jueves, 6 de septiembre de 2012

LE TIFINAGH : UNE POLYGRAPHIE


LE TIFINAGH : D’UNE  “POLYGRAPHIE”

ATTESTEE A UNE “MONOGRAPHIE” CONTESTEE POUR ECRIRE ET ENSEIGNER LE TAMAZIGHT

      Certes, l’enjeu du débat engagé, depuis voici environ quatre ans, tant au Maroc qu’ailleurs, autour de l’adoption d’une “monographie”(lit. graphie unique), le néo-tifinaghe, au lieu d’une “polygragraphie” (lit. graphie multiple) pour écrire et enseigner le tamazight est décisif. Surtout après l’officialisation de cette option  par l’IRCAM (l’Institut Royal de la Culture Amazighe), au Maroc, en 2003. “Le 5 février 2003, lit-on dans un rapport du FIDH, l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), créé en octobre 2001, a tranché en faveur de l’usage de l’alphabet amazigh, le tifinagh.” – “Le Maroc: la question amazighe?”, www.fidh.org/intgouv/onu/rapport/2003/ma, p.3.
         Pour et contre ce choix contesté, vrai et pseudo débats passionnés et dépassionnés s’amplifient et divergent entre  linguistes, berbérisants et acteurs socio-culturels amazighs marocains et algériens, notamment, autour de cette question cruciale. Il s’agirait d’un pseudo débat idéologico-politique, selon le Pr. Salem Chaker, chercheur à l’INALCO: “Pseudo débat, objecte-t-il, totalement prédéterminé par des options idéologiques, en définitive par l’instance politique: cela a été le cas au Maroc avec l’adoption surprise des néo-tifinagh par l’Ircam en 2001; c’est le cas en Algérie avec le retour en force des tenants de la graphie arabe.” – “Transcription de tamazight”, réflexion adressée au Colloque de Tizi Ouzou, le 26 avril 2007, in www.depechedekabylie.com, p.1. Pour clarifier cette situation, on pourrait passer en revue en particulier:
            1- La graphie tifinaghe son aire et son état actuel attestés.
     2-Les partisans d’une polygraphie non tifinaghes attestée.
     3- Les partisans d’une monographie tifinaghe contestée. 
     4- Le coût de trois graphies standard controversé.
     Or, comme le remarque en ce sens  Christian-Julien Rbin: “On voit là que ce ne sont pas des considérations pratiques, mais des arguments idéologiques, qui amènent à adopter une écriture plutôt qu’une autre.” – “Monde arabe: Une écriture réformée à l’aube de l’Islam”, Science& Vie, Nº 219, Juin 2002, p.108. Ainsi verra-t-on successivement:
      1 – La graphie tifinaghe, son aire et son état actuel attestés:
      L’état actuel de la graphie tifinaghe se rapproche, selon Ahmed Boukous, des tifinaghs , alphabet des inscriptions lybico-berbères non encore déchiffrées, en usage chez les femmes touarègues. “Le tamazight, dit-il, est fondamentalement oral. Les inscriptions «lybico-berbères» découvertes ne sont toujours pas déchiffrées; par leurs formes, elles se rapprochent des tifinaghs  [du phénicien], alphabet touareg toujours en usage dans la société féminine.” – “Le profil socio-linguistique du Maroc: Contribution méthodologique”,  Bulletin Economique et Social du Maroc, Tanger, E.M.I., Nº 140, du 31 août 1979, p.14.
       Parallèlement la référence phénicienne est attestée dans  cette remarque historique de Françoise Briquel-Chatonnet: “De son côté, l’alphabet pictographique a évolué et ses formes sont devenues plus schématiques (…). Dès le Xe-IXe siècles, il est en usage dans les cités phéniciennes, qui l’exporteront dans leurs comptoirs de Méditerranée, mais aussi en Palestine, au-delà du Jourdain et dans les Etats araméens de Syrie. C’est un peu plus tard qu’il est emprunté et adapté par les Grecs, qui utilisent des signes inutiles pour le système phonologique grec (’, h, ‘etc.) afin de noter les voyelles.” – “Phénicie: Les mystères du premier alphabet”, Science & Vie, Op.cit., p.66.
         De la sorte, se profile l’aire et l’état passés et présents de la graphie tfinaghe. La graphie néo-tifinahe contestée,  adoptée récemment par le CA de l’IRCAM, au Maroc, est contradictoirement jugée, dans un article du Net, en ces termes:
       “C’est en février 2003 que le Conseil d’administration de l’IRCAM a décidé de choisir le tifinaghe parmi trois types d’alphabets candidats (le tifinaghe, le latin et l’arabe) comme graphie à adopter pour enseigner l’amazighe dans les écoles primaires. Toutefois, les Berbères ne sont pas tous d’accord sur la graphie tifinaghe, laquelle est à base d’alphabet arabe. Ainsi, l’Association Tamazgha accuse l’IRCAM de «complot visant à freiner l’usage de la graphie gréco-latine largement diffusé». Il s’agirait d’une «stratégie pour propulser l’usage de la graphie arabe, en vue de l’imposer par l’usage».” – in “La fiche du Maroc: L’écriture tifinaghe”, www.webzinemaker.com, p.4.
     De plus, l’aire et l’état originel du Tifinaghe-Ircam émanent, d’après Aïcha Bouhjar, malgré tout du phénicien attesté chez les femmes touarègues: “Cette écriture, note-elle, est de nature alphabétique consonantique et est encore utilisée de nos jours chez les amazighes des zones sahariennes – les Touaregs – qui la nomment «tifinaghe» (…). On peut néanmoins retenir que l’origine phénicienne est largement partagée par les amazighants (…). Les arguments avancés (par Salem Chaker - 1984) se résument comme suit:
            1. Le nom tifinaghe vient de la racine FNQ qui désigne les Phéniciens en sémitique (…).
             2. L’usage de tifinaghe s’est surtout développé dans les régions de l’Afrique du Nord [Maghreb actuel] qui ont connu une influence punique.” – Standardisation de l’amazighe, Actes du séminaire du CAL, Rabat, le 8-9 décembre 2003, Ed. IRCAM, 2004, p.45.        
      Or, le débat survolté issu de son adoption par l’IRCAM, pour écrire et enseigner le tamazigh ne va pas sans parti pris. “Depuis le début de ma carrière universitaire, il y a trente cinq ans, clame Salem Chaker, je vois revenir cycliquement dans le débat public - politique et universitaire – les même déclarations péromptoires, les mêmes fausses interrogations, les mêmes controverses inconsistantes sur la question de la graphie usuelle de la langue berbère [monographie tifinaghe]: graphie latine, graphie arabe, graphie tifinagh [polygaphie non tifinaghe ]?”  - Op.cit., p.1. Du fait, cela mobilise d’abord les partisans d’une polygraphie non tifinaghe historiquement attestée.
     2–Les partisans d’une poly-graphie non tifinaghe attestée:
     Au sujet de la polygraphie non tifighe attestée, on relève, dans les recommandations du colloque du HCA (le Haut Commissariat à l’Amazighité), tenu le 21-22 mars 2007, à Alger sur “le lybico-berbère”, en écho à la polémique suscitée par  la monographie le tifinagh-IRCAM: “ La teneur de ces recommandations, soit la préférence de l’option de la graphie tifinagh [monographie] comme support de tamazight, promet de susciter de plus belle, la polémique entre les partisans d’une autre graphie [polygraphie], dont ceux dits latinistes, principalement.”-  Le tifinagh suggéré”, webawal.dezblog.com, p.1. Aussi  identifie-t-on ensuite un autre groupe de partisans:
       a-Les partisans d’une polygraphie non tifinaghe arabisante:
       Doctrinalement rejetés, les partisans d’une polygraphie non tifinaghe arabisante attestée se réclament d’une tradition monographique séculaire enclins à la notation du tamazight en caractères arabes. Salem Chaker, pro-latiniste, nous le rappelle, sous réserve, ainsi: “En occultant bien sûr le fait que les notations du berbère, bien attestées depuis le Haut Moyen Âge, sont restées l’apanage de milieux lettrés très restreints; qu’elles n’ont jamais donné lieu à une véritable codification graphique du berbère [v. l’arabe dialectal]; que toutes les études récentes montrent qu’il s’agissait plus d’aide-mémoires, de béquilles pour une transmission restée fondamentalement orale et qu’il est impossible de décoder ces textes berbères, anciens ou actuels, écrits en arabe sans oralisation tâtonnante [v. l’arabe classique lui-même].” – “Transmission du tamazight”, Op.cit., p.1.
         De son côté, Ahmed Boukous souligne l’historicité culturelle  de cette polygraphie amazighe notamment arabisante attestée, en ces termes: “Les hommes de science immazighens ont le plus souvent utilisé les langues dominantes de leur époque (le latin par Apulée et Saint Augustin, l’arabe par Ibn Khaldoun). D’autres se sont servi de l’alphabet arabe pour rédiger des ouvrages de littérature religieuse ou profane.” – “Profil sociolinguistique du Maroc”, Op.cit., p.14.
        Dans cette même perspective, la polygraphie arabisante attestée des langues usant de la transcription arabe n’est historiquement pas limitée à celle du  tamazight. “ La plupart des peuples musulmans, relate Christian-Julien Robin, ont naturellement choisi l’alpabet arabe pour écrire leur langue nationale, dans le passé comme de nos jours. Cette écriture note ainsi le persan (Iran), l’ourdou (Pakistan) ou le turc ottoman.” – “Monde arabe”, Op.cit., p.106.
        Par ailleurs, Salem Chaker fustige la déclaration du FLN et du président algérien Chadli Benjadid, en 1980: “Oui à l’enseignement du berbère, à condition qu’il soit écrit en caractères arabes.” – “Transcription de tamazight”, Op.cit., p.1. “On mobilise, rétorque-t-il, les savoirs des linguistes quant à la relation purement conventionnelle entre une langue et sa représentation graphique [ou polygraphie arabisante]; ceux des historiens sur l’existence de traditions anciennes de graphies du berbère en caractères arabes; du sociologue de l’éducation et de la culture pour rappeler que la grande majorité de la population a une pratique de l’alphabet arabe. Tout cela pour défendre une notation usuelle en caractères arabes.” – Ibid. D’où enfin le groupe des partisans  d’une polygraphie latinisante attestée.
       b-Les partisans d’une polygraphie non tifinaghe latinisante:
       Selon le principe transhistorique de la tanscription des langues et de leurs motivations sociales, Salem Chaker admet la possibilié d’une polygraphie non tifinaghe attestée du tamazight: “Car bien sûr, à un niveau d’abstraction transhistorique, écrit-il, nous savons bien que toute langue, sous réserve d’adaptations plus ou moins importantes, peut être représentée par n’importe quel système d’écriture.” – Op.cit., pp.1-2. Mais pour des raisons scientifiques pures, il opte pour une polygraphie non tifinaghe latinisante:
        “Pour ma part, écrit-il, je m’en suis expliqué depuis plus d’un quart de siècle: une diffusion large du berbère passe nécessairement par la graphie latine, parce que l’essentiel de la documentation scientifique disponible est dans cette graphie;    parce qu’un travail significatif d’aménagement de cette graphie a été mené, depuis au moins 50 ans; parce que l’essentiel de la production destinée au grand public (revues associatives, production littéraire), en Afrique du Nord [Maghreb actuel] comme en Europe, utilise cet alphabet.” – Op.cit., p.1.
          De son côté, Mouloud Lounaouci, socio-linguiste latiniste algérien, “tout en manifestant son intérêt pour la graphie tifinagh [monographie tifinaghe] en tant que  «symbole identitaire», en appelle à ne pas verser «dans l’émotionnel», s’agissant de de la question tamazigh qui bénéficie d’une décennie de recherches et de production en caractères latins [polygraphie non tifinaghe latinisante] ne devant pas être délapidés, soutient-il.” – “Le tifinagh suggéré”, Op.cit., p.1.
        C’est aussi l’avis de son compatriote, l’auteur tamazighant latiniste, Abdenour Abdeslam “qui a tenu carrément à «dénoncer l’initiative de la tenue de ce type de débat», qui découlerait, à son sens «d’une machination soutenue par des complicités internes», s’est-il élevé. Pour M. Abdeslam, le caractère latin «étant universel» [polygraphie non tifinaghe latinisante] est le plus fonctionnel pour la valorisation du tamazight.” – Ibid.
        Pour A. Boukous l’usage de l’alphabet latin et arabe [polygraphie non tifinaghe attestée] exige certaines diacrités de la part des chercheurs amazighants occidentaux et nationaux: “Enfin l’alphabet latin, constate-t-il, est aussi mis à contribution, d’abord à l’instigation des chercheurs occidentaux, ensuite par des chercheurs nationaux. Mais qu’il s’agisse de l’alphabet arabe ou latin, certaines diacrités sont nécessaires pour rendre les particularités du phonétisme du tamazight.” – “Le profil sociolinguistique du Maroc”, Op.cit., pp.14-15.
         Du point de vue d’une polygraphie non tifinaghe latinisante  attestée, hormis l’arabe, Atanane Aït Oulahyane prône l’amalgame transitoire des aphabets tifinagh et latin: “Bien sûr, reconnaît-il, les débuts de l’alphabet tifinagh seront difficiles: il faudrait plusieurs générations pour que tout un peuple se réhabitue à cette écriture (…). L’emploi de l’écriture latine, en l’occurrence le français, l’espagnol et l’anglais, qui sont familiers aux Imazighens, s’avère donc nécessaire au début, pour ne pas interrompre la transmission des savoirs académiques et l’ouverture sur le monde moderne.”– “Illustation et défense de l’écriture Tifinagh”, zighcult.canalblog.com, p.13.
       Mais, ce débat partagé des partisans de la polygraphie non tifinaghe arabisante et latinisante attestées du tamazight s’exacerbe encore plus entre les partisans de la monographie tifinaghe contestée.
       3 – Les partisans d’une monographie tifinaghe contestée:       Tel un aphorisme universel, Edward Sapir énonce péromptoirement: “L’ordre de l’alphabet [monographie], comme chacun sait, est d’une rigidité absolue; personne ne songerait à le bouleverser [polygraphie].” – Anthropologie, Op.cit., p.104.      
        Mais ce crédo risquen se révèle inopérant dans le cas de la monographie néo-tifinaghe contestée, adoptée par l’IRCAM. En approuvant l’initiative, A. Aït Oulahyane exclut les alphabets  arabe et latin, en arguant: “Dans ce sens, on ne peut que se félicter du choix sage et courageux fait par l’IRCAM de cette graphie originelle [monographie tifinaghe contestée] pour la transcription de la langue tamazight, au lieu des alphabets arabe et latin [polygrahies arabisante et latinisante  attestées]…” – Op.cit., p.11.
        Ce rejet concerne aussi, d’après A. Boukous,  les insuffisances de la graphie tifinaghe originelle: “Cet alphabet, précise-t-il, comporte un certain nombre d’insuffisances: certains graphèmes manquent, les voyelles ne son notées qu’en finale, le sens de l’écriture est indifférent; bref, c’est un alphabet peu recommandé dans son état originel pour servir à la graphie [monographie berbérisante] dans les domaines littéraire et scientifique.” – Op.cit., p.14. En outre, l’adoption de la monographie tifinaghe-IRCAM contestée débouche également sur son rejet en tant qu’écriture à base d’alphabet arabe (notamment phénicien) par les milieux associatifs amazighs dont l’Association Tamazgha, etc.  
       “Toutefois, observe-t-on dans un article du Net, les Berbères ne sont pas tous d’accord sur la graphie tifinaghe [monograhie berbérisante], laquelle est à base d’alphabet arabe [polygraphie arabisante]. Ainsi l’Association Tamazgha accuse l’IRCAM de «complot visant à freiner l’usage de la graphie gréco-latine largement diffusée» [polygraphie latinisante]. Il s’agirait d’une «stratégie pour propulser l’usage de la graphie arabe, en vue de l’imposer par l’usage» (…). Pour l’Association Tamazgha, il ne faudrait pas voir dans l’adoption de la graphie tifinaghe [monographie tifinaghe contestée] un geste en faveur de l’amazighe. Rappelons que l’écriture tifinaghe est vieille de trois mille ans et qu’elle a été utilisée pour des besoins décoratifs et artistiques en Egypte, au Niger, au Mali, au Burkina Faso et aux Îles Canaries.” – “L’écriture amazighe”, Op.cit., p.1.
         Néanmoins, la monographie tifinaghe contestée est systématiquement revendiquée par A. Aït Oulahyane, dans son article sur le Net, à l’encontre des alphabets arabe et latin,: “L’étude du tifinagh, préconise-t-il, manque encore de clarification, d’un consensus universiaire qui permettrait son réel essor et sa propagation sur des bases solides (…). Comme le sont d’autres peuples (…), les Imazighens aussi pourraient employer leur propre écriture en restant ouverts sur la modernité (…), sans être obligés de choisir exclusivement entre les alphabets arabe et latin.” – “Illustration et défense de l’écriture Tifinagh”, Op.cit., pp.11-13.
         De la sorte, le débat des partisans de la monographe tifinaghe contestée débouche sur une divergence, allant de la réserve au rejet, en passant par l’adhésion exclusive des  polygraphies arabisante et latinisante attestées. Le coût d’usage de ces trois alphabets (arabe, latin, néo-tifinagh) pour écrire et enseiger le tamazight (polygraphie attestée/ monographie contestée) risque aussi d’envenimer  la controverse.
        4 – Le coût de de trois graphies standard controversées:
        Dans le même article de la Dépêche de Kaylie, l’option de la polygraphie non tifinaghe attestée est avancée comme une passerelle vers le consensus d’une monograhie néo-tifinaghe encore  contestée, pour écrire et enseigner le tamazight. “Par ailleurs, y augure-t-on, il est déjà admis que «l’option de la polygraphie qui est un fait à l’état actuel des choses, est en soi une passerelle vers des aménagements consensuels»” – “Le tifinagh suggéré”, Op.cit., p.1. Mais tel n’est pas le cas des sceptiques de cette option comme Salem Chaker rejetant toute  polygraphie non latinisante du tamazight:
        “On met alors en avant, écrit-il, un problème «technique», celui de l’alphabet, pour détruire l’acquis [polygraphie  non tififinaghe latinisante]et orienter d’emblée le passage à l’écrit [monographie tifinaghe] et à l’enseignement de la langue berbère [fondamentalement orale] vers un cul-de-sac assuré, vers l’enlisement et/ ou la folklorisation.” – Op.cit., p.3. Mais, il s’agit a priori d’absence, en monographie tifinaghe contestée,de matériaux didactiques et de documents, selon A. Aït Oulahyane, existants en polygraphie latisante attestée: “Bien sûr (…), il faudrait quelque décennies pour éditer des manuels, dans toutes les disciplines du savoir, traduire des oeuvres de littératures universelles, constituer en quelque sorte une «bibliothèque tifinagh» fournie en toutes sortes de documents.” – Op.cit., p.13.
        Quant à l’acquis académique latinisant dont parle S. Chaker, il n’est  guère prescriptible ni enseignable, suivant A. Boukous:
        “Il existe des dictionnaires, des glossaires et des lexiques, et des manuels de grammaire, mais ce sont des ouvrages plus descriptifs que prescriptifs; ils étaient conçus à l’intention des administrateurs  civils et militaires [coloniaux]; les études actuelles relèvent de la recherche pure ou sont destinés aux chercheurs dans le domaine des sciences sociales. Ainsi, dans tous les cas, ces ouvrages ne s’adressent pas à la communauté  des Imazighens (…). En définitive, on ne peut assigner au tamazight l’attribut de «standardisation»  ” – Op.cit., p.15. De là le coût controversé, aujourd’hui, de trois graphies simultanées pour écrire et enseigner le tamazight, au Maroc et ailleurs.
          En conclusion, on pourrait suspendre ce débat véhément et sans issue, sur une polygraphie non tifinaghe attestée(arabe, latin, tifinagh) et une monographie tifinaghe contestée (tifinagh-IRCAM) et leur coût d’usage simultané controversé pour écrire et enseigner le tamazight, en reconnaissant avec  S. Chaker: “Au fond, il s’agit, dans tous les cas, même si les argumentaires sont évidemment très différents, de bloquer toute possibilité de développement réel de la langue berbère, de la neutraliser en lui imposant un carcan non fonctionnel qui la condamne à une simple fonction emblématique (pour le néo-tifinagh) ou au rejet et à la désaffection par les populations elles-mêmes (pour l’alphabet arabe); en un mot, il s’agit d’enfermer le berbère dans l’insignifiance.” -  in “Transcription de tamazight”, Op.cit., p.3.
                                  Dr. SOSSE ALAOUI MOHAMMED

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