explorer diachroniquement le corpus type du «thème de l’oiseau sur la branche» source de l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé, pour commencer, chez Abû Firâs Al Hamadânî (932-968). Le poète arabe étant fait prisonnier lors d’une campagne de la guerre entre la principauté de Mossoul et la cité de Byzance. Il se sent abandonné par son cousin le prince d‘Alep Seif Dawla et  les siens, et condamné à croupir dans la prison de byzantine [v. Constantinople], lorsqu’il entend le roucoulement d’une colombe, sur la branche d’arbre voisin, et clame plein d’amertume et de regret ces vers, extraits d’un long poème qu’anime d’une fougue chevaleresque et d’une sensibilité mortifiée :
LA COLOMBE PLAINTIVE SUR LA BRANCHE D’UN ARBRE
PAR-DESSUS LA PRISON D’ABÛ FIRÂS À BYZANCE

«Je dis alors que se plaint près de moi une colombe/
      Ô voisine, que ne puisses-tu sentir l’état de mon âme//.

                          Le rendez-vous d’amour, tu l’ignores  voyageuse hôte/
                          de la nuit/ Toi dont les soucis n’effleuraient la pensée//.

                          Ô voisine, le sort n’a point été juste envers nous deux/
                          Viens que nous puissions partager nos peines, viens//.

                          Viens, que tu trouveras en moi une âme si affaiblie/
                          Se répercutant dans un corps que torture mon esprit//.

                           Porte-t-il celui dont  le cœur tant attristé des pattes/
                           Sur une branche à une distance lointaine si élevée!//.

                           Se peut-il qu’un captif rie et que pleure une libérée/
                           Et se tait un chagriné et se lamente un sans-souci//.

                           Je fus plus digne que toi des pleurs de ma prunelle/
                           Mais chères sont mes pleurs devant les épreuves//.  
                                
                                                  (Ahmed Hassan Zayyat, «Tarîkh al Adab al   
                                                  Arabî», le Caire, Ed. Dar Misr Li Attabae wa al      
                                              Nachr, 1965, p.305.

          Il y va diachroniquement de même pour le corpus type du «thème de l’oiseau sur la branche» cible de l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé, chez Paul Verlaine.

        B. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre cible de l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Paul Verlaine (1844-1896) :
        Parallèlement, il en va de même du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» cible de l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Paul Verlaine (1844-1896). Le poète étant  emprisonné, à Mons (en Belgique), après avoir été condamné  pour avoir tiré deux coups de revolver sur son ami le poète Arthur Rimbaud [1854-1891] , en 1873. Il a écrit ces vers pleins d’afflictions et de repentir, en entendant la plainte d’un oiseau sur le palme [la branche] d’un arbre par-dessus le toit de sa prison, et dont voici la teneur :

LE CIEL EST, PAR-DESSUS LE TOIT
     
«Le ciel est par-dessus le toit, /
   Si bleu, si calme!//.
Un arbre par-dessus le toit,/
                                                          Berce sa palme//.

La cloche, dans le ciel qu’on voit,/
Doucement tinte,//
Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit,/
Chante sa plainte//.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,/
Simple et tranquille//.
Cette paisible rumeur là,/
Vient de la ville//.

-Qu’as-tu fait, ô toi que voilà/
Pleurant sans cesse,//
     Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

                   (Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX CHOISIS
                    DES AUTEURS FRANÇAIS», Paris Lib. Hatier,
              1938, p.1041.)  

          Or, de façon plus de détaillée, observons ainsi :

         2. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe source entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe s. :
         Néanmoins, pour décrire la structure diachronique du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source et cible du poète prisonnier comme osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe s., B. Tomachevski relate  : «Nous observons dans la littérature vivante un groupement constant de procédés ; ces procédés se combinent en certains systèmes [v. poétiques] qui vivent simultanément, mais s’appliquent dans des œuvres différentes. Une différenciation plus ou moins nette des œuvres s’établit selon les procédés qui y sont utilisés. Cette différenciation des procédés peut avoir diverses origines : nous parlons de différenciation naturelle quand elle provient d’une certaine affinité intérieure des procédés particuliers entre eux qui leur permet de se combiner facilement ; de différenciation littéraire et sociale quand elle découle des buts posés aux œuvres particulières, des circonstances de la création, de leur destination, de l’accueil réservée à l’œuvre [v. l’emprunt à la vie] ; de la différenciation historique quand elle procède de l’imitation d’œuvres anciennes et des traditions littéraires [v. le procédé littéraire  délocalisé, osmose poétique européo-franco-arabe].» - «THÉMATIQUE», in «Théorie de la littérature», Op.cit., p.302. 
      D’où comparativement par exemple :
     A. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XIXe s. :   
      Parallèlement, l’analyse de la structuration comparée du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe» entre l’emprunt à la vie chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe s., a amené B. Tomachevski à indiquer : «Parmi les œuvres qui dénudent [dévoilent] leurs procédés, il faut isoler celles qui révèlent un procédé étranger à l’œuvre, soit traditionnel [v. l’emprunt à la vie] chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine], soit propre à un autre écrivain [le procédé littéraire délocalisé].» -  Op.cit., p.301.
      Du fait, il est à noter corrélativement  au sujet d’(e) :
     + Abû Firâs Al Hamadânî (932-968) : Il a clamé sur «le thème de l’oiseau (v. ici, la colombe) sur la branche d’un arbre » le poème source de l’osmose poético-franco-arabe du, au fond de la prison militaire byzantine, comme prisonnier de guerre, avec lyrisme héroïque et déploré. Et c’est ce que traduisent notamment les  vers essentiellement lyriques suivants :   
  «Je dis alors que se plaint près de moi une colombe/
           Ô voisine, que ne puisses-tu sentir l’état de mon d’âme//.
                  
                          Porte-t-il celui dont  le cœur si attristé des pattes/
                          Sur une branche à une distance lointaine si élevée!//.

      Alors qu’on observe par ailleurs  chez Verlaine  :

     + Paul Verlaine (1844-1896) : Il  a entonné «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» cible de l’osmose poético-franco-arabe,  à l’intérieur d’une prison belge, comme prisonnier de droit commun, pour tentative d’homicide volontaire, épanchant un même lyrisme affligé et repentant. Et c’est que traduit particulièrement les vers des couplets mélodramatiques  suivants :
La cloche, dans le ciel qu’on voit,/
Doucement tinte,//
Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit,/
Chante sa plainte//.

      À quelques détails substitutifs près, tels que : la colombe/ l’oiseau ; la branche/ la palme, Byzance/ Mons ; prisonnier de guerre/ prisonnier de droit commun, «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» de l’osmose poético-franco-arabe, du IXe au XIXe-XXe  s. chez Abû Firâs et Verlaine s’affirme parfaitement cohérent et pertinent. En outre, il est à souligner en ce sens avec J. Tynianov que : «Le pastiche [v. le procédé littéraire délocalisé] n’a de vie littéraire [v. l’emprunt à la vie] que dans la mesure où l’œuvre pastichée en a une [v. une œuvre pastichée]. » - «DE LA RÉVOLUTION LITTÉRAIRE», in «Théorie de la littérature», Op.cit., p.126. Or, pour Abû Firâs (952-989), ce fut bien le cas  du poète arabe aveugle, à la suite  d’une petite vérole infantile, le fameux Abû Al Alaa Al Maârrî (979-1058), épigone tardif de ce dernier. Maârrî se voit prisonnier d’une triple captivité quasi symbolique (sa cécité, sa demeure et son propre corps). Il évoque poétiquement «le thème de la colombe (l’oiseau) sur la branche d’un arbre», cible mettant en exergue le drame de ses trois prisons dans  ces vers pleins d’un scepticisme philosophique et cynisme désespérants  :
                                «Je me vois dans trois mes prisons,/
                                  Ne m’interroge pas sur le bien enraciné//.

                                  D’avoir perdu la vue et gardé le logis/
                                  Que mon âme soit dans le  corps avili//.»

      A propos du «thème de la colombe (l’oiseau) sur la branche d’un arbre», cible, il l’invoque plus précisément en ces vers extraits d’un long poème autoglarificateur dans un esprit ballotant entre l’agnosticisme et le scepticisme à l’infini :

                                  Pleure-t-elle, cette colombe ou chante-/
                                  elle,  sur la cime de sa branche agitée//.

                                                    (Omar Dassuqi et alii, «Al Adab wa al  
                                                  Nussûs 3», Casablanca, Ed. Maktabatu al
                                             Salam,  1963, pp.202-204.)

        Il s’avère ainsi que «l’emprunt à la vie» et «le procédé littéraire délocalisé» sont au cœur du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source, dans un cadre purement arabo-arabe, augurant diachroniquement de l’osmose poético-franco-arabe, avec cette entité typique du poète prisonnier réel ou symbolique. Ce qui fait d’elle d’ailleurs une pratique poétique du «pastiche» d’’une œuvre pastichée, tel ici le cas de [Abû Firâs/ Al Maârrî], et ce avant de s’étendre à l’Europe chrétienne [Abû Firâs/ Verlaine], etc.
     Toutefois, cela s’inscrit aussi rhétoriquement sur le plan textuel dans des dimensions métaphoriques composantes diachroniques du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source et cible de l’osmose poético-franco-arabe chez à la fois Abû Firâs et Verlaine.
       D’où alors :
       II. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore, la métaphore métonymique et la métaphore synecdochique télescopées chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XIXe s. :
       Pour mieux appréhender «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre», évoqué par le poète captif (réel ou symbolique) ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore, la métaphore métonymique et la métaphore synecdochique  télescopée, chez Abû Firâs et Verlaine du Xe au XIXe s., il est primordial de cerner le sens de ces figures rhétoriques dont Henri Suhami indique : «Dans la métaphore, le transport de sens se fait par le moyen d’une ressemblance. Dans métonymie le transport utilise la voie d’une relation [de contiguïté], et y a autant de métonymies que qu’il y a de types de relations [métaphore naturelle, métaphore métonymique, métaphore synecdotique] (…). La synecdoque est une variété de métonymie qui consiste à assimiler le tout et la partie [et inversement]…». – «LES FIGURES DE STYLE», Paris, Ed. PUF, Que sais-je ?, p.47. 
          D’où nommément :
          1. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore naturelle, la métaphore métonymique et métaphore synecdochique  télescopées chez Abû Firâs Al Hamadânî du Xe au XIXe s. :     
        Dans le poème du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore naturelle, la métaphore métonymique et la métaphore synecdochique télescopées chez Abû Firâs du Xe au XIXe-XXe s., il est à remarquer les usages métaphoriques typiques qu’en fait suivants :
          +  La métaphore naturelle télescopée chez Abû Firâs :
           Abû Firâs use ici de la métaphore naturelle télescopée dans les vers d’identification de l’oiseau (la colombe) voisin(e), en disant : « Je dis, alors que se plaint près de moi une colombe/ Ô voisine…» ; il en est de même dans : «Le rendez-vous d’amour, tu l’ignores  hôte de la nuit/  et du voyage». Personnifiée, la colombe devient voisine compatissante, visiteuse galante nocturne passagère du poète prisonnier solitaire dans sa cellule byzantine, présente surtout par le son de sa plainte (son chant) et de son écoute réciproque supposée.

        +  La métaphore métonymique télescopée chez Abû Firâs :    

           Il y a également recours à la métaphore métonymique télescopée chez Abû Firâs, dans le vers : «Porte-t-il celui dont  le cœur si attristé des pattes/ Sur une branche à une distance lointaine si élevée!». Le signifié humain féminin dans «le cœur si attristé [de la colombe]» fait relation de contiguïté entre avec le signifié animal «des pattes»/ «une branche», dans : «Porte-t-il celui dont  le cœur si attristé des pattes (pattes/ pieds)/ Sur une branche (balcon/ fenêtre)», ou l’oiseau (colombe/ femme), perchée sur la branche d’un arbre (penchée sur  la cellule carcérale/ le captif). Autrement dit, c’est ce que R. Jakobson appellerait une métaphore à « teinte métonymique» – in Gérard Genette, « Figures », Paris, Ed. du Seuil, 1966, p.249.  

          +  La métaphore synecdochique télescopée chez Abû Firâs :
          Abû Firâs se sert d’ailleurs de la métaphore synecdochique télescopée comme dans le vers : «Se peut-il qu’un captif «rie», partie qui assimile le tout qu’est le poète attristé lui-même, ou dans : « que pleure une libérée », où la partie «pleure»/ le pleur» est une partie du tout «une libérée/ la colombe». Il en est de même du tout «la libérée/ colombe/ l’illimité» qui assimile la partie «le poète/ le captif/ la limite» ; de même  dans le tout «prison/ arbre»,  qui  assimile la partie « poète/ colombe» dans l’espace avoisinant.

            Pareillement, on pourrait relever, chez Verlaine, les dimensions métaphoriques  identiques qui suivent :

          2. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore naturelle, la métaphore métonymique et la métaphore synecdochique télescopées chez Verlaine du Xe au XIXe-XXe s.:    
         De façon analogue, «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre » cible, ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre la métaphore naturelle, la métaphore métonymique et métaphore synecdochique télescopées se manifeste chez Verlaine comme suit :    

         +  La métaphore naturelle télescopée chez Verlaine :

          Aussi Verlaine emploie-t-il également la métaphore naturelle télescopée, dans les vers d’identification de «l’oiseau/ voisin », en proclamant : «Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit,/ Chante sa plainte.» Il y atteste la similitude du signifié animal «l’oiseau/ chante» et du signifié  humain (du sujet/ poète) et le signifié humain «l’oiseau/ se plaint/ poète»; il en va de même de cette métaphore naturelle télescopée dans : «Un arbre, par-dessus le toit, berce sa palme», identifiant le signifié inanimé «Un arbre, par-dessus le toit » à un signifié animé à un sujet animé et agissant : «berce sa palme » (agite branche/ agite sa main). D’ailleurs, R. Jakobson note pertinemment en ce sens que : «La similitude relie un terme métaphorique [v. métaphore naturelle télescopée] au terme auquel il se substitue [l’arbre/ sa palme = le poète/ sa main].» - «ESSAIS DE LINGUISTIQUE GÉNÉRALE», Paris, Ed. Minuit, 1963, p.66.  

      +  La métaphore métonymique télescopée chez Verlaine :
     
      Il use aussi de la métaphore métonymique télescopée, dans les vers suivants où le signifié  sonore sert de fil conducteur par contiguïté : «La cloche doucement tinte» se situe en relation de contiguïté acoustique avec le signifié : «Un oiseau, sur l’arbre Chante sa plainte». Ce qui inspire un relent de tristesse et d’apaisement céleste réunissant spirituellement deux êtres l’un inanimé « cloche » (activé de la main de l’homme) et l’autre animé «l’oiseau/ chantant sa plainte», mais teint d’une projection psychodramatique de l’épreuve carcérale du poète captif enfin repenti et rasséréné, Verlaine. «La sonorité/ l’écoute », reproduisant l’osmose poétique source, chez Abû Firâs  (la colombe se plaint), se retrouve dans l’osmose poétique cible, chez (Verlaine/ chante sa plainte). Configuration parallèlement observable de la métaphore métonymique télescopée de «la sonorité/ l’écoute» (supposée réciproque) aussi bien chez Verlaine (la cloche tinte/ l’oiseau chante sa plainte) que chez Abû Firâs. Cela donc un trait saillant du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre source et cible de l’osmose poético-franco-européen tant chez Abû Firâs,  que chez  Verlaine,  du IXe au XIXe-XXe s.».
       +  La métaphore synecdochique télescopée chez Verlaine :
          En outre, Verlaine emploie aussi la métaphore synecdochique télescopée, telle que dans les vers : «La cloche, dans le ciel… » ; «Un oiseau sur l’arbre…». Il y va du signifié la partie spatiale «la cloche » qui assimile un tout spatial, le signifié «le ciel» d’une part, et du signifié la partie animé «un oiseau » qui assimile un tout inanimé le signifié «l’arbre». Cela oppose le limité animé «le poète/ l’oiseau », source d’une prière, à l’illimité inanimé «le ciel », cible de cette prière. De le même ordre de chose,  la partie limitée «l’oiseau », source  d’une plainte, est assimilée à un tout illimité « l’arbre », lieu de cette prière, à comparer à la partie limitée (poète/ captif) est assimilée à un tout illimité (la prison/ le ciel). Or, cette l’assimilation de la parie (poète/ cloche/ oiseau) au tout (poète/ arbre / ciel) chez Verlaine rend un effet de sens mystico-compatissant cible, au lieu  de l’effet érotico-compatissant source chez Abû Firâs. Verlaine transpose ainsi la métaphore synecdochique télescopée de son horizontalité terrestre (poète/ arbre/ colombe) vers sa verticalité céleste (poète/ arbre/ ciel), comme trait marquant diachroniquement du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» cible de l’osmose poético-franco-européen de, du IXe au XIXe-XXe s.».  
      Quant à la généralisation du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre» source et cible : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe, du IXe au XIXe-XXe s.»,  il faudrait donc tenter de l’illustrer d’un micro-choix anthologique tant son identité et sa covariance s’étendent diachroniquement à l’infini. D’où nécessairement par exemple :
       III. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé chez Abû Firâs et Verlaine  comme pratique généralisée à la poésie européenne du Xe au XIXe s. :
       En effet, pour ce qui est du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine comme pratique généralisée à la poésie européenne du Xe au XIXe-XXe s., il est à cerner dans cette observation géo-historico-poétique d’I. Hunke attestant : «C’est avec une  joie évidente que l’Europe les adopta [les formes poétiques arabes]  (…). L’Italie a subi aussi cette influence, plus encore même que les troubadours. La forme poétique arabe y gagne sa cause aussi bien saint François d’Assise [1182-1226] et Fra Jacapone da Todi, contemporain de Dante [1265-1321], que les poète du dolce stil nuobo et Dante lui-même (…). En outre, les Arabes de Sicile ont contribué pour leur part à l’élaboration d’un style de chanson populaire qui s’est conservé jusqu’à nos jours, influençant le développement du sonnet en Italie du Nord.» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit., p.350.
        D’où en l’occurrence à cet égard :
        1.  Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé, généralisée à la poésie européenne du Xe au XIXe-XXe s. :  
        La Péninsule Ibérique, plate-forme privilégiée de cette osmose poétique européo-franco-arabe, de par la Provence, l’Aquitaine, la Sicile, etc., est décrite comme telle en ces termes par G. Cirot et M. Darbord : «La Péninsule Ibérique, romanisée de bonne heure, fut aussi, pendant le moyen âge, le point de rencontre [v. ici le lieu de l’osmose poétique] de trois races et de trois religions. Elle offre donc, à côté de ses littératures romanes, une littérature latine, une littérature arabe et une littérature hébraïque (…).» - «LITTÉRATURE ESPAGNOLE EUROPÉENNE», Paris, Ed. Lib Armand Colin, 1956, p.11. Aussi pour témoigner diachroniquement du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre » : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre  l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé, généralisée à l’Europe et aux  États-Unis du Xe au XIXe-XXe s., citons à titre d’exemples : 
      A. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé généralisée à la poésie européenne au Moyen Âge en France :
       Au sujet du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre » cible : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire  délocalisé généralisée à la poésie européenne, au Moyen Âge, S. Hunke souligne spécifiquement : «Plus saisissantes encore – jusqu’à la concordance des pensées , des images et du vocabulaire – sont (…) les analogies entre Dante [1265-1325] et le plus grands des mystiques arabes Ibn Arabi (1165-1240). Or, ce n’est point là le fait du hasard ! Le mystique Andalou de Murcie, contemporain de Frédéric II [1194-1250], vécut un siècle environ avant le père de la poésie italienne [Dante], lequel a sans aucun doute puisé une inspiration aussi complète qu’essentielle dans les ouvrages d’Ibn Arabi.» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit., p.367. C’est analogiquement le cas du «thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe et l’emprunt à la vie généralisée à l’Europe et à la France médiévales,  chez  notamment :
     + Charles d’Orléans (1345-1465) dans sa ballade « SUR LE PRINTEMPS» :
      Le poète Ch. d’Orléans y manifeste sa qualité de continuateur des troubadours et trouvères du XIIe et XIIIe s.  «le thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie  et le procédé littéraire délocalisé», généralisée lorsqu’il déclame quasiment à la manière du duo diachronique Abû Firâs/ Verlaine :

                                      «Le temps a laissié son manteau/
                                       De vent de vent, de froidure et de pluye/,
                                       Et s’est vestu de broderye/
                                       De soleil rient clair et beau.//    
                                     
                                       Il n’y a beste ne oiseau/
                                       Qu’en son jargon ne chante ou crye…»

                   (Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX CHOISIS
                    DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
              pp.64-66.) 


           + Clément Marot (1497-1544) dans sa «Églogue au roi sous les noms de Pan et Robin» (1538) :
             Persécuté, trois fois exilé, toujours obligé de demander sa grâce, C. Marot fut arrêté en 1526, on ne sait pour quelle raison (peut-être comme suspect d’hérésie), il fut enfermé au Châtelet, d’où il fut libéré par son ami Lyon Jamet, seigneur de Chambrun, qui lui obtint d’être réclamé par l’évêque de Chartres. Dans cette églogue, le poète explique au roi François 1er, son protecteur, les origines de sa jeunesse naïve et folle, plus à la manière aventureuse de Verlaine qu’à celle purement chevaleresque d’Abû Firâs dans le cadre du «thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie  et le procédé littéraire délocalisé», généralisée à l’Europe par la France, entre autres :
                                      «Sur le printemps de ma jeunesse folle/
                                       Je ressemblois l’arondelle qui vole/,
                                       Pour gluz à prendre oyseaulx ramages/
                                       Tous differents de chantz, et de plumages.//   
                                    
            (Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX CHOISIS
                    DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
              pp.128-130.) 

        + André Chénier (1762-1794) dans son poème «La jeune captive» (1794) :
         Chénier, incarcéré à Saint-Lazare, le 7 mars 1794, y rencontra Mlle de Coigny, pour laquelle il écrivit cette pièce. Chénier fut exécuté le 20 juillet. Mlle de Coigny échappa à la mort et devint duchesse de Fleury. L’osmose poétique européo-franco-arabe du «thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie  et le procédé littéraire délocalisé», généralisée semble ici embrasser quasiment la situation évoquée préalablement et plus explicitement tant par Abû Firâs que Verlaine, lorsqu’il dit en ces vers pleins de défi exacerbé et de mélancolie :   
                                       «L’illusion féconde habite dans mon sein:/
                                       D’une prison sur moi les murs pèsent en vain;/ 
J’ai les ailes de l’espérance./
                                       Échappée en vain de l’oiseleur cruel, /
                                       Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel/
Je veux achever mon année./
            Brillante sur ma tige et l’honneur du jardin,/
Ainsi triste et captif, ma lyre toutefois
             S’éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix.//
                                    
            (Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX CHOISIS
                    DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
              p.857.) 

              + Francis Jammes (1868-1938) dans son poème «ÉLÉGIE PREMIЀRE», dédié à A. Albert Samain :
  
     F. Jammes exprime son amour pour la vie et la nature (v. ici le souvenir subsumant  la mort et la tombe de Samain). La vision qui s’en dégage rappelle par certains détails la scène de vie carcérale du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie  et le procédé littéraire délocalisé», généralisée, chez à la fois  Abû Firâs et Verlaine partiellement confondus, lorsqu’il entonne : 
                                       «Le soir vient. Nous marchons dans la lumière jaune/
                                       Qui fait la fin du jour ressembler à l’automne./ 
                    Et nous longeons le gave. Une colombe rauque/
                                       Gémit tout doucement dans un peuplier glauque./
                                       Je bavarde. Tu souris encore. Bonheur se tait./
               Sur ta tombe, pareil à quelque pâtre antique/
                   Dont pleure le troupeau sur la pauvre colline.//
                                    
            (Ch.M. Des Granges, «MORCEAUX CHOISIS
                    DES AUTEURS FRANÇAIS», Op.cit.,
              pp.1070-1071.) 
     
      S’ajoute parallèlement à cela, par extension, l’exemple du «thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe et l’emprunt à la vie entre le procédé littéraire délocalisé», généralisée à la poésie européenne au XXe s.

      B. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé généralisée à la poésie européenne au XXe s. :
       De la même façon, «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé, généralisée à la poésie européenne se retrouve encore Roumanie au XXe s. chez des poètes tels que par exemple :
       + Marcel Breslaşu (1903- ?) dans son poème «ALPHABET POUR UNE ÉCOLE DU SOIR» (1965) :

         L’amorce de ce poème tient beaucoup plus de celle d’Abû Firâs que de Verlaine entamant une sorte dialogue monologué entre le poète et l’oiseau-colombe, dans l’optique du «thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie  et le procédé littéraire délocalisé», généralisée, en énonçant plein de verve, dans un jour inversé :
                                       «Mon outil, mon sang, m’a parlé dans la nuit:/
                                       l’œuf de coucou éclos dans le nid du voisin,/ 
                                       apprends le langage de la cité muette/
                                       étouffant sous le talon prussien! /
                                       Un jour viendra, aux heures droites et sereines,/
                 où vous écouterez la voix des outils libérés…//
                  
                                    
                   (Revue roumaine, «N°3 – 1965, Bucarest, Imp.
                    « Arta Grafica »,  p.17.) 

        D’ailleurs, on trouve une amorce inverse climatique du jour  également dans un second poème du même auteur, «RENCONTRE AVEC LA PLUIE» (les stances) qui clame autour du même thème de cette osmose poétique généralisée :

                                       «… Et la pluie, et le soir, et le boqueteau de sapins/
                                       Bruissent ensemble : viens …/ 
                                       L’instant est sans retour/
                                       Quand je te berce dans mes bras, étrangère./
                                       Tu n’écoutes que la pluie… Mais moi je dois écouter/
 Les oiseaux morts depuis longtemps/
                              Dans les murs de la dernière demeure que je bâtirai/                  
                                    
                           (Revue roumaine, «N°3 – 1965, Bucarest, Imp.
                         « Arta Grafica »,  p.19.) 

       Il y va encore et enfin du «thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie  et le procédé littéraire délocalisé», généralisée à l’Europe aux États-Unis, au XIXe et XXe s.

      C. Le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre ou l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé, généralisée aux  États-Unis aux XIXe et XXe s. :
       De la même manière, «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé», généralisée aux États-Unis, aux XIXe et XXe s., il est à convenir avec John Brown à cet égard : «L’héritage intellectuel européen [v. européo-franco-arabe] a joué aussi un rôle – héritage forcément complexe dont il faut retenir surtout deux éléments : le puritanisme et le nationalisme (…). L’écrivain américain, aurions-nous dit enfin, a toujours été, et est encore, sollicité par deux traditions : la tradition nationale de son pays et celle de l’Europe (…). L’exilé, expatrié, au contraire, cherchera en Europe une vieille civilisation humaniste et cette communication humaine qui lui manque dans le grand espace continental [de son pays].» - «PANORAMA DE LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS», Paris, Lib Gallimard, 1954, pp.28-33.
      Et c’est ainsi que se retrouve, chez les poète américains du XIXe et XXe s., «le thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre : ou l’osmose poétique l’osmose poétique européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé», généralisée, ainsi que le relatent notamment :
       + E.E. Cummings (1894- 1962) dans son poème «Il n’en ira pas toujours ainsi », extrait de son recueil «Tulips and Chineys» (Tulipe et Cheminées - 1923) :

        L’amour, la nature et une foi sans défaillance dans l’éternelle victime ont valu à E.E. Cummings sa réputation de poète, tel que le confirme d’ailleurs son recueil «Tulips and Chineys» (Tulipe et Cheminées). Il émet un écho presque identique de la vie carcérale à la fois réelle et  fictive, évoquée diachroniquement,  à travers les poèmes source et cible  d’Abû Firas et Verlaine ci-dessus, par «le thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre : ou l’osmose poétique européo-franco-arabe, entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé», généralisée avec toutefois un léger accent érotique tenant davantage d’Abû Firâs (source) que de Verlaine (cible). Il s’épanche alors en ces vers plus allusifs et que partiels que ceux de l’osmose poétique européo-franco-arabe en question :
                                       «il n’en ira pas toujours ainsi ; et je dis/
                                       dans un silence comme j’en ai connu, ou avec/ 
                                       de grands mots noués qui, voulant trop en dire/
                                       restent là sans recours devant l’esprit confondu;/
                                       si cela devait arriver, je dis que si cela devait
                                               arriver -/
                     que je puisse aller vers lui, et prendre ses mains,/
                         ensuite je me retournerai, et j’entendrai un oiseau/
        chanter terriblement loin aux pays perdus.                  
                                    
                                               (Bernard Dekle, «Écrivains américains du XXe       
                                            siècle», Paris, Les Editions Inter-Nationales, 1973,
                                    pp.117-118.) 

         + Robert Frost (1874- 1963) dans son poème «LA NEIGE SANS POIDS» (1923) :

       La poésie de R. Frost est, selon J. Brown, a pour point de départ toujours le réel, la chose vue. Mais il cherche modestement, et sans emphase, à dépasser, et à lui donner une résonance philosophique. Les poèmes les plus récents de Frost révèlent une inquiétude nouvelle devant une société dans laquelle l’individu émersonien [Emerson : 1803-1882] paraît désemparé, impuissant. Il rejoint peut-être la sensibilité tragique d’Eliot [Anglais : 1888-1965]. Mais Eliot dépasse toute frontière nationale. Il n’est ni Américain, ni Anglais, mais « occidental (européen)», comme l’est Valéry (Français : 1871-1945) ou Rilke (Autrichien : 1875-1926). Dans ce poème R. Frost semble reproduire «le thème de l’oiseau sur une branche de l’arbre : ou  l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé», généralisée plus par son atmosphère, apparemment dénuée du cadre carcérale, vu chez Abû Firâs (source) et Verlaine (cible). En témoigne les éléments constitutifs de sa composition, plus proche par sa simplicité et sa concision du poème cible de Verlaine :
«Grâce à ce corbeau/
                                                     Qui secoua sur moi/
   Du haut d’un bouleau/
La neige sans poids//

  Mon cœur fut touché/
                                                     Sauvant en partie/
                                                     Un jour nuancé/
                                                     De mélancolie.//
                                    
                                               (John Brown, «PANORAMA DE LA LITTERATURE     
                                               CONTEMPORAINE AUX ETATS-UNIS», Op.cit.,   
                                              p.477.) 

       En conclusion, il ne fait guère de doute que «le thème de l’oiseau sur la branche d’un arbre et l’osmose poétique européo-franco-arabe ou  l’osmose poétique européo-franco-arabe entre l’emprunt à la vie et le procédé littéraire délocalisé, la métaphore, la métaphore métonymique et synecdochique  télescopée chez Abû Firâs Al Hamadânî et Paul Verlaine du Xe au XIXe-XXe s. » constitue une preuve adéquate, pertinente et généralisable de sa réalité diachronique, tant à l’Europe qu’aux aux États-Unis, entre autres, qu’à l’ensemble de cette interpénétration poétique indélébile entre la poésie arabe source et la poésie européenne cible, de l’époque médiévale à nos jours. «Les Pyrénées, écrit  S. Hunke,  ne constituent pas une barrière, pas même pour les échanges entre l’Espagne arabe et l’Occident [l’Europe, etc.]. (…) Au cours de l’expansion islamique, à travers deux, trois et quatre générations, une partie de l’Aquitaine et surtout de Provence a été occupée par les Arabes, et leur domination y a laissé des traces (…). Le troubadour (nom dont on admet aujourd’hui qu’il vient de l’arabe tarrab, ménestrel) confère à ses poèmes la forme et le rythme des chants arabes, imitant en particulier ceux du célèbre Ibn Qousman (…). Or, à cette époque, un puissant courant intellectuel issu d’Espagne et de Provence se répand justement sur une Sicile encore tout imprégnée d’influence arabe.» - «Le soleil d’Allah brille sur l’Occident», Op.cit., pp.37-379.
                                                           Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED
   

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