viernes, 17 de agosto de 2012

L'amazigh et l'arabe dialectal au Maghreb pré-islamique et moderne


L'AMAZIGH, L'ARABE DIALECTAL ET L'ARABE
STANDARD UNE LINGUA FRANCA AUTOCHTONE DES
 DES  AMAZIGHS ET DES ARABES AU MAGHREB
  PRÉ-ISLAMIQUE ET MODERNE

      Pour André Martinet "une langue mixte (…), la lingua franca", peut "servir de truchement [d'idiome] à tous les peuples représentés dans une zone géographique déterminée." – "ELEMENTS DE LINGUISTIQUE GENERALE", Ed. Armand Colin, 1970, p.164. Or, l'étude de l'arabe comme  lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones au Maghreb pré-islamique et moderne" réfute, selon l'ex-doyen de la Facuté des Lettres de Rabat, Ahmed El Alaoui, comme antithèse historique raisonnée la thèse a-historique des segmentistes anti-panarabistes et anti-panislamistes occidentaux et leur hypothèse mécaniste post-khaldunienne d'une ''arabisation magique" du Maghreb pré-islamique, en postulant : "Ce qui ressort des livres d'histoire, c'est que l'arabe  sous ses deux formes était une lingua franca [al 3arabiatu milkun mucha3un] de la majorité des habitants [Amazighs et Arabes] d'Afrique du Nord. Bien plus, on a du mal à  trouver parmi les auteurs comme Ibn khaldun [1332-1406], Ibn Abi Zarae ou Ibn Charaf Al Qirawani, ou autres, à parler d'une concurrence entre l'arabe dialectal [al darija], l'arabe standard [al fusha] et l'amazigh, ou le berbère [al barbaria], comme c'est le cas chez les Perses (…). Il n'y a d'explication à cela que de dire que les conquêtes arabes initiales se dirigeaient vers la libération des zones habités par des Arabes [autochtones], ou leurs alliés naturels, chez qui ils étaient les bienvenus, connaissant leur langue, avec en premier lieu les Amazighs dont les coutumes, la langue [une lingua franca] et les physionomies étaient proches des leurs." – "'Asâlatu al 3abiatiati fî al Maghribi : 'ad–darijatu' lam ta'ti ilâ al Maghrib ma3a al fathi al 3arabî mina al machriq", www.alquds.co.uk , p.2.

       Du fait, il s'en suit la thèse raisonnée d'une antiquité et d'une modernité de l'amazigh, de l'arabe standard et de surtout l'arabe dialectal, comme lingua franca, des Amazighs et des Arabes autochtones, au Maghreb pré - islamique et moderne, repérable à travers notamment :

      I. L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard comme lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones au Maghreb pré-islamique :        

      En effet, l'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard comme lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones au Maghreb pré-islamique, se profile  historiquement, selon Dr. Kamal Mohamed Jah Allah, assertant l'antiquité de la langue arabe, comme lingua franca à la fois des habitants amazighs, arabes et africains autochtones, non seulement en Afrique du Nord (au Maghreb), mais aussi dans l'ensemble de l'Afrique. "La langue arabe, dit-il, est une lingua franca du continent africain. Elle est parlée par des peuples et des tribus africains comme langue maternelle, non pas comme langue seconde ou langue étrangère, non seulement en Afrique du Nord [au Maghreb], mais au centre, à l'Est et à l'Ouest du continent. Et cette situation ne favorise aucune des diverses langues européennes qui tiennent lieu de langues officielles, aujourd'hui, dans nombre de pays africains (…). Certes, les peuples africains avaient connu la langue arabe [comme ligua franca autochtone] issue du contact commercial qui s'était établi entre les Arabes et les Africains [v. les Amazighs]  plusieurs siècles, avant et après l'avènement de l'Islam." – "Wad3u al-lughati al 3arabiati fî duwali al qarni al iifriquî", www.mubarak-inst.org , p.1. Cela conduit à reconnaître géo-historiquement l'arabe dialectal, et l'arabe standard, comme lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones, plus particulièrement au Maghreb pré –islamique, tel que le laisse entendre :

     1. L'antiquité  de l'arabe dialectal et de l'arabe standard comme lingua franca des Arabes autochtones au Maghreb pré-islamique :         

     Certes, l'antiquité  de l'arabe dialectal et de l'arabe standard comme lingua franca des Arabes autochtones d'Afrique du Nord (du Maghreb pré-islamique) est décrite objectivement dans cette indication de Maayouf Mohamed qui observe géo-linguistiquement que : "La situation linguistique au Maroc [v. au Maghreb]est marquée par la coexistence de plusieurs langues [co-occurrence et la co-existence de l'amazigh avec la lingua franca arabe dialectal, arabe standard autochtones] qui se démarquent par leur histoire, leur distribution géographique, leur typologie langagière et leur fonction sociolinguistique [au Maghreb pré- islamique]." – "QUELQUES DONNÉES… LANGUES ET DISCOURS IDENTITAIRES DANS LE MAROC CONTEMPORAIN", www.espritcritique.fr , p.1. C'est ce que fonde notamment :

·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et des Amazighs autochtones en Afrique du Nord [v. leur ascendance commune phénicienne et carthaginoise   libano- syrienne, notamment], performés sous les formes de  l'arabe standard (al fusha) et l'arabe dialectal (al darija), une lingua franca maghrébine prédominant de l'époque pré-islamique  – Op.cit., ibid;
·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique se justifie, selon A. El Alaoui, sur le fait que les Arabes n'avaient pas pour coutume d'imposer leur langue à d'autres peuples, car ils ne l'avaient imposée ni aux Perses, ni aux Turcs, ni aux Sardes, ni à bien d'autres : ils n'étaient pas comme les Romains et les Grecs qui faisaient prévaloir le critère langagier national, mais faisaient prévaloir le critère doctrinal dans la classification des peuples;
·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique atteste, ce dernier, en l'absence de textes explicites sur la situation linguistique pré-islamique en Afrique du Nord, que le multilinguisme sus – indiqué, est le fait d'une multiplicité de domaines d'usage au sein desquels co-occurrent l'arabe dialectal, l'arabe standard et l'amazigh au gré  des Amazighs et des Arabes autochtones de l'époque pré-islamique;
·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique repose aussi sur le fait que les Amazighs étaient les alliés des Arabes (v. les Phéniciens et leur descendants carthaginois, tous d'origine arabe libano-syrienne) avant et après l'affluence de l'Islam orthodoxe et des tribus hilaliennes;
·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique n'était guère le fait de nouveaux venus en Afrique du Nord (au Maghreb), mais de populations arabe autochtone pré-islamique, et que la diglossie pré-islamique amazigh/ arabe dialectal, arabe standard est un usage antique et non importé d'Orient avec l'Islam, à l'époque médiéval;
·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique est la preuve primordiale de la présence intensif d'un arabe autochtone au Maghreb antérieur à l'incursion hilalienne et ce au même titre que l'amazigh lui-même en Afrique du Nord; en témoignent ses  co-variantes de lingua franca : marocaine, algérienne, tunisienne et libyenne;
·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb pré - islamique certifie que les dialectes arabes maghrébins sont les filles de l'arabe standard qui s'étaient colorés,  selon le pays dans lequel les Arabes s'étaient anciennement implantés, des divers couleurs et traits linguistiques locaux dont ceux de l'amazigh et réciproquement - "Asâlatu al 3abiatiati fî al Maghribi : 'ad–darijatu' lam ta'ti ilâ al Maghrib ma3a al fathi al 3arabî mina al machriq", Op.cit. , p.2.

      Parallèlement, il est aussi judicieux que plausible de révéler l'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone co-occurrente de l'amazigh avec leurs co-variantes au Maghreb pré-islamique, par l'explicitation de  :

     2. L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone en co-occurrence avec l'amazigh et leurs co-variantes au Maghreb pré-islamique :       

     En outre, l'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone en co-occurrence avec l'amazigh et leurs co-variantes au Maghreb pré-islamique  se dévoile, selon Abdelhadi Amhraf, dans le fait que : "Le Maghreb est un pays sur le sol duquel avaient coexisté plusieurs langues [depuis l'époque pré-islamique] (…), parmi lesquelles il y avait les langues nationales représentées par l'arabe standard (…), l'arabe dialectal et l'amazigh avec ses co-variantes locales (le tarifit, le tamazight, le tachelhit). Certes, l'arabe dialectal et l'amazigh ne sont liés par aucun lien génétique direct, car l'une ne dérive pas directement de l'autre, malgré leur ascendance génétique commune." – "Al izdiwajiatu al lisâniyatu fî al Maghrib 3alâtu tadâkhuliyatin wa tanâfusiyaztin", www.kamellea.niceboard.com , p.1. Aussi dégagera-t-on les traits linguistiques dominants de cette diglossie de l'arabe, comme lingua franca autochtone co-occurrente de l'amazigh et de ses co-variantes, au Maghreb pré-islamique, à travers en l'occurrence :

·      L'antiquité de la famille chamito-sémétique – appelée également famille afro-asiatique – couvrant une aire géographique considérable, qui s'étend de l'Afrique du Nord (l'amazigh et l'arabe dialectal et standard, comme lingua franca, avec leurs co-variantes locales  autochtones) jusqu'au Nigeria et une partie de Cameroun, en passant par l'Ethiopie, l'Erythrée, et la Somalie) et de l'île de Malte, ainsi qu'à tout le Proche-Orient, pour s'arrêter aux frontières de l'Iran (quelques îlots d'arabophones et, notamment);
·      Depuis l'antiquité, les linguistes avaient classé les langues d'Asie de l'Ouest et de l'Afrique du Nord (l'amazigh et l'arabe, comme lingua franca  autochtone), présentant les  mêmes affinités verbales, en une grande famille linguistique, appelée la famille afro-asiatique (ou chamito-sémétique), sachant que les langues chamito-sémitiques, engobent l'arabe avec ses co-variantes  dialectales, l'amazigh avec ses co-variantes locales, tout en constituant les trois idiomes parlés ou écrits avec comme particularité l'arabe dialectal, comme lingua franca, usitée par le plus grand nombre de locuteurs maghrébins autochtones;
·      L'antiquité de certaines langues sémitiques (l'akkadien, l'ougaritique, l'éblaïte, etc.) est attestée, depuis 2.000 av. J.-C. (l'ère pré- islamique), parmi lesquelles seuls l'arabe, l'amharique, le tigrinia et l'hébreu constituent encore des langues vivantes officielles, alors que l'arabe dialectal, en tant que lingua franca maghrébin autochtone, forme une fragmentation orale de l'arabe du VIIe siècle et une fusion de parlers et de brassages de populations et de langues sud - arabiques, berbères (l'amazigh avec ses co-variantes), et africaines, entre autres;
·      Depuis l'antiquité, les dialectes berbères (l'amazigh avec ses co-variantes) sont parlées, au Maroc, en Algérie, en Libye, et en Tunisie (au Maghreb pré-islamique où le tamazight comporte le kabyle, le tachelhit, le tamasheq, le jerba, le chaouïa, le judéo - berbère, etc., ainsi qu'au Niger et au Mali, etc. (en Afrique pré-islamique), en co-occurrence avec l'arabe standard et surtout l'arabe dialectal, comme lingua franca autochtone,  formant les langues chamito-sémitiques, ou afro – asiatiques, les plus connues du continent, avec en tête la diglossie de l'amazigh et l'arabe autochtones au Maghreb pré-islamique – "La famille chamito-sémitique (ou afro-asiatique)", www.tlfq.ulaval.ca , pp. 1-3.
·      L'antiquité de l'amazigh se perçoit, selon A. El Alaoui, pour celui qui l'étudie avec impartialité en tant que co-occurrence linguistique autonome de l'arabe, comme  la lingua franca, avec l'amharique qui est un arabe autonome, même si son autonomie est moindre que celle de l'amazigh; de même que l'étude comparée des formes syntaxiques de l'amharique arabe d'Oman et de  l'amazigh avec ses co-variantes locales du Maroc et du  (v. du Maghreb) pré - islamique atteste qu'ils ont à une même origine génétique;
·      L'antiquité de l'arabe dialectal et de l'arabe standard en Afrique du Nord et au Sahara africain (au Maghreb pré-  islamique), enjoint A. El Alaoui, est une chose et les conquêtes arabes musulmanes  en sont une autre, compte tenu de l'ancrage des anciens comptoirs commerciaux phéniciens et de l'impact de leurs descendants carthaginois  (d'origine libano – syrienne, ou lybico-berbère), tant au Maroc et qu'au Maghreb pré-islamique qui corrobore l'antiquité de l'arabe, comme lingua franca autochtone en Afrique du Nord, vu l'arabité des Phéniciens et des Carthaginois qu'asserte l'étude des inscriptions de leurs bas-reliefs composés d'un arabe dialectal plus proches des dialectes arabes d'Afrique du Nord (du Maghreb pré-islamique) que des dialectes arabes d'Orient;
·      L'antiquité de l'arabe standard, affirme A. El Alaoui, est une langue qui avait acquis de plein gré l'assentiment des locuteurs arabes et amazighs autochtones maghrébins, du premier siècle de l'Hégire, lorsque l'arabe dialectal nord-africain dépendait de l'arabe standard, et en tant que lingua franca, véhiculait en même temps les domaines culturels et administratifs, mais tout en se cantonnant, comme l'amazigh, à l'usage de la rue et au foyer, constituant le legs d'une diglossie des locuteurs des dialectes arabes, lingua franca autochtone, et des dialectes amazighs autochtones d'Afrique du Nord, antérieurement à la présence de tribus arabes non - péninsulaires, et à la présence hilalienne, au XIIe siècle, au Maghreb pré - islamique - "Asâlatu al 3abiatiati fî al Maghrib : 'ad–darijatu' lam ta'ti ilâ al Maghribi ma3a al fathi al 3arabî mina al machriq", Op.cit. , pp.3-4.
·      Depuis l'antiquité, les historiens anciens comme les plus tardifs indiquent que les Arabes conquérants n'avaient jamais communiqué avec les habitants d'Afrique du Nord en une autre langue que l'arabe standard et surtout l'arabe dialectal n'étaient point ignoré communément de ces derniers, et que les livres d'histoire attestaient que l'arabe dialectal, étaient  était la lingua franca de la majorité des habitants d'Afrique du Maghreb pré - islamique, sans nullement parler de concurrence assignable entre celle-ci et l'amazigh, à la manière de l'Iraq et des les pays arabes d'Orient, au nom de "l'anti- panarabisme" (la 'chu3ubia'), fait qu'on  n'avait guère observée au Maghreb; ce qui avait favorisé  l'expansion du persan dans ses propres régions, sous l'influence des Turcs seldjoukides, en particulier, et de la 'Shahmana',  mythe perse, après leur implantation et leur persanisation de à Ispahan, sans jamais  s'arabiser comme leurs hôtes perses, exemple que poursuivra le Shah pour le persan  (avec une écriture arabe), en Iran, et Mustapha Kamal Atatürk, pour le turc (avec une écriture latine), en Turquie, où l'arabe comme langua franca, n'avaient jamais pu s'ancrer historiquement, jusqu'au XXe siècle.          

      II. L'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb moderne :       
                   
      Pour ce qui est de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb moderne, Ahmed Boukous, directeur l'Institut Royal de la Culture Amazigh (l'IRCAM), créé SM le Roi Mohamed VI, depuis 2001, remarque, dès 1979, à propos du profil linguistique du Maroc :

     "Le tamazight [l'amazigh] est utilisé par le locuteur-interlocuteur natif dans le cadre familial, dans les conversations à caractère informel et, enfin, il sert de langue – refuge pour la préservation de l'identité. L'arabe [dialectal] marocain est utilisé par le locuteur natif [Arabe et Amazigh] dans le cadre familial et dans les conversations amical à caractère informel, il sert lingua franca à l'échelle nationale [v. maghrébine]. L'arabe littéraire [l'arabe standard] est employé dans les situations formelles à topics religieux ou politiques (religion, Chambre des députés, discours officiels, etc.). Le français s'emploie dans les situations formelles et informelles pour s'adresser à l'étranger." - "LE PROFIL SOCIOLINGUISTIQUE DU MAROC", "BULLETIN ECONOMIQUE ET SOCIAL DU MAROC", N°140, Ed. E.M.I., Op.cit., p.23.

     C'est ce que préfigure à la fois l'arabe standard et surtout de l'arabe dialectal, comme lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones, ou non, au Maghreb moderne, perceptibles à travers les caractéristiques spécifiques suivantes :

      1. Les caractéristiques de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb moderne :          
        
       Toutefois, les caractéristiques de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb moderne amènent Fatima Sadiqi à constater : "Du point de vue synchronique ou actuel [moderne], les sociétés d'Afrique du Nord [v. du Maghreb] sont plurilingues. Quatre langues essentielles se partagent le champ linguistique dans cette région du monde. : (1) l'arabe standard, (2) l'arabe dialectal, (3) le berbère [l'amazigh], (4) le français. Les trois premières langues sont des langues nationales [dont une lingua franca : l'arabe dialectal], alors que le français est une langue étrangère. A part ces quatre langues, l'anglais et l'espagnol sont aussi utilisés en Afrique du Nord, mais leur statut social n'est pas aussi privilégié que celui du français. Notons cependant qu'il y a une nette montée de l'anglais dans le Maghreb, surtout dans le domaine de l'enseignement (…). Bien que l'arabe standard, l'arabe dialectal, le berbère et le français interagissent dans la vie quotidienne des citoyens, leur emploi est souvent dicté par les propriété sociolinguistiques qui leur sont propres." - "Aperçu socio-linguistique sur l'amazigh au Maroc : une identité plurimillénaire", Op.cit, p.2.

       À cet égard, les caractéristiques de l'arabe dialectal et de l'arabe standard, comme lingua franca des Arabes et Amazighs au Maghreb moderne pourraient appréhender comme :
                                                      
·      La langue arabe standard médiane (lugha al 3arabia thâlitah/ al arabia al maghribia al wusta) apparaît, en toute simplicité aujourd'hui, comme une langue [arabe moderne] tenant ses caractéristiques lexicales, phonétiques et morphologiques de l'arabe dialectal (comme lingua franca maghrébine); elle se distingue aussi par l'effacement des traits linguistiques régionaux et ethniques qu'interfèrent dans l'arabe dialectal et l'amazigh. Elle est utilisée principalement par la classe ayant un certain niveau d'instruction, et surtout parmi les spécialistes de la parole, comme les professeurs, les conférenciers, les responsables administratifs et politiques, et ce dans les domaines semi - officiels (les discours politiques, syndicaux, entre collègues dans les administrations, les discussions publiques, les entretiens télévisés : TV 1, 2M, Medi1 TV, etc.);
·      La langue arabe standard (al fusha), outre son statut juridique de langue nationale est aussi actuellement une langue nationale officielle qui unifie – sur le plan théorique – 22 États arabes appartenant à 'la Ligue des États Arabes' et 'les États du grand Maghreb arabe', d'autant plus qu'elle est une langue en usage au sein de 'l'Organisation du Congrès  Islamique' (l'OCI), qui unifie le groupe des États islamiques (environ 1 milliard de Musulmans à travers le monde moderne) – Ibid., p.1;
·      L'arabe dialectal, comme lingua franca maghrébine, quant à lui varie à présent d'un pays à un autre et parfois d'une région à une autre dans un même pays du Maghreb, sans pour autant perdre impact intersubjectif, mais partout dans le monde arabe, il est en situation diglossique avec l'arabe standard. Mais alors que l'arabe standard est utilisé dans les domaines-clés (officiels), l'arabe dialectal est utilisé dans les domaines informels et transactionnels (quotidiens et intimes), ainsi que dans les médias 'populaires' (v. les tabloïds et les rubriques politiques) – "Aperçu socio - linguistique sur l'amazigh au Maroc : une identité plurimillénaire", www.bladi.net , p.2;
·      L'arabe dialectal utilisé actuellement à la maison (la darija), comme lingua franca, se place au Maroc (v. au Maghreb) en tête avec 79% des locuteurs à la fois arabes et amazighs, suivi des dialectes berbères [amazighs] avec 18%, et de l'arabe standard et d'autres langues étrangères qui ne sont parlé à la maison que par 3%. Sur le marché du travail, 50% des sujets sondés trouvent que l'arabe standard est le plus utile, 34% optent pour le français et 6% pour l'amazigh. Quant aux langues étrangères on note 4% pour l'anglais et 3% pour l'espagnol – "Quelles sont nos valeurs aujourd'hui? : Les Marocains ont changé sans le savoir", www.lagazettedumaroc.com , p.2;
·      Le profil linguistique multilingue au Maghreb moderne comporte, selon Ahmed Bououd, une répartition qui se distingue par les caractéristiques d'usage suivants : l'arabe standard et l'arabe standard médian (al 3arabia al wusta) usités par les plus instruits, l'arabe dialectal par la quasi-totalité de la population maghrébine, comme lingua franca autochtone, en co-occurrence avec  l'amazigh parlé par environ 40% des locuteurs de la région maghrébine;
·      L'arabe dialectal (ou la darija), constitue la langue maternelle des Marocains arabophones, arabes et amazighs, comme lingua franca de plus 80% de la population (maghrébine); il est le parler de la rue et de la vie quotidienne, y compris entre les locuteurs des co-variantes amazighes – "La régionalisation : la géographie linguistique et le principe de la territorialité de l'aire linguistique amazighe", www.bououd.e-monsite.com , p.1;
·      L'arabe dialectal (ou la darija) est  une lingua franca de plus en plus unifiée au Maroc, voire à l'échelon de ses co-variantes maghrébines, note Mohamed Elmedlaoui en 2007, en particulier après l'indépendance du Maroc (comptant l'accent Mrrakchi, Soussi, Aroubi, Filali, Fassi, Jebli, etc.); il (l'arabe dialectal) est devenu, à côté des co-variantes de l'amazigh, depuis quelques générations, la langue à fonction identitaire et de communication courante à la fois des Arabes et des Amazighs marocains (v. maghrébins) et s'affirme comme élément essentiel de l'identité collective, vu qu'il véhicule par exemple à travers la chanson les sentiments les plus profonds des individus et de la collectivité (chaâbi, âïta, malhun, âasri, ghiwan, rap, hip hop…; et ce au même titre que les chansons amazighes (isfra, tiyfrin, imuray, izlan, tamngaft…)
·      L'arabe dialectal (ou la darija) est la lingua franca majoritaire, appelée par les linguistes ou les sociolinguistes, les pédagogues et les gestionnaires de l'éducation et de la culture, dans des attitudes idéologiques contradictoires, à être instituée dans ses fonctions pédagogiques, identitaires, affectives et de communication courante avec tout ce que cela implique comme mesures socio-éducatives à la maternelle, dans les média et dans la gestion du département de la culture de masse – "Le darija, langue identitaire et fonctionnelle au Maroc?", www.orbinah.blog4ever.com , pp.1-2; "Le substrat berbère de la culture maghrébine", www.mondeberbere.com, p.4.
·      La co-variante de l'arabe dialectal, comme lingua franca, le chti, le arabe dialectal judéo-marocain, est, selon Nicole Elgrissi Banon (la darija juive du Maroc), forgée d'un mélange d'hébreu, d'arabe dialectal et de berbère; c'est la darija marocaine en version juive, la plus conservée au sein des familles juives marocaines expatriées, depuis des années,  ou vivant encore au Maroc, en Israël, au Canada et ailleurs – "Entretien avec Nicole Elgrissi Banon : Le Maroc un cas d'école unique dans la coexistence entre juifs et musulmans", www.lopinion.ma, p.1;
·      L'arabe standard (al fusha) compte parmi les huit langues que parlent 50% des habitants de la terre, parmi les 6.000 langues utilisées aujourd'hui dans le monde moderne, indique un rapport de l'ONU. Le rapport précise qu'il devance la langue  française et la langue portugaise par le nombre de ses locuteurs, et a été adoptée en tant que sixième langue officielle aux Nations-Unis, depuis 1974 - "Wad3u al-lughati al 3arabiati fî duwali al qarni al iifriquî", Op.cit., p.1.  

  2. Les caractéristiques de l'amazigh, co-occurrence de l'arabe dialectal, comme lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs au Maghreb moderne :          
        
     Par ailleurs, les caractéristiques de l'amazigh, co-occurrence de l'arabe dialectal, la lingua franca autochtone des Arabes et des Amazighs interpelle une diglossie complexe, au Maghreb moderne, que décrit Fatima Sadiqi en ces termes : "Aujourd'hui, le bilinguisme [la diglossie] berbère - arabe [amazigh – arabe dialectal, notamment] est l'un des traits les plus caractéristiques de cette région du monde. Cette situation est rendue plus complexe avec l'arrivée des Français aux dix-neuvième et vingtième siècles. Cette arrivée a naturellement occasionné la propagation de la langue française dans la région. L'espagnol et l'anglais se sont ajoutés; et le résultat est l'émergence d'une situation linguistique multilingue des plus complexes, mais aussi des plus intéressantes." - "Aperçu socio - linguistique sur l'amazighe au Maroc : une identité plurimillénaire", Op.cit, p.2. Il en résulte les caractéristiques de l'amazigh co-occurrence  de l'arabe dialectal,  comme lingua franca des Amazighs et des Arabes autochtones, ou non, au Maghreb moderne que voici :

·      Deux langues standard, selon F. Sadiqi, sont utilisées au Maghreb dans des domaines symboliquement et socialement prestigieux : l'arabe standard et le français. En plus de celles-ci, il y a l'usage courant de deux langues  maternelles : l'arabe dialectal (comme lingua franca autochtone) et le berbère (l'amazigh avec ses co-variantes locales parlées, récemment écrites en tifinagh);
·      L'arabe standard est utilisé dans les domaine-clés (officiels), l'arabe dialectal, comme lingua franca autochtone, sert d'idiome oral dans les domaines quotidiens et intimes; et ce en co-occurrence avec le berbère parlé dans certaines aires géographiques du Maghreb, et surtout au Maroc où se trouve la plus grande communauté berbère (amazigh), en dépit du passage de maintes civilisations et idiomes  : punique  (arabo-phéniciens), romains, vandales, byzantins, et musulmans, et ce grâce au dynamisme qui caractérise les langues maternelles en général. Or, l'amazigh n'est pas concentrée dans une zone maghrébine déterminée; il s'agglomère dans des zones discontinues : le  Maroc (40%), l'Algérie (25%), la Tunisie (environ 100.000 habitants), la Mauritanie (environ 10.000 habitants), l'Egypte (environ 30.000 habitants) – Ibid., pp.2-3;
·      L'amazigh est revendiqué, en 2011, comme langue officielle au Maghreb et au Maroc par ses locuteurs natifs autochtones ou non. Cependant, le 17 octobre 2001, SM le Roi Mohamed VI  présida à la création de 'l'Institut Royal de la Culture Amazigh' (l'IRCAM), ayant pour vocation de 'sauvegarder et de promouvoir la langue et la culture amazigh, sous toutes ses formes et expressions', transcrites dans un système d'écriture appelé tifinagh (v. alphabet arabo-phénicien,  libyco – berbère);
·      L'arabe dialectal judéo – marocain (mélange d'hébreu, d'arabe dialectal et de berbère) est parlé par quelques milliers de locuteurs au Maroc, plus de 200.000 locuteurs émigrés en Israël, quelques dizaines de milliers dans la diaspora au Canada, et surtout en France;
·      Le judéo-berbère moderne est parlé par quelques milliers de locuteurs de la communauté juive marocaine, installée dans le sud du Maroc (à Tinghir, Tiznit, Illigh, Ouarzazate) ou le judéo-amazigh considéré comme une langue vernaculaire, avec l'arabe dialectal, lingua franca autochtone maghrébin;
·      Le hassanya est un dialecte arabo-berbéro-africain, co-variante composite de l'arabe dialectal, comme lingua franca, parlé par quelques dizaines de milliers de locuteurs, dans la région de Tan-Tan, Guelmim, Assa, Tarfaya, Mhamid El Ghizlane, ainsi qu'au Sahara marocain et en Mauritanie. Il constitue la langue maternelle d'une population de type nomade, en majorité arabe ou arabophone; il est en contact avec l'amazigh, l'arabe standard, l'arabe dialectal maghrébin et le zenaga (langue dialectal parlée en Mauritanie), ainsi qu'avec des langues africaines. Il se distingue des parlers urbains par diverses caractéristiques phonétiques et morphologiques spécifiques - "La régionalisation : la géographie linguistique et le principe de la territorialité de l'aire linguistique amazighe", Op.cit., pp.1-2;
·      L'amazigh se situe, au Maroc, par ses fonctions communicatives avec ses trois co-variantes (le tarifit, le tamazight, le tachelhit), dans des aires géographiques déterminées (le Rif occidental, la zone du Moyen Atlas et du Haut Atlas, le Haut Atlas oriental, l'Anti-Atlas et la plaine du Souss). Le locuteur du tarifit abandonne souvent sa langue maternelle pour communiquer avec le locuteur  d'une co-variante amazigh en arabe dialectal, la lingua franca autochtone la plus répandue dans le pays. Il est, selon Louis-Jean Calvet, une langue d'unification nationale, et le moyen d'intégration sociale des amazighophones émigrants, hors de leurs lieux d'origine, vers les villes. L'amazigh devient de par sa fonction une variante urbaine courante et une variante ethnolinguistique identitaire - "Al izdiwajiatu al lisâniyatu fî al Maghrib 3alâtu tadâkhuliyatin wa tanâfusiyaztin", Op.cit., p.2;
·      L'amazigh, l'arabe dialectal et l'arabe standard avaient constitués un bloc solidaire contre la tentative française de diviser sciolinguistiquement les Marocains en Berbères de droit coutumier et Arabes de droit musulman. Sous le Protectorat (dès 1912), rappelle Hamid Barrada, les disparités tribales, linguistiques (amazigh, arabe dialectal, arabe standard) confrériques étaient bannies en faveur du nationalisme arabo-musulman marocain. C'est la nation marocaine (v. maghrébine) une et indivisible qui prévaut. Le mouvement national se mobilise contre le Dahir berbère de 1930, initié par l'autorité coloniale franco-espagnole, et combattue par la prière surérogatoire du 'latif', dans les mosquées du Royaume jusqu'à son abolition, du Maroc indépendant, en 1956 – "Les nouveaux Berbères", www.fleuroudaden.skyrock.com , p.1;
·      L'amazigh appelé à être constitutionnalisé, depuis le discours royal de SM le  Roi Mohamed VI, du 9 mars 2011, a poussé les 46 associations nationales amazighes à maintenir le tambour des requêtes : représentativité amazigh dans les institutions, langue officielle pour le Maroc, culture amazigh comme fondement de la société marocaine d'identité (plurielle), et ce en co-concurrence avec l'arabe standard et surtout l'arabe dialectal, lingua franca autochtone, radicalement attestée ou contestée des uns et des autres, voire perçus comme entités violemment antagonistes – "L'amazighité se prépare au nouveau concept de la régionalisation", www.leconomiste.com, p.1.              
               
      Enfin, la synthèse antithétique du syllogisme de la thèse des segmentistes occidentaux et leur hypothèse mécaniste anti-panarabiste et anti-panislamiste post-khaldunienne d'"arabisation magique" de l'étude raisonnée de "l'amazigh, de l'arabe standard, de  l'arabe dialectal autochtone, une lingua franca des Amazighs et des Arabes, au Maghreb pré-islamique et moderne", pose le problème ethnolinguistique de l'identité,  mettant en question l'unité génétique multimillénaire des Arabes et des Amazighs autochtones au Maghreb (v. au Maroc), avec tous les aléas intégristes radicalistes possibles, avise Maayouf Mohamed : «Il n'est pas inutile de rappeler que la langue n'est pas seulement un moyen de  communication, mais aussi un symbole d'identité, (…). Le problème de l'identité revêt une acuité particulière au Maroc [v. au Maghreb], en raison des crises majeures que traversent actuellement le monde en général et le monde arabe en particulier, en mettant en cause la légitimité d'une affirmation identitaire. Ainsi les discours de l'identité connaissent-ils une véritable inflation, ces derniers temps, avec «La remise en question d'un ensemble d'acquis historiques [une lingua franca] comme l'idée de souveraineté, de Nation, de frontières (…). L'ère de la mondialisation, l'émigration accélérée des corps, des imaginaires, etc., posent des questions sérieuses sur soi et sur l'autre, sur l'ancrage spatial, sur le rapport aux temps [l'antiquité et la modernité] et sur les nouvelles perceptions du réel. Ces mutations profondes mettent certaines couches fragiles, ou fragilisées, dans un dilemme parfois incontournable : affirmer d'une manière "pathologique", ou du moins exagérée, son identité; ou bien accepter la perte  de ses fondements [!?]. Un choix presque tragique, entre "l'intégrisme et la désintégration.» - "QUELQUES DONNÉES… LANGUES ET DISCOURS IDENTITAIRES DANS LE MAROC CONTEMPORAIN", Op.cit., p.1.    

                                              Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED      

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