jueves, 6 de septiembre de 2012

L'UMA entre les mythes inhibiteurs et la réalité


 L’UMA : ENTRE LES MYTHES INHIBITEURS ET

LA REALITE DANS LE ROMAN MAGHREBIN D’EXPRESSION FRANÇAISE


       L’UMA (l’Union de Maghreb Arabe) a été fondée, le 17 février 1989, par le Traité de Marrakech, signé par les cinq chefs d’Etats du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Libye et de la Mauritanie, et ce à la suite de la réunion de Zeralda (Algérie), le 10 juin 1988, ayant porté sur la Commission chargée de définir les voies et les moyens de   sa réalisation – www.uma.leguide.ma, p.1. Pourant, on relève pardoxalement, dans la presse nationale en 2007, après dix-huit de son existence, des titres aussi décevants qu’interrogateurs, tel que: “18ème anniversaire de l’UMA: Un choix stratégique inéluctable, mais dont le bilan est peu reluisant” – www.lopinion.ma, p.1. A vrai dire, à quoi pourrait-on attribuer politico-historiquement ce retard de l’UMA? Du point de vue ethno-culturel, il y a lieu de l’imputer à des mythes à la fois supranationaux et nationaux, tant colonionaux qu’impérialistes inhibiteurs de sa réalité. C’est ce que nous révèlent textuellement parlant les thèmes du Maghreb et de l’Afrique du Nord, dans le roman maghrébin d’expression française. “Quand on invite, objecte Mostefa Lacheraf , les écrivains [les romanciers autochtones] à parler de la révolution populaire  pourtant trahie [anti-UMA], c’est cet héroïsme et seulement lui qu’on propose à leur verve exaltée [mythes nationaux]. Or, cette veine à exploiter toutes affaires cessantes bien après la guerre de libération perpétue un nationalisme anachronique [mythes supra- nationaux]  et détourne les gens des réalités nouvelles et du combat nécessaire en vue de transformer la société sur des bases concrètes [pro-UMA] en dehors des mythes inhibiteurs et des épopées sans lendemain [du micro-nationalisme].” – Jean Déjeux, “La littérature maghréne de Langue française”, Québec, Ed. Naaman, 1978, p.65.
       Pour cerner ces mythes inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, nous examinerons corrélativement: I) Les mythes supranationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA dans le roman maghrébin d’expression française, II) Les mythes nationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA dans le roman maghrébin d’expression française.
       I- Les mythes supranationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA dans le roman maghrébin d’expression française:
       Certes, les mythes supranationaux de la réalité de l’UMA sont comme tous les mythes imprévisibles et peuvent être parfaitement dynamisants et unitaires  (pro-UMA) ou au contraire inhibiteurs et séparatistes (anti-UMA). “A chaque instant, remarque Alfred Fauque, des mythes nouveaux surgissent. S’ils n’avaient qu’un but de regroupement constructif [pro-UMA], ils ne pourraient qu’aider tous les dialogues possibles [mythes supra-nationaux unitaires], mais en exaltant des éléments passionnels rendus communs, ils fournissent d’incontestables commodités de combat [mythes supra-nationaux séparatistes].” – “Les perspectives d’un dialogue Orient-Occident”, “Confluent”, nº14, Juin/ Juillet, 1960, Ed. Imprimar-Rabat, p.393. Là encore, on pourrait observer en ce sens parmi  les mythes inhibiteurs  supra-nationaux de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, à la fois des mythes supra-nationaux coloniaux, des mythes supra-nationaux idéologiques et des mythes supra-nationaux impérialistes.
       1- Les mythes supranationaux colonialiaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA dans le roman maghrébin d’expression française:
       “L’histoire, indique A. Fauque, est ainsi pleine de Grecs [micro-Etats] avec leurs barbares [ultra-nationalistes]et chacun risquait toujours d’être le barbare d’un autre [micro-Etats ultra-nationalistes] (…). Enfin, choses tues et insoupçonnées se trouvent parfois amplifiées par les mythes supranationaux en vigueur au cours de l’affrontement [anti-UMA].” – Op.cit., pp.392-393. C’est ce que sous-tendent mythiquement le colonialisme et l’impérialisme face à la démocratie, au socialisme,  la mondialisation et aux grands blocs régionaux de l’Union Européenne (UE), de l’ALENA en Amérique du Nord, de l’ASEAN en Asie et du MERCOSUR en Amérique latine et de l’UMA au Maghreb, etc. 
       En effet, les mythes supranationaux inhibiteurs coloniaux de réalité de l’UMA semblent légitimer idéologiquement le blocage de de cette institution unitaire par des antagonismes de micro-Etats utra-nationalistes ou séparatistes, issus de la lutte anti-coloniale, restituée ethno-culturellement dans le roman maghrébin d’expression française. “Des années après l’indépendance, souligne Franz Fanon, incapable d’inviter le peuple à une oeuvre concrète, incapable d’ouvrir réellement l’avenir au peuple, de lancer le peuple dans la voie de la construction de la nation [l’UMA], donc de sa propre construction, on voit le leader [les micro-Etats] ressasser l’histoire de l’indépendance nationale [micro-nationalisme], rappeler l’union sacrée de la lutte de la libération [mythes supra-nationaux coloniaux].” – “Les damnés de la terre”, Paris, Ed. Maspero, 1970, p.111.  Ainsi est-il des:
       1- Les mythes supranationaux colonaux inhibieurs de la réalité de l’UMA:
       Le micronationalisme a été le trait spécifique, oserions-nous dire, des mythes supra-nationaux colonaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA. “Au lendemain de l’indépendance, en effet, décèle F.Fanon, elle [la bourgoisie colonisée au pouvoir] se heurte aux séquelles humaines du colonialisme [mythes supra-nationaux] (…). Elle va se battre impitoyablement contre ces gens [les étrangers] «qui insulte la dignité nationale» [mythes ultra-nationalistes] . Elle brandit énergiquement les notions de nationalisation des cadres, d’africanisation des cadres. En fait, sa démarche va se teinter de plus en plus de racisme [ethno-culturel] (…). Du nationalisme nous sommes passés à l’ultra-nationalisme, au chauvinisme, au racisme [des ethnies ultra-nationalistes].” – Op.cit., pp.100-101. D’où l’écho de cette mythologie coloniale anti-UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, dans :
      + “Une enquête au pays” (1981):
       Le romancier marocain Driss Chraïbi (1926-2007) exalte, dans ce roman, le brassage outre-frontière des populations marocaines et algériennes et leur solidarité géo-stratégique, pendant la guerre de libération – escamoté idéologiquement par les micro-Etats post-coloniaux sous l’empire idéologique des mythes supra-nationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA, antagonisme campé ici par le Berbère Raho, alias le commandant Filagare (du Maroc) et franc-tireur allié du FLN (d’Algérie):
      “Il [Raho] se souvenait d’avoir pleuré ainsi, misérablement, là-bas dans le pays des Algériens, du temps où il était le commandant Filagare [allié-FLN]. Il y avait le chagrin d’avoir infligé la mort à des Français, des hommes de guerre peut-être bien mais ses semblables, afin de retrouver sa propre vie [sa dignité de pseudo-fellagha torturé par des soldats français].” (p.84).
        + “Les lions de la nuit” (1985):
        L’Algérien Azzeddine Bounemeur (né en 1945) évoque dans ce roman le moment historique où l’unité du Maghreb avait réuni l’Emir Abdelkader (1808-1883) au nom de l’Algérie et le Sultan Moulay Abderrahman (1785-1859) contre l’armée coloniale française à la tragique bataille d’Isly (1844), passant sous silence la participation marocaine et maghrébine. Ce qui la réduit alors à un simple mythe supra-national colonial inhibiteur de la réalité de l’UMA.
        + “Si Salah se tenait debout au mileu de cet îlot (…), la voie saisie par l’émotion: «Voilà le jour tant attendu par nous tous, frères (…). Sans tous ces contacts, sans notre volonté de nous hisser au niveau de l’Histoire, nous ne serions pas ici (…). Bien sûr, notre peuple n’a jamais cesser de résister à l’envahisseur depuis qu’il a foulé notre sol [mythe supra-national colonial]. L’Emir Abdelkader mena une lutte farouche   et il ne fut vaincu qu’à cause de la trahison de la féodalité servie par le régionalisme [anti-UMA]. C’est un mal [Etats-micronationalistes]  qui nous ronge et nous sommes tenus de le combattre impitoyablement.»”(pp.322-324).
       + “Les jardins du Nord” (1982):
       Pour la romancière tunisienne Souad Guellouz (née en 1937) fait, avec ironie, le portrait du Bey de Tunisie un pion impuissant, acclamé par la presse colonialiste de l’époque: La Tunisie Française, La Dépêche, etc., et manoeuvré par la France coloniale du Général de Gaulle, lors de sa viste à Paris, le 14 juillet 1945, pour célébrer la victoire alliée sur l’Allemagne nazie, au prix de la mort des combattants de Tunisie et du Maghreb compartimenté et colonisé [micro-Etats], préfigurant un mythe supra-national colonial inhbiteur de la réalité à venir de l’UMA. Son narrateur annonce:
      “Le Bey devait venir à Bizerte… exactement le 11 juillet 1945. Il devait venir à Bizerte et de là, s’embarquer pour la France sur un paquebot magnifique, le Gloire. Le Secrétaire Général du Gouvernement  monsieur Gromant, l’accompagnerait, le Général Mast, Résident Général de France en Tunisie l’ayant déjà précédé à Paris depuis le 5 juillet pour l’y accueillir. Le Bey serait reçu par le Général de Gaulle et là tous deux assisteraient à la revue du 14 juillet. Dans le programme on avait même prévu une visite en Allemagne où beaucoup de Tunisiens laissèrent leurs
peau et leurs os [anti-UMA]… au sens propre. C’est pourquoi  il fallait que nos colonisateurs fassent un geste envers cette gentille Afrique du Nord [pro-UMA] (et Bizerte donc…) de vaincre l’Axe… Par conséquent une sucette après ce petit bobo (cette saignée, oui, des deux guerre ). Car c’est ainsi, vu le ton des journaux de l’époque, La Tunisie Française, La Dépêche, etc., qu’étaient considérées ces futures visites du Bey en Europe. Un grand honneur qu’on lui faisait vraiment [mythe supra-national colonial].” (pp.54-57).
      Il apparaît que les mythes supranationaux coloniaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA ont pour ressor l’histoire globale, souvent tue par l’histoire des micro-Etats ultra-nationalistes ou séparatistes post-coloniaux, et ce détriment de l’ensemble régional géo-stratégique unitaire et complémentaire maghrébin, au temps des grands blocs économiques régionaux dans le monde de la globalisation.
       “Mais on est obligé de constater, explique A. Fauque, que les régimes [micro-Etats] divers qui se sont établis au nom d’une vérité du moment, tendent à organiser leur histoire autour de cette vérité [idéologie ultra-nationaliste]. Le besoin de légitimation de tous les gouvernements ne peut les laisser indifférents à la manière dont leur peuple les voit en fonction de son passé, de son présent et de son avenir [mythes supra-nationaux coloniaux]. On comprend alors que plus un pays est jeune et plus récente la forme de son gouvernement, plus son régime aura besoin d’éléments d’autosurestimation [anti-UMA] pour vaincre les obstacles de sa croissance. Et la psychologie des peuples enseigne que les meilleurs éléments d’autosurestimation sont ceux que fournit le passé [micro-nationalismes], car il permet la localisation de tous les mythes dynamisants [mythes supra-nationaux coloniaux] et leur assure un fondement constitutif et inaliénable [pro-UMA].” – Op.cit., p.397.
      2- Les mythes supra-nationaux idéologiques inhibieurs de la réalité de l’UMA:
      Quant aux mythes supranationaux idéologiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrebin d’expression française, ils s’ancrent politiquement dans les idéologies occendentales des régimes nationaux post-coloniaux des Etats de la région maghrébine. “On aperçoit déjà, relève F. Fanon, que la violence [le conflit idéologique]dans les voies bien précises au moment de la lutte de libération, ne s’éteint pas magiquement après la cérémonie des couleurs nationales. Elle s’éteint d’autant moins que la construction nationale [anti-UMA] continue à s’inscrire dans le cadre de la compétition décisive [des Etats] du capitalisme et du socialisme [mythes supra-nationaux idéologiques inhibiteurs].” – Op.cit., p.36. C’est ce que reflète du moins l’ultra-nationalisme  anti-panarabiste et anti-panislamiste, entre autres,  dans le roman maghrébin d’expression française, au sein de:
         + “Naissance à l’aube” (1986):
         De plus, on pourrait ressaisir, les mythes supra-nationnaux idéologiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA à travers  les mythes terrifiants d’inhibitions magiques sources d’assurance et de prohibition d’agressivité tribale dans la société sous-développée colonisée. “Entre temps, cependant, explique  F. Fanon, la vie continue [sous le joug colonial], et c’est à travers les mythes terrifiants, si prolifiques dans les sociétés sous-développées, que le colonisé va puiser des inhibitions à son agressivité [mythes supra-nationaux] (…). L’atmosphère de mythe et de magie, en me faisant peur, se comporte comme une réalité indubitable [mythes nationaux]. En me terrifiant, elle m’intègre dans les traditions, dans l’histoire de ma contrée ou de ma tribu [micro-Etats], mais le même temps elle me rassure, elle me délivre un statut, un bulletin d’état civil [ultra-nationalisme]. Le plan du secret dans les pays sous-développés, est un plan collectif [anti-UMA] relevant exclusivement de la magie [micronationalisme].” – Op.cit., pp.20-21. De ces inhibitions mythico-idéologiques de l’UMA, ce roman marocain de D. Chraïbi explicite:
         + “Et, toujours vivaces, jamais oubliés, renaissaient au galop les effluves du village d’Azemmour [mythe idéologique anti-UMA] que les cavaliers de l’émir Oqba [mythe idéologique pro-UMA] avaient détruit jusqu’aux fondations par un lumineux matin de l’an 681 [micronationalisme] (…).
        - Dégagez-moi les rives, avait ordonné le général Tariq Bnou Ziyyad Je veux voir l’Oued-el-Kébir après ma victoire. Ici s’élèvera la capitale de l’Empire pour l’éternité [anti-UMA].  (…). Je veux que la lumière des sept cieux entre flots dans ma ville de Cordoba et que la vie de chacun de ses habitants, présents ou à naître , soit bercée jour et nuit par la nusique des eaux – tout comme la musique de Dieu chante de la première à la dernière sourate du Livre [le Coran] qui renue les âmes et nous a mis en mouvement depuis le désert arabique [mythe idéologique pro-UMA].” (pp.122-123).
       + “Les lions de la nuit” (1985):
       En vérité, les divergences idéologiques du tribalisme, du séparatisme et du micro-nationalisme post-coloniaux alimentent aussi les mythes supra-nationaux idéologiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA. “Les échecs subis [dans le monde rural], remarque F. Fanon, confirment «l’analyse théorique» des partis nationalistes  (…). Après le triomphe de la lutte de libération nationale, les mêmes erreurs se renouvellent, alimentent les tendances décentralisatrices et autonomistes [micronationalistes]. Le tribalisme [ethno-culturel]de la phase coloniale fait place au régionalisme de la phase nationale, avec son expression institutionnelle: le fédéralisme [anti-UMA].” – Op.cit., p.68. L’Algérien Azzeddine Bounemeur en dépeint les contradictions dans cet extrait:
       “«Notre mouvement [le FLN], leur [combattants] dit Si Salah, est un mouvement populaire qui doit être le plus vaste possible [mythe supra-national idéologique unitaire]. Nous ne tiendrons pas compte de tel ou tel arch ou de telle ou telle famille [mythe supra-national idéologique séparatiste].(p.324).
        + “La statue de sel” (1953):
         Par ailleurs, les idéologies - sionisme, socialisme, panarabisme , indigénisme (ethno-culturel) d’obédience coloniale - traversent idéologiquement les entités ethniques et multiconfessionnelles, notamment juives, des Etats post-coloniaux maghrébins. “Et il est vrai, reconnaît Abdelkebir Khatibi, que, par l’institution de l’Etat d’Israël (lié à l’impérialisme occidental), la Diaspora juive se trouve dans une situation infiniment complexe. Je connais de près le déchirement de mes amis juifs. D’une part, la Diaspora est divisée en elle-même, elle est taversée par des mouvement politiques et idéologiques différents, sinon opposés. Et d’autre part, le Juif de la Diaspora est chaque fois acculé à donner une réponse à sa double identité, à sa double fidélité.” – “Vomito blanco”, Paris, Ed. U.G.E., 1974, p.100. C’est ce que traduit ce dialogue entre les deux tunisiens Benillouche et Ben Smaan, du  Tunisien juif Albert Memmi (né en 1920):
        “Je [Benillouche] ne savais alors que penser du sionisme, mais cette rapide exécution [rejet de Ben Smaan] me froissa, la menace surtout me choqua. Cependant, je sentais chez Ben Smaan un effort d’ouverture, une générosité sincère. De son passage aux Jeunesses Socialistes, il avait retenu un humanisme large et la nécessité d’une libération sociale, tout autant que politique (…). Mais il avait quitté les socialistes lorsqu’il vit que les sections locales des partis européens ne pouvaient trouver audience et racine dans le peuple [mythe supra-national idéologique unitaire].Il fallait un parti indigène, exprimant le peuple et luttant pour lui [mythe supra-national séparatiste]. 
       Ma violence dans la controverse et le refus devenaient irrésolution, dépaysement, quand il fallait construire.
        - Tu [Ben Smaan] sais ce que tu es et ce que tu veux: tu as de la chance (…). Moi, je suis obligé de réfléchir. Tu souhaites ardemment le retour à la culture  et à la langue arabes [pro-UMA].Moi je suis maintenant de culture occidentale et serais incapable d’écrire ou de m’exprimer complètement en arabe. Et pourtant, les injustices, les refus de l’Europe…[anti-UMA]” (pp.214-215).
        En somme, les mythes supra-nationaux idéologiques inhibiteurs de l’UMA se voient en plus pris dans les filets de l’idéologie impéraliste occidentale claironnant son appui à l’anti-colonialisme, aux minorités locales ethniques dominées, au territotorialisme exacerbé et aux micro-nationalismes ultra-nationalistes. “Le capitalisme et l’impérialisme, précise F. Fanon, sont convaincus que la lutte contre le racisme et les mouvements de libération nationale [idéologiques] sont purement et simplement télécommandés, fomentés de «l’extérieur». Aussi décident-ils d’utilier cette tactique [propagande] efficace : Radio-Europe Libre, comité de soutien des minorité s (…). Ils «utilisaient le peuple contre le peuple» [colonisés] (…). Le colonisé, l’homme sous-développé sont aujourd’hui des animaux politiques au sens le plus planétaire du terme [mythes supra-nationaux impérialistes].” – Op.cit., p.40-41. D’où encore le caractère  impérialiste des mythes supra-nationaux inhibiteurs et la réalité de l’UAM.
       3- Les mythes supranationaux impérialistes inhibieurs de la réalité de l’UMA:
       Toutefois, les mythes supra-nationaux impérialistes inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, viennent parachever la configuration mythologique supra-nationale  des inhibitions politiques qui en découlent. Dans cette même optique, L.-P. Ajoulat, reconnaît la nature provisoire des mythes occidentaux: “L’Occident [colonial] a déjà inventé et usé tant de mythes que ses partenaires [pays ex-colonisés]ont le droit d’être pour le moins scéptiques.
       Maintenant, il est vrai que son impérialisme culturel [ethnique] recule en hâte   devant les révélations des ethnologues comme devant les proclamations des hommes de couleur eux-mêmes [mythes pro-UMA]; maintenant, surtout que l’emprise politique des nations blanches [colonisatrices] sur des terres lointaines [pays colonisés] cède la place à des Etats maîtres de leur avenir [micro-Etats post-coloniaux], il a fallu procéder à une reconversion précipitée des idéologies [mythes supra-nationaux impérialistes] en cours. Plus questions «d’assimilation» ni même de «mission civilsatrice» des peuples avancés [anti-UMA], le sous-développement [mythe pro-UMA] devient subitement la clef de tous les problèmes d’outre-mer et surtout le fondement de toute coopération entre l’Occident et le monde extérieur [Etats supra-nationaux impérialistes].” – “L’assistance technique nouveau mythe”, “Confluent”, Op.cit., p.319. Ce dont rendent comptent les romans maghrébins que voici:
        + “La mémoire tatouée” (1971):
        Dans ce roman, le Marocain Abdlkebir Khatibi (né en 1938) dénonce les terribles méfaits de l’impérialisme occidental en guerre contre le nazisme durant la Seconde conflit mondiale, sous l’égide des U.S.A. sur les peuples du Maroc et du Maghreb, augurant des mythes supra-nationaux impérialistes inhibiteurs de la réalité actuelle de l’UMA. F. Fanon en dresse le bilan avec dépit en ces termes:  “Le bien-être et le progrès de l’Europe ont été bâtis avec la sueur [des émigrés] et les cadavres des nègres, des Arabes, des Indiens et des Jaunes [des tirailleurs indigènes]. Cela, nous décidons de ne plus l’oublier (…). Le colonialisme et l’impérialisme ne sont pas quittes avec nous quand ils ont retiré de nos territoires leurs drapeaux et leur force de police [mythes supra-nationaux impérialistes].” - Op.cit., pp.54,58. Cela devient un antagonisme mythique anti-impérialiste et pro-UMA chez le narrateur d’A.Khatibi:
       “Radio-Berlin captait l’attention de nos pères [mythe national pro-UMA]; l’histoire internationale entra dans ma petite enfance par la voix du sinistre dictateur [mythes supra-nationaux impérialistes].
      Expédition, en cas d’alerte, dans un terrain vague maritime. Nous laissions derrière nous une ville éteinte: le vol et le pillage étaient rois (…). La guerre des autres [mythe impérialiste anti-UMA] passa vite, comme un combat imaginaire et lointain, sans morts, sans sang palpable, un combat aux adversaires invisibles et qui se termina par des épisodes d’abord déplaisants. Fuck fuck lady, nous demandaient les Américains [soldats US] en distribuant du chewing-gum. J’appris avec eux la direction du bordel [mythe impérialiste anti-UMA].” (pp.11-12).
        + “Nedjma” (1956):
         Par ailleurs, l’Algérien Kateb Yacine (1929-1989) fustige dans son roman, avec un relent ethno-culturel païen, les impérialismes sanguinaires historiques qui avaient dominé la Numidie (le Maghreb), depuis les Romains jusqu’aux Français et aux Espagnols (l’Arc de Triomphe) en passant par les Turcs (la Sublime Porte). “Chaque statue, dénote F. Fanon, celle de Faidherbe ou de Lyautey, de Bugeau ou du sergent Blandan, tous ces conquistadors juchés sur le sol colonial n’arrêtent pas de signifier une seule et même chose: «Nous sommes ici par la force des baïonnettes…» [mythes impérialistes anti-UMA ]” – Op.cit., p.43.Il en reconstitue la mémoire mythique en ressassant:
       “Constantine luttant pour Cirta et Bône pour Hippone comme si l’enjeu du passé, figé dans une partie apparemment perdue, constituait l’unique épreuve pour les champions à venir [mythes supra-nationaux impérialistes]: il suffit de remettre en avant les Ancêtres pour découvrir la phase triomphale, la clef de la victoire  refusée à Jugurtha [mythe impérialiste pro-UMA], le germe indestructible de la nation écartelée entre deux continents, de la Sublime Porte [Asie] à l’Arc de Triomphe, la vieille Numidie où se succèdent les descendants Romains, la Numidie dont les cavaliers ne sont jamais revenus de l’abatoir, pas plus que ne sont revenus les corsaires qui barraient la route à Charles Quint …Ni les Numides, ni les Barbaresques n’ont enfanté en paix dans leur patrie. Ils nous la laissent vierge dans un désert ennemi, tandis que se succèdent les colonisateurs, les prétendants sans titre et sans amour [mythe impérialiste anti-UMA]…” (p.175).
         + “Le Quai aux fleurs ne  répond plus” (1961):
      De même, le romancier tunisien Mustapha Tlili (né en 1937) incrimine l’Occident impérialiste en Afrique [au Maghreb], en Amérique latine, aux U.S.A. dans sa minorité noire, dans une lettre adressée par un  Iranien au journaliste Jalal Ben Cherif, pour de  de l’interview qu’il fit avec un curé dans L’Humanité, illustrant ainsi un mythe supra-national impérialiste inhibiteur de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française. “Les dirigeants nationalistes, argue F. Fanon, savent que l’opinion internationale est forgée uniquement par la presse occidentale [mythe supra-national impérialiste anti-UMA]. Or, quand un journaliste occidental nous interroge, c’est rarement pour nous rendre service [mythe supra-national  impérialiste pro-UMA].” – Op.cit., p.38. Le narrateur  en brosse les abus historiques ici:
        “La lettre de l’Iranien, c’était elle,  qui, de toutes les réactions de tes lecteurs publiées par L’Huma à la suite de ton interview du curé (..) avait presque réussi à te réveiller de ta détresse (…). Lis la maintenant que tout est foutu.
         Cette fois, bravo, monsieur: vous avez visé juste, vous n’êtes pas passé à côté du problème comme vous nous avez accoutumés de faire depuis que je vous lis! [mythe supra-national impérialiste](…). Car en fait quel est le problème? Il est simple, à mon avis, très simple: il s’agit de savoir si notre entreprise de salut [notre prise de conscience], nous les damnés de la terre, les peuples d’Afrique [l’UMA], d’Asie [l’ASEA] et d’Amérique latine [le MERCOSUR], la minorité noire des U.S.A. [l’ALENA], nous devons espérer quoi que ce soit de l’Occident, je dirais même: nous avons à faire quoi que ce soit avec l’Occident, l’ennemi mortel, l’ennemi de toujours, lui qui a, des siècles durant, cherché à nous miner jusqu’au plus profond de notre  être, le plus souvent violemment [le colonialisme traditionnel anti-UMA], mais parfois aussi, surtout de nos jours, sous les formes les plus insidieuses [mythe supra-national impérialisme anti-UMA].” (p.162).
       Néanmoins, A. Fauque  énonçait déjà avec justesse: “Actuellement, il semble que ce soit l’impérialisme, vieux cheval [de Troie] de retour, dont le caractère général [mimétique] lui permet d’être partout: en Europe, Asie, Afrique [UMA] et tout récemment en Amérique. Celui-là paraît devoir être le mythe à tout faire de l’avenir, car il offre, en plus, l’avantage d’une utilisation multilatérale [mythes supra-nationaux impérialistes inhibiteurs].” – Op.cit., p.393. De plus, les mythes nationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, ne font pas non plus défaut. Ils s’articulent de leur côté en mythes étatiques, ethno-linguistiques et anti-démocratiques. Ils s’y articulent comme suit: 
       II- Les mythes nationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA dans le roman maghrébin d’expression française:
       Les mythes naionaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, pèchent surtout par excès d’ultra-nationalisme conflictuel et de chauvinisme réactionnaire et violent (militariste). “On sait, rappelle A. Fauque, que notre siècle [XXe s.], qui a découvert l’étroitesse des nationalismes exclusifs [ultra-nationalistes], au lieu de les atténuer, a réussi à les vitaliser en les groupant autour des mythes opposés [micro-nationalistes]. Déjà, en 1939, ceux du «fascisme» et de la «démocratie» [voire du socialisme] ont réuni deux ensembles différents de nations pour leur entrée en guerre. Depuis l’habitude en est prise.” – Ibid. D’où en l’occurrence:
       1- Les mythes nationaux micro-étatiques inhibieurs de l’UMA:
        Les mythes nationaux micro-étatiques inhibieurs de la réalité de l’UMA sont, par leur territorialisme et leur micro-nanationnalisme  radicalement contestés,  au Sénégal, par Mamadou Dia, cité par F.Fanon: “Leur erreur [des leaders de l’OUA], notre erreur, a été, sous prétexte de lutter contre la balkanisation, de ne pas prendre en considération ce fait précolonial qu’est la territorialisation (…). Nous nous sommes laissés séduire par le mirage de la construction la plus satisfaisante pour l’esprit, et, prenant notre idéal pour une réalité, nous avons cru qu’il suffisait de condamner le territorialisme et son produit naturel, le micronationalisme, pour avoir raison d’eux, et pour assurer les succès de notre entreprise chimérique [l’OUA].” – Op.cit., pp.102-103. Le roman maghrébin d’expression française reflète les mythes supra-nationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans par exemple:
        + “Une enquête au pays” (1981):
         Du fait, les mythes nationaux micro-étatiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA s’inscrivent, de façon ironique, à travers une allusion au front Polisario, dans ce roman du Marocain D.Chraïbi, symbolisant le conflit territorial, entretenu par Algérien qui, usant de toutes manoeuvres pour créer un micro-Etat satellitaire sur le Sahra marocain, bloquant du même coup la réalisation de l’UMA, et ce depuis  la Marche Verte du Royaume pour sa récupération pacifique, en  1975, de l’occupant espagnol. “Cette aspiration à l’unité maghrébine, écrit Michel Rousset, est partout manifeste malgré les vicissitudes que connaissent les relations [du Maroc] avec les voisins algériens. Il semble que l’on soit désormais unanime pour accepter de séparer les divers plans des relations intermaghrébines, et permettre, en tous cas, aux relations culturelles et scientifiques de se développer sans contrainte.” – “Lettre de Rabat”, “Maroc Europe”, 1993-Nº4, Rabat, Ed. La Porte, p.221. Le narrateur de D. Chraïbi semble narguer cette situation, en y soliloquant sur le compte de l’inspecteur de police Ali:
        “Il connaissait toutes les ruelles de la médina, il y était né, y avait grandi, y avait appris sa vie d’homme. Il avait tout pour lui: un vocabulaire argotique capable de faire dresser les cheveux sur la tête d’un Marocain, un costume râpeux, un tête de miséreux. Il chantait aussi bien l’Internationale en arabe [socialisme panarabe] que l’hymne palestinien [l’OLP]ou celui du polisario [le FLN].” (pp.120-121).
        + “L’incendie” (1954):
         Quant au roman de l’Algérien Mohammed Dib (né en 1920), il représente le Maghreb pendant la guerre d’Algérie, un monde compartimenté par le colonialisme,  à l’aide de frontières étanches, militarisées, interdisant les visites entre parents (de Aïni) résidant des deux côtés de la frontière algéro-marocaine, à Tlemcen e tà Oujda. Cela augurait paradoxalement de la situation frontalière post-coloniale et des mythes nationaux inhibiteurs étatiques de l’UMA. “Le monde colonial, note F.Fanon, est un monde compartimenté (…). Cette approche du monde colonial, de son arrangement, de sa disposition géographique va nous permettre de délimiter les arêtes à partir desquelles se réorganisera la société décolonisée [le Maghreb].
      “Le monde colonisé est un monde coupé en deux [national et étranger]. La ligne de partage, la frontière en est indiquée par les casernes et les postes de police [frontières étanches]. Aux colonies [micro-Etats], l’interlocuteur valable et institutionnel du colonisé [du Maghrébin], le porte-parole du colon et du régime d’oppression est le gendarme ou le soldat.” – Op.cit., p.7.  M. Dib campe cet ananchronisme historique par l’Algérienne Aïni interdite de se rendre de Tlemcen à Oujda:
        “- Le monde n’est plus le monde, commença par dire Aïni. Mes petites soeurs, il se passe des choses peu ordinaires chez nous. Savez-vous ce qu’on m’a dit à la gare? Je m’approche; l’homme des billets me dit: «Ma petite mère, on ne peut plus voyager sans autorisation spéciale.» Mais je lui réponds: Je suis toujours allée à Oujda sans avoir eu besoin d’autorisation. Il me dit alors: «Ça a changé, ma petite mère!» Et pourquoi ça a changé? Et pourqoi? Faut croire que le monde aussi a changé. «Eh oui, ma petite mère, le monde a changé, il me dit. Je comprends qu’il a changé! C’est depuis qu’il y a la guerre.» Alors comme ça, je lui dis, ça change juste au moment où je veux aller à Oujda! «Ce n’est pas spécialement pour toi qu’on a fait ça», il me dit. Alors si ce n’est pas spécialement pour moi, je lui dis, c’est pourquoi? Pourquoi? il me dit. Mais c’est à cause de la guerre!» J’ai de la famille à Oujda, je lui dis, je voudrais seulement aller voir les miens. Je t’assure que ce n’est pas pour autre chose. «Il te faut un sauf-conduit, il me dit, sinon je ne pourrai pas te donner de billet.»” (p.149).
         + “La Rage aux tripes” (1975):
          Parallèlement, le Tunisien M. Tlili consacre son roman à la guerre d’Algérie dans le cadre d’un mythe national étatique inhibiteur de la réalité de l’UMA, inscrit au sein d’une utopie étatique d’un intellectuel ultra-nationaliste, Jalal Ben Cherif, rêvant d’attirer l’attention internationale par ses traités philosophiques, dans un Etat micro-nationaliste indépendant, dont il serait le  porte-parole [le leader] auprès de l’intelligentsia occidental. “Aucun leader quelle que soit sa valeur, prône F. Fanon, ne peut se substituer à la volonté populaire [démocratie libérale] et le gouvernement national [l’Etat micro-nationaliste] doit, avant de se préoccuper de prestige international [mythe étatique anti-UMA], redonner dignité à chaque citoyen, meubler les cerveaux, emplir les yeux de choses humaines, développer un panorama humain [un développement humain] parce qu’habité par des hommes conscients et souverains [mythe étatique pro-UMA].”- Op.cit., p.139. Tlili en dévoile les velléités dans ce passage, par Junkee s’adressant à Jalal:
       “L’Algérie indépendante aura besoin d’intellectuels, d’un futur agrégé de philosophie comme toi, un grand professeur qui réorganisera son enseignement, attirera l’attention internationale sur elle par ses grands travaux et sera son porte-parole auprès de l’intelligentsia occidentale. Tu seras ce personnage-là. Mais voilà, la lettre d’oncle Salah [sur le massacre des siens] a tout foutu en l’air.” – A. Memmi, “Ecrivains francophones du Maghreb”, Paris, Ed. Seghers, 1985, p326. Or, ces mythes nationaux étatiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA se doublent par ailleurs d’autres purement éthno-linguistiques et tribaux.
     2- Les mythes nationaux ethnolinguistiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA:
     En effet, les mythes nationaux ethnolinguistiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA vont de pair avec la politique coloniale  séparatiste et l’ultra-nationalisme post-colonial des micro-Etats anti-unitaires dans la région. “La langue, affirme A.M. Hocart, est certainement l’un des principaux ciments de l’unification nationale [pro-UMA], puisque les nations existantes correspondent grosso modo à des zones linguistiques [ethno-culturelles]. Or, comment ces zones linguistiques se sont-elles formées? Par la diffusion de la langue parlée [mythe anti-UMA] par la classe dominante. C’est ainsi que l’Anglais a déjà supplanté le Cornique, le Erse, le Gallois; et à l’heure actuelle, le dialecte des classes dirigeantes continue à combattre des dialectes locaux [mythe pro-UMA], sous prétexte que ces dialogues ne sont que des patois (…). L’unification linguistique va de pair avec l’uniformisation des moeurs et des coutumes [mythe micro-nationaliste ethno-linguistque], ainsi qu’avec la centralisation administrative [mythe nationale ethno-lnguistique].” – “Le mythe sorcier”, Paris, Ed. Payot, 1973, p.141. A cet égard, citons:
         + “Une enquête au pays” (1981):
          Cependant, la langue coloniale, la langue nationale et les langues orales se heurent au sein des micro-Etats post-coloniaux, incarnant les mythes nationaux ethnolinguitiques inhibiteurs de l’UMA, restitués dans le roman maghrébin d’expresson française. “Les hommes politiques qui prennent la parole, qui écrivent dans les journaux nationalistes, opine F. Fanon, font rêver  le peuple [mythe national ethnolinguistique]. Ils évitent la subversion [mythe unitaire] mais, en fait, introduisent de terrible ferments de subversion [mythes séparatistes] dans la conscience des auditeurs ou des lecteurs. Souvent on utilise la langue nationale [pro-UMA]ou tribale [anti-UMA]. C’est, là encore, entretenir le rêve [mythe national ethnolinguistique], permettre à l’imagination de gambader hors de l’ordre colonial [mythe séparatiste]. Quelquefois encore ces hommes politiques disent: «Nous les nègres [les berbères], nous les arabes», et cette appellation lourde d’ambivalence pendant la période coloniale reçoit une sorte de sacralisation. Les hommes politiques nationalistes jouent avec le feu [mythes anti-UMA].” – Op.cit.,  p.31. C’est à quoi réfère le récit antique, ethno-culturel de la mère de l’inspecteur Ali dans le roman de D. Chraïbi:
         “Et les estompant toutes [les clameurs des membres de la tribu], la voix de sa mère venant du passé et poursuivant le récit antique:
          «… Ils ont toujours convoité la terre [les étrangers] (…). Ils ont apporté avec eux ce qu’ils appelaient la loi, des livres qu’ils nous ont obligés à lire: le livre des Youdis [l’hébreu], celui des Nazaréens [le latin, le portugais, le français et l’espagnol], le Coran des islamiques [l’arabe] …, quantité d’autres qu’ils ont prétendus saints et sacrés (…). Ça n’en finira jamais. Parce que les dieux [mythiques] ont brouillés nos têtes, ils ont mélangé leur langage de mensonge et de magie au nôtre, ils ont effacé de notre mémoire des temps anciens [mythe national ethno-linguistique]. Et ainsi nous sommes divisés, les frères contre les frères et nos propres paroles contre les mots de la tribu (…). Ils ont vendu du sable aux Touareg et ils feraient croire à n’importe quoi [mythe pro-UMA]  (…). Ici ou là, dans la plaine et dans d’autres pays et jusqu’aux points les plus reculés, c’est partout la même civilisation [l’UMA]. Mais les dieux l’ont divisée en sens contraires, avec plusieurs visages et plusieurs langues dans la bouche] Et ainsi, les decendant du peuple de la terre [du Maghreb] ont été encore plus divisés [mythe anti-UMA] …» ” (pp.207-208).
        + “La dernière impression” (1958):
        Aussi le roman de l’Algérien Malek Haddad met-il en scène la vie morose de Berbères nord-africains émigrés à Aix-en-Provence (France)en bute à la différence de leur us et coutumes et  la langue parlée de leurs enfants provençalisée qu’ils tiennent quand même à utiliser entre eux, mettant en vue de façon cruciale les mythes nationaux ethnolinguistiques inhibiteurs de la réalité l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française. Il en esquisse le portrait collectif suivant:
       “Dans la vieille ville d’Aix-en-Provence, il y a beaucoup de Nord-Africains [berbères] (…). Et c’est un spectacle quelque peu insolite de voir parfois déambuler les robes larges et bariolées d’une femme berbère ou trancher le turban clair d’un vieil exilé qui ne s’est pas résigné à porter la casquette ou à aller nu-tête. Saïd n’aimait pas voir ces orphelins de mère-patrie (…). Et c’est petits gamins de la rue des Candeurs, s’ils se mêle un accent provençal à leurs mots [mythe anti-UMA], c’est quand même en arabe qu’ils parlent [mythe pro-UMA]. A Aix-en-Provence comme ailleurs, c’est le même refrain, c’est la même rengaine. Lune froide ou soleil, les Algériens sont des problèmes [mythe national ethnolinguistique].” (pp.129-132).   
         + “La statue de sel” (1953):
          Dans une optique multiconfessionnelle, les mythes nationaux ethnolinguistiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA prennent dans le roman du Tunisien A. Memmi la figure symbolique d’Alexandre Benillouche, un Arabo-Berbère juif tunien, confronté à une véritable crise identitaire d’apprtenance national, ethnoliguistique.
         “C’est la période [anti-coloniale] où les intellectuels, notifie F.Fanon, chantent les moindres déterminations du panorama indigène. Le boubou se trouve sacralisé, les chaussures parisiennes ou italiennes délaissées au profit des babouches [mythe pro-UMA]. Le langage du dominateur  écorche soudain les lèvres [mythe national ethno-linguistique]. Retrouver son peuple, c’est    quelquefois dans cette période vouloir être nègre, un chien de nègre, tel que le veut le Blanc . Retrouver son peuple, c’est se faire bicot, se faire le plus indigène possible, le plus méconnaissable, c’est se couper les ailes qu’on avait laissé pousser [mythe anti-UMA].” – Op.cit., pp.152-153. A. Memmi met dans la bouche du héros dans ce sens:
        “Mordakhaï, Alexandre, Benilouche. Benillouche enfin, Ben-Illouche ou le fils de l’agneau en patois berbéro-arabe [mythe pro-UMA]. De quelle tribu montagnarde mes ancêtres sont-ils sortis? Qui suis-je enfin? (…).
      “Un jour, j’ai cru me découvrir issu d’une famille de princes berbères, judaïsés par la Kahina, cette reine guerrière qui fonda un royaume juif en pleine Atlas [mythe anti-UMA].” – Op.cit., pp.86-87.
        A vrai dire, les mythes nationaux ethnolinguistiques inhibibiteurs de la réalité de l’UMA, exigent pour être dépassés comme les mythes supra-nationaux vers l’avènement de ce marché commun maghrébin , comme ses homologues dans le reste du monde,  suggère Michel Jobert, son équitabilité sur une base démocratique. “Les divers marchés communs qui tentent de s’organiser dans le monde ne réussiront que s’ils sont équitables [mythe pro-UMA]. Cela vaut pour l’Amérique du Nord et celle du Sud, l’Afrique noire et le Maghreb les pays du Golfe, l’Asie du Sud-Est, l’Europe même qui risquerait de se défaire par accumulation de dogmatismes irréalistes [mythe national ethnolinguistique], tel un fédéralisme négateur des identités de base [mythe anti-UMA].” – “Le fond de l’air”, “Le Nouveau Siècle”, Nº7, Novembre 1993, Casablanca, Ed.Maghrébines, p.107.
      3- Les mythes nationaux anti-démocratiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA:
      En vérité, les mythes nationaux anti-démocratiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, constituent un fait historique du colonialisme et des partis politiques  anti-démocratiques qu’il avait souvent promus de façon conflictuelle, dans les pays colonisés. C’est aussi ce que  met en cause  F.Fanon en ces lignes:
       “Quelquefois, le colonialisme tente de diversifier, de disloquer la poussée nationaliste. Au lieu de dresser les cheikhs et les chefs contre les «révolutionnaires» des villes, les bureaux indigènes organisent les tribus et les confréries en partis [mythe anti-UMA]. Face aux partis urbains qui commençaient à « incarner la volonté naionale» [mythe pro-UMA] et à constituer un danger pour le régime colonial, des groupuscules [partis anti-démocratiques et anti-UMA] prennent naissance, des tendances, des partis à base ethnique ou régionaliste surgissent. C’est la tribu dans son intégralité qui se mue en parti politique conseillé de près par les colonialistes. Le parti unitaire [parti démocratique et pro-UMA ] sera noyé dans l’arithmétique des tendances. Les partis tribaux [partis anti-démocratiques et séparatistes] s’opposent à la centralisation, à l’unité et dénoncent la dictature du parti unitaire [partis démocratiques et unitaires].” – Op.cit., p.73. Dans le roman maghrébin d’expression française, cela est observable dans:
       + “Légende et vie d’Agoun’chich” (1984):
       Dans ce roman du Marocain Mohamed Khaïr-Eddine (1941-1995), le narrateur départage territorialement le pays en un Sud ultra-nationaliste, indigène et berbère (Tafraout), fief de partis ethniques et de mythes nationaux anti-démocratiques et anti-unitaires [anti-AMA]et un Nord fief apparemment nationaliste allogène et arabo-occidentalisé, fief de partis nationalistes et de mythes nationaux démocratiques et unitaires [pro-UMA].
           Il y met les métropoles coloniales qui ont dénaturé l’ordre traditionnel de la société tribale [anti-UMA], diamétralement opposée aux partis nationalistes démocratiques unitaires [pro-UMA], taxés de chauvinisme et de racisme soumis à l’influence moderniste et négative extérieure. Son narrateur régionaliste imbu de mythes nationaux anti-démocratiques  dit avec dépit à leur endroit, dans ce passage:
      “A Tafraout [Sud du Maroc], l’étranger n’est pas considéré comme un inrus, c’est un pélerin qu’on accueille avec égard [mythe pro-UMA]. Le chauvinisme et le racisme [partis  nationaux anti-démocratiques et séparatistes] n’ont pas atteint ce bout du monde [partis démocratiques et unitaires] victimes de l’aliénation extérieure [mythe anti-UMA].” (p.19).
       + “Le grain dans la meule” (1966):
       De son côté, le roman de l’Algérien chrétien Malek Ouary (né en 1916) décrit le caratère géographiquement enclavé de la société berbère kabyle, et de ses partis ethniques ultra-nationalistes préfigurant, ainsi  les mythes nationaux anti-démocratiques inhbiteurs de la réalité de l’UMA. “Le colonialisme, qui avait tremblé sur ses bases devant la naissance de l’unité africaine [mythe pro-UMA], indique F.Fanon, reprend ses dimensions et tente maintenant de briser cette volonté en utilisant toutes les faiblesses du mouvement [mythe anti-UMA]. Le colonialisme va mobiliser les peuples africains en leur révélant l’existence de rivalités «spirituelles» (…). Les missionnaires rappellent opportunément aux masses que de grands empires noires [berbères], bien avant l’arrivée du colonialisme européen, ont été démantelés par l’invasion arabe [partis anti-démocratiques et séparatistes]. On n’hésite pas à dire que c’est l’occuption arabe qui a fait le lit du colonialisme européen; on parle d’impérialisme arabe et l’on dénonce l’imperialisme cuturel de l’Islam [partis démocratiques unitaires].” – Op.cit., p.104. On en lit dans le roman de M. Ouary:
      “Les Kabyles ont choisi à dessein ces emplacements pour y établir leurs cités. Chose curieuse, les constructions ne semblent rien devoir à l’artifice des hommes tellement elles s’insèrent harmonieusement dans le contexte géographique des lieux. La structure de ces cités s’apparente à celle des princpautés [micro-Etats]de l’antique Grèce [partis anti-démocratiques et séparatistes]; elles sont fédérées entre elles par un lien tribal plus ou moins lâche selon les nécessités de la sécurité collective [mythes pro-UMA].
      “Un sens exacerbé de l’autonomie individuelle rejette d’instinct toute constitution organisée et permanente d’autorité positive [mythes anti-UMA].” (pp.81-82).
       + “La statue de sel” (1953)
       De la même manière, le roman d’A. Memmi dénude les mythes nationaux anti-démocratiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA en mettant en scène les antagonismes ethno-culturels maghrébins, couvés par le colonialisme et les partis nationaux anti-démocratiques et séparatistes (anti-UMA) et les partis nationaux démacratiques et unitaires [pro-UMA].
       “La naissance de partis nationalistes dans les pays colonisés, rapporte F.Fanon, est contemporaine de la constitution d’une élite intellectuelle et commerçante [mythe pro-UMA] (…). La notion de parti est une notion importée de la métropole . Cet instrument des luttes modernes est plaqué tel quel sur une réalité protéïforme, déséquilibrée [mythe anti-UMA] (…). La grande erreur, le vice congénital de la majorité des partis politiques dans les régions sous-développées a été, selon le schéma classique, de s’adresser en priorité aux éléments les plus conscients: le prolétariat des villes, les artisans et les fonctionnaires, c’est-à-dire une infime partie de la population qui ne représente guère plus de un pour cent (…). Ici le «modernisme» est roi [partis démocratiques et unitaires]. Ce sont ces mêmes milieux qui vont lutter contre les traditions obscurantistes, qui vont réformer les coutumes, entrant ainsi en lutte ouverte contre le vieux socle de granit qui constitue le fonds national (…). Encadrés  par les marabouts, les sorciers et les chefs coutumiers, les masses vivent encore au stade féodal, la toute puissance de cette structure moyenâgeuse étant alimentée par les agents administratifs ou militaires colonialistes [partis  anti-démocratiques et séparatistes].” – Op.cit., pp.63-65. En témoigne cet embryon de parti  démocratique et unitaire,  en gestation dans le roman d’A. Memmi:
      “A la récréation, Ben Smaan me [Benillouche] rejoignit et m’annonça qu’il voulait me parler. Je me déclarait prêt à l’écouter mais, plissant ses petits yeux dans sa figure large, il me dit mystérieusement qu’il préférait un endroit clos. Nous prîmes donc rendez-vous en ville. Il m’apprit qu’il était le secrétaire régional d’un mouvement de jeunesse politique exclusivement des fils du pays [mythe pro-UMA]; puis me proposa d’en faire partie. Cela me fit un très grand plaisir mais je fus bien embarrassé. Je souffrais certes de me découvrir de plus en plus étranger aux Européens, mais je n’avais jamais envisagé d’aller vers les Musulmans. Je croyais que cette voie m’était fermée par les Musulmans eux-mêmes [partis anti-démocratique et séparatistes] (…).
       - Précisément, me dit Ben Smaan, c’est une nouveauté de notre programme. Nous voudrions aussi des Juifs; nous voudrions exprimer les aspirations de toute la nation [mythe pro-UMA] (…). 
       - Peut-être, bien que les temps aient changé. Mais voilà justement du travail pour les gens comme nous, nous qui savons parler, expliquer, convaincre: nous devons hâter la prise de conscience et l’union de tous les fils du pays. Pourquoi se priver du concours des Juifs, d’une notable fraction de la population, particulièrement active, puissante et habile [parti démocratique et unitaire]?” (pp.213-214).
       Il s’avère là que les mythes nationaux anti-démocratiques inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, sont l’oeuvre des Etats post-coloniaux travaillés par un territorialisme et un micro-nationalisme périmés, issus de la politique ethno-culturelle séparatiste coloniale (myhe anti-UMA ), en oppostion radicale avec les partis nationaux démocratiques et unitaires (pro-UMA).“La violence du colonisé, explicite F.Fanon, unifie le peuple [mythe pro-UMA]. Le colonialisme est séparatiste et régionaliste [mythe anti-UMA]. Le colonialisme ne se contente pas de constater l’existence des tribus, il les renforce, les différencie [micro-Etats]. Le système colonial alimente les chefferies [mythes ethniques anti-UMA] et réactive les vieilles chefferies maraboutiques [mythe religieux anti-UMA]”- Op.cit., p.51.
       En conclusion,  on peut dire que ni les mythes supra-nationaux ni les mythes nationaux inhibiteurs de la réalité de l’UMA, dans le roman maghrébin d’expression française, n’échappent à l’impact ethno-culturel et idéologique du colonialisme et de l’impérialisme occidentaux, générateurs d’Etats micro-nationalistes et de blocages  anti-démocratiques et séparatistes autour de cette institution économique régionale, susceptible de relever les défis de la mondialisation en cours. “Le mythe, au contraire [de l’oeuvre littéraire], affirme F. Fanon, appartient par définition au collectif , justifie, soutient et inspire l’existence et l’action d’une communauté [l’UMA], d’un peuple [mico-Etats], d’un corps de métier [une économie]ou d’un société secrète [parti ultra-nationaliste].” –Op.cit., p.151. Or, au-delà des mythes romanesques ou pas, la réalité de l’UMA nous sollicite  historiquement. “Un certain degré de réalisme, suggère Abdelali Benamour, devrait désormais caractériser nos analyses [du monde]. Quant au Maghreb [l’UMA], tout en l’appelant de nos voeux, a-t-on le droit d’attendre indéfiniment cette échéance en retardant d’autres et en perdant des opportunités?”- “La révolution tranquille”, “Le Nouveau Siècle”, Op.cit., p.132.
                                                   Dr. SOSSE ALAOUI MAHAMMED 

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