viernes, 17 de agosto de 2012

La justice sur la sellette des romans et des romanciers


LA JUSTICE SUR LA SELLETTE DES ROMANS ET DES
ROMANCIERS DU  MONDE CONTEMPORAIN 

        En France, comme c’est le cas en 2007 au Maroc et dans le reste du monde,  il est  question d’une réforme de la justice, c’est ce que nous dans l’article d’El Mahjoub Rouane, reprenant  des extraits du  discours royal du 12 octobre 2007, inaugurant l’ouverture de la nouvelle législature, devant les deux chambres du parlement : "La réforme de la justice s’avère une nécessité vitale pour le Maroc. Car, plier de l’autorité de l’Etat, elle est le fondement de la démocratie, qui garantit les droits et les libertés et assure la prééminence de la loi et la consolidation de l’Etat de droit." - "Politique de proximité : Les priorités du gouvernement", "Le Matin", 17 octobre 2007, p.2. Or, un article  de "Le Point" indique en France: "Une énième réforme de la justice devrait sortir des travaux de la commission d’enquête parlementaire. Et le rôle du magistrat instructeur devrait être redéfini (…). Sans parler des carences de certains avocats ou de la sinécure des experts qui, à l’heure de rédiger leurs rapports, procèdent, pour certains, à des «copier-coller » dans un jargon stéréotypé plutôt que d’essayer de cerner la personnalité de celui qui est mis en accusation.""Outreau - Feu sur le juge d’instruction", www.lepoint.fr, p.1. C’est ce que par ailleurs les romans et les romanciers du monde contemporain ne cessent à leurs corps défendant de mettre  sur la sellette.
     En témoignent les romans et les romanciers des cinq continents suivants: "Le procès" (1915) de Frantz Kafka, "La peste" (1947) d’Albert Camus "Le docteur Ibrahim" (1947) de John Knittel", "L’homme de sang" (1959) de José Luis de Vilallonga, "Le premier cercle" (1968) d’Alexandre Soljenytsine, "Eden Eden Eden" (1970) de Pierre Guyotat (Europe); "42e parallèle " (1919) de John Dos Pasos, "La mère" (1934) de Pearl Buck (Amérique) ; "Nedjma" (1956) de Kateb Yacine, "Le passé enterré" (1966) d’Abdelkrim Ghallab, "Saison de migration vers le Nord" (1972) de Tayeb Salih (Afrique); "Une rue pauvre" (1988) Cheng Naishan, "La montagne de l’âme" (1995) de Gao Xingjian et  "Neige" (2004)  d’Orhan Pamuk  (Asie et Océanie). Cela nous conduira à observer en l’occurrence: I) La justice formelle et informelle parodique sur la sellette des romans du monde contemporain, II) La justice formelle et informelle parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain.

        I- La justice formelle et informelle  parodique  sur la sellette des romans du monde contemporain:
       
        En ce qui concerne la justice sur sellette des romans du monde contemporain, elle réside dans cette définition de la fonction du roman avancée par Guy Scarpetta objectant contre sa marginalisation: "Mais surtout parce que ceci, peu à peu, s’est imposé: la fonction capitale du roman moderne, ce n’est pas d’ «illustrer» par un récit une conception du monde ou de l’histoire déjà élaborée; mais plutôt de révéler, par ses voies spécifiques « ce que seul le roman peut dire » (…). Il s’agit de dégager le non-dit de l’histoire officielle, les zones de l’expérience humaine que les historiens négligent; de déstabiliser les certitudes, les orthodoxies, les visions du monde constituées; d’explorer l’envers négatif de l’image que nos sociétés donnent d’elles-mêmes [v. la justice formelle et informelle parodique].""LE MONDE DIPLOMATIQUE", Mars 2003, p.30. En effet, les romans du monde contemporain (XXe - XXIe siècles) mettent la sellette, sous forme de procès ou de justice parodiques survenus aux quatre coins du mode, trois catégories de justice: une justice pénale, une justice militaire et une justice politique parodiques. "En somme, la fonction de connaissance propre au roman et le regard militant [sellette des justice formelle et informelle parodique], opine G. Scarpetta, ne coїncident pas forcément. Rien de plus significatif, à ce propos, que le cas d’Ernest Hemingway. Lorsque celui-ci s’engagea (…) dans la guerre civile espagnole, il choisit son camp (…). Mais un peu plus tard, lorsqu’il voulut tirer un roman – « Pour qui sonne le glas » – de cette expérience, il ne le fit (…), qu’à solliciter des zones d’incertitude, d’ambiguїté [de justice informelle révolutionnaire parodique], n’épargnant pas son propre camp (les pages terribles sur les exactions et les atrocités commises par les anarchistes, ou sur la paranoїa meurtrière des dirigeants staliniens). "- Op.cit., p.30.  Ainsi verra-t-on:

        1- La justice formelle informelle pénale parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:
         
         Certes, la justice formelle et informelle pénale parodique  mise sur la sellette des romans du monde contemporain repose en principe sur une conception abstraite telle que la définit Jean-Noël Rey: "Cette juridiction [pénale] vise la protection de l’ordre public – ou plutôt la conception qu’une société [un régime politique] s’en fait – en sanctionnant ceux qui se rendent coupables d’une infraction à la loi pénale. Celle-ci dresse un catalogue des agissements contre les particuliers ou contre  la chose publique que l’État entend prohiber, en même temps qu’elle prévoit des sanctions (réparation des dommages subis par leurs victimes, amende ou emprisonnement) encourues par ceux qui les commettent.""La justice en France et l’appareil judiciaire", "Le Français dans le  Monde", nº 150, Janvier 1980, Ed. Hachette / Larousse, p.23. D’où notamment:

          A- La justice formelle pénale  parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:

           Parallèlement, la justice non conforme aux formalités procédurales ou  justice formelle pénale  parodique se trouve mise sur la sellette des romans du monde contemporain, à savoir:

       - "La peine de mort commuée en  sept ans d’emprisonnement par
une justice formelle pénale coloniale parodique sur la sellette du roman «Saison d’émigration vers le Nord » (1972) de Tayeb Salih (né en 1929):
       
       Certes, la peine de mort commuée en sept ans d’emprisonnement par une justice formelle pénale coloniale parodique est mise sur la sellette du roman «Saison d’émigration vers le Nord » (1972) de Tayeb Salih (né en 1929), à l’encontre d’un intellectuel meurtrier émigré (Mustapha Saїd), présenté comme victime de la campagne civilisatrice coloniale britannique au Soudan. "L’émigration des jeunes vers le Nord, vers l’Europe, indique Mariam Kholy, est souvent un risque pour les Africains. Le choc des civilisations est trop fort pour ne pas secouer l’être [l’inciter aux abus et aux crimes]. Dans son roman, l’auteur déplore l’état de son pays avant et après le colonialisme, et, montre comment le colonisateur s’est abstenu de donner aux autochtones le savoir nécessaire [v. le sens de la justice].""L’émigration vers le Nord", www.liberation.fr, p.1. En ce sens Fabrice Défferrard explique en outre: "On s’accorde assez généralement pour dire «le droit [la justice] et médiation entre le juste et le raisonnable [v. l’injuste], entre l’individuel [l’homme] et le collectif [la société], entre le consensus [l’autochtone] et le conflit [l’étranger]».
      Parallèlement, le procès [la justice formelle pénale coloniale parodique] comme cadre institutionnel et patchwork anthropologique [colonisateur/ colonisé], a pour fonction de dissoudre la tension interne au groupe social engendré par le crime [d’un émigré à Londres], cette tension que l’on désigne habituellement par l’expression « trouble à l’ordre public» (…). Le conflit, résorbé grâce au jugement [sept ans d’emprisonnement du héros arabo-africain], a dès lors vertu espérée de rendre à nouveau visible cette concorde généralement bien admise qui rend possible une vie communautaire tournée vers le stable et le pacifique [la justice du compromis]." "Le dernier des « Disparus »", www.disparusdemourmelon.org, p.2. Cela est manifeste dans le roman T. Salih:

       + "Si Moustafa Saїd  avait choisi de mettre fin à ses jours [le suicide], il aurait commis l’acte le plus mélodramatique du roman de sa vie (…). La mort du Conquérant [son mythe personnel]. Mais jurés, témoins, avocats et juges [anglais] s’étaient ligués pour le priver de cette mort [la peine capitale]. Je l’entend encore: « Les jurés ont vu devant eux un homme qui refusait de se défendre. J’avais perdu le désir de vivre. J’avais poussé un profond soupir quand Jean [son épouse qu’il a poignardée] avait gémi: « Viens avec moi, viens. » (…). J’espérais que le tribunal se ferait l’instrument de la fatalité que je n’avais osé accomplir. Comme dans l’intention de me contrarier, ils en décidèrent autrement. Même le colonel Hammond [son propre beau-père], sur lequel je fondais de grands espoirs, avait évoqué la visite que je lui ai faite à Liverpool, et de la bonne impression que je lui avais laissée (…). Il déclara que sa fille était influencé par les philosophies orientales et, voulant se convertir, avait hésité entre le Bouddhisme et l’Islam [le choc de civilisations] (…). Cependant, son père, debout à la barre des témoins, déclara calmement qu’il était incapable de juger. Telle était la justice, telles sont les règles du jeu, à rappeler les lois qui accorde la neutralité en temps de guerre [coloniale]. Telle était la force qui porte le masque du pardon.» Ils lui refusèrent la mort [la justice formelle pénale coloniale parodique] que lui-même aurait dû se donner, ils ne le condamnèrent qu’à sept ans de prison." (pp.65-66). 

     
          - "L’exécution d’un suspect par une justice formelle pénale parodique sur la sellette du roman «Le procès » (1915) de Frantz Kafka (1883-1924):
           
           Prophétie ou prémonition, la justice formelle pénale parodique sur la sellette du roman «Le procès » (1915) de Frantz Kafka (1883-1924) préfigure à sa manière  les procès expéditifs que connaîtra le monde, sous les régimes totalitaires nazis, communistes, fascistes, colonialistes, etc. "Les grandes œuvres [romanesques], lit-on sur le Net, sont par ailleurs inscrites dans leur époque [XXe siècle] et l’on a pu considérer le Procès [de Frantz Kafka]comme la mise en évidence prophétique des rouages [de la justice parodique pénale formelle] désormais complexes d’une société moderne dans laquelle l’être humain [l’accusé] ne serait plus perçu que comme un numéro dans un univers de plus en plus bureaucratique, concentrationnaire et oppressif.""L’œuvre de Kafka," www.libresavoir.org, p.2. En est la preuve cette réflexion du biographe de l’auteur Max Brod (in Frantz Kafka): "Ce qu’a fait K., le héros du  Procès, nous ne le savons pas. D’après la morale bourgeoise [la justice pénale formelle], il est probablement innocent. On ne peut dire grand-chose ou peut-être rien sa charge. Cependant, il est diabolique [culpabilisé] en toue innocence. Il a convenu de quelque façon aux lois d’une vie juste [d’une justice formelle pénale parodique]. Un tribunal mystérieux lui demande des comptes et finalement il est exécuté « la veille de son trente-et-unième anniversaire », dit le chapitre final." – Op.cit., p.1. Dans le roman, nous lisons:
        
        + " - Autrefois, je pensais, dit K., que mon procès finirait bien, mais maintenant j’en doute parfois. Je ne sais pas comment il finira. Le sais-tu toi ?
                - Non, dit l’abbé [l’aumônier de la prison à la cathédrale], mais je crains qu’il ne finisse mal. On te tient pour coupable [d’une faute inconnue]. Ton procès ne sortira peut-être pas du ressort d’un petit tribunal. Pour le moment, on considère du moins ta faute comme prouvée.
                 - Mais je ne suis pas coupable! dit K.; c’est une erreur. D’ailleurs, comment un homme peut-il être coupable [v. Droits de l’Homme]? Nous sommes tous des hommes ici, l’un comme l’autre (…)." (p.260).
            Puis ce fut l’exécution sommaire de K., dans:
 
            "La veille de son trente et unième anniversaire de naissance – c’était vers neuf heures du soir, l’heure du calme dans les rues – deux messieurs se présentèrent chez K. (…).La logique a beau être inébranlable, elle ne résiste pas à un homme qui veut vivre. Où était le juge qu’i n’avait jamais vu? Où était l haute cour à  laquelle il n’était jamais parvenu? Il leva les mains et écarquilla les doigts.
            Mais l’un des deux messieurs venait de le saisir à la gorge; l’autre lui enfonça le couteau dans le cœur et l’y retourna par deux fois. Les yeux mourants, K. vit encore le deux messieurs penchés tout près de son visage qui observaient le dénouement joue contre joue.
           « Comme un chien!» dit-il, c’était comme si la honte dût lui survivre. " (pp.273, 279-280).   

               - "La peine capitale d’une justice formelle pénale parodique sur la sellette du roman «La peste » (1947) d’Albert Camus (1913-1960):

          Ici, juge et peine capitale, émanant d’une justice informelle pénale parodique sont mis sur  la sellette du roman «La peste » (1947) d’Albert Camus (1913-1960). J.-N. Rey en décrit la procédure classique, appelée à être réformée, dans le cas de crime en France, comme suit: "Le jugement se déroule (…), devant la cour d’assises, s’il s’agit d’un crime. Pendant l’audience qui est publique, orale et contradictoire, le ministère public, le prévenu (ou l’accusé) et la partie civile vont développer leurs arguments au cours de débats (…). Le rôle du juge d’instruction: il doit faire la part entre la poursuite (le parquet) et la défense, mais il est souvent accusé d’agir en « symbiose» avec le ministère public [une justice formelle pénale parodique] et d’être plus enclin à instruire à charge qu’à décharge [v. la peine de mort], de superposer, enfin, sa vérité à celle de la police qu’il ne contrôle pas, d’ailleurs, absolument (…). Le vrai problème, en réalité porte sur la manière et les moyens de signifier la loi; aujourd’hui, en effet", les Français souhaitent que celle-là ne soit pas utilisée, par un magistrat « crispé» sur l’ordre, comme un bouclier, mais comme outil, et que l’infraction (…) puisse être appréciée dans le contexte de son époque (v. réforme)." – Op.cit., pp.27-28. D’où dans le roman «La peste»:
      
        + " « Il faut vous [le docteur Rieux] que je [Tarrou]" que je n’étais pas pauvre comme vous. Mon père était avocat général, ce qui est une situation (…). Quand j’avais dix-sept ans, en effet mon père m’avait invité à aller l’écouter. Il s’agissait d’une affaire importante en cour d’assises et, certainement, il avait pensé qu’il apparaîtrait sous son meilleur jour (…). Ce qui se passait dans un tribunal m’avait toujours paru aussi naturel et inévitable qu’une revue de 14 juillet ou une distribution de prix (…). Je n’ai pourtant gardé de cette journée qu’une seule image, celle du coupable. Je crois qu’il était coupable en effet, il importe peu de quoi. Mais ce petit homme au poil roux et pauvre, d’une trentaine d’années, paraissait si décidé à tout reconnaître, si sincèrement effrayé par ce qu’il avait fait et ce qu’on allait lui faire, qu’au bout de quelques minutes je n’eus plus d’yeux que pour lui. Il avait l’air d’un hibou effarouché par une lumière trop vive (…).
         « Transformé par sa robe rouge [le père de Tarrou], ni bonhomme ni affectueux, sa bouche grouillait de phrases immenses, qui, sans arrêt, en sortaient comme des serpents. Je compris qu’il demandait la mort de cet homme au nom de la société et qu’il demandait même qu’on lui coupât le cou (…). En conséquence, j’ai fait de la politique comme on dit (…). J’ai cru que la société où je vivais était celle qui reposait sur la condamnation à mort et qu’en la combattant, je combattrais l’assassinat (…). Jusqu’au jour où j’ai vu une exécution (c’était en Hongrie [1956]) et le même vertige qui avait saisi l’enfant que j’étais a obscurci mes yeux d’homme." (pp.222-226).

      Par ailleurs, la justice informelle pénale parodique est également mise sur la sellette des  romans contemporains de F. Kafka (Tchécoslovaquie), A. Camus (France - Prix Nobel 1957), T. Salih (Soudan) et J. Knittel (Suisse), dans l’espoir de sa future réforme dans le monde moderne. "Si l’accusé n’est pas le seul maître de son destin pénal (condamnation, acquittement), rappelle F. Defferrard, il peut néanmoins décider souverainement, sans qu’on puisse grand-chose, du sort attaché au procès lui-même, et de ce qu’il en restera dans les archives judiciaires et la mémoire collective [v. les romans]." – Ibid.

             - "La peine capitale pour légitime défense par une justice informelle militaire coloniale parodique sur la sellette du roman «Nedjma» (1956) de K. Yacine (1929-1989):
     
"CONQUÊTES de territoires, extermination ou déportation de populations, traites des esclaves et travail forcé, sans parler des exécutions sommaires [v.  justice formelle militaire coloniale parodique], des famines, des maladies qui ont tué près de 15 millions d’Africains, dislocation des sociétés traditionnelles, pillage des pays dominés: le bilan que dresse, sous la direction de Marc Ferro, «Le livre noir du colonialisme» est effarant (…). Et l’on sait de quelles exactions s’est accompagnée  la conquête de l’Algérie, comme, un siècle plus tard sa «pacification»: «Le livre noir…» en brosse un tableau accablant.""COLONIALISME: Regard critique sur une domination", LE MONDE DIPLOMATIQUE, Juin 2003, p.31. D’où dans le roman «Nedjma» de K. Yacine:

 + "Les autres ouvriers disent que M. Ernest [l’impitoyable patron colon] s’efforce d’être aimable, mais il faut se méfier.
  Ameziane dénoue la ficelle qui lui tient lieu de ceinture, et montre une écorchure envenimée au bas de son dos…
  - Voilà le caractère de M. Ernest…
      Les camarades sont partagés [Mustapha, Lakhdar et Rachid] entre l’inquiétude et la gaîté.
  - Coup de godasse ou de pelle?
   - Perd rien pour attendre… je suis là pour sortir mon père de prison.
  - Son père a tué un colon qui lui avait confisqué son troupeau, précise un autre manœuvre (…).
  - Je suis allé voir deux avocats de Constantine, poursuit Ameziane, et j’ai vendu notre dernier terrain pour les payer. Mes économies et celles de ma mère y sont passées. Mais, au moins, c’étaient des discours! Trois heures entières, surtout quand maître Gauby a commencé, les juges ont baissé la tête. Ils se sont parlé tout bas. J’ai cru qu’ils s’avouaient l’innocence de papa. A chaque démonstration, je mettais un billet de cent francs sur le pupitre des défenseurs. Les gendarmes voulaient m’évacuer. L’interprète traduisait fidèlement les nobles paroles arrachées à mon père. L’assistance ne cachait pas son émotion. Après la plaidoirie, les juges ont quitté la salle, d’un pas lourd. Je les trouvais angéliques, avec leurs robes et leurs bonnets fripons. Maître Gauby souriait à mon père de telle manière qu’il était sauvé. Puis les juges sont revenus. Condamné à mort [une justice formelle  militaire coloniale parodique]." (pp.45-47).

       B- La justice informelle pénale  parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:

       En admettant que toute justice pénale expéditive est une justice informelle pénale  parodique, cette dernière est mise sur la sellette des romans du monde contemporain, comme:

      - "Une affaire de corruption meurtrière impunie par une justice informelle pénale coloniale parodique sur la sellette du roman «Le docteur Ibrahim » (1947) de John Knittel (1891-1970):
      
        Sur la sellette du roman «Le docteur Ibrahim » (1947) de John Knittel (1891-1970) se trouve mise en index une affaire de corruption meurtrière impunie (par décision du ministre de l’intérieur égyptien sous tutelle britannique) au d’une justice informelle pénale coloniale parodique dont le médecin plaignant (le docteur Ibrahim Gamal d’Assiut) contre le directeur corrompu et meurtrier (le docteur Kolali) d’un hôpital égyptien. La plainte (du docteur Ibrahim Gamal d’Assiut), faussement accusé d’être à l’origine de l’affaire, est ignoré et soumis, à la place du vrai coupable, à des sanction administratives, sa mutation hors du Caire, pour «violation des formes» et «manquement à la discipline». "Bien sûr, remarque F. Defferrard, après la commission d’un crime [ou son signalement], c’est la justice qui décide de poursuivre le suspect qu’elle a découvert; c’est elle qui enquête, qui instruit et rassemble les indices; c’est elle qui décide s’il doit y avoir un procès devant une Cour d’assises et, ainsi, un jugement populaire; c’est elle enfin, qui décrète la culpabilité ou l’innocence [v. affaire classée].  Et cependant, en dépit du squelette procédural qui le soutient et lui donne sa force, en dépit, sur le fond, des preuves matérielles, des témoignages et des expertises de toutes natures sanctifiées par la science des microscopes et des éprouvettes, le procès pénal reste une pâte molle que l’accusé peut toujours modeler comme il l’entend, presque à son image [v. ici le docteur Kolali et compagnie]." – Op.cit., p.1. Ce que dévoile J. Knittel dans son roman:
    
       + "Je [le Dr. Ibrahim] reçus l’ordre de me rendre sur-le-champ à l’enquête [sur l’émeute des paysans à l’hôpital] (…). L’officier de garde à la porte m’informa qu’on m’attendait au Palais [de justice] du gouvernement (…). Je fus étonné de constater qu’on m’appelait seulement comme témoin [à la place d’accusé]. On me posa cent questions insignifiantes au sujet de l’émeute [due à la séquestration qu’on lui a imputée du fils malade de l’Omdah Mohammed Assâr à la prison de l’hôpital], et il m’apparut bientôt évident que les autorités locales essayaient de faire peser toute la responsabilité des blessures et des morts sur les épaules de villageois [des victimes]. L’Omdah et ses fils avaient été arrêtés, me dit-on, comme étant les meneurs (…). Dans mon désespoir, je [le Dr. Ibrahim] décidai d’écrire un rapport au ministre de l’Intérieur et de courir ma chance.
        Je m’assis aussitôt et j’écrivis d’une seule traite. Je relatai la suite des événements qui avaient conduit à l’émeute. Je dénonçai le docteur Kolali, Abourizk et leurs subalternes. Je les accusai de faire chanter les malades, d’extorquer de l’argent, de torturer le gens confiés à leurs soins. Je les accusai de vendre de la morphine, de la cocaїne, de l’héroїne et autres drogues à des agents privés de la ville, de trafiquer des provisions du gouvernement et de fausser les livres des comptes. Je donnai l nom de tous leurs satellites et complices et, pour terminer, j’ajoutai une liste d’erreurs professionnelles commises par le docteur Kolali. Je l’accusai d’avoir tué des malades par sa négligence et son ignorance (...). Le gouvernement égyptien, en réponse à mon rapport, avait envoyé un Anglais [le Dr. Bernard].
        - Mais, mon cher garçon, vous ne pouvez pas passer par-dessus nos règlements [coloniaux] comme cela, dit le docteur Bernard, manifestement ragaillardi (...). Ne savez-vous pas que si vous aviez des griefs à présenter, vous deviez vous adresser à l’administration locale.
         - Oh! oui. Je le sais. Mais c’est devant le juge d’instruction [la justice souveraine] que doivent aller, me semble-t-il, des accusations comme les miennes (...).
         Le docteur Bernard renifla.
         « Pourquoi introduire la politique, mon garçon? 
         -La politique? Qu’a donc à faire la politique dans ce que je disais? J’aimerai bien savoir ce qu’est devenu mon rapport.» 
          Le docteur Bernard sourit:
         - Je l’ai. Il m’a été remis par le Pacha. Le ministre de l’Intérieur le lui avait passé. Il avait mis dessus : non reçu (…). C’est mon affaire (…). Je vous reproche simplement de n’avoir tenu aucun cas des règlements du service. Que vous ayez tort  ou raison, c’est une autre question, qu’on examinera plus tard [une justice informelle pénale coloniale parodique]. Pour le moment, j’attire votre attention sur le fait que vous êtes coupable d’avoir violé les formes. Un manquement à la discipline (…).»
       Trois jours après ces événements, je [le Dr. Ibrahim] reçus une lettre recommandée dans une enveloppe officielle. J’hésitai avant de l’ouvrir. Enfin je déchirai l’enveloppe et lus le papier qu’elle contenait. Il était signé par le sous-secrétaire d’Etat et ordonnait mon déplacement immédiat pour le Markhaz d’Edfou. On m’envoyait loin en amont sur le Nil vers la sombre Nubie. Exilé à Edfou [une justice informelle pénale coloniale parodique]! Yasalaam!" (pp.360, 363-364, 372-373, 376-377

          Dès lors, la justice formelle et informelle parodique mise sur la sellette des romans du monde contemporain s’évertue à dévoiler la réalité socio-politique et à augurer d’une future réforme de celle-ci par les états-majors officiels et les Etats du monde contemporain. En témoignent les crimes de guerre commis par la justice militaire parodique des guerres et des révolutions  passées et actuelles des temps modernes.
        "Quoi qu’il en soit, constate G. Scarpetta, ce paradoxe [la justice militaire  parodique sur la sellette des romans du monde contemporain] semble bien se prolonger. Il est évident que le gigantesque bouleversement social et moral introduit, justement par la guerre de 14-18 [ou les guerres civiles et révolutions ultérieures] fut enregistré, au moment même de son apparition, et, avec la plus grande lucidité, par un romancier, Marcel Proust [1871-1922], dont l’art s’émancipait délibérément du réalisme. Que c’est un romancier des plus novateur, lui aussi aux antipodes du réalisme, Frantz Kafka [1883-1924], qui sut anticiper, jusque dans ses aspects les plus subjectifs, le monde totalitaire en gestion [nazisme, fascisme, stalinisme, etc.]. Que le «refoulé» de l’histoire officielle (et édifiante) des Etats-Unis fut exploré par ce formidable inventeur de formes que fut William Faulkner [1897-1962], bien mieux que par n’importe quel héritier du roman historique. "- Op.cit., p.30.
      Conjointement, de la justice formelle et informelle militaire Pierre Daix évoque dans sa préface au roman "Une journée d’Ivan Denissovitch" (1963) d’Alexandre Soljenitsyne:"Les camps fascistes [la justice informelle militaire parodique] ont été extirpés par  la chirurgie de la victoire de 1945 [la justice formelle souveraine]. Mais depuis ce temps-là, nous les anciens déportés, avons vécu parmi les signes de l’activité et de la récidive de ce cancer. Il prolifère à nos portes, en Espagne, au Portugal [révolutions et dictatures militaires]. Du sabotage de l’épuration et de la dénazification à nos jours [v. la grande Guerre 1939-1945], chaque bourreau, chaque tortionnaire, chaque criminel de guerre rendu à la liberté est là pour rappeler ce que la rémission a de provisoire. Plus gravement encore  les guerres coloniales en Indochine, en Algérie, en Angola, ont marqué l’étendue du cancer en Europe [v. justice informelle militaire parodique]. "- Paris, Ed/ Julliard, 1963, p.18.
          Nous consulterons, en ce sens, "Nedjma" (1956) de Kateb Yacine,  "L’homme de sang" (1959) de José-Luis Vilallonga, "Le grand cercle" (1968) d’Alexandre Soljenytsine et "Une rue pauvre"  (1988). Ainsi en sera-t-il dans:

     A- La justice formelle  militaire  parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:
          
     Dans cette optique, la justice formelle  militaire coloniale parodique est mise notamment sur la sellette des romans d’A. Soljenytsine, comme suit:
     
      - "Une condamné à dix ans de bagne pour trahison imaginaire par une justice formelle militaire révolutionnaire parodique sur la sellette du roman «Le grand» (1968) d’Alexandre Soljenytsine ( en 1918):
       
        La condamnation à dix ans de bagne pour une trahison imaginaire par une justice formelle militaire révolutionnaire parodique (la guerre froide) est aussi mise sur la sellette du roman «Le grand cercle» (1968) d’Alexandre Soljenytsine (né  en 1918, prix Nobel 1970). Il s’agit de la période sombre du stalinisme dans l’ex-URSS (1924-1953). "Remarqué pour son dévouement à la personne du Vojd  (le Guide, comme on nommait Staline) – en 1933, rappelle Marie Jégo, il publie un article où le nom de Staline figure 69 fois, souligné en gras -, le petit fonctionnaire [Andréї Vychinski: 1883-1954] au physique de principal de collège est enfin nommé adjoint du procureur général. Surfant sur la vague des épurations [1936-1938], il se hisse bientôt au poste de procureur et orchestre les grands procès, posant la première pierre du « droit soviétique » en érigeant l’aveu [préfabriqué] au rang de preuve. Il a bien saisi l’esprit de la nouvelle ère : « Il faut se rappeler ce que nous dit le camarade Staline, à savoir qu’il y a des période où les lois sont périmées et doivent être écartées [une justice formelle militaire révolutionnaire parodique]», écrit-il en 1937."" Andréї Vychinski, accusateur public au style ordurier " "Le Monde", Mercredi 26 Février 2003, p.4. C’est le cas de l’ingénieur Potapov condamné sur aveux extorqués, pour trahison imaginaire, relaté dans ce passage du roman d’A. Soljenitsyne:
        
       + "Potapov était l’ingénieur qui avait avoué durant son interrogatoire, qui avait signé ses aveux et les avait confirmés à son procès [faux aveux]; il avait reconnu avoir personnellement vendu aux Allemands – et pour très peu d’argent – l’orgueil des plans quinquennaux staliniens, le Dnieproghes, la centrale hydro-électrique du Dniepr, bien qu’il fût vendu démolie [délit de trahison imaginaire]. Seule la miséricorde d’un tribunal humain avait fait que Potapov, pour ce crime incroyable et sans précédent, n’avait été condamné qu’à dix ans d’emprisonnement et cinq de privation de droits civiques, ce que, dans l’argot des prisonniers, on appelait «dix ans plus cinq sur les cornes» (…).  
       Cependant, ce qu’on omit de noter au procès, ce fut la suite: la Russe inconnu qui avait ainsi vérifié l’identité de Potapov proposa de lui faire signer une déclaration par laquelle il s’engageait à reconstruire Dnieproghes, moyennant quoi on lui accorderait aussitôt la liberté, des rations alimentaires, de l’argent, et on lui rendrait son cher travail (…). Sans battre sa coulpe ni prononcer de grandes phrases, sans paraître vouloir jouer les héros posthumes de l’Union soviétique, Potapov répondit modestement :
        «Mais vous comprenez, j’ai signé une déclaration sous serment [ironie du sort]. Et si je signe ça, il y a une sorte de contradiction, non?»
         C’est ainsi que doucement Potapov  choisit la mort plutôt le bien-être (…).
         Aussi, pour ce beau geste, le tribunal soviétique n’ajouta rien à la peine de dix ans à laquelle il était condamné.
         L’ingénieur Markouchev, lui avait signé une déclaration analogue et s’en était allé travailler pour les Allemands. Le tribunal lui avait infligé dix ans aussi.
        C’était la signature de Staline, cette magnifique égalisation des amis et des ennemis, qui lui donnait une place dans toute l’histoire de l’humanité [une justice formelle militaire révolutionnaire parodique]." (pp.237-238).
       
        B- La justice  informelle  militaire  parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:
  
         Par contre, la justice  informelle  militaire  parodique, mise sur la sellette des romans du monde contemporain, trouve sa parfaite illustration dans:   
                        
       - "Le lynchage par la foule d’une justice informelle militaire révolutionnaire parodique sur la sellette du roman «L’homme de sang» (1959) de J.-L. Vilallonga (1920-2007):
      
         En outre, le lynchage par la foule d’une justice informelle militaire révolutionnaire parodique, mise sur la sellette du roman «L’homme de sang» (1959) de J.-L. Vilallonga (1920-2007), est aussi ce qui ressort du rapport du roman et des faits historiques chez par exemple, E. Hemingway, évoqué par G. Scarpetta en  ces lignes: "Pour prolonger, avise-t-il: il n’est sans doute aucun meilleur livre, pour nous faire saisir la face de l’ombre des Etats-Unis, que le nouveau roman de Philip Roth, «La Tache» [2002] (…). On connaît le sujet de «La Tache»: un professeur d’université accusé, à la suite d’un simple malentendu, d’avoir tenu des propos racistes, poussé à démissionner, et qui semble accompagner subjectivement la dégradation qui lui a été imposée; l’enquête, livrée par le narrateur qui découvre peu à peu (…) un passé inouї, un lourd secret soigneusement dissimulé (le déni des origines noires du professeur); la restitution, surtout , le monologue intérieur des personnages liés au drame: Faunia, la maîtresse de l’enseignant déchu, femme de ménage illettrée, tout à la fois désabusée et débordante d’une invincible vitalité; Dephine, l’universitaire d’origine française, inquisitrice redoutable, militante du politically correct, dont l’acharnement à détruire son collègue recouvre, aussi, de pitoyables secrets d’ordre privé; le vétéran du Viet-Nam, à jamais traumatisé par la guerre, violent, raciste, obsédé de vengeance et de meurtre (rarement la littérature nous a fait pénétrer aussi profondément dans le cerveau d’un fasciste) " – Ibid. Ce que relate,  pour sa part, ce passage du roman de J.-L. Vilallonga, sur les horreurs de la justice militaire révolutionnaire parodique, sous la guerre civile espagnole:

         + "- Lobo [le général Fuentes, alias Le loup] …, coupa Catalina sans hausser la voix, mon frère, le général Pizzarro, rentre en Espagne.
            «El Lobo» se tut quelques secondes. Puis, hébété:
             - Pourquoi faire ? dit-il enfin.
             - La guerre, répondit calmement  Francisco Pizzaro. Et il ajouta : Malgré mon âge (…). 
             - Francisco, murmura-t-il [El Lobo], il ne faut pas nous en vouloir. Je sais que ta vie, là-bas en Russie [ex-URSS], a dû être bien différente de la nôtre…
             - J’ai appris pas mal de choses.
             - J’en suis sûr. Mais figure-toi que nous aussi. Nous avons, ici à Paris, appris à vivre. Et à oublier. Et comprendre lorsqu’une chose [la révolution] est foutue, elle est foutue.  
      Il essaya de prendre un ton convaincant qui n’allait pas avec la pauvreté de ses arguments.
       - Dis, Francisco… excepté les tribunaux militaires [une justice informelle militaire révolutionnaire parodique], qui se souvient de nous, là-bas (…)? Tu ne comprends donc pas que nous sommes finis? Et, puis tu sais, il paraît que les choses s’arrangent petit à petit, là-bas… (pp.95-96).
        Puis, on relève le lynchage par la foule révolutionnaire d’un femme, un peu plus loin:

        Lorsqu’il rentra à la Casa del Pueblo de Puerto de Santa Maria après avoir assassiné ]une justice informelle militaire révolutionnaire parodique[ Antonio, Francisco Pizzarro monta dans sa chambre pour dormir quelques heures.
        Ce ne fut que lendemain matin, à son réveil, qu’on lui annonça la prise de deux membres  de la famille de La Cárcova [ses ex-employeurs], Soledad et sa mère, arrêtées sur la route alors qu’elles essayaient de gagner en voiture le port de Cadix [pour l’étranger].
        La nouvelle de cette capture sensationnelle courait les rues. Déjà plusieurs centaines de personnes s’étaient massées devant la Casa del Pueblo et réclamaient à grands cris  impatients la tête des prisonnières [un verdict sans procès]. Livrées à la foules, les deux femmes auraient été immédiatement lynchées et débitées à l’étal du boucher d’en face, en hommage à de très vieilles traditions (…).
       Alors, une grosse femme, qui portait incliné sur la tête un calot de police et qui tenait à la main un fusil  au canon rouillé, s’approcha de Francisco Pizzarro et lui demanda:
       Alors quoi, Général? Tu nous les donnes ces deux-là (…)? 
       - Non, dit-il, repoussant la milicienne (…).  
        La grosse femme se voulait conciliante.
       - Allons, allons, Paco, pas de conneries! Livre-les et qu’on n’en parle plus! On fait une révolution, oui ou non (…)?
          Un personnage barbu et sale pénétra dans la cave, suivi de quelques hommes en costumes de paysan (…). Puis il dit [en guise de verdict expéditif]:
       - Francisco, donne-leur la vieille, ça les calmera…
         Doña Rosario [la condamnée] s’était levée, le visage blanc, la tête comme séparée du corps par le ruban de soie noire qui encerclait son cou frêle.
       -  Adios, Soledad, murmura-t-elle en baisant sa fille sur le font (…).
        Quelques secondes plus tard, on entendit, venant de la place, une grande clameur de joie, puis tout de suite un cri, déchirant, affreux, quelques hoquets, un râle et enfin, un hurlement de triomphe. Après quoi le silence. "(pp.110-113).

       - "Le lynchage de l’intellectuel par une justice informelle militaire révolutionnaire parodique sur la sellette du roman «Une rue pauvre» (1988) de Cheng Naishan (née en 1946):

      Certes, le lynchage de l’intellectuel par constitue également la mise d’une justice informelle militaire révolutionnaire parodique sur la sellette du roman «Une rue pauvre» (1988) de Cheng Naishan (née en 1946). Il suffit de rappeler, à titre d’exemple réel à cet égard, le cas de l’écrivain  chinois Yu Pingo. Emprisonné et persécuté par les Gardes rouges, pendant la « Révolution culturelle chinoise », mouvement idéologique armé (1966-1976) déclenché par Mao Tsé-toung (1893-1976),  pour avoir fait l’étude du roman «Le rêve du pavillon rouge» de Cao Xueqin (1715-1763). Yu Pingo (né en 1900), déclare pour se défendre contre cela, en 1986 : "Du reste, encore de nos jours, en rapporte Lu Yonpin, certains chercheurs n’en sont toujours pas sortis [du  lynchage d’intellectuel par une justice informelle militaire révolutionnaire parodique].  «Le rêve du pavillon rouge» est avant tout un roman, a-t-il continué, on ne peut pas étudier une œuvre sans tenir compte de sa forme artistique. Le roman, c’est de la fiction. «Le réel est subordonné à l’imaginaire.» Il ne faut pas situer les personnages, les intrigues et les objets du roman dans la vie réelle. Quand on étudie un roman «Le rêve du pavillon rouge», on doit mettre l’accent sur les valeurs littéraire et philosophique de cette œuvre. Depuis « la révolution culturelle » [1966-1970], Yu Pingo s’était abstenu d’aborder ce sujet délicat". – "Yu Pingo, expert de la littérature classique ", «Littérature chinoise», Trimestre 1, 1988, pp.9, 13.  Le roman de C. Naishan en restitue les iniquités dans l’extrait suivant:   

       + "Après avoir entendu parler de la vie avant la Libération [1980], elle [l’héroїne Wen Xixiu, l’institutrice d’anglais à l’école «Mille soleils»] avait, enfant,  demandé  naїvement à sa mère: «Qui va balayer les rues, maintenant qu’on est libre et que tout le monde a les moyens d’aller à l’université?  Et il y a eu «la révolution culturelle» [1966-1976]; son frère aîné, qui avait été classé premier [v. un intellectuel mandarin] dans un concours de mathématiques organisé dans l’arrondissement, a été affecté au marché pour vendre des légumes salés [lynchage de l’intellectuel par une justice informelle militaire révolutionnaire parodique]. Bien sûr maintenant, il n’y travaille plus, il fait des études à l’étranger, et aux frais du gouvernement."  - Op.cit., p.134. 

       Bref, la justice formelle et informelle militaire parodique est encore mise sur les sellette des romans du monde contemporains, dans le cas ci-dessus de la peine capitale pour légitime défense en situation coloniale, dans «Nedjma » de K. Yacine (Algérie), de dix ans de bagne pour trahison imaginaire sous un régime révolutionnaire totalitaire dans «Le grand cercle» d’A. Soljenytsine (ex-URSS), de lynchage par la foule des miliciens révolutionnaires, dans «L’homme de sang» de G.-L. Vilallonga (Espagne) et de lynchage d’intellectuels par les Gardes rouges armés de « la Révolution culturelle chinoise», dans «Une rue pauvre» de C. Naishan (Chine). Et comme dit Étienne de Montety: "Dans le désordre de la guerre [et de la révolution], pourquoi  le nier? Le bourreau n’est pas à l’aise : il ne reconnaît pas la mort [la justice formelle et informelle militaire parodique]; celle-là a mauvais genre.""Le bourreau de Furnes", www.lefigaro.fr, p.1.

        3- La justice formelle et informelle politique  parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:

        En contrepartie, la justice formelle et informelle politique  parodique est mise sur la sellette des romans du monde contemporain et trouve à juste titre son  écho dans cette réflexion de Benjamin Fernandez relative au livre « Le cas Pinochet: Justice et politique» de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot – Paris, Ed. Syllepse, 2003, 109 p. -, assertant: "L’arrestation de l’ex-dictateur chilien Augusto Pinochet en 1998 pour atteinte aux droits humains ouvrit des perspectives inouїes à la justice, jusqu’à la prononciation du non-lieu, au terme d’une saga juridique qui aura duré près de quatre ans. A travers la chronique d’un événement judiciaire sans précédent, les auteurs auront voulu éclairer l’ambiguїté des liens de la justice au pouvoir politique [v. une  justice formelle et informelle politique parodique]. Car le cas Pinochet est révélateur à la fois des écueils sur lesquels bute la justice et du combat pour la rendre autonome et internationale. "- "Le Monde diplomatique", Juin 2003, p.30. Ainsi verra-t-on:

      A- La justice formelle politique parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:
      
     Concernant la justice formelle politique parodique mise sur la sellette des romans du monde contemporain, on pourrait mentionner encore «Le docteur Ibrahim» (1947) de John Knittel et «Le passé enterré» (1966) d’Abdelkrim Ghallab. En ce sens, nous citerons:

      - "De trois mois à un an de prison pour délit d’opinion par une justice formelle politique coloniale parodique sur la sellette du roman «Le docteur Ibrahim» (1947) de John Knitel  (1891-1970):
     
      Dans cette optique, la justice formelle politique coloniale parodique est mise sur la sellette du roman «Le docteur Ibrahim» (1947) de John Knitel  (1891-1970), dans le cas des  trois mois à un an de prison infligés  à des étudiants égyptiens pour délit d’opinion nationaliste anti-britannique. "Brutalités inévitables ?  «Bavures» dans le feu de l’action?, remarque M.T. Maschino, Gilles Manceron, dans Marianne et les colonies, montre, au contraire, que le comportement des troupes coloniales résulte à la fois d’une volonté politique [v. une justice formelle politique coloniale parodique] d’asservir totalement les pays conquis et d’une idéologie qui la justifie (…). Mystification réussie : asséné à des générations de Français [v. d’Anglais], l’éloge de l’œuvre coloniale, souligne Gilles Manceron, ne les a pas prédisposés à comprendre la lutte pour l’indépendance des peuples colonisés, où la plupart n’ont vu qu’«ingratitude» ou «fanatisme [politique nationaliste]»." – Op.cit., p. 31. C’est ce qu’illustre le roman de J. Knittel dans:

       + "Imaginez-moi [Ibrahim Gamal d’Assiut] maintenant dans notre maison de boue de Sharia Nadif. C’était le soir (…). Une foule s’assembla devant la maison. Nous descendîmes à la porte pour voir ce qui se passait. Nous vîmes devant nous un officier de police maigre et rougeaud, accompagné d’un chouich et de deux policemen. Avant que j’eusse le temps de dire un mot, je fus frappé sur la tête par un des agents, mon propre compatriote, et perdis presque connaissance. La foule se mit à hurler (…). D’autres policiers arrivèrent. Ils tombèrent sur la foule et repoussèrent brutalement les gens. On me traîna dans la salle d’école. Les noms les plus ignobles furent déversés sur moi, à la fois par l’officier de police anglais et par ses hommes (…).
       « Vous vous appelez Ibrahim Gamal d’Assiut? rugit l’officier.
       - Oui, c’est bien moi, dis-je.
       -  Avez-vous un permis d’enseignement du Ministère de l’instruction?
       -  Un permis ? Non. Je ne savais pas qu’il fallait un permis pour  instruire de petits enfants.
       - Ah! Vous ne le saviez pas! N’êtes-vous pas étudiant en médecine? Pourquoi ne vous occupez-vous pas de vos propres études? Est-ce vous qui avez écrit ces phrases [slogans nationalistes sur les murs]?»
        Je me détournai et m’adressai à l’agent égyptien:
       « Oui, j’ai écrit ces sentences. Lis-les si tu peux! Elles sont faites pour toi aussi bien que pour les enfants. N’as-tu pas honte de te laisser diriger par un Anglais ? Tu mériterais d’être battu. Tu trahis ton pays (...). 
        Je suivis la longue et odieuse  voie à travers les prisons et les tribunaux. Je fus accusé d’activité révolutionnaire, mais l’accusation restait voilée. Elle portait simplement : « Avoir enseigné sans diplômes requis.» Jeune et inexpérimenté, tout prêt à l’héroїsme, j’affrontai mes juges avec une téméraire imprudence (...). Pendant ma captivité, mes amis de l’Ecole de Médecine ne restaient pas inactifs. Le sang circassien d’Aboutakr bouillonnait de rage (...). Alors ils s’assemblèrent une fois de plus devant Kasr-el-Aїni (...).
       - Ecoutez, monsieur [l’officier de police anglais], dit Aboubakr dans un bon anglais coulant, nous vous demandons très peu (...). Nous réclamons justice. Nous réclamons la mise en liberté immédiate d’Ibrahim Gamal d’Assiut et de tous nos camarades qui ont été arrêtés (...).
    Ce fut le dernier et noble effort d’Aboubakr. Il paraît qu’une troupe de policiers arriva sur la scène. Il y eut une bataille. Huit personnes furent blessées, dont certains grièvement. Aboubakr, arrêté, se vit condamné à un an de prison (...).
     Je fus libéré au bout de trois mois. On me dit que je devais ma liberté à la générosité du nouveau ministre de l’Instruction [une justice formelle politique coloniale parodique].
     
       - "La peine capitale pour délit d’opinion nationaliste par une justice formelle politique coloniale parodique sur la sellette du roman «Le passé enterré» (1966) d’Abdelkrim Ghallab (née en 1919):

       A propos du cas de la peine capitale pour délit d’opinion nationaliste d’une justice formelle politique coloniale parodique sur la sellette du roman «Le passé enterré» (1966) d’Abdelkrim Ghallab (née en 1919), citons un commentaire idéologico-politique de Maurice T. Maschino: "Refoulée, et donc toujours active, «l’idéologie qui sous-tendait les conquêtes et les guerres coloniales survit dans les esprits», écrit Gilles Manceron. Sous forme de racisme, aux multiples manifestations quotidiennes [v. préjugés]. Et sous forme de législations discriminatoires [une justice formelle politique coloniale parodique]: dans la plupart des pays ex-colonisateurs, l’étranger reste un indésirable ou un suspect, à maintenir dans un réseau – un carcan – de lois essentiellement répressives [v. la peine capitale]. ""COLONIALISME : Regard critique sur une domination", Op.cit., p.31. Dans le roman d’A. Ghallab, on relève:

      + "Pendant qu’il étudiait leur dossier, Mahmoud entrevoyait, à travers Mohamed, Azzeddine, Ahmed et Tahar, l’image de son frère Abderrahman et de son ami Abdelaziz. Dans les propos de ceux-ci, on retrouvait les idées si souvent émises dans la chambre d’Abderrahman (…), et dont lui-même était généralement exclu; mais il arrivait à capter des bribes de leurs conversations. Il en avait encore les oreilles pleines; il les retrouvait dans le dossier d’instruction de ce groupe,  et s’interrogeait:
          - Qui vais-je juger en fait? De jeunes dévoyés? Mais ils ressemblent à mon frère, ils ont les mêmes idées, le même langage … je juge qui : mon frère ? Abdelaziz ? Dieu ait son âme ! c’était presque un frère pour moi … Non, je juge leurs théories… ils n’ont pas eu la main heureuse en endoctrinant ces jeunes… des enfants mineurs.
          Un agent l’arracha à sa réflexion:
         - Sidi Mahmoud, le Contrôleur [civil colonial français] te demande (…). 
         Mahmoud se força à sourire et se hâta vers le bureau du contrôleur.
         - As-tu préparé le dossier des terroristes?
          Mahmoud salua d’une inclination:
         - Je l’ai étudié, et je suis en train d’examiner les à-côtés de l’affaire.
         - Examiner quoi? L’affaire est claire ! tonna le contrôleur. Une bande d’assassins, complices d’une bande d’égorgeurs condamnés et exécutés: le cas est évident.
         Il farfouilla nerveusement dans ses papiers et prit une feuille:
         - Peine capitale pour Mohamed ; prison à vie et travaux forcés pour les autres. Voilà le verdict à rendre demain.
            Mahmoud prit note et attendit la permission de se retirer. L’homme déjà plongé dans ses papiers releva des yeux méprisants :
         - C’est terminé. Tu peux t’en aller. "(pp.279-280).
   
         B- La justice informelle politique parodique sur la sellette des romans du monde contemporain:
      
       Quant à la justice informelle politique parodique sur la sellette des romans du monde contemporain, il faudrait relater avec Corinne Lepage ce dilemme juridique de notre temps: "Les 50 ans qui viennent de s’écouler ont montré que, comme dans de nombreux pays démocratiques, le droit et le rôle de la justice pour trancher à la place du politique, de toute une série de sujets de société, n’avaient cessé de croître. Sans doute la montée des affaires politico-financières et les affaires de corruption et de trafic d’influence expliquent pour partie ce recours au juge, seul recours - même si son efficacité est très modeste (…) - pour les victimes et… la moralité publique (…). S’y ajoute le rôle de la mondialisation (…). Tel est précisément le dilemme actuel : simultanément, le pouvoir ne cesse d’en appeler au juge et ne cesse de le contester, au nom du refus d’un gouvernement des juges [v. une justice informelle politique parodique]." "Faut-il un pouvoir judiciaire en France?", www.corinnelepage.com, p.1. Là, se profilent des romans témoins tels que: «42e parallèle» (1919) de John Dos Passos et «Le docteur Ibrahim» (1947) de John Knittel. On y relève notamment:
      
       - "Le droit syndical adjugé en coulisse par une justice informelle politico-économique parodique sur la sellette du roman «42e parallèle» (1919) de John Dos Passos (1891-1970):
         
        Cependant, le droit syndical adjugé en coulisse par une justice informelle politico-économique parodique est mis sur la sellette du roman «42e parallèle» (1919) de John Dos Passos (1891-1970), se répercutant dans ce propos de Francis Feeley, syndicaliste et enseignant universitaire d’Histoire sociale des Etats-Unis et de la France sur les campus français et américain, recueilli par Loїc Chusseau en 2004, déclarant: "Il existe en France une tradition du centralisme démocratique avec les partis et ses élites qui ont le devoir d’informer les membres. Il n’y a pas la même culture politique aux Etats-Unis, on se méfie des élites. Les dirigeants de syndicats, comme Jimmy Hoffa ou Tony Boyle, sont devenus bien payés pour ne rien faire. La corruption régnait… C’étaient des opportunistes qui ne servaient pas l’intérêt des ouvriers. A l’origine des syndicats, c’est le besoin de servir les intérêts du petit peuple (…). Une fois que c’est institutionnalisé, le dirigeant peut devenir opportuniste et être tenté par les avantages, collaborer avec les structures dirigeantes, avec l’ennemi, dans un esprit contraire aux intérêts des ouvriers. En faisant beaucoup de compromis, ils se sont éloignés des ouvriers [le droit syndical adjugé en coulisse par une justice informelle politico-économique parodique]." "Syndicalisme made in USA", www.fragil.org, pp.2-3. Ce dont le roman de  J. Dos Passos décrit les dessous dans:

         + "L’après-midi suivant, au La Salle, le juge Bowie C. Planet se fit annoncer. Ward [un leader patronal] s’assit pour le recevoir regardant le ciel d’un bleu très pâle du lac Michigan. Il tenait à la main une petite fiche qui portait:
           Planet, Bowie C…, juge du Tennessee, mari d’Elsie Wilson Denver; petites affaires de cuivre et de plomb… membre de la firme d’avoués Planet et Wilson, Springfield, Illinois.
          - Parfait, Miss Rosenthal, dit-il quand on frappa à la porte. Elle alla dans l’autre pièce en emportant la fiche.  
          Morton ouvrit [le maître d’hôtel] la porte et laissa entrer un homme au visage rond coiffé d’un chapeau de feutre, un cigare à la bouche.
          - Bonjour, juge, dit Ward se levant et tendant la main. Comment vont les affaires ? Asseyez-vous donc (…). 
          - Monsieur désire-t-il une tasse de thé? Demanda Morton s’avançant lentement avec un plateau sur lequel étincelait un service à thé en argent (…).
           Le juge se trouva en train de siroter une tasse de thé tiède au lait.
          - Cela clarifie la cervelle, juge,cela clarifie la cervelle, dit Ward dont le thé intact se refroidissait devant lui.
           Le juge Planet tira silencieusement une bouffée de son cigare.
         - Eh bien, monsieur, je suis heureux de vous rencontrer, dit-il.
          A ce moment, Morton annonça Mr. Barrow, un homme osseux aux yeux à fleur de tête et dont la grosse pomme d’Adam surmontait une cravate roulée en corde (…).
         Sur le bureau de Ward se trouvait une autre petite fiche qui portait:
         Barrow, G.H., relations organisations ouvrières, genre réformateur. Anc.secrét. de la Frat. des chauffeurs locom.; se méfier.
         En se levant Ward retourna la carte. Après avoir serré la main à Barrow, l’avoir fait asseoir face à la lumière et l’avoir encombré d’une tasse de thé, il commença à parler:
          - Le capital et le travail, fit-il d’une voix lente et étudiée comme s’il dictait, comme vous l’avez sûrement remarqué au cours de vos carrières variées et utiles, le capital et le travail, ces deux grandes forces de notre vie nationale qui ne peuvent exister l’une sans l’autre, se séparent de plus en plus, il suffit de jeter un coup d’œil rapide sur les journaux pour vous en convaincre (…). Les grands chefs du capital américain, vous vous en rendez probablement compte Mr. Barrow, croient fermement au fair play et à la démocratie et ne son que trop disposés à donner à l’ouvrier sa part des produits de l’industrie s’ils peuvent seulement voir de quelle manière la chose est réalisable sans faire tort au public et  à l’actionnaire (…).  
       Le juge mâchonna le bout de son cigare.
       - Maintenant voyons si je vous comprends bien Mr. Moorehouse. Vous pensez grâce à vos relations avec les agences de publicité et les grosses affaires vous pourrez exploiter un champ nouveau en lançant une agence destinée à régler d’une manière pacifique et à l’amiable les conflits entre employeurs et ouvriers. Comment vous y prendrez-vous? 
        - Je suis sûr que les organisations ouvrières apporteraient leur collaboration à un tel mouvement, dit G.H. Barrow [le syndicaliste] se penchant en avant sur le bord de sa chaise. Si seulement elles pouvaient être sûres que… eh bien que…      
        - Qu’elles ne  seraient pas complètement roulées [une justice informelle politico-économique parodique], dit le juge en riant.
        - Exactement.
        - Eh bien, messieurs, je vais jouer cartes sur table. Le grand mot d’ordre sur le quel j’ai basé toutes mes affaires a toujours été la collaboration.
        - Je suis absolument d’accord avec vous sur ce point, dit le juge en riant de nouveau et se tapant sur le genou. Ce qui est difficile c’est la manière de réaliser cet état heureux de collaboration [une justice informelle politico-économique parodique].
        - Eh bien, la première chose à faire  est d’établir des contacts… En cet instant même nous voyons sous nos yeux ce contact amical s’établir.
        - Je dois le reconnaître, dit G.H. Barrow avec un rire contraint, je ne me serais jamais attendu à vider un verre en compagnie d’un membre de la maison Planet et Wilson.
        Le juge frappa sa cuisse grasse.
       - Vous voulez dire à cause de l’affaire Colorado?... Inutile de vus inquiéter. Je ne vous mangerai pas, M. Barrow…
          Ward parla longtemps ; enfin il regarda sa montre posée devant lui sur le bureau et se leva (…).
      - J’ai rarement entendu un homme d’affaires parler avec tant de sympathie et de compréhension sur la situation de la classe ouvrière, dit G.H. Barrow.
      - Je ne fais qu’exprimer le sentiment de mes clients, répliqua Ward en prenant congé d’eux à la porte avec un salut. "(pp.377-380) – John Brown, "PANORAMA DE LA LITTÉRATURE AMERICAINE AUX ETATS-UNIS", Paris, Ed. Gallimard, 1954, pp.377-380.
       
      - "Le bagne à perpétuité sur mandat d’arrêt expéditif par une justice informelle politico- bureaucratique parodique sur la sellette du roman «Le grand cercle» (1968) d’Alexandre Soljenytsine (né en 1918):
   
      D’ailleurs, le bagne à perpétuité sur mandat d’arrêt expéditif par une justice informelle politico- bureaucratique parodique est également mise sur la sellette du roman «Le grand cercle» (1968) d’Alexandre Soljenytsine (né en 1918). Cela  rappelle paradoxalement la violation du principe de la présomption d’innocence exigée par toute justice équitable et souveraine, revendiqué actuellement dans le monde contemporain. "La présomption d’innocence qui nous est si chère, rappelle F. Differrard, n’a de sens  que pour la personne soupçonnée du crime, bien vivante, qui accepte de faire face à ses juges, et la règle s’imposera alors avec toute sa charge, même si l’accusé rejette par avance le verdict qu’il encourt [v. une justice informelle politico- bureaucratique parodique]…" – Op.cit., p.3. Ce que le roman d’A. Sljenitsyne dépeint cruellement dans:
      
      + "Mais Innokenty [le diplomate soviétique] ne s’était pas interrogé à ce sujet [la vie séparée de ses parents] dans son enfance et n’avait pas songé non plus à questionner sa mère. Et maintenant, tout cela s’étalait devant lui, dans les lettres et les calepins dans lesquels sa mère écrivait son journal (…). Le fils eut l’impression qu’il n’était plus en train de lire, mais qu’il entendait parler sa mère d’une petite voix frêle.
        «Qui y a-t-il de plus précieux au monde? C’est de ne pas participer aux injustices [v. justice informelle politico- bureaucratique parodique]. Elles sont plus fortes que nous. Elles ont existé dans le passé et continueront à exister à l’avenir. Mais ne leur permettons pas de passer à travers nous (…).
        Innokenty  y [devant les bibliothèques ouvertes]  était justement quand Dotty [sa femme] vint lui demander d’aller à une quelconque réception. Il la regarda, médusé, puis fronça les sourcils en pensant à cette réunion prétentieuse où tout le monde serait probablement d’accord avec tous les autres, où l’on se lèverait d’un bond au premier toast au camarade Staline (…), et après on jouerait stupidement aux cartes [le rite d’une justice informelle politico- bureaucratique parodique].
         Maintenant il en était arrivé à concevoir une nouvelle loi en lui-même et dans le monde: Tu n’as aussi qu’une conscience (…). Innokenty commençait à comprendre cela lorsque, le dimanche, quelques jours avant son départ prévu pour Paris [à l’UNESCO], il eut le malheur d’apprendre qu’on préparait une provocation [exaction politico-bureaucratique] contre ce nigaud de Dobroomov. Il en savait assez pour prévoir qu’une telle affaire ne s’arrêterait pas à Dobroomov et qu’elle pourrait être le début d’une longue campagne [de répression par une justice informelle politico-bureaucratique parodique]. Mais Dobroomov lui était particulièrement cher, comme une silhouette parmi les silhouettes de sa mère  [décédée] (…).  Il s’était balancé d’avant en arrière, était devenu nerveux, s’était pris la tête entre les mains. Enfin il s’était décidé à téléphoner tout en sachant pourtant que l’appareil de Dobroomov pouvait fort bien être déjà branché sur table d’écoute et qu’au ministère [de tutelle] très peu de gens  connaissaient le secret (…)."
        Pendant toute la journée, Innokenty fut profondément troublé. Il partit de chez lui pour éviter qu’on vint l’arrêter là (…). Là-dessus le téléphone sonna (…). La voix  du général était bienveillante. Il annonça que la nomination d’Innokenty venait enfin d’être approuvée; il prendrait mercredi l’avion pour Paris (…). On lui avait déjà envoyé une voiture (…).
         Il avait à peine passé son uniforme que le chauffeur sonna à la porte. Ce n’était pas Victor qui le conduisait généralement (…). Ils partirent (…). Puis brusquement la voiture obliqua vers le trottoir et s’arrêta (…).
         « C’est notre mécanicien du garage », expliqua l’aimable chauffeur en essayant la portière avant droite pour le faire monter. Mais la portière refusa de s’ouvrir, la serrure était coincée (…).
       « Camarade conseiller, est-ce qu’il [le mécanicien] ne pourrait pas monter derrière avec vous ? C’est mon patron… Je suis un peu embêté.
       - Mais oui bien sûr », répondit aussitôt Innokenty en se déplaçant (…).  La voiture démarra aussitôt (…).
       «Tenez, camarade chef, lisez-moi [dit le mécanicien] ça. Je vais vous éclairer un peu.»  La voiture tourna dans une rue sombre et montante qui aurait pu être la Pouchetchnaia (…).
       «Je soussigné, procureur général adjoint de l’U.R.S.S. confirme…» (…).
      «Allons, du calme, du calme! Pas un geste  ou  je vous abats sur place!»
       Innokenty descendit de l’automobile-piège par la portière de droite (…). L’arrestation paraissait brutale, mais ce n’était pas aussi redoutable qu’on l’imaginait en l’attendant (…). Sur la porte, au lieu de la plaque d’un médecin on pouvait lire : RÉCEPTION DES PERSONNES ARRÊTÉES (…).
        On le photographia une fois de face et une fois de profil (…). Cinq empreintes noires avec les sillons en blanc restèrent sur le papier (…). Au-dessus des empreintes digitales on avait écrit : A PERPÉTUITÉ.
      En lisant cela, Innokenty frissonna. Cela avait quelque chose de mystique, de surhumain et de surnaturel [le bagne à perpétuité sur mandat d’arrêt expéditif par une justice informelle politico-bureaucratique parodique]." )pp. 498-500, 744-746, 771(.
  Dans ce cas, la justice formelle  politique parodique est effectivement mise sur la sellette des romans du monde contemporain à travers «Le docteur Ibrhim» de John Knittel (Suisse), « Le passé enterré » d’Abdelkrim Ghallab (Maroc) et informelle à travers « 42e parallèle » de John Dos Passos (USA) et «Le grand cercle » d’Alexandre Soljenytsine (ex-URSS). Dans une perspective  politco-juridique globale Mario Tronti accuse le XXe siècle de pas être l’ère des droits en  rappelant: "L’extermination de masse, la violence aveugle, l’action positive et démonstrative de mort, a été celle des camps [nazis] et du Goulag [soviétique],  mais celle aussi des bombardements en rafale sur les populations civiles et celle conclusive et décisive, du terrorisme atomique. Dans la recherche de la solution finale, aucun système et aucune idéologie n’est innocente. Le vingtième siècle meurt sur cette croix: la force comme violence, la politique comme guerre [la justice formelle et informelle politique parodique], l’être comme mort. Demandons nous: pourquoi est-ce à cela qu’on pense quand on dit vingtième siècle, et non l’ère des droits [la justice souveraine]?" - "La politique au crépuscule", www.lyber.eclat.net, p.4. Il suffit pour s’en convaincre de voir biographiquement la justice formelle et informelle sur la sellette des romanciers du monde contemporain.
 
      II- La justice formelle et informelle parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain:
  
      Dans le cadre de la justice formelle et informelle parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain, on pourrait s’interroger avec Michèle Gazier sur les problèmes politiques et sociaux [v. juridiques] que rencontrent l’impact socio-politique de l’invention romanesque ces derniers: "On s’interroge: l’invention romanesque ne serait-elle pas proportionnelle aux problèmes politiques et sociaux que rencontrent les écrivains [les romanciers]?""Le roman français: 2 ou 3 choses que je sais de lui", «Le roman français contemporain», Paris, Ed. A.D.P.F., 1993, p.60. Autrement dit, se pose ici la question soulevée par Jérôme Meizoz (Université de Lausanne et Genève) du rapport du romancier et de la justice: "Il serait question ici, écrit-il, de l’inacceptable romanesque, à savoir du traitement désacralisant [délictueux] qu’inflige parfois la fiction [le romancier] à des valeurs sacralisées par une société (…). Lorsque, porteur d’un discours  reçu comme inacceptable, un roman tombe sous le coup d’une lecture immédiatement éthique et juridique donnée [une justice formelle ou informelle parodique], l’occasion est donnée de s’interroger sur la place et le rôle que la société assigne à la littérature d’imagination [v. au romancier]. "- "Le roman et l’inacceptable", www.houellebecq,info, p.1. Dans cette optique, nous aborderons à la fois la justice formelle pénale parodique et la justice formelle politique parodique sur la sellette des romanciers dans le monde contemporain.
     
       1- La justice formelle pénale parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain:
      
       A propos de la justice formelle pénale parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain, une dépêche de l’AFP précise en matière de  justice pénale équitable: "La justice n’est pas et ne doit pas être un règlement de compte, une vengeance des victimes contre les bourreaux (…). Le but de la justice est de garantir la sécurité de tous, de punir les coupables de crimes et de délits et dans l’idéal, d’enlever l’envie à d’autres d’en faire de même. En matière pénale, il s’agit de rechercher la vérité et non un coupable à tout prix [une  justice formelle pénale parodique]." - "L’injection légale en question", www.peinedemort.org, p.3. Nous citerons, à titre d’exemple, le procès de justice formelle pénale parodique du romancier français Michel Houellebecq au sujet de son roman « Plateforme » (2001), en 2002 et du romancier turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature  (2004) au sujet son roman « Neige » (2004), en 2006. Il s’agit notamment de verdicts pénaux iniques concernant:

     - "La justice formelle pénale parodique de la relaxe en 2002, sur la sellette du romancier français Michel Houellebecq (né en 1958) et son roman « Plateforme » (2001), pour « injure raciale et incitation à la haine religieuse»  en l’absence de « loi sur le délit de blasphème»:

       Relaxé en 2002, le romancier français Michel Houellebecq, pseudonyme Michel Thomas (né en 1958), auteur du roman « Plateforme » (2001), pour « injure raciale et incitation à la haine religieuse»,  en l’absence d’une « loi sur le délit de blasphème» fut mis sur la sellette d’une justice formelle pénale parodique en France. Parlant de la justice comme d’un contre-pouvoir Noam Chomski déclare dans sa discussion avec Michel Foucault en 1971: "Je crois que finalement il serait raisonnable, la plupart du temps, d’agir contre les institutions légales d’une société donnée [revendiquer des réformes], si cela permettait d’ébranler les sources du pouvoir et de l’oppression dans la société [v. une justice formelle pénale parodique]. Cependant, dans une très large mesure, la loi existante représente certaines valeurs humaines respectables; et, correctement interprétée, cette loi permet de contourner les commandements de l’Etat [les interventions politiques]. Je pense qu’il est important d’exploiter ce fait et d’exploiter les domaines de la loi qui sont correctement définis, ensuite peut-être agir directement contre ceux qui ne font que ratifier un système de pouvoir [v. justices formelle et informelle pénale parodique et politique pénale parodique]." "Chomski-Foucault: « Justice contre pouvoir", www.lemonde-diplomatique.fr, p.1. En font preuve les extraits de presse biographiques suivants:
       
         + "La parution du roman de Michel Houellebecq «Plateforme» en août 2001 et les déclarations de l’auteur sur son livre, rapporte J. Meizoz, ont suscité une polémique dans les médias français ainsi qu’une action en justice de quatre associations musulmanes, pour « insulte» et « incitation à la haine religieuse». Celle-ci [la procédure pénale] vient d’aboutir à la relaxe de l’auteur [d’une justice formelle pénale parodique], le 22 octobre 2002 (…).  " - Op.cit., p.1.  
         
       Quant au verdict inique de relaxe de M. Houellebecq, on pourrait citer en particulier:
         
      +" La Procureure de la République Béatrice Angelelli a balayé promptement les espoirs des parties civiles [v. absence de loi française reconnaissant le délit de blasphème] de voir condamnés les propos de l’écrivain. En estimant que ceux-ci ne concernaient que l’Islam [sic] et pas les Musulmans [re-sic], elle a mis en garde contre le glissement sémantique opéré par l’accusation [sic]. A quoi elle ajouté que si Michel Houellebecq est effectivement provocateur [haineux], il n’en appelle pour autant à la haine [sic]. Après avoir démontré les multiples contradictions entre avocats de l’accusation, elle a finalement et très logiquement [re-sic] demandé la relaxe [v. une justice formelle pénale parodique]." – Red Lucy Roche, "L’écrivain Michel Houellebecq contre l’Islam", www.atheisme.org, pp.2, 4.
  
       - "La justice formelle pénale parodique d’un verdict sans suite sous pression de la communauté internationale, en 2006, mise sur la sellette du romancier turc Orhan Pamuk (né en 1952), prix Nobel 2006, auteur du roman « Neige » (2004), pour « dénigrement public de l’identité turque»:

       Corrélativement, la justice formelle pénale parodique d’un verdict sans suite sous pression de la communauté internationale, en 2006, est mis à son tour sur la sellette du romancier turc Orhan Pamuk (né en 1952), prix Nobel 2006, auteur du roman « Neige » (2004), pour « dénigrement public de l’identité turque».   "Les rapports contemporains entre la fiction [le romancier], la morale [v. les droits civiques] et la justice, indique J. Meizoz, ne prennent tout leur sens que par référence à un état inédit de l’«autonomie» du champ littéraire (…) atteint au XIXe siècle et tant bien que mal maintenu jusqu’à nos jours (…). L’autonomie – on l’oublie en naturalisant son statut contemporain – n’est donc pas une donnée toujours-déjà-là de la pratique littéraire, mais une conquête de celle-ci contre des conceptions de l’écriture représentées par les jugements éthiques externes des plaignants, des juges ou du censeur [une justice formelle pénale parodique]. "- Op.cit., pp.2, 3.  D’où les extraits de presse inhérents au verdict sans suite du romancier d’O. Pamuk, auteur du roman « Neige » suivant:

      + "«La politique dans une œuvre littéraire, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert, quelque chose de grossier et auquel  pourtant il n’est pas possible de refuser son attention. Nous allons parler de fort vilaines choses.», l’avertissement, signale Jean-Baptiste Harang, est de Stendhal et concerne «La chartreuse de Parme», Orhan Pamuk l’a placée en exergue de son dernier roman traduit en français, «Neige», un roman  plein de neige et de coups de pistolet [de génocides], sans la moindre grossièreté mais rempli de ces deux univers peu miscibles : la politique et la poésie. La liberté de penser librement la politique est mal portée en Turquie, et peu tomber sous le coup de la loi. Dans les livres (les romans)  d’Orhan Pamuk, la liberté est totale, les censeurs trouveraient de quoi l’envoyer en prison pour dix mille ans, à condition de savoir lire, mais les censeurs ne lisent guère les livres. Malheureusement pour lui, ils lisent les journaux et Pamuk est convoqué devant un tribunal le 16 décembre prochain [2005], il risque trois ans de prison pour avoir publiquement dénigré l’identité turque. Orhan Pamuk a donné au mois de février une interview au journal suisse «Tages-Abzeiger» dans laquelle, au détour d’une phrase (…), il prend l’exemple des 30 000 Kurdes qui ont été tués ces dernières années par les forces de sécurité turques et 1 million d’Arméniens massacrés en 1915 (il n’utilise pas le mot génocide) "- "Un roman politique comme ça ne se fait pas en Turquie", www.liberation.fr, p.1.

      D’où le verdict sans suite de la justice turque, « pour vice de forme de procédure », et « sur pression internationale », rapporté par Lila Azam Zanganeh comme suit:
     
      "Ces déclarations [d’O. Pamuk] sont jugées en contradiction avec l’intérêt national turc et Pamuk est soumis à une campagne d’intimidation: il est menacé de mort, vilipendé; un sous-préfet ordonne un autodafé de tous ses livres. Un procès [justice formelle pénale parodique] se prépare, qui s’appuie sur une loi de juin 2005 interdisant d’insulter l’identité turque. Il risque jusqu’à quatre ans de prison. « Ce n’est pas Orhan Pamuk qui est jugé mais la Turquie», déclare alors le commissaire européen à l’élargissement. En octobre 2005, Pamuk est inculpé par une cour d’Istambul (…). Puis, soudain, la justice turque, en raison de vice de forme de procédure, et sur pression de la communauté internationale, lâche prise fin février 2006 [v.  justice formelle pénale parodique]." - "Orhan Pamuk, Prix Nobel de littérature", www.lemonde.fr, p.2. Ensuite, nous abordons la justice informelle politique parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain.

      2- La justice informelle politique parodique sur la sellette des romanciers dans le  monde contemporain:
      
      Toutefois, la justice formelle politique parodique sur la sellette des romanciers du monde contemporain est manifeste notamment, dans le cas de la romancière américaine Pearl Buck, pseudonyme de Pearl Sydenstricker (1892-1973), prix Nobel (1938), auteure de «La mère» (1934); du romancier français Pierre Guyotat (né en 1940), auteur de «Eden, Eden, Eden» (1971); du romancier marocain Mohamed Choukri (1935-2003) auteur de «Le pain nu » (1983); du romancier chinois Gao Xingjian (né en 1940), prix Nobel (2000) auteur de « La montagne de l’âme » (1995).
      J. Meizoz voit que la responsabilité juridique du romancier varie avec les crises politiques dans la société: "Au fil du temps, et au gré des crises politiques, l’espace littéraire [v. du romancier] que la société (par ses instances diverses) accorde au discours littéraire [du romancier] varie, de même que les contraintes [les interdits] hétéronomes ou externes qu’elle fait peser sur lui en le renvoyant directement au statut d’acte [politique justiciable] parmi d’autres (…). Ainsi dans les nombreux débats causés par le succès croissant du roman, genre «frivole» alors particulièrement surveillé [v. suspecté par la censure], les écrivains [les romanciers] recourent à un répertoire stable d’arguments défensifs [autonomie du romancier, de la fiction, etc.], toujours repris jusqu’à nos jours [XXIe siècle]." – Op.cit., p.2. Or, telle n’est pas la posture de la justice informelle politique parodique mise sur la sellette des romanciers dans le monde contemporain. La preuve en est:
    
       - "La justice informelle polico-bureaucratique parodique des dossiers constitués, sans suite, par le FBI, dans les années 50, sous le règne de l’hystérie du maccarthysme, mise sur la sellette de la romancière Pearl Buck (1892-1973), prix Nobel 1938, auteur du roman « La mère» (1934), à cause de son militantisme pour les droits civiques, les droits de la femme et la compréhension Asie -Occident, à travers  son «Association Est-Ouest »:

        Effectivement, des dossiers d’enquête sans suite, furent constitués par le FBI sous le règne de l’hystérie du maccarthysme, dans les années 50, sur la romancière américaine Pearl Buck (1892-1973), prix Nobel 1938, auteur du roman « La mère» (1934), alors militante pour les droits civiques, les droits de la femme et la compréhension Asie-Occident, de par  son «Association Est-Ouest ». Cela constitue, en fait, la mise sur la sellette des romanciers d’une justice informelle polico-bureaucratique parodique. L’iniquité de cette justice informelle politico-bureaucratique parodique trouve aussi son écho dans cette réflexion de François Mauriac (1885-1970), citée par Brian Thompson,  University of Massachusetts – Boston, où il prône: "En politique, note Mauriac, s’engager sur une certaine route [v. celle d’un romancier], c’est d’avance consentir à être jugé bassement [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique].""Malraux et Mauriac devant la politique: traîtres ou fidèles?", www.faculty.umb.edu, p.1. Ainsi est-il de la romancière américaine, nobélisée P. Buck dans les extraits de presse biographiques suivants:

         + "De 1931, remarque Kathax Pollit, date à laquelle elle fut propulsée sur la scène littéraire, à l’âge de 39 ans, avec «La terre chinoise» (rééditée en février par Omnibus), jusqu’à sa mort en 1973, Pearl Buck fut l’une des femmes les plus célèbres du monde (…). Experte renommée en matière d’affaires en Extrême-Orient, elle publia son propre magazine, « Asia» et eut pour amies Eleanor Roosevelt, Margaret Mead et plusieurs dizaines d’autres personnalités. Cette féministe dont les écrits sur la situation des femmes américaines bien éduquées précédèrent «The feminine mystique» (de Betty Fiedman, la mère du féminisme), fut une fervente militante de l’égalité des races plusieurs année avant le mouvement moderne pour les droits civils – et une humaniste infatigable qui adopta sept enfants et leva des millions de dollars pour un grand nombre de causes différentes – dont la plus célèbre consistait à adopter et à élever les enfants que les soldats américains basés en Extrême-Orient avaient conçus puis abandonnés. " - Pearl, Buck trop vite célèbre",  www.lire.fr, pp.1.

        + "Elle [Pearl Buck] obtint le prix Nobel de littérature en 1938 (…).  Ses dernières années furent tristes. Le prix Nobel qui avait oublié de grands écrivains américains tels que Marc Twain, Theodore Dreiser et Henry James, fit aussitôt d’elle la risée des auteurs et des critiques littéraires sérieux – «un symbole de succès immérité», comme le dit Peter Conn. Dans années 50, l’hystérie du maccarthysme la priva de son lectorat populaire. Depuis des années, le FBI constituait des dossiers sur elle [une justice informelle polico-bureaucratique parodique.]. Les communistes chinois la dénoncèrent eux aussi (…). Et, bien sûr, c’est une femme qui, circonstance aggravante, écrivait sur d’autres femmes. "- Op.cit., p.2.
       
      - "La justice informelle polico-bureaucratique parodique de l’interdiction, par arrêté du ministère de l’intérieur et signature du directeur général de la Police nationale et la loi française protégeant la jeunesse, de la vente à de moins de 18 ans, de l’affichage, de l’exposition et de la publicité de son roman «Eden, Eden, Eden» (1971), mise sur la sellette du romancier Pierre Guyotat (né en 1940):

       En outre, l’interdiction au romancier Pierre Guyotat (né en 1940) l’exposition, la publicité, la vente à de moins de 18 ans, l’affichage, de son roman «Eden, Eden, Eden» (1971) par arrêté du ministère de l’intérieur, portant signature du directeur général de la Police nationale avec effet de la loi française protégeant la jeunesse, est également une mise sur la sellette des romanciers d’une justice informelle polico-bureaucratique parodique du monde contemporain. Or, tel que le révèle J. Meizoz, cela ne va sans une protestation collective des milieux littéraires: "Le monde des écrivains, la défense des collègues [v. des romanciers] contre toute censure ]une justice informelle polico-bureaucratique parodique[, et l’affirmation de l’«indépendance» absolue du texte [du romancier] relève de l’automatisme. Le plus souvent, elle se donne à l’état de slogan [de revendication], sans argumentation ni contestation possible. Certes, cette conduite s’avère souvent salutaire [efficace], mais elle ne facilite pas la compréhension de ce qui fait problème dans un texte contesté [v. le texte d’un romancier interdit]." – Op.cit., p.1. Citons à propos de l’interdiction ayant frappé  le romancier P. Guyotat et son roman en «Eden, Eden, Eden» (1971), évoquant la guerre d’Algérie:

       + "Ecrivain engagé, indique sa biographie, Pierre Guyotat attire d’emblée la controverse en 1965 pour la publication de «Tombeau pour cinq mille soldats», témoignage de son expérience de soldat lors de la guerre d’Algérie. Soutenu par les intellectuels de l’époque, allant de Michel Foucault [1926-1984] à Barthes [1915-1980], le roman est interdit des casernes par Massu [une justice informelle polico-bureaucratique parodique]. Considéré comme un paria par les uns pour sa désertion ou un héros,  Pierre Guyotat embrasse la carrière de journaliste au retour de l’enfer (…). Au sortir de cette période, il publie «Eden, Eden, Eden» [1971], où il raconte crûment la guerre, avec son lot de sang, de tortures, de corps déchiquetés. Immédiatement, l’ouvrage est interdit de publication par le gouvernement [une justice informelle polico-bureaucratique parodique], malgré la pétition signée par les plus grands écrivains comme Simone de Beauvoir [1908-1986] ou Italo Calvino [1923-1985].""Biographie de Pierre Guyotat ", www.evene.fr, p.1.

       S’agissant des détails de l’interdiction arbitraire infligée au romancier P. Guyotat en 1971, un article de «Tel Quel» en dévoile les dessous:

       + "C’est par un arrêté du ministère de l’Intérieur, en date du 15 octobre 1970, signé pour le ministre par le directeur général de la Police nationale, Jean Dours, et paru dans « le Bulletin officiel » du 22 octobre, que le livre de Pierre Guyotat a été frappé d’une triple interdiction:
           - interdiction de vente aux mineurs de moins de 18 ans;
           - interdiction à l’affichage et à l’exposition;
           - interdiction de publicité.
     Cette mesure répressive qui équivaut à une censure de fait du livre, a suscité de nombreuses protestations, dont une Tribune libre du journal «le Monde» (8-9 nov. 1970) signée Jérôme Lindon [1925-2001] (…). Le directeur des Editions de Minuit, représentant des éditeurs à la commission de contrôle et de surveillance des œuvres destinées à la jeunesse, y dénonce le caractère arbitraire de cette mesure, indiquant que la commission appelée à donner son avis avant la décision du ministre n’a pas même été consultée [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique].
       A partir de ce texte de Jérôme Lindon, une pétition a été organisée, protestant: «contre l’interdiction qui frappe le roman de Pierre Guyotat , «Eden, Eden, Eden», (Ed. Gallimard), dont la presse dans son ensemble a souligné l’importance littéraire », et s’élevant : « contre l’usage arbitraire qui est fait d’une loi destinée à l’origine à la protection de la jeunesse et qui est manifestement détournée de son sens» [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique].""La littérature interdite", in nº45, Printemps 1971, p.101. Il en va de même de:
    
       - "La justice informelle polico-bureaucratique parodique de l’interdiction (1983-2000) de la publication de la version arabe du roman  «Le pain nu» (1980), par décision du ministre de l’intérieur, suivant les recommandations des Oulémas et théologiens de l’Islam, mise sur la sellette du romancier marocain Mohamed Choukri (1935-2003)":
      
      La justice informelle polico-bureaucratique parodique de l’interdiction (1983-2000), de la publication de la version arabe du roman  «Le pain nu» (1980), par décision du ministère de l’intérieur, suivant les recommandations des Oulémas et théologiens de l’Islam, est de son côté mise sur la sellette du romancier marocain Mohamed Choukri (1935-2003). On pourrait là dire avec J. Meizoz: "Lorsque, porteur d’un discours [romanesque désacralisant] reçu comme inacceptable, un roman [un romancier] tombe sous le coup d’une lecture immédiatement éthique [théologique] et juridique [v. une justice politico-bureaucratique parodique], l’occasion est donnée de s’interroger sur la place [la liberté] et le rôle [la fonction] que la société assigne à la littérature d’imagination [v. au romancier].", Op.cit., p.5. Nous lisons sur l’interdiction, levée en 2000, du romancier M. Choukri les extraits de presse ci-dessous:
    
       + "L’évènement, annonce l’Edition du Seuil sur le Net, fait date sur la scène littéraire marocaine, la plus riche du Maghreb : «Le pain nu» [1980], sulfureux roman picaresque à la violence rare de l’écrivain Mohamed Choukri vient d’être autorisé au Maroc. La décision émane du ministère de la Culture et met un terme à 17 ans de censure [en 2000]. Livre maudit sur la pauvreté et les injustices des enfants du bas peuple (…). Le roman avait été interdit en 1983 sur décision du ministre de l’Intérieur d’alors, Driss Basri, suivant les recommandations des Oulémas et théologiens de l’Islam, scandalisés (entre autres) par la crudité des scènes à caractère sexuel qui émaillent ce récit et les références répétées aux narcotiques tels l’alcool. Mais le très ombrageux ministre de l’Intérieur de l’époque n’avait pas été insensible à l’intraitable portrait d’une société marocaine en proie aux injustices sociales les plus révoltantes [une justice informelle polico-bureaucratique parodique].""Le Maroc lève le voile sur le pain nu", www.afrik.com, p.1.

        Mais les changements politiques ont déjoué cette interdiction comme le  suggère Nora Borsali, dans:

+ "La version arabe du roman a été  alors interdite de publication au Maroc en 1983 [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique], mais sans cesser de circuler sous les manteaux et d’être lue par un lectorat séduit par l’audace de cet écrivain autodidacte. Ce livre maudit a connu la célébrité d’abord dans le monde anglo-saxon et aux Etats-Unis grâce à son adaptation en anglais dès 1973 par Paul Bowles (1910-1999), avant d’être autorisé au Maroc en l’an 2000 par le gouvernement (…) qui a fini par lever l’interdiction et d’être salué comme « un chef d’œuvre de la littérature arabe » (selon l’Egyptien Gamal Al-Ghitani).""Maroc: Mohamed Choukri, l’écrivain par qui le scandale arrive", www.realtes.com, p.1. Ce fut récemment le cas de: 

   - "La justice informelle polico-bureaucratique parodique de la déclaration persona non grata aux écrits interdits par le régime mise sur la sellette du romancier chinois Gao Xinjiang (né en 1940), prix Nobel 2000, auteur de «La Montagne de l’âme» (1995) et de « Le livre d’un homme seul » (2000) ":

     Pour sa part, la justice informelle polico-bureaucratique parodique de la déclaration persona non grata aux écrits interdits par le régime est mise aussi sur la sellette du romancier chinois Gao Xinjiang (né en 1940), prix Nobel 2000,  auteur de « La Montagne de l’âme » (1995) et de «Le livre d’un homme seul» (2000). Cela rappelle singulièrement le propos de N. Chomsky considérant: "La désobéissance civile [v.la critique politique d’un romancier] implique un défi direct de ce que l’Etat prétend, à tort selon moi, être la loi [v. une justice informelle polico-bureaucratique parodique]. (…) Mener une action qui empêche l’Etat de commettre des crimes est tout à fait juste, comme violer le code de la route pour empêcher un meurtre. Si je brûle un feu rouge pour empêcher de mitrailler un groupe de gens, ce n’est pas un acte illégal, mais de l’assistance à personne en danger; aucun juge sain d’esprit [aucune justice équitable] ne m’inculpera." – Op.cit., p.1. Et ce furent l’interdit et l’exil qui frappèrent le  romancier chinois G. Xingjian, critiquant dans ses romans la politique intérieure chinoise, en 1986. C’est ce qu’explicitent les extraits de presse biographiques suivants:
        
       + "Le prix Nobel de littérature de l’an 2000, lit-on dans le Communiqué de presse de l’Académie suédoise, est décerné à l’écrivain de langue chinoise Gao Xingjian [né en 1940]. (…) Dans l’œuvre de Gao Xingjian, la littérature renaît du combat de l’individu pour survivre à l’histoire des masses. (…) Son roman magistral «La Montagne de l’âme » [1995] est une de ces rares créations littéraires qui ne semblent être comparées qu’à elles-mêmes. Il est construit sur des impressions de voyages faits dans des régions lointaines de la Chine du Sud et du Sud-Ouest où les coutumes chamanistes sont encore vivaces [par-delà la Révolution culturelle chinoise], où les ballades et les histoires de brigands sont présentées comme véridiques et où on rencontre des représentants d’une sagesse taôiste ancestrale. "- "Gao Xingjian", www.romans-romanciers.com, p.1.

        Concernant la déclaration persona non grata et  l’interdiction de l’œuvre de G. Xingjian en Chine, on y lit notamment:

        + "Le second roman de Gao Xingjian, «Le livre d’un homme seul» [2000], poursuit les thèmes de «La Montagne de l’âme », mais dans une optique plus saisissable. Au cœur du livre se trouve le règlement de compte avec la folie terrifiante connue sou le nom de la Révolution culturelle en Chine. Avec une sincérité impitoyable l’écrivain retrace tour à tour son expérience d’activiste politique, de victime et d’observateur extérieur. (…) Pendant  la Révolution culturelle (1966-1976), il est envoyé dans des camps de rééducation [bagnes d’intellectuels], doit brûler une valise de manuscrits. Ce n’est qu’en 1979 qu’il peut se faire publier et voyager à l’étranger, en France et en Italie. (…) En 1987, il laisse la Chine pour s’installer un an plus tard à Paris comme réfugié politique [puis, citoyen français depuis 1997]. Il quitte le parti communiste chinois en 1989, après le massacre de la Place Céleste (Tian’anmen). Après avoir publié «La fuite» [1992] qui se déroule contre la toile de fond de ce massacre, il est déclaré persona non grata par le régime et ses écrits sont interdits [une justice informelle polico-bureaucratique parodique]. Durant l’été 1982, Gao Xingjian avait déjà commencé  sa grande œuvre «La Montagne de l’âme » (…). S’en suit le roman plus autobiographique «Le livre d’un homme seul» [2000]. "- Op.cit., p.2.

 Il ressort ainsi de la justice formelle pénale parodique mise sur la sellette des romanciers dans les monde contemporain tels que M. Houellebecq (né en 1958) auteur de « Plateforme » (France), O. Pamuk (né 1952), prix Nobel 2006, auteur de « Neige » (Turquie), de la justice formelle politique parodique mise sur la sellette des romanciers dans les monde contemporain tels P. Buck, prix Nobel 1938, auteur de « La mère » (USA), P. Guyotat, auteur de « Eden, Eden, Eden» (France), M. Choukri, auteur de « Le pain nu » (Maroc) et G. Xingjian, prix Nobel 2000, auteur de « La Montagne de l’âme » et de « Le livre d’un homme seul » (Chine) qu’il y a nécessité d’une réforme de la justice humaine à l’échelon planétaire. C’est ce qui faire dire à Pierre-Henri Simon en toute humilité: "Si donc l’écrivain, quoi qu’il fasse, ne peut manquer de parler en témoin de l’homme, en observateur et en juge de la condition humaine, et que la lumière de beauté qu’il choisit (ou refuse) de donner à l’expression de sa vérité en est l’éclairage, comment pourrait-il se plaindre que fussent examinées ses preuves et ses valeurs [certes par une justice formelle équitable, non par une formelle ou informelle parodique]?" - «PARIER POUR L’HOMME», Paris, Ed. du Seuil, 1973, p.339.

        Pour conclure, il s’avère que « la justice sur la sellette des romans et que des romanciers du monde contemporain » n’est autre que le reflet d’une mise à nu de la nécessité d’une réforme de la justice dans le monde actuel, exposé, suivant ses romans et ses romanciers à une justice formelle et informelle pénale, militaro-révolutionnaire et politico-bureaucratique parodique, ayant sévi  et sévit encore à travers des romans et des romanciers tels que: "Le procès" du Tchèque F. Kafka, "La peste" du Français A. Camus (prix Nobel 1957), "Eden, Eden, Eden" de son compatriote P. Guyotat, "Le docteur Ibrahim" du Suisse J. Knittel",  "Le premier cercle" du Russe A. Soljenitsyne (prix Nobel 1970), "L’homme de sang" de l’Espagnol J. L. de Vilallonga (Europe); "Nedjma" de l’Algérien K. Yacine, "Le passé enterré" du Marocain A. Ghallab, "Saison de migration vers le Nord" du Soudanais T. Salih (Afrique); "Neige" d’O. Pamuk (prix Nobel 2006) "La Montagne de l’âme" et "Le livre d’un homme seul" du Chinois G. Xingjian (prix Nobel 2000), "Une rue pauvre" de sa compatriote C. Naishan (Asie et Océanie); "La mère" de P. Buck (prix Nobel 1938), "42e parallèle " de J. Dos Pasos, (Amérique). Ce besoin mondial et national d’une réforme de la justice est aussi mis en exergue par SM Mohamed VI, ouvrant la session d’automne 2007 du parlement marocain, en y spécifiant: "Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur l’absolue nécessité d’une réforme de la justice, et revendique une justice crédible, équitable, indépendante, forte et compétente, au-dessus de tout soupçon, une justice crédible et performante.""Les priorités pressantes du gouvernement", Op.cit., p.2.

                                                       Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED 
      

      

       
         
       


       



    

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