viernes, 10 de agosto de 2012

HUERTA MULLER P. NOBEL 2009 ET LA PROSE POETIQUE

HUERTA MÜLLER : PRIX NOBEL 2009
INCARNERAIT DU COUP LA PROSE POÉTIQUE
CIVISTE AU DÉPENS DE LA POÉSIE ET DE LA
PROSE ENTRE AUTRES INDÛMENT LÉSÉS ?

      Habituellement, le prix Nobel, récompense, depuis sa création en 1901 par l’inventeur de la dynamite, Alfred Nobel, (1833-1886), les bienfaiteurs de l’humanité en physique, chimie, physiologie et médecine, littérature, amélioration des relations entre les peuples (prix Nobel de la paix) et sciences économiques (depuis 1969). Et c’est à la roumaine d’expression allemande, Herta Müller, née le 17 août 1953, dans le village Nitzkydorf, dans la région de Banat, qu’est revenu, - de façon, dit - on, si inattendue - le prix Nobel de littérature 2009 (10 millions de couronnes suédoises : 980.000 euros). "L’Académie de Suède nous a joué un mauvais tour, écrit David Caviglioli. Personne ne semble connaître sa favorite dont Gallimard publiera le dernier roman, fin 2010." – "Mais qui est donc Herta Müller ?", www.bibliobos.nouvelobs.com, p. 1. Le choix est d’autant plus paradoxal qu’il se justifie aux yeux du jury de ce prix, qui dit avoir récompensé un auteur qui ‘avec la densité de la poésie et la franchise de la prose, dépeint l’univers des déshérités’. - "Herta, un Nobel de bon goût", www.blogs.mollat.com, p. 1. D’où l’énigme purement littéraire de ce choix à résoudre, aux yeux des spécialistes,  selon lesquels "le prix Nobel de littérature 2009 aurait récompensé la prose poétique au dépens de la poésie longtemps délaissée et de la prose entre autres". Le réquisitoire engloberait notamment :

        I- HERTA MÜLLER : UNE INCONNUE QUI RENVERSE LES ATOUTS DES PLUS CONNUS :

         Considérée comme une 'inconnue' ayant 'une petite oeuvre littéraire',  sans envergure, par la critique, Herta Müller a renversé les atouts des noms des concurrents les plus connus. Tobias Schwarz en témoigne ici : " Herta Müller déjoue les pronostics des bookmakers, selon lesquels le favori, cette année, était plutôt l’Israëlien Amos Oz ou l’Algérienne  Assia Djébar, ou encore  des Américains comme Joyce Carol Oates, Philip Roth." – "L’Allemande Herta Müller, prix Nobel de littérature 2009", www.lepoint.fr, p. 1. Dans ce même sens, Stéphanie Pichon écrit : "Il y a une semaine, Herta Müller était une sombre inconnue en France. Aujourd’hui, ses trois ouvrages traduits en français sont en rupture de stock sur les sites internet d’Amazon ou de la Fnac. Et Gallimard, flairant l’explosion des ventes et de sa côte de popularité, a annoncé quelques heures après le prix que le dernier roman de l’écrivain allemande d’origine roumaine, «Atemschaukel» - «La balançoire du souffle» - sera traduit en 2010, et qu’il préparait la réédition d’un de ses livres, paru en 1988, chez Maren Sell, «L’homme est un grand faisan sur terre." – " Herta Müller a surpris tout le monde en recevant le prix Nobel de Littérature", www.lepetitjournal.com, p. 1.   
      Dans ce même ordre d’idées contestatrices du Nobel littéraire 2009, D. Caviglioli rapporte de son côté : "L’Académie de Suède nous a joué un mauvais tour (…). Personne ne semble connaître sa favorite (…). On attendait d’elle un discours, même petit ; on a eu droit à un communiqué muet. Pour attester son existence, il y a bien le récit de cette rencontre publiée dans «le Nouvel Observateur», mais aujourd’hui même, un germaniste chevronné, traducteur de littérature allemande haut-de-gamme, nous avouait ne jamais avoir entendu parler d’elle. Esquisse d’une énigme." – Op.cit., Ibid. Des voix plaidant en  faveur Herta Müller, D. Caviglioli cite notamment Volker Weidermann, critique au «Frankfurter Allgemeine», qui dit que Herta Müller 'n’est pas de ces trompéttistes publics, ou joueurs de tambours – comme Günter Grass. Elle est plus réservée." – Ibid. Interrogé par le « New York Times », Michaël Naumann, ancien ministre allemand de la Culture et éditeur aux Etats-Unis d’un de ses romans dit d’elle qu’elle "n’est pas une intellectuelle publique". – Ibid., p. 2. 

      Günter Grass, dernier nobélisé allemand en 1999, note S. Pichon, était de ceux qui soutenaient la candidature de Oz. Il s’est dit du bout des lèvres 'très content’ pour Herta Müller'. Les plus chaleureuses des déclarations sont sans doute venues du monde politique qui voit, en ce 20e anniversaire de la chute du mur (de Berlin) ‘un signe heureux’, selon les termes de la chancelière Angela Merkel, ou la reconnaissance  ‘d’un engagement constant et courageux pour la défense des libertés fondamentales’ pour le ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner. – Ibid., p. 1.

      S. Pinchon recueille également le malaise des critiques littéraires des médias français, dont celui de Pierre Assouline et Bruno Corty, en ces termes : "Les critiques littéraires des médias français ont été mal à l’aise pour parler de Herta Müller et de son œuvre. Dans son célèbre blog  'La république des livres', Pierre Assouline avoue son ignorance. ‘Je ne me donnerais pas le ridicule d’exprimer une quelconque opinion sur le choix des Nobel, ignorant tout de sa biographie et n’ayant jamais rien lu de l’œuvre de leur lauréate'.  Il préfère laisser parler les auteurs de commentaires de son blog. Bruno Corty du «Figaro Littéraire» va même jusqu’à lâcher que ‘seules les féministes se réjouiront, puisque c’est le 3e écrivain femme couronnée en 6 ans et exprime 'une petite incompréhension par rapport à ce choix, parce qu’elle est jeune, qu’elle a une petite œuvre, seulement trois ouvrages traduits, et qu’on a du mal à se faire une idée de ce qu’est cette œuvre.' – Op.cit. Ibid.

Quant à la lauréate, rapporte-t-on, elle semble mal vivre cette célébrité soudaine. Quelques heures après le prix, Herta Müller déclarait : " Je sais que c’est une bonne chose, mais cela ne va vraiment rien changer pour moi. Cela reste une chose extérieure, et ma chose intérieure c’est l’écriture, seul cela m’équilibre." –  Ibid.

     II- HERTA MÜLLER : OU LA QUESTION JUIVE INVERSEMENT REVISITÉE :

     Il pourrait aussi être question du prix Nobel de Littérature 2009,  en tant que mise en exergue de la question juive inversement revisitée à travers et la vie et les romans semi - autobiographique de Herta Müller. Un prix qui se situe à l’envers de l’éternel question juive, comme crime d’anti - sémitisme mettant en procès l’Allemagne nazie et sa descendance réelle ou hypothétique, thème éthico - civiste encore surexploité à tout bout de champ. "’Dans la bouche des Européens  au lendemain de 1945, écrit Frantz Fanon, une seule phrase : 'L’Allemagne paiera.' De son côté, M. Adenauer au moment où s’ouvrait le procès Eichman, a au nom du peuple allemand encore une fois demandé pardon au peuple juif. M. Adenauer a renouvelé l’engagement de son pays à continuer à payer à l’Etat d’Israël les sommes énormes qui doivent servir de compensation aux crimes nazis." – «Les damnés de la terre", Ed. Maspero, 1970, p. 58.

        D. Caviglioli remarque concernant les parents du prix Nobel de Littérature 2009 en soulignant : " Herta Müller est une de ces femmes en noir que le XXème siècle savait si bien produire (…). On se trompe forcément : l’histoire du prix Nobel ne se livre pas d’un bloc. Elle apparaît faite de souffrances avouables, cette mère qui a passé cinq ans dans les camps de travail communistes [déportée en Union soviétique en 1945], et de douleurs honteuses, ce père qui a servi dans la Waffen SS [nazisme/ génocide juif]." - Ibid. Dans cette optique, Ruth Valentini observe à propos des motivations scripturaires biographiques conflictuelles de Herta Müller: "Son conflit a commencé dans la confrontation avec son village et au fascisme refoulé. Son père, avare en paroles, un ancien de l’unité SS pour les Allemands à l’étranger, n’a jamais répondu à ses questions. 'Père, menteur. Ils mentent tous avec leur silence [avoua - t - elle].' C’est la mort de ce père sans repentir [se déculpabiliser] en 1979, qui déclenche en Herta Müller Herta le recul nécessaire pour écrire." - "L’étrange parcours de Herta Müller", www.bibliobs.nouvelobs.com, p. 1.

       Ce dernier indique encore que sa 'relation avec la Roumanie n’a jamais été simple, pas plus qu’avec la minorité à laquelle elle appartient. Elle refuse de s’identifier à la littérature roumaine de langue allemande, provinciale et conservatrice selon elle, où n’existe aucun ouvrage de qualité sur la Seconde Guerre mondiale, sur l’appartenance de cette minorité aux SS [la question juive inversement revisitée]. Elle veut porter un autre regard  sur les choses, sur l’Histoire' - Ibid.  Sa soif passée de libération de toute oppression [un père de la Waffen SS/ mère, victime du goulag, en ex-URSS] brouille sa vision du monde et l’amène à approuver l’intervention américaine en Irak et en Afghanistan, tout en ignorant le drame israëlo - palestinien [la question juive inversement revisitée]. "Son œuvre, signale Grégoire Leménager, porte la trace de son propre parcours, qui évoque les difficiles conditions de vie dans la Roumanie de Ceausescu.

       Un certain Perikles Monioudis, qui semble connaître le sujet, la [Herta Müller] présente ici comme une personne au caractère bien trempé, 'belliqueuse' dans le bon sens du terme, et susceptible d’adopter des positions assez tranchées : sur l’intervention américaine en Irak et en Afghanistan, par exemple, qu’elle avait tendance à voir d’un bon œil en soulignant combien, dans la Roumanie de son enfance, on aurait aimé être libéré par les forces du monde libre [v. en 1945, la question juive inversement revisitée]. Aussi peut-on lire, dans son roman : «La Convocation» (Ed. Métailié, 2001), à ce sujet : "Dans le village où j’ai grandi il n’y avait pas de Roumains (…), à l’exception de quelques fonctionnaires. Tous les autres étaient allemands [v. de la Waffen SS]. Je n’ai appris le roumain qu’en allant à l’école, comme on apprend une langue étrangère." - "Le Nobel 2009 s’appelle Herta Müller", www.biblios.nouvelobs.com, p. 1.

      III- HERTA MÜLLER : OU LA PROSE POÉTIQUE AU DÉPENS DE LA POÉSIE  DÉLAISSÉE ET DE LA PROSE ENTRE AUTRES :

      Certes, le prix Nobel de Littérature 2009 aurait pu être consacré à la poésie si longtemps ignorée rapporte Dominique Faget de l’AFP : "La poésie  pourrait être à l’honneur cette année à Stockholm et recevoir le  prix Nobel de Littérature qui échappe au genre, depuis 1996, estiment les cercles littéraires suédois à quelques jours de l’annonce. Toutefois dans la mesure où la langue espagnole n’a pas été récompensée, depuis 1990, le prix, qui sera annoncé jeudi, pourrait enfin revenir au Péruvien Mario Vargas LIosa (…).

    "Peut être vont-ils enfin le donner au Suédois Tomas Trömer, se risque le patron de la librairie 'Hedengrens' à Stockholm, Nicklas Bjökholm. Stephan Eklund (responsable des pages culturelles du grand quotidien 'Svenska Dagbladet') cite lui aussi le poète suédois et propose également le Syrien Adonis (…). Mais cette années, les pronostics sont d’autant plus compliqués que l’Académie Suédoise a un nouveau secrétaire permanent, Peter Englund [à la place d’Horace Engdahl], dont on ne mesure pas encore l’influence. En outre, la liste des candidats n’est jamais publiée et les délibérations sont gardées secrètes pendant un demi- siècle." - "La poésie espère son prix Nobel de Littérature", www.ladepeche.fr, p. 1.

     Au dépens cette patiente attente poétique ou éventuelle pluralité prosaïque, le choix du Nobel de Littérature 2009 va cette fois-ci à la prose poétique  romanesque, en couronnant la roumaine germanophone Herta Müller. On lit sur le site de la rubrique "bonheur du jour", sur ce point : "Nous venons de l’apprendre en direct  sur le site de 'l’Académie suédoise, c’est donc Herta Müller qui se voit récompensée par le prix Nobel de Littérature 2009, belle surprise même si les spécialistes annonçaient un poète, genre dont les scandinaves sont friands. Le jury dit avoir récompensé un auteur qui par 'la densité de la poésie et la franchise de la prose, dépeint l’univers des déshérités'." -  "Huerta, un Nobel de bon goût", Op.cit., Ibid. Du fait, citons avec Old Bull Lee, à titre d’exemple, cet extrait du roman Herta Müller «L’Homme est un grand faisan sur terre» (Ed. Maren Sell, 1988, paru en poche Folio) :

    "Le trottoir est lézardé. Les flaques ont bu l’eau. Windish ferme sa voiture à clef. Sur l’auto un cercle d’argent brille. Dedans trois petits bâtons comme trois doigts. Des cadavres de mouches jonchent le capot du moteur. Sur le pare - brise  une crotte d’oiseau s’étale, sur le coffre une inscription : DIESEL. On entend une voiture à cheval. Les chevaux n’ont que la peau sur les os. La voiture n’est que poussière. Le cocher est un inconnu. Il a de grandes oreilles et un petit chapeau…" (Ed. Folio, p. 126).

     Dans un passage antérieur de ce roman, on pourrait lire, non sans effroi,  le portait vivant du meunier Windish et de sa famille, aspirant désespérément à l’émigration et à la liberté, à l’étranger, loin de son misérable village natal mourant, en Roumanie, sous le régime oppresseur de Nicolae Ceaucescu :

     "Roumanie. Depuis que le meunier Windish veut émigrer, il voit la fin partout dans le village. Peut-être n’a-t-il pas tort. Les chants sont tristes, on voit la mort au fond des tasses [la misère et l’oppression], et chacun doit faire la putain pour vivre [la déshumanisation généralisée], à fortiori pour émigrer. Windish a beau livrer des sacs de farine, et payer [la corruption], le passeport promis se fait toujours attendre [le lèse droit et le trafic d’influences].  - Ibib.

      De son roman, «La Convocation» (Ed. Métailié, 2001), citons ce passage, de style Nouveau Roman, quelque peu banalisé :

      "Depuis que le réveil, en guise de tic - tac, dit con-vo-ca-tion, con-vo-ca-tion, con-vo-ca-tion, je n’ai pu m’empêcher de penser au commandant Albu (…). Dès que la fenêtre était devenue grise, j’avais vu au plafond la bouche d’Albu en plus grand, le bout de sa langue rose qui pointait derrière sa denture inférieure, et entendu sa voix narquoise : Pour être à bout de nerfs, nous ne faisons que commencer [l’interrogatoire/ la torture de la 'securitate']." – «La Convocation», www.chapitre.com, p. 1.

    A propos de sa surprise de lauréate et son style d’écrivain, Eric Faye  et Jean - Stéphane Rosse citent le secrétaire permanent de l’Académie Nobel, Peter Englund déclarant à Reuters : "Huerta Müller est tout simplement restée sans voix en apprenant l’obtention du prestigieux prix littéraire (…). Sa manière d’écrire a une vraie force (…), son message est incroyable (…). Cela vient en partie de son propre passé de victime de la persécution en Roumanie [de Nicolae Ceaucescu], mais aussi de son passé comme étrangère dans son propre pays [la RDA/ la RFA…]." – "L’Allemande Huerta Müller, prix Nobel de littérature 2009", www.lepoint.fr, p. 1. Allant dans le même sens, on lit au sujet de son écriture en prose poétique, sur le site 'Chapitre Book' : " Huerta Müller nous transmet l’expérience de la dictature, de la peur et de l’humiliation à travers un style dont les phrases courtes ont la force et l’intensité d’un poème.", www.chapitre.com, p. 1.  

     Adoptant la loi du contre - pied, le libraire, Nicklas Björkholm de Stockholm plaidant en faveur de la prose verrait bien également d’un bon œil couronner, selon D. Faget, la nouvelliste canadienne Alice Munro (lauréate du 'Man Booker International Prize 2009'), bien que le Nobel de Littérature n’ait 'jamais été remis à un auteur de nouvelles' - Ibid.  En un mot, la prose poétique serait donc nobélisée en 2009 au dépens de la poésie tant attendue et de la prose extra - romanesque, genre nouvelle ou genre journalistique… -, laissés pour compte.  Hakan Bravinger, responsable de l’éditeur Norstedt, estime que "la poésie a été nobélisée la dernière fois il y a 13 ans (en 1996), avec la Polonaise Wislawa Szymborska (née en 1923). Il aimerait aussi que le prix récompense 'quelqu’un qui travaille différemment', à l’image du journaliste polonais Ryszard Kapuscinski. Ce dernier ne peut l’avoir car il est décédé, mais 'quelqu’un de ce style ce serait intéressant' – Op.cit., pp. 1-2.

    
        IV- LE PRIX NOBEL 2009 : SURPREND BARACK OBAMA ET DÉÇOIT ENCORE LES ÉCRIVAINS AMÉRICAINS ENTRE AUTRES :
       Désormais le prix Nobel 2009, littéraire ou non, il faut le dire, même en changeant de secrétaire permanent, surprend tout le monde et déçoit encore en particulier les écrivains américains entre autres. D. Caviglioli évoque dans cette optique l’attitude défavorable des observateurs du monde  littéraire, en y remédiant de son côté : "Les observateurs du monde  littéraire ont tous semblé surpris que l’Académie suédoise n’ait pas couronné un porte - parole. Ils voudraient un fort en gueule, un bavard de renommée. Mais Huerta Müller  est peut – être celle qui symbolise le mieux la littérature, cette colère profonde qui se hasarde au dehors qu’escorte le silence et la discrétion. Pourquoi ne pas se réjouir que les lettres s’incarnent en quelqu’un dont il est difficile de dresser le portrait dans une dépêche d’agence ? Les beaux - parleurs qu’on croque en trois traits de plume ont leurs propres prix. Tenez, 'Barack Obama vient de remporter le Nobel [2009]de la paix'." – Op.cit., pp. 1-2.

    Un article de l’AFP relate aussi la surprise du président américain Barack Obama, estimant dans un bref discours qu’il ne ‘méritait son prix Nobel : "Le président américain Barack Obama a affirmé, vendredi 9 octobre, lors d’un bref discours qu’il avait l’impression qu’il ne 'méritait' pas son 'prix Nobel de la Paix'.Il a estimé que ce prix était un 'appel à l’action' contre le réchauffement climatique ou la prolifération nucléaire et pour la résolution des conflits. «Je prends la décision du comité Nobel avec surprise et une profonde humilité», a - t - il déclaré, dans la roseraie de la Maison Blanche. «Pour être honnête, je n’ai pas l’impression que je mérite de me retrouver en compagnie de tant de personnalités qui transformé leur époque et qui ont été distingué par ce prix », a - t - il dit dans l’intention évidente de parer les critiques selon lesquelles il n’en avait pas fait assez pour mériter le prix. «Mais j’accepterai cette récompense comme un appel lancé à tous les pays qui se dressent face aux défis communs du XXIe siècle », a - t - il dit." - " Dans un bref discours Barack Obama a estimé  qu’il ne 'méritait pas' son prix Nobel de la Paix (AFP)", www.tempsreel.nouveobs.com, p. 1.

       Quant à la critique la plus méchante suscitée par le Nobel de Littérature 2009, il faut noter avec S. Pinchon celle venue du côté des anglo - saxons tant américains que britannique, en indiquant : "Mais c’est du côté des anglo - saxons que la critique se fait la plus méchante. 'Herta who ?' titrait le magazine américain «Entertainment Weekly», dès le lendemain du prix. A Londres, Le «Times» se faisait encore plus grinçant sur la manie du jury du Nobel à se célébrer des écrivains peu connus. « Qu’ont - ils, s’il vous plaît, en commun Elfriede Jelinek, Imre Kertèsz et Wislawa Szymborska ? Ils ont reçu un prix Nobel de littérature. Qu’ont en commun Marcel Proust, James Joyce et Graham Greene ? Eux non." -  Ibid.

     Dans ce cadre G. Leménager relève pour sa part du côté américain et de par le monde en l’occurrence : "On parlait [selon les pronostics] de remettre la poésie à l’honneur, sous prétexte qu’elle était ignorée depuis treize ans par l’Académie Suédoise. On observait que la langue espagnole n’avait pas été récompensée depuis 1990 et le Mexicain Octavio Paz. On citait les éternels Amos Oz, Adonis, Amos, Margaret Atwood, ou encore le coréen Ko Un. Enfin parce qu’il y avait eu beaucoup (trop ?) d’Européens ces dix dernières années, et pas un seul Américain, depuis Toni Morrison en 1993, on embrayait aussitôt sur Philip Roth, Cormac McCarthy, Joyce Carol Oates [USA]. La piste américaine semblait en effet à nouveau s’entrouvrir. En sa qualité de secrétaire permanent de l’Académie suédoise, Monsieur Horace Engdahl avait déclaré, l’an passé qu’il trouvait les auteurs américains trop «isolés» et «ignorants» pour mériter la suprême récompense (…), ce qui lui a valu de s’attirer sur 'BibliObs' les foudres de Toni Morrison. Mais Monsieur Peter Englund, qui lui succède cette année, avait montré plus de diplomatie [le Nobel de la Paix 2009 du président Obama], en considérant qu’on trouve sur toute la planète «des auteurs méritant et pouvant obtenir le prix Nobel, et cela vaut aussi pour les Etats-Unis et les Amériques». On se dit, en apprenant le choix de Herta Müller, que ce Peter Englund doit aimer faire des farces à ses amis." – Op.cit., pp. 1-2.

    Pour conclure, on ne peut que souscrire à l’opinion de R. Valentini, qui par- delà la mêlée du Nobel de Littérature ou de la Paix 2009, attribués par surprise à l’écrivaine roumaine de langue allemande Herta Müller, ou au président Barack Obama…, visant, dans le cas de  la romancière sa prose poétique, dépeignant la vie des déshérités, dans l’ex-Roumanie pro-soviétique (ou l’ex-Allemagne nazie, ou l’ex-RDA), au dépens du genre poétique et des genres prosaïques tant déplorés par la critique dans le monde, et ce tout en appréciant la lauréate tant contestée, en rappelant à son sujet : "Son conflit [Herta Müller] a commencé dans la confrontation avec son village, archaïque et au fascisme refoulé (…). L’écriture dense et précise de ce premier livre [«Bas-fonds», un recueil de nouvelles, 1982] lui a valu plusieurs prix littéraires en RFA. Même style percutant et coloré pour «L’homme est un grand faisan sur terre» [1988]. Ce titre est emprunté à un dicton roumain et reflète la double culture de l’écrivain : en Allemagne, 'le faisan' évoque l’orgueil et la présomption. En Roumanie, au contraire, c’est un oiseau en fuite qui ne sait pas voler et qui se cache dans les broussailles, un perdant…" - "L’étrange parcours de Herta Müller", Op.cit. p. 1.
    

                                                        Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

    
        

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