jueves, 17 de octubre de 2013

LE DARWINISME SOCIAL CHEZ LES POETES ARABES



LE  DARWINISME SOCIAL DES POÈTES
ARABES DE TOUS LES TEMPS

     Paradoxalement, il serait évident de dire, depuis l’homicide prédateur d'Abel par Caïn (Le Coran, la Table servie, v.30, pp.111-112) que le darwinisme social n’ait pas hanté, bien avant Charles Darwin (1809-1882) et Herbert Spencer (1820-1903), la société des hommes à l’image de celle des animaux en lutte pour la vie. En est la preuve parmi d'autres, les œuvres des poètes arabes précurseurs et chantres de cette compétitivité humaine pour la survie de tous les temps. "Dans le domaine social, le darwinisme [de Charles Darwin – 1809-1882], selon Denis Touret, a donné naissance, au XIXème siècle, à une théorie – le darwinisme social – dont le représentant principal est l'anglais Herbert Spencer [1820-1903] (…). Le darwinisme social affirme que la compétition, la lutte pour la vie, affecte, à l'intérieur de l'espèce humaine, les différents groupes sociaux qui le compose (familiaux, ethniques, étatiques) de telle sorte que des hiérarchies se créent, qui sont le résultat d'une sélection sociale qui permet aux meilleurs de l'emporter [de survivre]." – "Herbert Spencer (1820-1903) : Darwinisme social", www.denistouret.fr , p.1. Ainsi est-il possible de relever chez les poètes arabes de tous les temps les traits du darwinisme social suivants :

  I- LES TRAITS DES ÉCRIVAINS GRÉCO-LATINS ET ARABES PRÉCURSEURS DU DARWINISME SOCIAL CHEZ POÈTES ARABES DE TOUS LES TEMPS : 
    
   Il va sans dire que  les traits du darwinisme social chez les poètes arabe de tous les temps avaient eu des racines chez les écrivains tant gréco-latins qu'arabo- musulmans. En ce sens, il faut noter :

  1- LES TRAITS DES ÉCRIVAINS GRÉCO-LATINS PRÉCURSEURS DU DARWINISME SOCIAL ET POÈTES ARABES DE TOUS LES TEMPS :

   Parmi les principaux les traits du darwinisme social et les poètes arabe de tous les temps, il y a lieu de remarquer que l'idée d'évolution biologique remonte aux époques antiques où certains philosophes grecs croyaient à cette idée comme Anaximandre (v. 610- 547 av. J.-C.), Epicure (v. 341-270 av. J.-C.) ainsi que des philosophes indiens tel Patanjali (IIe s. av. J.-C.). –"نظرية التطور" , www.wikipedia.org, p.1. A ce sujet Martin Godon indique que  "les penseurs de l'antiquité gréco-latine n'ont pas élaboré l'idée d'une nature en évolution, mais certains d'entre eux avaient tout de même émis à titre hypothétique des idées [des traits] qui se rapprochent de quelques aspects [traits] de la théorie de Darwin. Par exemple, plusieurs présocratiques tels : Héraclite [v. 540-480 av. J.-C.] et Empédocle [v.490-435 av. J.-C.], prétendaient que l'univers se transforme sans arrêt. Plus tard, Epicure et Lucrèce [v. 98-55  av. J.-C.] vont enseigner une doctrine selon laquelle le hasard intervient d'une certaine façon dans le développement de la nature.

   Au quinzième siècle, Léonard de Vinci [1452-1519] imagine que des transformations successives de la terre et des êtres vivants expliqueraient la présence des fossiles marins en montagne." – "La théorie de l'évolution",  www.cvm.qc.ca, p.1. Quant aux traits du darwinisme social des écrivains européens précurseurs du darwinisme social, on peut citer :

   2- LES TRAITS DU DARWINISME SOCIAL DES ÉCRIVAINS EUROPÉENS CO-PRÉCURSEURS DES POÈTES ARABO-MUSULMANS DE TOUS LES TEMPS :

     Pour ce qui est des traits écrivains européens co-précurseurs du darwinisme social, Martin Gordon rappelle : ""Les chercheurs qui ont élaboré des hypothèses et des théories qui ont dû influencer la réflexion darwinienne sont assez nombreux. Carl Von Linné (1707-1778), Buffon (1707-1788) et Georges Cuvier (1769-1832) ont tous plus ou moins adhéré à l'idée que des transformations limitées affectaient peut-être les êtres vivants (…). S'inspirant de la théorie de Darwin, le philosophe anglais Herbert Spencer (1820-1903) a appliqué l'idée de survie du plus apte à la morale, la politique et la psychologie (…). En contrepartie, le philosophe français Henri Bergson (1859-1941) critiquera radicalement le darwinisme social sans remettre en doute la théorie de l'évolution sur le plan biologique." - "La théorie de l'évolution",  Op.cit., p.1. Du côté des traits du darwinisme social des écrivains arabo- musulmans co-précurseurs des poètes arabes de tous les temps, on peut constater :

    II- LES TRAITS DU DARWINISME SOCIAL DES ÉCRIVAINS ARABO-MUSULMANS CO-PRÉCURSEURS DES POÈTES ARABES DE TOUS LES TEMPS :

      Des écrivains arabo- musulmans co-précurseurs de du darwinisme social des poètes arabes de tous les temps, on constate en particulier, dans un article de Wikipédia : "De même que parmi ceux [les écrivains] qui vécurent dans le monde musulman, au troisième et quatrième siècles [de l'Hégire/ neuvième siècle], comme Al Djahiz et Al Masudi croyaient en cette théorie [le darwinisme social avant la lettre]. Mais aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, Jean Baptiste Lamarck [1744-1829] (et Charles Darwin (1809-1882) ont ressuscité cette ancienne théorie avec quelques modifications." –"نظرية التطور" , Op.cit., p.1.

    Ainsi citera-t-on Al Djahiz qui, selon Kahm Piankhy, affirmant à propos des Ethiopiens (dont il est lui-même) : "Une couleur brun pâle, qui est la plus heureuse et la plus appropriée. Ce sont ceux qui sont amenés juste à point dans le sein de leur mère. Ils ne sont pas, comme les bébés tombés du ventre des Slaves ou d'autres femmes de complexion analogue, d'une couleur située quelque part entre blond, chamois, blême et lépreux; il n'y sont non plus trop cuits dans la matrice jusqu'à en être brûlés en sorte que l'enfant sorte noir et fuligineux…" – "Essai de Kahm Piankhy : L'esclavage des noirs en terre d'Islam",  www.piankhy.com, p.1.

     Par ailleurs, Kahm Piankhy indique que beaucoup d'auteurs musulmans utiliseront la "théorie des climats" pour justifier des aptitudes ou des inaptitudes des peuples qu'il croient connaître. Sur ce point, ils sont quasiment tous d'accord pour ranger les Slaves authentiques et les Africains tous en bas de l'échelle humaine (…). Lorsque Saïd al- Andalusi (11029-1070), cadi de Tolède, parle de l'influence du climat sur les aptitude des peuples du monde, il évoque les Slaves d'un point de vue ethnique (…). Au sujet des Africains, à ses yeux, ils sont encore plus arriérés encore que les Slaves et les Bulgares…" – "Essai de Kahm Piankhy : L'esclavage des noirs en terre d'Islam",  Op.cit., p.1-2.

     Pour Ibn Khaldun (1332-1406), il asserte au sujet des Noirs dans ses "Prolégomènes" : "Au-delà du pays des Lemlem, dans la direction du sud, on rencontre une population peu considérable; les hommes qui la composent ressemble plutôt à des animaux sauvages qu'à des êtres raisonnables. Ils habitent les marécages boisés et les cavernes; leurs nourriture consiste en herbes et en graines qui n'ont subi aucune préparation; quelquefois même, ils se dévorent les uns les autres : aussi ne méritent-ils pas d'être comptés parmi les hommes." – Ibid., p.2.

  Il ressort  la manifestation des traits poétiques du darwinisme social dans les textes des poètes arabes de tous les temps suivants :

  II- LES TRAITS POÉTIQUES DU DARWINISME SOCIAL CHEZ LES POÈTES ARABES DE TOUS LES TEMPS :

  La manifestation des traits poétiques du darwinisme social dans les textes des poètes arabes de tous les temps suivants est comme dit Jean-Luc Dancy : "Si la poésie fictionne, c'est en tant que théorie : vision productrice de ses visions." – "Lapsus judicii", in "Communications", N°26, Ed. Seuil, 1977, p.82. Cela pourrait être saisi plus chronologiquement au niveau de leurs textes comme suit :

    1- LES TRAITS POÉTIQUES DU DARWINISME SOCIAL DANS LES TEXTES DES POÈTES ARABES ANTÉ-ISLAMIQUES DE TOUS LES TEMPS :

     Toutefois, comme l'assure Mohamed El Fassi et alii : "L'homme de lettres subit l'influence comme la littérature est influencée par des facteurs culturels  du pouvoir et du milieu, des conditions sociales, politiques et religieuses qui prédominaient leur époque (…) et l'écriture signifie l'écrivain, l'état de son monde de joie, de tristesse, de pauvreté ou de richesse et  désigne son origine digne ou indigne, s'il est né à la campagne ou en villes. C'est pourquoi on dit : le miroir de l'homme de lettres, c'est son origine." – "Al Adab wa al Nusus, t.4", Casablanca, Ed. Maktabat Al Wahda Al Arabiyya, 1962, p.16. De la sorte, nous verrons successivement les traits poétiques du darwinisme social dans :


      a- Le trait du darwinisme social marquant la sélection et de la lutte pour la survie numérique du clan roturier au dépens du clan aristocratique guerrier chez le poète arabe israëlite anté- islamique  Samaw'al Ibn Adiyya (1ère moitié du 6ème siècle Chr.) :  
  
      Le poète Samaw'al réplique, dans son poème satirique, à la femme bourgeoise au clan numériquement supérieur qui traita son clan chevaleresque de numériquement inférieur et de minoritaire. Il se spécifie cela par le caractère guerrier des siens, ignorant la mort naturelle, protecteurs de leur voisin et par la pureté de leur naissance légitime, noble et chaste, comme dans ces vers pleins verve :

      "Elle nous reprochait d'être peu nombreux/ Je lui ai dit que les nobles sont peu nombreux//. Il ne nous nuit guère d'être peu nombreux et/ notre voisin protégé et le voisin des plus nombreux avili//. Nos âmes s'écoulent sur le tranchant des sabres/ et non sur d'autre chose ne s'écoulent//. Purs sans tâche, secret que gardent mâles et/ femelles qui bien nous portèrent//. Nous sommes comme l'eau des nuées, nulle sénilité/  dans notre érection et nul n'est avare parmi nous//." – "Al Adab wa al Nusus, t.4", Casablanca, Ed. Maktabat al Whada al Arabiyya, 1961, pp.228-229.  

      Ainsi, comme le souligne Yvan Lepage : "Le darwinisme social affirme que la compétition, la lutte pour la vie, affecte, à l'intérieur de l'espèce humaine, les différents groupes sociaux qui la composent (familiaux, ethnique, étatique) de telle sorte que les hiérarchies se créent, qui sont le résultat d'une sélection sociale, qui permet au meilleur de l'emporter [démographiquement]." – "Théorie de Spencer et le darwinisme social", www.YvanLepage@ulb.ac.be , p.1.   

  b- Le trait du darwinisme social marquant la sélection par la vieillesse et la lutte pour la défense de l'espace vital chez le poète arabe anté- islamique  Zuhaïr Ibn Abi Salma (1ère moitié du 6ème siècle Chr.) : 
     Dans son épître (Al Mu'allaqa), le poète arabe anté- islamique alors  octogénaire Zuhaïr Ibn Abi Salma (1ère moitié du 6ème siècle Chr.), se plaint de son dépérissement par la vieillesse et ressasse la lutte que doit mener tout un chacun pour défendre son espace vital, sans cesse menacer par les hommes prédateurs. Il en relate notamment dans cet extrait très instructif sur la vie sauvage des hommes du désert :

       "Las des dépenses de la vie pour/ qui vit quatre vingts ans certes las//.
Je vis la mort errer au hasard, qui elle atteint/ périt et qui elle délaisse vivre et vieillir//. Qui se montre délicat dans maints faits/ se fait lyncher par des crocs et fouler aux pieds// Qui ne lutte pas pour défendre son espace vital/ se fait dévaster, et qui ne n'agresse pas se fait agresser//. La langue de l'homme est sa moitié et son cœur/ l'autre et il n'en reste plus qu'une image de chair et de sang//. "Al Adab wa al Nusus, t.3", Casablanca, Ed. Maktabat Assalam, 1961, pp.30-35.

       Autrement dit, selon Philippe Deval : "Sa définition [la société humaine] est plus compliquée à proposer (…). Mais surtout, une société ne peut être définie sans que l'on précise sa dynamique. Elle aspire en effet, à se reproduire [contre la vieillesse et mort] et se maintenir [la défense de son espace vital] (…). Elle se caractérise par différents niveaux, intégrant en sein la famille, le clan, l'ethnie…" – "LE CHOC DES CULTURES", Paris, ED.ESKA, 1993, p.17.      

   d- Le trait du darwinisme social marquant la sélection par la dégénérescence juvénile et la lutte pour la préservation du clan chevaleresque puritain chez le poète arabe anté- islamique  Tarafa Ibn Al Abd (542-569 Chr.) :

   "Si le clan dit : qui est le vaillant? Je crus que je/ suis visé et je ne faiblis ni ne m'abrutis//. Je ne fréquente pas les vals par crainte/ mais dès que le clan se déplace, je me déplace//. Si tu me veux dans le cercle des gens, tu m'y trouves/ et si tu me sollicite dans les buvettes, tu m'attrapes//. Et je ne cesse de boire les vins de mon goût/ en vendant et dépensant mes deniers et mon legs//. Au point que tout le clan m'expulse/ et m'isole tel un chameau vil, marqué de goudron//. Pourquoi vois-je mon cousin Malek/ quand je l'approche me fuir de loin?// L'injustice des proches est plus douloureuse/ sur l'âme d'un homme qu'un coup de sabre indien//.

    En ce sens, Walter Müller- Seidel citant Nietzsche note: "Quand la lutte est à l'ordre du jour, comme dans (…) le darwinisme social, la jeunesse est la bienvenue (…). Les positions de Nietzsche ne font aucun doute (…), il expose ainsi sa position : 'Les natures dégénérées sont d'une grande importance chaque fois qu'on est à la veille d'un progrès [mutation]…il est rare qu'une dégénérescence, une atrophie, voire un vice [délinquance, alcoolisme, gaspillage d'argent], et d'une façon générale une défaillance physique ou morale [les us du clan], ne s'accompagne d'un avantage en contrepartie [mort du mutant]…" – "Critique de la science origine de la modernité et partition des cultures dans les années 1900", www.rgi.org, pp.6-7.   

     d- Le trait du darwinisme social marquant la sélection guerrière  et la lutte pour la préservation de la hiérarchie du clan prédateur et sa domination de l'espace vital chez le poète arabe anté- islamique Amr Ibn Al Kalthoum (545-début du 7ème s. Chr.) :

    "Nous héritâmes la gloire du haut Maâdi/ nous combattîmes pour lui jusqu'à sa matérialisation//. Nous possédons la terre et celui qui y vit dessus/ et nous nous attaquons quand nous attaquons avec aptitude// Nous occupâmes la terre à la rendre exiguë/ et l'eau de la mer nous remplîmes de navires// Lorsqu'un l'un nos bébés atteint le sevrage/ les géants s'effondrent pour se prosterner à ses pieds//.

    A cet égard, il faut marquer avec le prince anarchiste russe, Pierre Kropotkine une réserve : "Kropotkine, sans nier la théorie de l'évolution de Darwin, y précise que les espèces les mieux adaptées ne sont pas nécessairement les plus agressives, mais peuvent être les plus sociales et solidaires (…). Kropotkine ne nie pas non plus l'existence de compétition [de guerre], mais pense que la compétition est loin de constituer le seul facteur de l'évolution, et que l'évolution progressiste est plutôt due à la socialisation et à l'entraide mutuelle [v. le clan du poète Amr]". – "Darwinisme social", www.wikipedia.org , p.4.   

   Par ailleurs, il est également possible d'observer la manifestation des traits poétiques du darwinisme social dans les textes des poètes arabo- islamiques de tous les temps, en relevant :
   2. LES TRAITS POÉTIQUES DU DARWINISME SOCIAL DANS LES TEXTES DES POÈTES ARABO- ISLAMIQUES DE TOUS LES TEMPS :

    Pour ce qui est des traits poétiques du darwinisme social dans les textes des poètes arabo- islamiques de tous les temps, il y a lieu de rappeler le thème de l'anthropophilie animale avancé par Frans de Waal dans Wikipédia : "Le primatologue neerlando- américain Frans Waal, qui a étudié au début du XXIème siècle le sentiment d'empathie [d'anthropophilie] chez les animaux, en déduit que le darwinisme social ' est une interprétation abusive : oui, la compétition [la lutte] est importante dans la nature mais, on l'a vu, il n'y a pas que cela. (…) Nous sommes aussi programmés pour être empathiques, pour être en résonance avec les émotions des autres…" - "Darwinisme social", Op.0cit., Ibid. Illustre cet aspect anthropophile :

   a- Le trait du darwinisme social marquant l'anthropophilie animale  et la lutte pour la défense de l'espace vital chez le poète arabe arabo- islamique Ibn Rumi  (870-913 Chr.) dans son poème satirique :

     "Dans ta face, O Amr il y a un allongement/  et dans la face des chiens il y a un allongement//. Les défauts du chien sont tous en toi unis / il les abandonne, mais tu ne les abandonnes point// Il y a en lui des choses utiles/ Dieu t'en a privés et ainsi que le Prophète//. Le chien est fidèle et en toi il y a traîtrise/ et tu es à un degré plus bas de son indignité//. Il peut défendre les troupeaux/ mais tu ne défends guère ni tu ne triomphes//." - "Al Adab wa al Nusus, t.4", Op.cit., p.264.

  Il s'agit en fait dans l'anthropophilie animale du rôle de la morale dans la loi de la sélection naturelle et sociale chez l'homme que Darwin attribue à la civilisation, fondé sur l'éducation, la raison, la religion, et la loi morale en concluant : "Si importante qu'ait été, et soit encore, la lutte pour l'existence, cependant, en ce qui concerne la partie la plus élevée de la nature de l'homme, il y a d'autres facteurs plus importants. Car les qualités morales progressent, directement ou indirectement, beaucoup plus grâce aux effets de l'habitude, aux capacités de raisonnement, à l'instruction, à la religion, etc., que grâce à la Sélection Naturelle; et ce bien que l'on puisse attribuer en toute assurance, à ce dernier facteur les instincts sociaux, qui ont fourni la base du développement du sens morale [v. anthropophilie]." - "Darwinisme social", Op.0cit., p.3.

    b- Le trait du darwinisme social marquant l'anthropomorphie animale  et la lutte pour la défense de l'espace vital chez le poète arabe arabo- islamique bédouin Ali Ibn Al Jahm  (788-863 Chr.) dans son poème apologétique dédié à au Calife omayyade Abd el Malik ibn Marwan :

    "Tu es comme le chien à conserver l'amitié/ et le bouc à affronter les malheurs//."

   Il faillit le châtier être châtier par les gens de la cour. Mais le Calife intervint et leur dit : "Patience! Il nous a donné de ce qu'il tient de son origine. Menez sur les bords de l'Euphrate un bout de temps et ramenez-le moi. A son retour, six plus tard, il chanta au calife son poème, ayant incipit érotique :

   "Les yeux d'antilopes entre le pavé et le pont/ ont possédé le charme de ce que je sais et de ce que ne je sais//."

    A constater que la "participation de l'État (le calife) n'est pas un nécessité dérivé de a condition humaine : un individu [le poète bédouin Ibn Al Jahm] peut vivre sans autorité supérieure [la cour du calife hostile à l'anthropomorphisme animal du poète], et plusieurs individus peuvent vivre sans autorité supérieure. La participation de l'Etat, quand elle se produit, se produit, est donc forcément contrainte. (…) C'est l'essence du darwinisme social : forcer sur l'homme une contrainte non – nécessaire, l'obliger à répondre à des critères antinaturels car situés en dehors de sa condition [son milieu rural], imposer l'adaptation de l'homme à des conditions arbitraires et évitables [milieu urbain], plutôt que de le laisser s'auto- déterminer." - "Qu'est-ce que le darwinisme social?",  www.jesrad.wordpress.com, p.2.

     c- Le trait du darwinisme social marquant l'animisme anthropomorphique  et la lutte pour la défense de l'espace vital chez le poète arabe arabo- islamique Abu Tammam (803-845 Chr.) dans son poème sur le siège d'Ammuria, prise par le Calife abbasside Al Mutassim contre l'avis des astrologues, l'ayant fixée au mûrissement des figues et des raisins :

     "Le sabre informe plus sincèrement que les livres/ sur son tranchant il y a la limite entre le sérieux et l'enjeu//. La blancheur des sabres plats non la noirceur des tables sur/ les bords desquels la dissipation du doute et des suspicions//. Soixante dix mille comme des lions de brousse ont mûri/ leurs peaux avant la mûrissement des figues et raisins//. Certes, tu y délaissa prince des croyants/ au feu, un jour de roc et bois humiliés// -  "Al Adab wa al Nusus, t.4", Op.cit., pp.287-288.


   Là, on pourrait parler évidemment d'animisme anthropomorphique et de lutte pour la défense de l'espace vital chez le poète arabo- islamique Abu Tammam. "Je pose la question avec le pressentiment, écrit Lothar Käzer, que l'expérience poétique offre des analogies avec l'expérience animiste (…). La poésie crée un double monde, de ses espaces, de son histoire, de ses êtres vivants (…). D'autres types d'expériences pourraient être évoquées pour démontrer que le phénomène "animiste" n'est pas à reléguer au magasin des accessoires "primitifs" [du darwinisme social], mais qu'il est toujours d'actualité, sous des formes, des intensités de volumes très variables." – "Animisme : Introduction à la conception du monde et de l'homme dans les sociétés axées sur la tradition orale", www.missiologie.net, p.1.

   d- Le trait du darwinisme social marquant la sélection raciale  et la lutte pour la défense de l'espace vital chez le poète arabe arabo- islamique Abu Taiyyeb Al Mutanabbi (935-986 Chr.) dans son poème satirique contre le roi noir d'Egypte Kafur Al Akhchidi qu'il avait glorifié auparavant sans en être gratifié :

    "Est-ce chaque fois qu'un vil esclave tue son maître/ ou le trahit trouve en Egypte un préliminaire//. L'eunuque devint le leader des esclaves fugitifs/ l'homme libre est asservi et l'esclave adoré//. Les nobles d'Egypte se sont assoupis face ses renards/ qui se sont saturés de grappes inépuisables//. L'esclave ne peut être frère d'un homme libre vénérable/ même s'il est né dans l'habit d'un homme libre//.N'achète l'esclave qu'accompagné d'une bâton/ car les esclaves sont souillons et ingrats//." - "Al Nusus Al Adabiyya wa Al Qiraâ, t.2", Casablanca, Ed. Maktabat Al Wahda Al Arabiyya, 1970, p.28.               
            
     Il s'avère ici que le darwinisme social s'inscrivait dans la politique esclavagiste et raciale avant la lettre chez le poète Al Mutanabbi. "Herbert Spencer, lit-on dans Wikipédia, 'voit dans les luttes civiles  et la guerre de conquête [l'esclavage des noirs, leur accès sanglant au pouvoir] rien moins que l'application à l'espèce humaine de la sélection naturelle'. Spencer fournit ainsi une explication biologique aux disparités [inéglités raciales] observées entre les sociétés sur la trajectoire prétendument unique de l'histoire humaine : les peuples les moins 'adaptés' à la lutte pour la survie [Kafur en Egypte, un espace vital] seraient restés 'figés' au stade primitif conceptualisé par les tenants de 'l'évolutionnisme anthropomorphique."  - "Darwinisme social", Op.0cit., p.2.  

    Quant aux traits poétiques du darwinisme social dans les textes des poètes arabes modernes de tous les temps, ils sont observables notamment dans ce qui suit :

   3- LES TRAITS POÉTIQUES DU DARWINISME SOCIAL DANS LES TEXTES DES POÈTES ARABES MODERNES DE TOUS LES TEMPS

    A propos des traits poétiques du darwinisme social dans les textes des poètes arabes modernes de tous les temps, il faut d'abord éclairer à cet l'idée de modernité dont Walter Müller- Seidel note : "Le terme de 'modernité' est apparu pour la première fois  en 1886, à Berlin, centre du naturalisme allemand (..). Comme pour les savants naturalistes eux-mêmes, l'idée de progrès demeure le critère et la norme de la pensée, des écrivains naturalistes (…). Cet attachement indéfectible aux principes du progrès, de la causalité et de l'unicité universelle débouche sur une croyance en la science qui caractérise tout autant les savants naturalistes que les écrivains du naturalisme. Elle prend parfois des formes plus ou moins religieuses; les théories de Darwin, en particulier, font souvent l'objet d'une sorte de culte nouveau…" – "Critique de la science origine de la modernité et partition des cultures dans les années 1900", Op.cit., p.2.  Ainsi verra-t-on à ce sujet des poètes arabes modernes suivants:

    a- Le trait du darwinisme social marquant la sélection naturelle par le progrès de la modernité dans la lutte pour la survie chez le poète arabe libanais moderne Ilia Abu Madi (1889-1957 Chr.) dans son poème satirique "L'argile" :

    "L'argile oublia une heure qu'il était argile/ vile et devint vaniteux et se fit orgiaque/  La soie vêtit son corps, il se vanta et l'argent remplit son sac il se rebella// O frère, ne détourne ta face de moi/  je ne suis pas charbon et toi étoile polaire// tous mes espoirs sont-ils en terre/ et tous tes espoirs  en or massif ?//. O argile tu n'es pas plus pur, plus élevé plus noble/ qu'une terre que tu foules que tu prends pour oreiller//. Que tu règnes ou que tu ne règnes pas tu n'es qu'un/  animal à la fois prédestiné et asservi//." - "Al Jadid fi Al Adab Al Arabi", Beyrouth , Ed. Maktabat Al Madrasa, 1957, pp.69-70.               
     
    Dans cette optique, on relève à propos du darwinisme social marquant la sélection naturelle par le progrès de la modernité dans la lutte pour la survie des humbles contre des forts dans la société humaine chez Darwin lui-même : "Douze ans après 'L'Origine des espèces'", et alors que tout le monde en a déjà déduit que "l'homme descend du singe" [l'argile animal du poète Abu Madi], Darwin y soutient entre autres que l'homme est bel et bien le produit de l'évolution, ce qui s'oppose à la doctrine créationniste : 'On ne peut plus croire que l'homme soit l'œuvre d'un acte séparé de la création' (ibid., p.728), et replace celui-ci au sein du processus de sélection naturelle, en dépit de son apparente supériorité évolutive 'avec toutes ses capacités sublimes, l'homme porte toujours dans sa construction corporelle l'empreinte indélébile de sa basse origine (ibid., p.741 [v. l'argile]." - "Darwinisme social", Op.cit., p.3.   

 b- Le trait du darwinisme social marquant la sélection sociale par le progrès de la modernité dans la lutte pour la survie par la volonté de puissance chez le poète arabe tunisien moderne Abu Al Qasim Chabbi (1889-1957 Chr.) dans son poème "La volonté de vivre" :

    "Qui ne fut embrassé par l'envie de vivre/ s'évapora dans son air et s'anéantit//. Ainsi m'avaient parlé les êtres/ et m'avaient parlé leurs esprits secrets//. 'Si tu aspires à un objectif/ tu te vêts d'espoir et tu écartes la prudence//. Qui n'aime l'ascension des montagnes/ vit à jamais parmi les crevasses//. La terre m'a dit en l'interrogeant/ mère est-ce que tu hais les hommes:// C'est l'univers vivant qui aime la vie/ et méprise le mort qui s'anéantit//. Ni l'horizon ne couve les oiseaux morts/ Ni les abeilles n'embrassent les fleurs mortes//. Malheur à qui n'a envie de vivre/ de la malédiction du néant attendu//." - "Al Jadid fi Al Adab Al Arabi", Op.cit., pp.10-11.

     On peut rappeler ici avec W. Seidel- Müller en l'occurrence qu' "Il s'agit dans une grande mesure de la référence aux théories de Darwin et à l'idéologie qu'ils introduisirent, le darwinisme social, tel qu'ont pu le propager Haeckel et les siens (…). L'esthétique de la lutte [pour la vie chez Chabbi], propre à la littérature naturaliste est à mettre en rapport avec le darwinisme et le darwinisme social.(…) Chez  Hauptmann également, l'univers poétique est empreint de l'idée que la lutte est le père des choses.(…) Il nous faut ici parler de Nietzsche (…). Dans ses premiers écrits, déjà, il oppose à l'optimisme quant à la civilisation – un optimisme nourri par la croyance en la science et dans le progrès…" - – "Critique de la science origine de la modernité et partition des cultures dans les années 1900", Op.cit., p.2-3.  

    d- Le trait du darwinisme social marquant la sélection sociale par le progrès de la modernité dans la lutte pour la survie par la science et la volonté de puissance chez le poète arabe marocain moderne Abu Al Qasim Chabbi (1889-1957 Chr.) dans son poème "Enfants de ma patrie" :

    "Enfants de ma patrie, les peuples et leurs gens/ se sont certes tous réveillés et vous êtes endormis//. Le temps de la vile ignorance a passé son temps/ Et ce temps est le moment de s'instruire//. Par la science, ils bâtirent dans les mers des logis/ et par eux ils nagèrent et firent nager//. Par la science, leurs montures dans le ciel avancèrent/ alors qu'ils sellèrent le dos des vents et le bridèrent//. Par la science, alors qu'ils séjournent à l'Est/ avec qui ils veulent parler à l'Ouest, ils parlent// Par la science, les deux camps anéantirent certains d'entre eux/ et les flèches n'avaient guère différés entre les deux partis //" - "Al Adab wa al Nusus, t.3", Op.cit., pp.462-463.

    A vrai dire, le darwinisme social rejoint ici l'idée du progrès et de la science porteuse de la volonté de puissance de l'humanité moderne et facteur de sa destruction éventuelle par la guerre, ou comme dit W.S. Müller : "Résoudre les problèmes [du sous-développement dans le tiers-monde et le monde développé], c'est là une notion clé de la science moderne, et l'une des grandes promesses de cette fin du siècle précédent est qu'elle parviendra à résoudre toutes les énigmes de notre monde. La littérature moderne se montre sceptique et ironique à l'égard de telles promesses [v. ici le poète Ibn Brahim face à la guerre]." - "Critique de la science origine de la modernité et partition des cultures dans les années 1900", Op.cit., p.4-5.

    e- Le trait du darwinisme social marquant la sélection naturelle par le progrès de la modernité et la lutte pour la survie contre le colonialisme et les guerres de conquête chez le poète arabe algérien moderne Mufdi Zakaria (1913-? Chr.), dans son poème "Fidèle à la promesse d'arabité"

    "Va dans le Maghreb arabe, une mélodie/ dans la guitare des festivités une race//. Messager d'Orient…dis en Orient qu'on/ est fidèle à la promesse d'arabité, nous demeurons//. Mais si en Algérie on nous avait dénié/ nous percerons (l'unanimité) de bout en bout//. Nous bondîmes comme des bêtes fauves et nous prîmes/ pour voie de l'indépendance toutes les âmes//. Nous sommes en Algérie un bon peuple/ son arabité le long des générations ferme//. Que la grande unité au cas où/ l'Algérie se libère demeurera/." - "Al Adab wa al Nusus, t.5", Casablanca, Maktabat Rachad, pp.572-573.    
  
     A propos du darwinisme social et le colonialisme des temps modernes, Wikipédia évoque notamment : "Sur le plan politique, le darwinisme social a servi à justifier scientifiquement plusieurs concepts politiques liés à la domination par une élite [une nation, la France], d'une masse [une autre nation, le Grand Maghreb] jugée moins apte [par des armes plus sophistiquées]. Parmi ceux-ci, on trouve le colonialisme (…), le fascisme, et surtout le nazisme [l'impérialisme et la compétition mondialiste]. En effet, cette idéologie considère légitime que les races humaines et les êtres les plus  faibles disparaissent [ou soient exploités] et laissent la place aux races et aux êtres les mieux armés pour survivre. De nos jours, le darwinisme social inspire certaines idéologies d'extrême droite [raciste]." - "Darwinisme social", Op.cit., p.2.  
     
    Pour conclure, il y lieu de dire littérairement qu'il est possible de relever chez les poètes arabes de tous les temps les traits du darwinisme social comme dans d'autres domaines de la société humaine en générale dont cette doctrine scientifique semble avoir puiser ses fondements poétiques et socio- politiques avant la lettre. Car comme le souligne sciemment Walter Seidel – Müller : "Dans son livre "Kant et Goethe", "une contribution à l'histoire de la vision moderne du monde", Georg Simmel soutient la thèse qu'il s'agit de "reconquérir, sur une base supérieure, l'unité perdue entre nature et esprit, entre mécanisme et sens intime, entre objectivité scientifique d'une part et sens et évaluation subjective de la vie et des choses, d'autre part (…). C'est encore plus évident lorsque l'on considère une autre notion fondamentale cette doctrine issue de la science : la lutte pour la vie. On retrouve ce motif [trait] de la lutte (…) dans l'acception que lui donne le darwinisme social (…). Le rejet de la lutte, de la victoire et de la domination sont des thèmes [des traits] récurrents de la modernité [comme de l'antiquité arabo- islamique et arabo- moderne] en littérature." - "Critique de la science origine de la modernité et partition des cultures dans les années 1900", Op.cit., pp.5-6.

                                            Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

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