jueves, 16 de enero de 2014

LE SAHARA DANS LES ROMANS MAROCAINS FRANCOPHONES



L’AUTONOMIE DU SAHARA  SOUS SOUVERAINETÉ
 MAROCAINE DANS LES ROMANS MAROCAINS
D’EXPRESSION FRANÇAISE

      Certes, l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine était déjà implicitement inscrite dans les arcanes des romans marocains d’expression française (les RMEF), comme dans les annales historiques, politiques et démocratiques du Maroc moderne. "Les circonstances de l’époque 1984 dominées par la question des provinces sahariennes récupérées [par le Maroc], notent Abdelaziz Jazouli et Mustapha Naimi, sont présentes, mais ne sont pas les seules à peser sur les choix opérés en faveur d’une régionalisation globale [un statut d’autonomie au Sahara]. Celles-ci, à y avoir de près, s’impose à toutes les parties du territoire national avec plus ou moins d’acuité.""LA RÉGION: ET SI LE PASSÉ RÉPONDAIT DE L’AVENIR ? ", Maroc Europe, Nº4, Rabat, Ed. La Porte, 1993, p.20. C’est ce dont témoignent les quatre RMEF: "L’œil et la nuit" d’Abdellatif Laâbi, Ed. Atlantes, 1969; "La prière de l’absent" de Tahar Ben Jelloun, Paris, Ed.du Seuil, 1981; "Une enquête au pays", Paris, de Driss Chraîbi, Ed. du Seuil, 1982; "Légende et vie d’Agoun’chich" de Mohammed Khaïr-Eddine, Paris, Ed. du Seuil, 1984. Nous le décrypterons en l’occurrence à travers: I) L’historicité génératrice de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, II) L’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RMEF.

         I- L’historicité génératrice de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine:

          Pour mieux saisir l’adéquation et la légitimité historique du plan  d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, il faudrait examiner cela  dans la double perspective: l’historicité de l’autonomie du Sahara des origines à nos jours et l’historicité de l’autonomie du Sahara de nos jours sous souveraineté marocaine.

         I.1- L’historicité de l’autonomie du Sahara des origines à nos jours sous souveraineté marocaine:
         
        A propos d’une étude des origines et de l’aboutissement incontournable du conflit du Sahara, dans le cadre du plan d’autonomie élargie sous souveraineté marocaine, projet salutaire initié actuellement par le Maroc auprès de l’ONU et  faisant l’objet des pourparlers ardus de Manhasset, près de New York (USA), Jazouli et Naimi soulignent précisent pratiquement: "Le projet d’élaboration  de la région saharienne [le projet d’autonomie au Sahara marocain] ne peut que reposer sur le choix du modèle [local et international] de référence. Nous remarquons à cet égard, que la catégorie de formation spatiale sahraouie [références toponymiques collectives et personnelles], malgré son importance pour l’étude des origines [historicités originelle et de nos jours] et de l’aboutissement inévitable du conflit du Sahara, n’a pas donné lieu à des études renouvelant et affinant le concept. Ici, la référence se porte sur un espace géoéconomique ayant subi les séquelles de la présence [coloniale] franco-espagnole et où seul un développement spécifique [le plan d’autonomie élargie] est de nature à renforcer le développement spatiale [saharien]." Op.cit, p.30. Du point de vue géo-historique, ces deux auteurs relèvent les frontières  originelles du Maroc, sous le roi Hassan Ier   [1830-1894], démembrées par le colonialisme franco-espagnol (1844-1975):
        "Ordonnant à son représentant à Tanger de répondre au gouvernement espagnol qui lui demandait quelles étaient les frontières du Royaume dans le sud, Moulay Hassan [Ier] écrit: « Nous sommes informés du tracé de nos frontières dans ces régions et elles s’établissent comme suit : d’un côté nous sommes limitrophes du Siège indépendant, c’est-à-dire de l’Egypte, de l’autre du Soudan et du dernier côté de Maghnia. Avec notre réponse, vous trouverez un schéma  afin que vous soyez sur vos gardes." – Op.cit., p.38. Par ailleurs, ces derniers dévoilent une organisation ethnique du Sahara marocain qui remonte à l’époque almoravide [1055-1147] en relatant:
        "De par leur modes de vie diversifiés, les Sahraouis saturent l’espace de production pastorale, d’agriculture et de transit qui commence avec le Wad Nun et le Bani au Nord pour s’achever politiquement aux frontières de l’actuelle Mauritanie [référence toponymique collective] (…). Dans un premier temps relevons que le mode d’affiliation au fond ethnique ancien n’exclut de toutes les tribus de cet espace que les Awlad Dlaym, M’quiliens d’origine, installés dans le Tiris, depuis le XIIIe siècle. Les Surfa Filala [la dynastie alaouite] constituent un lignage bien distingué des tribus maraboutiques d’origines imazighen, essentiellement issues du XVIIe siècle (…). L’organisation et la défense des routes caravanières nécessitent outre le contrôle de l’espace, un système d’alliance [une référence toponymique collective]. C’est par la nécessité de ce  contrôle que l’ensemble confédéral Takna s’est constitué depuis les Murabitun Ve/ XIe siècle (…). On voit que le Wad Nun, Bani et As-Saggya Al Hamra désigne tout bonnement le pays des Takna [une référence toponymique personnelle] (…).
        C’est là une conception adéquate du droit collectif ultime subdivision interne d’un système de gestion des ressources et de l’espace [une référence toponymique collective]. Le passage à travers différents ordres successifs de segmentation aux groupes politiques de base [une référence toponymique personnelle] et à leurs fractions permet de concevoir la correspondance à tous les niveaux entre segmentation tribale [une référence toponymique collective] et segmentation territoriale [autonomie élargie] "  – Op.cit., p.26.
        Parallèlement, l’idéologie séparatiste voit le jour au Sahara dans une action contrôlée par l’Espagne, en 1973. "La présence franco-espagnole sur le pays Takna [le Sahara marocain] accentue l’individualisation d’As-Saggya Al Hamra évacuée en partie par ses maîtres [ses habitants excédés] des siècles précédents (…). Plus tard, au fort des débuts des années 1970, la stratégie séparatiste engage un ensemble de relations, essentiellement avec l’Espagne, qui se déroule à partir de son propre système d’interprétation [colonial] et suscite une manipulation du discours de légitimation [séparatiste]. C’est en effet dans les actions politiques et leur enchaînement contrôlé par l’Espagne [puis par l’Algérie, etc.] que pourrait se vérifier le plus clairement l’idéologie séparatiste [du Polisario] et ses conséquences spécifiques [sur l’UMA]." - Op.cit., p.29. 
        Ensuite, de la même façon que le représentant personnel du SG de l’ONU M. Peter Van Walsum, déclarant dans son rapport au CS, le 24 avril 2008,  que l’indépendance du Sahara "n’est pas réaliste",  A. Jazouli et M. Naimi avaient conclu à l’impossibilité de l’indépendance du Sahara dans le sillage séparatiste mythique du Front Polisario et soutenu par l’Algérie, etc. "Il est donc impossible au F. Polisario, jugent-ils, de casser l’articulation entre As-Saggya Al Hamra, Wad Nun (le Sahara) et Bani occidental [l’Anti-Atlas]. Le mythe séparatiste construit un modèle étatique [la RASD fantoche] qui ne peut être que fictif." – Ibid. Ainsi aborderions-nous d’un point de vue documentaire: l’historicité de l’autonomie du Sahara des origines à nos jours sous souveraineté marocaine et l’historicité de l’autonomie du Sahara de nos jours sous souveraineté marocaine.
    
       I.2 - L’historicité de l’autonomie du Sahara de  nos jours  sous souveraineté marocaine:
      
       Le constat du sort inhumain imposé par le Polisario et ses conjurateurs aux séquestrés marocains sahraouis dans les camps algériens de Tindouf ne cesse d’interpeller la conscience des peuples du Maghreb et d’alarmer l’opinion internationale dans l’attente d’une solution politique réaliste, telle qu’un régime d’autonomie consensuel sous souveraineté marocaine, mettant fin à ce drame orchestrée par les dispensateurs de l’idéologie séparatiste dans la région. "Ceux, peu nombreux, il est vrai, qui ont pu voir les actualités de la télévision algérienne, évoque Michel Rousset, n’ont pu qu’être atterrés par le sort tragique de ces populations parquées [marocaines sahraouies séquestrées]  dans la région de Tindouf [en Algérie] ou dans celle des confins algéro-mauritaniens; leur seule raison d’être objective, est de constituer une masse de manœuvre ou de monnaie d’échange [au Polisario et consorts] dans un affrontement [interétatique camouflé] qui les dépasse et dont elles ne peuvent être que des victimes [ou des dupeurs dupés].
       C’est bien ce qu’a compris cet ancien ambassadeur du Polisario qui, après beaucoup d’autres responsables, a décidé de s’enfuir et a réussi dans son entreprise (voir Jeune Afrique, nº1405, du 9 décembre 1987); pour lui, le seul combat utile c’est celui du développement du Sahara;  et celui-ci se livre à Laâyoune, à Smara ; à Boujdour ou à Dakhla [plan d’autonomie élargie marocain], mais pas dans «les sables libérés [v. pancarte vide du Polisario]» où ne poussent que la haine et les canons!""Lettre de Rabat, Maroc Europe, Op.cit., p.222. De nos jours, M. Naimi considère suivant Paul Balta, la décentralisation et l’autonomie locale comme un véritable baromètre de la démocratie. L’UMA pourrait se renforcer et sa charte d’environnement et de développement pourrait concrétiser le plan d’actions prioritaires par une autonomie démocratique élargie. "En cette fin de XXe siècle, commente-t-il, l’autonomie locale [v. le Sahara] est indissociable de l’exercice des droits et des libertés de l’homme; c’est aujourd’hui un attribut et un baromètre de la démocratie." - "La Méditerranée réinventée", Maroc Europe, Op.cit., pp.290-291. En ce sens, l’initiative du Maroc pour un statut d’autonomie au Sahara sous souveraineté marocaine, en négociation sous l’égide de l’ONU, avec le Polisario (secondé de l’Algérie), confirme un tel choix de solution politique consensuelle du conflit factice qui bloque le processus de paix et de développement dans la région, depuis plus de trois décennies.
       Rappelons à cet égard le projet négociable d’un statut d’autonomie du Sahara, remis par le Maroc à l’ONU et accueilli favorablement par la communauté internationale, le 11 avril 2007. La nouvelle fut rapportée par MAP en ces termes: "L’ambassadeur Représentant du Maroc auprès des Nations Unies, M. El Mostafa Sahel, a remis, mercredi à New York, au Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, le document portant « Initiative marocaine pour la négociation d’un statut  d’autonomie pour la région du Sahara» (…). Le Maroc considère que cette initiative offre « une chance pour la paix et des perspectives prometteuses pour un avenir meilleur, basé sur la stabilité, la sécurité, la démocratie et la prospérité de l’ensemble des pays du Maghreb [l’UMA]», (…) affirmant que le Royaume considère que «la dynamique engendrée par cette initiative offre une chance historique pour régler définitivement ce différend qui n’a que trop duré." "Le projet marocain d’autonomie du Sahara remis à l’ONU", www.yabiladi.com, p.1. En témoigne l’état crédible, selon MAP, du développement des provinces du Sud par le Maroc, depuis 1975. Pour ce qui est des droits économiques, sociaux et culturels, M. Sahel relève [en réponse la polémique stérile adverse] que « le Royaume a consenti des efforts colossaux dans les infrastructures et dans les secteurs de l’éducation, de la santé et du logement ».  -  "Sahara: Une polémique stérile", L’Opinion, Vendredi 11 Avril 2008, p.3. 
      Inscrit en filigrane dans les romans marocains d’expression française (les RMEF), une telle initiative unioniste, géo-historique et démocratique ne peut nullement nous surprendre.  Or, tel que l’explique Guy Scarpetta, il existe une fonction informative capitale des romans de nos jours: "On ne voit guère pourquoi nous irions chercher dans des romans des informations sur l’histoire de notre temps que nous pouvons trouver, par exemple, dans la lecture des journaux… Mais surtout parce que ceci [le roman], peu à peu, s’est imposé: la fonction capitale du roman moderne [v. les RMEF], ce n’est pas d’ « illustrer» par un récit une conception du monde ou de l’histoire déjà élaborée; mais plutôt de révéler, par ses voies spécifiques, « ce que seul le roman peut dire »…""Ce que seuls les romans peuvent dire", LE MONDE DIPLOMATIQUE, Mars 2003, p.30. D’où:
        
        II- L’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RMEF:

        Parallèlement, les RMEF manifestent de leur côté,  sur le plan référentiel (références toponymiques collective et personnelle) et spatio-temporel (géo-historique) la dynamique du projet d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, arrivée au quatrième round des négociations entre le Maroc et le Polisario (secondé par l’Algérie), tenu du 11 au 13 mars 2008, à Manhasset, entre le Maroc et le Polisario, processus ayant acquis l’unanimité du CS de l’ONU. Dans une optique romanesque, Abderrahman Tenkoul écrit: "Francastel  avait raison de remarquer qu’il n’y a pas  de « représentation » plastique de l’espace [v. le Sahara marocain] qui s’écarte d’une  appréciation intellectuelle et sociale des valeurs [l’idéologie unioniste marocaine du statut négociable d’autonomie au Sahara]». On peut en dire autant du genre romanesque [les RMEF] où l’espace [l’intégrité territoriale du Maroc] participe d’une organisation des valeurs [le patriotisme, le développement et la démocratie] d’une représentation idéologique de l’écrivain [la référence toponymique collective et personnelle au Sahara[.""Littérature Marocaine d’Ecriture Française", Casablanca, Ed. Afrique Orient, 1985, pp. 156-157. De ce fait, les RMEF préfiguraient implicitement, dès 1960-1984, la récupération et l’autonomie historique et démocratique du Sahara sous souveraineté marocaine. Or, cela s’y opère tantôt selon une référence toponymique collective (voire pseudo-institutionnelle), tantôt selon une référence toponymique personnelle.

       II.1- La référence toponymique collective de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME:

        En ce qui concerne la référence toponymique collective de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RMEF, on pourrait citer les romans:  "L’oeil et la nuit" (1969) d’Abedellatif Laâbi (né en 1942) et "Légende et vie d’Agoun’chich" (1984) de Mohammed Khaîr-Eddine (1941-1995). Aussi relevons-nous notamment:
      
        A- "« Une cavalcade des Hilaliens et un royaume à délimiter » dans « L’oeil et la nuit » d’Abedellatif Laâbi":

        Dans le RMEF  "L’oeil et la nuit", Abedellatif Laâbi fait une référence toponymique collective à l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine par son allusion aux "Hilaliens" (v. les Awlad Dlaym, Ma‘quiliens) et au "Royaume" du Maroc "à délimiter", face aux hostilités séparatistes des ennemis de son intégrité territoriale : Polisario et conjurateurs. Il s’agit en fait de l’affiliation au fond ethnique sahraoui d’une part et l’autonomie sous souveraineté marocaine du Sahara d’autre part. A. Jazouli et M. Naimi indiquent en ce sens: "De par leurs modes de vie diversifiés, les Sahraouis [marocains] saturent un espace de production pastorale, d’agriculture et de transit [commercial] qui commence avec le Wad Nun et le Bani au Nord [l’Anti-Atlas] pour s’achever politiquement aux frontières Nord de l’actuelle Mauritanie (…). Dans un premier temps relevons que le mode d’affiliation au fond ethnique ancien n’exclut de toutes les tribus de cet espace que les Awlad Dlaym, Ma‘quiliens d’origine, installés dans le Tiris depuis le XIIIe siècle." – Op.cit., pp.25-26.

       Par ailleurs, Larbi Mezzine précise quant au rapport historique des Hilaliens et des Ma‘quiliens au Sahara marocain: "Après avoir été, au XIIIe et  XIVe siècles, des sujets [citoyens marocains] soumis, pacifiques, vivant à l’état nomade et protégeant le commerce en en tirant profit, les Arabes Ma‘quil ont, à partir de la fin du XIVe siècle, commencé à exercer leur pression sur le sédentaires (…).
       A la fin du XVIe siècle, le cycle hilaliens [des Hilaliens] est clos après avoir abouti à l’installation des tribus Ma‘quil [les Awlad Dlaym] au Tafilalet [au Sahara], et à l’arabisation des populations des oasis du Sud-Est marocain. " "Le Tafilalet", Casablanca, Ed. Najah El Jadida, 1987, pp. 274-275. D’où cette référence toponymique collective dans le RMEF d’A. Laâbi:

       + "Une cavalcade de Hilaliens [devanciers des Awlad Dlaym, Ma‘quiliens] ayant la haine de la rosace et de l’arabesque [hostiles aux mœurs sédentaires].
          A mille miles la caravane aux prises avec l’enclume [l’idéologie séparatiste entre le marteau de l’enclume]. Les clowns hélant les arrière-gardes [les conjurateurs du Polisario]. La distance creusée entre nous [le conflit fomenté par le colonialisme]. Jonchée de masques [de contrevérités], tessons d’artillerie [dégâts militaristes et de mutilés], angulaires d’échafaudages [les chaniers de l’UMA bloquée].
        Bientôt sortiront les canins [les colonialistes et les conjurateurs du Polisario]. Un royaume [le Maroc] sera délimité [v. l’« Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie du Sahara »]. Des nombres [de citoyens marocains sahraouis] viendront grossir les nombres [de citoyens marocains]. Les sirènes cracheront la fin [du conflit factice dans la région].
        Tête d’enclave [Un prélude pour les presides].
        Atlas [le Maroc] soulevant la race [la marocanité du Sahara autonome]." (p.49).

        B- " « Les Aїt Ba Amrane et Al-Hiba contre Haїd Moys et les Espagnols »  dans « Légende et vie d’Agoun’chich » de Mohammed Khaîr-Eddine":

          En effet, la référence toponymique collective à l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine est également lisible dans le RMEF: "Légende et vie d’Agoun’chich" de Mohammed Khaîr-Eddine", par l’évocation de la résistance des Aїt Ba Amrane (en 1957) et du cheikh Ma al Aynayn (1830-1910) et son fils Ahmed Al-Hiba (m. en 1919) ayant défendu en vain (en 1910-1912) le roi Moulay Hafid (1875-1937) et tout le Maroc contre les colonisateurs franco-espagnols et leur collaborateur Haїd Moys confirme fictivement avant le terme le projet de « l’Initiative marocaine d’autonomie du Sahara », actuellement en pourparlers à Manhasset, entre le Maroc et le Polisario, secondé par l’Algérie et les partisans de l’idéologie séparatiste dans le monde. "Ami [Ma el Aїnine] de Moulay Hassan Ier (1830-1994), de Moulay Abd et Aziz [1978-1908], de Moulay Hafid  [1875-1937], rapporte Jean Wolf, personnalité d’airain (…), il défendit l’Islam à la fois en Mauritanie et au Maroc (qui reconnaissaient, grâce à lui, la même autorité chérifienne [le Trône alaouite]), lutta contre la « pénétration pacifique » du spécialiste des affaires maraboutiques, Xavier Coppolani, venu d’Algérie (…).
         
        L’année suivante, Ma el Aїnine essaye en vain de marcher sur Fès à la tête de ses hommes  aux voiles bleus [référence toponymique collective] pour venir au secours de Moulay Hafid en difficulté [référence toponymique personnelle], et, le 23 juin 1910, il est mis en déroute par les troupes du général Charles-Emile Moinier (…) Les yeux fixé à l’horizon incandescent [de Tiznit], il expire quelques semaines plus tard. Il laisse sa succession à son fils Ahmed el Hiba (…). Il [A. el Hiba] mourra à Kerdous le 23 juin 1919, passant le flambeau de la résistance à ses frères Rebboh et Niama, qui, (...) mèneront une guerre désespérée grâce à laquelle l’Anti-Atlas gardera fièrement son autonomie [v. Sahara] jusqu’en 1934." "L’Epopée d’Abd El Khaleq Torrès", Casablanca, Ed. Ediff-Balland, 1994, pp.97-98. Le RMEF de M. Khaîr-Eddine en relate:

         +  "Aїt Ba Amrane [de Sidi Ifni et du Sahara, en 1957], réputés invincibles, étaient d’excellents stratèges. Haїd Moys [traître à la patrie] donna aveuglément dans le traquenard qu’ils lui avaient tendu. Ils laissèrent approcher ses troupes, leur livrant même l’accès de leur montagne, véritable goulet d’étranglement au sud-ouest de Tiznit [référence toponymique collective], puis ils les encerclèrent et les taillèrent en pièces (…). Cet échec partiel ne gêna nullement les plans du colonisateur. Au contraire, il multiplia ses alliances avec d’autres caїds [référence toponymique personnelle]. Quelques mois plus tard, il bombarderait les villages et les souks de l’Anti-Atlas accrochés vulnérablement à la roche nue." (p.91). Ou encore:
 
        "Pourtant certains dissidents n’avaient encore déposé les armes. Le plus grand d’entre eux, le caїd Najam Lakhsassi, [référence toponymique personnelle] tentait de mettre sur pied une armée de libération (…). A vrai dire, il fondait tous ses espoirs sur une lutte armée de caractère révolutionnaire. Ne s’était-il pas opposé aux harkas du Glaoui [1875-1956] dans le Haouz et sur le plateau de Marrakech [référence toponymique collective] et n’avait-il pas été le chef de guerre d’Al-Hiba [référence toponymique personnelle] ?" (p.155).
    
          Du fait, la référence toponymique collective de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME a pour pôle les « Hilaliens/ Ma‘quil-les Awlad Dlaym » dans le RMEF d’A. Laâbi et « les Aїt Ba Amrane/ les Ma el Aїnine » dans le RMEF de M. Khaїr-Eddine, luttant de façon quasi autonome contre l’occupation franco-espagnole du Maroc et pour la sauvegarde du trône alaouite (1905-1934).
        C- " « L’hymne du Polisario »  dans "L’enquête au pays " de Driss Chraїbi ":
        Par ailleurs, la référence toponymique collective pseudo institutionnelle de la contestation de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine est incarnée ironiquement dans le RMEF "L’enquête au pays" de Driss Chraїbi, qui  au lieu d’une référence toponymique collective unioniste, se réfère à une institution politique séparatiste « le Polisario » et à « son hymne» (postiche)  d’un Etat fantomatique fantoche  (la RASD),  blotti dans le giron algérien, sur un sol étranger: Tindouf. Or, comme le préconisent A. Jazouli et M. Naimi: "L’apparition d’un parti séparatiste pro-espagnol montre l’intérêt qu’il y avait à spécifier la nécessité d’un front rgaybi de libération [référence toponymique collective pseudo institutionnelle]. Nous pourrons ainsi repérer une stratégie proprement idéologique dès lors que sera élaboré sur le même modèle le F. Polisario [en 1973]. Un raisonnement cohérent concernant les objectifs de la pratique séparatiste en rupture avec les stratégies unionistes [référence toponymique collective], fonctionne comme dispositif de simulation comportant son efficace [démagogique] propre." - Op.cit., p.29. Aussi relève-t-on dans le RMEF de D. Chraїbi à ce sujet:
        + "Il [le paysan de l’Anti-Atlas] dit avec la voix de la destinée:"
           - La terre s’est secouée il y a quelques années [en 1960], là-bas, loin d’ici, dans une ville de la plaine et de la montagne. Son nom était Agadir, je crois bien, d’après ce que les nomades du Sahara [référence toponymique collective] ont raconté (…).
         C’est à cet instant-là qu’intervint l’inspecteur [de police Ali], comme un coup de feu (…). Il avait fait ses armes dans nombres de manifestations urbaines, en civil, et il savait comment manier le gourdin ou la barre de fer contre les forces de l’ordre. Rien de plus facile ensuite que de noyauter le groupe de meneurs pour les attirer dans un traquenard. Il connaissait toutes les ruelles de la médina, il y était né, y avait grandi, y avait appris sa vie d’homme. Il avait tout pour lui: un vocabulaire argotique capable de faire dresser les cheveux sur la tête d’un Marocain, un costume râpeux, une tête de miséreux. Il chantait [par vigilance sécuritaire] aussi bien l’Internationale en arabe que l’hymne  palestinien ou celui [de la RASD fantoche] du Polisario [référence toponymique pseudo institutionnelle]. (pp.120-121)       
        De la sorte, la référence toponymique collective à l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine se polarise ici autour de l’ethnie tribale: «les Hilaliens/ les Awlad Dlaym-Ma‘quil » dans le RMEF d’A. Laâbi, «Aїt Ba Amrane/ les Ma el Aїnine » et la référence toponymique pseudo institutionnelle dans le RMEF de M. Khaїr-Eddine autour de « les nomade du Sahara/ l’hymne du Polisario » dans le RMEF.

       II.2 - La référence toponymique personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME:
      
        De plus, la référence toponymique personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME, met en relief le poids des élites tribales, des notabilités et des leaders historiques locaux et nationaux et des monarques tant sur le plan sociopolitique qu’économique.
      "Cette façon d’envisager le projet régional [d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine], pensent Jazouli et Naimi, relativise  le poids des élites politiques (partis politiques) qui considèrent la structure des oppositions traditionnelles comme un exemple de coexistence tribale dans un cadre  de cohésion nationale en formation [en devenir] (…). Dans ce cas, les facteurs endogènes (les conflits entre notabilités locales [référence toponymique personnelle]), opèrent sous la forme d’exigences conflictuelles formulées envers le projet de région lui-même et l’administration centrale [référence toponymique pseudo institutionnelle] (…). La fonction politique des notabilités elle-même y est souvent confondue  avec les fonctions économiques et sociales. D’ailleurs, c’est toujours la typologie de cette confusion qui permettra de distinguer parmi ces notabilités entre assistés et valeurs sûres. La confusion des valeurs au niveau des institutions  renvoie en principe à des régimes de contrôle plus ou moins direct [le statut d’autonomie élargie]. "- Op.cit., pp.30-31. C’est aussi ce que révèle le RMEF de T. Ben Jelloun dans:

      + "«Ma el Aynayn un chérif en bons rapports avec la dynastie alaouite » dans « La prière de l’absent » de Tahar Ben Jelloun:
       
         Historiquement, Ma el Aynayn (1830-1910) fut un fidèle serviteur du trône alaouite et de la patrie marocaine. "En avril 1905, relate J. Wolf, Ma el Aїnine encercle le Français [Xavier Coppolani venu d’Algérie], qui est tué, à Tidjikja lors d’un engagement meurtrier. Approuvant hautement l’attitude patriotique de Haj Mohammed Torrès, il refuse, à son tour, à son tour avec vigueur le traité d’Agésiras et devient le seigneur incontesté du Sud saharien allant de la plaine du Sous jusqu’à Chenguitti (actuelle Mauritanie). Il déclare être un descendant de la dynastie Idrisside (…) et s’oppose à toute pénétration étrangère au Sahara occidentale [en 1909] (…). L’année suivante Aїnine, Ma el Aїnine essaye en vain de marcher sur Fès à la tête de ses hommes aux voiles bleus pour venir au secours de Moulay Hafid [le roi du Maroc] en difficulté, et, le 23 juin 1910, il est mis n déroute par les troupes du général Charles-Emile Moinier."  - Op.cit., p.98. Dans le RMEF de Ben Jelloun, son histoire est raconté à l’enfant par Yamna comme suit:

        + "Après le dîner, Yamna s’isola avec l’enfant et reprit l’histoire du saint cheїkh Ma al-Aynayn [référence toponymique personnelle]. Il l’écoutait à la lumière d’une bougie.
         Ma al-Aynayn était un chérif, un descendant de la noble famille du prophète. Préféré de son père, il prit très vite son indépendance et, à l’âge de vingt-huit ans, il décida d’aller en pèlerinage à la Mecque (…)!  
         Il s’est arrêté cependant à Marrakech et rendit visite à Sidi Mohammed [1909-1961], futur roi du Maroc. A Meknès, il fut reçu par le sultan Moulay Abderrahman [1789-1859], qui ordonna à son représentant à Tanger d’organiser dans les meilleures conditions le voyage en Orient du jeune cheїkh (…). Comme tu vois, il entretenait de bons rapports avec la dynastie alaouite (…). Ma -al-Aynayn tomba malade au moment du retour. Il séjourna à Alexandrie et ne revint à Tanger que cinq moi après. En rentrant à Saquiat el Hamra, il passa par l’oued Noun et Tindouf [le no man’s land actuel du Polisario en Algérie]." (pp.96-97).
        
         + "« Ma -al-Aynayn garde des frontières du royaume  de Moulay Hassan Ier et fondateur de Smara» dans « La prière de l’absent » de Tahar Ben Jelloun:
       
      Ma -al-Aynayn crée un lieu sédentaire pour tout le Sahara où vivent ses disciples comme une référence toponymique personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, dans les RME."Au Nord, rappelle Rita Aouad,  les guerres entre Rgueїbat et Tadjakants  aboutissent à la destruction de Tindouf prise en 1896, et à l’exode des Tadjakants, dispersés entre le Sud marocains et l’Afrique noire [référence toponymique collective]. Un des indispensables chaînons de cet itinéraire disparaît ainsi, que ne compense que très modestement la construction de Smara par Ma el Aїnin dix plus tôt [1886], trop tard  venue, étant donné le contexte économique, pour atteindre la prospérité de Tindouf. Quelques Tekna vont néanmoins fréquenter Smara, mais le climat tendu qui prévaut entre Tekna et Ahl Ma el Aїnin semble peu propice au développement d’une activité centrée sur la ville du Cheїkh [référence toponymique personnelle].""Les réseaux marocains en Afrique à l’époque coloniale", Maroc Europe, Op.cit., p.102. Cela reparaît dans le même RMEF de Ben Jelloun:

       + "Le cheїkh [Ma –al-Aynayn] savait ce qui menaçait son pays (…). Il soupçonnait les appétits des Chrétiens d’Espagne et de France et ne se faisait pas d’illusions sur leurs desseins.
          Il s’installa avec sa famille à Saquiat el Hamra, et fit bâtir une maison de pierres : « Dar el Hamra », qui devint une zaouia. Son pouvoir s’étendit et se renforça. Le sultan Moulay Hassan Ier [1830-1894] confia au cheїkh une responsabilité politique: la garde des frontières sud du royaume entre Dakhla et le cap Juby [Tarfaya], avec bien entendu tous les territoires qui les séparent [référence toponymique personnelle]. "(p.120) . Ou encore:
       
       + " Il [Ma - al-Aynayn] "rassembla ses enfants et leur dit : « …J’ai décidé de fonder une ville avec une mosquée pour les fidèles et un lieu pour les armes. Cette ville sera notre lieu, notre source et notre destin (…). »
      Il a fallu cinq années de travaux en plein désert pour construire la ville de Ma - al-Aynayn : Smara. Une ville élevée sur un lit de jonc (…). « Elle ne sera pas un lieu de sédentaires [répond-il à un guerrier reguibet], mais un une source et une étape pour les nomades qui viendront de Tindouf [alors sol marocain] où vivent nos disciples, de Tarfaya et de tout le Sahara. Et puis en face de Smara s’étend la route des caravanes qui relie l’oued Noun à Adrar et Tiris [référence toponymique collective]. Rassure les  Reguibet et transmets-leur mon salut [référence toponymique personnelle].» (pp.120-121). Ou enfin:

        + "«La tombe de Ma -al-Aynayn n’est pas à Smara mais à Tiznit» dans « La prière de l’absent » de Tahar Ben Jelloun:

       Pourtant, la référence toponymique personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, dans les RME, atteint son apothéose dans la tombe du cheїkh unioniste Ma al-Aynayn (m. en 1910), située à Tiznit et non dans la ville de  Smara qu’il avait lui-même fondée (1886). Dans cette perspective, J. Wolf observe prophétiquement:"A bout de forces, le surhomme [Ma al-Aynayn] épuisé [après  sa défaite face au général Moinier], qui avait surgi de l’immensité du Sahara [référence toponymique personnelle], et à qui la ferveur populaire avait donné affectueusement le surnom poétique de « sultan bleu » [référence toponymique collective], se réfugie dans la belle cité de Tiznit, aux portes de ce désert dont il a tant chéri les vagues pétrifiées, ces dunes aux remous immobiles, l’étendue rêveuse du sable, pure vision d’un mirage où il perçoit comme dans un rêve le survol des siècles disparus. Les yeux fixés sur l’horizon incandescent, il expire quelques semaines plus tard [1910]."  - Op.cit., p.98. Cela apparaît ans le RMEF de T. Ben Jelloun en ces termes:

       + "Abattu [par la défaite de 1910], désespéré, cheїkh Ma al-Aynayn voulait mourir au Sahara. Il s’installa dans un profond silence (…). Il mourut dans son sommeil, la nuit du vingt-troisième jour d’octobre, la dixième année de ce siècle (XXe siècle). Sa tombe n’est pas à Smara mais à Tiznit. Son fils, El Hiba [m. en1919], reprendra quelques plus tard la résistance. Il fut appelé, comme on dit, par les sables qui l’enroulèrent dans leurs dunes et le silence. "(p.193). 

 Concernant, la référence toponymique personnelle de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine dans les RME, il faut souligner sa polarisation autour de personnages historiques leaders populaires du «cheїkh Ma al-Aynayn/ son fils Ahmed al-Hiba, etc. » et des monarques du Maroc alors en lutte pour préservation l’intégrité territoriale du Maroc autour de « Moulay Hassan Ier, Moulay  Abd el Aziz, Moulay Hafid, Mohamed V, etc. ». 

 En conclusion, par-delà les documents de l’historicité génératrice de l’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, de l’historicité de l’autonomie du Sahara de nos jours sous souveraineté marocaine, augurant implicitement de « l’Initiative du statut d’autonomie négociable du Sahara », initié par le Maroc à l’ONU et des pourparlers à Manhasset avec le Polisario, les RMEF d’A. Laâbi, de M. Khaїr-Eddine, de D. Chraїbi et de T. Ben Jelloun, par leurs historicités originelle et de nos jours, leurs références toponymiques collectives et personnelles affirment la solidité géo-historique, économique,  ethno-culturelle et politique d’une telle solution au conflit anachronique  et obsolète, artificiellement entretenu dans la région de l’UMA. "La forme que revêtira la région, constitutionnellement consacrée, affirment A. Jazouli et M. Naimi, est mise sur l’Agenda des pouvoirs publics [v. statut d’autonomie négociée à Manhasset, en 2008]. La recherche de cette forme est intéressante quant à l’institution régionale conçue comme collectivité décentralisée surtout que l’expérimentation débutera dans les provinces sahariennes récupérées [en 1975].
  La recherche du devenir semble largement tenir compte des acquis historiques [historicités originelle et actuelle] à partir d’un espace [références toponymiques collective et personnelle] que ne dicteront plus de simples considérations statistiques [mais humaines]." - "LA RÉGION : ET SI LE PASSÉ RÉPONDAIT DE L’AVENIR ?", Maroc Europe, Op.cit., p.20.

                                              Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

          
         
         

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