domingo, 26 de agosto de 2012

Les élites judéo-marocaines à Ceuta


TRADUCTION AVISEE ET LUCIDE DE MOHAMED CHERIF DES

“NOTAS PARA HISTORIA DE JUDIOS EN CEUTA (SIGLOS IX-XVI):

OU LES ELITES JUDEO-MAROCAINES MEDIEVALES DE CEUTA

Dans la préface à sa traduction historique avisée et lucide arabophone, revue par Mohamed Miftah avec une préface de Mohamed Fatha: “Mulâhadhât hawla târîkh al yahûd fî Sabta: min al qarni IX ilâ al qarni XVI” de l’ouvrage espagnol: “Notas para historia de judios en Ceuta (siglos IX-XVI)” [Notes sur l’histoire des juifs à Ceuta] de Erique Gozalbes Cravioto – Ed. C.C.S. Monografias, nº5, Ceuta, 1988, 119 p. -, Mohamed Cherif décèle indirectement l’intérêt socio-politique des élites judéo-marocaines médiévales à Ceuta, en ces termes: “Grâce à sa position aux frontières des cultures occidentales et orientales, l’élément juif contribuera à la créer des réseaux de relations diplomatiques et économiques entre l’Europe et l’Afrique saharienne, par la voie de Ceuta, Tlemcen et Tunis.” – Op.cit., pp.9-10.
Or, tel que les conçoit le Pr. Abdellah Saaf: “Cependant, l’idée des élites en tant que thème de recherche trouve son fondement et sa légitimité dans l’hypothèse de la centralité de leur rôle dans la vie politique marocaine et dans la centralité du degré de leur dépendance ou de leur indépendance, dans un certain sens, vis-à-vis de l’autorité politique [l’Etat], et en particulier par rapport à la société.”- “An-Nukhabu al maghribiatu al hâliatu wa ichkâliatu al islâh” [Les élites marocaines actuelles et la problématique de réforme] – “Cuardernos del Norte”, Revista cultural”, nº1, automne 1996, p.35. D’où pour nous la possibilié de se faire ici une idée plus ou moins lacunaire des élites judéo-marocaines de Ceuta du IXe au XVIe siècle: institutions académiques, penseurs-écrivains, théologiens, hommes d’Etat, négociants et diplomates.
1- Les institutions judéo-marocaines académiques de Ceuta du IX-XVIe siècles:
Pour mieux situer ces élites judéo-marocaines dans leur cadre institutionnel, scolaire et académique médiéval, à Ceuta, il y a lieu d’y percevoir, avec E.G. Gravioto citant l’historien N. Slousch, leur existence en ces termes: “Les écoles talmudiques existaient à Ceuta, depuis le dixième siècle ap.-JC. Et malgré tout, elles ne furent pas parmi les écoles talmudiques de grande importance (p.39)”. En parlant de l’éducation à Ceuta du penseur-écrivain juif médiéval Ibn Aknîn (1135-1220?), il présume son passage en tant que faux musulman par “Al Madrassatu al Jadîdatu”, l’université de Ceuta au Moyen Age (p.64). Des notes infrapaginales du traducteur-historiographe M. Cherif , contestent et rectifient parfois les faits attestés par l’auteur du texte original.
Et, c’est ce qui impute un caractère avisé et lucide à cette traduction. Le Pr. Mohamed Fatha en souligne la procédure dans l’introduction, en notant :“Il (le traducteur) a certes attiré l’attention sur les failles dans lesquelles a sombré E.G. Cravioto, sur la généralisation qui a marqué certains de ses paragraphes et a confronté certaines de ses interprétations abusives de, le tout dans une langue souple, et en termes clairs et concis (p.7).” Partant du cadre institutionnel, nous pourrons alors cerner les fonctions des élites judéo-marocaines de Ceuta du XIe au XVIe siècles: sous les Almoravides, les Almohades, les Mérinides et les Portugais.
2- Les penseurs judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
On peut relever d’abord parmi les élites judéo-marocaines médiévales de Ceuta celle des penseurs – écrivains. “Outre les négociants et les artisans, écrit par ailleurs M. Cherif, il existaient parmi les juifs de Ceuta des savants en jurisprudence talmudique, en langue arabe. Les sources hébraïques mettaient en lumière la place de la culture judaïque à Ceuta pendant le 12e siècle ap.-JC.” - “Sabtatu al islâmiyyatu” (Ceuta musulmane), Ed. A.T.A., 1995, p.118. C’est ainsi qu’on pourrait y identifier des penseurs-écrivains, tels que: Ibn Aknîn, Ibn Ezra, Joseph Sebtî et corrélativement leur chef de file Ibn Maïmon (Maïmonide). Ce sont nommément:
A- Le philosophe-écrivain Sebtî Ibn Aknin (1160-1185):
Dans sa préface originale, l’auteur E.G. Cravioto considère la question juive à Ceuta et Ibn Aknîn (1160-1185) comme le noyau dur de son livre: “Il serait digne d’intérêt, annonce-t-il, de mentionner que le thème des juifs de Ceuta à l’époque almohade et la personne d’Ibn Akni constituent le noyau dur de notre recherche. Concernant ce penseur, nous ne prétendons pas y avoir réalisé une étude exhaustive sur sa personnalité et ses oeuvres (p.18).” Puis d’ajouter plus loin: “Il s’agit de Joseph Ben Iehouda Ben Aknîn sebtî. Cet éminent savant juif naquit à Ceuta, y fit ses études et y passa une partie de sa vie, [env. 1135-1220] (pp.61,63).” Il s’intéressa à la poésie, à la philosophie et à l’étude du Talmud (Ibid.).
Il fut le premier penseur-écrivain juif de Ceuta à écrire des “Maqâmât” [“Séances”, introuvables aujourd’hui], un genre littéraire créé par les Arabes. Il publia la première exégèse d’un ouvrage d’ordre religieux, qu’est: “Le Cantique des cantiques” et un traité sur “Les poids et les mesures dans le Talmud” (p.64). Il écrivit également un petit essai sur l’islamisation forcée des juifs par les Almohades, intitulé : “Tibbu al-Nufûsi as-Sahîhati wa muaâlajatu al qulûbi al alîmati” (Médecine des âmes valides et traitement des coeurs endoloris), (p.55). Il y justifia son exil au Caire (le Fostat), sous Salâh Ed-Dîn (1138-1193), où il fit connaissance de son maître spirituel Ibn Maïmon dont il reçut la dédicace de son fameux livre: “Dalîl al hâ’rîn” (Le Guide des Egarés), puis à Alep (en 1218), sous Imâd Ed- Dîn, où il devint le chef local de la communauté juive. Il prêchait, à la différence de son maître Ibn Maïmon, la venue du Messie () de la fin des temps Mahdi, relent de l’idéologie almohade judaïsée (pp.10,65).
B- Joseph Sebtî disciple local du philosophe Ibn Maïmon:
Lors du passage d’Ibn Maïmon par Ceuta pour Fès et le Caire, il ne rencontra pas Ibn Aknîn. Mais il y eut pour disciples et amis parmi d’autres juifs dont un médecin juif local nommé Joseph Sebtî, qui mourut durant le séjour son maître à Fès, vers le milieu du XIIe siècle (p.58). On ne lui connaît pas d’ouvrages ou de biographie autre à ce jour.
C- Ibn Ezra chantre médiéval présumé de la persécution antijuive almohade au Maroc:
Abraham Ibn Ezra [et non pas “Moïse”, selon la NDT ] n’eut de rapport avec Ceuta que par sa présumée élégie: “Qunáh”, consacrée à la persécution des juifs par les premiers Almohades au Maroc: à Meknès, à Ceuta, etc. En témoigne ce couplet plein d’anathèmes: “Ah, comment a-t-on fait périr la communauté de Fès, le jour où on l’a mise à sac/ Je hausserai ma voix aussi fort que mon chagrin, à cause de Ceuta et de Meknès…” – Op.cit., pp.50-51. Quant aux liens de ces derniers avec leur maître-à-penser Ibn Maïmon, on pourrait les cerner, dans ce livre plein d’intiatives et de préjugés allant du nom mythique au martyr judéo-théologique de Ceuta (pp.21-33).
D- Ibn Maïmon maître-penseur médiéval des élites judéo-marocaines de Ceuta:
D’une certaine manière, en s’exilant en Orient, Ibn Anîn ne faisait que suivre le conseil et l’exemple de son maître Ibn Maïmon [1135-1204] concenant les juifs marocains, persécutés par les Almohades. Selon E.G. Cravioto “Ibn Maïmon, avait mis au clair que tous les juifs prophétisants sont des imposteurs (…). Malgré cela, il conseillait aux juifs d’émigrer de l’Etat almohade (…). Et suivant Ibn Anîn, l’exil est le meilleur des châtiment pour créer la discipline spirituelle (…). Peut-être voulait-il aussi rencontrer Ibn Maïmon qu’il considérait comme son grand maître.” – “Mulâhadhât…”, Op.cit., p.66.
Dans ce sens, on relève dans un article d’ARELC qu’Ibn Maïmon était confronté à l’interdiction talmudique pour dévoiler à plus d’un les grands sujets. “Comment «garder sous la langue», se dit-t-il, les secrets de la Torah ? Pour contourner la difficulté, il adresse des lettres à Joseph [Ibn Aqnîn sebtî]. A travers lui, Maïmonide (Ibn Maïmon) vise l’élite des croyants initiés à la philosophie, mais une élite perplexe, travaillée par la grande question qui traverse le 12ème siècle, comment concilier la vérité des prophètes avec celle de la philosophie [tel Avéroès/ Ibn Rushd]?” – “Maïmonide à la croisée des cultures arabe et juive”, www.ARELC.htm, p.1.
D’ailleurs, pour apprécier l’influence de ce maître cordouan Ibn Maïmon sur l’élite des penseurs-écrivains judéo-marocains de Ceuta et d’ailleurs, il faut se rappeler la dédicace du plus important de ses livres “Le Guide des Egarés” (1190) à son disciple Ibn Aqnîn – “Mulâhadhât”, Op.cit., p.67. A l’élite des penseurs-écrivains judéo-marocains, vient donc se joindre l’élite des théologiens et leurs controvrses à Ceuta du IXe au XVIe siècles.
3- Les théologiens judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
Le sépharadisme” désigne, selon un article de la CISU , les cultures juives du sud méditerranéen sous la sphère d’influence hispano-arabe. “L’héritage sépharade, y lit-on, remonte à l’âge d’or espagnol, époque à laquelle juifs, musulmans et chrétiens mêlèrent leur génie et leur talents pour faire connaître en Espagne, un essor culturel. Après leur expulsion d’Espagne en 1492, les sépharades se retrouvent dans l’Empire ottman (Turquie, Bulgarie, Grèce), en Afrique du Nord (au Maroc en particulier), en Hollande et en Angleterre (…).” – “Historique du sépharadisme”, www.cisu.be, p.1. Outre la science prophane, la philosophie et la poésie religieuse, la théologie y occupe une place centrale. “L’héritage sépharade, selon la même source, s’articule autour de (…): l’héritage spirituel que constituent la Bible et le Talmud que partagent toutes les collectivités juives du monde, avec un intérêt marqué pour l’étude des textes mystiques…” – Ibid. D’où l’élite des théologiens judéo-marocains et leurs émules de Ceuta et d’ailleurs, dans l’ouvrage traduit.
A- Le rabbin de Ceuta Moisés Abrayn qui prit la défense de la communauté juive, en 1179, dans une controverse opposant chrétiens et juifs de sa cité, mais dont le contenu était resté secret, sans aucune intervention des Almohades (pp.60-61).
B- Le rabbin Joseph Ben Iehouda Ben Asmîn, fut l’objet d’une épitaphe de la synagogue de Beit Bel de Ceuta le consacrant en ces termes: “A la mémoire et en hommage au grand maître, et à l’éminent savant [théologien], le rabbin Joseph Ben Iehouda Ben Asmîn, connu sous le nom de « Sebtî » qui brilla parmi les savants de son époque. Il était astronome, mathématicien, médecin, qui se distingua en logique, en physique et en sciences. Il fut baptysé par les savants de son temps: «Le savant des savants du Maroc» (p.61).”
C- Le rabbin de Ceuta Isaque Ben Ammar entretint une correspondance et une relation personnelle (en 1300) avec le rabbin de Barcelone Salamon ibn Adret (décédé en 1310), en répondant notamment à une consultation juridico-théologique au sujet de “Halaka” (la coiffure). Ce qui témoigne alors de l’autorité théologique prééminente des juifs de Ceuta dans ce domaine (p.73).
D- Le juif théologien, converti zélé à l’Islam, Abdal Haqq al Islâmî fut l’auteur d’une épître, “As-saïf al mamdûd fî ar-Rddi alâ ahbâri yahûd” (L’épée tendue en réfutation aux rabbins juifs), à la première moitié du XIVe siècle, où il entra en controverses religieuses avec ses ex-coreligionnaires (p.82).
E- Le théologien Samuel Tulaïtilî (de Tolède) engagea une controverse religieuse avec un musulan de Ceuta, appelé Abû Tâlib, vers 1340 (pp.82-83).
“En tout cas, dénote E.G.Cravioto, cela montre l’importance de Ceuta comme centre des controverses théologiques. En fait, nous avons vu le long de ce livre, et de ses deux derniers chapitres, la répercussion de ces colloques où les juifs avaient joué un certain rôle (p.83).” Se profile après l’élite des hommes d’Etat judéo-marocains, en cette période trouble de l’histoire de Ceuta et de toute sa région.
4- Les hommes d’Etat judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
Pour situer l’élite médiévale des hommes d’Etat judéo-marocains de Ceuta parmi les autres élites marocaines, il est encore plus éclairant de procéder, selon A. Saaf par constat . “On pourrait observer, suggère-t-il, des orientations à contenu socio-politique travaillant en profondeur les élites politiques, qui ne peuvent être sans effet sur «le monde politique » des «élites politiques marocaines». Il paraît que cela fait prédominer deux sous-systèmes de valeurs d’un double haut rang: la culture d’intégration politique, répandue dans l’Etat, qui interagit avec la culture politique de la majorité des élites politiques, mobilisées sur le terrain politique et y occupant la plus importante place, au détriment des flots provenant des élites marginalisées, ou au «sens commun», de la société.” – Op.cit., p.36.
Or, à titre d’exemples, les fonctions de l’élite juive médiévale judéo-marocaine de Ceuta vont du conseiller du sultan, au percepteur général des impôts, au gouverneur général de toutes les communautés juives du royaume. Citons dans ce cas:
A- les frères Moïse et Abraham Sebtî avaient, suivant l’historien David Corcos, occupé les fonctions administratives suprêmes de conseillers du Sultan mérinide Yûsuf ben Yaqûb: “Vers le même date [1310], une famille juive d’origine sebtî, assuma des fonctions administratives suprêmes à Fès. Dans une étude sur les juifs du Maroc sous les Mérinides, «David Corcos» faisait allusion à ces personnalités juives, connues du nom de «Sebtî», en particulier les frères Joseph et Abraham, qui furent les conseillers du Sultan mérinide Yûsuf Ben Yaqûb, et qui eurent une grande influence sur les instances du pouvoir (l’Etat), dans les dernières années du règne de ce sultan (p.74).”
B- Hasadâï Ibn Chabrot fut aussi, pendant une certaine durée, le ministre juif du khalife cordouan Abd Arrahman III, [891-961] chargé de la perception générale des impôts. “Il est hors de doute, ajoute l’auteur du texte orignal, que ce Hasadâï Ibn Chabrot, avait nommé [à ce service] des juifs dignes de confiance à Ceuta, puisqu’elle était la capitale des possessions andalouses en Afrique du Nord, néanmoins les relations d’Ibn Chabrot avec les juifs d’Afrique du Nord nous sont restées encore inconnues (p.41)”.
C- Ibn Jau, en tant que membre, jusqu’à 986 de l’union juive maroco-andalouse, fut, selon l’historien tolédan Ibn Daoûd, nommé par un décret d’Al Mansûr [978-1002], chef de toutes les communautés juives se trouvant entre Sijilassa [au sud du Maroc] et le fleuve du Duero [en Espagne et au Portugal], constituant les frontières de son royaume. Il y fut chargé de la magistrature, de l’économie, de l’organisation des localités juives et de la collectes des impôts dont étaient redevables non seulement les communautés juives andalouses, mais aussi les communautés marocaines [dont Ceuta] soumises au khalife omeyyade en Andalousie (Ibid.). Pour clôre cette pléade des élites judéo-marocaines de Ceuta, du IXe au XVIe siècles, dans l’ouvrage traduit, citons celle des négociants et des diplomates.
5- Les négociants et les diplomates judéo-marocains de Ceuta du IXe au XVIe siècles:
Certes, l’élite judéo-marocaine des négociants et des diplomates de Ceuta du IXe au XVIe siècles a aussi été évoquée par M. Cherif dans: “Sabtatu al Islâmiyyatu” (Ceuta musulmane). “Grâce à sa position à la frontières des cultures occidentales et orientales, y dit-t-il, l’élément juif contribuera peu ou prou et discrètement, à la création d’un réseau de relations diplomatiques et économiques par la voie de Ceuta, Tlemcen ou Tunis entre l’Europe et l’Afrique saharienne.” – Op.cit., p.118. Aussi voit-on citer dans “Mulâhadhât” (“Notas…”), des exemples de cette élite judéo-marocaine médiévale du négoce et de la diplomatie de Ceuta, en la personne de:
A- Salomon Ben Menasse fut l’émissaire diplomatique et l’ambassadeur juif du roi d’Aragon Jaime II, à Fès, et qui, sur la demande des Mérinides, et pour des raisons économiques, recommanda au souverain aragonais d’appuyer ces derniers pour reconquérir Ceuta, occupée par les Nasrides de Grenade. Celui-ci y envoya une flotte maritime et la cité fut récupérée par le Maroc, en 1309 (74-75).
B- Isaach Cohen, en tant que négociant de Ceuta, bénéficia d’une concession commerciale de Jaime II, signée à Barcelone en 1319, pour exercer le négoce au royaume d’Aragon, pour une durée de quatre ans, en échange du versement de quatre mille sous. Celle-ci lui fut renouvelée, parmi d’autres juifs sebtis, le 3 octobre 1323 (pp.75-76).
C- Abrahâm al Qortubî (le Cordouan) fut le négociant juif proposé, en 1532, comme intermédiaire commercial, par le gouverneur de Badis, Velez de la Gomera , au Roi du Portugal, dans le cadre d’un accord de commerce avec Ceuta (occupée) et les autres villes portugaises (pp.100-101), etc.
Ainsi, tant penseurs-écrivains, théologiens, hommes d’Etat, négociants que diplomates, les élites judéo-marocaines médiévales de Ceuta sont désignées par l’auteur du livre de “marchands d’esclaves et prisonniers de guerre” et d’“espions”. “Tous ces documents, glose-t-il, nous donnent un aperçu sur la venue des juifs à Ceuta (…), qui s’adonnaient parfois au commerce des prisonniers de guerre. Et sans doute complétaient-ils ce travail par un autre s’assimilant à l’espionnage [négociants, agents doubles ou diplomates] de ce côté ou de l’autre (p.102).”
En conclusion, on pourrait dire que, par son marginalia, la traduction avisée et lucide de M. Cherif de “Notas…” (“Molâhadhât…”) de E.G. Cravioto constitue un acquis documentaire, même lacunaire, pour fonder une histoire médiévale ( du IXe au XVIe siècles) des élites judéo-marocaines de Ceuta, entre d’autres. “Au contact de la tradition juive [et de l’Islam], dirions-nous avec Philippe Ariès, le monde romain, christianisé [puis islamisé], a découvert que le genre humain avait une histoire solidaire, une Histoire universelle: moment capital où il faut reconnaître l’origine du sens moderne de l’Histoire…” – “Promenade chez clio”, de Benoît Le Roux, Analyses et Réflexions sur l’Histoire 2, Paris, Ed. Marketing, 1980, p.18.
                                                                                                  Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

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