lunes, 18 de octubre de 2021

Le romancier tanzanien sans compromis Abdulrazak Gurnah Prix Nobel de Littérature 2021, Dr. SOSSE ALAOUI Med

LE ROMANCIER TANZANIEN SANS COMPROMIS ABDULRAZAK GURNAH

PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 2021

 

     Dr. SOSSE ALAOUI Med

 

     Prix Nobel de littérature 2021, l'écrivain et romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah s'est dit "surpris et humble" de recevoir, en tant qu’Africain noir, cette prestigieuse distinction mondiale. Mais à y regarder de près, cela se justifie par l’œuvre et le charisme de l’homme militant réfugié en faveur des réfugiés victimes des séquelles du colonialisme européen, en Afrique de l’Est, son terroir, et dans l’ensemble du continent africain éprouvé. En est juges et témoins à cet égard, notamment :

   1. Un parcourt vital tumultueux de réfugié et immigré honorable :

   A considérer le cours de vie de l’actuel lauréat africain du prix Nobel de littérature (2021), il y a lieu de dire qu’il s’agit d’un parcourt vital tumultueux d'un réfugié et immigré postcolonial honorable. Né en 1948, à Zanzibar, archipel au large de la Tanzanie, prix Nobel de littérature (2021), Abdulrazak Gurnah  est un écrivain, romancier et professeur universitaire anglophone tanzanien. A dix-huit ans, il doit fuir son pays, car il est d’une communauté persécutée de Zanzibariens d'origine arabe. Il part pour la Grande-Bretagne, et y devient étudiant (1968). Il y poursuit ses études de lettres et y soutient sa thèse (1982). Il a enseigné à l’université de Kano, au Nigeria (1980-1982), puis devient professeur émérite de l’université du Kent, à Canterbury, de littératures anglaises et postcoloniales, et ce jusqu'à sa retraite (2004). Il est l’auteur de : Memory of Departure (1987), Dottie (1990), Paradise (1994), By the Sea (2002), Desertion (2005), The last gift (2011), A Grain of Wheat (2012), Admiring Silence (2016), Gravel heart (2017), Afterlives (2020), etc. – «Prix Nobel de littérature 2021 : qui est l'écrivain Abdulrazak Gurnah », www.bbc.com, p.1.

 

    2. Une œuvre d’entre autres qui plaide pour sa nobélisation littéraire universelle depuis 1994 :

 

Certes, l’élection du romancier africain, le Tanzanien Abdulrazak Gurnah, par l’Académie suédoise, le jeudi 7 octobre 2021, n’est pas sortie du néant. Avec une plume "empathique et sans compromis», issue de la chair de son terroir et du fond de son exil anglais, il a incessamment traité des états de lieu des revers de l’ère postcoloniale de son pays et de tout l’Est du continent africain, de fond en comble. En effet, en révèle placidement la teneur et la porte humaine et universelle ses œuvres, où se profilent le désarroi des thèmes de l'appartenance, du colonialisme allemand, du déracinement, des migrations et de la mémoire. Le roman couronné, Paradise, Ed. Penguin, Londres, 1995, est écrit en anglais et publié au Royaume Uni (1994). En souligne l’intérêt de ce choix, l’annonce le jury de l’Académie suédoise, en ces termes : «Le prix Nobel de littérature 2021 a été attribué au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah, a annoncé l’Académie suédoise, jeudi 7 octobre. L’auteur, connu notamment pour son roman Paradise (1994), a été récompensé pour sa narration « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents », selon le jury. Son œuvre s’éloigne des « descriptions stéréotypiques et ouvre notre regard à une Afrique de l’Est diverse culturellement qui est mal connue dans de nombreuses parties du monde », a expliqué le jury. » - www.lemonde.fr p.1. Une œuvre pleine d’humanité encore en cause qui a plaidé pour la nobélisation méritée littéraire de son auteur. D’ailleurs, l'Académie suédoise a loué Gurnah pour sa "pénétration sans compromis et pleine de compassion des effets du colonialisme.» - «Prix Nobel de littérature 2021: qui est l'écrivain Abdulrazak Gurnah», www.webcache.googleusercontent.com, p.1.

 

     3.  Ecrivain absent de la liste des pronostics ce prix fait l’heureuse surprise de tous et de son lauréat :

 

     A relever les réactions et les aveux des milieux littéraires, critiques et éditeurs, voire le lauréat et son éditeur, grande a été la surprise de ce prix Nobel, attribué à un écrivain absent de la liste des pronostics ce prix fait l’heureuse surprise de tous et de son lauréat. Ainsi est-il de son propre éditeur en Suède, Henrik Celander, a expliqué à la presse suédoise qu’il n’aurait jamais imaginé qu’il décroche le Graal littéraire. Quand l’Académie suédoise a appelé, « j’ai cru à une blague », a même confié Abdulrazak Gurnah. Ce prix est une surprise et de nombreux critiques et éditeurs ont confessé qu’ils ne connaissaient pas l’écrivain, absent de la liste des pronostics, même comme simple outsider.- Ibid. La Tanzanie a aussitôt salué cette distinction. « Vous avez sans aucun doute rendu justice à votre profession, votre victoire est celle de la Tanzanie et de l’Afrique », a déclaré sur Twitter le porte-parole du gouvernement, à l’adresse du natif de Zanzibar, cet archipel situé au large des côtes tanzaniennes.

Le chercheur Guillaume Cingal, de l’université de Tours, salue et présente pour En attendant Nadeau un « classique post-colonial » dont il manque la traduction et la diffusion en français.- «Abdulrazak Gurnah, prix Nobel » - www.en-attendant-nadeau.fr, p.1.

 

     4. Le témoin d’un pays d’un continent face à ses misères postcoloniaux récompensé :

 

     Le roman, le seul traduit en français, d’Abdulrazak Gurnah est nobélisé, étant déjà primé par la short-list du Booker Prize (1994), pour son roman : Paradise, Ed. Penguin, Londres (1995), écrit en anglais et publié au Royaume Uni (1994). Il est traduit en français Paradis, par Anne-Cécile Padoux, Ed. Le Serpent à plumes (1999) qui, de l’avis sous réserve, de Guillaume Cingal, n’est pas le roman le plus représentatif de l’œuvre de Gurnah, soulignant : «Or, Paradise n’est pas le roman le plus représentatif de l’œuvre [d’Abdulrazak Gurnah], en ce sens qu’il se passe au tournant du XXe siècle, dans le milieu des caravaniers de Zanzibar []. Il est normal qu’un écrivain qui s’attache aux conséquences des déchirements et des diffractions nées des colonisations européennes, voir ici allemande, etc., à la période contemporaine ait consacré deux de ses romans à l’époque coloniale, et, de façon notable, à la période cruciale des années 1880-1914». – « Abdulrazak GURNAH, Prix Nobel de Littérature », https://blogs.mediapart.fr, p.1.

 

   «Comme le dit le narrateur, glose-t-il, de la première partie d’Afterlives [son roman, paru en 2020] : « les Allemands et les Britanniques et les Français et les Portugais et les Belges et les Italiens et va savoir qui encore s’étaient déjà réunis en congrès entre eux, avaient dessiné leurs petites cartes, signé leurs traités, alors une telle révolte n’était ni fait ni à faire». – Op.cit.Ibid. Quant au roman couronné, selon Amadou Bal BA, il incarne le héros-narrateur, Yusuf, jeune garçon face aux disputes de ses parents. Pour régler une grosse dette de son père, il est vendu esclave. Il retrouve à vivre chez le dit oncle Aziz, son créancier et à travailler pour lui. Il voyage sur la route des caravanes, au début du siècle entre Zanzibar et le lac Victoria. Les personnages y sont de nationalités diverses, surtout en milieu urbain, résultats de la migration, au cœur de la même ville pour y cohabiter. Se côtoient alors des Africains natifs – dits civilisés ou sauvages –, des Grecs, des Indiens et des Arabes. Sous le joug du colonisateur allemand, il risque d'y perdre la vie, dans les violences entre Indiens, Arabes, Allemands et noirs tanzaniens. De retour, il sera le jouet d’une maîtresse, cloîtrée, dans un jardin qui ressemblait à l'Eden ». – Op.cit., Ibid.

 

    5. Une voix sans compromis contre les effets du colonialisme et le sort migratoire des réfugiés :

 

    Mérite oblige, dirait-on, le Prix Noble de littérature (2021), décerné à l’auteur de Paradise (1994), Abdulrazak GURNAH, s’avère être la récompense d’une voix sans compromis, contre les effets du colonialisme européen, le sort migratoire, l'identité des réfugiés. A cet égard, celui-ci déclare à l'AFP, rapporte Lola-Jeanne Cloquell : « "Je suis un observateur (...) J'écris sur ce qui se passe dans le monde dans lequel je vis et, en ce moment, (la question migratoire) est le thème, la préoccupation du monde dans lequel je vis" dit encore M. Gurnah, ajoutant : "c'est l'histoire de notre temps". – « Le prix Nobel de littérature 2021 est décerné au romancier tanzanien Abdulrazak Gurnah », https://www.rci.fm, p.1. Il a appelé a appelé l’Europe à voir l’arrivée des réfugiés venus d’Afrique comme une richesse. « Beaucoup de ces gens qui viennent, viennent par nécessité, et aussi franchement parce qu’ils ont quelque chose à donner. Ils ne viennent pas les mains vides », a affirmé l’écrivain dans une interview à la Fondation Nobel, appelant à changer de regard sur « des gens talentueux et pleins d’énergie ». Ibid.

 

    En conclusion, toutes nos plus vives congratulations au bienheureux élu de l’Académie de Suède, le grand écrivain et romancier, le Dr. Abdulrazak Gurnah,  notre lauréat panafricain du Prix Noble de Littérature 2021, à son pays  la Tanzanie, l’Afrique de l’Est, et à tout le continent africain, dont le Maroc, vivant, comme il le dit, en ce moment, la question migratoire, le thème, et la préoccupation du monde actuel, et par la même occasion, citons in fine, l’opinion grandiloquente d’un de ses collègues universitaires, Bashir Abu-Manneh, le directeur de son ancien département universitaire, à son endroit, notamment : «Aucun auteur aujourd'hui n'a si bien articulé les peines de l'exil et les récompenses de l'appartenance. Canterbury et le Kent sont à la fois son exil et sa maison.» - «Le Nobel de littérature sacre le romancier d'origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah», www.france24.com, p.1.  

                                                       Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

 

 

 

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